b) Les réticences de l'agence à adopter une attitude de coopération constructive avec les acteurs de l'adoption
Au-delà de cette approche quantitative, l'appréciation portée sur l'action de l'Afa par les personnes auditionnées dans le cadre de ce contrôle est mitigée.
• Les conseils généraux
perçoivent de façon plutôt positive l'action de l'Afa,
notamment s'agissant de la qualité des informations disponibles sur son
site Internet. En revanche, d'autres acteurs de l'adoption ont dressé un
bilan plus réservé, sinon très critique, de l'agence.
• Les principaux reproches adressés à
celle-ci émanent des
associations de familles
adoptives
. Ils concernent en particulier les choix qui ont
été faits par l'agence concernant l'ordre de traitement des
demandes : le système des listes d'attente en fonction de l'ordre
de dépôt des dossiers et, lorsqu'ils arrivent
simultanément, le principe retenu d'un tirage au sort sous
contrôle d'huissier, ont été en effet assez mal
vécus par les familles candidates.
Toutefois, il faut bien reconnaître, ainsi que l'a souligné lors de son audition le président du conseil d'administration de l'Afa, Yves Nicolin, que la solution retenue a le mérite de respecter le principe de non-sélection des dossiers qui s'impose à l'agence. Selon lui, toute autre solution aurait nécessité la définition de critères inévitablement ressentis par les familles comme arbitraires.
Les rapporteurs font néanmoins observer que ces maladresses, qui ont contribué à dégrader l'image de l'Afa, auraient pu être évitées si l'agence avait procédé aux consultations d'usage des associations de familles adoptives avant de prendre des décisions dont elle pouvait prévoir qu'elles risquaient de soulever la polémique.
• Par ailleurs,
les OAA
ont ressenti
l'arrivée de l'Afa dans les pays d'origine où ils sont
implantés comme une concurrence parfois mal venue. Le rapport
précité de Jean-Marie Colombani signale notamment l'approche par
l'agence d'un orphelinat au Vietnam, qui se trouvait déjà en
relation avec un OAA. L'Afa, qui a contesté cette information, a pour sa
part regretté que les OAA ne l'informent pas mieux de leurs
activités et des lieux d'installation de leurs antennes à
l'étranger afin de définir, de façon
complémentaire, sa propre stratégie d'implantation.
De façon générale, les rapporteurs observent que les décisions d'implantations de l'agence ont souvent été prises en conseil d'administration, sans concertation ni accord préalables de l'autorité centrale pour l'adoption internationale, ce qui a pu conduire à des malentendus ou à un manque de coordination entre les OAA et l'agence. Ils estiment que la stratégie d'implantation dans les pays d'origine des enfants adoptés doit être définie par l'autorité centrale en concertation avec les OAA et l'Afa.
Il est ainsi résulté de ce manque de concertation avec ses partenaires une incompréhension de certains choix de l'agence , en particulier de la part des familles. En outre, la prise de décision d'implantation à l'étranger, sans consultation des OAA et de l'autorité centrale, n'a pas permis d'instaurer un climat de confiance entre les acteurs et a finalement nui à l'image de l'agence et à son développement.