C. UNE NÉCESSAIRE RÉFLEXION SUR LA DEMANDE DE CULTURE FRANÇAISE DANS LE MONDE ET LES MOYENS DE DIFFUSION VERS DE PLUS LARGES PUBLICS

Vos rapporteurs saluent le travail des équipes de l'Institut français et de ses présidents successifs , qui ont su l'implanter dans le paysage de la politique culturelle, et lui donner le rôle et la visibilité qui devaient être les siens, malgré la diminution constante de ses moyens.

Les orientations ici suggérées ne visent donc aucunement à remettre en cause le travail réalisé, mais au contraire à ouvrir des pistes supplémentaires de réflexion , notamment dans l'hypothèse où les moyens publics alloués à l'Institut français retrouveraient une pente ascendante, lui permettant de se projeter de façon plus positive vers l'avenir.

1. La demande de culture française dans le monde

Le contrat d'objectifs et de moyens met l'accent sur le rôle de l'Institut français dans la promotion de la création contemporaine, la découverte de jeunes talents et la participation au débat d'idées, permettant la diffusion de la pensée et des savoirs français et francophones dans le monde. C'est en effet la vocation première de l'Institut français, issue de l'héritage, renouvelé, des organismes qui l'ont précédé.

D'autres organismes assurent, par ailleurs, la diffusion d'une culture plus patrimoniale (Musées...), ou celle des arts de vivre « à la française » (Goûts de France...), ou encore la promotion de nos attraits touristiques (Atout France) et universitaires (Campus France).

La demande de culture française à l'étranger est en effet multiforme , et probablement variable selon les régions du monde et les pays. Un travail d'adaptation est mené, dans l'élaboration de la programmation culturelle à l'étranger, grâce au dialogue constant entre l'Institut français et le réseau culturel public et associatif, qui constitue la cheville ouvrière de la diplomatie culturelle.

Ce réseau est seul à même de percevoir ce qu'est la réalité de la demande de culture française à l'étranger, de la part des Français résidant à l'étranger, d'une part, et de la part des étrangers francophones ou francophiles, d'autre part. C'est ce réseau qui est aussi le mieux à même d'intéresser de nouveaux publics aux productions culturelles françaises.

Les relations de l'Institut français avec le réseau

Les relations avec le réseau, partenaire privilégié de l'Institut français, sont coordonnées pour l'ensemble des services de l'Institut français au sein du Pôle Coordination avec le réseau, en charge d'entretenir et d'animer le dialogue de programmation au sein du réseau. Ce dialogue se matérialise :

- au printemps et à l'été, lors de la préparation de la programmation culturelle N+1 et lors des Journées du réseau et des ateliers de l'Institut français,

- à l'automne et en fin d'année, lors des commissions de sélection des projets à soutenir,

- et tout au long de l'année lors de la participation de l'institut français au Conseil d'orientation stratégique et des Conseils d'influence des Ambassades.

Afin d'accompagner les postes pour planifier leurs projets culturels, l'Institut français a mis en place une procédure de programmation culturelle et artistique annuelle des actions mises en oeuvre dans le réseau.

Cette démarche permet, sur la base de la stratégie fixée par les conseillers de coopération et d'action culturelle, d'établir un dialogue entre le réseau, les partenaires professionnels et les équipes de l'Institut français. Une interface informatique a été créée (IF Prog) afin de gérer le dialogue de programmation entre l'Institut français et l'ensemble du réseau.

Le soutien financier que l'Institut français apporte au réseau repose d'abord sur un dispositif de programmation par fonds ou appels à projets tels que :


• L'appui dans le domaine du cinéma ;


• Le fonds en faveur du développement des technologies de l'information et de la communication (TICE) ;


• Le fonds pour l'enseignement bilingue ;


• La plateforme des cours de français en ligne à partir de septembre 2016 ;


• Le programme de mobilité « langue française » à destination de jeunes francophones et francophiles (CultureLab ; SafirLab ; MédiaLab ; Génération bilingue ...) ;


• Le fonds franco-allemand en pays tiers ;


• IF Sciences pour les projets liés à la culture scientifique ;


• La coordination de la Nuit des Idées du 26 janvier 2017, en France et dans les postes à l'étranger.

Des programmes tels que « Afrique et Caraïbes en créations », le « Plan d'aide aux médiathèques » ou le « Plan d'aide à la publication » permettent également d'apporter un soutien sur des champs spécifiques. De plus, l'Institut français a initié le programme FOCUS, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication. Celui-ci est destiné à accompagner les professionnels étrangers, choisis en lien étroit avec les postes, dans le repérage des scènes artistiques françaises. Les FOCUS sont organisés en partenariat avec des manifestations rassembleuses en France ou autour de partenaires qui mobilisent l'intérêt des professionnels étrangers.

L'ensemble des programmes et dispositifs de programmation de l'Institut français est ouvert aux alliances françaises.

Source : réponse au questionnaire budgétaire de votre commission pour 2017.

La démarche de contractualisation avec le réseau, initiée par le contrat d'objectifs et de moyens pour 2017-2019 permettra l'élaboration de partenariats de long terme, dans les pays identifiés comme prioritaires. Une expertise à dimension régionale sera par ailleurs développée, dans les pays du « deuxième cercle » (« zones géographiques stratégiques »).

Vos rapporteurs approuvent cette reconfiguration des relations de l'Institut français avec le réseau, qui doit aussi être l'occasion d'une réflexion globale sur l'adaptation des dispositifs , c'est-à-dire sur la concordance entre l'offre de culture française et la demande exprimée dans chaque pays. Au-delà de l'indicateur quantitatif prévu par le COM (« nombre de conventions de partenariat établies entre l'Institut français et les postes des pays à fort potentiel »), il serait souhaitable qu'un indicateur plus qualitatif soit mis en place. Ce pourrait être, par exemple, un indicateur de satisfaction (tel que celui prévu pour l'objectif 3.1 : consolider l'appui au réseau à travers la formation).

L'Institut français s'apprête donc à s' engager dans des contrats cadre triennaux pour chaque pays prioritaire, sans bénéficier lui-même d'aucune visibilité sur l'évolution de ses moyens. Or tel devrait être le rôle du présent contrat d'objectifs et de moyens , lui-même triennal.

2. La diffusion vers de plus larges publics

Le contrat d'objectifs et de moyens évoque peu les modes de diffusion des actions de l'Institut français ainsi que son impact auprès des publics français et étrangers.

Pour diffuser auprès de plus larges publics, les synergies avec les autres acteurs français à l'international sont essentielles. Elles sont évoquées par le COM, mais plutôt dans l'optique d'une « optimisation » des partenariats et cofinancements, que pour la recherche d'une audience accrue.

Aucun indicateur prévu par le COM ne permet d'évaluer, même imparfaitement, l'impact de notre diplomatie culturelle auprès des publics français et étrangers.

En particulier, bien qu'ils constituent des partenaires réguliers de l'Institut français , comme l'a confirmé M. Bruno Foucher, président de l'Institut français, lors de son audition, les opérateurs de l'audiovisuel extérieur (TV5 Monde, France Médias Monde) ne sont pas évoqués par le COM .

Les relations entre l'Institut français et ces opérateurs sont régies par des conventions 11 ( * ) :

- Une convention a été signée le 21 juillet 2011 avec TV5 Monde. Elle arrivera à échéance en juillet 2017. Cette convention prévoit des collaborations autour des Saisons ou années culturelles mises en place par l'Institut français, du cinéma, de la formation, de la langue française, ainsi que des partenariats en termes de communication.

- France Médias Monde est la société en charge de l'audiovisuel extérieur de la France, créée par la loi n° 2009-258 du 5 mars 2009. Elle regroupe France 24, Radio France Internationale (RFI) et Monte-Carlo Doualya (MCD). Les relations entre l'Institut français et France Médias Monde font l'objet d'une lettre d'accord-cadre, signée en juin 2013, qui renforce la coopération entre les deux structures à l'occasion des Saisons, années et festivals, ainsi qu'à l'occasion du Pavillon des cinémas du monde organisé lors du Festival de Cannes, et autour du Prix RFI Découvertes. Des collaborations sont également prévues pour la conception et la diffusion de produits audiovisuels éducatifs. FMM participe financièrement au Pavillon des cinémas pour un montant annuel de 60 000 €.

Ces partenariats doivent bien sûr être reconduits. Il serait, en outre, utile de publier des indicateurs sur le nombre et l'effet de ces collaborations entre l'Institut français et les opérateurs de l'audiovisuel extérieur. Ces collaborations sont en effet de nature à démultiplier de façon importante l'impact des activités de l'Institut français.


* 11 Source : réponses au questionnaire budgétaire de votre commission pour 2017.

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