II. ASSURER EN EUROPE UNE COORDINATION ÉTROITE DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES, UN IMPÉRATIF À CONSACRER

La thèse de l'inutilité de la coordination des politiques économiques en Europe repose sur des arguments excessifs, soit par la légèreté de certaines interprétations, soit par la faiblesse des présupposés qui les fondent .

Elle se rattache à une posture économique, celle de l'inutilité, voire de la nocivité, de toute politique économique, que ne partage aucun Etat dans le monde parce que cette thèse conduit à de graves revers.

La considération de son utilité doit faire prévaloir une mise en oeuvre sans faille de l'engagement de coordination des politiques économiques pris par les Etats de l'Union européenne .

A. POURQUOI IL NE FAUT PAS NÉGLIGER LA COORDINATION DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Les arguments avancés pour affirmer l'inutilité de la coordination des politiques économiques en Europe sont excessifs. Ils reposent sur des interprétations discutables de données économétriques et sur des approches théoriques qui sont elles-mêmes susceptibles d'être contredites.

1. Une coordination inutile, des raisonnements contestables...

a) Les leçons tirées des simulations dans certains modèles

Sur ce premier plan, on peut estimer, à l'inverse de certains commentaires, que les simulations utilisées pour accréditer la thèse de l'inutilité de la coordination des politiques économiques en Europe montrent, au contraire, qu'il est nécessaire de mieux coordonner ces politiques .

Sans, à ce stade, s'intéresser, sur le fond, aux résultats des simulations, on peut remarquer que certaines d'entre elles font ressortir un impact assez net d'une relance budgétaire nationale sur les partenaires, qu'il s'agisse de la croissance économique ou de l'inflation.

En ce qui concerne l' inflation , les modèles extériorisent des effets inégaux, dont certains sont importants comme le montrent les données ci-dessous correspondant aux simulations du modèle Marmotte.

EFFETS EXTERNES SUR L'INFLATION D'UNE RELANCE BUDGÉTAIRE EN ALLEMAGNE SELON DEUX MODÈLES MACROÉCONOMÉTRIQUES (EN ÉCARTS DE POINTS)

QUEST

Marmotte

France

- 0,05

- 0,28

Italie

- 0,06

- 0,35

Espagne

- 0,07

- 0,25

Pays-Bas

- 0,06

- 0,43

Belgique

- 0,08

- 0,41

Irlande

- 0,14

- 0,17

Pologne

- 0,08

n.a.

Grèce

- 0,09

- 0,33

Moyenne zone euro

- 0,05

- 0,21

Source : Gros et Hobza

En ce qui concerne la croissance économique , il faut relever que la valeur absolue de la moyenne des externalités (voir tableau) est élevée dans, au moins, un des modèles cités (le modèle Multimod), et que les valeurs relatives des externalités, calculées comme le rapport entre les effets sur la croissance de la politique budgétaire dans le pays où elle est entreprise et dans les autres, sont importantes .

Par ailleurs, une donnée importante doit être soulignée : les résultats des simulations sont des « résultats de premier tour », qui sont insusceptibles de rendre compte du cumul des effets envisagés.

Les « effets de second tour », c'est-à-dire les interactions entre les autres pays européens ne sont pas restituées par les modèles. Tout se passe comme si les interdépendances autres que celles entre l'Allemagne et chacun des autres pays européens n'existaient pas.

VALEURS RELATIVES DES EXTERNALITÉS D'UNE POLITIQUE BUDGÉTAIRE DE RELANCE EN ALLEMAGNE (EN % DE L'EFFET SUR L'ALLEMAGNE)

QUEST

Marmotte

NiGEM

Moyenne 1

France

- 15

- 55

- 3

- 24

Italie

- 21

- 82

- 1

- 35

Espagne

- 30

- 90

- 11

- 44

Pays-Bas

12

- 118

1

- 35

Belgique

6

- 292

- 4

- 97

Irlande

- 9

- 25

3

- 10

Pologne

- 24

n.a.

- 2

- 13

Grèce

- 30

- 113

- 7

- 50

Moyenne zone euro

- 10

- 59

- 2

- 24

1 Hors Autriche et Portugal, pour Marmotte

Source : Gros et Hobza

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