C. LA SANTÉ : QUELLES ISSUES ENTRE LES EXPÉRIENCES DE LA NUTRITION ET LA CERTITUDE ANNONCÉE D'UN DÉSASTRE SANITAIRE SUIVI D'UNE DÉBÂCLE FINANCIÈRE DE L'ASSURANCE MALADIE ?

La progression de l'obésité et la nécessité d'une réponse de grande ampleur

Les caractéristiques de l'obésité

L'obésité est une affection polyfactorielle, aux composantes génétiques et environnementales. Parmi ces derniers, l'offre alimentaire joue un rôle important.

C'est une maladie qui se constitue à partir de la surpondération et dont les déterminants physiologiques font qu'elle devient chronique et difficilement réversible.

Les personnes atteintes d'obésité ont un risque relatif de développer :

- 25  % de plus de maladies ostéoarticulaires,

- 50  % de plus de coronopathies,

-- 240  % de plus de maladies liées à l'hypertension artérielle,

- 370  % de plus de goutte,

- 380  % de plus de diabète gras.

Plusieurs centaines de milliers de décès par an sont liés à l'obésité.

La progression inéluctable de l'obésité

- Le contre modèle américain

En progression régulière depuis plus de quarante ans, le taux américain « surpondération + obésité » atteint 64,5  %, dont 30,5  % pour l'obésité . Et en l'état actuel de la surpondération des enfants et adolescents, ce taux n'est pas près de s'infléchir.

- L' Europe suit

Certains taux européens (Allemagne pour les hommes [70  %] ou Grèce pour les femmes [75  %] dépassent les taux américains, à cette réserve près qu'ils concernent plus la surpondération que l'obésité (15  % en Allemagne contre 30  % aux Etats-Unis).

- La France, jusqu'ici préservée, est atteinte

En 2000, les hommes et les femmes en France étaient les moins surpondérés de l'Union, mais les adolescents français sont tout juste dans la moyenne : le taux « surpondération + obésité » est évalué à 15,5  %.

Quant à l'obésité des adultes, elle progresse de 17  % par an et atteint, en 2003, 11,3  % de la population .

A ce rythme, nous aurons rattrapé les Américains en 2020.

Un désastre financier

En 2001, le coût de l'obésité aux Etats-Unis était évalué à 10  % de la dépense de santé, soit 117 milliards de dollars.

En 1992, en France, cette charge était évaluée à 2  % de la dépense de santé et, l'obésité ayant doublé depuis, elle l'est à 4  % aujourd'hui, soit 5,6 milliards d'euros 2 ( * ) .

Si nous rattrapons les taux d'obésité américains en 2020, cette dépense sera de l'ordre de 14 milliards d'euros.

C'est la certitude d'une implosion financière du système de santé.

La nécessité d'une action d'ensemble à long terme

Les seules données qui précèdent commandent de faire de la lutte contre l'obésité une priorité nationale.

D'une part :

- en lançant un plan national à long terme de la lutte contre l'obésité, mobilisant l'ensemble des institutions concernées : médias, professions médicales, collectivités locales, industriels, éducation nationale,

- en confiant la gestion de ce plan à une Agence nationale dotée de moyens importants, notamment dégagés sur les fonds de prévention de l'assurance maladie qui devraient être considérablement augmentés : 300 millions d'euros , dont bien peu sont consacrés au problème de l'obésité, sur 140 milliards d'euros de dépenses (soit deux pour mille de ces dépenses).

D'autre part , en tirant les conséquences de l'aspect délétère de certains aliments, comme cela a été fait pour l'alcool et le tabac.

Ce qui suppose :

- l'interdiction de publicité télévisée des produits de grignotage trop gras et trop sucrés ainsi que celle des sodas sucrés,

- leur proscription des distributeurs automatiques installés dans les établissements scolaires,

- leur taxation , soit :

par une refonte du régime de la TVA de certains produits alimentaires : sait-on par exemple que le vrai chocolat à haut taux de fèves de cacao est taxé à 19,6  %, mais que si on y inclut des graisses végétales dont l'excès est délétère, il ne l'est plus qu'à 5,5  % ?

par le vote d'une taxe fiscale affectée dont le produit serait versé à l'Agence nationale de lutte contre l'obésité.

La nutrition comme prévention des effets du vieillissement

En contrepoint au désastre sanitaire et financier qui se dessine, une espérance émerge : celle de vieillir plus harmonieusement grâce à son alimentation .

La réalisation de cette espérance permettrait de réduire les coûts que la société française devrait supporter du fait du vieillissement de sa population :

- les coûts directs très élevés liés aux traitements des maladies des personnes âgées et très âgées,

- les coûts indirects liés à leur maintien à domicile (allocation personnalisée aux personnes âgées) ou à leur encadrement en maison de retraite.

Ces considérations ethniques et financières devraient encourager notre société à soutenir fortement la recherche dans ce domaine.

* 2 Pour la seule assurance maladie.

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