2. Les oiseaux marins des îles Eparses face aux changements globaux
M. Matthieu Le Corre , enseignant chercheur à l'Université de La Réunion, a indiqué que le laboratoire ECOMAR, de l'université de La Réunion, était spécialisé dans l'étude de la biologie marine et insulaire tropicale. Ce laboratoire étudie le fonctionnement des écosystèmes marins et insulaires tropicaux, les impacts des changements globaux ainsi que l'évolution de la biodiversité marine tropicale, dans trois écosystèmes : les récifs coralliens, les îles coralliennes et le milieu océanique. Les îles Eparses constituent des sites exceptionnels pour le développement de ces recherches. ECOMAR est intégré au pôle régional Mer, qui fédère les organismes de recherche dans le domaine des sciences marines à La Réunion.
M. Matthieu Le Corre a expliqué que les écosystèmes marins subissaient trois changements globaux majeurs :
• le réchauffement climatique ;
• l'augmentation de la pêche industrielle ;
• les invasions biologiques en milieu terrestre.
Les gestionnaires de la biodiversité ont besoin d'indicateurs pertinents pour en quantifier les effets à moyen et long terme. De ce point de vue, les oiseaux marins présentent la particularité d'un mode de vie partagé entre milieu marin (nourriture) et terrestre (reproduction). Dans le milieu marin, ils sont sensibles aux variations de la production primaire, aux changements climatiques, à la pollution marine et à la pêche industrielle. En phase terrestre, ils sont en interaction avec leur habitat, en compétition avec d'autres espèces et sensibles aux pollutions terrestres. L'étude de l'écologie, des comportements et de la dynamique de comportement des oiseaux permet ainsi d'étudier l'influence de ces paramètres sur le milieu marin. ECOMAR réalise également des études de terrain, de laboratoires et des modélisations sur le thème de l'invasion biologique. Le laboratoire transmet ses informations aux gestionnaires des TAAF, en leur proposant des programmes de réhabilitation.
Il a déploré que le réseau d'observation des oiseaux marins comme bio-indicateurs des changements mondiaux soit marqué par une sous-représentativité de la zone intertropicale par rapport aux zones polaires et tempérées. Les îles Eparses y occupent une position stratégique et permettent d'établir des comparaisons. A ce titre, « l'effet réserve » constitue une thématique importante de recherche.
Il a rappelé que l'Océan Indien occidental comprenait 7,4 millions de couples d'oiseaux marins, dont 40 % nichent dans quatre îles Eparses émergées, ce qui confère à la France une responsabilité essentielle en termes de gestion de la biodiversité.
Pour conclure, M. Matthieu Le Corre a insisté sur la ressource exceptionnelle que constituent les îles Eparses pour la recherche. Elles font partie d'un réseau mondial d'observation et de suivi des océans et écosystèmes insulaires. De plus, elles favorisent le rayonnement international de la recherche française. Ce formidable laboratoire doit être maintenu, y compris d'un point de vue logistique.