IV. DES MOYENS CONSIDÉRABLES
A. PLUS DE DEUX MILLIARDS DE FRANCS DE BUDGET
1. Le budget du GAO
Le GAO dispose d'un budget propre et publie annuellement un bilan et un état relativement détaillé de l'ensemble de ses comptes, y compris par exemple les frais de location ou d'amortissement de ses bureaux et les transferts entre administrations relatifs aux retraites de ses agents.
Par contraste, on peut rappeler que la Cour des Comptes n'a obtenu qu'en l'an 2000 diverses mesures lui permettant de retracer l'ensemble de ses moyens budgétaires, et que le montant de ces crédits ne reflète qu'imparfaitement le coût de fonctionnement de l'institution, les coûts de dépréciation de ses bâtiments et les charges réelles de retraite étant mal prises en compte.
En 1999, le coût de fonctionnement du GAO s'est ainsi élevé à 390 millions de dollars , soit plus de 2,5 milliards de francs en parité des pouvoir d'achat, ou un montant du même ordre de grandeur que le budget de l'Assemblée nationale en France.
Les trois quarts de ces dépenses, soit 292 millions de dollars, ont été consacrées à la rémunération des employés du GAO, au nombre de 3.275 à cette date. A titre de comparaison, le GAO dispose ainsi de plus d'agents que l'Assemblée nationale et le Sénat réunis, et de cinq fois plus d'agents que la Cour des Comptes (626 en l'an 2000, hors chambres régionales des comptes), ce dernier ratio correspondant à peu près à l'écart de taille entre les deux pays : les États-Unis sont quatre fois et demie plus peuplés que la France.
Même s'il s'agit là d'une comparaison particulièrement sommaire, on peut d'ailleurs noter que la productivité de la Cour des Comptes pourrait se comparer a priori avantageusement à celle du GAO : avec 3.275 employés, le GAO a réalisé 1.095 rapports, 229 « témoignages » devant le Congrès, 183 briefings et 2.464 « produits légaux » en 1999, alors qu'avec 626 agents, la Cour des Comptes a rédigé 761 rapports et près de 1.400 « produits légaux » (jugements de comptes, actes contentieux, etc.).
2. Un recrutement diversifié
Depuis le milieu des années 1980, le recrutement des agents du GAO, affectés pour deux tiers au siège à Washington, et pour un tiers dans les onze bureaux déconcentrés du GAO, s'est considérablement diversifié : le GAO emploie désormais non seulement des juristes et des experts comptables, mais aussi, de plus en plus, des économistes, des ingénieurs, des statisticiens, des informaticiens, d'anciens policiers, ainsi que des spécialistes en matière de gestion, d'administration publique, de défense, de santé publique, etc.
En conséquence, le mode de recrutement du GAO s'est transformé. Au lieu de recruter des généralistes, puis de les former à des tâches spécialisées, comme le font encore les administrations françaises, le GAO s'attache désormais à recruter des spécialistes , puis à leur inculquer l'esprit, les valeurs et les méthodes communes au sein du GAO.
En outre, comme le CRS et le CBO, le GAO recrute ses cadres, à deux niveaux :
- des jeunes diplômés , titulaires d'un master ou d'un doctorat (Ph.D) ;
- des cadres confirmés issus du secteur privé, d'administrations fédérales ou d'autres agences du Congrès, qui constituent près de la moitié de l'encadrement supérieur du GAO.
Les agents du GAO, qui bénéficient de garanties en termes d'emploi, reçoivent les rémunérations prévues la grille commune à l'ensemble des administrations fédérales, assorties de primes et d'avantages sociaux relativement généreux.
Les rémunérations des jeunes diplômés s'étagent ainsi entre 30.000 et 40.000 dollars par an, soit l'équivalent, en parité des pouvoirs d'achat, de 16.000 à 22.000 francs par mois, primes comprises. A titre d'exemple, le GAO se proposait en février 2001 de recruter un auditeur financier moyennant une rémunération annuelle comprise entre 36.000 et 52.000 dollars par an, selon ses qualifications et son expérience, soit l'équivalent de 19.500 à 28.000 francs par mois en parité des pouvoirs d'achat).
Il s'agit là, pour les États-Unis, de niveaux de rémunérations modérément compétitifs par rapport à ceux offerts par le secteur privé aux meilleurs jeunes diplômés.
De même, la rémunération annuelle des cadres dirigeants du GAO, comme celle de tous les fonctionnaires fédéraux, doit rester inférieure à celle des parlementaires : de ce fait, cette rémunération est plafonnée à environ 130.000 dollars par an, soit l'équivalent de 845.000 francs par an en parité des pouvoirs d'achat 48 ( * ) , un montant comparable à la rémunération moyenne totale du Premier président, du Procureur général et des présidents de chambre de la Cour des Comptes, qui s'élevait à 807.000 francs en 1999.
Selon le GAO, ce plafond, qui nivelle le haut de l'échelle des rémunérations, constitue d'ailleurs une forte contrainte en termes de recrutement.
Enfin, on peut noter que le GAO, dont tous les cadres étaient des hommes blancs dans les années 1960, a progressivement mis en place des politiques volontaristes d'égalité des chances ( equal opportunity ) en faveur des femmes, comme des minorités ethniques : en l'an 2000, 7 des 19 principaux cadres du GAO étaient ainsi des femmes.
* 48 Sur la base 1 dollar = 6,50 francs.