2. Taiwan
a) Les chiffres clés
En 2007, le taux de croissance de Taiwan s'est élevé à 5,5 %. Les services représentent 71,7 % du PIB et l'industrie 26,8 %.
Le secteur des semiconducteurs représente 50 % de la production industrielle, 12 % du PIB taiwanais et emploie 80.000 personnes.
En 2007, Taiwan est devenu le deuxième producteur mondial de semiconducteurs après le Japon, avec une part dans la production mondiale de 18 %.
A travers TSMC, UMC et d'autres fonderies plus petites, il détient 68,4 % des parts de marché de la fonderie.
Par ailleurs, Taiwan contrôle 54,3 % du marché mondial de l'emballage et de test.
Enfin, Taiwan se classe au deuxième rang mondial pour la production de mémoire DRAM (Dynamic Random Access Memory) après la Corée du Sud, avec une part de marché de 25 %, et pour la conception des semiconducteurs derrière les Etats-Unis (avec une part de marché de 23,5 %).
b) La stratégie de Taiwan
Elle peut se résumer à trois grands principes :
- un volontarisme politique fort ;
- l'élaboration de plans de développements nationaux fixant les grandes orientations industrielles pour l'avenir ;
- l'existence d'agences gouvernementales jouant un rôle stratégique dans la planification et la mise en oeuvre des politiques économiques.
- Un volontarisme politique fort
Le succès de l'industrie des semiconducteurs à Taiwan est le fruit du volontarisme politique du gouvernement qui avait décidé d'encourager de manière spécifique le développement des secteurs industriels jugés stratégiques dans les années 80, parmi lesquels l'industrie des semiconducteurs. Taiwan a ainsi réussi à créer un environnement très favorable pour l'investissement industriel à travers le lancement de plans successifs cohérents reposant sur quatre piliers :
- la création de parcs scientifiques regroupant sur un même lieu universités, industries et centres de recherche. Ainsi, le parc de Hsinchu accueillait en 2006 194 sociétés dans le secteur de la microélectronique (dont TSMC et UMC) employant près de 68.000 personnes, pour un chiffre d'affaires de 794,8 milliards de dollars taiwanais. L'institut de recherche technologique et industrielle (ITRI) est également implanté dans le parc (voir infra) ;
- un effort particulier en matière d'enseignement supérieur afin de disposer d'une main d'oeuvre susceptible de satisfaire les besoins des futurs développements industriels ;
- des mesures fiscales et financières d'encouragement très importantes : crédits d'impôt à l'investissement, exemption d'impôt pendant cinq ans pour les sociétés implantées dans les parcs, amortissement accéléré des équipements, mise en place de fonds publics au profit des sociétés innovantes et stratégiques, prêts à taux bonifiés ;
- un soutien technologique aux entreprises avec la création de plusieurs centres de recherche travaillant en étroite collaboration avec l'industrie . Ainsi, l'ITRI est un centre de recherche et de développement créé en 1973 par les autorités taiwanaises pour promouvoir et développer les nouvelles technologies au profit des entreprises. Il est sous la tutelle du ministère de l'économie, ce qui traduit son orientation vers la recherche appliquée à vocation industrielle.
Le budget de l'ITRI s'élève à 600 millions de dollars US, financé pour 50 % par le ministère de l'économie, pour 20 % par d'autres ministères et pour 30 % par l'industrie. Il emploie 6.000 personnes dont 1.000 docteurs et 3.000 masters. Par le passé, ce sont souvent les spin-offs de l'ITRI qui ont contribué aux succès industriels taiwanais. Ainsi, TSMC a été créé par un ancien président de l'ITRI en 1987.
Il exerce ses activités dans 6 domaines :
* les technologies de l'information et l'optoélectronique ;
* les MEMS
* les matériaux et la chimie
* le développement durable
*les biotechnologies
*les nanotechnologies
Les incitations fiscales offertes aux entreprises innovantes à Taiwan 1. Les incitations liées à la R&D Les entreprises peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt sur les sociétés de 30 % pour les dépenses en R&D pour le développement de nouveaux produits, l'amélioration des technologies de production et l'utilisation de technologies avancées pour les procédés de fabrication. Les équipements utilisés exclusivement pour la R&D, les expérimentations et le contrôle de la qualité peuvent faire l'objet d'un amortissement intégral sur deux ans. Lorsqu'une licence est accordée ou vendue à des entreprises sur Taiwan, 50 % seulement du montant réel de la redevance est pris en compte pour le paiement de l'impôt sur le revenu. 2. Les incitations liées à la formation du personnel Les entreprises peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt sur les sociétés de 30 % pour les dépenses de formation du personnel lorsqu'elles sont en relation avec l'activité de l'entreprise. 3. Les incitations liées aux équipements Les entreprises peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt sur les sociétés compris entre 5 et 20 % pour les dépenses liées à l'achat d'équipements automatisés et de technologies de production. Elles peuvent également bénéficier de prêts à taux bonifié pour l'achat d'équipements automatisés et de machines. 4. Les incitations pour les industries émergentes et stratégiques Les entreprises peuvent soit bénéficier d'un crédit d'impôt sur les sociétés correspondant à 20 % de l'investissement en capital réalisé, soit choisir d'être exonérées d'impôt sur les sociétés pendant cinq ans. 5. Les incitations liées au contrôle de pollution et à la sauvegarde des ressources Les entreprises peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt sur les sociétés compris entre 5 et 20 % pour les dépenses en équipements et technologies permettant de limiter la pollution et de sauvegarder les ressources. Les machines et équipements achetés pour limiter la pollution et sauvegarder les ressources ou pour utiliser une énergie nouvelle et propre peuvent faire l'objet d'un amortissement intégral sur deux ans. Néanmoins, depuis le 1 er janvier 2006, les sociétés réalisant plus de 2 millions de dollars taiwanais de bénéfices sont soumises à une imposition minimale de 10 % sur leurs bénéfices afin de circonscrire les possibilités d'exemption quasi-totale. En effet, en 2005, le taux d'imposition de TSMC, premier fondeur de semiconducteurs au monde, a été de 0,26 % de ses bénéfices. Globalement, le taux moyen d'imposition des bénéfices des entreprises installées dans le parce de Hsinchu a été de 1,3 %. S ource : Industrial Development Bureau et Institut français de Taipei |
- Le plan de développement national du gouvernement sur la période 2008-2012 : « Challenge 2008 »
Le gouvernement taiwanais a lancé un plan de développement national visant à augmenter la valeur ajoutée de l'industrie et à encourager le développement d'entreprises dans des secteurs jugés stratégiques.
Ces objectifs sont réunis dans le projet Two-Trillion et Twin-Star Industries (deux mille milliards et deux étoiles) : "deux milliards" désigne l'objectif de la valeur de production à atteindre pour les secteurs des semiconducteurs et les écrans plats ; "double étoiles" se réfère à l'industrie des "biotechnologies" et des "contenus numériques" dont le développement est jugé stratégique par le gouvernement.
Afin de renforcer le leadership de Taiwan dans le domaine des semiconducteurs et pour contrer la montée en puissance de la Chine continentale, le gouvernement taiwanais a défini trois priorités :
1. Maintenir la position de leadership de Taïwan en fonderie en finançant les technologies post 45nm, en standardisant le contrôle du procédé de fabrication pour diminuer le coût de production et en créant le réseau d'unités de fabrication en 300 mm le plus dense au monde;
2. Faire de Taiwan le premier (et certainement l'unique) centre de production en 450 mm grâce à une stratégie d'alliances au niveau international ;
3. Spécialiser Taiwan dans le développement des générations futures de mémoire DRAM et dans les « systems on chip » afin de faire de Taiwan le centre de conception et de production mondial des « systems on chip » à partir de 2015 ;
- Le rôle des agences
Bras droit du gouvernement, ce sont elles qui planifient et mettent en oeuvre les politiques économiques. Le conseil pour la planification économique et le développement (Council for Economic Planning and Development) et le bureau du développement industriel (Industrial Development Bureau) sont les plus importantes.
Le conseil pour la planification économique et le développement sert à la fois d'organe de réflexion et de planification des politiques économiques , très en amont des décisions gouvernementales et de coordinateur au niveau interministériel. Equivalent du Commissariat au plan à sa période de plus forte influence, le conseil pour la planification économique et le développement fixe les grandes priorités du pays à court, moyen et long terme.
Le bureau du développement industriel est chargé de coordonner la politique de développement industrielle pour le compte du ministère de l'économie. Ce bureau a pour vocation de promouvoir le plan de développement national appelé « Challenge 2008 » et de valoriser les deux grands sous-projets dénommés « deux mille milliards et deux étoiles ».