EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 18 avril 2001 sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a entendu une communication de M. Yann Gaillard, rapporteur spécial des crédits de la culture , sur la mission de contrôle qu'il a effectuée à l'Académie de France à Rome.
Après avoir précisé que l'Académie de France à Rome était le seul établissement dépendant du ministère de la culture exerçant son activité à l'étranger, M. Yann Gaillard a procédé à un bref rappel historique retraçant l'évolution de l'institution de 1666, date de sa création par Colbert, à 1971, année où est intervenue la réforme inspirée par André Malraux tendant d'une part, à supprimer le lien de dépendance de l'académie de la Villa Médicis avec l'Institut de France et, d'autre part, à adjoindre une mission de promotion de la culture française, dite désormais « mission Malraux », à la mission traditionnelle de formation de nos élites créatrices, dite « mission Colbert », élargie à de nouvelles disciplines : à côté des artistes et des musiciens, la Villa accueille désormais d'autres modes d'expression touchant à la littérature, au cinéma, au « design » et même jusqu'à l'art culinaire, sans oublier la novation importante résultant de la présence de stagiaires historiens d'art ou restaurateurs.
Evoquant rapidement les aspects financiers de son contrôle, M. Yann Gaillard a indiqué que ses observations pouvaient s'appuyer sur des constatations de la Cour des Comptes touchant au calcul des frais de représentation et des indemnités de fonction, ainsi qu'à la prise en compte des avantages liés à la mise à disposition de logements de fonction.
Mais dépassant ces considérations budgétaires, eu égard à la relative modicité des enjeux financiers directs (une quarantaine de millions de francs compte tenu des frais engagés pour la restauration de la Villa Médicis elle-même), M. Yann Gaillard a voulu d'emblée poser une question fondamentale : quel est le sens, aujourd'hui, d'une telle institution, à partir du moment où la création tend à s'affranchir de toute tradition, et où Rome n'est plus, même à l'échelle de l'Italie, un centre actif de création ?
Indiquant qu'il avait pu constater, au cours de sa visite à la Villa, que les pensionnaires évoluaient dans un monde sans obligations ni sanctions, et que cette liberté ne suffisait pas à les satisfaire de la condition qui leur était offerte par la Villa, le rapporteur a indiqué qu'il existait une disparité évidente entre la situation des pensionnaires à carrière et celle de ceux qui n'en ont pas, bref, entre les pensionnaires protégés et ceux qui ne le sont pas, distinction recouvrant largement celle entre les fonctionnaires - ou les futurs fonctionnaires - et tous les autres.
Abordant ses propositions -qui lui paraissaient venir au bon moment dans la mesure où par suite de la mise en oeuvre de travaux de rénovation d'un montant de plus de 40 millions de francs, le ministère de la culture avait décidé de ne pas organiser de concours pour l'année 2001-, M. Yann Gaillard a fait savoir qu'il fallait selon lui choisir entre deux options : faire de la Villa une sorte de « super centre culturel », dont l'activité serait étroitement coordonnée à celle des politiques nationales de promotion de la culture française et d'incitation à la création ; renforcer l'autonomie de l'institution en lui donnant une véritable indépendance en matière de recrutement de ses pensionnaires, ce qui supposait une modification du profil de l'équipe de direction.
Précisant le contenu de ses propositions, il a notamment indiqué qu'il fallait, dans le premier cas, assurer une meilleure coordination de l'institution avec les autres organes culturels présents à Rome, qu'il s'agisse du centre Saint Louis dépendant de l'ambassade auprès du Saint Siège, ou, surtout, des services culturels de l'Ambassade de France à Rome. Il a également fait savoir que l'on pouvait songer à faire évoluer le profil de l'équipe de direction de la Villa Médicis en faisant appel soit à un créateur de renommée internationale, soit à une personnalité ayant l'expérience des réseaux culturels internationaux, étant entendu que, dans l'un et l'autre cas, ces deux personnes devaient avoir un intérêt particulier pour Rome et la culture italienne.
Après cette présentation, un certain nombre de membres de la commission sont intervenus pour poser des questions au rapporteur ou lui faire part de leur expérience.
M. Denis Badré a fait savoir qu'une récente visite de la Villa Médicis lui avait laissé une impression tout à fait semblable à celle dont le rapporteur avait fait part à la commission.
M. Jacques Pelletier a demandé au rapporteur de lui préciser le nombre de pensionnaires et d'évoquer l'augmentation du nombre de disciplines accueillies à la Villa Médicis.
Enfin, M. Michel Charasse a fait plusieurs observations. Soulignant le mauvais entretien du bâtiment et de ses jardins et évoquant le caractère surprenant d'un certain nombre de manifestations d'art contemporain, il a signalé la difficulté que rencontrait le Français, de passage à Rome, pour visiter tant la Villa elle-même que l'église de la Trinité des Monts, et insisté sur la nécessité de reconnaître le rôle prééminent de l'ambassadeur de France sur la politique de l'ensemble des établissements culturels français établis dans un pays étranger.
A l'issue de ce débat et après une intervention de M. Jacques Oudin, vice-président , la commission a donné acte au rapporteur de sa communication et a décidé d'autoriser la publication de ses conclusions sous la forme d'un rapport d'information .