b) L'enseignement supérieur face au défi de l'insertion professionnelle
En matière d'enseignement supérieur, les DOM sont confrontés à une pression inéluctable sous les effets conjugués de la démographie. Ainsi 17 400 candidats ont été reçus au baccalauréat en 2007 soit une hausse de 4 % par rapport à l'année précédente.
De fait, le développement universitaire se mesure à l'augmentation des effectifs étudiants et au nombre des diplômes délivrés. On comptait, en 2007, 36 400 étudiants dans les DOM et leurs universités ont délivré, au cours de l'année 2006, 6 900 diplômes dont une quarantaine de doctorats.
Si globalement le nombre d'étudiants tend à se stabiliser en Guadeloupe et en Martinique, il progresse fortement en Guyane et à La Réunion.
De telles évolutions appellent des adaptations, d'autant plus opportunes que le potentiel de développement universitaire des DOM apparaît considérable, et ceci pour au moins trois raisons :
- la moitié seulement des bacheliers choisissent d'étudier sur place ;
- l'environnement régional constitue une « réserve » d'étudiants très importante : la Caraïbe, le plateau amazonien, l'océan Indien ;
- une marge importante de progression avec l'élévation du niveau général des connaissances et du nombre de diplômes.
Ces adaptations doivent porter tant sur l'organisation que sur le fonctionnement de ces établissements.
(1) Un redimensionnement nécessaire
(a) Des statuts à moderniser
La mission a pu observer, lors de ses déplacements, d'importants projets de construction (le campus à Cayenne notamment) à l'initiative des collectivités ultramarines qui ont pris conscience du défi à relever.
Les universités des DOM devraient pouvoir se transformer en grandes universités francophones pour répondre à l'accroissement du nombre de leurs étudiants comme de ceux de la région.
Pour attirer ce large public, ces universités doivent se constituer autour de pôles spécifiques leur conférant une identité forte.
La question d'actualité qui se pose est notamment celle de l'adaptation des statuts de l'Université Antilles-Guyane.
À la suite de la loi du 10 août 2007 sur les libertés et les responsabilités des universités, son statut a été adapté, en application de l'article 73 de la Constitution du 4 octobre 1958, par une ordonnance du 31 janvier 2008, et mis en oeuvre par le conseil d'administration de l'université en octobre 2008, puis refondu en avril 2009, compte tenu notamment des modifications intervenues sur le statut des enseignants-chercheurs.
Ce statut assure une égalité de représentation dans les trois conseils aux trois pôles universitaires régionaux et leur reconnaît, autant que le code de l'éducation le permet, une certaine autonomie à travers un conseil consultatif et un vice-président dédié.
Faut-il aller plus loin et envisager davantage d'autonomie pour le pôle guyanais éloigné géographiquement et soumis à un autre environnement ? Aller au delà, selon le ministère, signifierait la fin de l'unité de l'université. Le ministère reconnaît toutefois qu'en pratique, des aménagements techniques pourraient s'avérer opportuns, comme la modification de la composition du conseil scientifique .
Comme l'a rappelé M. Yves Faure, directeur du Pôle universitaire guyanais, ce pôle a été créé en 2004, sous forme de groupement d'intérêt public pour six ans renouvelables. Les membres du GIP sont l'État, les collectivités territoriales et les établissements d'enseignement supérieur présents en Guyane. Il vise à développer l'enseignement supérieur en Guyane, en proposant des orientations dans les domaines de la formation, de la recherche, de la vie étudiante et de la coopération nationale et internationale.
Il permet de donner de la visibilité aux structures de l'Université Antilles-Guyane implantées en Guyane, comme l'Institut d'enseignement supérieur de la Guyane, l'Institut universitaire de technologie de Kourou, l'antenne de l'UFR de médecine, l'Institut universitaire de formation continue ou encore l'Institut de formation aux soins infirmiers.
Le nombre d'étudiants progresse au rythme d'une centaine par an et s'élève, tous établissements confondus, à environ 3 000. Un nouveau campus est en construction à Cayenne pour faire face à cette augmentation : si, en 1999, 45 % seulement des bacheliers poursuivaient leurs études sur place, ils sont, selon le directeur du Pôle, aujourd'hui 70 % dans ce cas.
Le Pôle encourage aussi les formations complémentaires à l'extérieur, notamment dans le bassin amazonien. Par ailleurs, il cherche à diversifier l'offre de formations pour combler le décalage actuel entre les offres d'emplois et les diplômes acquis localement.
Les progrès accomplis en Guyane ont donc été considérables au cours des dernières années, tant dans le domaine de l'éducation que dans celui de la formation.
Pour autant, les besoins restent importants et des progrès restent à réaliser pour consolider le tissu universitaire et scientifique guyanais et le rendre mieux adapté aux potentialités économiques du territoire.
Sans aller jusqu'à créer une université propre à la Guyane, un changement de cadre juridique est à l'étude.
L'une des hypothèses envisagées pour consolider l'action du pôle universitaire guyanais (PUG) est de créer un établissement public de coopération scientifique (EPCS) qui regrouperait l'université et les organismes de recherche aux Antilles et en Guyane et inclurait aussi des universités étrangères (Brésil, Caraïbe, Canada, ...).
L'EPCS comprendrait deux départements, l'un tourné vers l'Amazonie, l'autre vers la Caraïbe et au delà. Ainsi, le département Amazonie répondrait aux besoins spécifiques exprimés en Guyane.
La Réunion , qui ne soulève pas de problème statutaire, a une longueur d'avance. Les priorités de l'université de La Réunion sont, en effet, de poursuivre la structuration de la recherche, et de mettre l'accent sur l'innovation et de moderniser le pilotage de l'établissement, notamment en perspective de responsabilités et compétences élargies.
La priorité est de poursuivre les échanges à l'international en renforçant les échanges et les collaborations scientifiques avec les pays de la zone de l'océan Indien jusqu'en Afrique du Sud, en Inde et en Australie.
En termes de projets, La Réunion met l'accent sur la réalisation de projets d'excellence, dont :
- l'ouverture de deux nouveaux départements au sein de l'École supérieure d'ingénieurs Réunion océan Indien, l'un dédié aux services des télécommunications, de l'informatique et multimédia, et l'autre aux constructions durables et à l'environnement ;
- la création d'une UFR santé à travers l'ouverture progressive de la deuxième et de la troisième année d'études médicales pour la mise en place de toute la licence.
Proposition n° 77 : Créer deux grandes universités francophones, l'une pour l'océan Indien et l'autre pour les Antilles et la Guyane, autour de pôles spécifiques leur conférant une identité forte. |