2. Un personnel très autonome
Lors de ses entretiens avec les responsables des services de la protection judiciaire de la jeunesse, votre rapporteur spécial a eu le sentiment que ses personnels disposaient d'une très grande autonomie dans l'organisation et la définition de leur travail, qui n'est pas sans provoquer des tensions au sein de cette administration et de la rendre parfois difficilement contrôlable.
Ainsi, il s'est étonné de la grande liberté d'action des éducateurs qui disposent de sommes financières importantes pour mettre en oeuvre des projets éducatifs sans pour autant faire l'objet d'un véritable contrôle sur leurs activités et sur l'utilisation de ces fonds.
De même, la sélection des dossiers à traiter par les éducateurs ne lui a pas semblé faire l'objet d'une procédure rigoureuse et centralisée. Certes, elle est menée par la direction départementale, mais le fait que les CAE de Colmar et de Mulhouse se soient fixés des priorités différentes dans l'exécution des mandats judiciaires témoigne d'une grande autonomie des services du milieu ouvert.
De manière plus générale, il a semblé à votre rapporteur spécial que les relations hiérarchiques étaient affaiblies par un fort esprit d'indépendance de la part des agents de la protection judiciaire de la jeunesse. Ainsi, il est significatif que l'opposition farouche de ces derniers à l'instauration de centres de placement immédiat ait considérablement gêné le bon fonctionnement d'un tel centre à Mulhouse : faute de candidats, l'administration de la protection judiciaire a dû nommer des éducateurs issus du concours et peine toujours à recruter le personnel nécessaire.