N° 446
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2004-2005
Annexe au procès-verbal de la séance du 30 juin 2005 |
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur l' accueil des étudiants étrangers en France ,
Par Mme Monique CERISIER-ben GUIGA et M. Jacques BLANC,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : M. Serge Vinçon, président ; MM. Jean François-Poncet, Robert del Picchia, Jacques Blanc, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Jean-Pierre Plancade, Philippe Nogrix, Mme Hélène Luc, M. André Boyer, vice-présidents ; MM. Simon Loueckhote, Daniel Goulet, Jean-Guy Branger, Jean-Louis Carrère, André Rouvière, secrétaires ; MM. Bernard Barraux, Jean-Michel Baylet, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Pierre Biarnès, Didier Borotra, Didier Boulaud, Robert Bret, Mme Paulette Brisepierre, M. André Dulait, Mme Josette Durrieu, MM. Jean Faure, Jean-Pierre Fourcade, Mmes Joëlle Garriaud-Maylam, Gisèle Gautier, MM. Francis Giraud, Jean-Noël Guérini, Michel Guerry, Robert Hue, Joseph Kergueris, Robert Laufoaulu, Louis Le Pensec, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Louis Mermaz, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Charles Pasqua, Jacques Pelletier, Daniel Percheron, Jacques Peyrat, Xavier Pintat, Yves Pozzo di Borgo, Jean Puech, Yves Rispat, Josselin de Rohan, Roger Romani, Gérard Roujas, Mme Catherine Tasca, MM. André Trillard, André Vantomme, Mme Dominique Voynet.
Etrangers. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le fait que de nombreux étudiants étrangers aient fréquenté l'Université française depuis un siècle et qu'ils reviennent vers elle est un atout décisif pour le rayonnement culturel international de la France, sa recherche scientifique, ses capacités d'innovation technologique, le dynamisme de son industrie et de ses échanges commerciaux internationaux. Mais c'est un sujet complexe qui pose des problèmes difficiles que les auteurs de ce rapport ont tenté d'explorer en visitant plusieurs sites universitaires et en auditionnant de nombreuses personnalités.
Notre pays a pris conscience, dans les années 1997-1998, de la lente érosion du nombre d'étudiants étrangers accueillis en France, au cours de la décennie précédente. Il était tombé à 150 000.
Le gouvernement de Lionel Jospin a alors mis en place une politique d'accueil active qui a permis de relever ce nombre à près de 250 000 par an, niveau à peine supérieur à celui de 1985. La France a donc restauré sa capacité d'accueil d'étudiants étrangers mais, comme la mobilité étudiante internationale s'est beaucoup développée au cours de ces vingt années, la part relative de la France a baissé. Notre pays n'accueille que 9 % des étudiants faisant leurs études supérieures en dehors de leur pays, ce qui le place loin derrière les Etats-Unis (30 %) mais également derrière le Royaume-Uni (14 %), l'Allemagne (12 %) et depuis peu derrière l'Australie (10 %).
La politique menée depuis dix ans a atteint une partie des objectifs initialement fixés et qui avaient été repris par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin dans le cadre du renforcement de l'attractivité de la France : la «mobilité encadrée» (ce terme désigne l'ensemble des étudiants bénéficiaires d'échanges entre universités et des boursiers) atteint plus du tiers des effectifs. Par ailleurs les étudiants étrangers sont dorénavant aussi nombreux dans les 2ème et 3ème cycles que dans le 1er où ils étaient autrefois surreprésentés. Toutefois, il a semblé évident aux rapporteurs que l'importance accordée à l'augmentation du nombre des étudiants accueillis prenait trop le pas sur l'évaluation préalable des aptitudes de ceux-ci et sur la qualité de l'accueil que la France leur offre.
Ce rapport a pour objet de montrer tout d'abord combien l'offre française de mobilité offerte aux étudiants étrangers est loin d'être optimale et, ensuite, de donner quelques pistes de réflexion permettant d'élaborer un « guide des bonnes pratiques » en ce domaine pour que l'offre française progresse.
I. L'OFFRE FRANÇAISE DE MOBILITÉ AUX ÉTUDIANTS ÉTRANGERS EST LOIN D'ÊTRE OPTIMALE
Nos insuffisances portent essentiellement sur l'attractivité de nos universités, le parcours des étudiants avant leur arrivée en France, ainsi que sur les problèmes rencontrés lors de leur arrivée et de leur cursus .
A. LA FAIBLE ATTRACTIVITÉ INTERNATIONALE DE NOS UNIVERSITÉS
Deux documents récemment parus ne donnent malheureusement pas une idée très positive de l'offre universitaire française.
L'université de Shangaï publie chaque année le classement des 500 premières universités du monde. Cette année encore la place assignée aux universités françaises est bien peu satisfaisante : sur les cent premières, quatre seulement sont françaises : Paris VI (46 ème ), Paris IX (61 ème ), Strasbourg I (92 ème ) et l'Ecole Normale supérieure de la rue d'Ulm (93 ème ). Viennent ensuite le Collège de France, Grenoble I, Paris V, Paris VII et l'Ecole Polytechnique, relégués au-delà de la centième place. Seules 22 universités françaises sont classées parmi les 500 meilleures mondiales.
Par ailleurs, le rapport annuel sur l'éducation de l'OCDE souligne encore cette tendance en situant la France au 19 ème rang sur 26 en matière d'enseignement supérieur (insistant particulièrement sur l'insuffisance des investissements consacrés à l'université).
Certes, les critères de classement retenus ne sont pas tous pertinents. « Comme tous les classements, celui de l'université de Shangaï est discutable. Il fait la part trop belle aux Prix Nobel, tend à ignorer les publications des chercheurs rattachés à des organismes de recherche extérieurs et donne une prime aux grands établissements sur les petits. La puissance intellectuelle et financière des universités américaines est pourtant patente ». Toutefois, « ignorer ce classement au motif qu'il est imparfait tiendrait de la politique de l'autruche » 1 ( * ) . Il convient de tenir compte de son impact sur les étudiants étrangers qui choisissent une université en fonction de son prestige. Or la place des universités françaises est significative de la baisse de notre compétitivité et détourne les meilleurs étudiants du choix de la France.
* 1 Daniel Cohen. Le Monde 15/09/2005.