(b) Un environnement fragile
L'environnement des DOM se caractérise par sa fragilité : il est en effet soumis à divers risques, tant naturels qu'humains.
(i) Des risques naturels variés
Les DOM sont soumis à des risques naturels nombreux et variés : cyclones, éruptions volcaniques, séismes, inondations torrentielles, glissements de terrains...
Comme l'a souligné le comité opérationnel du Grenelle de l'environnement sur l'outre-mer, l'outre-mer constitue « la partie de la nation la plus exposée aux aléas naturels » .
Des initiatives ont été prises par l'État et par les collectivités territoriales afin de surveiller et de prévenir ces risques, c'est-à-dire de réduire la vulnérabilité de ces départements aux phénomènes naturels.
En matière de séisme, le Gouvernement a ainsi lancé le « plan séisme Antilles ». Sa première phase mobilise, pour la période 2007-2013, 343 millions d'euros, dont 250 millions apportés par l'État. Ces sommes visent notamment à financer le renforcement d'une centaine d'écoles, la construction des bâtiments nécessaires à la gestion de crise et la démolition d'environ 1 500 logements sociaux vulnérables.
Ce plan est d'autant plus nécessaire qu'un séisme d'une violence identique à ceux de 1839 et 1843 provoquerait aux Antilles entre 10 000 et 40 000 morts et des dizaines de milliards d'euros de dégâts, selon le comité opérationnel outre-mer.
Les collectivités territoriales se mobilisent elles aussi face à ces risques. Ainsi le conseil général de la Martinique a mis en place un centre de suivi des risques majeurs, que la mission sénatoriale a pu visiter lors de son déplacement à Fort-de-France. L'objectif de ce centre est de surveiller les phénomènes naturels graves et, à cette fin, 350 capteurs sont installés sur le territoire du département.
(ii) Des risques liés à l'activité humaine
L'environnement des DOM est également menacé par l'activité humaine :
- des retards existant en matière d'infrastructures (déchets, assainissement de l'eau) pèsent sur l'environnement.
La gestion des déchets constitue un enjeu central dans les DOM, notamment dans les DOM insulaires en raison de l'exiguïté de leur territoire. Le comité opérationnel du Grenelle de l'environnement sur l'outre-mer a souligné la nécessité d'un rattrapage structurel dans ce domaine, notamment en matière de réhabilitation des décharges, d'installations de traitement, de collecte sélective et de déchetteries. Des décharges sauvages persistent ainsi aujourd'hui en Guyane et en Guadeloupe 115 ( * ) .
Une des actions prioritaires de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) dans les DOM concerne d'ailleurs les déchets : l'agence prend des initiatives en matière de réduction de la production de déchets, accompagnant les collectivités territoriales qui mettent en place des plans d'élimination et de gestion des déchets, ou en matière de réhabilitation des décharges.
L'antenne guyanaise de l'ADEME souligne ainsi que « le rattrapage en construction de centres pour le stockage de déchets ultimes (CSDU) est une priorité car les décharges sont sources de risques sanitaires pour la santé publique » . Dans ce département, la situation, très préoccupante en 2005, tend à s'améliorer avec un programme de réhabilitations : en 2007, une vingtaine de décharges avaient été réhabilitées ou étaient en cours de réhabilitation.
La mission a constaté le caractère sensible de la gestion des déchets en visitant l'installation des déchets non dangereux de Rivière-Saint-Etienne à La Réunion. Ce site traite près de 60 % des déchets de l'île : or ses capacités de stockage seront épuisées dans 5 ans, sans qu'aucune solution de remplacement n'apparaisse à court terme ;
- la pollution des sols est également une problématique majeure : les sols antillais ont ainsi été contaminés par des produits comme le chlordécone ou le paraquat, utilisés par les planteurs de banane. En Guyane, l'orpaillage illégal pèse également sur la qualité des sols, du fait de l'utilisation de mercure.
* 115 Selon les informations du MEEDDAT, en 2001, parmi la quarantaine de décharges sauvages en France une quinzaine était située en Guyane et une dizaine en Guadeloupe.