B. L'ÉCONOMIE : COMMENT MAINTENIR LA PLACE DE L'INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE FRANÇAISE DANS LA CONCURRENCE MONDIALE ?
Une industrie de première importance mais qui a des éléments de fragilité
L'industrie alimentaire française est la première industrie européenne (134 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 8 milliards d'euros de solde extérieur, 420.000 personnes employées).
Mais elle présente des facteurs de vulnérabilité :
- elle subit la pression de la grande distribution,
- ses filières sont insuffisamment organisées en fonction de la mondialisation des échanges, à la différence, par exemple, de celle du porc au Danemark ou du Parmesan en Italie,
- elle pèse peu parmi les grandes entreprises mondiales. Le premier français, Danone, n'est que le 16 e mondial,
- elle est très dispersée puisque, sur 10.840 entreprises, seules 3.100 ont plus de 20 salariés et 400 ont plus de 250 salariés,
- et elle ne consacre qu'un faible pourcentage (environ 1 %) de son chiffre d'affaires à la recherche-développement.
Il est donc essentiel que cette industrie puisse adapter ses produits en fonction des avancées scientifiques et des progrès technologiques qui émergent actuellement.
Un transfert de technologie à reconstruire
L'absence de projet global
Dans l'économie mondialisée de la connaissance qui s'esquisse, la France n'a pas de stratégie globale . Elle n'a pas non plus de stratégie identifiée de soutien technologique de son identité agroalimentaire.
Il est donc nécessaire de bâtir un projet intégrant tous les acteurs , des laboratoires et des centres techniques aux industriels, sur des thématiques comme la valeur nutritionnelle des aliments, la nutrition lors du vieillissement, le rôle dynamique des emballages, l'évolution du génie des procédés alimentaires, etc.
Il conviendrait donc d'accélérer la mise en oeuvre du plan national pour l'alimentation qui n'est prévu qu'en 2007 .
La nécessité de mettre en place des outils d'intégration
Le transfert de technologies dans le domaine alimentaire est porté par certains laboratoires de l'INRA, des grandes écoles d'ingénieurs, le CEMAGREF, les centres techniques ACTIA, l'IFREMER et le réseau RARE.
Ces institutions font un travail utile mais trop dispersé.
Il serait opportun, afin d'unifier ces initiatives autour de plates-formes en réseau, de créer une fondation dédiée à la recherche et au transfert de technologie en alimentation et en nutrition.
Des moyens à rééquilibrer
Les quelques chiffres qui suivent montrent que l'effort que consent la France pour son industrie alimentaire n'est pas équilibré et ne se situe pas à la hauteur des enjeux :
- l'industrie alimentaire a un chiffre d'affaires annuel de 134 milliards d'euros ,
- la France a reçu, au titre de la politique agricole commune, 9,8 milliards d'euros en 2002 ,
- le ministère de l'agriculture ne supporte le transfert de technologies qu'à hauteur de 9 millions d'euros 1 ( * ) ,
- mais, sous réserve de l'accord du Conseil européen, de 1,5 à 3 milliards d'euros annuels seront consacrés à la baisse de la TVA dans les restaurants...
* 1 Quand les crédits ne sont pas gelés comme cela a été le cas en 2003.