3. Le report de l'ouverture des négociations
Nous nous sommes rendus en Bosnie-Herzégovine fin avril 2005. À cette date, beaucoup de nos interlocuteurs espéraient l'ouverture prochaine des négociations en vue d'un ASA. Cependant, deux semaines plus tard, le 19 mai 2005, la Commission européenne a refusé de donner une recommandation favorable au Conseil.
Ce refus a été motivé par l'échec de la réforme de la police et la non-adoption de la loi sur le système de radiotélévision publique . Parlant au nom du commissaire à l'élargissement Olli Rehn, le directeur de la direction générale « élargissement » de la Commission européenne, Reinhard Priebe, a tenu une conférence de presse pour expliquer que ces « deux conditions cruciales n'étaient pas remplies ». Il a précisé que « l'accord sur la réforme de la police devait être conclu selon les principes de la commission européenne » et que « la Commission n'y renoncerait pas . »
Ce report des négociations, sans nouvelle date, est une déception particulière pour la Bosnie-Herzégovine, un peu plus d'un mois après que la Commission a donné un avis favorable à l'ouverture des négociations avec la Serbie-et-Monténégro, le 12 avril 2005. Il traduit la différenciation croissante qui s'opère entre les différents pays des Balkans, alors même qu'une réflexion d'ensemble est indispensable.
Ce report n'est cependant pas étonnant, tant la négociation de la Bosnie-Herzégovine avec l'Union européenne est déséquilibrée. Le pays est doté d'un système institutionnel si faible, il est soumis à une telle pression de la communauté internationale, que seules les réformes imposées sans débat démocratique peuvent être mises en oeuvre, y compris pour s'engager dans la voie de l'intégration européenne. Ce mode de décision devient de plus en plus difficile à mettre en oeuvre dix ans après la fin de la guerre, alors que les citoyens bosniaques devraient pouvoir redevenir progressivement les vrais acteurs de leur destin.