VI. Audition de M. Alain
Carric,
Directeur pour l'emploi et l'insertion du groupe ACCOR
M. Alain Carric a indiqué que le groupe Accor avait conclu, le 21 septembre 1999, un accord-cadre avec M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, prévoyant que le groupe recruterait, dans un délai de trois ans, 1.000 jeunes de moins de 30 ans ayant occupé un emploi-jeune dans un établissement public local d'enseignement. Ce chiffre est à comparer aux 5.000 recrutements, dont 80 % en CDI, auxquels procède chaque année le groupe.
Trois motivations ont conduit le groupe à conclure un tel accord :
Tout d'abord, depuis juillet 1993, le groupe a engagé diverses démarches avec divers employeurs publics en vue de lancer des programmes de recrutement ou reconversion spécifiques. Cette démarche a des effets positifs en terme d'image et a permis, en interne, de mieux analyser et connaître les besoins de recrutement à moyen terme.
Par ailleurs, les aides éducateurs sont souvent de niveau " bac " ou supérieur, ce qui est un élément positif pour l'employeur ; de surcroît, le fait que les aides éducateurs soient conduits à travailler dans le domaine des services est en adéquation avec les besoins du groupe Accor.
Enfin, certains aides éducateurs sont titulaires de diplômes de langues étrangères appliquées, ce qui est un atout important dans le secteur des services et du tourisme.
M. Alain Carric a fait état des résultats suivants :
- 4.000 aides éducateurs ont assisté à des réunions de présentation du groupe,
- 400 se sont déclarés intéressés et ont présenté un dossier,
- 100 ont été sélectionnés pour suivre une formation.
M. Alain Carric a admis que ces résultats laissaient subsister un doute sur la possibilité de tenir l'engagement de recruter 1.000 jeunes en trois ans. Il a souligné néanmoins que les réunions d'information devraient être plus nombreuses à partir de l'automne 2000.
Les critères de recrutement sont relativement simples : avoir une bonne présentation et le sens des contacts humains, posséder une bonne maîtrise de l'anglais.
Les emplois proposés sont très divers : il s'agit d'emplois spécialisés dans le domaine de la restauration, l'hôtellerie et le tourisme, comme le groupe en propose beaucoup, mais des postes à responsabilités (premier de réception, directeur d'exploitation d'un hôtel, assistant en ressources humaines,...) sont aussi à pourvoir.
Le recrutement d'un aide éducateur est effectué, soit directement, soit après une formation d'adaptation au métier proposé. Dans ce cas, l'aide éducateur reste, pendant la durée de la formation d'adaptation, sous contrat d'emploi-jeune avec l'établissement scolaire.
La formation est donc décidée au cas par cas : celle-ci fait l'objet d'une convention particulière conclue entre chaque établissement du groupe, l'instance académique responsable et l'emploi-jeune lui-même.
La formation peut être assurée par l'Education nationale elle-même (stages de langues) ou par les " structures internes " du groupe Accor, notamment pour les formations à caractère professionnel.
La formule du " stage découverte " avec accompagnement par un tuteur, suivie dans une deuxième phase de la conclusion d'un contrat de qualification, est la solution qui offre le meilleur résultat.
Chaque tuteur suit en moyenne deux jeunes : 1.500 à 2.000 tuteurs ont été formés au sein du groupe et certains ont le statut de conseillers de l'enseignement technique.
S'agissant des rémunérations, le niveau de base est le SMIC pour un débutant mais la rémunération comporte une part variable, pouvant aller jusqu'à 25 % du salaire de base. Ces éléments doivent être appréciés au regard des perspectives de carrière stimulantes qui sont offertes.
Certains aides éducateurs rencontrés par Accor sont titulaires de diplômes (BTS hôtelier ou BTS action commerciale) qui auraient dû leur permettre de travailler directement dans le secteur privé. Il est possible que ces aides éducateurs aient choisi une nouvelle orientation professionnelle ; une autre hypothèse est que la création des emplois-jeunes ait incité certains jeunes à se détourner des emplois en entreprise.
Du point de vue du groupe Accor, il est positif qu'un jeune cherche le plus tôt possible à quitter le " statut " d'emploi-jeune pour se porter candidat à un travail en entreprise.
Lors des réunions d'information du groupe Accor, les aides éducateurs expriment beaucoup de réticences sur les horaires de travail relativement contraignants dans le secteur de l'hôtellerie et du tourisme.
Des difficultés demeurent à établir une relation constructive avec les interlocuteurs qui doivent être désignés dans chaque rectorat pour suivre l'accord du 21 septembre 1999. Trop souvent, l'action de ces interlocuteurs se borne à signaler l'existence de réunions d'information aux aides éducateurs, alors qu'aux termes même de l'accord-cadre, l'interlocuteur doit apporter son concours au groupe Accor " pour l'accès à des candidatures ciblées sur les métiers proposés ".
Il est possible également que des aides éducateurs intéressés par un emploi du groupe Accor aient été " dissuadés " de poursuivre leur démarche, notamment parce que les responsables d'établissements et le personnel enseignant étaient soucieux de ne pas voir partir des emploi-jeunes utiles dans les emplois qu'ils occupent.
Par ailleurs, lors de la nomination du nouveau ministre, la rumeur a couru que des quotas d'intégration d'aides éducateurs dans la fonction publique enseignante seraient mis en place ; certains emplois-jeunes ont alors pu choisir de différer leur démarche de candidature sur des emplois privés.