(c) Une production loin de satisfaire la consommation locale.
Si l'agriculture et la pêche sont des secteurs économiques centraux dans les DOM, ils ne permettent pas à ces départements de satisfaire leurs besoins.
La pêche martiniquaise, pourtant particulièrement dynamique, ne couvre aujourd'hui encore qu'une faible partie de la consommation locale, avec 6 000 tonnes produites contre 16 000 tonnes consommées.
De même, la production de la filière élevage de La Réunion, pourtant solidement structurée, ne permet pas de couvrir l'ensemble de la consommation locale, comme l'illustrent les données qui suivent.
Situation de La Réunion en matière
d'autosuffisance alimentaire
(filière
élevage, en 2008)
Volaille |
OEufs |
Porc |
Boeuf |
Lait |
|
Production locale |
10 300 tonnes |
118 millions |
11 600 tonnes |
1 800 tonnes |
22,7 millions de litres |
Consommation locale |
25 000 tonnes |
118 millions |
22 500 tonnes |
6 100 tonnes |
63 millions de litres |
Taux de couverture |
41 % |
100 % |
51 % |
30 % |
36 % |
Source : URCOOPA
La dépendance de La Réunion à l'égard des importations dans ce secteur reste importante, notamment pour la viande de boeuf et le lait.
Un long chemin reste donc à parcourir afin que ces départements atteignent l'autosuffisance alimentaire.
(d) Un secteur qui demeure fragile
Le secteur primaire reste particulièrement fragile dans les DOM.
? L'agriculture des DOM connaît un certain nombre d'éléments de fragilité :
- elle est exposée aux risques naturels dévastateurs , comme les cyclones ;
- le coût des intrants, et notamment des engrais, pèse sur les coûts de production : le président de la chambre d'agriculture de La Réunion a souligné le haut niveau des prix des engrais sur l'île, estimant qu'il pesait sur le développement de l'agriculture ;
- comme on l'a vu précédemment, la production est concentrée sur un nombre limité réduit de productions : cela constitue un élément de vulnérabilité. Si une de ces productions connaît une période de crise, l'ensemble du secteur agricole est durement touché.
L'agriculture martiniquaise est ainsi orientée vers la culture de la banane dessert : la Martinique occupe la 32 ème place sur le marché mondial de production, constitue le 2 ème fournisseur européen de l'Union Européenne et fournit près du tiers du marché hexagonal.
Cette situation crée une dépendance : le cyclone Dean a dévasté en 2007 l'intégralité des champs de banane de la Martinique. 3 500 salariés de la profession ont été mis au chômage technique et près de 200 personnes licenciées, alors que les dégâts étaient plus limités dans d'autres secteurs agricoles (notamment dans l'élevage).
? S'agissant de la pêche, les éléments suivants la rendent vulnérables :
- si la flotte des DOM comprend près de 2 500 navires de pêche sur les 7 500 que compte la France, cela résulte du caractère largement artisanal de la pêche ultramarine évoqué précédemment. Ainsi les équipages sont constitués essentiellement de capitaines patrons (à hauteur de 80 % en Martinique, selon les données communiquées par la Direction régionale des Affaires maritimes de la Martinique) ;
- le secteur est marqué par un manque de formation de la main-d'oeuvre, notamment des jeunes pêcheurs. Cette situation a été soulignée par les professionnels du secteur entendus par la mission d'information lors de ses déplacements.
Selon les informations communiquées par la direction régionale des Affaires maritimes (DRAM) de la Martinique, la majorité des navigants dispose uniquement du capacitaire. En Guyane, les établissements de formation sont également insuffisants : seule une formation au brevet de capitaine 200 est organisée, en partenariat avec le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Matiti. Cette formation reste cependant limitée à 8 candidats...
Il revient donc aux acteurs locaux (collectivités territoriales, chambres consulaires, universités) de mettre en place les formations appropriées ;
- les marins pêcheurs connaissent enfin d'importantes difficultés financières : l'ensemble des représentants du monde de la pêche rencontrés lors de ses déplacements par la mission d'information ont ainsi souligné l'incapacité de nombre de marins pêcheurs à faire face à leurs obligations fiscales et sociales.