b) Globalisation financière et stratégies productives : le cas des investissements directs à l'étranger (IDE)
Les investissements directs à l'étranger (IDE) se distinguent des autres flux financiers en ce qu'ils participent directement des stratégies de production et d'internationalisation des firmes. A la différence des placements financiers classiques (ou investissements de portefeuille), les IDE représentent l'achat d'avoirs à l'étranger en vue de créer, développer ou contrôler une entreprise située hors du territoire national. L'encadré suivant précise la distinction, sur le plan statistique, entre investissements directs et autres flux financiers.
LA
DISTINCTION ENTRE LES IDE ET LES AUTRES FLUX FINANCIERS
Les
investissements directs regroupent les opérations effectuées par
les investisseurs afin d'acquérir, d'accroître (ou de liquider) un
intérêt durable dans une entreprise, et d'avoir (ou de ne plus
avoir) une influence sur sa gestion.
Par convention, on considère qu'une relation d'investissement direct est
établie dès lors qu'une personne physique ou morale
(l'investisseur) détient au moins 10 % des droits de vote lors des
assemblées générales d'une entreprise (l'entreprise
investie), ou, à défaut, 10 % du capital social. Lorsque ce
seuil est atteint, l'ensemble des opérations financières entre
les deux entreprises est alors enregistré en investissements directs.
Les autres flux financiers sont classés en investissements de
portefeuille.
L'essor véritable des IDE date seulement de ces vingt dernières
années. Dans les années cinquante et soixante, le taux de
croissance des IDE était en effet inférieur à celui du
commerce international ; l'exportation demeurait la modalité
principale de la concurrence à l'échelle mondiale. Dans les
années 1970, le taux de croissance des IDE rejoint celui du commerce
mondial, mais dans un contexte de décélération du commerce
mondial. Une rupture apparaît en 1985 : les flux d'IDE
accélèrent sensiblement, passant d'un flux annuel de
50 milliards de dollars courants, à plus de 200 milliards en
1989-1990. La croissance des flux d'IDE s'est poursuivie dans les années
1990, pour culminer à 1.500 milliards de dollars en 2000. Le
montant des IDE s'est fortement contracté depuis :
735 milliards de dollars en 2001, et 534 milliards en 2002. Cette
contraction s'explique par la chute du nombre des fusions et acquisitions
transfrontalières
Conséquence de cette augmentation des flux,
le stock d'IDE s'est
lui aussi
fortement accru
: il a atteint
7.000 milliards de
dollars en 2002
, soit
14 fois plus qu'en 1980
. Il
équivaut à
près de 25 % du PIB mondial
,
après avoir plafonné autour de 5 % du PIB jusqu'au
début des années 1980.
Source :
Rapport sur l'investissement dans le monde 2002
,
Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement
(CNUCED), Genève.
Environ
48 % des flux d'IDE concernent le secteur des services
,
42 % le secteur manufacturier
, et
4 % le secteur minier
(y compris l'exploitation pétrolière). Au cours des années
1990, la progression la plus forte a été observée dans les
services, notamment la distribution de l'eau et de l'électricité,
les transports et les télécommunications.