B. UNE FORMATION INITIALE MONTRANT DE NOMBREUSES FAIBLESSES

Schéma de la formation actuelle des professeurs du premier et du second degrés

La dernière étude européenne Talis de 2018 montre que plus de 50 % des enseignants français expriment un manque de préparation s'agissant de la pédagogie et des pratiques de classes à l'issue de la formation. Selon les chiffres transmis par le SNUipp-FSU aux rapporteurs, 29,5 % des professeurs des écoles stagiaires n'ont jamais réalisé de stages d'observation avant leur prise de poste.

Les auditions réalisées par les rapporteurs notamment des syndicats enseignants mettent en avant une formation initiale jugée inadaptée. Ainsi, pour l'UNSA, « le master MEEF ne répond pas à la totalité des enjeux du métier. Les thématiques liées à l'inclusion ou à la laïcité sont trop peu présentes dans la maquette de formation initiale, les enseignants n'y sont pas formés ». Pour le SNUipp-FSU, la formation actuelle est centrée sur les savoirs fondamentaux, au détriment des autres disciplines. Par ailleurs, « la formation n'explore pas assez la gestion de l'hétérogénéité des élèves dans une classe. Cela pose problème à un très grand nombre d'entrants dans le métier ». Plus de 50 % des enseignants français expriment un manque de préparation s'agissant de la pédagogie et des pratiques de classe à l'issue de leur formation1(*).

Il existe un consensus de l'ensemble des acteurs du monde éducatif pour juger la formation initiale inadaptée : celle-ci, ajoutée à une vision erronée de la réalité du métier d'enseignant et un « bizutage institutionnel » conduisant à nommer les enseignants stagiaires et néo-titulaires dans les postes les plus difficiles sans réel accompagnement sont autant de raisons qui participent au nombre relativement important de jeunes enseignants quittant l'éducation nationale à peine quelques années après l'avoir rejointe.

Alors que le pays manque d'enseignants, aujourd'hui plus d'un quart des enseignants stagiaires (28 %) ne se projettent pas à plus de 5 ans. Le nombre de démissions de jeunes enseignants, ou d'abandons en cours de stage est en hausse ces dernières années. Selon les derniers chiffres du panorama statistique des personnels de l'enseignement scolaire, 3,75 % des stagiaires - le taux étant quasiment le même pour le premier et second degré - démissionnent. Ce taux était inférieur à 1 % avant 2014.

Selon France Stratégie, le métier d'enseignant est à l'horizon 2030 le deuxième métier comportant le plus de postes à pourvoir en raison de nombreux départs à la retraite - 328 000 enseignants concernés.

Or, le métier d'enseignant doit faire face depuis plusieurs décennies à un défaut d'attractivité. L'évolution du nombre de candidats par poste au concours externe de recrutement de professeur des écoles depuis 2008 en témoignent.

Source : ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse, DEPP

Cette moyenne cache de fortes disparités : si dans 15 académies, il y a entre 4 et 7 candidats présents aux épreuves écrites pour un poste, dans celles de Créteil, de Guyane et de Versailles, ce ratio tombe à 1 à 2 candidats présents aux épreuves écrites pour 1 poste. Depuis 2015, un concours supplémentaire est ouvert dans l'académie de Créteil, dans lequel entre 300 et 500 postes sont proposés. Il en est de même pour l'académie de Versailles depuis 2018 (sauf en 2021) où le nombre de postes proposés oscille entre 200 et 250.

Par rapport à 2019, le nombre d'inscrits au concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) est en diminution de 24 %. Pour le second degré, il est en baisse de 38 % de manière globale sur l'ensemble des CAPES.

Face à cette situation, il est urgent d'élargir le vivier des étudiants se destinant à ce métier et de renforcer leur formation pour un enseignement de qualité.


* 1 Enquête Talis, 2018.

Les thèmes associés à ce dossier

Partager cette page