C. L'ANALYSE DES PROCÉDURES DE CANDIDATURE D'UN ÉTUDIANT ÉTRANGER DANS LES UNIVERSITÉS FRANÇAISES
L'Agence EduFrance (agence placée sous la tutelle du ministère de l'éducation nationale et du ministère des affaires étrangères dont le but est de faciliter l'accès d'étudiants étrangers aux établissements d'enseignement supérieur français), a étudié, comme ses homologues britanniques et allemands, la demande des étudiants étrangers et leur processus de choix de l'établissement d'enseignement supérieur dans lequel ils vont étudier.
C'est de cette récente analyse ainsi que d'une audition de la Direction d'EduFrance que sont extraites les constatations suivantes :
Après avoir choisi un pays, l'étudiant recherche la formation qui lui convient puis y fait acte de candidature.
Des difficultés à ce stade d'accès à l'information sur les formations ou de procédure de candidature peuvent être dissuasives et engager l'étudiant à rechercher un autre établissement ou un autre pays.
1. Le parcours du combattant d'un étudiant étranger souhaitant s'inscrire à une université française
a) La recherche d'informations depuis l'étranger
Si la procédure de pré-inscription en 1er cycle semble satisfaisante (données uniques, disponibles dans les ambassades, ...) il en va tout autrement pour une candidature en 2ème et 3ème cycle.
En effet, se porter candidat en 2ème et 3ème cycle relève du « parcours du combattant » et les multiples procédures sont de nature à décourager l'étudiant étranger le plus motivé.
La complexité du dispositif d'information est indéniable au sein des universités, plusieurs interlocuteurs différents étant appelés à intervenir sans réelle coordination.
On peut citer également le caractère tardif des réponses faites aux étudiants, voire l'absence totale de réponse.
De nombreux témoignages soulignent la difficulté de se procurer les dossiers de candidatures et d'obtenir des réponses sur les pré-requis d'admission, les équivalences, le niveau des contenus des cours, les tarifs de formation.
L'information disponible sur les sites internet des établissements : les sites internet des universités sont peu actualisés dans leurs programmes, contenus académiques etc. Ils sont dans la plupart des cas trop peu adaptés à un public étranger et aux standards internationaux :
- version anglaise encore rare (version espagnole quasi inexistante) ;
- peu ou pas de dossiers d'inscriptions téléchargeables (lorsqu'ils sont téléchargeables, ils ne sont pas adaptés au public étranger : manque de place pour le nom de famille, pour l'adresse, format de n° de Tél. à 10 chiffres rares à l'étranger) ;
- échec trop courant de la saisie en ligne (champ « code postal » impossible à renseigner dans certains pays ;
- trop de sigles (U.F.R....) incompréhensibles pour l'étudiant étranger et pas d'explication sur la définition des grades. Certains regrettent que les sites internet des établissements français ne soient pas conçus à la manière anglo-saxonne, souvent citée comme référence ;
- difficulté à s'orienter dans les sites pour trouver la liste des formations et programmes d'études ;
- pas d'information relative aux dates d'examens.
b) La constitution du dossier
Plusieurs étapes de la procédure (qui pourraient paraître mineures mais ne le sont pas) ont un caractère dissuasif pour nombres d'étudiants étrangers :
- les enveloppes réponses autocollantes n'existent pas dans bon nombre de pays. La nécessité de timbrer ces enveloppes avec des timbres français est totalement inadaptée ;
- l'envoi d'argent ou le paiement par chèque en euros peut s'avérer compliqué pour certains étudiants.
Les universités ne fournissent pas d'accusé de réception et n'indiquent que très rarement la date limite pour leur réponse.
c) Le déplacement d'un étudiant pour des entretiens ou autres procédures d'admission
Nombre de pays soulignent la difficulté à faire venir les étudiants pour des entretiens en France.
Certains évoquent d'ailleurs la nécessité de développer un système de rendez-vous téléphoniques destinés à l'admission des candidats.
D'autres souhaiteraient plus de flexibilité de la part des établissements dans le cadre des entretiens de 3è cycle et suggèrent la mise en place d'entretiens téléphoniques en présence d'un représentant d'EduFrance ou du Consulat.
d) La reconnaissance des diplômes
L'absence d'équivalence réglementaire entre les diplômes étrangers et les diplômes français est mal ressentie notamment sur deux points :
- admission à un niveau inférieur à celui auquel l'étudiant a postulé ;
- reconnaissance difficile des acquis académiques et professionnels pour les étudiants souhaitant s'inscrire en thèse.
e) Les délais de réponse
Les délais de réponse et le suivi de la candidature sont jugés beaucoup trop longs et sont de nature à affecter la procédure de demande de visa ainsi que la recherche d'un logement.
Les étudiants n'ont bien souvent qu'à peine un mois pour préparer leur départ.
Certains regrettent la difficulté à trouver des interlocuteurs disponibles dans les universités pour un suivi de dossier optimal. Ils regrettent de ne pouvoir disposer d'une adresse e-mail ou d'un numéro de téléphone de la personne chargée de ces dossiers au sein de l'établissement.
f) L'attribution des bourses
Il existe dans certains pays d'Amérique du Sud une inadéquation entre les dates de candidature aux bourses des ambassades et le calendrier universitaire français, du fait de la discordance entre les calendriers universitaires de l'hémisphère nord et de l'hémisphère sud.
2. L'accès à l'information et à la candidature via les sites internet des universités
Une orientation nationale « en ligne » est une première étape indispensable. Nos concurrents l'ont mise en oeuvre et EduFrance, qui a mené des projets sectoriels de ce type (Sciences de l'ingénieur, EduDroit), a débuté en 2005 ; cette orientation conduit toujours sur les sites des universités qui sont souveraines pour l'examen des candidatures.
L'analyse d'EduFrance a consisté à rechercher à travers 89 sites internet d'universités la présence ou l'absence des fonctionnalités les plus attractives pour un étudiant étranger.
La situation des sites a évolué depuis quatre ans dans le sens d'une ouverture à l'international.
C'est ainsi que la plupart des sites étudiés disposent désormais d'une « entrée internationale » ; pour autant la possibilité d'obtenir une interface en langue anglaise (ou autre langue) pour tout ou partie du site reste négligeable.
a) La présence d'une rubrique « relations internationales » ou « étudiants étrangers » sur la page d'accueil
C'est le cas de 80 universités (soit 90% des cas). On trouve généralement dans la rubrique « relations internationales » une présentation du service, les programmes d'échanges et les accords avec les universités étrangères, plus rarement un guide traduit en plusieurs langues à destination des étudiants étrangers hors échanges interuniversitaires et exceptionnellement des informations sur la procédure de demande d'inscription préalable.
b) Interface en anglais
Sur les 89 sites Internet visités, 28 disposent d'une version très partiellement traduite en anglais (soit 31%). En effet, le plus souvent, seule la page d'accueil est disponible en anglais.
Si d'autres rubriques sont également en anglais, la description des formations n'est que très rarement traduite dans cette langue.
Parmi les progrès réalisés par les serveurs d'universités, il convient de souligner la présence de plus en plus courante d'un « Guide de l'Etudiant » qui fait l'objet d'une traduction multilingue Anglais-Allemand-Espagnol.
c) Les sites disponibles dans 3 langues
Sur les 89 sites étudiés, 11 disposent d'un site web partiellement traduit en 3 langues, le plus souvent en espagnol mais également en allemand et plus rarement italien et chinois (soit à peine 12 % des sites visités).
d) Les formulaires d'inscription téléchargeables
37 sites disposent d'un formulaire d'inscription téléchargeable (soit 42 %).
51 sites ne disposent pas de cette fonctionnalité (soit 58 %).
Pour 8 d'entres eux, le dossier est téléchargeable pour certaines filières seulement.
Pour 9 autres sites où cette fonctionnalité existe, le téléchargement est impossible en dehors de la période d'inscription.
Si l'on tient compte du fait qu'il faut une année à l'étudiant étranger pour préparer son séjour d'études en France, il serait souhaitable que ces derniers puissent consulter le formulaire d'inscription à titre purement informatif.
Enfin, si le formulaire d'inscription est téléchargeable sur certains sites (16 sites relevés pour les étudiants de France), les étudiants étrangers restent toutefois des cas particuliers dont on exige qu'ils présentent leurs demandes, par courrier, auprès des différents services des universités.
e) L'inscription en ligne pour les étudiants étrangers
12 sites sur 89 disposent d'un service d'inscription en ligne accessible aux étudiants étrangers, soit près de 14 %.
On note cependant une inadéquation entre le formulaire d'inscription et les standards internationaux (ex : saisie du code postal obligatoire pour la prise en compte du formulaire).
f) Les informations spécifiques dédiées aux étudiants étrangers
Les étudiants étrangers se répartissent en trois grandes catégories :
- les étudiants étrangers relevant de la coopération internationale de l'Etat ;
- les étudiants étrangers relevant de la coopération internationale des universités (étudiants en mobilité dans le cadre du programme Erasmus ou de conventions conclues entre universités) ;
- les étudiants étrangers « individuels ».
On constate en visitant les sites internet des universités que c'est cette dernière catégorie d'étudiants à laquelle on accorde le moins d'attention, si l'on en juge par l'information disponible, alors que cette catégorie constitue pourtant plus des deux tiers des étudiants en mobilité internationale. Si l'on veut passer du quantitatif au qualitatif en matière de traitement des étudiants étrangers, c'est sur cette catégorie, la plus nombreuse, qu'il faudrait faire porter l'effort : améliorer leur information et leur orientation en adaptant les sites internet à leur demande est un préalable aux autres mesures à prendre.
g) La description des formations
Seuls 2 sites ne disposent pas d'une description des formations proposées par l'université. 18 sites ne proposent pas de description détaillée des enseignements mais une énumération des diplômes proposés. 10 sites ne proposent de description détaillée que pour certaines formations.
h) L'usage de l'anglais
Seuls 8 sites sur 89 (soit 9%) décrivent leur offre de formation en anglais.
En conclusion, l'impression globale d'EduFrance est la suivante :
« 4 sites sortent du lot par leur clarté et leur volonté visible de s'ouvrir aux étudiants étrangers :
- l'université d'Avignon
- l'université de Montpellier 3
- l'université de Strasbourg 1
- l'université de Strasbourg 2
44 sites donnent une bonne impression globale (soit près de 50 % des sites visités). Internet constitue désormais le canal principal à travers lequel le public extérieur juge de la qualité d'une université, l'enrichissement fonctionnel des sites des universités en matière d'information, d'orientation et de candidature devient une priorité ».
Vos rapporteurs ont bien noté, au cours de leurs auditions et missions que, si les procédures et les sites informatiques des universités destinés aux étudiants étrangers sont en constante amélioration, ils n'atteignent pas encore le niveau d'attractivité de nos concurrents des autres pays
On peut essayer de dresser la liste des principales faiblesses :
- l'absence d'orientation en ligne. Le projet EduFrance devrait y remédier ;
- la quasi-absence de description en anglais des formations proposées ;
- la quasi-absence de lien avec des formations pré-linguistiques adaptées ;
- les grandes difficultés à suivre la procédure de candidature et notamment la quasi absence de dépôt de candidature en ligne ;
- les délais de réponse et la faible réactivité des universités aux candidatures étudiantes, qui sont très peu compétitifs par rapport à ceux de nos concurrents.