CHAPITRE
PREMIER :
UNE CROISSANCE MENACÉE
PAR LE RALENTISSEMENT AMÉRICAIN ?
Le gouvernement a revu à la baisse au mois de mars de cette année sa prévision de croissance pour l'année 2001, passée de 3,3 % à 2,9 % (avec une fourchette de 2,7 % à 3,1 %). Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a par ailleurs estimé que la croissance en 2001 se situerait vraisemblablement dans le bas de la fourchette de prévisions, soit 2,7 %. Néanmoins, le gouvernement a, à l'heure actuelle, toujours maintenu inchangées ses prévisions de déficit public pour 2001 et 2002.
I. LA FIN D'UNE CONJONCTURE PARTICULIÈREMENT FAVORABLE
A. UNE CROISSANCE SOUTENUE DE 1998 A 2000
1. Une croissance forte tirée par la demande intérieure
L'économie française a connu de 1998 à 2000 une croissance soutenue, supérieure à son potentiel (qu'on estime généralement compris entre 2 % et 2,5 % en volume), comme l'indique le graphique ci-après.
Croissance du PIB en France
(en points de PIB)
Source : INSEE
Cette croissance a été rendue possible par l'assainissement budgétaire effectué par les gouvernements précédents à partir de la récession de 1993 et par le desserrement de la politique monétaire à partir de 1995.
Elle s'est appuyée sur une demande intérieure dynamique. Celle-ci a en effet pris le relais de la demande extérieure, à l'origine de la reprise de l'année 1997. Le graphique ci-après permet de mettre en évidence cette évolution.
Contributions à la croissance : le
dynamisme de la demande intérieure
(en points de PIB)
Source : perspectives économiques 2001-2002 (mars 2001)
2. Une croissance déjà vulnérable aux aléas extérieurs
Ainsi que votre rapporteur le soulignait il y a un an, cette croissance était vulnérable aux aléas extérieurs. Elle pouvait diminuer, notamment, du fait d'un ralentissement de l'économie américaine ou européenne. En particulier, le risque d'une accélération de l'inflation dans certains pays de la zone euro, avec ses conséquences sur la politique monétaire et sur la consommation des ménages, ne pouvait pas être écarté.
Cependant, le gouvernement semblait relativement optimiste à cet égard. Votre rapporteur insistait sur l'existence d'un réel contraste entre un environnement international très évolutif - même si le scénario du gouvernement reposait sur l'hypothèse d'un atterrissage en douceur (ou « soft landing ») de l'économie américaine - et le maintien sur une tendance stable du commerce extérieur français ainsi que des conditions financières et monétaires de la croissance.