D. LA NÉCESSITÉ DE REDÉFINIR LES PRIORITÉS BUDGÉTAIRES DE L'ETAT
1. Donner la priorité au logement social
Si votre rapporteur spécial se félicite de la résorption de l'écart entre les AE et les CP au sein de la LBU, il reste préoccupé par l'inadaptation de l'engagement financier de l'Etat au problème du logement social en outre-mer . Les chiffres évoqués ci-dessus montrent clairement qu'à moyen terme les besoins en logement social de La Réunion seront près de trois fois plus élevés que les réalisations actuelles.
Votre rapporteur spécial estime ainsi que l'Etat ne pourra pas échapper au règlement de cette question et que, dans cette perspective, il gagnerait à davantage anticiper la situation à venir. En effet, si l'engagement en matière de logement social n'est pas à la hauteur des besoins, on peut craindre que l'endiguement du logement insalubre ne soit plus possible. A terme, il faudra donc à la fois construire de nouveaux logements sociaux, dans l'urgence, et mettre en place de coûteuses opérations de résorption de l'habitat insalubre.
En affectant davantage de moyens au règlement de cette question en amont, l'Etat s'assurerait d'une meilleure utilisation de l'agent public et éviterait un gaspillage inutile .
2. Financer le logement social par des redéploiements et non par une hausse des crédits
Dans le cadre actuel très contraint des finances publiques, votre rapporteur spécial ne plaide pas pour l'augmentation globale des crédits destinés aux collectivités territoriales d'outre-mer .
En revanche, il estime que le caractère prioritaire du logement social devrait conduire à une autre répartition des crédits destinés aux populations ultramarines . Ainsi, par exemple, la construction, bien qu'utile, d'un « tram train » à La Réunion, entre Saint-Paul et Sainte-Marie, à l'horizon 2013 coûtera 435 millions d'euros à l'Etat 39 ( * ) pour la réalisation d'un tramway sur un trajet de 40 kilomètres de long. Cet investissement financièrement très lourd pour l'Etat paraît à votre rapporteur spécial moins prioritaire que la fourniture de logement social à 100.000 foyers supplémentaires à l'horizon 2020. Or, l'investissement financier consenti par l'Etat équivaut à près de deux ans de crédits affectés au logement en outre-mer.
Cet exemple, parmi d'autres, des mérites comparés de divers investissements publics à destination de l'outre-mer paraît très révélateur à votre rapporteur spécial, qui plaide donc pour une autre répartition des dépenses, qui permettait d'augmenter les crédits de la LBU tout en respectant les contraintes budgétaires.
* 39 « Déclaration commune Etat -région - département relative à la conclusion des négociations liées aux stratégies de développement de La Réunion », 15 février 2007.