2. Un degré de protection élevé par comparaison aux législations des autres États européens
L'étude comparative réalisée par la quatrième commission du 106 e congrès des notaires de France montre que le dispositif français de protection du conjoint survivant soutient la comparaison avec les dispositifs européens les plus avancés. La loi du 3 décembre 2001 a comblé le retard de la France en la matière.
Si la France se situe dans le dernier tiers des pays les moins favorables quant à la place du conjoint dans l'ordre des héritiers, puisque celui-ci vient après les descendants, contrairement à l'Allemagne, l'Italie, le Portugal, les Pays-Bas et le Danemark, et si en droit français le conjoint n'est qu'un héritier réservataire subsidiaire, en revanche, il est assuré d'une vocation successorale en propriété et peut bénéficier d'un usufruit sur la totalité de la succession, ce qui classe la France dans le peloton de tête avec les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Suède. Vos rapporteurs relèvent à cet égard que les droits théoriques reconnus au conjoint comptent moins pour assurer le maintien de ses conditions de vie que les droits qu'il est pratiquement en mesure d'exercer : le droit français qui permet au conjoint venant en concurrence de descendants de percevoir un usufruit sur la totalité peut ainsi apparaître plus protecteur qu'un autre droit inscrivant le conjoint au premier rang des successibles, mais limitant sa réserve au tiers de l'usufruit.
Par ailleurs, les droits accessoires qui lui sont reconnus, en particulier sur le logement situent la France dans les cinq pays sur dix qui prévoient de telles garanties de maintien des conditions de vie. Cet accès au logement, qui constitue, pour les successions moyennes ou modestes, le principal bien en jeu, assure au conjoint survivant français une protection avantageuse.
Comparaison européenne : droits des conjoints survivants en l'absence de testament
Définition du conjoint successible |
Ordre des héritiers |
Qualité d'héritier réservataire |
Vocation totale en propriété |
Avantages spécifiques |
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Espagne |
non séparé de fait
|
? en usufruit avec descendant |
? usufruit commuable |
après descendant
|
|
Italie |
marié |
1 er avec descendant |
? en présence d'un descendant et ¼
|
½ après ascendant
|
|
Portugal |
marié |
1 er avec descendant partage par tête |
½ si seul, en concours
|
après descendant
|
|
Allemagne |
divorce non introduit |
1 er avec descendant, ½ si un descendant, ? si plusieurs descendants |
½ et ¼ en présence descendant |
après descendant, ascendant
|
|
Belgique |
marié |
totalité en usufruit
|
½ en usufruit dont l'immeuble formant le logement de la famille |
en l'absence d'autre successible que l'État |
|
Pays-Bas |
marié |
1 er avec descendant une part d'enfant |
non |
après descendant |
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Suède |
marié |
totalité sauf en présence de descendant |
oui
|
succession différée
|
|
Norvège |
en l'absence de possibilité de divorce |
en concours avec descendant ¼ en pleine propriété |
réservataire à défaut d'avoir
été informé de son vivant de l'exhérédation
|
après descendant, ascendant et collatéraux |
communauté continuée par le survivant |
Danemark |
marié |
comme descendant ? en pleine propriété en leur présence |
1/6 en pleine propriété |
après descendant |
|
Finlande |
divorce non introduit ni condition d'un divorce remplie |
administration des biens de la succession, jouissance du logement familial et des meubles |
non |
après descendant |
hérite de tout, puis succession avec parentèle vers familles respectives |
France |
marié |
2 e ordre après descendant et en concours avec eux |
¼ en l'absence de descendant |
en présence descendant commun totalité usufruit sinon ¼ en pleine propriété |
Source : Rapport du 106 e congrès des notaires de France, mars 2010, p. 906.