3. Un élan réformateur tributaire de la solidité de la coalition gouvernementale
Un peu moins d'un an après la mise en place du plan d'austérité et alors que de nombreuses réformes sont engagées, plusieurs points doivent être soulignés, qui font ressortir l'équilibre fragile qui prévaut désormais en Hongrie.
Ainsi, l'effort substantiel mis en oeuvre pour réduire les effectifs dans la fonction publique se traduit en 2007 par une baisse de la masse salariale de l'ordre de 3 à 4 % 13 ( * ) . Mais dans le même temps, un accord syndicats - fonction publique fixe à 8 % la hausse des salaires dans l'administration à partir du 1 er juillet (le plan de convergence prévoyait un gel pour 2007). Ces dispositions compensent, en réalité négativement, les économies d'emplois réalisées jusqu'à cette date. Cet accord paritaire stipule par ailleurs la possibilité de verser en 2008 un « extra-bonus si la situation budgétaire est favorable ». A cette « incertitude salariale » 2008 , il convient d'ajouter la répercussion en années pleines des hausses accordées cette année . Quant à 2009, l'accord avec les syndicats prévoit le paiement d'un treizième mois en décembre de cette même année.
Au total, la réduction des dépenses salariales dans la fonction publique en 2008, d'une part, le maintien de la masse salariale à niveau constant en 2009, conformément aux objectifs du plan de convergence, d'autre part, semblent peu réalistes, sauf à procéder à de nouvelles réductions d'effectifs. Ces données pourraient peser sur les déficits budgétaires 2008 et 2009.
Dans un autre registre, les mesures qui affectent la population (hausse des cotisations sociales, hausse de la TVA, baisse des subventions...) semblent avoir été acceptées sans hostilité véritable, alors même que la baisse des revenus réelle devrait être de l'ordre de 4,5 % pour l'année. En réalité, les sondages d'opinion traduisent une forte chute de popularité des parties de la coalition au pouvoir . Ce contexte défavorable à la coalition socialiste-libérale au pouvoir peut modifier le rythme des réformes.
Mais c'est probablement au sein même de la majorité au pouvoir que le plan de convergence créé les difficultés les plus manifestes . Deux secteurs cristallisent l'opposition entre le MSZP (socialistes) et le SZDSZ (libéraux), l'énergie et la santé. Les projets de loi en cours dans ces deux domaines donnent lieu à des arbitrages difficiles et le Premier ministre cherche, sous la pression de son propre parti, à affirmer sa prédominance dans les réformes en cours sur les positions trop libérales du SZDSZ.
Le MSZP pourrait alors rechercher des majorités de circonstance sur ses projets de loi en s'appuyant sur le MDF, un autre parti minoritaire du Parlement.
L'opposition (Fidesz), pour sa part, a entrepris de faire pression pour que soient organisés des référendums d'initiative populaire 14 ( * ) sur les points les plus controversés des réformes . Plusieurs questions ont été approuvées par la Cour constitutionnelle et pourraient ainsi être posées dans les prochains mois aux Hongrois afin de refuser la privatisation des établissements de santé ou la vente de médicaments en dehors des pharmacies...
* 13 Estimation GKI/Institut de prévision.
* 14 En Hongrie, n'importe quel citoyen peut proposer l'organisation d'un référendum, à condition que ses questions reçoivent l'agrément du comité électoral national et recueillent au moins 200.000 signatures.