Chapitre III
L'îlot non nucléaire
Dans ce
titre consacré aux apports scientifiques du projet EPR, j'ai jugé
utile, bien que cela ne constitue pas le coeur du rapport, de vous indiquer en
quelques mots ce que sera la centrale nucléaire de l'an 2000, l'EPR
n'en constituant que l'îlot nucléaire.
Le programme REP 2000 désigne l'ensemble des actions nationales et
internationales conduites par EDF pour préparer le prochain palier.
Il ne faut pas le confondre avec les EUR ("European Utilities Requirements")
qui constituent un cahier des charges commun entre les électriciens
européens.
Les apports du projet REP 2000 portent en particulier sur la salle des
machines, le génie civil, l'équipement mécanique et le
bâtiment électrique.
I La salle des machines
La salle
des machines du futur palier "REP 2000 " destinée à
équiper le parc nucléaire du XXI
e
siècle
est en cours d'élaboration. Elle a été conçue dans
la perspective d'une augmentation de la puissance de l'installation pour en
abaisser le coût du kWh. En effet, devant la concurrence croissante des
énergies fossiles, il est indispensable d'associer toutes les
composantes d'un nouveau bloc usine à la recherche de
compétitivité, et l'îlot conventionnel doit lui aussi
prendre sa part dans cet objectif.
Jusqu'au palier N4, l'ampleur du chantier nucléaire français
était telle que chaque palier se construisait à partir du
précédent ; N4 s'est nourri de P4, qui fut alimenté
par P4, lui-même issu des CPY et CP0. Avec le REP 2000, les
ingénieurs ont pu disposer d'un délai qui leur a permis
d'approfondir leur réflexion. 25 ans après le lancement des
paliers REP, la nécessité de repenser, reconstruire, reformuler
les besoins en sûreté, en disponibilité, en conception, en
exploitation et en maintenance s'est fait jour, ne serait-ce que pour
bénéficier pleinement du retour d'expérience.
Précédé d'un avant-projet sommaire achevé en juin
1996 sous la conduite de l'EDF, un avant-projet détaillé est
actuellement mis au point dans l'optique du marché européen, qui
impose désormais la sollicitation de plusieurs fournisseurs. Partant de
ce postulat, les ingénieurs d'EDF ont imaginé de bâtir
plusieurs variantes de cette nouvelle salle des machines, chacune s'adaptant
à un certain type de groupe turboalternateur (GTA), aux dires de leur
constructeur.
Cette salle des machines devant répondre, comme l'îlot
nucléaire, aux impératifs de compétitivité du futur
palier, il était indispensable d'inventer de nouveaux gisements de
productivité. Le plus évident réside naturellement dans
l'augmentation de puissance, permettant ainsi d'abaisser le coût du kWh.
A l'origine, REP 2000 devait s'aligner sur la puissance nominale du palier
N4, soit 1 450 MW. La direction technique d'EDF a demandé, en
juin 1997, d'examiner la faisabilité, et l'impact sur le coût,
d'une augmentation de puissance de 15 % environ, soit 1 700 MW
nets. En septembre 97, une phase de reprise d'avant-projet sommaire de
l'îlot conventionnel a démarré. Cette phase devrait
s'achever fin mars 1998, et devrait permettre de poursuivre l'APD sur de
nouvelles bases.
Le calendrier de réalisation est lié a la décision
politique de construire une tête de série EPR. EDF a
examiné, à l'automne 1997, l'option d'une salle des machines
à deux lignes d'arbre. Aujourd'hui, si les premiers
éléments transmis par les constructeurs de groupes
turboalternateurs montrent que l'outil industriel actuel pourrait convenir,
moyennant quelques adaptations, il s'avère que le coût
actualisé en serait trop élevé sans avantage significatif
au plan technique.