2. Renforcer l'offre de soins spécialisés
La multiplication des structures résidentielles médico-sociales de moyen et long séjour constitue un impératif. Mais il convient aussi de renforcer et poursuivre la structuration de l'offre de soins spécialisés de proximité, qu'il s'agisse des services hospitaliers d'addictologie de proximité ou des structures d'accueil ambulatoire médico-sociales.
a) Conforter les services hospitaliers d'addictologie
Comme l'a indiqué le professeur Michel Reynaud, chef du service de psychiatrie et d'addictologue du groupement hospitalier universitaire Paul Brousse (148 ( * )) , l'offre hospitalière en addictologie est relativement récente - elle ne date que de 2005 - et s'organise en trois niveaux : des équipes de liaison et de soins en addictologie, pour une réponse de proximité, dans tous les hôpitaux possédant un service d'urgences ; des services de référence, avec des lits d'hospitalisation spécialisés, pour la prise en charge d'addictions en situation complexe ; des services universitaires, enfin.
Le plan de prise en charge et de prévention des addictions pour la période 2007-2011, partant du constat qu'environ 20 % des personnes hospitalisées avaient des difficultés dans la gestion quotidienne de leur consommation de substances psychoactives, avait fixé comme objectif une réorganisation de l'hôpital pour permettre à l'addictologie d'être reconnue et de se développer. Il avait ainsi défini une politique ambitieuse de renforcement de l'offre hospitalière en addictologie : doter tous les hôpitaux d'une équipe de liaison et de soins en addictologie ; créer cent vingt services d'addictologie de recours proposant des sevrages simples ou complexes pour que tout territoire de santé comprenant plus de 500 000 habitants soit couvert ; doter chaque centre hospitalier universitaire - soit vingt-six établissements - d'un pôle d'addictologie.
Vos rapporteurs constatent qu'un réel effort a été consenti pour améliorer la couverture du territoire par une offre hospitalière en addictologie ; la situation n'est, en effet, en rien comparable à ce qu'elle pouvait être au début des années 2000, comme l'a d'ailleurs souligné Mme Annie Podeur, directrice générale de l'offre de soins (149 ( * )) . Pour autant, les objectifs qui avaient été fixés par le plan gouvernemental n'ont été que partiellement atteints. Il convient de poursuivre les efforts en menant une politique volontariste.
S'agissant des équipes de liaison et de soins en addictologie qui jouent un rôle essentiel auprès des personnels soignants hospitaliers - il leur revient de les conseiller sur les questions de dépistage, de diagnostic, de prise en charge des problèmes d'intoxication aiguë, de sevrage, de traitement de substitution, de prise en charge psychologique ou encore d'orientation -, elles se sont bien développées au cours des cinq dernières années. En 2009, on en comptait, selon les données communiquées par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, deux cent quatre-vingt onze. Toutefois, selon la Fédération française d'addictologie, on compte encore une trentaine d'établissements pourvus d'un service d'accueil des urgences qui ne disposent ni de telles équipes, ni de services d'addictologie, ce qui pose évidemment un problème en termes de repérage des dépendances des patients hospitalisés pour des raisons somatiques.
L'offre hospitalière comporte par ailleurs, selon les données communiquées par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, 476 consultations d'addictologie, 261 unités pour sevrages simples - soit environ 1 300 lits -, 51 unités de soins complexes - représentant environ 1 100 lits -, 55 hôpitaux de jour - soit près de 300 places - et 60 soins de suite et de réadaptation - correspondant à environ 1 900 lits.
Cette offre est encore insuffisante au regard des objectifs qui avaient été fixés par le plan de prise en charge et de prévention des addictions pour la période 2007-2011. Il est vrai, ainsi que l'a souligné Mme Annie Podeur, directrice générale de l'offre de soins, que la mise en place des agences régionales de santé a pu ralentir la mise en oeuvre de ce plan. Vos rapporteurs appellent à poursuivre les efforts pour aboutir à une offre de soins complète. Cela suppose évidemment la création de nouvelles structures mais aussi une meilleure diffusion de la culture en addictologie dans les services hospitaliers - par exemple, comme l'a suggéré la Fédération française d'addictologie, en facilitant la réalisation de sevrages simples dans des services non spécialisés en addictologie.
* (148) Audition du 11 mai 2011.
* (149) Audition du 8 juin 2011.