3. Un attrait récent pour l'apprentissage de la langue française
Parallèlement à ce renforcement des échanges entre nos deux pays, l'intérêt pour l'étude de notre langue se renforce en Chine.
La coopération linguistique constitue une priorité forte de notre action culturelle dans ce pays.
On pouvait récemment évaluer à plus de 60 000 le nombre de Chinois apprenant le français, dont plus de 40 000 étudiants inscrits en département de français, alors qu'ils n'étaient que 13 000 en 2000.
Cette évolution est surtout notable pour ceux ayant choisi le français comme seconde langue étrangère. En effet, après n'avoir longtemps proposé que le japonais, le russe ou le coréen en seconde langue, le système scolaire chinois s'est ouvert dans des proportions similaires à l'allemand et au français, et dans une moindre mesure à l'espagnol et à l'italien. Si l'anglais reste fortement prépondérant comme première langue étudiée, l'intérêt pour les secondes langues s'accroît fortement et l'étude du français connaît un développement très sensible.
Les actions de coopération dans ce domaine visent à consolider et à développer le réseau des enseignants de français , au nombre d'environ 700 en 2003.
A titre d'exemple, la délégation a visité le lycée pilote Datong de Shanghai. Ce grand établissement du centre-ville, qui bénéficie d'une architecture moderne, est reconnu comme un lycée expérimental et novateur, et de nombreuses personnalités chinoises y ont fait leurs études. Outre l'anglais, ce lycée a ouvert des cours de français et d'allemand comme seconde langue étrangère. A ce titre, deux classes de français de 25 élèves de seconde ont été ouvertes en septembre 2005.
La délégation a également visité les nouveaux locaux de l'école franco-allemande de Shanghai. Elle se réjouit de cette initiative remarquable, mais elle regrette cependant que l'occasion n'ait pas été saisie pour faire de cet établissement une vitrine illustrant notre combat pour la diversité culturelle. Pour l'instant, en effet, la langue de communication commune des deux entités ainsi rapprochées est l'anglais et l'organisation d'un bac franco-allemand n'est pas encore mise en oeuvre...
Il faut, par ailleurs, se réjouir de l'expansion des Alliances françaises . L'Empire du Milieu en compte une dizaine et il s'en crée pratiquement une nouvelle tous les six à douze mois.
Cette association de promotion de la langue française se caractérise par l'ouverture concertée et maîtrisée de ses nouvelles implantations. Ces Alliances ont comme point commun d'être, aux yeux des autorités chinoises, des « écoles de coopération » qui ne sont pas dotées du statut d'association, inconnu en Chine. Elles sont, par conséquent, intégrées administrativement à des établissements d'enseignement supérieur. Ce statut particulier présente l'avantage de mettre les Alliances en prise directe avec leur clientèle majoritaire, composée d'étudiants désireux de poursuivre leurs études supérieures en France.
Parallèlement, les Alliances recherchent de nouveaux publics : jeunes, entreprises, personnes concernées par le tourisme ou les Jeux olympiques... A cet égard, rappelons que le français constitue l'une des deux langues officielles des Jeux.
Les autorités chinoises considèrent l'Alliance française de Shanghai comme l'une des premières écoles sino-étrangères de coopération et celle-ci est un lieu de référence pour l'apprentissage du français. Elle a accueilli environ 4 000 étudiants en 2005, dont 70 % en niveau débutant ; 53 % des inscrits poursuivent ensuite des études en France. Son équipe comprend 22 enseignants français et 12 enseignants chinois.
Il existe certes un risque que l'engouement pour la langue de Molière s'atténue , si l'on tient compte notamment du souhait des autorités chinoises de développer le concept d'« Années croisées » avec d'autres pays que la France, dans les années à venir.
La délégation penche néanmoins pour l'optimisme, compte tenu de l'aptitude accrue de notre système éducatif à répondre aux besoins croissants de la Chine dans ce domaine.