C. LES PRAGMATIQUES OU LES DIFFICULTÉS DU PILOTAGE BUDGÉTAIRE
Une dernière classe d'arguments met en évidence des raisonnements plus pragmatiques pour répudier des politiques budgétaires trop actives.
Deux séries différentes de considérations sont mises en avant.
Tout d'abord sont évoquées les incidences d'une politique de creusement des soldes publics sur les marges de manoeuvre de la politique budgétaire.
Un premier problème vient de son impact sur les charges d'intérêt. Un déficit entraîne une augmentation de la dette publique qui provoque celle des charges d'intérêt. Les dépenses passives d'intérêts sont difficilement contrôlables puisqu'elles dépendent, outre du volume de la dette publique, des conditions monétaires et financières qui échappent largement aux autorités budgétaires. De plus, l'augmentation de ces dépenses peut évincer des dépenses publiques plus utiles.
Un second problème vient des difficultés à maîtriser les déficits publics. Deux difficultés apparaissent. L'éventualité de dépasser la cible de déficit public est forte en période de ralentissement, puisque les évaluations relatives aux stabilisateurs automatiques ne sont pas d'une précision absolue. La capacité à résorber les déficits après une période de creusement délibéré suppose de réunir des conditions exigeantes qui jettent le doute sur la réversibilité de la politique budgétaire.
Par ailleurs, le problème de l'adaptation de la politique budgétaire aux évolutions conjoncturelles est souvent mis en évidence . Les délais d'action de la politique budgétaire peuvent être excessifs au point de transformer une politique contracyclique en une politique procyclique.
D. UNE SÉRIE D'ARGUMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION
Dans une zone monétaire unique, la discipline budgétaire commune est fondée sur l'idée selon laquelle une politique budgétaire nationale a des effets sur l'ensemble des pays de la zone, interdépendances que les économistes appellent externalités.
Ces effets peuvent être directs, puisque l'impulsion économique nationale se transmet aux partenaires à travers les échanges extérieurs.
Ils peuvent transiter par l'impact que toute politique budgétaire peut avoir sur le niveau des prix, sur les taux d'intérêt ou sur la valeur externe de la monnaie. Ces différents « biens » étant communs dans une zone monétaire unique, on est fondé à considérer comme d'intérêt commun les politiques budgétaires nationales.
Ainsi, dans la mesure où les politiques nationales peuvent avoir des effets indésirables qui se diffuseraient chez les partenaires, il est logique de prévenir de tels effets en instituant une discipline budgétaire commune.