CONCLUSION
Au terme de cette présentation succincte des principaux enjeux politiques de chacun des quatre pays où s'est rendue la délégation, ainsi que des relations bilatérales qui les unissent à la France, quelques grandes lignes de force s'imposent à la réflexion :
• la France est très largement absente de la Corne de l'Afrique et du Soudan, comme d'ailleurs l'ensemble de ses partenaires de l'Union européenne. En revanche, les Etats-Unis y accentuent une présence multiforme , qui se manifeste d'abord par une implication diplomatique marquée dans les différentes négociations en cours, au Soudan, ou entre l'Erythrée et l'Ethiopie. L'échec meurtrier, pour leurs soldats, de l'opération « Restaurer l'espoir » (Restore Hope) menée en Somalie en 1994, a certes modifié les modes d'action de ce grand pays, mais ne l'a pas détourné de se maintenir dans cette région par la diplomatie ou les investissements privés.
• la France s'est récemment efforcée de diversifier les bénéficiaires de son aide publique au développement (APD). Axe majeur de la réforme de notre dispositif de coopération entreprise en 1998, cette diversification , accompagnée jusqu'en 2002 d'une réduction sensible des crédits affectés au financement de notre APD, apparaît, pour l'instant, plus comme un trompe l'oeil destiné à masquer le contenu réel de cette réforme (absorption de l'administration de la coopération par celle du ministère des affaires étrangères), qu'un réel engagement envers de nouveaux partenaires .
• les nouveaux pays inclus dans notre zone de solidarité prioritaire, destinataires putatifs des crédits de notre APD, ont été, à tout le moins, déçus par les divergences notables apparues entre le discours français sur le nécessaire élargissement géographique de notre action, et les réalités concrètes, qui n'ont pas suivi .
Notre pays a beaucoup déçu par cette attitude peu responsable, et par le caractère largement virtuel de l'extension de notre zone de coopération.
• il est indéniable que les crédits destinés à l'APD ne peuvent croître sans limite. C'est pourquoi notre coopération, pour être efficace et utile, doit désormais s'appuyer sur des axes spécifiques à sélectionner avec chacun de nos partenaires : appui à la rénovation hydraulique, médecine vétérinaire, maîtrise de l'urbanisation, par exemple. Cette sélectivité garantirait notre crédibilité , et nous permettrait de nouer des liens effectifs avec les nouveaux pays membres de la ZSP ; car, à trop promettre, notre action de coopération se discrédite et, avec elle, l'image de la France.
• si notre coopération manque de sélectivité, notre diplomatie manque de vision d'ensemble . Chacun de nos ambassadeurs, dans les pays où s'est rendue la délégation, accomplit, dans des conditions souvent difficiles, un travail digne d'éloges. Mais il serait autrement plus efficace si le Département était à même de leur donner une vision et des instructions établies dans une dimension régionale.
• Nos forces implantées à Djibouti devraient, elles aussi, avoir une perspective de cet ordre pour conduire une coopération militaire dans les pays alentour , qui saluent leur rôle stabilisateur, mais comprennent mal qu'il ne s'accompagne pas d'une diffusion de leur savoir-faire.
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La délégation a, en un mot, observé durant son bref déplacement, la véracité des atouts et les lacunes traditionnellement attribuées à notre pays : savoir-faire mal valorisé, évolutions politiques et administratives de notre aide au développement difficiles à saisir (y compris, il faut le dire, pour les parlementaires français), décisions dont la rationalité théorique tient lieu de seule légitimité.
Ces maux sont-ils vraiment sans remède ?