3. Le rééquilibrage Paris - Province : évolution naturelle ou volonté délibérée ?
Dans sa
présentation du présent projet de budget, la ministre de la
culture ne manque pas d'insister sur l'effort accompli en faveur des
régions par rapport à celui dont bénéficie la
capitale. Elle souligne que les crédits relatifs à la
réalisation d'équipements culturels dans les régions
" font désormais jeu égal ou presque " avec ceux
consacrés aux équipements culturels nationaux à
Paris : le rapport est de 540 millions de francs contre 563 millions
de francs dans le projet de loi de finances pour 2000, tandis que les chiffres
correspondants dans la loi de finances initiale pour 1997 étaient
respectivement de 278,6 et 785,5 millions de francs.
Le sentiment de votre rapporteur à ce sujet est que sans vouloir nier
tout mérite au ministre actuel dans cette évolution, il y a
là
les effets d'un jeu de bascule rendu possible par
l'achèvement d'un certain nombre de grosses opérations
parisiennes
- comme le Musée Guimet, le Théâtre de
l'Odéon, le Centre Georges Pompidou sans oublier le Grand Louvre - qui a
à enveloppe constante, libéré des crédits pour la
mise à niveau ou la création de grands équipements
régionaux.
Au surplus, une grande part de la marge de manoeuvre provient du retard pris
dans le passage à la phase opérationnelle du projet de
rénovation de grand Palais.
On profite de retards
et, dans une
certaine mesure, de " bavures "
dans la préparation du
projet de rénovation du Grand Palais pour donner une impulsion
significative à certains grands projets régionaux
. L'examen
des chiffres témoigne de la disproportion des moyens engagés,
puisqu'à l'exception du Cargo à Grenoble et de l'opération
" fantôme " qu'est le Centre de la mémoire contemporaine
de Reims, il s'agit - ce qui n'est pas forcément un défaut - de
petites opérations.
Le même type de remarque s'applique également aux crédits
consacrés aux monuments historiques, puisque c'est
précisément la baisse des crédits affectés au Grand
Palais qui permet l'augmentation de près de 25% des crédits
destinés au patrimoine historique n'appartenant pas à
l'État.
D'abord, on peut s'interroger sur la pérennité d'un tel
rééquilibrage quand la remise en état du Grand Palais
reprendra son cours ; ensuite, même si ces monuments en question
appartiennent le plus souvent aux collectivités locales,
on peut
s'étonner de ce que l'on n'ait pas pu dégager les ressources
modiques nécessaires
à des petites opérations
intéressant par nature ces collectivités et qui pèsent
particulièrement lourd sur le budget des plus petites d'entre elles,
à savoir le
patrimoine rural non protégé,
dont les
crédits restent fixés à 35 millions de francs. La
même remarque vaut pour les
crédits d'entretien du patrimoine
monumental,
qui
,
en
stagnation pour les monuments n'appartenant
pas à l'État
, ne connaissent qu'une augmentation de 3
millions de francs pour près de 150 millions de francs de
dépenses : une fois encore on préfère investir
qu'entretenir, guérir que prévenir.