QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DE LA CRISE ALIMENTAIRE 2005 ?

L'achèvement des récoltes, qui devraient être bonnes en 2005, sur l'ensemble du territoire nigérien, et l'arrivée consécutive des céréales sur les marchés, annoncent la fin de la période d'urgence alimentaire. Pour autant, la malnutrition infantile des enfants n'est pas enrayée : les admissions augmentent dans de nombreux centres de récupération nutritionnelle. Cette situation, à première vue paradoxale, montre bien que la malnutrition des enfants au Niger est tout autant un phénomène endémique qu'une conséquence de la crise alimentaire . Ceci doit conduire à lancer une enquête exhaustive, à l'échelle de tout le Niger, sur la malnutrition infantile. Un processus de réflexion, organisé sur des bases sectorielles, est déjà entamé grâce aux efforts conjoints des principaux acteurs de la sécurité alimentaire au Niger.  Il prend la forme de groupes de concertation et d'enquêtes rapides destinés à une meilleure compréhension du phénomène.

Pour éviter une nouvelle crise alimentaire, il convient par ailleurs de doter dès maintenant le stock national de réserve à hauteur de ses besoins (110.000 tonnes) , afin d'éviter que, comme en 2004/2005, un appel à la solidarité internationale lancé par le Niger ne recueille au fil des mois qu'une indifférence polie, avant que, par le miracle des médias et des photos « choc », l'activisme de certaines ONG ne conduise à une emballement de l'aide internationale, le cas échéant au-delà des besoins de la population. A ce moment des récoltes, il convient d'éviter les déperditions inutiles de vivres qui pourraient être affectées à des programmes durables.

Il parait enfin nécessaire de conforter le dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires qui doit devenir ce qu'il aurait dû être de bout en bout de la crise alimentaire 2005 : l'espace de concertation de l'ensemble des donateurs souhaitant aider le Niger. Si la concertation s'est améliorée avec les ONG, des progrès peuvent encore être accomplis au niveau local, par une meilleure participation de celles-ci aux sous-comités régionaux de prévention et de gestion de crise.

Du côté de l'aide française, vos rapporteurs spéciaux souhaitent fortement que les moyens soient trouvés pour réduire les délais de réalisation de l'Agence française de développement (AFD). Ces délais ne permettent pas donner l'image d'une France se mobilisant, de manière efficace, sur des projets structurants.

Ils appellent enfin à la mise en place, à l'initiative de la France, d'un « dispositif de sortie de crise » 43 ( * ) , permettant de faire démarrer des projets dans des délais extrêmement brefs, dans le domaine sanitaire et de la promotion de la sécurité alimentaire par exemple, afin de traduire, aux yeux des nigériens, la solidarité française dans des actes forts, une fois que les acteurs de l'urgence humanitaire auront, de nouveau, délaissé le Niger.

Au cours de leur mission, s'agissant des crédits publics français, vos rapporteurs spéciaux n'ont pas relevé de manquement notable à la réglementation et aux procédures comptables et financières.

* 43 Un tel dispositif a ainsi été mis en place au Kosovo. Dans les six mois ayant suivi le conflit, la France avait pu initier le démarrage de plusieurs projets importants, grâce à l'intervention de deux structures, Agence française de développement, et Caisse des dépôts et consignations. La Caisse avait recueilli, en outre, les contributions issues de la coopération décentralisée.

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