2. La mise en place de programmes de formation
a) Le dynamisme de la coopération universitaire
(1) Une incontestable accélération
Traditionnellement, les liens et échanges entre communautés scientifiques et universitaires des deux pays sont relativement faibles et dispersés, en raison à la fois de l'éloignement géographique, de la barrière de la langue, du manque de visibilité de notre système universitaire et de recherche, auxquels s'ajoute le déficit de notre image scientifique et technologique.
De nombreux programmes de coopération universitaire franco-chinois se mettent en place désormais, tant dans le domaine des formations technologiques et scientifiques que dans celui de l'économie et de la gestion.
Les formations technologiques et scientifiques
Les grands programmes dans ce domaine s'articulent autour de trois axes complémentaires et couvrent l'ensemble de la filière technologique professionnalisée française, à savoir :
- les formations d'ingénieurs et les formations au niveau master. On peut citer notamment le Centre franco-chinois de Tongji : ParisTech (qui regroupe 11 grandes écoles d'ingénieurs parisiennes) a mis en place différents partenariats, dont le programme « 50 ingénieurs chinois pour la France », qui forme actuellement quelque 200 étudiants chinois dans ce centre ; précisons que ces masters ont été conçus en liaison avec les entreprises françaises. Par ailleurs, l'intergroupe des Ecoles « Centrale » a créé sur le campus de l'université Beihang de Pékin et en collaboration avec celle-ci, une formation d'ingénieur généraliste ; la première promotion de 110 étudiants a démarré son cursus en 2005, avec des cours dispensés pour l'essentiel en français, et au terme duquel les étudiants recevront un double diplôme, français et chinois. Par ailleurs, a été récemment créée l'université de technologie sino-européenne de l'université de Shanghai, en collaboration avec le réseau des universités de technologie de Compiègne, Troyes et Belfort-Montbéliard ; outre un laboratoire de recherche commun, cette plateforme accueille 207 étudiants chinois, depuis septembre 2005 ; ceux-ci suivront un cycle préparatoire de trois ans, puis ils suivront une spécialisation de deux ou trois années en France, afin de se voir attribuer un double diplôme. Il faut également citer le centre franco-chinois d'ingénieurs en électronique et télécommunication, créé en partenariat entre l'université de technologie de Chine du sud (Canton) et le réseau des écoles Polytech'. Enfin, un programme de master, lancé en 2004, a permis à 70 étudiants chinois de poursuivre leurs études en France ; ce programme s'articule autour d'un réseau mutualisé d'universités françaises ;
- les formations de techniciens supérieurs : un projet d'implantation de départements d'Instituts universitaires de technologie (IUT) dans des universités chinoises est en cours d'études. Compte tenu de la forte interaction de ces instituts avec le monde de l'entreprise et de la flexibilité du dispositif, ce projet répond à un besoin avéré en Chine ;
- la formation professionnelle : 6 centres franco-chinois de formation professionnelle ont pour l'instant été ouverts en Chine sur la base d'un partenariat tripartite entre le ministère de l'éducation nationale, une université chinoise et une société française.
Les formations en gestion
Les grandes écoles françaises de gestion tendent, elles aussi, à s'internationaliser. C'est ainsi notamment que l'Ecole de Management (EM) de Lyon multiplie les initiatives en Chine ; elle a récemment conclu un partenariat avec l'université Fudan de Shanghai ; celui-ci porte en premier lieu sur la création, en 2006, de deux masters en entreprenariat et en finances d'entreprise, destinés aux cadres en activité, qui déboucheront sur un diplôme conjoint ; il concerne également le développement de cycles de formation de gestionnaires pour les entreprises occidentales et chinoises. Par ailleurs, cette école projette la création à Shanghai d'un « Institut asiatique de l'entreprenariat », centre de recherche et lieu d'accueil pour les petites et moyennes entreprises chinoises et européennes.
De nombreuses autres écoles françaises de gestion sont désormais présentes en Chine. On peut citer, par exemple, la création à Shanghai d'un doctorat d'administration des affaires par l'Ecole supérieure de commerce de Rennes et l'université Jiao Tong, la proposition d'un master « e-business » à Pékin par l'Ecole de Management de Grenoble, ou l'accord pour la mise en place d'un master ou d'un doctorat en finances signé entre Euromed-Marseille et cette même université. D'autres écoles et universités françaises entreprennent des démarches similaires, qu'il s'agisse de l'Ieseg-Lille, l'ESSEC, Paris Dauphine ou HEC.
Il apparaît que de nombreux étudiants chinois estiment désormais plus efficace et moins coûteux de poursuivre leurs études en Chine , plutôt qu'à l'étranger, au besoin dans le cadre de programmes montés avec des universités ou écoles étrangères.
Il est également vrai que ces délocalisations d'établissements universitaires suivent celles des entreprises, afin de répondre à leurs besoins.
(2) Un impact sur l'organisation du système d'enseignement universitaire français
Le potentiel de développement du système universitaire français en Chine apparaît donc très important. La délégation note d'ailleurs avec intérêt que la politique d'ouverture de la Chine en matière de coopération universitaire internationale encourage des rapprochements spectaculaires entre universités et grandes écoles françaises.
Les établissements d'enseignement supérieur sont en train de se réorganiser, notamment en vue d'améliorer leurs réseaux internationaux.
On observe ce que l'on pourrait presque qualifier de « course aux regroupements », laquelle contribue à la mise en place des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) et des pôles de compétitivité.