B. PALLIER LES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT DANS LES MÉTIERS DE LA RESTAURATION DU PATRIMOINE

1. Une situation résultant d'une crise des vocations plus que d'un problème de formation

La transmission des savoir-faire en matière de patrimoine bâti constitue un enjeu essentiel pour l'avenir de la préservation du patrimoine . Il faut un nombre suffisant de professionnels qualifiés sur l'ensemble du territoire pour garantir que les travaux de restauration urgents seront réalisés selon les règles de l'art, sans prendre le risque de causer des dommages aux immeubles qui nécessiteront des restaurations ultérieures, plus lourdes et plus coûteuses.

Les professionnels de la restauration se plaignent d'une difficulté actuelle à recruter des apprentis . Les activités de couverture et de charpente sont particulièrement touchées, ainsi que, dans une moindre mesure, de la taille de pierre et de la maçonnerie. La pénurie de main d'oeuvre pourrait s'amplifier dans les années à venir compte tenu du vieillissement des artisans.

Ces difficultés de recrutement résultent davantage d'une crise des vocations que de lacunes dans l'offre de formation . Notre pays est doté d'un réseau de structures de formation performant (lycées techniques, centres de formation des apprentis, compagnonnage). Les marchés publics de travaux comportent généralement une clause d'insertion sociale pour favoriser l'apprentissage et le principal maitre d'ouvrage public, l'OPPIC, qui intervient pour le compte de l'État et de ses établissements, s'est engagé auprès du Groupement des monuments historiques (GMH) à faire en sorte que les apprentis participant à un chantier soient embauchés sur d'autres de leurs chantiers pour compléter leur formation. Il s'agit d'une avancée importante, dans la mesure où la durée d'un chantier est habituellement plus courte que celle d'une formation, évaluée entre 1 400 et 1 600 heures. Une charte similaire pourrait être conclue entre le GMH et le CMN.

2. Améliorer l'attractivité des métiers de la restauration du patrimoine

Les métiers de la restauration sont aujourd'hui peu attractifs. À l'instar d'autres métiers manuels, ils ne sont valorisés ni au sein de la société, ni par l'Éducation nationale, et sont souvent délaissés lors du choix de l'orientation scolaire. Beaucoup rejoignent ces métiers à la suite d'une reconversion professionnelle. Il s'agit pourtant de métiers d'excellence qui reposent sur la maîtrise de savoir-faire à la fois traditionnels et innovants.

Le rapporteur estime nécessaire de poursuivre et de renforcer les efforts de promotion des métiers de la restauration du patrimoine et identifie deux leviers prioritaires d'actions :

- l'éducation artistique et culturelle , d'une part, afin de sensibiliser dès leur plus jeune âge les élèves à l'existence de ces métiers . Il existe déjà des dispositifs, à l'image de celui créé en 2018 « Une école, un chantier », mais ceux-ci peuvent encore être amplifiés. Il apparait également important de ne pas laisser passer l'occasion de l'extension du Pass culture aux collèges à compter de janvier 2022, en s'assurant que le catalogue comprendra des offres permettant des visites de chantier et des ateliers de restauration du patrimoine pour les élèves ;

- les grands chantiers des monuments historiques appartenant à l'État , d'autre part, dans la mesure où ils sont susceptibles, par leur caractère emblématique, de drainer un public plus large. Le rapporteur estime que le choix du Gouvernement de privilégier les grands chantiers dans le cadre du plan de relance se justifierait d'autant plus si les crédits alloués à cet effet servaient également à promouvoir et valoriser les métiers du patrimoine à l'occasion de ces chantiers .

Malheureusement, l'État n'a pas totalement exploité jusqu'à présent cette opportunité. L'initiative « Chantiers de France » mise en place aux lendemains du drame de l'incendie de Notre-Dame de Paris a tourné court sous l'effet de la crise sanitaire. Quant à l'établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame, il n'a toujours pas dévoilé le contenu exact de son programme de promotion et de valorisation des métiers d'art. Le succès du Village des métiers qu'il a installé à l'occasion de la dernière édition des Journées du patrimoine démontre pourtant l'intérêt du public pour de telles initiatives et les effets prometteurs qu'elles pourraient avoir.

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