II. UN TERRITOIRE QUI RESTE TRÈS ATTRACTIF POUR LES ÉTRANGERS
A. LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE MAYOTTE FAVORISE LES FLUX D'IMMIGRATION
1. La proximité géographique de territoires en voie de développement
Mayotte et son environnement géographique proche
Source : Organisation des Nations Unies
Mayotte est composée de deux îles principales, Basse Terre et Grande Terre, situées dans le canal du Mozambique, entre l'Afrique et Madagascar, et d'une trentaine de petits îlots disséminés dans un lagon de plus de 1.500 km². Elle se situe à moins de 70 km de l'île d'Anjouan , une des trois autres îles de l'archipel des Comores. Cette proximité géographique rend possibles les traversées en bateau entre les Comores et Mayotte et rend plus aisé le développement de flux d'immigration clandestine.
Mayotte et les Comores
Source : ministère des affaires étrangères et européennes
Les autres voisins de Mayotte sont la Tanzanie et le Mozambique, sur le continent africain, et Madagascar, dont les côtes les plus proches se situent à 350 km des côtes mahoraises. S'il est difficile pour les ressortissants de ces pays de se rendre directement sur le territoire mahorais de manière clandestine, les informations recueillies par votre rapporteur spécial font état de flux d'immigration importants de ces pays vers l'archipel des Comores, avec pour objectif, à terme, de rejoindre illégalement le territoire mahorais.
2. Des liens historiques solides entre Mayotte et ses voisins
Le peuplement de Mayotte résulte historiquement de sa proximité avec, d'une part, les côtes africaines et, d'autre part, Madagascar. Ainsi, Mme Sophie Blanchy relève-t-elle, dans son article « Mayotte : « française à tout prix » » 14 ( * ) , que les premiers peuplements de Mayotte étaient originaires du continent africain : « l'archipel des Comores fut peuplé de Bantous agriculteurs et pêcheurs venus d'Afrique au VIII e siècle, qui commerçaient avec Madagascar ». Ces liens expliquent d'ailleurs l'apparition de l'Islam, dès le XI e siècle, à Mayotte, qui concerne encore 97 % de la population.
Au XVI e siècle, des Malgaches s'installent dans le sud de l'île. Même après la cession de l'île à la France, en 1841, les mouvements de population continuent. Mayotte devint ainsi « une colonie de plantation ; elle se repeupla progressivement de travailleurs africains et de paysans de Grande Comore et d'Anjouan » 15 ( * ) .
Comme indiqué précédemment, de 1892 à 1976, Mayotte et les Comores sont réunies dans un même protectorat français, par ailleurs rattaché, de 1912 à 1946 à la colonie française de Madagascar. Les liens entre ces territoires sont donc préservés, voire amplifiés par l'organisation administrative française.
Malgré la scission entre Mayotte et les trois autres principales îles de l'archipel des Comores, dans les années 1970, les relations, notamment familiales, se sont poursuivies . Ainsi, il apparaît que jusqu'aux années 1990, les déplacements entre les Comores et Mayotte étaient faciles, de nombreux Comoriens rendent régulièrement visite à leur famille sur l'île. Ces liens ténus ont perduré jusqu'à ce que le développement économique de Mayotte commence.
Dans un deuxième temps, l'écart de développement croissant entre Mayotte et ses voisins a créé une tension importante sur les flux d'immigration. Cette pression a conduit la France à mettre en place des formalités d'immigration plus strictes, qui ont tari les flux d'immigration en provenance des Comores. Ainsi, le 18 janvier 1995 fut instauré un visa pour tout ressortissant comorien souhaitant se rendre dans l'île restée française.
* 14 Sophie Blanchy, « Mayotte : « française à tout prix » », Ethnologie française 2002/2, Tome XXXVII, p. 677-687.
* 15 Sophie Blanchy, op. cit.