ANNEXE V :
LA STRATÉGIE D'EXPORTATION DES PAYS-BAS

(source : service économique de La Haye 42 ( * ) )

Suite au déplacement Pays ouvert et tourné vers l'international, les Pays-Bas ont mis en place un certain nombre de dispositifs publics de soutien à l'export (garanties, cautionnement, accompagnement...). En parallèle à ces soutiens, le pays a développé au cours des dernières années une stratégie intégrée d'exportation privilégiant un certain nombre de secteurs et pays prioritaires et s'appuyant sur le concept de « diplomatie économique ». Le commerce extérieur, ministère de plein exercice a été rattaché aux affaires étrangères, et est en charge également de l'aide au  développement. Le ministère de l'Economie continue de jouer un rôle de « pilote » à l'export, notamment dans les Ambassades ou un pôle économique a été constitué regroupant les différents conseillers (science et technologie, économie , transport, énergie, agriculture ...) à partir d'une cartographie mise en oeuvre ces dernières semaines.

Éléments de contexte :

Les Pays-Bas sont un pays commercialement très ouvert et tourné vers l'international. L'export est essentiel pour ce pays, qui est le 5 ème exportateur au monde et le 2 ème exportateur mondial dans le domaine agroalimentaire en 2011.

La valeur totale des échanges commerciaux s'élevait à 774 Md€ en 2011, soit 129% du PIB . La balance commerciale néerlandaise est structurellement excédentaire (excédent de 44 Md€ en 2011). Les réexportations sont très importantes aux Pays-Bas (41% des exports en 2011) et passent par le port de Rotterdam (1 er port européen), véritable plaque tournante du commerce mondial.

La valeur totale des exportations était de 409 Md€ en 2011. Les principaux clients du pays sont les pays européens, en premier lieu l'Allemagne (25% de la valeur des exportations néerlandaises en 2011), la Belgique (12%) et, en troisième position, la France (9%). Les principaux produits exportés sont les machines et équipements de transport, les hydrocarbures et les produits chimiques, manufacturés et agroalimentaires.

La valeur totale des importations était de 365 Md€ en 2011. Les principaux fournisseurs des Pays-Bas sont l'Allemagne (17% de la valeur des importations en 2011), la Belgique (10%) et la Chine (16%) ; la France est le 7 ème fournisseur des Pays-Bas (5%) . Les principaux produits importés depuis la France (valeur totale : 17 Md€ en 2011) sont des produits pétroliers et chimiques, machines et voitures et produits alimentaires.

Les performances néerlandaises à l'export ont été généralement bonnes au cours des dernières années malgré la crise . D'après les derniers chiffres, la valeur des exportations néerlandaises s'établit par ailleurs à 431 Md€ en 2012, soit +5%. Toutefois, deux tiers de cette croissance, réalisée notamment en exportations vers l'Orient (Chine, Taiwan, Singapour) et l'Amérique latine (Brésil, Mexique), résulte d'une augmentation des réexportations .

Pour accompagner les entreprises néerlandaises à l'international les Pays-Bas ont mis en place un certain nombre de dispositifs publics (garanties, cautionnement, subventions...). En outre, ils privilégient l'export vers certains secteurs prioritaires et régions porteuses et ont conçu à cet effet au cours des dernières années une stratégie intégrée d'exportation qui s'appuie sur la « diplomatie économique ».

I. Institutions publiques, semi-publiques et privées d'accompagnement à l'export

L'accompagnement des entreprises néerlandaises à l'international passe essentiellement par les institutions publiques, semi-publiques et privées suivantes (certaines offrant un accompagnement complet, d'autres mettant en oeuvre des dispositifs spécifiques) :

• AgentschapNL

L'accompagnement des entreprises néerlandaises à l'international passe essentiellement par l'agence publique AgentschapNL du Ministère des affaires économiques, qui est en charge de la mise en oeuvre des politiques publiques en matière d'innovation, de durabilité et d'entreprenariat international. Elle se compose de 5 divisions thématiques : Innovation, International, Brevets, Environnement et Energie et climat. Ses principales activités sont le financement (gestion de programmes de subvention et de crédits, mise en oeuvre d'instruments fiscaux), la mise en oeuvre des législations et réglementations, l'information et le conseil, la mise en réseau.

Le soutien des entreprises néerlandaises à l'export est l'une des attributions de la division EVD Internationaal , équivalent de l'AFII et d'Ubifrance, qui dispose d'un réseau international étendu comprenant 113 ambassades, 24 consulats, 21 Netherlands Business Support Offices (NBSO's), 20 bureaux NFIA (« Netherlands Foreign Investment Agency ») ainsi que des attachés techniques et scientifiques (voir infra ) dans 15 pays. S'y ajoutent les missions politiques et diplomatiques néerlandaises à l'étranger et étrangères aux Pays-Bas. L'EVD dispose actuellement de 344 ETP. ( http://www.agentschapnl.nl/organisatie/divisies/divisie/NL+EVD+Internationaal )

En outre, AgentschapNL est chargée de la promotion de la marque « Holland » ( Holland branding ) . Cette marque, exploitée par Bureau néerlandais du tourisme et des congrès, accompagne les activités publiques néerlandaises à l'international, afin de mieux promouvoir l'offre néerlandaise ( http://www.hollandtrade.com ). Enfin, AgentschapNL gère essentiellement le volet international du réseau des Chambres de commerce néerlandaises.

• Netwerk Internationaal Ondernemen / Dutch Trade Board (DTB)

Le Netwerk Internationaal Ondernemen (« Réseau entreprendre à l'international ») est un organisme de concertation qui regroupe les plus importants acteurs publics et privés du domaine de l'entreprenariat international (AgentschapNL/Ministère des affaires économiques, banques, patronat, chambres de commerce...). Le site web du réseau ( http://www.internationaalondernemen.nl/ ) sert en même temps de plateforme au Dutch Trade Board (DTB, ou « Conseil de commerce néerlandais »), Partenariat Public-Privé soutenant la position des entrepreneurs néerlandais à l'étranger et notamment dans quatre pays prioritaires : le Brésil, l'Inde, la Russie et la Turquie.

• Atradius Dutch State Business

Atradius Dutch State Business , équivalent de la Coface, est chargé, à travers un Partenariat Public-Privé avec le Ministère des Finances, de la mise en oeuvre de la politique néerlandaise d'assurance-crédit (mise en oeuvre du dispositif, gestion des procédures, évaluation du risque, relations avec les entreprises ; voir infra ). Le ministère (une douzaine de personnes) dispose du pouvoir de décision finale (incidences budgétaires) accordée par le ministre des Finances. Atradius Dutch State Business compte environ 50 ETP et constitue une filiale d'Atradius qui possède une part de marché de près de 60% sur le marché néerlandais (Coface environ 20%). Depuis 2010, c'est l'État néerlandais qui est l'assureur alors que la gestion du dispositif est confiée à Atradius Dutch State Business. ( www.atradiusdutchstatebusiness.nl )

• FMO

La banque de développement FMO gère, avec le Ministère des affaires économiques, le Fonds pour le pays émergents (FOM, voir infra ), qui soutient les entreprises néerlandaises investissant dans des pays en voie de développement. ( http://www.fmo.nl/ )

• Fenedex

Association privée indépendante d'entreprises exportatrices néerlandaises, Fenedex se propose de professionnaliser l'internationalisation des entreprises néerlandaises. Elle est en même temps un centre d'expertise sur l'exportation offrant des services de conseil et de mise en réseau de partenaires, des formations et des publications. ( www.fenedex.nl et http://www.export.nl/ )

• NCH

Le Centre néerlandais pour la promotion du commerce ( Nederlands Centrum voor handelsbevordering , NCH) est une initiative privée de promotion des activités internationales des entreprises néerlandaises. Il dispose d'un réseau international organisé par pays et offre des services de mise en réseau et d'accompagnement des entreprises à l'aide d'information sur les marchés étrangers, salons de commerce, mission commerciales, etc.

II. Produits financiers publics de soutien à l'export

Les produits publics « financiers » spécifiques de soutien à l'export sont souvent des dispositifs généraux auxquels des entreprises de toute taille et de tout secteur ont accès.

Mécanismes financiers de soutien hors assurance-crédit

Les produits publics financiers de soutien à l'export des entreprises néerlandaises, gérés par l'AgentschapNL, sont les suivants :

• Cautionnement PME ( BBMKB , spécifique PME, non spécifique export)

Le cautionnement pour les PME (« Besluit Borgstelling MKB ») est un dispositif créé par le Ministère néerlandais des Affaires économiques dans le but de réduire le risque pour l'établissement bancaire et d'améliorer l'accès des PME au capital. Avec ce dispositif, le gouvernement néerlandais se porte garant auprès de la banque pour une partie du prêt d'une PME. Le dispositif concerne le financement de société et non pas le financement de projet. La demande pour un crédit de cautionnement coïncide avec la demande de crédit auprès de la banque. Ce dispositif de cautionnement n'est pas spécifique à l'exportation mais peut être utilisé dans le cas de développement des activités internationales de l'entreprise.

Le plafond de la garantie s'élève à 1,5 M€ par entreprise et 50% du déficit de couverture, ce taux étant modulé à la hausse dans le cas d'entreprises innovantes (67%) ou en création (75%). La commission s'élève entre 2 et 3,6% et l'entrepreneur doit se porter garant personnellement.

• Garantie de financement « Dispositif de croissance » ( Groeifaciliteit , non spécifique export)

Il s'agit d'une garantie accordée aux banques ou aux fonds de participation sur les capitaux propres (pas sur dette) de l'entreprise lorsque ces derniers investissent dans une entreprise. Le groupe-cible est constitué d'entreprises déjà existantes connaissant une croissance très forte ou en phase de transmission. Le dispositif n'est pas spécifiquement destiné à l'exportation.

Face à la crise, le gouvernement a introduit en 2009 un dispositif similaire de garantie de financement pour les grandes entreprises ( Garantie Ondernemingsfinancering ). Ces dispositifs ne conviennent pas à tous les groupes ciblés : les entrepreneurs doivent céder une partie de leur capital, ce qui explique que les flux soient limités à quelques dizaines de demandes par an.

• Finance for International Business (prêt pour expansion internationale, spécifique PME, limitations géographiques)

Ce dispositif public de co-financement d'investissements internationaux capitalistiques ou de production prend la forme d'un prêt avec une maturité de 5 ans maximum. Il est ouvert aux PME néerlandaises qui souhaitent investir en Chine, Inde, Vietnam, Colombie et Afrique du Sud. Le prêt est limité à 35 % d'un montant maximum d'investissement de 2,5 M€ (soit 875 000 euros). Le budget total pour 2012 de ce dispositif est de 6 M€.

AgentschapNL offre en outre 3 produits plus limités et non spécifiquement financiers afin de soutenir l'export des PME et ETI :

• 2xplore : subventions aux consortia de PME ou ETI pour mener une étude de faisabilité pour des projets dans des pays émergents. La subvention est de 50% du coût, avec un maximum de 125 000€.

• Starters International Business (SIB) : pour les PME et les ETI avec peu d'expérience à l'étranger, AgentschapNL, en lien avec la Chambre de commerce, offre un bon d'internationalisation. Le voucher peut aider à payer pour une recherche de partenaire ou une analyse de marché jusqu'à un maximum de 2 400€.

• Package4Growth (P4G) : ce dispositif permet de faciliter l'accès des PME aux marchés chinois et indiens à travers un financement public jusqu'à 50% des coûts pour un consultant externe (maximum 100 000€).

Enfin l'activité internationale des entreprises néerlandaises peut être soutenue à travers deux mécanismes de soutien financier liés à l'aide au développement :

• Private Sector Investment programme (PSI)

Les dispositifs PSI et PSI + sont des dispositifs du Ministère des affaires étrangères. Ce programme a pour but de soutenir le développement d'activités économiques innovantes dans les pays émergents. L'investissement de l'entreprise néerlandaise (ou étrangère dans certains cas) dans les pays listés peuvent faire l'objet d'une subvention du Ministère des affaires étrangères à travers un appel à projet annuel.

• Fund Emerging Markets (FOM)

Ce fonds aide à financer les projets de développements d'activités économiques des filiales néerlandaises ou joint-venture dans les pays émergents. L'aide financière sur mesure (prêt, garantie, participation dans le cas de PME...) est procurée à l'entreprise locale sous condition de co-investissement d'une entreprise néerlandaise.

Assurance-crédit

Les mécanismes financiers de soutien à l'export liés à l'assurance-crédit sont gérés par Atradius pour le compte de l'État néerlandais (cf. supra ).

• Assurance-crédit export ( Exportkredietverzekering )

Le plafond des engagements est de 10 Md€ par an, inchangé depuis plusieurs années car il est largement supérieur à la demande (environ 4 Md€ d'engagements nouveaux en moyenne).

Il existe des plafonds d'encours par pays, pour des risques supérieurs à 2 et 5 ans pour les pays de l'OCDE. La PAC néerlandaise ne couvre pas le court terme (sauf quelques opérations depuis le début de la crise). Chaque pays dispose de deux seuils d'alerte, un « hard ceiling » (encours maximum) et un « soft ceiling » (seuil d'alerte). La couverture porte sur 95% pour le risque commercial et 98% pour le risque politique mais elle peut dépendre de la banque locale chargée de la transaction et être abaissée à 70 ou 80% si la situation financière de celle-ci le justifie.

De manière générale, le volume des transactions est extrêmement variable. La couverture du dispositif EKV est très largement dominée par les secteurs de la construction navale, notamment militaire, et du dragage. Certaines transactions concernent également les secteurs des machines-outils, de l'ingénierie, de la construction et de l'agriculture. Les PME ont très peu accès à ce dispositif , dominé par quelques très gros comptes.

Atradius Dutch State Business gère également pour le compte de l'État un dispositif d'assurance d'investissements (RIV) depuis 1969. Cette assurance couvre le risque politique pour un maximum de 100 M€ par opération d'investissement. A la fin 2011, l'encours des garanties d'investissement se montait à 195 M€ (214M€ en 2010) pour 23 dossiers dans 8 pays, dont principalement l'Indonésie, l'Ukraine et le Vietnam.

• Garantie crédit export ( Exportkredietgarantie , EKG)

Une facilité pour la garantie de crédit export ( Exportkredietgarantie , EKG) sur le modèle du SFEF français a été établie pendant la crise à la mi-novembre 2009, puis prolongée. Les banques peuvent se refinancer à 100% avec la garantie de l'État pour leurs activités de crédit export (tout en conservant 5% du risque). Les évolutions de Bâle III et Solvency II ainsi que les difficultés de financement de long terme expérimentées par les banques ont conduit les autorités néerlandaises à adapter ce dispositif de garantie de crédit export. La nouvelle mouture est entrée en vigueur en 2012. Elle permet d'apporter aux refinanceurs une garantie étatique complète visant à éliminer le risque bancaire qui subsistait. Malgré le peu d'utilisation de cette facilité jusqu'ici, les autorités pensent que la meilleure calibration de l'outil sera en mesure d'intéresser le secteur financier néerlandais.

• Accélérateur d'exports pour PME ( MKB Exportversneller )

En février 2011, le gouvernement néerlandais a lancé un dispositif destiné aux PME ( MKB Exportversneller ). Ce dispositif, aux procédures allégées et accélérées, couvre des entreprises au chiffre d'affaires inférieur à 50 M€ pour des contrats d'exportations jusqu'à 5 M€. Elle fait partie de l'EKV.

III. La stratégie d'exportation néerlandaise: une approche intégrée appuyée sur la « diplomatie économique »

En 2011, le gouvernement néerlandais a mis en place une nouvelle politique industrielle qui vise à faire figurer en 2020 les Pays-Bas parmi les cinq pays les plus performants en termes de recherche et d'innovation mais également à renforcer la compétitivité des entreprises ainsi qu'à préparer l'économie à faire face aux défis de la mondialisation et à en exploiter les possibilités.

Dans ce cadre, l'État a sélectionné des « secteurs de pointe », qui bénéficient d'une attention particulière. Les 9 secteurs prioritaires retenus sont l'agroalimentaire, l'agriculture, l'eau, les hautes technologies, les sciences de la vie, la chimie, l'énergie, la logistique et les activités de création , auxquels s'ajoutent les "centres de décision " (pour les sociétés internationales). ( www.top-sectoren.nl )

Ces secteurs ont été sélectionnés entre autres en fonction de leur poids dans l'économie néerlandaise et de leur potentiel de croissance . En 2011 environ un quart des entreprises néerlandaises (au nombre de 260 000) relevaient d'un de ces 9 secteurs. Ces entreprises réalisent 38% de la production nationale. Les 9 secteurs sélectionnés offrent au total près de 1,4 millions d'ETP. Une de leurs caractéristiques essentielles est qu'ils sont tournés vers l'export : environ 40% des exportations des Pays-Bas sont réalisées par un d'entre eux.

En termes de soutien aux entreprises et à l'exportation, l'État néerlandais privilégie aujourd'hui le passage d'une politique de subvention à une approche de co-financement par les entreprises, qui jouent le rôle d'impulsion : ce sont elles qui décident de se grouper et qui viennent ensuite obtenir un soutien, organisé sous forme de partenariat public-privé, souple, adapté aux besoins et sur-mesure.

En termes de stratégie, les moyens se concentrent sur les pays dans lesquels l'État joue un rôle important dans l'économie et qui ont le potentiel économique le plus important: Chine, Inde, Pays du Golfe, etc. En outre, la composante économique est un élément-clé de la politique d'aide au développement . Ainsi, l'aide développement destinée à l'Afrique du Sud, au Vietnam et à la Colombie a été remplacée par une coopération économique bilatérale offrant des possibilités aux entreprises néerlandaises. En outre, l'aide au développement se concentre sur quatre domaines-clé où les Pays-Bas se distinguent (sécurité et ordre juridique, gestion de l'eau, sécurité alimentaire et santé sexuelle).

L'instrument privilégié de mise en oeuvre de cette stratégie est celui de la « diplomatie économique » , qui consiste à privilégier structurellement la composante économique du travail diplomatique. Elle est devenue une priorité à partir de 2011 et a été accompagnée d'une révision du réseau (fermeture de certains postes, ouvertures d'autres postes dans des régions à fort potentiel économique, rationalisation et flexibilisation du réseau par le regroupement de postes, le partage des locaux, la création de postes temporaires par exemple lors de grands événements sportifs, etc.). Une part importante de l'activité des postes consiste en effet à appuyer politiquement les entreprises via le réseau diplomatique , par des activités de conseil pour s'implanter sur les marchés étrangers. Au niveau européen et international, la diplomatie économique néerlandaise vise en outre à lutter contre les barrières commerciales et pour le renforcement des marchés libres et à assurer la fourniture de matières primaires.

La stratégie d'exportation néerlandaise repose donc sur une approche intégrée associant à travers une diplomatie économique flexible et sur-mesure plusieurs politiques publiques dans un contexte de fortes contraintes budgétaires. En effet, les pays ciblés par la politique d'exportation coïncident en grande partie avec les pays qui offrent les meilleures possibilités aux entreprises des secteurs prioritaires et qui sont en même temps concernés par la politique d'aide au développement (économique) : ainsi, la gestion de l'eau et l'alimentation sont par exemple des thèmes-clé à la fois de l'aide au développement et des secteurs prioritaires, qui jouent un rôle essentiel dans le développement (économique) de certains pays africains et qui offrent de bonnes possibilités aux entreprises néerlandaises spécialisées dans ces domaines.

Par ailleurs, pour mieux intégrer la politique des secteurs prioritaires dans la diplomatie économique , le gouvernement précédent a mis en place le dispositif Partners in International Business (PIB). Il s'agit d'un programme public-privé qui permet aux entreprises des 9 secteurs prioritaires de faire conjointement leur entrée sur un marché étranger en s'appuyant sur le réseau diplomatique ( budget de 7M € en 2013 ). Par ailleurs, chacun des secteurs prioritaires est tenu de publier une « offensive d'internationalisation » du secteur en question et des « attachés pour la science et la technologie » ont été mis en place au sein des postes du réseau diplomatique néerlandais.

Les « attachés pour la science et la technologie » du réseau néerlandais

La politique des secteurs prioritaires trouve un relais au sein des différentes structures de soutien à l'exportation des Pays-Bas et notamment grâce au réseau des attachés pour la science et la technologie . Les services pour la science et la technologie sont au nombre de 15 et cherchent à favoriser les échanges entre les clusters, groupes et entreprises. Ils sont implantés dans les ambassades néerlandaises au sein de 15 pays identifiés comme à fort potentiel technologique mais également commercial : France, Allemagne, Brésil, Israël, Russie, États-Unis (y compris Canada), Brésil, Inde, Chine, Japon, Corée du Sud, Taiwan et Singapour.

Sous tutelle du Ministère des affaires économiques, ces services suivent plus particulièrement les domaines d'innovation considérés comme prioritaires et stratégiques par le gouvernement néerlandais. Ils sont positionnés au sein des ambassades dans le but de renforcer la compétitivité des Pays-Bas à long terme . Le gouvernement néerlandais désigne ce positionnement comme l'un des axes de sa « diplomatie économique ». Les services travaillent en étroite collaboration avec AgentschapNL/Hollande Trade. Ils constituent le support de ces agences sur les sujets relatifs aux sciences et technologies et sont notamment au sein des pays à fort potentiel leurs relais afin d'identifier les opportunités de coopération industrielle. Ces services s'intéressent très peu aux actions menées par les universités, focalisant leur action sur les grands groupes et les clusters de visibilité mondiale.

L'ensemble des services pour la science et la technologie mène une action coordonnée sur des thématiques définies annuellement pour l'ensemble du réseau afin qu'une vision quasi exhaustive de la stratégie mondiale en fonction du sujet sélectionné puisse être donnée aux industriels néerlandais . En 2012 le thème retenu portait sur les « matériaux légers » notamment composites. Chaque service a conduit une étude exhaustive dans son pays de référence et organisé des missions commerciales en partenariat avec AgentschapNL, ainsi que des séminaires de réflexion croisée. Enfin, l'ensemble des attachés pour la science et la technologie se réunissent en fin d'année pour un séminaire conclusif au cours duquel chaque service invite une entreprise ou un cluster à illustrer la thématique retenue.

Depuis l'an dernier, il n'y a pas eu de révision de la stratégie néerlandaise d'exportation. Le ministre des Affaires économiques du gouvernement sortant soulignait toutefois en septembre dernier que la part des pays traditionnels (européens) dans l'export néerlandais restait selon lui trop important par rapport à celle des pays émergents (BRIC, Europe centrale et de l'Est, Turquie, Vietnam...) et préconisait une « transition » de l'export néerlandais vers ces nouvelles régions porteuses .

Dans le même temps, il mettait en avant la modestie des dispositifs de soutien financier à l'export néerlandais qui se limitent à des garanties et des assurances, restant en deçà de ce qui se fait dans certains autres pays (Danemark, Allemagne, France), où l'intervention de l'État était plus directe (financement de l'export par l'État lui-même, intérêt à taux favorable, possibilités de refinancement...). Selon le ministre, ce serait également le cas pour le financement concessionnel des projets d'aide au développement, mis en oeuvre par ces mêmes pays, mais inconnu aux Pays-Bas. L'on pourrait donc envisager une intervention plus directe de l'État néerlandais dans ce domaine, d'autant plus que le financement bancaire était sous pression suite aux nouvelles exigences de Bâle III.

Il appartient aujourd'hui à la nouvelle équipe gouvernementale de prendre des mesures pour renforcer l'export néerlandais. L'accord gouvernemental ne s'attaque pas directement à la question. Toutefois, dans le sillage du gouvernement précédent, le nouveau gouvernement vise à établir un lien plus direct entre export et aide au développement .

À cet effet un nouveau ministre de plein exercice a été nommé pour le commerce extérieur et l'aide au développement (Mme PLOUMEN) et est placé dans le giron du ministère des Affaires étrangères. Parallèlement, le pilotage de la politique économique internationale demeure au Ministère des affaires économiques pour sa partie sectorielle (recherche et innovation, agriculture, énergie, multilatéral économie ...) tandis que l'aide au développement (dont le budget est diminué de 1Md€ à l'horizon 2017) passe au Commerce extérieur.

En revanche, l'accord gouvernemental prévoit la création, par l'État en coopération avec le secteur privé, d'un fonds renouvelable ( revolving fund ) qui sera alimenté à hauteur de 750 M€ par le budget de l'aide au développement dans la période 2014-2016. Ce fonds devra permettre notamment aux PME néerlandaises d'accéder plus facilement aux marchés des pays en voie de développement.

L'accord prévoit également la poursuite de la politique de « diplomatie économique » mise en oeuvre par le gouvernement précédent, comme le montrent d'ailleurs quelques missions commerciales récentes de haut niveau (en Turquie : mission guidée par le premier ministre et la ministre du commerce extérieur et de l'aide au développement ; au Brésil : mission accompagnée par une visite officielle du prince héritier d'Orange...). En même temps, l'accord de gouvernement prévoit cependant la suppression de postes diplomatiques à l'étranger ( économie annuelle de 40M€ à partir de 2014). Ce projet a été critiqué par plusieurs commentateurs, qui soulignent le rôle essentiel joué par les postes dans la mise en oeuvre de la diplomatie économique.


* 42 Bernard BOIDIN, chef du service économique, Hedzer UULDERS et Jean-François GAILLAUD.

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