C. UNE INDUSTRIE EN PLEINE MUTATION
Le secteur de la microélectronique est en perpétuel mouvement, comme en témoigne les changements incessants dans le classement des principales entreprises de semiconducteurs.
En outre, l'explosion des coûts du secteur de la microélectronique a remis en cause le modèle de l'intégration verticale et fait apparaître deux nouveaux types d'industrie : les fabless et les fondeurs.
1. Une hiérarchie mondiale mouvante
Lorsque l'on examine sur une longue période l'évolution du secteur, on s'aperçoit qu'aucune situation n'est acquise à terme.
- Par grandes régions géographiques
Ainsi, les États-Unis, qui assuraient 55 % de la production mondiale de transistors en 1978, n'en fournissaient plus que 22 % en 2000 et 18 % en 2007.
Quant au Japon, il assurait 30 % de cette production en 1978, 50 % dix ans plus tard, puis 34 % en 2000 et 25 % en 2007.
En ce qui concerne l'Europe, sa part dans la production mondiale est passée de 15 % en 2000 à 11 % en 2007.
Mais de façon assez surprenante - compte tenu des coûts d'accès technologique au secteur - celui-ci est perméable à l'intrusion de nouveaux arrivants. La zone asiatique (hors Japon) qui était quasiment absente du marché en 1985, produit désormais 48 % des transistors en 2007. Entre 2000 et 2007, la part de la Chine continentale dans la fabrication de semiconducteurs est passée de 2 % à 7 %.
- Par entreprises
Les fluctuations de situation entre les grandes zones géographiques sont doublées d'allées et venues du même ordre entre entreprises.
Alors qu'en 1990, parmi les 10 principales entreprises de semiconducteurs, 6 étaient japonaises, 3 américaines et 1 européenne, en 2007, il n'y a plus que 3 japonaises et 2 américaines contre 3 européennes et 2 coréennes.
Classement et revenus des 20 principales entreprises de semiconducteurs (en milliards de dollars) |
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En 2001
Source : Gartner Dataquest 2002 |
En 2007
Source : Isuppli |
Dans le domaine des mémoires DRAM 3 ( * ) , le tableau ci-dessous montre la difficulté pour les entreprises à s'imposer durablement dans ce secteur et le renouvellement incessant de la concurrence.
Ainsi, le marché des mémoires DRAM a d'abord été dominé par des sociétés américaines de 1970 à 1980. A la suite de la montée de la concurrence des entreprises japonaises, seule une entreprise américaine sur six a réussi à se maintenir. Dans les années 80, une entreprise européenne, Siemens, s'est également lancée dans ce marché. En 1993, elle a externalisé ses activités de semiconducteurs en créant la société Infinéon, qui a elle-même regroupé les activités « mémoire » dans une société spécialement créée à cet effet, Qimonda.
Dans les années 90, l'arrivée sur le marché de sociétés coréennes a contraint Fujitsu et Toshiba à jeter l'éponge tandis que pour survivre, Hitachi et NEC regroupaient leurs activités « mémoire » dans une société distincte, Elpida.
Enfin, les Taïwanais sont désormais des concurrents sérieux pour les Coréens puisqu'ils sont les deuxièmes fabricants de mémoire DRAM au monde et souhaitent augmenter leur part de marché pour les mémoires Flash.
Nouveaux acteurs entrant sur le marché des
mémoires dynamiques
à accès direct
Source : Qimonda
* 3 Mémoire dynamique à accès direct.