2. Le « rapport Lelong » (1997-1998)
En France, M. Pierre Lelong, président de chambre à la Cour des comptes, est mandaté le 13 février 1997 par le Premier ministre de l'époque, M. Alain Juppé, pour établir un rapport sur l'ATF. Ce rapport doit établir la synthèse des besoins français et étrangers et des solutions potentielles. Il doit, notamment, comparer les solutions, du point de vue du coût et de l'efficacité, des risques techniques et financiers et des possibilités budgétaires.
M. Pierre Lelong rend un premier rapport intermédiaire le 13 juin 1997 validant, d'une part, le bien-fondé du choix de développer un avion spécifique et, d'autre part, celui d'une approche commerciale.
Le rapport final est remis le 26 novembre 1998 et confirme ses premières analyses. Il a sans doute été déterminant, pour notre pays, dans le choix de la solution définitive. Il écarte les solutions recourant à des avions non européens - Antonov (envisagés par les Allemands) ou avions américains.
S'agissant en particulier de la solution américaine, le rapport conclut :
« (...) la solution américaine ne convient guère sur le plan opérationnel. Les C 17 sont trop chers pour que la France puisse s'en payer plus que quelques unités. Ils sont de plus trop lourds, trop détectables et trop peu maniables pour pouvoir être employés autrement que de théâtre à théâtre. Une utilisation tactique semble exclue. Les C 130, de leur côté, même modernisés, datent pour leur conception des années 1950. Ils n'emportent qu'une partie des matériels qui rentrent dans la soute de l'ATF. Ce serait prendre une lourde responsabilité que d'en doter - pour les cinquante ans à venir - la Force Aérienne française de projection. En outre l'hétérogénéité d'une telle flotte composée de quelques C 17 et d'une masse de C 130 mérite d'être soulignée.
« Construire l'ATF, sans aucun doute, constitue la bonne décision. »
Le rapport Lelong recommande également l'approche commerciale :
« La négociation avec l'industriel, qu'il s'agisse au bout du compte d'AMC (Airbus Military Company), de Boeing ou d'un groupement constitué en vue d'adapter des Antonov, s'apparente à celle que mènerait une compagnie de transport aérien qui négocierait avec Airbus ou Boeing l'achat d'avions de ligne civils. D'où l'analyse présentée (...) dans la fiche intitulée : « négocier comme un acheteur civil ». »
Sur la base des principes définis par le SOP, et validés en France par le rapport intermédiaire Lelong, est transmise en septembre 1997 à Airbus une demande de proposition technique et financière : la request for proposal (RFP).