Philippe Folliot
Sénateur du Tarn
Co-rapporteur de
l'étude sur la place des outre-mer
dans la stratégie maritime
nationale
Mesdames, messieurs les élus,
Mes chers collègues,
« Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu'ils ont négligée », écrivait déjà Richelieu il y a 400 ans. Cette phrase reste éminemment d'actualité, au regard des enjeux. Quand l'État faillit aux enjeux de défense de la souveraineté, cela signifie qu'il va faillir sur de nombreux autres points.
Vous avez tous en tête des sujets qui vous touchent particulièrement, comme les sujets de pêche illégale, en particulier autour de la Guyane, le trafic de drogue dans l'arc des Caraïbes, les aires marines protégées qui ne le sont pas à certains égards, notamment l'aire marine protégée de l'île de la Passion-Clipperton que l'État a totalement abandonnée.
Ces enjeux de souveraineté se jouent aussi au travers des Îles Éparses avec Madagascar, mais aussi au travers des moyens de la Marine nationale pour faire respecter notre souveraineté. Force est de constater que nous serons confrontés, dans les années 2020, à un trou capacitaire assez important et inquiétant à certains égards. Cela fait partie des points que nous envisageons de mettre en avant dans notre rapport. Même s'il nous est dit que la surveillance satellitaire peut permettre de voir un certain nombre de choses d'en haut, elle ne remplacera pas les moyens que la Marine nationale doit déployer dans nos outre-mer. 97,5 % de notre zone économique exclusive est liée aux outre-mer. 90 % des moyens de la Marine nationale sont basés dans l'Hexagone. Ceci pose en filigrane la question des forces de souveraineté et certainement du redéploiement de nos moyens. La stratégie Indopacifique n'est qu'un ensemble de mots qu'il nous appartiendra de traduire en actes. L'un des premiers actes consistera très certainement dans ce redéploiement des forces de la Marine nationale. Aucune de nos frégates de premier rang n'est basée dans nos outre-mer.
La France prendra la présidence du Conseil de l'Union européenne en 2022 et nous espérons qu'elle saura la rendre utile pour que les enjeux des régions ultrapériphériques soient mieux pris en compte à l'échelle de l'Europe.
Avec Annick Petrus et Marie-Laure Phinera-Horth, nous allons poursuivre notre réflexion. Nous sommes curieux de vos remarques, suggestions et propositions. Il s'agit d'un enjeu majeur. La France se croit continentale et européenne, mais de fait elle est mondiale et maritime. Nos outre-mer constituent une chance et un atout qu'il est important de développer et de valoriser.