CHAPITRE IV - LE PARTAGE DE LA VALEUR AJOUTÉE, DES POLITIQUES ANTAGONISTES DOMINÉES PAR LA DÉSINFLATION COMPÉTITIVE
Les phénomènes de concurrence fiscale ont des prolongements dans d'autres domaines de la politique économique , au premier rang desquels la politique de partage de la valeur ajoutée , auxquelles elles participent.
Sur ce plan, les politiques suivies par les pays européens sont également très divergentes. Trois grandes configurations émergent . Deux d'entre-elles supposent des arbitrages manifestement antagoniques, c'est-à-dire porteurs d'effets fortement négatifs pour les partenaires de la zone euro.
I. TROIS CONFIGURATIONS DIVERGENTES
Le partage de la valeur ajoutée est un des arbitrages essentiels des politiques économiques. Sur ce plan, l'Europe abrite des choix divergents autour de configurations nationales nettement contrastées.
A. EN LIEN AVEC DES COÛTS SALARIAUX UNITAIRES EXTREMEMENT DIVERGENTS...
De fait, au cours de la période 1999-2006, les salaires par tête ont augmenté de façon très variable dans la zone euro.
INDICATEURS DE COÛTS DU TRAVAIL DANS LA ZONE EURO (1999 - 2006)
(croissance en %)
Salaire par tête |
Productivité par tête |
Coût salarial unitaire |
|
Belgique |
2,8 |
1,3 |
1,5 |
Allemagne |
1,9 |
1,7 |
0,2 |
Irlande |
5,9 |
2,9 |
2,9 |
Grèce |
6,4 |
3,4 |
2,9 |
Espagne |
3,1 |
0,4 |
2,6 |
France |
2,8 |
1,0 |
1,7 |
Italie |
2,9 |
0,4 |
2,6 |
Luxembourg |
3,5 |
1,0 |
2,5 |
Pays-Bas |
3,8 |
1,7 |
2,0 |
Autriche |
1,9 |
1,4 |
0,5 |
Portugal |
4,0 |
0,8 |
3,1 |
Finlande |
3,2 |
2,1 |
1,2 |
Moyenne |
2,6 |
1,1 |
1,4 |
Source : Commission européenne.
Autour d'une moyenne de 2,6 % par an, la croissance du salaire par tête s'est étagée entre 1,9 % en Allemagne et en Autriche, et 6,4 % en Grèce. En France, l'augmentation a été proche de la moyenne (+ 2,8 %).
Ces écarts reflètent, en partie, des différences de gains de productivité par tête . Ceux-ci ont atteint 1,1 % en moyenne avec des écarts importants entre pays : de 0,4 % l'an, en Espagne, les gains de productivité par tête ont atteint 3,4 % en Grèce.
Corrigées des performances de productivité, les variations des salaires par tête aboutissent à des évolutions des coûts salariaux unitaires qui, au total, sont moins dispersées que celles des coûts de main d'oeuvre .
Toutefois, des différences significatives sont à relever en ce domaine .
Autour d'une augmentation annuelle moyenne de 1,4 % , les coûts salariaux unitaires ont évolué moins que la moyenne dans trois pays : l'Allemagne, l'Autriche et la Finlande ; autour de cette moyenne (+ 0,6 %) dans trois pays : la Belgique, la France et les Pays-Bas ; et, très au-delà dans six pays : le Luxembourg, l'Espagne, l'Italie, l'Irlande, la Grèce et le Portugal.
Ces évolutions témoignent de l'existence de conditions très variables de partage de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits dans la zone euro avec des conséquences importantes, notamment quant à la compétitivité-coût des différentes économies de la zone .