B. ... AU SERVICE D'UN PARTENARIAT STRATÉGIQUE OUVRANT SUR L'EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
1. Un « hub » régional
Si l'idée de positionner la Hongrie comme une plate-forme ou un « hub » régional n'est pas nouvelle (une structure « Budapest regional business center association » avait été créée au début des années 1990 pour promouvoir ce projet), la mise en place d'une réelle stratégie n'est vraiment apparue que depuis l'adhésion à l'Union européenne . Ceci s'explique, d'une part, par la nécessité devant laquelle se trouvent placées les autorités hongroises de maintenir le flux des investissements directs étrangers, d'autre part, par l'arrivée des fonds communautaires qui permettront de financer les investissements nécessaires à la réalisation de cette ambition (autoroutes, plateformes logistiques, formation, innovation...).
Pour renforcer cette assise économique régionale, les dirigeants hongrois doublent cette stratégie d'une ambition politique régionale . Les initiatives relatives à l'adoption de positions communes, qu'ils ont lancées au sein du groupe de Visegrad 33 ( * ) (V4) ou encore le leadership dont ils font preuve pour établir des propositions régionales communes (V4, Croatie, Roumanie, Slovénie), par exemple en faveur d'une politique européenne de l'énergie (livre vert de la Commission) ou enfin, s'agissant de la candidature de Budapest comme siège d'une nouvelle agence européenne (trois projets ont été envisagés : technologie, énergie et développement), sont autant d'exemples de cette ambition.
La Hongrie entend ainsi tirer parti de sa position au coeur de l'Europe qui en fait une tête de pont naturelle pour un rayonnement régional , surtout vers le Sud en direction des Balkans 34 ( * ) .
Les entreprises françaises ont donc doublement intérêt à miser sur la Hongrie, d'abord du fait des potentialités qu'elle offre en elle-même mais aussi parce qu'elle représente un tremplin vers l'Europe centrale et balkanique .
2. Une proposition de partenariat stratégique
Lors de sa venue en Hongrie le 14 septembre 2007 35 ( * ) , le président de la République, M. Nicolas Sarkozy, a proposé un partenariat stratégique à la Hongrie, réaffirmant la place égale de chaque pays membre de l'Union européenne. Les entretiens avec le Président de la République hongroise, M. Solyom, et avec le Premier Ministre, M. Giurcsany, ont permis de concevoir plusieurs axes de développement de ce partenariat : la politique européenne de l'énergie, la politique agricole commune, la politique européenne de sécurité et de défense, la transparence des marchés financiers...
Cette proposition de partenariat apparaît particulièrement opportune à l'heure où la Hongrie traverse une passe difficile de réformes, susceptible de faire douter l'opinion publique des bienfaits de l'Europe. Les propos du Président français : « C'est l'immobilisme qui condamne, la réforme qui rassure. » résonnent pour la Hongrie aussi bien que pour la France.
La France a donc manifestement mesuré la nécessité mais aussi l'opportunité d'un accompagnement de la Hongrie : « L'Europe a besoin de la Hongrie. Beaucoup se jouera ici dans la capacité de l'Union européenne à accompagner le développement économique et démocratique des huit pays qui nous ont rejoints . »
La délégation sénatoriale en est également convaincue et souhaite que les entreprises françaises contribuent à accompagner, pour leur plus grand profit d'ailleurs, l'intégration de la Hongrie dans l'Union européenne .
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Ce rapport d'information a été présenté à la commission des affaires économiques au cours de sa réunion du mercredi 24 octobre 2007 qui l'a, elle aussi, adopté à l'unanimité. |
* 33 Groupe informel réunissant quatre pays d'Europe centrale : la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, et la Hongrie. Historiquement, le groupe de Visegrád trouve son origine en 1335, lorsque les rois tchèque, polonais et hongrois se rencontrèrent dans la ville hongroise de Visegrád.
* 34 Sont ainsi couramment désignés les pays situés au sud du Danube: Grèce, Albanie, Bulgarie, la partie européenne de la Turquie (Thrace), la partie littorale de la Roumanie et les États de l'ancienne Yougoslavie, à savoir la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine Slave, le Monténégro, la Serbie (sans la Voïvodine), la Croatie (sans la Slavonie) et la Slovénie (sud du pays).
* 35 La délégation a d'ailleurs rencontré à la Résidence de l'Ambassade de France le maire d'Alattyan, commune d'origine de la famille Sarközy située à 85 km au Sud de Budapest.