III. FOCUS SUR AL-ULA, POINT FORT DE LA COOPÉRATION FRANCO-SAOUDIENNE

A. UN SYMBOLE DE LA NOUVELLE ARABIE SAOUDITE

1. Un site exceptionnel longtemps négligé

Au Nord-Ouest de l'Arabie saoudite, à quelques kilomètres de la bourgade d'al-Ula, se trouve le site nabatéen d'Hegra, à la valeur historique, artistique et archéologique exceptionnelle. C'est un ensemble de tombes taillées dans le grès, issu de la même civilisation qui a produit Petra.

Le site d'alUla côté Nord

Parce qu'il était d'époque pré-islamique, et stigmatisé dans un hadith du Prophète, le site a été volontairement négligé par les autorités saoudiennes jusqu'au début des années 2010. Par un retournement complet assez caractéristique de l'ère MBS, il a fait l'objet depuis d'une politique de mise en valeur scientifique, culturelle et touristique extrêmement volontariste. La délégation a souhaité se rendre sur ce site emblématique afin de comprendre comment l'archéologie était mise au service d'une politique de rayonnement.

2. Un foisonnement de projets

L'exploitation du site a commencé avec les recherches archéologiques, menées à partir de 2002 par l'épigraphiste et philologue française Laïla Nehmé et une équipe saoudienne. Elles ont notamment mis au jour un grand nombre de documents écrits nous aidant à comprendre les origines de l'écriture arabe, et approfondi notre connaissance d'une région qui était, dans les siècles ayant précédé l'islam, un carrefour commercial et culturel.

“Journey through time” : un plan de développement découpant le territoire en cinq zones touristiques

(source : Afalula)

Aujourd'hui, le site est le lieu d'un très grand nombre de projets : les autorités saoudiennes ont l'intention d'en faire un véritable hub du tourisme culturel. Hôtels de luxe, salle de spectacles internationale, réserve naturelle, musée d'art contemporain font partie des très nombreux projets, achevés ou en cours, au service de cet objectif. La transformation de la ville est très visible ; la vieille ville a été restaurée, un boulevard a été créé, bordé de boutiques et de cafés. Pour mener à bien le développement du site, les autorités saoudiennes ont créé une entité ad hoc, la Royal Commission for alUla (RCU) qui assume désormais, de facto, les fonctions d'une autorité municipale.

3. Une vitrine de la construction identitaire saoudienne

L'investissement considérable réalisé dans al-Ula dépasse le domaine de la politique culturelle ou artistique : à travers Hegra, MBS ambitionne de reconnecter l'Arabie saoudite à son passé pré-islamique. Les témoignages d'une présence chrétienne - attestée depuis longtemps mais refoulée par l'orthodoxie wahhabite - et même juive sont désormais mis en valeur, afin de donner corps à la notion d'une Arabie saoudite dont l'existence ne se réduit pas à l'islam. L'archéologie est ainsi mise au service d'une forme de construction identitaire qui ancre l'Arabie saoudite, pays récent, dans un passé lointain. Dans la mise en oeuvre de ce projet, la France s'est vu confier un rôle prééminent, à travers la création d'Afalula.

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