C. PENSER LA FORMATION DES ENSEIGNANTS SUR HUIT ANS : FAIRE DE LA FORMATION CONTINUÉE UN TEMPS OBLIGATOIRE COMPLÉMENTAIRE DE LA FORMATION INITIALE
Pour les rapporteurs, la formation initiale doit se penser dans un continuum allant jusqu'à la troisième prise de poste (T3). Il est illusoire de penser qu'une formation initiale de 5 ans pour le 1er degré et de 2 ans pour le 2nd degré est suffisante pour permettre à un jeune professeur une entrée sereine dans le métier. En 2016, le rapport Filâtre a déjà souligné : « La formation initiale ne peut pas donner au futur enseignant toutes les connaissances et toutes les compétences nécessaires à l'enseignant confirmé. À vouloir tout mettre dans les programmes, on nuit considérablement à la qualité de la formation ».
La dernière enquête Talis datant de 2018 montre que seulement 22 % des enseignants français de collège disent se sentir bien ou très bien préparés à la gestion des comportements des élèves et de la classe à l'issue de leur formation initiale.
La commission a été à l'origine de l'inscription dans le code de l'éducation d'une formation continuée lors des trois premières années en poste (art. L. 625-2), dans le cadre de l'examen de la loi pour une école de la confiance. Cette nouvelle réforme est l'occasion de préciser les modalités concrètes de mise en oeuvre de la formation continuée afin de garantir son effectivité et son déploiement en cohérence avec la formation initiale. Pour les rapporteurs, les apprentissages doivent être séquencés entre la formation initiale et les trois premières années en poste. Une telle organisation de la formation professionnalisante permet d'éviter un survol des thématiques évoquées et d'apporter une réponse aux questions qui apparaissent dans les premières années d'exercice.
Penser la formation des enseignants dans un continuum allant jusqu'à la troisième année de titularisation (T3) implique d'accepter que les modules soient répartis sur cinq ans et que certains soient abordés alors que le professeur est déjà en poste.
Cela signifie également la mise en place de journées de formation obligatoire pendant les trois premières années après la titularisation (T1, T2 et T3). Pour permettre aux nouveaux enseignants de suivre ces modules, les rapporteurs proposent en première année de titularisation (T1) 10 journées banalisées, intégrées dans les emplois du temps, communes à l'ensemble de l'académie ou de la circonscription et connues dès le début de l'année pour permettre à l'enseignant, au chef d'établissement et aux services académiques en charge de son remplacement de s'organiser. Celles-ci doivent être placées régulièrement tout au long de l'année.
Cette formation continuée doit être de 5 jours en deuxième année de titularisation puis de 3 jours en troisième année. Ces journées doivent être l'occasion d'un échange entre pairs, un retour d'expériences et un dialogue sur les difficultés rencontrées.
Recommandation (8) : Afin d'accompagner les néo-titulaires dans leur prise de poste et garantir une formation de qualité :
- organiser le référentiel de formation post-concours sur 5 ans incluant les trois premières années après la titularisation ;
- rendre obligatoire une formation continuée pour tous les enseignants du premier et second degrés pendant les trois années suivant leur titularisation (10 jours en 1ère année après la titularisation, 5 jours en deuxième année et 3 jours en troisième année après la titularisation).
Comme a pu le souligner un recteur d'académie aux rapporteurs, pour les professeurs du second degré, il est actuellement difficile de mettre en place un continuum de formation entre le master MEEF et les premières années en poste, car l'étudiant n'est pas nécessairement nommé dans son académie de formation. Penser la formation sur huit ans implique de garantir une unité de lieu entre l'académie de formation post-concours et les premières années de titularisation3(*).
Recommandation (9) : Afin de garantir une unité de lieu entre l'académie de formation post-concours et les premières années de titularisation pour un continuum de formation allant de la 1ère année de master à la 3ème année après la titularisation, réfléchir à deux options :
- régionaliser les concours du Capes, du Capet et du Caplp ;
- maintenir un concours national du Cape, du Capet et du Caplp avec formulation de voeux académiques et affectation dans les ENSP en fonction d'un classement national.
* 3 Cette unité de formation risque toutefois d'être impossible à mettre en place pour des sections et options de Capes ou Capet pour lesquels peu de postes sont ouverts, sauf à rigidifier fortement la mobilité des enseignants déjà en poste pour ces options et spécialités.