C. METTRE LES ATOUTS ENVIRONNEMENTAUX DES ANTILLES AU PROFIT DU SECTEUR TOURISTIQUE

1. Construire une image des Antilles comme « îles vertes »

Le constat est unanime : les atouts environnementaux ne sont pas aujourd'hui assez mis en avant par la Martinique et la Guadeloupe afin d'attirer les touristes. Ils ne sont pas assez « vendus » pour promouvoir ces destinations.

Notre collègue Daniel Marsin a ainsi indiqué, lors de son audition par votre rapporteur, que la richesse du patrimoine environnemental des Antilles n'était pas assez mise en valeur au niveau de la promotion de ces destinations. Mme Stéphanie Bessière indique quant à elle que « les Antilles françaises pourraient devenir le laboratoire mondial des énergies du futur et le valoriser du point de vue touristique » 110 ( * ) .

Pourtant, la mise en avant de ces atouts pourrait permettre à ces destinations de sortir de l'image réductrice « plage et cocotiers » .

Comme le souligne Dominique Augier, « l'utilisation de l'image stéréotypée et interchangeable du trio mer-soleil plage a nui quelque peu à la destination Martinique qui n'a pas su se démarquer de ses concurrentes » 111 ( * ) . Mettre l'accent sur la dimension « verte » de la destination permettrait de se différencier des destinations concurrentes, de créer une véritable image de marque , comme l'ont souligné les représentants des associations de protection de l'environnement auditionnées par votre rapporteur.

L'ensemble des personnalités entendues par votre rapporteur ont confirmé l'intérêt d'une telle orientation de la promotion de ces destinations. Certains, à l'exemple de M. Ziad El-Zein, président de l'association des tours opérateurs de plongée (TOP), se sont même étonnés que la Dominique fasse plus parler d'elle que la Guadeloupe en matière d'environnement.

Votre rapporteur recommande donc que la promotion de ces destinations soit orientée sur leur richesse environnementale . La Réunion a d'ailleurs déjà opéré ce virage puisqu'un des cinq axes du projet GERRI vise à « créer une attractivité forte de la destination Réunion fondée sur le concept d'île exemplaire en matière d'innovation au service du développement durable » .

Une telle réorientation pourrait produire des effets très positifs . La Martinique dispose ainsi d'un potentiel de 300 000 éco-touristes par an 112 ( * ) . A l'heure actuelle, de nombreux touristes sont déjà attirés par la richesse environnementale des Antilles : en Guadeloupe par exemple, « le tourisme vert séduit un peu plus chaque année et la part des voyageurs attirés par la nature progresse de dix points (45 %) [en 2009 par rapport à 2008] » 113 ( * ) .

Les deux destinations ont compris l'enjeu et commencent déjà à modifier leur politique en matière de promotion. Le Comité du tourisme des îles de la Guadeloupe (CTIG) a entrepris un nouveau positionnement de la destination, axé sur la valorisation des richesses naturelles et culturelles des territoires, avec le slogan « les îles de la Guadeloupe, source naturelle de sensations » 114 ( * ) . La Guadeloupe a d'ailleurs obtenu en 2007 et 2008 le prix de « meilleure destination écotouristique » lors du World Travel Market de Londres.

Votre rapporteur salue cette évolution et estime qu'elle doit être poursuivie : les sites Internet de chaque destination pourraient utilement mettre en avant cette image d'« îles vertes » . De même, cette image de la Guadeloupe et de la Martinique pourrait être « vendue » lors de salons consacrés au tourisme que votre rapporteur souhaite voir organisés sur le territoire de chacun de ces départements : ce type de salons lui paraît en effet assurer une promotion beaucoup plus efficace que la participation à un salon organisé à l'extérieur du territoire.

Afin de renforcer cette image, votre rapporteur estime que l'industrie touristique, et notamment le secteur hôtelier, pourraient mettre en oeuvre de nouvelles pratiques et en faire un élément de promotion .

Tant M. Jacques Ravaillault, directeur exécutif de l'action territoriale de l'ADEME que M. Olivier Huygues-Despointes, président de Contact Entreprises, ont en effet estimé lors de leurs auditions respectives par votre rapporteur, que le secteur hôtelier pouvait être porteur de nouvelles pratiques.

Les initiatives prises par le Club Med, évoquées lors de son audition par Mme Agnès Weil, directrice du développement durable du Club Med, sont particulièrement intéressantes : le groupe a ainsi fait éco-certifier l'ensemble de son parc.

Mme Anne Dentel, présidente de l'association des hôteliers de Saint-Barthélemy, a également indiqué lors de son audition que ces derniers avaient pris des initiatives en matière de développement durable, à l'exemple des opérations visant à limiter la consommation d'eau. Votre rapporteur salue également le programme Earth Guest lancé par le groupe Accor au niveau mondial qui vise à « entraîner les activités du groupe dans un cercle vertueux, dès lors que les innovations bénéfiques pour l'homme et la nature servent aussi le confort des clients et la qualité du service rendu » 115 ( * ) . Ce programme vise notamment à réduire la consommation d'eau, les consommations d'énergie et les déchets et à soutenir les énergies renouvelables.

Recommandation n° 10 : promouvoir les Antilles comme une destination touristique « verte ».


* 110 Contribution écrite transmise à votre rapporteur.

* 111 « L'écotourisme forestier : pour un rapprochement entre tourisme et environnement à la Martinique », Ibid., p. 2.

* 112 Ibid., p. 4.

* 113 « Les flux touristiques entre la France métropolitaine et l'aéroport Pointe-à-Pitre-Pôle Caraïbes en 2009 », Premiers résultats INSEE Antilles Guyane, n° 64, septembre 2010.

* 114 Cf. « Du diagnostic à la mise ne oeuvre : priorités d'actions pour chaque destination », Ibid., p. 51.

* 115 « Tourisme et développement durable. L'expérience française », Ibid., p. 36.

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