2. pour une performance moyenne...
Dans un récent rapport 16 ( * ) , la commission des finances du Sénat américain fait observer que : « Comparé aux autres pays industrialisés, la qualité de notre système de soins n'est pas à la hauteur de notre niveau d'investissement. Les Etats-Unis se classent derniers sur dix-neuf pays industrialisés par le nombre de décès qui pourraient être évités et vingt-neuvièmes sur trente-sept pour la mortalité infantile - à un niveau proche de la Slovaquie et de la Pologne et derrière Cuba et la Hongrie. Notre taux de mortalité infantile est le double de celui de la France et de l'Allemagne » 17 ( * ) . On pourrait ajouter que les Etats-Unis se classent seulement au trente-quatrième rang mondial pour l'espérance de vie et que les deux tiers des Américains souffrent d'un surpoids.
La commission des finances mentionne également les résultats de certaines études qui indiquent que les soins dispensés aux Etats-Unis sont parfois de faible qualité : « Les résultats des études qui établissent la faible qualité des soins reçus par certains patients sont choquants. Une étude réalisée, en 2003, par la Rand Corporation a montré que les patients adultes ne reçoivent, pour beaucoup de maladies, les soins recommandés que dans 55 % des cas. Les soins appropriés contre le diabète ne sont délivrés que dans 45 % des cas et ceux contre la pneumonie dans 39 % des cas. Les patients atteints d'un cancer du sein sont mieux pris en charge mais ne reçoivent cependant pas le traitement recommandé dans un quart des cas » .
Rappelons enfin que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait, en 2000, classé le système de santé français au premier rang mondial, tandis que les Etats-Unis étaient placés seulement au trente-septième rang 18 ( * ) .
3. ...qui masque de forts contrastes
Ces résultats moyens, voire médiocres au regard des sommes engagés, peuvent surprendre dans la mesure où les Etats-Unis abritent quelques-uns des hôpitaux les plus réputés au monde, dans lesquels exercent des professionnels de grande qualité.
a) Des établissements de qualité inégale
La mission a visité, à Los Angeles, la clinique Cedars-Sinaï, qui accueille de nombreuses célébrités (la plus récente étant Johnny Hallyday) puis le Ronald Reagan Medical Center et le Mattel Children's hospital, qui dépendent de l'Université de Californie - Los Angeles (UCLA). Elle a pu apprécier la modernité de ces établissements, qui recourent aux meilleures technologies et offrent à leurs patients des conditions de confort exceptionnelles.
En 2009, la revue US News and World Report , qui évalue tous les ans la qualité des hôpitaux américains, a classé le Ronald Reagan UCLA Medical Center au troisième rang 19 ( * ) des meilleurs hôpitaux du pays.
A l'instar de nos centres hospitalo-universitaires (CHU), ces établissements accueillent des malades et mènent des activités de recherche et d'enseignement. L'intensité de la recherche conduite dans les meilleurs hôpitaux américains est impressionnante : en 2007, les cinq meilleurs hôpitaux du classement établi par US News and World Report ont ainsi réalisé plus d'essais cliniques que tous les établissements français ou allemands.
Nombre d'essais cliniques par pays
* D'après le classement de US News & World Report
2007
Source : Mc Kinsey Global Institute, National Institute of
Health ; US News & World Report
Le consul général de France à Los Angeles, David Martinon, a cependant rapporté à la mission des anecdotes qui attestent que des négligences caractérisées peuvent être commises dans certains établissements de santé américains. Une jeune touriste française, victime d'un accident de la route dans le Nevada, a par exemple été accueillie dans un hôpital local dans lequel les médecins, qui avaient pourtant procédé à des radiographies, n'ont pas repéré les fractures que des examens ultérieurs, effectués au Cedars-Sinaï, ont permis de révéler. Pire, l'adolescente avait été contrainte de quitter, dans de brefs délais, le premier hôpital, alors que les médecins du Cedars-Sinaï l'ont admise dans le service des grands brûlés...
Les établissements de santé américains paraissent donc de qualité très inégale. Sans doute des disparités existent-elles dans tous les pays, mais les écarts semblent plus importants aux Etats-Unis qu'ailleurs. On peut se demander si le caractère privé de nombreux établissements de santé ne les conduit pas à proposer des conditions d'accueil luxueuses, dans le but d'attirer les patients aisés, au détriment de dépenses plus directement liées à la santé publique qu'il pourrait être utile d'effectuer en d'autres points du territoire américain.
b) Un accès inégalitaire à la santé
Les statistiques disponibles montrent que les différentes communautés ont un accès inégal à la santé : le taux de mortalité infantile est par exemple de 13,63 pour mille chez les Noirs américains, soit le double de la moyenne nationale.
Les personnes non assurées souffrent aussi d'un accès plus restreint au système de santé. En 2008, près d'un quart d'entre elles ont renoncé à des soins pour des raisons financières, tandis que cette proportion n'est que de 4 % chez les personnes assurées 20 ( * ) . L'Institut de médecine de l'Académie des sciences américaine a estimé que 18 000 décès prématurés seraient dus, chaque année, à l'absence de couverture maladie d'une partie de la population.
* 16 Report on providing affordable, quality health care for all Americans and reducing the growth in health care spending, and for other purposes, Committee on finance, United States Senate, 19 octobre 2009, p. 3.
* 17 Traduction des auteurs.
* 18 World Health Report, OMS, 2000.
* 19 US News and World Report, août 2009, p. 86.
* 20 Ces chiffres sont issus de l'analyse, par la Kaiser Foundation, des données du National Health Interview Survey ; cette enquête, effectuée par le service en charge du recensement, permet de recueillir des données sur l'état de santé des Américains.