CONCLUSION
Juste après le tsunami de Sumatra, la France s'était engagée à contribuer à l'instauration d'un système d'alerte aux tsunamis dans l'océan Indien, dans la zone Méditerranée/atlantique nord est et dans les Caraïbes.
Le bilan trois ans après est très mitigé : dans la mesure où La Réunion est principalement menacée par des tsunamis régionaux ou lointains, qui autorisent des délais de réaction relativement longs, le système d'alerte mis en place remplit globalement son rôle. Actuellement, Météo France reçoit les messages du PTWC ou de la JMA et les transmet tels quels à la préfecture. Toutefois, contrairement aux objectifs affichés lors de la définition des missions du centre d'alerte national aux tsunamis dans l'océan Indien en 2005, aucun organisme scientifique n'effectue d'expertise complémentaire. Par ailleurs, les données transmises par la France aux centres internationaux chargés de l'alerte sont limitées en raison du retard pris dans l'installation et la mise à niveau des marégraphes et des stations sismiques.
En Méditerranée et dans les Caraïbes, la situation est préoccupante puisqu'actuellement, la France reste totalement démunie face au risque de tsunami : elle ne dispose pas des instruments de mesure pour les détecter, aucun plan de secours spécialisé n'a été arrêté par les services de la protection civile et faute de sensibilisation, il y a fort à parier que la population ne saurait pas réagir correctement.
Pourtant, un tsunami peut survenir demain sur les côtes françaises.
Certes, c'est un phénomène rare puisque pour la Méditerranée par exemple, la fréquence d'un tsunami dévastateur est estimée à un siècle, le dernier ayant eu lieu dans le détroit de Messine en 1908, causant 35.000 victimes. Doit-on donc instaurer un système d'alerte aux tsunamis alors que le risque qu'un tel événement se produise est relativement faible ?
Après le tsunami de Sumatra, la communauté internationale, dont la France, a répondu positivement à cette question. En effet, aucun Etat n'a estimé pouvoir rester inactif alors qu'il est aujourd'hui possible de limiter les conséquences dramatiques d'un tsunami sur la population du littoral. Il convient désormais de respecter les engagements pris et de mettre en place les dispositifs d'alerte aux tsunamis annoncés dans tous les bassins.
L'éparpillement géographique de la France et l'exposition de chacune de ses côtes dans les quatre bassins devraient la conduire à jouer un rôle moteur dans l'élaboration desdits systèmes d'alerte. En effet, la France doit mettre en place son propre dispositif national d'alerte pour réduire la vulnérabilité de son littoral au tsunami. L'instauration de dispositifs d'alerte au niveau international doit donc être considérée comme une chance puisque l'efficacité de l'alerte devrait être renforcée grâce à la multiplication des données sismiques et marégraphiques tandis que certains frais d'investissement et de fonctionnement devraient pouvoir être mutualisés entre les Etats intéressés par un système d'alerte.
Après deux ans d'attentisme, la France semble enfin prête à assumer ses responsabilités. Lors de la réunion à Lisbonne du GIC/SATANEM à la fin du mois de novembre 2007, elle a pour la première fois manifesté son intérêt à héberger un centre régional d'alerte et a lancé la création d'une « équipe spéciale » chargée d'arrêter l'architecture et les moyens de ce futur centre, d'établir un calendrier prévisionnel pour sa mise en place et d'évaluer son coût financier. Les résultats de ces travaux seront présentés lors de la prochaine réunion du GIC/SATANEM en Grèce en octobre 2008.
Parallèlement à cette initiative, le gouvernement a décidé de créer un comité national coordonné par le secrétaire général de la mer afin de mettre en place un système national de veille et d'alerte aux submersions côtières d'origine océanique.
Votre rapporteur se félicite de voir le gouvernement prendre enfin conscience de la nécessité pour la France de limiter l'exposition de ses côtes au risque de tsunami par l'instauration d'un système national d'alerte. En outre, l'attribution de ce projet au secrétaire général de la mer devrait favoriser la définition d'une architecture prenant en compte les besoins dans chaque bassin et la détermination des responsabilités de chaque partenaire.
Votre rapporteur s'interroge néanmoins sur les moyens financiers que le gouvernement est prêt à consacrer à ces deux actions.
L'absence d'engagement financier dans la proposition faite à Lisbonne peut être interprétée comme la volonté, pour le gouvernement, d'interroger les autres Etats sur leurs éventuelles contributions avant de faire ses propres propositions. Il convient toutefois de rappeler que les retards pris par la mise en place d'un système d'alerte en Méditerranée proviennent justement de la réticence des Etats à s'engager financièrement. Si la France estime que la sécurité de ses côtes exige l'instauration d'un tel système, il lui faudra accepter de le financer au moins dans sa version initiale sans attendre l'engagement des autres Etats.
Par ailleurs, votre rapporteur renouvelle ses craintes concernant l'inclusion de l'alerte aux tsunamis dans une problématique multirisque qui risque d'enliser le projet.
Enfin, votre rapporteur rappelle que la mise en place d'un système d'alerte dans les Antilles doit être accélérée compte tenu de l'exposition de ces départements français au risque de tsunami. Le projet de système national de surveillance et d'alerte devra donc couvrir non seulement la métropole, mais également les départements d'Outre-mer.
La nouvelle mobilisation de la France en faveur d'un système national d'alerte aux tsunamis devrait conduire à son instauration rapide. Certes, le système initial ne sera peut-être pas parfait puisqu'il dépendra des informations transmises par les Etats tiers. Ainsi, tant que les données sismiques et marégraphiques des Etats du Maghreb ne seront pas librement accessibles, l'efficacité du système d'alerte restera imparfaite.
Afin de s'assurer des progrès réalisés dans l'instauration d'un système d'alerte aux tsunamis, votre rapporteur propose d'effectuer un suivi de ce projet. Juste avant la prochaine réunion du GIC/SATANEM en octobre 2008, l'Office organisera des auditions publiques qui permettront d'évaluer l'état d'avancement non seulement du système d'alerte national, mais également des dispositifs d'alerte dans la zone Méditerranée/Atlantique nord est, dans les Caraïbes et dans l'océan Indien.