E. DE LA PRUDENCE DU DÉBUT DU PREMIER QUINQUENNAT À L'OPTIMISME DÉRAISONNABLE DU SECOND
La différence entre les deux quinquennats d'Emmanuel Macron est patente. Au début du premier, l'exécutif se montrait plus prudent dans ses prévisions, que ce soit au moment de l'examen du PLF ou de celui du projet de loi de finances rectificative de fin d'année pour l'année en cours59(*), ce qui lui permettait, le cas échéant, d'afficher ex post des niveaux de déficit meilleurs qu'attendu.
Ce qui semble désormais primer est un optimisme déraisonné, pour prouver, dans la communication gouvernementale, l'efficacité de la politique économique menée depuis sept ans. Dans ce cadre, et c'est probablement le raisonnement suivi par le Gouvernement, adopter des hypothèses plus prudentes, mais aussi plus réalistes, signifierait que l'exécutif ne croit pas à sa politique et pourrait apparaître comme un aveu d'échec. De mauvais résultats peuvent être présentés comme dus à une mauvaise fortune, alors qu'ils peuvent tout aussi bien être compris comme le produit d'un biais imprudent dans les prévisions budgétaires. De fait, le Gouvernement semble avoir fait le choix de ne retenir, pour l'année 2023 et y compris en fin d'année, que les hypothèses les plus favorables pour le rendement des grands impôts « traditionnels » (impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu, TVA...) ainsi que pour celui de la CRIM, pour le calcul duquel le prix spot de référence choisi était manifestement trop élevé.
Il s'agit là d'un bien mauvais calcul, puisqu'il porte atteinte à la crédibilité de la France et de son Gouvernement. Il a finalement abouti à la dégradation de la notation de la France par Standard & Poor's le 31 mai 2024, largement justifiée par le dérapage budgétaire de l'exercice 2023.
* 59 Voir Partie I, I.A.2.