C. UN SYSTÈME ÉDUCATIF CONFRONTÉ À DE NOUVEAUX DÉFIS

Le système éducatif américain est aujourd'hui confronté à un triple défi, celui de l'économie de la connaissance qui impose d'élever le niveau global de la formation de sa population, celui de la mondialisation qui accentue les phénomènes de compétition internationale et celui de l'accès à l'enseignement supérieur des personnes issues des milieux défavorisés et en particulier des « groupes ethniques sous-représentés », qui sont d'ailleurs en forte croissance démographique.

Deux documents récents ont accéléré aux Etats-Unis la prise de conscience de la nécessité d'une réaction : les évaluations conduites par l'OCDE et les travaux conduits par la commission constituée autour de la secrétaire d'Etat américaine à l'éducation, Margaret Spellings.

La publication de ces deux documents est intervenue au mois de septembre 2006, à quelques jours du passage de la mission sénatoriale, alimentant des débats dont celle-ci a recueilli l'écho au cours des entretiens qui ont émaillé ses visites dans des établissements d'enseignement.

1. Les évaluations conduites par l'OCDE

L'OCDE porte, depuis quelques années, un intérêt croissant aux questions d'éducation, considérant que le niveau et la qualité de la fonction reçue par une population constituent un paramètre décisif dans la compétitivité d'une économie.

Elle a ainsi lancé, à la fin des années quatre-vingt-dix, un programme destiné à évaluer, à partir d'un cadre de références communes, les résultats des systèmes éducatifs de ses Etats membres, à travers la mesure des acquis des élèves de 15 ans.

Un premier rapport, publié en 2000, a présenté les premiers résultats de ce « programme international pour le suivi des élèves » désigné sous l'acronyme de PISA, qui s'est depuis poursuivi.

Les évaluations conduites par le programme PISA sur les systèmes d'enseignement secondaire, ont mis en lumière les forces et les faiblesses du système américain : si celui-ci développe, en général, chez les élèves une des meilleures aptitudes au travail en commun et une grande confiance en soi dans l'utilisation de l'outil informatique, ses résultats sont en revanche plus préoccupants en matière de compréhension de l'écrit (15 e sur 31) 8 ( * ) , d'apprentissage des mathématiques (18 e sur 31) 9 ( * ) et de culture scientifique (14 e sur 31) 10 ( * ) .

Plus récemment, dans l'édition 2006 11 ( * ) de son rapport périodique sur les systèmes éducatifs, l'OCDE s'est livrée à une évaluation comparative des systèmes américains d'enseignement supérieur.

Aux termes de ses analyses, l'Organisation estime que les Etats-Unis conservent une grande avance dans ce secteur, mais que leur suprématie, naguère incontestable, est maintenant remise en question par d'autres Etats qui sont parvenus, sur certains points, à les rattraper, voire à les dépasser.

Le rapport relève que les Etats-Unis continuent de « produire » une forte proportion de personnes hautement qualifiées : 39 % de sa population en âge de travailler (25/64 ans) ont reçu une formation supérieure. Toutefois, même si ce taux est nettement supérieur à la moyenne des pays de l'OCDE (31 %), les Etats-Unis sont maintenant dépassés par le Canada (52 %), le Japon (52 %), la Corée du Sud (49 %), la Suède (42 %), la Belgique (41 %) et l'Irlande (40 %). Ils ont ainsi, en quelques années, régressé du 1 er au 7 e rang.

Le prolongement des tendances observées sur les dernières années devrait d'ailleurs conduire, d'après l'OCDE, à la poursuite de cette régression. La proportion des américains dans l'ensemble de la population de l'OCDE diplômée de l'enseignement supérieur devrait ainsi régresser de 41 % à 36 % dans les dix prochaines années si rien n'est fait pour contrecarrer cette évolution.

Sur le plan de la compétition internationale des systèmes d'enseignement supérieur, les Etats-Unis conservent en revanche une forte prééminence, même si l'écart avec leurs principaux compétiteurs tend à se réduire un peu.

Les Etats-Unis restent la destination la plus recherchée par les étudiants qui poursuivent leurs études en dehors de leur pays d'origine. En 2004, les Etats-Unis ont en effet accueilli 22 % de ces étudiants, soit le double de celui de leur plus proche concurrent, le Royaume-Uni (11 %), bien devant l'Allemagne (10 %) ou la France (9 %). Ces chiffres traduisent cependant une érosion de trois points par rapport à leur poids relatif de 2000 (25 %).

Cette évolution résulte de la concurrence que font aux Etats-Unis, sur ce « marché » en croissance, des pays comme l'Australie, la France ou le Japon. Le rapport attribue ce léger recul au coût des frais de scolarité américains qui sont supérieurs à ceux de ses principaux concurrents, à l'exception notable de la Grande-Bretagne.

Une analyse géographique plus précise de la provenance des étudiants étrangers donne toutefois la mesure du succès que rencontre le système universitaire des Etats-Unis auprès des étudiants asiatiques : 66 % des étudiants étrangers inscrits en 2004 dans les établissements américains sont d'origine asiatique et 50 % des étudiants asiatiques qui vont poursuivre leurs études supérieures à l'étranger vont aux Etats-Unis.

* 8 Rapport PISA 2000, p. 59.

* 9 Rapport PISA 2000, p. 86.

* 10 Rapport PISA 2000, p. 97.

* 11 Education at a glance 2006 - OCDE « Briefing note for the United States » - 12 septembre 2006.

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