B. LE CONTEXTE MACROÉCONOMIQUE DE 2005
Après l'embellie de 2004, la croissance de l'année 205 s'est révélée décevante du fait de l'évolution défavorable des exportations.
1. Une croissance du PIB de 1,4 %, contre 2,5 % en prévision
La croissance du PIB a été de 1,4 % en 2005, alors que la prévision associée au projet de loi de finances pour 2005 était de 2,5 %, comme l'indique le graphique ci-après.
La croissance du PIB depuis 1990
(en %)
Sources : Insee, projet de loi de finances pour 2006
Cette prévision de croissance était légèrement supérieure à celle du consensus des conjoncturistes, de 2,3 %, comme le soulignait alors votre commission des finances.
Cependant, comme les années précédentes, l'écart entre la prévision du gouvernement et celle du consensus des conjoncturistes a été bien plus faible que celui entre le consensus des conjoncturistes et la croissance observée, comme l'indique le graphique ci-après.
Les prévisions de la croissance du PIB de 1999 à 2005
(en %)
Sources : Insee, projets de lois de finances
Ainsi, depuis 1999, si on excepte l'année 2004, il y a eu chaque année un écart d'environ 1 point, à la hausse ou à la baisse, entre la prévision du consensus et la croissance observée.
L'année 2005 ne fait pas exception à la règle. Ce phénomène vient du fait que les conjoncturistes ont tendance à sous-estimer l'écart de la croissance par rapport à son potentiel.
2. Une moindre croissance due à un décrochage des exportations
En 2005, la moindre croissance du PIB est presque exclusivement provenue d'une contribution négative du commerce extérieur à la croissance , comme l'indique le tableau ci-après.
Contributions à la croissance du PIB : prévision et exécution
(en %)
Prévision |
Exécution |
Ecart |
|
Dépenses de consommation des ménages |
1,3 |
1,1 |
-0,2 |
Dépenses de consommation des APU |
0,5 |
0,3 |
-0,2 |
Formation brute de capital fixe totale |
0,6 |
0,6 |
0 |
dont : Sociétés non financières et Entrepreneurs individuels |
0,5 |
0,4 |
-0,1 |
Ménages hors Entrepreneurs individuels |
0,1 |
0,2 |
0,1 |
Sociétés financières |
0 |
0 |
0 |
Administrations publiques |
0,1 |
0,1 |
0 |
Variations de stocks et objets de valeur |
0,1 |
0,1 |
0 |
Commerce extérieur |
0 |
-0,9 |
-0,9 |
dont : Exportations |
1,6 |
0,8 |
-0,8 |
Importations |
-1,7 |
-1,7 |
0 |
PIB |
2,5 |
1,4 |
-1,1 |
Sources : projet de loi de finances pour 2005, prévisions économiques du gouvernement de mars 2006.
Ainsi, alors que le projet de loi de finances pour 2005 prévoyait que la contribution à la croissance du commerce extérieur serait nulle, celle-ci a été de - 0,9 %. Cet écart vient du fait que si le projet de loi de finances prévoyait une contribution des exportations à la croissance du PIB de + 1,6 %, celle-ci a en réalité été de seulement + 0,8 %.
Ce décrochage des exportations peut s'observer à partir de l'année 2000, comme l'indique le graphique ci-après.
Les exportations de biens manufacturés de la France
(en milliards d'euros aux prix de 2000)
Source : direction générale des douanes et des droits indirects
Plus précisément, les économistes considèrent que si les importations ont globalement obéi à leurs déterminants habituels ces dernières années, et en particulier en 2005 3 ( * ) , les exportations ont été nettement inférieures en 2005 à ce qu'elles auraient dû être .
Les causes de ce décrochage des exportations sont de divers ordres mais tiennent aux difficultés rencontrées par les entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes. L'appréciation de l'euro et la politique de désinflation compétitive de l'Allemagne ont bien entendu joué un rôle essentiel. Certains économistes 4 ( * ) considèrent en outre que cette dégradation du solde extérieur traduit une dégradation de la compétitivité hors prix (positionnement, différenciation, qualité des produits...).
En conséquence du décrochage des exportations, le solde extérieur de la France, qui avait déjà été légèrement négatif en 2004, a été en 2005 de - 1,8 point de PIB.
Le solde des transactions courantes (1995-2005)
(en points de PIB)
Source : Banque de France et INSEE
* 3 Il faut cependant souligner que, selon les estimations de l'Insee, encore provisoires, les importations des ménages en biens manufacturés auraient été légèrement supérieures en 2005 à leurs déterminants habituels.
* 4 Telle est en particulier la thèse défendue par MM. Patrick Artus et Lionel Fontagné, dans un rapport du Conseil d'analyse économique devant prochainement être publié, et dont la presse s'est fait l'écho.