Réponse de Neil Datta

Madame la présidente,

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers la délégation aux droits des femmes du Sénat. Cette reconnaissance m'émeut sincèrement. Je ne m'attendais nullement à me retrouver ici aujourd'hui, lorsqu'on m'a invité à témoigner devant la délégation lors du colloque sur l'IVG dans le monde.

Cette reconnaissance a pour moi une dimension personnelle, mais elle souligne avant tout le travail collectif accompli face à la menace que représentent les mouvements anti-genres pour les droits humains, les droits des femmes, et même pour la démocratie que nous avons bâtie en Europe.

C'est la première fois qu'une telle reconnaissance émane d'une institution aussi prestigieuse que le Sénat de la République française. Je tiens donc à vous en remercier et je suis extrêmement fier que cette humble contribution ait pu apporter des arguments supplémentaires en faveur de la constitutionnalisation de l'IVG. Merci beaucoup.

Dominique Vérien, présidente. - J'en profite pour saluer la présence d'Agathe Hamel, présidente de la délégation aux droits des femmes du Conseil économique, social et environnemental (CESE), et de sa vice-présidente Patricia Blancard. C'est grâce à Agathe Hamel que je vous ai rencontré, que j'ai perçu l'intérêt de vos travaux et que j'ai souhaité les partager avec la délégation aux droits des femmes.

J'invite désormais Maître Sandra Vizzavona à me rejoindre.

Remise du prix de la délégation
à Sandra Vizzavona

Maître, chère Sandra Vizzavona,

Nous nous sommes rencontrées un soir de décembre 2023 au Théâtre Antoine, après la représentation d'Interruption, pièce adaptée de votre livre paru en février 2021, Interruption, l'avortement par celles qui l'ont vécu.

Cette pièce a profondément marqué les sénatrices et sénateurs présents par son originalité, sa sincérité et sa force. En effet, quelques mois avant les débats sur la constitutionnalisation de la liberté d'avorter en France, nous étions plongés dans la vérité du discours de celles qui ont eu recours à un ou plusieurs avortements au cours de leur vie. Un discours puissant sur la liberté des femmes à disposer de leur corps comme elles l'entendent.

Mêlant témoignages, documents d'archives et réflexions intimes sur le rapport des femmes à la sexualité et à la maternité, votre pièce, portée par une mise en scène et des actrices remarquables, constitue un outil précieux pour comprendre les enjeux de la lutte pour le droit à l'avortement. Alors que ce droit est de plus en plus contesté dans le monde, la France a été pionnière en le constitutionnalisant, le protégeant ainsi d'éventuels retours en arrière.

Si nous, politiques, portons une lourde responsabilité dans la protection de ce droit fondamental, des initiatives telles que la vôtre, émanant de la société civile et touchant le grand public, sont tout aussi essentielles pour défendre ce droit acquis de haute lutte.

Nous célébrerons prochainement le cinquantième anniversaire de la promulgation de la loi Veil. Bien que cinquante ans représentent peu à l'échelle de l'humanité, nous pouvons être fiers d'être le premier et seul pays au monde à avoir constitutionnalisé ce droit. Nous constituons un espoir pour toutes les femmes vivant dans des pays où ce droit est menacé ou non reconnu, pas seulement dans des pays du tiers monde.

Chère Sandra Vizavona, pour saluer votre engagement en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps, je suis heureuse de vous remettre, au nom de notre délégation, un prix spécial du jury. En effet, bien que vous n'ayez pas fait partie des personnes auditionnées, votre pièce de théâtre nous a permis d'aborder cette réflexion sous un angle différent. Personnellement, le fait que votre oeuvre se présente comme une boucle m'a profondément touchée. C'est donc avec une grande joie que je vous remets ce prix.

[Applaudissements dans la salle.]

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