Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale - TOME IV - Analyse synthétique des crédits et principales observations des rapporteurs spéciaux
MARINI (Philippe), Rapporteur général
RAPPORT GENERAL 89-TOME IV (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 2353 Ko )Table des matières
- AVANT PROPOS
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I - BUDGETS CIVILS
A. BUDGET GÉNÉRAL
AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET COOPÉRATION
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I - AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Rapporteur Spécial : M. Jacques CHAUMONT
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
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II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- A. UNE FAIBLE AUGMENTATION DES CREDITS
- B. L'INTEGRATION DES MOYENS DE LA COOPÉRATION
- C. L'AUGMENTATION DES CONTRIBUTIONS INTERNATIONALES VOLONTAIRES
- D. LA POLITIQUE CULTURELLE EXTÉRIEURE DE LA FRANCE
- E. LA REFORME DE LA POLITIQUE AUDIOVISUELLE EXTERIEURE
- F. LES DEFIS DE L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ETRANGER
- G. LA NECESSAIRE MAITRISE DES DEPENSES IMMOBILIERES
- H. LES AJUSTEMENTS DU RESEAU CONSULAIRE A L'ETRANGER
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II - COOPÉRATION
Rapporteur spécial : M. Michel CHARASSE
- I. LES CRÉDITS DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
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II. LES PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. L'ancienne coopération subit la rigueur permettant au budget des affaires étrangères de bénéficier d'un traitement plus favorable
- 2. La réforme de la coopération tardant encore à se mettre véritablement en place, plus que jamais les moyens de l'action de la France dans le monde se situent hors du budget des affaires étrangères
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AGRICULTURE ET PÊCHE
Rapporteur spécial : M. Joël BOURDIN
- I. LE BUDGET DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE EN 2000 : UN BUDGET NON-PRIORITAIRE
- II. EXAMEN DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES PRÉVUS PAR LE MINISTRE POUR FINANCER SES PRIORITÉS POUR L'AN 2000
- III. EXAMEN DE L'ARTICLE 64 RATTACHÉ AU BUDGET " AGRICULTURE ET PÊCHE "
- IV. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
- AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT
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I - AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Rapporteur spécial : M. Roger BESSE
- I. L'EVOLUTION DES CREDITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
- II. LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
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II - ENVIRONNEMENT
Rapporteur spécial : M. Philippe ADNOT
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I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DEMANDÉS
POUR 2000
- A. UN BUDGET EN EXPANSION SPECTACULAIRE
- B. DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT EN AUGMENTATION TRES FORTE
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C. LES PRINCIPALES PRIORITÉS DE LA MINISTRE ET
LEUR FINANCEMENT
- 1. « Renforcer les capacités d'expertise et de contrôle du ministère » (agrégat 1)
- 2. « Accroître l'effort en faveur de la prévention des risques » (agrégat 4)
- 3. « Renforcer les actions de péréquation et de solidarité dans le secteur de l'eau » (agrégat 3)
- 4. « Renforcer le réseau de protection des zones naturelles sensibles » (agrégat 2)
- II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
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I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DEMANDÉS
POUR 2000
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ANCIENS COMBATTANTS
Rapporteur spécial : M. Jacques BAUDOT
- I. PRESENTATION GENERALE DES CREDITS
- II. PRÉSENTATION DES ARTICLES RATTACHÉS DU PROJET DE LOI DE FINANCES
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III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. Un secrétariat d'Etat en pleine restructuration
- 2. Un budget plus opaque
- 3. Des crédits d'investissements à affecter de manière prioritaire à la rénovation des sépultures de guerre
- 4. La reconnaissance du terme " guerre d'Algérie "
- 5. Vers une simplification du rapport constant
- 6. L'adaptation du fonds de solidarité au vieillissement des bénéficiaires
- 7. La nécessité de relancer le débat sur la décristallisation
- 8. L'inégalité de traitement des grands invalides
- 9. L'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
- 10. Les dysfonctionnements de l'allocation de remplacement pour l'emploi
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CHARGES COMMUNES
Rapporteur spécial : M. Louis-Ferdinand de ROCCA SERRA
- I. DETTE PUBLIQUE ET DIVERS
- II. POUVOIRS PUBLICS
- III. DÉPENSES COMMUNES DE PERSONNEL
- IV. INTERVENTIONS POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES ET ACTION INTERNATIONALE
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V. INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
- A. LES SECOURS AUX VICTIMES DE SINISTRES ET CALAMITÉS
- B. L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE
- C. LES VERSEMENTS À DIVERS RÉGIMES OBLIGATOIRES DE SÉCURITÉ SOCIALE
- D. LES AIDES EN FAVEUR DES RAPATRIÉS
- E. LA MAJORATION DES RENTES VIAGÈRES
- F. LE FONDS D'INDEMNISATION DES TRANSFUSÉS ET HÉMOPHILES
- G. LES TRAVAUX DE SÉCURITÉ DANS LES ÉCOLES
- VI. L'ARTICLE 67 RATTACHÉ
- VII. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
- CULTURE ET COMMUNICATION
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CULTURE
Rapporteur spécial : M. Yann GAILLARD
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COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Rapporteur spécial : M. Claude BELOT
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
- II. OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
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PRESSE
Rapporteur spécial : M. Claude BELOT
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I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
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A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES
GÉNÉRAUX DU PREMIER MINISTRE
-
1. Les aides à certaines formes de presse
- a) Le fonds d'aide aux quotidiens nationaux d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires
- b) Le fonds d'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces
- c) Le fonds d'aide à la presse régionale d'information générale et politique
- 2. Les autres aides directes
- 3. Les aides indirectes inscrites au budget des SGPM
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1. Les aides à certaines formes de presse
- B. LE FONDS DE MODERNISATION
- C. BILAN DES AIDES INDIRECTES A LA PRESSE
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A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES
GÉNÉRAUX DU PREMIER MINISTRE
- II. OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
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I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
- ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE
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I - ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE
Rapporteur spécial : M. Bernard ANGELS
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
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II. OBSERVATIONS
- A. LA MODERNISATION DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES
- B. L'EFFORT DE SINCÉRITE BUDGÉTAIRE SE POURSUIT
- C. LES MISSIONS FISCALES DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS, UN PROJET DE MODERNISATION
- D. L'OPTIMISATION DES MISSIONS DE QUELQUES "ADMINISTRATIONS ÉCONOMIQUES"
- III. L'ARTICLE 68 RATTACHÉ : LA MAJORATION LÉGALE DES RENTES VIAGÈRES
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II - INDUSTRIE
Rapporteur spécial : M. Jean CLOUET
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
- II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS PAR AGRÉGATS
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III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
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A. OBSERVATIONS BUDGÉTAIRES
- 1. Un calibrage plus rigoureux des besoins de crédits
- 2. Des efforts de sincérité budgétaire occultés par la grande volatilité du périmètre du budget de l'industrie
- 3. Pour une plus grande sélectivité dans l'attribution des aides aux entreprises et un renforcement du contrôle
- 4. Un effort soutenu en faveur de l'enseignement
- 5. La nécessité pour la Poste d'améliorer sa comptabilité analytique
- 6. La question des ressources du Commissariat à l'énergie atomique
- B. OBSERVATIONS NON BUDGÉTAIRES
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A. OBSERVATIONS BUDGÉTAIRES
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III - PETITES ET MOYENNE ENTREPRISES,
COMMERCE ET ARTISANAT
Rapporteur spécial : M. René BALLAYER
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COMMERCE EXTÉRIEUR
Rapporteur spécial : M. Marc MASSION
- I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
- II. LES RÉSULTATS DU COMMERCE EXTÉRIEUR
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III. LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
- 1. Un budget guère transparent
- 2. Une politique engagée en faveur d'une amélioration du service rendu aux entreprises
- 3. Un contrat d'objectifs ambitieux passé avec la Direction du Budget
- 4. Une augmentation bienvenue des moyens budgétaires affectés au volet international des contrats de plan Etat/régions
- 5. Le remplacement des VSNE/CSNE par les volontaires civils
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ÉDUCATION NATIONALE, RECHERCHE
ET TECHNOLOGIE -
I - ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Rapporteur spécial : M. Jacques-Richard DELONG
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II - ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Rapporteur spécial : M. Jean-Philippe LACHENAUD
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III - RECHERCHE ET TECHNOLOGIE
Rapporteur spécial : M. René TRÉGOUËT
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
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II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- A. LA RECHERCHE N'OCCUPE PAS, DANS LE BUDGET DE L'ÉTAT, LA PLACE QUE JUSTIFIE LA PRIORITÉ DONT ELLE DOIT FAIRE L'OBJET
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B. LE CONTENU ET LE PROCESSUS DE PRISE DE CERTAINES
DÉCISIONS SONT CONTESTABLES
-
1. Des décisions critiquables
- a) Une politique qui comporte pourtant des aspects positifs...
- b) ... mais néglige, sur des points essentiels, l'avenir de la recherche française
- c) Une stratégie de contournement des grands organismes de recherche
- d) Des priorités parfois discutables hésitantes ou dont la mise en oeuvre n'apparaît pas toujours cohérente
- 2. Un processus de prise de décision peu clair
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1. Des décisions critiquables
- C. REMARQUES DIVERSES
- EMPLOI ET SOLIDARITÉ
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I - EMPLOI
Rapporteur spécial : M. Joseph OSTERMANN
- I. LA GESTION DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
- II. LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT À LA FORMATION PROFESSIONNELLE
- III. L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES
- IV. LA PROMOTION DE L'EMPLOI ET LES ADAPTATIONS ÉCONOMIQUES
- V. LE FINANCEMENT DU RETRAIT D'ACTIVITÉ ET LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX DÉPENSES DE CHÔMAGE
- VI. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
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II - SANTÉ ET SOLIDARITÉ
Rapporteur spécial : M. Jacques OUDIN
- I. LA PRESENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS
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II. LA PRESENTATION PAR AGREGATS
- A. LES DÉPENSES D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
- B. LES DÉPENSES DE POLITIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE
- C. LES DEPENSES CONSACRÉES À L'OFFRE DE SOINS
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D. LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
- 1. Les établissements nationaux pour jeunes sourds et aveugles
- 2. Le service national des objecteurs de conscience
- 3. Les services des droits des femmes
- 4. La formation des travailleurs sociaux
- 5. Développement social
- 6. Les prestations obligatoires de développement social
- 7. Les subventions à divers régimes de protection sociale
- 8. Les dépenses d'équipement social
- E. L'INTÉGRATION ET LA LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
- III. L'ARTICLE 70 BIS : ÉTAT ANNEXÉ RETRAÇANT LES CRÉDITS EN FAVEUR DES DROITS DES FEMMES
- IV. LES PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
-
III - VILLE
Rapporteur spécial : M. Alain JOYANDET
- I. LA PROGRESSION DES "CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE"
- II. L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
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III. LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
- A. UNE MAUVAISE UTILISATION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME QUI SOULIGNE LES INCONVÉNIENTS DE L'INTERMINISTÉRIALITÉ
- B. UNE NOUVELLE AUGMENTATION DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT ET D'ANIMATION
- C. LA NÉCESSITÉ D'ASSURER LA FORMATION DES " PROFESSIONNELS DE LA VILLE "
- D. LES BLOCAGES DES OPÉRATIONS DE RENOUVELLEMENT URBAIN ET DE RESTRUCTURATION DES QUARTIERS
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E. LES ACQUIS DU DISPOSITIF DES ZONES FRANCHES URBAINES
(ZFU) DOIVENT ÊTRE PRÉSERVÉS ET CONSOLIDÉS
- 1. Une remise en cause de l'efficacité des zones franches
- 2. Le coût des zones franches urbaines : un élément important de l'évaluation du dispositif
- 3. Des conclusions tempérées par la disparité des résultats et les difficultés de l'évaluation du dispositif
- 4. La sortie du dispositif de zone franche
- 5. Les maires sont unanimes quant à la contribution des zones franches à l'amélioration des conditions de vie dans leur commune
- F. LA LENTE MISE EN ACTION DE L'EPARECA
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ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT
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I - SERVICES COMMUNS
Rapporteur spécial : M. Jacques PELLETIER
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II - URBANISME ET LOGEMENT
Rapporteur spécial : M. Jacques PELLETIER
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III - TRANSPORTS
1. TRANSPORTS TERRESTRES
Rapporteur spécial : M. Auguste CAZALET
- I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
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II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- A. PREMIÈRE OBSERVATION : UN BUDGET DE CONTINUITE AVANT LA MISE EN oeUVRE DES NOUVEAUX CONTRATS DE PLAN
- B. DEUXIÈME OBSERVATION : RENDRE SA VOCATION AU FITTVN
- C. TROISIÈME OBSERVATION : DES INQUIETUDES POUR L'AVENIR DE LA SNCF
- D. QUATRIÈME OBSERVATION : DONNER DE NOUVEAUX MOYENS A L'EXPERIENCE DE REGIONALISATION
- E. CINQUIÈME OBSERVATION : UNE REDUCTION DES DOTATIONS AUX TRANSPORTS EN ILE-DE-FRANCE
- F. SIXIÈME OBSERVATION : L'INSUFFISANCE DES DOTATIONS EN FAVEUR DU TRANSPORT FLUVIAL
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2. ROUTES ET 3. SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Rapporteur spécial : M. Gérard MIQUEL
-
4. TRANSPORT AÉRIEN ET MÉTÉOROLOGIE
Rapporteur spécial : M. Yvon COLLIN
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IV - MER
MARINE MARCHANDE
Rapporteur spécial : M. Claude LISE
- 1. Grandes orientations
- 2. Réorganisation administrative - services déconcentrés
- 3. Action de l'Etat dans le domaine maritime
- 4. Changements de nomenclature
- 5. Mesures d'économie
- 6. Décisions du CIME
- 7. Emplois budgétaires
- 8. Gains de productivité
- 9. Equipement administratif
- 10. Signalisation maritime
- 11. Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage
- 12. Centres de sécurité des navires
- 13. Unités littorales des affaires maritimes
- 14. Société nationale de secours en mer
- 15. Sauvetage
- 16. Schémas de mise en valeur de la mer
- 17. Sentier piétonnier
- 18. Protection contre les phénomènes accidentels
- 19. Lutte contre la pollution
- 20. Patrimoine maritime
- 21. Contexte international
- 22. Evolution de la flotte
- 23. Aide à la marine marchande : aides budgétaires
- 24. Aide à la marine marchande : mesures fiscales en faveur de la flotte de commerce
- 25. Aide à la marine marchande : comparaisons internationales
- 26. Résultats de l'armement français
- 27. Emplois maritimes
- 28. Pavillon-bis des Kerguélen
- 29. Compagnie générale maritime
- 30. Techniques nouvelles de transport
- 31. Politique maritime européenne
- 32. Marine marchande - Sécurité
- 33. Suppression du commerce hors taxe dans l'Union européenne
- 34. Cabotage communautaire
- 35. Ressortissants de l'ENIM
- 36. Comptes de l'ENIM
- 37. Exonérations de cotisations à l'ENIM
- 38. Contribution financière de l'Etat à l'ENIM
- 39. Retraite anticipée des marins
- 40. Enseignement maritime
- 41. Formation professionnelle et apprentissage
- 42. L'exécution du budget pour 1998
- 43. L'exécution du budget pour 1999
-
PORTS MARITIMES
Rapporteur spécial : M. Marc MASSION
-
V - TOURISME
Rapporteur spécial : Mme Marie-Claude BEAUDEAU
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS
-
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
- A. DES SUCCÈS À CONFORTER
- B. LES ORIENTATIONS DU PROJET DE BUDGET POUR 2000
-
C. DES MOTIFS DE SATISFACTION MAIS AUSSI DE
PRÉOCUPPATION
- 1. L'accent mis sur le droit aux vacances doit être articulé sur les efforts déployés en matière de politique de la ville
- 2. L'attention portée aux conditions de travail doit être complétée par une volonté de mieux exploiter le gisement d'emplois que constitue le tourisme
- 3. La lutte contre le vieillissement des équipements touristiques
- 4. L'évaluation nécessaire des politiques touristiques
- INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION
-
SÉCURITÉ
Rapporteur spécial : M. André VALLET
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
-
II. PRINCIPALES NOUVEAUTÉS
-
A. LES MESURES DE DÉPENSES ORDINAIRES
- 1. La consolidation de mesures acquises
- 2. La remise en cause de services votés
- 3. Les mesures nouvelles au sens budgétaire
- B. L'ÉVOLUTION DES DÉPENSES EN CAPITAL
-
A. LES MESURES DE DÉPENSES ORDINAIRES
- III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
DÉCENTRALISATION
Rapporteur spécial : M. Michel MERCIER
- I. LES CRÉDITS DE LA DÉCENTRALISATION DANS LE BUDGET DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
- II. LA DEUXIEME ANNÉE DU CONTRAT DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ
- III. LES CONCOURS DE L'ETAT EXTÉRIEURS A L'ENVELOPPE NORMÉE
- IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
-
JEUNESSE ET SPORTS
Rapporteur spécial : M. Michel SERGENT
-
JUSTICE
Rappoteur spécial : M. Hubert HAENEL
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
- II. LES GRANDS SECTEURS
- III. PRESENTATION DES ARTICLES RATTACHES AU PROJET DE LA LOI DE FINANCES
-
IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. Un effort budgétaire réel qui ne traduit pas encore par une amélioration du fonctionnement de la justice
- 2. Le nombre de vacances de postes : la difficulté d'obtenir un chiffre fiable
- 3. Des moyens de fonctionnement insuffisants pour les établissements pénitentiaires et les juridictions
- 4. La nécessité d'adopter une nouvelle loi de programme pour achever la rénovation des juridictions et des établissements pénitentiaires
- 5. La prise en compte des remarques de votre rapporteur par la ministre de la justice
- 6. Le renforcement de l'inspection générale des services judiciaires
-
OUTRE-MER
Rapporteur spécial : M. Henri TORRE
- A. L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
- B. L'ACTION EN FAVEUR DES COLLECTIVITÉS LOCALES
- C. L'ACTION EN FAVEUR DE L'EMPLOI ET DE L'INSERTION SOCIALE
- D. L'ACTION EN FAVEUR DU LOGEMENT
- E. L'ACTION EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT ET DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL
- II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
- III. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
- IV. L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE LA DÉFENSE NATIONALE (IHEDN)
- V. L'ENSEMBLE DES CRÉDITS AFFECTÉS À LA DÉFENSE NON MILITAIRE DE LA NATION
- VI. PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
III - CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL
Rapporteur spécial : M. Claude LISE
- I. PRESENTATION GENERALE DES CREDITS
-
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- A. DES CRÉDITS DONT LA LEGERE PROGRESSION EST CONSACREE A L'ABONDEMENT DE LA CAISSE DES RETRAITES DES ANCIENS MEMBRES DU CONSEIL
- B. APRÈS PLUSIEURS ANNEES DE FORTE PROGRESSION, LES CREDITS AFFECTES AU MATERIEL ET AUX INVESTISSEMENTS BAISSENT DE FACON SENSIBLE.
- C. UN BILAN DE MANDATURE EN RETRAIT PAR RAPPORT A LA PRÉCEDENTE, CONTREBALANCE PAR LE DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES INTERNATIONALES
-
IV - PLAN
Rapporteur spécial : M. Claude HAUT
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
-
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. La nouvelle impulsion donné au CGP se traduit par une relance réelle de l'évaluation des politiques publiques.
- 2. L'évaluation des contrats de plan Etat-Régions (CPER), autre dispositif dans lequel le C.G.P. joue un rôle central, a vu sa mise en oeuvre critiquée dans le dernier rapport de la Cour des Comptes.
- 3. Les nouveaux objectifs fixés à la planification
- 4. La réforme en cours du Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts (CSERC)
- B. BUDGETS ANNEXES
-
AVIATION CIVILE
Rapporteur spécial : M. Yvon COLLIN
- I. PRESENTATION GENERALE : LES GRANDES MASSES BUDGÉTAIRES
-
II. LES OBSERVATIONS
-
A. LE BAAC CONNAÎT UNE PROGRESSION DE SES
DÉPENSES QUI N'EST MAÎTRISÉE QU'EN APPARENCE
- 1. La poursuite de l'accroissement des charges de personnel
- 2. La modération affichée de la croissance des crédits du budget annexe en 2000 provient des changements de la structure de ce budget intervenus à l'occasion de la loi de finances pour 1999
- 3. Les dépenses en capital ne sont maîtrisées qu'en apparence
- B. LA VULNÉRABILITÉ DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
-
A. LE BAAC CONNAÎT UNE PROGRESSION DE SES
DÉPENSES QUI N'EST MAÎTRISÉE QU'EN APPARENCE
-
JOURNAUX OFFICIELS
Rapporteur spécial : M. Thierry FOUCAUD
-
LÉGION D'HONNEUR, ORDRE DE LA LIBÉRATION
Rapporteur spécial : M. Jean-Pierre DEMERLIAT
- I. LE BUDGET ANNEXE DE LA LÉGION D'HONNEUR
- II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
- III. LE BUDGET ANNEXE DE L'ORDRE DE LA LIBÉRATION
- IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
MONNAIES ET MÉDAILLES
Rapporteur spécial : Mme Maryse BERGÉ-LAVIGNE
-
PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES (BAPSA)
Rapporteur spécial : M. Joël BOURDIN
-
I. PRÉSENTATION DU PROJET DE BAPSA POUR 2000
-
A. LES RECETTES
- 1. Les contributions professionnelles (- 1,3 %)
- 2. Les recettes de taxes (+ 3,4 %)
- 3. Les transferts de compensation démographique (+ 3,8 %)
- 4. Le versement au titre de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S)
- 5. Les remboursements des fonds de solidarité vieillesse (FSV) et invalidité (FSI) (- 61,7 %)
- 6. La subvention du budget de l'Etat (- 27,9 %)
- B. LES DÉPENSES
-
A. LES RECETTES
- II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
-
I. PRÉSENTATION DU PROJET DE BAPSA POUR 2000
-
II - DÉFENSE
-
I - EXPOSÉ D'ENSEMBLE ET DÉPENSES EN CAPITAL
Rapporteur spécial : M. Maurice BLIN
-
II - DÉPENSES ORDINAIRES
Rapporteur spécial : M. François TRUCY
-
III - AUTRES DISPOSITIONS -
COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR
Rapporteur spécial : M. Paul LORIDANT
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
-
II. OBSERVATIONS
- A. DEUX SUPPRESSIONS CRITIQUABLES
-
B. TROIS AMÉNAGEMENTS A SURVEILLER
- 1. La suppression du FFN
- 2. Quel avenir pour le fonds national de développement des adductions d'eau (FNDAE) ?
- 3. Une modification du fonds national pour le développement du sport (FNDS)
- C. LA SITUATION PRÉOCCUPANTE DU COMPTE N° 902-24 D'AFFECTATION DES PRODUITS DE CESSIONS DE TITRES, PORTS ET DROITS DES SOCIÉTÉS
- D. LES COMPTES DE PRÊTS À DES ETATS ETRANGERS OU LES DIFFICULTÉS DE L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA FRANCE
- E. LES ARTICLES RATTACHÉS
-
ANNEXE :
DÉCISIONS DE LA COMMISSION DES FINANCES
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME IV
ANALYSE SYNTHÉTIQUE DES CRÉDITS ET PRINCIPALES OBSERVATIONS
DES RAPPORTEURS SPÉCIAUX
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
AVANT PROPOS
Le
présent recueil rassemble les documents de présentation
synthétique des fascicules budgétaires ainsi que les principales
observations des rapporteurs spéciaux de la commission des finances.
Il est destiné à offrir une vision d'ensemble des dépenses
du budget de l'Etat.
I - BUDGETS CIVILS
A. BUDGET
GÉNÉRAL
AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET
COOPÉRATION
I - AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Rapporteur
Spécial : M. Jacques CHAUMONT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Le
budget des affaires étrangères ne représente qu'une partie
des crédits consacrés à l'action extérieure de la
France, qui représentent, en 2000, un montant de 48,32 milliards de
francs , contre 50,57 milliards de francs en 1999.
Pour apprécier de façon complète l'action
extérieure de la France, il faut ajouter aux 48,32 milliards de
francs prévus pour 2000, la partie du budget communautaire
consacrée aux actions internationales. En 1999, 36,6 milliards de
francs ont été destinés à l'action
extérieure de l'Union européenne. Compte tenu du taux de
contribution de la France au budget communautaire, la charge pour notre pays
s'est élevée à 5,29 milliards de francs en 1999, et
devrait atteindre 6,13 milliards de francs en 2000. Les crédits
destinés à l'action extérieure de la France
s'élèvent donc en réalité à 54,44 milliards
de francs pour 2000, en diminution de 2 % par rapport à 1999.
Avec un montant de 20,95 milliards de francs pour 2000 en crédits de
paiement, le budget des affaires étrangères apparaît
en
augmentation de 0,64 %
par rapport aux crédits votés
pour 1999.
Les autorisations de programme demandées pour 2000
s'élèvent à 2,79 milliards de francs, en augmentation
de 7,4 % par rapport aux autorisations votées pour 1999.
Le budget des affaires étrangères pour 2000 est marqué
par la poursuite de l'intégration des moyens du secrétariat
d'Etat à la coopération.
L'analyse des crédits prend en compte les modifications importantes qui
ont eu lieu, notamment avec la création de la Direction
Générale de la Coopération Internationale et du
Développement et la fusion des services de la coopération
à l'étranger avec les autres services du ministère des
affaires étrangères
.
Les crédits consacrés à la coopération
internationale, à l'aide au développement et à la
francophonie, font l'objet d'un rapport spécial présenté
par M. Michel Charasse.
A. PRÉSENTATION PAR TITRE
Le tableau ci-après fournit le détail de l'évolution du budget des affaires étrangères par titre.
Evolution du budget des affaires étrangères pour 2000
Comme en
1999, le titre III est présenté pour 2000 en augmentation et le
titre IV en diminution. Ces évolutions sont cependant moins
significatives que pour 1999. Le titre V est en augmentation sensible,
essentiellement en raison des projets de constructions nouvelles au budget des
affaires étrangères.
L'importance des crédits antérieurement rattachés au
secrétariat d'Etat à la coopération varie beaucoup selon
les titres. Près du tiers des crédits du titre IV concernent des
actions en faveur de la coopération et du développement, et le
titre VI est essentiellement constitué des crédits du Fonds de
solidarité prioritaire (FSP), qui remplace le FAC, et de l'Agence
française de développement (AFD).
1. Les dépenses ordinaires
Les
dépenses ordinaires accusent une légère diminution de
0,4 %. Cette évolution recouvre une faible hausse des moyens des
services et une diminution des dépenses d'intervention.
Avec une dotation de 9,1 milliards de francs, les crédits du
titre III
sont présentés en augmentation de
1,3 %.
Cette progression globale recouvre néanmoins quelques
mesures
d'économie
:
réduction des moyens de fonctionnement : - 35,1 millions de francs
;
ajustement de la subvention accordée aux établissements
culturels : - 16 millions de francs ;
ajustement de la subvention accordée à l'Office
universitaire et culturel français pour l'Algérie (- 3,7 millions
de francs). La diminution de la subvention est liée à la
sous-consommation systématique des crédits au cours des
années précédentes, conséquence du ralentissement
de l'activité du centre du fait des conditions politiques en
Algérie ;
•
ajustement des dépenses d'informatique et de
télématique : - 8 millions de francs)
Les
mesures d'ajustement positives
et les
mesures nouvelles
font
plus que compenser ces mesures d'économies :
diverses mesures d'ajustement des charges de personnel (extension en
année pleine des mesures de revalorisation des
rémunérations de 1998 : 48 millions de francs, application de
l'accord salarial dans la fonction publique : 2,5 millions de francs,
indemnité exceptionnelle allouée à certains agents non
titulaires en poste à l'étranger : 10 millions de francs,
effet change-prix : - 18,4 millions de francs)
rémunération des gendarmes en renfort temporaire : 39
millions de francs. Ces dépenses sont désormais imputées
au chapitre 31-90 " rémunération des personnels " au
lieu du 34-90 " frais de déplacement ". Cependant, la
modification du mode de rémunération des gendarmes modifie
considérablement la part à la charge du budget des affaires
étrangères, qui passe de 15 à 39 millions de francs.
augmentation de 18,5 millions de francs de la subvention à l'AEFE
au titre des bourses scolaires.
L'effectif total du ministère sera stable en 2000 (1 création
nette de poste, pour un total de 9475 emplois), mais l'équilibre entre
les titulaires, les contractuels et les militaires de carrière sera
fortement modifié : 69 postes de titulaires et 54 de militaires
sous contrat et de carrière seront créés, tandis que 122
postes de contractuels seront supprimés par le ministère des
affaires étrangères.
La fusion des ministères des affaires étrangères et de la
coopération a permis de dégager 92 supports budgétaires
pour des emplois nouveaux. Une partie de ces emplois va permettre de renforcer
l'encadrement des services des visas des sections consulaires à
l'étranger.
Les crédits d'interventions du
titre IV
sont en diminution
de 2 % pour 2000, et s'établissent à 9,57 milliards de
francs.
Cette diminution résulte essentiellement d'un ajustement négatif
de 30 millions de francs des contributions obligatoires de la France et de
9,4 millions de francs des crédits de la coopération
militaire et de défense.
S'y ajoutent, notamment, au titre des
économies
:
une réduction de 85 millions de francs des crédits
d'assistance technique directe, qui correspond à la suppression de 170
postes en année pleine (sur 3050 postes existant au 31 décembre
1999).
une réduction de 13,8 millions de francs des crédits
de la coopération culturelle et scientifique.
une réduction de 14 millions de francs de la subvention pour la
desserte aérienne de Strasbourg, liée notamment à
l'importance des reports de crédits au cours des années
précédentes.
une économie de 10 millions de francs des crédits de
transport de l'aide alimentaire, liée à la réforme du mode
de passation des marchés.
une réduction de 105 millions de francs des concours financiers,
notamment liés à l'ajustement structurel. Cette réduction
découle de l'amélioration de la situation financière de
nombreux pays et de l'impossibilité d'accorder les crédits dans
certains pays en crise.
En contrepartie, certains
moyens nouveaux
sont prévus :
une augmentation de 25,3 millions des crédits d'action
audiovisuelle extérieure, en faveur de l'amélioration des
programmes de TV5 ;
une augmentation de 4,7 millions des crédits d'assistance aux
Français de l'étranger ;
une augmentation de 30 millions de francs des contributions volontaires
aux organisations internationales ;
2. Les dépenses en capital
Les
dépenses en capital augmentent de + 7,4 % par rapport à 1999
en autorisations de programme, et de 10,3 % en crédits de paiement.
Les moyens du
titre V
augmentent de 43 % en crédits de
paiement, pour s'établir en 2000 à 398 millions de francs.
Ils serviront notamment à la mise en place de stations de communication
par satellite pour le chiffre et au renouvellement du parc des autocommutateurs
téléphoniques, à la réhabilitation du palais
Farnèse à Rome, à la construction d'une nouvelle ambassade
à Berlin et à Abuja, à la réhabilitation des
instituts culturels de Tunis et de Mexico, et à l'entretien du
lycée français de Milan.
Les subventions d'investissement du
titre VI
accordées au
titre de la coopération culturelle et de l'aide au développement
augmentent de 5,3 % en crédits de paiement, pour s'établir
à 1,9 milliard de francs en 2000.
Cette hausse s'explique essentiellement par l'augmentation des dons
destinés à financer des projets mis en oeuvre par l'Agence
française de développement.
B. PRÉSENTATION PAR AGRÉGAT
Cinq agrégats ont été définis pour permettre l'analyse et le suivi des crédits des affaires étrangères. Le tableau ci-dessous en présente l'évolution.
1. L'administration centrale
Les
crédits de l'administration centrale, qui incluent les dotations des
services situés à Nantes, représentent environ 9,5 %
du budget des affaires étrangères, soit près de
2
milliards de francs.
Ils comprennent les dépenses de personnel, de fonctionnement et
d'équipement des services du ministère des affaires
étrangères installés en France métropolitaine,
ainsi que les frais de déplacement, de réception et de voyages
officiels de ses agents.
Dans le projet de loi de finances pour 2000, ces crédits augmentent de
2,2 %.
2. Les services et réseaux à l'étranger
Les
crédits des services et réseaux à l'étranger
constituent plus du quart (25,4 %) du budget des affaires
étrangères.
Ils représentent les moyens des services diplomatiques et consulaires
ainsi que des services et établissements culturels et de
coopération de la France à l'étranger, soit 60 % des
effectifs et 68 % des crédits de fonctionnement du ministère.
Au 1er janvier 1999, la France dispose de 149 ambassades, 104 postes
consulaires de plein exercice, 17 représentations permanentes,
ainsi que 12 chancelleries détachées, 4
délégations, un bureau à Berlin et un Institut
français de Taïpeh. L'intégration des services relevant de
la coopération (missions d'action culturelle, centres
médico-sociaux) a réduit le nombre total de services à
l'étranger de 368 à 288.
Les crédits affectés à ces postes atteignent
5,32 milliards de francs
pour 2000, en augmentation de 3,3 %
par rapport à 1999.
3. La coopération et les interventions internationales
Cet
agrégat est le plus important du budget des affaires
étrangères avec 50,1 % des crédits, soit
10,5 milliards
de francs
. Dans le projet de loi de finances pour 2000, il diminue de
1 %.
Il regroupe
six catégories de crédits
:
les crédits de coopération culturelle, scientifique et
technique, y compris les crédits destinés à l'audiovisuel
extérieur, soit 2,895 milliards de francs (+4,8 % par rapport
à 1999) ;
la coopération technique et au développement, soit 3,878
milliards de francs (- 4,7 % par rapport à 1998).
la coopération militaire et de défense, soit
754,7 millions de francs (- 3,3 % par rapport à 1999),
les contributions obligatoires et volontaires au financement
d'organisations internationales, soit 2,569 milliards de francs
(- 0,7 % par rapport à 1999),
les interventions de politique internationale, destinés
principalement aux opérations d'urgence et aux subventions aux
organisations non-gouvernementales (ONG), soit 118 millions de francs
(+ 24,9 % par rapport à 1999),
l'appui à des initiatives privées et
décentralisées, soit 219,3 millions de francs (- 1,1 %par
rapport à 1999), et les indemnités des représentants
français au Parlement européen, soit 55,1 millions de francs
(reconduit par rapport à 1999).
La principale diminution, en volume, concerne les crédits de la
coopération technique et au développement, partiellement
compensée par la hausse des crédits en faveur de la
coopération culturelle, scientifique et technique.
Les crédits du fonds d'urgence humanitaire sont en hausse de
10,4 %, pour atteindre 63,1 millions de francs.
4. L'assistance et l'enseignement
Cet
agrégat regroupe les interventions du ministère des affaires
étrangères en faveur des Français à
l'étranger et des étrangers en France, ainsi que les
crédits destinés au réseau des établissements
publics en charge de l'enseignement français à l'étranger.
Il représente 10,7 % du budget des affaires
étrangères pour 2000. Avec une dotation de
2,25 milliards
de francs
, il est en augmentation de 0,8 % par rapport à 1999.
La subvention à l'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger (AEFE) progresse de 1,3 % pour approcher
2 milliards de francs. Elle est répartie entre
268 établissements scolaires et permet
l'attribution de
17.500 bourses d'études, dont le montant moyen augmente de
10 %
.
Parmi les autres crédits, la subvention à l'Office universitaire
et culturel français pour l'Algérie est diminuée de 3,7
millions de francs, soit près de 50 % de sa dotation en 1999, pour
tenir compte de la sous-consommation chronique des crédits au cours des
années précédentes. La subvention à l'Office
français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)
est reconduite et s'établit à 105,7 millions de francs.
L'assistance en faveur des Français à l'étranger et des
réfugiés étrangers en France progresse de 0,7 % pour
atteindre 141,8 millions de francs. Les crédits consacrés
aux rapatriements sont reconduits au niveau de 4,2 millions de
francs.
5. La recherche
Cet
agrégat regroupe 4,3 % des crédits du budget des affaires
étrangères, avec
905 millions de francs.
Il regroupe
des crédits consacrés à :
la recherche et les échanges scientifiques et technologiques, soit
28,7 millions de francs (+ 14,8 % par rapport à 1999),
les contributions obligatoires et volontaires aux organismes à
vocation scientifique internationaux, soit 876,5 millions de francs
(+ 1,3 % par rapport à 1998).
Les principales contributions sont versées au Centre d'étude et
de recherche nucléaire (604 millions de francs), à
l'Organisation européenne pour les recherches astronomiques dans
l'hémisphère austral (123,8 millions de francs) et à
l'Organisation européenne de biologie moléculaire
(45,5 millions de francs). Pour la première année, la France
finance également le Centre européen de prévision
météorologique à moyen terme (32,9 millions de
francs).
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. UNE FAIBLE AUGMENTATION DES CREDITS
Le
budget des affaires étrangères pour 2000 marque une
évolution importante par rapport aux années
précédentes, puisque la progression des crédits et la
stabilisation des effectifs mettent fin à plusieurs années
consécutives de diminution sensible des moyens du ministère.
Cependant, la hausse des crédits enregistrée en 2000 demeure
inférieure aux prévisions d'inflation, soit 0,7 %.
Cette augmentation est essentiellement liée à des inscriptions de
crédits qui ne correspondent pas à des dépenses nouvelles.
Ainsi, la totalité des crédits afférents aux
opérations immobilières du ministère est désormais
inscrit en loi de finances, ce qui permet d'améliorer la transparence et
la lisibilité des documents budgétaires. Les 120 millions de
francs de crédits de paiement correspondant à la construction de
l'ambassade de France de Berlin pour 2000 viennent donc abonder le budget des
affaires étrangères. De plus, la modification des
modalités de rémunération des gendarmes appelés en
renfort temporaire augmente la part à la charge des affaires
étrangères de 24 millions de francs. En conséquence,
ces
144 millions de francs de dépenses nouvellement inscrites
dans le budget pour 2000 ne correspondent pas à une augmentation de
moyens pour le ministère
.
L'augmentation du budget des affaires étrangères,
inférieure aux prévisions d'inflation pour 2000, est donc quelque
peu artificielle, et ne correspond pas à une réelle progression
de ses moyens d'action.
B. L'INTEGRATION DES MOYENS DE LA COOPÉRATION
Le
projet de loi de finances pour 2000 marque l'achèvement du processus
d'intégration des moyens des services de la coopération dans
l'ensemble du ministère des affaires étrangères, et la
poursuite du mouvement de modernisation du ministère des affaires
étrangères. L'intégration des cadres d'emploi des affaires
étrangères et de la coopération s'effectuera au cours de
l'année 2000.
La création, le 1
er
janvier 1999, de la Direction
Générale de la Coopération Internationale et du
Développement (DGCID), structure unique à vocation globale et
mondiale pour conduire la coopération internationale et l'aide au
développement, refonde l'action du ministère des affaires
étrangères. Cette direction est organisée en quatre
directions sectorielles issues des deux ministères :
développement et coopération technique, coopération
culturelle et français, coopération scientifique, universitaire
et de recherche, audiovisuel et techniques de communication. Cette
réforme vise à conduire la poursuite de la réforme des
moyens d'intervention et du mode de fonctionnement du ministère. La
volonté de privilégier une action intégrée à
l'action du ministère vise à éviter l'autonomisation et
l'éclatement des compétences qui a pu limiter la cohérence
et la visibilité de l'action de la Direction Générale des
Relations Culturelles, Scientifique et Techniques (DGRCST) du ministère
des affaires étrangères.
La stabilisation des effectifs du ministère après cinq
années d'application du " schéma quinquennal d'adaptation du
réseau " caractérisé par la perte de 8 % des
effectifs, doit être soulignée. De surcroît, la fusion du
ministère des affaires étrangères avec la
coopération permet de pourvoir 92 emplois pour lesquels il existait
un support budgétaire.
L'affectation d'une partie de ces emplois aux
services des visas des sections consulaires à l'étranger ne peut
que réjouir votre rapporteur
, qui a pu constater, à
l'occasion de ses missions à l'étranger, les dangers de
l'insuffisance de personnel d'encadrement français dans ces services.
La remise à niveau des rémunérations des recrutés
locaux, engagée l'année dernière, n'a pas
été poursuivie.
Votre rapporteur est particulièrement
sensible à ce problème
. En effet, le niveau des traitements
servis par les services diplomatiques français à leurs personnels
recrutés localement est souvent inférieur à celui du
marché du travail pour des qualifications identiques. Sur ce point, les
ambassades françaises souffrent de la comparaison avec les ambassades
des autre pays européens et avec les postes d'expansion
économique. Le niveau moyen des rémunérations des
recrutés locaux par le ministère des affaires
étrangère est inférieur d'environ 40 % à celui
des postes d'expansion économique. Il en résulte une
démotivation du personnel résident et un flux permanent de
démissions qui désorganise la marche des services. Le
ministère souhaite réduire le nombre de recrutés locaux
dans les postes à l'étranger, politique qui avait permis aux
postes d'expansion économique de revaloriser les
rémunérations et d'améliorer la qualité et la
fidélité du personnel local.
C. L'AUGMENTATION DES CONTRIBUTIONS INTERNATIONALES VOLONTAIRES
Les
dépenses d'intervention, qui constituent la part
"discrétionnaire" des crédits du ministère des affaires
étrangères, ont supporté l'essentiel de l'effort de
rigueur budgétaire au cours des dernières années. Ainsi,
les crédits correspondants aux contributions volontaires aux
dépenses internationales ont fait office de variable d'ajustement du
budget des affaires étrangères, puisqu'ils ont été
réduits en cinq ans de 697,2 millions de francs à
228 millions de francs, soit une baisse de 67 %. Pour 2000, une
mesure nouvelle de 30 millions de francs poursuit l'augmentation des
crédits engagée en 1999.
Les contributions volontaires ont une importance considérable, car, en
assurant une visibilité à l'action de la France pour le
développement, elles ont un impact diplomatique et politique utile. La
France n'a cependant pas suivi le choix des Etats-Unis, qui privilégient
les contributions volontaires au détriment des contributions
obligatoires, car une telle attitude met à mal le fonctionnement des
organisations multilatérales.
Compte tenu de leur rareté, la répartition des contributions
volontaires doit se faire avec discernement, en fonction de trois
critères essentiels : la bonne gestion des organisations attributaires ;
l'importance des retours économiques pour notre pays sur les programmes
financés ; la présence au sein des organisations de
ressortissants français ou francophones.
En tout état de cause, l'inversion du mouvement des contributions
volontaires engagée en 1999 demeure insuffisante, et devra être
poursuivie pour conférer à la France un statut international
conforme à sa qualité de membre permanent du conseil de
sécurité des Nations Unies.
D. LA POLITIQUE CULTURELLE EXTÉRIEURE DE LA FRANCE
Dans le
cadre d'une mission de contrôle sur l'Association Française
d'Action Artistique (AFAA), votre rapporteur a pu constater l'impact des
réformes engagées au sein du ministère des affaires
étrangères sur un opérateur extérieur
financé par celui-ci. L'intégration des moyens de la
coopération conduit à la disparition d'un acteur
spécialisé, " Afrique en création ", au profit
d'un opérateur unique, l'AFAA. Les relations de donneur d'ordres
à prestataire de services entre l'AFAA et le ministère des
affaires étrangères vont être clarifiées, et les
modalités de consultation et de coopération avec le
ministère de la culture doivent devenir systématiques. Enfin, la
distinction entre les rôles du conseil d'administration et de
l'assemblée générale de l'AFAA doit être
accentuée. Ces réformes visent à améliorer la
cohérence et la lisibilité de l'action de l'AFAA, en la rendant
également moins dépendante de la qualité des relations
personnelles entre les différents acteurs de la politique
extérieure de la France.
La diversification des modalités d'interventions de l'AFAA avec le
développement des partenariats doit être poursuivie, car elle
permet d'accroître l'effet de levier des financements. Cependant, la
montée en puissance de ces dispositifs doit être
contrôlée afin d'éviter une dispersion et une perte
d'autonomie trop grande de l'association. La diversification des actions de
l'AFAA ne doit pas résulter de la volonté d'être un
opérateur global, mais doit être guidée par la recherche de
synergies avec les autres acteurs de la politique culturelle extérieure.
La mise en oeuvre d'actions en coopération avec la promotion du livre
français à l'étranger pourrait ainsi être
développée.
E. LA REFORME DE LA POLITIQUE AUDIOVISUELLE EXTERIEURE
Le
ministère des affaires étrangères a engagé au
printemps 1998 la rénovation de sa politique audiovisuelle
extérieure.
Les subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle
extérieure s'établissent en 2000 à 1,065 milliard de
francs, en augmentation de 2,4 %.
La présidence commune de TV5 et de CFI permet la mise en oeuvre d'une
réforme de fond visant à mieux coordonner l'action et
privilégier la recherche de synergies entre les deux entreprises.
La refonte complète de la grille de programmation de TV5, et le
recentrage de l'activité de CFI sur sa mission de banque de programmes,
rend les deux entreprises complémentaires. La concurrence entre les deux
acteurs perdure en Afrique, où CFI dispose d'une chaîne
spécifique, CFI Chaîne, dont l'existence se justifie par le
fossé existant entre la demande et l'offre télévisuelle en
Afrique francophone. CFI Chaîne utilise les programmes de sa propre
banque, ce qui permet une meilleure utilisation des fonds publics. La refonte
des grilles de programmes a privilégié une programmation
complémentaire entre les deux chaînes, ce qui a
entraîné une forte croissance de l'audience de CFI.
TV5 a accru la place de l'information dans la grille et sa capacité
à couvrir l'information internationale 24 heures sur 24. Le
développement de la politique de sous-titrage permettra d'élargir
l'audience de la chaîne à un public francophile. La politique de
différenciation du contenu des programmes et des horaires de diffusion
selon les zones géographiques est également amplifiée.
Ainsi, les nouvelles grilles de programmes prévoient pour chacun des
signaux, la multidiffusion quotidienne (5 passages) d'une oeuvre de fiction,
permettant une croissance importante de l'audience pour un coût moindre.
Cette orientation stratégique est rendue possible par le
développement des technologies de diffusion numériques. La mise
en place d'un serveur numérique permettant d'envoyer cinq programmes
distincts dans le monde représente une économie de 25 millions de
francs par rapport à l'installation d'une régie analogique, et
une économie de fonctionnement de 5 millions de francs en
année pleine, liée à la disparition des frais de copie de
cassettes. Cette innovation permettra la poursuite de la régionalisation
des signaux, avec le découplement du signal Europe entre l'Europe
francophone et le reste du continent, entraînant l'amélioration
des programmes diffusés sur l'Europe, car de nombreux produits
récents sont indisponibles sur la zone francophone, qui constitue leur
marché principal.
TV5 effectue un effort de marketing important afin de rajeunir son image et
d'assurer une meilleure cohérence entre la programmation et les attentes
des différents publics. Le regroupement de CFI et de TV5 a permis de
dégager des synergies et des économies d'échelles pour le
marketing des produits à l'étranger.
L'introduction de la publicité en 1999 vise à moderniser et
dynamiser l'image de TV5, à offrir une visibilité à la
créativité francophone s'exprimant dans les messages
publicitaires, et à accroître les revenus de la chaîne par
une nouvelle source de financements. Ces ressources supplémentaires ne
pourront cependant représenter qu'un revenu marginal pour l'entreprise,
avec un objectif de 6 millions de francs en 1999 et de 12 millions pour 2000.
La réforme de TV5, seule télévision francophone
opérant sur le marché international, obtient des résultats
positifs, avec une extension de la diffusion des programmes et une croissance
importante de l'audience. Le repositionnement de TV5 renforce son
identité propre, qui est indispensable dans un marché où
le développement des technologies numériques provoque un
développement rapide du nombre de chaînes. Dans ce contexte
d'évolutions technologiques rapides, le développement des
collaborations avec les autres acteurs français de la politique
audiovisuelle de la France à l'étranger est poursuivi, notamment
avec Unifrance, en charge de la promotion du cinéma français
à l'étranger, et avec Radio France Internationale.
F. LES DEFIS DE L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ETRANGER
L'enseignement français à l'étranger est
un
élément essentiel du rayonnement de la France dans le monde. Les
268 établissements du réseau de l'Association pour l'Enseignement
du Français à l'Etranger (AEFE) recensés à la
rentrée 1998/99 ont scolarisé 67.128 élèves
français et 92.866 élèves étrangers. Ce
réseau éducatif contribue à la vitalité de la
francophonie et est une condition du renforcement de la présence
économique française à l'étranger.
L'effort d'investissement pour la rénovation et l'entretien des locaux
est pris en charge par l'Etat pour les établissements en gestion
directe. La dotation correspondante marque la volonté de l'Etat de
rénover le parc immobilier des établissements éducatifs,
puisqu'elle s'élève à 58 millions de francs en
crédits de paiement pour 2000, soit un doublement par rapport à
1999.
Votre rapporteur souligne depuis plusieurs années le mauvais
état de certains lycées français à
l'étranger, et ne peut que se féliciter de cette augmentation
.
Les crédits de paiement destinés à la " construction,
la réhabilitation et l'entretien des établissements appartenant
à l'Etat " pour 2000 seront en grande partie consacrés
à l'extension du lycée français de Milan et à la
construction du lycée français de Francfort. Les travaux afin de
mettre aux normes de sécurité le lycée français de
Bangkok seront également poursuivis. La forte croissance des
autorisations de programme est due à de nombreux projets, notamment
l'aménagement du lycée français de Moscou, la construction
d'un lycée français au Caire, l'extension du lycée
français de Tokyo et de Rome. La reprise des investissements en faveur
des lycées français à l'étranger est liée
aux moindre besoins de construction d'ambassades, qui permet de dégager
de nouvelles ressources.
Pour les établissements simplement conventionnés avec l'AEFE, le
coût des investissements reste pour l'essentiel à la charge des
comités locaux de gestion. Ce mode de financement est structurellement
inadapté, car il aboutit à faire décider et supporter des
dépenses lourdes engageant l'avenir par des parents
d'élèves présents dans le pays pour des durées
limitées. Il en résulte parfois des situations de blocage, des
opérations urgentes se trouvant indéfiniment repoussées.
Les contributions des grandes entreprises françaises, qui ont un
intérêt permanent au développement d'établissements
d'enseignement de qualité pour l'accueil des enfants de leur personnel
expatrié, pourraient être développées.
La hausse constante des droits d'écolage
est en partie une
conséquence du mode de financement des investissements. Ces droits
peuvent atteindre 30.000 à 40.000 francs par an dans certains
établissements. Il en résulte une sélection par l'argent
des élites locales désireuses de scolariser leurs enfants dans
les établissements français, ainsi que l'exclusion des familles
d'expatriés qui ne disposent pas du soutien d'une grande entreprise.
En compensation de la hausse régulière des droits
d'écolage, une mise à niveau des bourses a été
engagée. L'augmentation de la dotation de 15 millions de francs en
2000 permet une hausse de 47 millions de francs au cours des trois
dernières années, soit 25 % de la dotation des bourses (les
crédits sont passés de 185 millions de francs en 1997
à 232 millions en 2000). Le nombre de bourses distribuée
passe de 18.000 à 17.500 en 2000. Les dotations en faveur du programme
de bourses d'excellence " Eiffel " sont également
dotées de 35 millions de francs, et la subvention accordée
à Edufrance est augmentée de 5 millions de francs.
G. LA NECESSAIRE MAITRISE DES DEPENSES IMMOBILIERES
Le
ministère des affaires étrangères dispose d'un patrimoine
exceptionnel. Outre les sites parisiens, les 288 services à
l'étranger constituent un parc immobilier particulièrement vaste,
dont les contours exacts restent d'ailleurs assez mal connus. Il importe
premièrement de recenser l'existant, en y consacrant les moyens humains
et informatiques nécessaires.
Des opérations immobilières récentes n'obéissent
pas à une stricte rationalité fonctionnelle, mais à une
volonté politique de marquer symboliquement la continuité de la
présence de la France. Tel est le cas de la résidence des Pins
à Beyrouth, d'un coût de 60,6 millions de francs, ou de
l'ambassade à Berlin pour 390 millions de francs. La prise de
décision dans le cadre du comité interministériel des
moyens de l'Etat à l'étranger (CIMEE) et la programmation
pluriannuelle des travaux arrêtée par le comité de
politique immobilière présente cependant l'avantage de faire
trancher les décisions importantes directement par les ministres.
Votre rapporteur a également pu constater à Berlin le soin
particulier porté par le ministère à la maîtrise des
coûts de construction, malgré un dépassement
considérable de l'enveloppe financière initialement fixée.
La présence sur place d'une équipe permanente chargée de
superviser l'ensemble des travaux depuis l'origine du projet jusqu'à son
achèvement constitue un dispositif performant. Cette équipe met
en oeuvre les instructions du ministère dans la conduite des
négociations avec les pouvoirs publics locaux et l'architecte, et
coordonne le rôle des différents services selon les arbitrages
décidés par l'ambassadeur.
Votre rapporteur se félicite
de la poursuite de la rénovation de la politique immobilière du
ministère, qui permet une plus grande efficacité des processus de
décision.
Le réseau du ministère à l'étranger est
arrivé à maturité et ne nécessite plus que des
opérations d'entretien et de rénovation, en dehors du transfert
de l'ambassade de France en Allemagne à Berlin, et de la construction
d'une ambassade à Abouja et du campus diplomatique à
Pékin. Ces deux derniers projets sont actuellement peu avancés,
en raison d'un désaccord avec l'Union européenne sur
l'organisation de l'ambassade commune à Abuja, et de problèmes
d'alimentation du campus diplomatique de Pékin en eau, gaz et
électricité.
H. LES AJUSTEMENTS DU RESEAU CONSULAIRE A L'ETRANGER
Les
consulats français en Algérie ont fait l'objet d'un renforcement
des moyens en 1999 du fait de l'amélioration des conditions de
sécurité dans le pays. Le consulat d'Annaba, fermé depuis
1994 pour des questions de sécurité, sera réouvert dans le
courant de l'année 2000, après d'importants travaux visant
à améliorer l'accueil et la sécurité dans les
locaux. Le consulat d'Oran devrait également être réouvert
dès lors que des locaux adaptés pourront être
trouvés. D'importants travaux ont également été
effectués au consulat d'Alger pour assurer la délivrance des
visas dans de bonnes conditions, avec la construction de douze nouveaux
guichets et l'affectation de sept nouveaux agents.
Votre rapporteur se
félicite de l'effort fait par la France pour améliorer ses
relations avec l'Algérie, ainsi que les conditions de délivrance
des visas dans ce pays
.
Cependant, votre rapporteur comprend difficilement les critères qui
président à la fermeture de certains consulats
. Ainsi, le
consulat de Leipzig a été fermé, alors qu'il s'agit de
notre installation la plus récente en Allemagne, et qu'il constitue
l'unique consulat français dans les nouveaux " Länder "
allemands. De même, votre rapporteur s'était étonné
de la fermeture de notre chancellerie détachée de Calcutta,
où sont implantées beaucoup d'entreprises françaises, et
où les besoins d'assistance aux Français sont importants. Une
solution est désormais envisagée pour maintenir un poste à
Calcutta en collaboration avec l'Allemagne.
La réduction du nombre de
postes consulaires apparaît nécessaire, notamment en Europe, mais
votre rapporteur comprend mal les critères qui président à
la fermeture des postes, en particulier dans les pays asiatiques où
notre présence doit être maintenue et
développée.
II - COOPÉRATION
Rapporteur
spécial : M. Michel CHARASSE
La
réforme de la coopération annoncée par le Gouvernement le
4 février 1998 a fait du ministère des affaires
étrangères et du ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie les deux piliers du dispositif administratif de
l'aide publique au développement française : deux pôles ont
donc été affirmés, le pôle diplomatique et le
pôle financier.
Le pôle diplomatique résulte de la mise en oeuvre du regroupement
des services du ministère des affaires étrangères et de
l'ancien secrétariat d'Etat à la coopération. Le projet de
loi de finances pour 1999 tirait les premières conséquences de
cette réforme en organisant la fusion des lignes budgétaires.
Depuis le 1er janvier 1999, sont donc acquis :
- la fusion complète des administrations centrales : direction du
développement (de l'ancien secrétariat d'Etat) et direction
générale des relations culturelles, scientifiques et techniques
(du ministère des affaires étrangères) ;
- la transformation des missions de coopération et d'action culturelle
en services de coopération et d'action culturelle intégrés
au sein des ambassades ;
- la présentation dans le budget unique du ministère des affaires
étrangères de l'ensemble des crédits du ministère
des affaires étrangères et de l'ancien secrétariat d'Etat
à la coopération.
Pour la première fois, le projet de loi de finances pour 2000 ne permet
donc plus d'avoir une vue globale du dispositif français de
coopération : il n'y a plus de lignes budgétaires pour le
fonctionnement mais seulement pour les moyens d'intervention.
Ceci ne pose guère de problème s'agissant de l'administration
centrale, la direction générale de la coopération
internationale et du développement (DGCID) concentrant les moyens
d'animation du ministère des affaires étrangères en la
matière. En revanche, la question se pose pour l'ancien réseau
à l'étranger de la Coopération : les nouveaux services de
coopération et d'action culturelle, les anciens centres
médico-sociaux, les missions militaires de coopération, les
coopérants techniques. Il est particulièrement difficile cette
année d'établir une comparaison exacte des nouveaux moyens mis en
oeuvre, et de chercher à apprécier s'ils sont suffisants,
particulièrement dans les nouveaux pays de la zone de solidarité
prioritaire (ZSP).
Cette note cherchera donc à identifier les réels moyens d'action
de la coopération française au titre du ministère des
affaires étrangères, et à formuler les principales
observations qu'il est possible d'en tirer.
I. LES CRÉDITS DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
A. LES CONSÉQUENCES DE LA RÉFORME DE LA COOPÉRATION
1. L'extension de la zone géographique
L'objectif affiché de la réforme de la
coopération étant de renforcer la cohérence des actions de
coopération et d'aide au développement de la France, elle a
donné lieu à une restructuration administrative du dispositif de
coopération qui s'est manifestée par la fusion du
secrétariat d'Etat à la coopération au sein du
ministère des affaires étrangères. Par voie de
conséquence, les anciennes missions de coopération et d'action
culturelle sont devenues de simples services des ambassades concernées.
Par ailleurs, le champ du secrétariat d'Etat a disparu. La ZSP concentre
désormais l'aide publique bilatérale au développement
française. Elle rassemble 60 Etats souverains et les Territoires
palestiniens et manifeste ainsi le souhait de la France de faire preuve
à la fois de fidélité à l'égard des anciens
pays du champ mais aussi d'ouverture vers d'autres pays.
Le premier Comité interministériel de la coopération et du
développement (Cicid) s'est tenu en février 1999. Il a pris acte
de l'élargissement du champ à de nouveaux pays :
Zone de solidarité prioritaire en 1999
Anciens pays du champ |
Extension en 1999 |
|||
|
Bénin |
1978 |
Djibouti |
Liban |
|
Burkina-Faso |
1980 |
Guinée Equat ale |
Palestine |
|
Cameroun |
|
Gambie |
Afrique du Sud |
|
Centrafrique |
|
Saint Lucie |
Algérie |
|
Congo |
|
Grenade |
RD Congo |
|
Côte d'Ivoire |
1983 |
Dominique |
Erythrée |
1959 |
Gabon |
|
Saint-Vincent |
Ethiopie |
|
Madagascar |
|
St Kittes et Neviez |
Ghana |
|
Mali |
1984 |
Guinée Conakry |
Guinée |
|
Mauritanie |
1985 |
Angola |
Kenya |
|
Niger |
|
Mozambique |
Libéria |
|
Sénégal |
1990 |
Namibie |
Maroc |
|
Tchad |
1993 |
Cambodge |
Ouganda |
|
Togo |
|
|
Sierra Léone |
|
Zaïre |
|
|
Tanzanie |
1964 |
Rwanda |
|
|
Tunisie |
|
Burundi |
|
|
Zimbabwe |
1971 |
Maurice |
|
|
Laos |
1973 |
Haïti |
|
|
Vietnam |
1975 |
Comores |
|
|
Cuba |
|
Cap Vert |
|
|
République dom caine |
1976 |
Guinée Bissao |
|
|
Petites Antilles |
|
Sao Tomé |
|
|
Surinam |
|
Seychelles |
|
|
Vanuatu |
Cette extension s'est faite sans augmentation des moyens d'intervention et donne donc lieu à des réaffectations de ressources budgétaires qui ne se font pas encore sentir avec toute leur rigueur dans les pays de l'ancien champ, suite aux délais de mise en place des circuits de financement dans les nouveaux entrants de la ZSP.
2. Les mouvements de personnel
S'il
n'est plus possible d'établir un tableau récapitulatif des
personnels relevant de la coopération, il reste permis de s'interroger
sur l'état d'avancement de la fusion des corps et sur la
répartition géographique des effectifs.
1°) La réorganisation de l'administration centrale semble avoir
produit les économies attendues.
La création de la DGCID
d'une part, et l'intégration de la direction de l'administration
générale de la coopération au sein de la direction
générale de l'administration d'autre part, permettent
d'identifier les
premiers effets de synergie, que l'on peut estimer à
une centaine d'agents redéployés
.
En termes d'intégration, les agents des services de la
coopération ont rejoint, dans leur grande majorité, les services
homologues du Département. Ainsi, un grand nombre des agents de la
direction du développement de la coopération a été
affecté à la DGCID.
De même, la fusion de la direction de l'administration
générale et de la direction générale de
l'administration s'est traduite par une économie de 37 emplois
redéployés vers d'autres services du Département.
Il devrait résulter de la mise en oeuvre définitive de
l'organigramme de la direction générale de l'administration des
gains supplémentaires qui sont déjà identifiés,
mais ne pourront être quantifiés qu'au fur et à mesure des
réaffectations au Département. En effet, compte tenu du
dispositif réglementaire préparé permettant
d'intégrer les personnels de la coopération à compter du
1
er
janvier prochain, la sous-direction de l'administration des
personnels de la coopération devrait disparaître en 2000, marquant
le début de l'unification de la gestion de l'ensemble des personnels du
Département et d'une " approche globale et harmonisée "
en matière de recrutement et de déroulement des carrières.
Economies de personnel tirées de la réforme de l'administration centrale
Mise en place de la DGCID |
50 agents |
Fusion de la DAG et de la DGA |
37 agents |
Future disparition de la sous-direction des personnels de la coopération |
13 agents |
Total |
100 agents redéployés |
La
réforme se traduit donc par des économies de personnel en
administration, conséquence logique des économies
d'échelle réalisées.
2°)
S'agissant du
rapprochement des statuts des agents du
ministère des affaires étrangères et du ministère
de la coopération
, il convient de rappeler que l'intégration
des personnels de la coopération dans les corps homologues du
Département à la suite de la fusion des deux administrations
s'est accompagnée d'une réflexion approfondie, menée avec
la fonction publique et le budget, sur le regroupement des personnels de
centrale et de ceux de chancellerie et une réforme de chaque corps.
L'objectif de cette modernisation des corps et des statuts des personnels du
Département est " de répondre aux exigences de
professionnalisation des carrières, de pluralité des fonctions
diplomatiques et administratives des agents et de souplesse dans l'organisation
et la gestion des statuts ".
Pour les agents de catégorie A, cette réforme semble aujourd'hui
en voie d'achèvement et le projet de loi de finances pour 2000 en tire
toutes les conséquences financières.
Rapprochement des statuts des personnels de catégorie A
Ancien corps |
Futur corps |
Administrateurs civils de la coopération |
Intégration dans le futur corps des conseillers des affaires étrangères avec les anciens conseillers et secrétaires des affaires étrangères |
Attachés d'administration centrale de la
coopération
|
Intégration dans le futur corps des secrétaires des affaires étrangères avec les anciens secrétaires adjoints et attachés d'administration centrale des affaires étrangères |
Dans la
même perspective de modernisation de l'ensemble des corps du
Département, la démarche applicable aux corps des
catégories B d'une part, et C d'autre part, demeure à
l'étude. Au-delà de l'intégration des agents de la
coopération dans les corps homothétiques des affaires
étrangères, deux options restent à explorer :
- une réforme similaire à celle du nouveau corps des
secrétaires des affaires étrangères ;
- une voie intermédiaire pérennisant les corps actuels pour les
agents en fonction et proposant un nouveau corps unique pour les agents
intéressés et pour ceux qui rejoindraient à l'avenir le
ministère.
De même, le rapprochement des situations contractuelles est
également à l'étude et l'harmonisation des régimes
de rémunération des personnels contractuels de la
coopération avec ceux des affaires étrangères en service
à l'étranger devront se traduire par l'abrogation et la
modification des textes correspondants. Il faut espérer que le
rapprochement aura pour conséquence de mettre fin à
l'écart injustifiable de rémunération entre
recrutés locaux relevant de l'ancien secrétariat d'Etat à
la coopération et ministère des affaires
étrangères : dans un même pays, l'écart moyen
entre les deux était de 20% (en moyenne 2.777 F par mois pour les
missions diplomatiques et 2.243 F pour les missions de coopération).
3°) L'extension de la ZSP aurait dû avoir pour conséquence
une augmentation des moyens en personnel dans les services de
coopération et d'action culturelle de ces pays. Il n'en est rien.
On constate seulement la création de trois postes de conseillers de
coopération et d'action culturelle (Cuba - par transformation du poste
d'attaché de coopération et d'action culturelle - , Ouganda et
Tanzanie), la création d'un poste d'attaché de coopération
décentralisée au Viêt-nam, la transformation d'un poste de
secrétaire général en poste d'attaché de
coopération en Afrique du Sud et d'un poste de chargé de mission
en poste d'attaché de coopération en Tunisie. Par ailleurs a
été réactivé un poste de directeur adjoint du
centre culturel d'Alger.
Au total, l'extension de la ZSP à 21
nouveaux pays s'est traduite par la création de 4 emplois pour nos
postes dans ces Etats
.
Etat des personnels de coopération dans les nouveaux pays de la ZSP
Pays |
Nombre d'agents antérieurs à la ZSP |
Nombre d'agents affectés depuis la définition de la ZSP |
Afrique du Sud |
16 |
- |
Algérie |
5 |
1 |
Cambodge |
9 |
- |
Cuba |
3 |
- |
République dom caine |
8 |
- |
Erythrée |
1 |
- |
Ethiopie |
6 |
- |
Gambie |
1 |
- |
Ghana |
7 |
- |
Jérusalem |
7 |
- |
Kenya |
7 |
- |
Liban |
23 |
- |
Liberia |
0 |
- |
Maroc |
41 |
- |
Ouganda |
2 |
1 |
Sierra Leone |
0 |
- |
Surinam |
0 |
- |
Tanzanie |
1 |
1 |
Tunisie |
23 |
- |
Vanuatu |
3 |
- |
Vietnam |
13 |
1 |
Total |
176 |
+ 4 |
Dans le même temps, les effectifs de l'administration centrale du ministère devraient bénéficier de l'apport de plus de 190 agents : la centaine d'agents redéployés en provenance de l'ancienne administration centrale de la coopération, auxquels s'ajouteront 92 emplois budgétaires qui seront effectivement pourvus. Même si le ministère a d'autres priorités (par exemple dans le réseau consulaire), il aurait peut-être été possible de faire un effort vis à vis des nouveaux entrants dans la ZSP.
B. DISPARITION DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT ET RÉDUCTION DES MOYENS D'INTERVENTION
Les
crédits de la structure " Coopération " isolée
au sein du Ministère des Affaires étrangères sont en
baisse de 4,3 % en moyens de paiement (DO + CP des titres IV et VI)
1(
*
)
, en passant de 5,135 milliards de francs (LFI 1999)
à 4,915 milliards (PLF 2000).
Les autorisations de programme demandées sont constantes et
s'élèvent à 2,313 milliards de francs.
Cette diminution provient de :
• la poursuite de la baisse de l'assistance technique, soit
- 174 millions de francs ;
• la baisse de la coopération militaire et de défense
(- 25,7 millions de francs) ;
• la baisse des concours financiers (- 105 millions de
francs) ;
• la baisse des crédits affectés au transport et
dépenses diverses de l'aide humanitaire (- 10 millions de francs) ;
• la baisse des crédits de paiement de l'ancien FAC devenu Fonds
de solidarité prioritaire ( - 96 millions de francs) ;
En revanche, les dons-projets délégués à l'AFD
(ancien article 40 du FAC) augmentent en crédits de paiement de 196
millions de francs soit 27 % de hausse.
1. Présentation des lignes budgétaires identifiables
a) Analyse du titre IV
Les dépenses ordinaires inscrites au titre IV et qui pourraient relever de la structure coopération s'élèvent dans le projet de loi de finances pour 2000 à trois milliards de francs en baisse de 9,4 % par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale 1999.
Chapitres du titre IV affectés à la
coopération internationale
(millions de francs)
|
Crédits votés en 1999 |
Mesures acquises pour 2000 |
Mesures nouvelles 2000 |
Total pour 2000 |
Concours financiers (41-43) |
265 |
|
- 105 |
160 |
Coopération technique au développement (41-12) |
1.887,1 |
- 1 |
- 174,4 |
1.711,7 |
Appui à des initiatives privées ou décentralisées |
221,8 |
- 2,2 |
- 0,3 |
219,3 |
Transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire (42-26) |
105 |
|
- 10 |
95 |
Coopération militaire et de défense |
780,5 |
|
-25,7 |
754,8 |
Fonds d'urgence humanitaire (sur le chapitre 42-37 Autres interventions internationales) |
57,1 |
|
+ 6 |
63,1 |
Total |
3.316,5 |
- 3,2 |
- 309,4 |
3.003,9
|
Il
convient de noter que le titre IV (affaires étrangères hors
coopération classique) présente une très forte
augmentation de la coopération culturelle et scientifique pour un
montant total de 111 millions de francs supplémentaires, soit 14
millions pour le personnel de coopération, 50 millions de francs pour
les bourses, 46,5 millions de francs pour l'appui aux organismes concourant
à la coopération culturelle et scientifique et 3,5 millions de
francs pour la recherche et les échanges. Soulignons cependant que ces
actions ne sont pas spécifiques à la ZSP et
bénéficient à l'ensemble des pays avec lesquels la France
entretient des relations dans ces domaines.
S'agissant des
concours financiers
, leur régression tient en
partie à des redéploiements, en partie à la volonté
de diminuer les reports de crédits sur cette ligne (qui
s'élèvent à plus de 1,13 milliard de francs), et,
principalement, à la volonté de la France de faire transiter le
maximum de ses aides à l'ajustement structurel par la voie des
institutions de Bretton-Woods. Il convient de remarquer que l'aide
budgétaire ne limite pas ses interventions à la ZSP puisque, en
1999, 45 millions de francs ont été prélevés pour
la Macédoine.
En 1999 et dans la programmation prévue pour
2000 aucune ligne n'est prévue pour les nouveaux pays de la ZSP.
Les crédits de l'
assistance technique
connaissent une baisse de
plus de 9,2 %. Cette diminution recouvre en réalité deux
mouvements.
• d'une part près de 90 millions de francs sont
transférés sur le chapitre coopération culturelle et
scientifique ; ils correspondent à des actions
sur-dimensionnées lors de l'élaboration de la loi de finances
pour 1999 qui était le premier exercice de la réforme ;
• d'autre part, 85 millions de francs correspondent à une
diminution des crédits. Le ministère a décidé de
passer de la comptabilisation d'emplois d'assistants à celle de
crédits de rémunération permettant ainsi une plus grande
souplesse d'utilisation.
La baisse de 10 millions de francs des crédits consacrés au
transport de l'aide alimentaire
résulte de la réforme,
après intervention de la Cour des comptes, du mode de passation des
marchés. Désormais un seul appel d'offres sera lancé
conjointement avec le ministère de l'agriculture (chargé de
l'achat des denrées). Ce système devrait permettre, outre ces
économies, de mieux contrôler la qualité de la nourriture
livrée.
La diminution des crédits alloués à la
coopération militaire et de défense
de plus de 25 millions
de francs cache en réalité une diminution plus importante
s'agissant des pays de la ZSP puisque les effectifs dans ces Etats devraient
diminuer de 21 alors que les pays hors ZSP verront les effectifs
français stationnés chez eux augmenter de 18. Il s'agit donc
également d'un certain redéploiement en personnel de notre
coopération militaire.
Ce redéploiement est également financier puisque l'article
d'appui aux missions de coopération militaire est supprimé pour
un montant de plus de 19 millions de francs, dont une partie (16 millions de
francs) est transférée sur le titre III en faveur de
l'administration centrale de la Direction militaire et de défense au
titre des frais de représentation :
Mesures nouvelles sur le chapitre 42-29
Coopération
militaire et de défense
(en millions de francs)
Aide en personnel |
- 15,8 |
Formation des stagiaires étrangers |
+ 6 |
Appui aux missions de coopération militaire (article supprimé) |
- 19 |
Aide en matériel et infrastructures |
+ 3,1 |
Total |
- 25,7 |
b) Analyse du titre VI
Le titre VI montre que si les autorisations de programme se maintiennent à un niveau constant (2,313 milliards de francs), les crédits de paiement augmentent (de 96 millions de francs) mais que leur répartition se fait au bénéfice de l'AFD et au détriment de l'ancien Fonds d'aide et de coopération.
Chapitres du titre VI affectés à la
coopération internationale
(millions de francs)
Intitulé du chapitre |
AP en 1999 |
AP demandées pour 2000 |
CP en 1999 |
Services votés 2000 |
Mesures nouvelles 2000 |
Total pour 2000 |
Action extérieure et aide au développement, subventions d'investissement (68-80) |
13 |
13 |
17 |
6 |
11 |
17 |
Fonds de solidarité prioritaire (nouvel intitulé) (68-91) |
2.300 |
1.300 |
1.068 |
672 |
300 |
972 |
dont Premier ministre |
50 |
50 |
50 |
50 |
50 |
50 |
Ancien FAC devenu FSD |
1.250 |
1.250 |
1.018 |
672 |
250 |
922 |
Dons destinés à financer des projets mis en oeuvre par l'AFD (nouveau chapitre 68-93) |
- |
1.000 |
- |
772 |
150 |
922 |
Anciens dons destinés à financer des projets dans les pays les plus pauvres |
1.000 |
- |
726 |
- |
- |
- |
Total ancien 68-91 |
2.300 |
2.300 |
1.794 |
1.444 |
450 |
1.894 |
Total |
2.313 |
2.313 |
1.811 |
1.450 |
461 |
1.911 |
Il y
aura ainsi un double mouvement sur le titre VI :
• les transferts à l'AFD sont désormais mieux isolés
(chapitre budgétaire au lieu d'un article au sein d'un chapitre) tandis
que le FAC change de nom pour devenir Fonds de solidarité
prioritaire ;
• les crédits de paiement des dons pour l'AFD augmentent (196
millions de francs supplémentaires) tandis que ceux de l'ancien FAC
diminuent (96 millions de francs en moins).
On peut donc se demander si ce mouvement ne constitue pas une sorte de
reconnaissance de la plus grande efficacité de l'AFD pour se mettre en
place dans les nouveaux pays de la ZSP en comparaison aux structures mettant en
oeuvre l'ancien FAC. Cette évolution laisse pendant le problème
de la réintégration des AP libérées par l'abandon
d'un projet décidé par l'AFD (alors que le FAC
récupère les AP correspondantes). De plus, le transfert de 75
millions de francs du FAC à l'AFD au titre de ses nouvelles
compétences (éducation et infrastructures de santé) pose
la question du contrôle effectué sur ces sommes.
c) Analyse de l'agrégat 03 " Coopération et interventions internationales "
Il est
impossible d'établir une comparaison exacte entre l'ancien
agrégat 03 du secrétariat d'Etat à la coopération
et l'actuel agrégat 03 du ministère des affaires
étrangères. En revanche, plusieurs rapprochements peuvent
illustrer l'évolution à la baisse des moyens d'intervention
relevant de l'ancienne coopération.
Globalement, l'agrégat 03 Coopération et interventions
internationales voit sa part dans le budget des affaires
étrangères passer de près de 60% pour le budget 1999
à 50 % dans celui pour 2000.
Agrégat 03 " Coopération et interventions
internationales "
du ministère des affaires
étrangères
(En millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution |
Coopération culturelle, scientifique et technique |
1.721,7 |
1.829,9 |
+ 107,2 soit + 6,2 % |
Coopération technique au développement |
4.455,6 |
4.171,8 |
- 283,8 soit - 6,37 % |
Action audiovisuelle extérieure |
1.039,7 |
1.065 |
+ 25,3 soit + 2,4 % |
Contributions obligatoires et volontaires |
2.589 |
2.569,1 |
- 19,9 soit - 7,7% |
Coopération militaire et de défense |
780,5 |
754,8 |
- 25,7 soit - 3,3 % |
Appui à des initiatives privées et décentralisées |
221,9 |
219,3 |
- 2,6 soit - 1,2 % |
Autres interventions |
100,7 |
94,4 |
- 6,3 soit - 6,25 % |
Total |
10.909,1 |
10.704,3 |
- 204,8 soit - 1,9 % |
On
observe ainsi que tous les composantes " coopération " de cet
agrégat connaissent une diminution des crédits qui
s'élève globalement à -5,7 %:
coopération technique au développement, coopération
militaire et de défense, appui à des initiatives privées
et décentralisées, autres interventions (qui comprend notamment
les aides aux ONG). Dans le même temps, les composantes affaires
étrangères de cet agrégat augmentent, en moyenne de
2,1 % : coopération culturelle scientifique et technique,
action audiovisuelle extérieure, même si les contributions
obligatoires et volontaires régressent.
Les priorités du ministère des affaires
étrangères apparaissent donc très nettement dans ce
tableau : l'audiovisuel et la coopération culturelle (c'est
à dire les bourses principalement) au détriment des anciennes
formes d'aide directe au développement.
2. Principales évolutions par rapport à 1999
a) Les importants transferts sur les dépenses ordinaires...
Le titre
III (moyens des services) n'identifie plus aucune ligne pour la
coopération puisque celle-ci n'existe plus en tant que telle. L'examen
des crédits inscrits permet cependant de se rendre compte à la
fois des transferts dont bénéficie le titre III sur des
crédits relevant du titre IV auparavant et des économies faites
grâce aux restructurations de services.
24 millions de francs provenant d'anciennes interventions du titre IV
" coopération " abonderont en 2000 le titre III. Ces mesures
concernent :
Mesures de transfert du titre IV vers le titre III
(en millions de francs)
Nom de la mesure nouvelle |
Montant |
Crédits pour la rémunération de collaborateurs susceptibles d'être sollicités par la DGCID |
0,6 |
Moyens de fonctionnement de la Direction de la coopération militaire et de défense |
16,3 |
Crédits destinés aux publications de la DGCID |
2,2 |
Moyens de fonctionnement des centres culturels franco-africains |
4,9 |
Total |
24 |
Ces
réajustement peuvent paraître le plus souvent légitimes.
Cependant, ils ont pour conséquence de réduire le volume des
interventions titre IV, tout en augmentant les moyens du ministère des
affaires étrangères.
Par ailleurs, s'agissant des restructurations de services, 15 millions de
francs ont été économisés sur l'enveloppe
globalisée de fonctionnement des postes grâce au nouveau mode de
gestion et à l'intégration des missions de coopération et
d'action culturelle dans les ambassades (chapitre 34-98).
De plus, des économies en personnel ont été
effectués, d'une part sur le nombre d'agents permettant des
redéploiements dans l'administration centrale du ministère,
d'autre part sur la masse des traitements puisque l'intégration des
corps a permis d'économiser déjà près de 10
millions de francs.
Economies tirées des transformations d'emplois
(en millions de francs)
Nom de la mesure |
Montant |
Transformation d'emplois de chefs de mission (mesure 008) |
- 1,8 |
Transformation d'emplois d'administrateurs civils (mesure 009) |
+ 2,2 |
Transformation d'emplois des services culturels (mesure 012) |
- 0,7 |
Transformation d'emplois des services de coopération et des centres médico-sociaux (mesure 013) |
- 7,9 |
Réorganisation des établissements culturels |
- 1,7 |
Total |
- 9,9 |
Au total, la réforme de la coopération permet donc des économies de fonctionnement. Celles-ci cependant ne servent pas à financer des redéploiements dans les nouveaux pays de la ZSP ou à accroître certains moyens d'intervention. Elles participent à l'augmentation générales des moyens des services du quai d'Orsay qui progressent de plus de 122 millions de francs.
b) ... accentuent la réduction des moyens d'intervention
Le titre IV du ministère des affaires étrangères diminue de plus de 194 millions de francs. Or, les lignes concernant la coopération sur le titre IV diminuent, elles, de 312,7 millions de francs. Les interventions " coopération " baissent donc pour permettre d'augmenter certaines dépenses d'intervention dans un contexte général de réduction du titre IV au profit du titre III. La coopération offre donc au ministère un volant d'action pour augmenter ses moyens de fonctionnement sans réduire ses moyens d'intervention, voire en revalorisant certains d'entre eux.
Ainsi, les
318,7 millions de francs d'économies sur le titre IV se
répartissent ainsi :
• 105 millions de francs justifiés par la diminution de
l'ajustement structurel au bénéfice des dons-projets (chapitre
41-43) ;
• 174,5 millions de francs au titre de l'assistance technique (chapitre
42-12) dont 85 millions correspondent à une réelle diminution;
• 10 millions de francs sur l'aide alimentaire en raison de la signature
à venir de la convention faisant de l'ONIC l'opérateur unique de
l'aide alimentaire programmée (chapitre 42-26) ;
• 25,7 millions de francs pour la coopération de défense
(chapitre 42-29) dont 16 sont un transfert vers le titre III ;
• 3,5 millions de francs sur l'appui à la coopération
décentralisée.
A l'inverse, les lignes coopération ne bénéficient
d'aucune progression des crédits, mise à part celle du Fonds
humanitaire d'urgence pour un montant de 6 millions de francs.
Enfin, l'apparente stabilisation des subventions publiques accordées sur titre VI cache mal une baisse très importante du volume des crédits de paiement dont bénéficiera l'ancien FAC devenu Fonds de solidarité prioritaire. Ceux-ci passent en effet de 1.018 millions de francs à 922 millions. Parallèlement, la direction du Trésor a obtenu que les dons transitant par l'AFD soient désormais isolés. Les crédits de paiement à ce titre ont d'ailleurs augmenté, s'élevant pour 2000 à 922 millions de francs contre 726 millions de francs en 1999.
*
Ce budget présente donc de fortes économies, les unes vertueuses (fruit de la réforme des services), les autres plus contestables (fruit de la contraction de 4,3 % des moyens d'intervention) qui viennent abonder le budget général des affaires étrangères. Il paraît donc légitime d'écrire que ce budget procède à des économies importantes sur les pays pauvres, qui servent à augmenter non pas, comme on aurait pu le penser, les crédits au Kosovo ou à l'humanitaire, mais les moyens du quai d'Orsay. Parallèlement, ces crédits d'interventions en baisse seront destinés à une zone considérablement accrue.
II. LES PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. L'ancienne coopération subit la rigueur permettant au budget des affaires étrangères de bénéficier d'un traitement plus favorable
1°)
La diminution de nos moyens d'intervention se fait au profit du budget des
affaires étrangères
L'analyse globale des grandes masses du budget des affaires
étrangères et de la structure " coopération "
montre que les économies réalisées sur cette
dernière permettent d'augmenter les moyens du quai d'Orsay et de
financer les investissements de l'Etat comme la construction des ambassades de
France à Berlin et Abuja, la réhabilitation du Palais
Farnèse, celle du lycée français de Milan ou des Instituts
français de Mexico et Tunis.
Comparaison des évolutions des budgets des affaires
étrangères et de la coopération
(en millions de
francs)
|
Variation totale du budget des affaires
étrangères
|
Variation " structure coopération "
|
Titre III |
+ 112 soit + 1,3 % |
n.d. |
Titre IV |
- 195 soit - 2 % |
- 312,6 soit - 9,4 % |
Titre V |
|
|
AP |
+ 197 soit + 70,1 % |
- 30 soit - 100 % |
CP |
+ 120 soit + 43,2 % |
- 27 soit - 100 % |
Titre VI |
|
|
AP |
- 3 soit - 0,1 % |
0 |
CP |
+ 96 soit + 5,3 % |
+ 96 |
Total DO + CP |
+ 133 |
- 243,6 |
Le
ministère des affaires étrangères ne peut en
réalité effectuer sa réforme, présenter un budget
en légère hausse et financer ses priorités (audiovisuel,
bourses) que grâce aux fortes économies en personnel
réalisées par l'intégration du ministère de la
coopération d'une part, par la baisse des moyens d'intervention de
l'ancienne structure " coopération " d'autre part.
La ZSP, elle, ne profite en rien de ces évolutions :
• les effectifs en place dans les nouveaux pays y sont en hausse
insignifiante (4 agents supplémentaires) par rapport aux nouvelles
tâches (dossiers de l'ancien FAC par exemple) ;
• les outils financiers de la réforme du point de vue du
ministère ne sont pas en oeuvre dans les nouveaux pays ;
• alors que dans le même temps les pays de l'ancien champ voient que
déjà les moyens d'intervention dont ils
bénéficiaient se réduisent.
2°) La coopération reste la première victime des mesures
de régulation budgétaire
.
Ainsi, en 1999, les crédits du FAC ont subi 352 millions de francs
d'annulation d'autorisations de programme et 132 millions de francs
d'annulation de crédits de paiement :
La régulation budgétaire en 1999 sur le chapitre 68-91
(en millions de francs)
|
Article 10 (FAC) |
Article 20
|
Article 40
|
AP |
|
|
|
Crédits ouverts en LFI |
1.250 |
50 |
1.000 |
Report de crédits de l'année antérieure |
19 |
5 |
0 |
Mouvements de crédits |
0 |
0 |
0 |
Annulation de crédits |
- 160 |
- 25 |
- 167 |
Total des crédits ouverts |
1.109 |
25 |
833 |
Réintégrations |
38 |
0 |
0 |
Affectations d'autorisation de programme |
344 |
0 |
300 |
Blocage de crédits |
0 |
0 |
0 |
AP disponibles pour affectation |
803 |
25 |
533 |
CP |
|
|
|
Crédits ouverts en LFI |
1.018 |
50 |
726 |
Report de crédits de l'année antérieure |
3 |
5 |
132 |
Mouvements de crédits |
0 |
0 |
0 |
Annulation de crédits |
- 32 |
- 25 |
- 25 |
Total des crédits ouverts |
990 |
25 |
833 |
Ces
mesures de régulation portant donc sur 15,3 % des AP ouvertes en loi de
finances ont pour origine principale les besoins en aide humanitaire pour le
Kosovo. Une partie de l'effort humanitaire de la France pour les Balkans a donc
pesé sur les pays du Tiers Monde.
Cette régulation s'est moins fait sentir s'agissant des crédits
de paiement puisque " seulement " 132 millions de francs (7,3 % des
CP ouverts par la LFI 1999) ont été touchés. Il ne faut
pas se réjouir de cette moindre diminution. Elle révèle
que l'écart entre les autorisations de programme et les crédits
de paiement ouverts en loi de finances impose des contraintes qui deviennent
insurmontables. Il était de 232 millions pour le FAC et de 274 millions
de francs pour l'AFD en loi de finances initiale pour 1999, ramenés
à respectivement 120 et 133 millions de francs après
régulation.
Le décalage entre autorisations de programme et crédits de
paiement commence à devenir vraiment délicat comme le montrent
certaines mesures :
• plus forte régulation sur les AP que sur les CP ;
• augmentation des reports de crédits d'une année sur
l'autre ;
• allongement des délais de vie des projets FAC pour atteindre en
moyenne 44 mois (même si d'autres raisons s'ajoutent aux
difficultés et lenteurs des décaissements).
Ainsi la France engage-t-elle de plus en plus sa parole tout en devant
allonger les délais de réalisation, voire revenir sur ses
décisions pour des raisons de régulation.
Pour la loi de finances 2000, il est à espérer qu'une future
régulation ne touche pas à nouveau à ces crédits de
paiement.
2. La réforme de la coopération tardant encore à se mettre véritablement en place, plus que jamais les moyens de l'action de la France dans le monde se situent hors du budget des affaires étrangères
1°) Les instruments de la réforme ne sont pas
encore
complètement utilisés.
Le comité directeur du Fonds d'aide et de coopération n'a par
exemple pas encore eu à connaître au 30 septembre 1999 d'aucun
dossier de financement d'un projet dans la Zone de solidarité
prioritaire.
Or les effets d'annonce ont été nombreux. Il n'est qu'à
prendre celle à l'automne 1998 d'accorder 15 millions de francs à
Cuba pour 1999. De plus, l'entrée dans la ZSP fut l'argument
invoqué auprès des autorités des pays
bénéficiaires pour justifier la fin des protocoles financiers du
Trésor (par exemple au Liban et dans les Territoires autonomes
palestiniens).
Il paraît évident qu'à la fin de 1999, même si
certains projets sont acceptés lors des derniers comités
directeurs du FAC (qui au 30 septembre 1999 n'aura décidé que 280
millions de francs de projets), aucun décaissement n'aura eu lieu dans
le nouveaux pays du champ. Ceci est à mettre sur le compte des
délais de formation des personnels locaux et sur les conséquences
de la réforme de la comptabilité du ministère des affaires
étrangères.
On ne sait si la situation s'améliorera rapidement puisque :
• les nouveaux pays de la ZSP n'ont pas été
particulièrement favorisés dans le projet de loi de finances pour
2000 du point de vue des effectifs : seulement 4 créations d'emploi
alors que les services de coopération et d'action culturelle auront
à assumer des tâches nouvelles importantes ;
• la réforme comptable n'est pas encore effective dans les pays
choisis pour l'expérimenter, qui se trouvent justement être des
nouveaux entrants. Ainsi, des projets prêts pour le Nigeria ne peuvent
être réalisés faute de mise en place des outils
adéquats à la paierie.
2°) L'aide de la France au développement pour 2000
dépasse le cadre du budget des affaires étrangères.
Au 13 octobre, il n'est pas possible d'établir précisément
les tableaux récapitulant l'aide française au
développement. Celle-ci ne se réduit bien sûr pas au
crédits de la structure " coopération " du
ministère des affaires étrangères, qui ne
représentaient, en 1998, que 10 % du total de l'effort fourni par
la France (3,5 milliards pour un total de 34,7 milliards).
Cette situation n'est pas nouvelle, comme l'illustre le tableau suivant,
retraçant la répartition ministérielle de l'APD
française respectivement en 1990 et en 1998 :
(en millions de francs)
|
1990 |
1998 |
Charges communes |
18 592 |
13 868 |
Ministère de la Coopération |
5 592 |
3 499 |
Ministère des Affaires étrangères |
3 278 |
3 019 |
Agence française de développement |
3 580 |
2 343 |
Ministère de la Recherche |
2 911 |
2 600 |
Ministère de l'Education nationale |
830 |
2 036 |
Autres ministères |
312 |
1 126 |
TOM |
3 350 |
4 813 |
Coûts administratifs |
733 |
1 420 |
TOTAL |
39 178 |
34 724 |
en % du PIB |
0,6 |
0,41 |
Si la
France n'échappe pas au désengagement général des
pays développés envers les pays les moins prospères, elle
reste néanmoins l'un des pays les plus généreux dans le
monde. En termes relatifs, la France
est le pays du G7 qui consacre la
plus importante part de sa richesse nationale à l'aide au
développement. En termes bruts, nos dépenses d'aide publique au
développement placent notre pays au deuxième rang mondial des
grands pays industrialisés donateurs, après le Japon, mais devant
les Etats-Unis et l'Allemagne.
A cela il faut ajouter la part de la France au financement du FED et les
efforts très importants qu'elle va consacrer au traitement de la dette
dans le cadre des initiatives du G7 et qui ne sont pas encore
évalués avec précision.
*
Les
crédits pour 2000 de la coopération sont donc globalement en
diminution, principalement par le biais d'une réduction massive de
l'assistance technique et des concours financiers. Il est permis de penser
qu'à la fin de l'année 2000 cette réduction sera encore
plus importante, le décalage croissant entre autorisations de programme
et crédit de paiement pour le Fonds de solidarité prioritaire
ouvrant des voies de plus en plus larges à des régulations
budgétaires qui deviennent à ce point habituelles qu'elles
fragilisent excessivement la nature et la portée de l'autorisation
budgétaire, transformée de plus en plus en
" affichage " sans lendemain.
Ces réductions de crédits sont en effet d'autant plus
difficiles à déceler que, restant au sein d'un même
ministère - les affaires étrangères - elles permettent
à celui-ci d'afficher une hausse globale de ses dotations. Pour 2000, le
budget du ministère des affaires étrangères
apparaîtra certainement comme un bon budget alors que celui de la
coopération serait apparu comme un très mauvais. Il s'agit d'un
habile paradoxe.
En définitive, il est permis de se demander si la réforme de la
coopération n'est pas devenu un subtil moyen de faire accepter par
l'opinion publique, par les intervenants de l'aide au développement et
par nos partenaires étrangers certaines évolutions de fond :
• les moyens consacrés par la France au développement sont
appelés à diminuer, faisant les frais d'autres priorités
gouvernementales. Il vaudrait mieux afficher plus clairement cette
orientation ;
• l'aide française se fondra progressivement dans un cadre de plus
en plus multilatéral, s'associant à d'autres bailleurs de fonds
pour cofinancer des projets d'une importance croissante ;
• ces cofinancements s'effectueront en accord (sous la
surveillance ?) avec les institutions de Bretton-Woods ;
• à l'inverse, le financement de projets adaptés à
des attentes ponctuelles et précises de certains pays, définis
par des " professionnels du développement ", est amené
à disparaître ;
• les pays traditionnellement bénéficiaires doivent partager
les sommes restantes avec de nouveaux pays où l'influence de la France
est moins importante mais qui présentent des besoins équivalents
ou bien une charge politique plus importante.
Pour 2000, ces évolutions sont à l'oeuvre dans le cadre du
ministère des affaires étrangères. Elles constituent
incontestablement des choix politiques des autorités chargées de
conduire la politique extérieure de la France.
AGRICULTURE ET PÊCHE
Rapporteur
spécial : M. Joël BOURDIN
I. LE BUDGET DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE EN 2000 : UN BUDGET NON-PRIORITAIRE
A. UN BUDGET EN DIMINUTION APPARENTE DE 13,5 %
Le
budget de l'agriculture et de la pêche
n'est pas
présenté comme prioritaire
par le gouvernement, qui
privilégie dans le budget général pour 2000 les
fascicules suivants : la justice, la sécurité publique, l'emploi
et la solidarité, l'éducation, l'environnement et
l'aménagement du territoire, la culture et l'audiovisuel public.
Atteignant
29 milliards de francs en 2000
, le budget de l'agriculture
et de la pêche
diminue de 13,5 %
par rapport à 1999.
Cette situation s'explique notamment par
de nombreux changements de
périmètre
qui affectent la structure de ce fascicule
budgétaire.
En particulier, la
subvention budgétaire de l'Etat au BAPSA est
transférée à partir de 2000 au budget des charges
communes
: son montant s'établit pour 2000 à près
de 4 milliards de francs (et elle était de 5,4 milliards de francs en
1999). Hors BASPA, le budget de l'agriculture et de la pêche augmente
donc de 3 %.
Il faut remarquer d'autres modifications de structure et en particulier la
suppression du compte spécial du Trésor " Fonds forestier
national "
(FFN) qui se traduit par une
budgétisation
intégrale
des dépenses assumées jusqu'à
présent par le FFN soit 417 millions de francs pour 2000 ; ces
crédits sont répartis sur différents chapitres du budget
en fonction de la nature des dépenses auxquelles ils sont
destinés.
D'autres opérations visent également à la
clarification du projet de loi de finances
et notamment la
réintégration de 21 millions de francs de fonds de concours, la
réintégration des dépenses au titre des activités
d'ingénierie publique des agents des directions départementales
de l'agriculture et de la forêt (481 millions de francs) et le transfert
de quatre emplois durablement mis à disposition au budget des Services
généraux du Premier ministre.
Ces différentes opérations ne rendent pas ce budget pour 2000
très lisible mais elles ont un louable objectif de viser à une
plus grande sincérité budgétaire
.
Hors BAPSA et à périmètre constant, le budget de
l'agriculture et de la pêche
diminue de 0,5 % pour s'établir
à 28,048 milliards de francs.
B. DES ÉVOLUTIONS FORTES DANS LES DIFFÉRENTS TITRES
Le
budget de l'agriculture et de la pêche est un
budget principalement
tourné vers l'intervention
(dépenses du titre IV -
Interventions publiques) puisque près de 58 % des dépenses lui
sont consacrées.
Ses dépenses de fonctionnement (dépenses du titre III - Moyens
des services) représentent plus de 38 % du total. Les dépenses en
capital demeurent relativement faibles : elles ne représentent pas
même 4 % du budget (titre V - Investissements exécutés par
l'Etat et titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat).
Répartition des crédits votés pour 1999
et
demandés pour 2000
par titre et évolution
(en millions de francs)
Nature des dépenses |
Crédits votés 1999 |
Crédits demandés 2000 |
Evolution (en %) |
Dépenses ordinaires - DO - (titres III et IV) |
32.634 |
27.930 |
- 14,4 % |
. Titre III - Moyens des services |
10.231 |
11.168 |
+ 9,1 % |
. Titre IV - Interventions publiques |
22.403 |
16.762 |
- 25,2 % |
Dépenses en capital - CP - (titres V et VI) |
925 |
1.102 |
+ 19,1 % |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
85 |
83 |
- 2,2 % |
. Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
841 |
1.019 |
+ 21,2 % |
Total DO + CP |
33.559 |
29.032 |
- 13,5 % |
Autorisations de programme - (titres V et VI) |
980 |
1.262 |
+ 28,8 % |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
87 |
82 |
- 5,7 % |
. Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
893 |
1.180 |
+ 32,1 % |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
1. Les dépenses de fonctionnement
Les
moyens des services (titre III) augmentent de + 9,1 % essentiellement du fait
de l'augmentation des charges de personnel. Cette très forte
augmentation est tout à fait préoccupante. Elle s'explique (mais
ne se justifie pas) par les opérations suivantes :
•
diverses mesures de politique générale de la fonction
publique
: revalorisation des rémunérations pour 67
millions de francs, application de l'accord salarial conclu dans la fonction
publique pour 3,2 millions de francs, etc. Ces différentes mesures ont
déjà été commentées dans la note de
présentation relative à la fonction publique de l'Etat.
•
des mesures propres au ministère
:
réintégration des dépenses au titre des activités
d'ingénierie publique des agents des directions départementales
de l'agriculture et de la forêt (481 millions de francs), transformations
d'emplois liée à la réforme de l'administration centrale
pour 1 million de francs, créations d'emplois dans les services
déconcentrés au titre du renforcement du contrôle (9,9
millions de francs) et dans l'enseignement agricole (22,5 millions de francs),
mise en oeuvre du plan de résorption de l'emploi précaire pour
8,4 millions de francs, surcoût lié à la transformation des
haras nationaux en établissement public (32,4 millions de francs), etc.
La réorganisation de l'administration centrale du Ministère
Une réorganisation du ministère
Les structures du ministère dataient pour l'essentiel de 1987. Par différents textes parus au journal officiel du 4 juillet 1999 ces structures ont été réorganisées autour des axes stratégiques définis par le Ministre : qualité des produits et exigences croissantes du citoyen en matière de sécurité alimentaire, développement économique et emploi, équilibre des territoires, gestion durable des espaces et des ressources naturelles, formation des acteurs et cohésion sociale des territoires ruraux. Le ministère compte désormais 6 directions techniques et 4 directions ou services horizontaux.
Principale innovation : le nouvel établissement public des " Haras nationaux "
Un
audit du comité permanent de la coordination des inspections (COPERCI)
à l'été 1998 a préconisé la distinction
claire entre les missions réglementaires du service des haras et ses
autres missions. La réorganisation vise donc à confier l'exercice
des missions réglementaires à une sous-direction du cheval qui
vient d'être créée au sein de la direction de l'espace
rural et de la forêt ; les autres missions du service des haras,
d'ordre local, ont été transférées à un
établissement public administratif dénommé " Les
Haras nationaux ". Le coût de cette réforme des structures
est évalué à 32,4 millions de francs pour 2000.
Cet établissement est constitué à partir d'un
établissement public existant (" le Domaine de Pompadour "),
d'une section technique du service des haras et des vingt-trois
dépôts d'étalons. Il sera administré par un conseil
d'administration.
Les
délocalisations : le transfert du CNASEA n'est toujours pas
concrétisé
Les services du ministère et de ses établissements publics sont
largement délocalisés en province : 8 % seulement des agents
concernés travaillent à Paris
intra muros
, 4,64 % dans la
petite couronne et 87,3 % en province.
Le mouvement de délocalisation se poursuit avec notamment la future
localisation en province des " Haras nationaux ". Toutefois, la
concrétisation de la délocalisation du centre national pour
l'aménagement des structures des exploitations agricoles (CNASEA)
à Limoges demeure problématique : il devrait être
achevé en septembre 2003 mais le reclassement de 240 agents ne
souhaitant pas suivre leur service doit être réglé
préalablement. Comme tous les ans, le ministère affirme que
" la concrétisation de la délocalisation du CNASEA à
Limoges demeurera une priorité pour l'année 2000 " mais la
situation ne semble guère évoluer.
Pour 2000, ce sont 802 emplois budgétaires qui sont supprimés.
Les effectifs budgétaires
du ministère sont donc
portés à
29.441 emplois.
Cette évolution prend notamment en compte la création
d'emplois au profit de l'enseignement agricole, au profit des services
déconcentrés au titre du renforcement du contrôle, au titre
de la déprécarisation au sein du ministère ainsi que le
transfert d'emplois sur le nouvel établissement public des Haras
Nationaux ainsi qu'au budget des Services généraux du Premier
ministre.
Il convient de souligner que la
mise en place des contrats territoriaux
d'administration requerra, comme l'avait souligné le Sénat lors
du vote de la loi d'orientation agricole, des
" ressources nouvelles " en matière de personnel.
Les évolutions sur la dernière décennie
Entre
1990 et 1999, le ministère a connu 1.749 suppressions d'emplois :
20 % en administration centrale, 76 % dans les services
déconcentrés et 4 % dans l'enseignement. Proportionnellement
à ses effectifs budgétaires, c'est l'administration centrale qui
a été la plus touchée. Ce mouvement correspondait à
une politique volontariste visant à recentrer l'administration centrale
sur ses missions d'animation et de coordination.
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche
2. Les dépenses d'intervention
Les
dépenses d'intervention
(titre IV)
baissent de plus de 25 %
en raison du transfert de la subvention au BAPSA au budget des charges
communes. Hors BAPSA, la diminution aurait été limitée
à 1,9 % par rapport au budget voté pour 1999.
Au titre de l'action sociale, il faut remarquer la dotation pour 2000 de 50
millions de francs au financement du Fonds national de garantie contre les
calamités agricoles alors que cette dotation était nulle en 1999.
L'action économique voit ses crédits diminuer de 3,2 % avec
notamment la diminution des charges de bonification liées à la
baisse des taux d'intérêt (- 37 % ; - 900 millions de
francs). L'aide alimentaire est également réduite (- 19 millions
de francs). C'est au sein de cette partie qu'est inscrite la dotation du fonds
de financement des contrats territoriaux d'exploitation (+ 650
millions de francs) ainsi que certains crédits relatifs à la
forêt, en hausse.
L'action éducative et culturelle voit ses crédits augmenter de
2,9 %. Un effort particulier est en effet sur les bourses, le fonds social
lycéen ainsi que les rémunérations et subventions de
fonctionnement de l'enseignement agricole privé.
3. Les dépenses en capital
Les dépenses en capital (crédits de paiement) connaissent cette année une forte augmentation : + 19 %, en particulier grâce à la budgétisation des dépenses du FFN. Les dépenses en capital progressent également en matière d'enseignement, de formation et de recherche agricoles.
C. LES DÉPENSES DU MINISTÈRE DANS L'ENSEMBLE DES DÉPENSES PUBLIQUES BÉNÉFICIANT À L'AGRICULTURE
La présentation du budget du ministère de l'agriculture s'accompagne chaque année, en annexe du projet de loi de finances, de celle de l'ensemble des dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt. Cette présentation permet de comparer l'évolution des crédits du ministère avec celle des financements en provenance d'autre sources.
Récapitulation des dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt
(en millions de francs)
Financeur |
1998 |
1999 |
Evolution 98-99 (%) |
2000 |
Evolution 99-00 (%) |
Ministère de l'agriculture et de la pêche : |
101.350 |
102.091 |
+ 0,7 % |
101.780 |
- 0,3 % |
* Budget général (hors pêche) |
35.502 |
33.360 2( * ) |
- 6,0 % |
28.842 |
+ 3,0 % |
* Budget des charges communes 3( * ) |
- |
- |
- |
3.958 |
- |
* BAPSA 4( * ) |
63.580 |
66.448 |
+ 4,5 % |
67.297 |
+ 1,3 % |
* Comptes spéciaux du Trésor 5( * ) |
2.267 |
2.282 |
+ 0,7 % |
1.683 |
- 26,2 % |
Autres ministères : |
4.099 |
4.197 |
+ 2,4 % |
4.271 |
+ 1,8 % |
* Recherche |
3.661 |
3.747 |
+ 2,3 % |
3.814 |
+ 1,8 % |
* Intérieur : décentralisation de l'enseignement |
356 |
366 |
+ 2,8 % |
372 |
+ 1,6 % |
* Travail |
83 |
85 |
+ 2,8 % |
85 |
+0,6 % |
Estimation des dépenses agricoles de l'UE bénéficiant à la France |
66.337 |
66.812 |
+ 0,7 % |
64.394 |
- 3,6 % |
TOTAL |
171.786 |
173.100 |
+ 0,8 % |
170.445 |
- 1,5 % |
TOTAL hors BAPSA 6( * ) |
99.882 |
101.293 |
+ 1,4 % |
99.190 |
- 2,1 % |
Source : Ministère de l'économie, des
finances
et de l'industrie
Le tableau présenté ci-dessous fait apparaître pour 2000
une
diminution de 1,5 % de l'ensemble des concours publics
(- 2,1 % hors
BAPSA).
Il apparaît pour 2000, que sur un
montant total de 170 milliards de
francs
, le ministère de l'agriculture et de la pêche
contribuera à hauteur de 60 %, les autres ministères de 2 %
et l'Union européenne de 38 %.
Si l'on raisonne hors BAPSA, ces pourcentages deviennent : 31 % pour le
ministère de l'agriculture et de la pêche, 4 % pour les autres
ministères et 65 % pour l'Union européenne.
Ces pourcentages ne sont pas sensiblement différents de ceux
observés en 1999.
II. EXAMEN DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES PRÉVUS PAR LE MINISTRE POUR FINANCER SES PRIORITÉS POUR L'AN 2000
Pour le
budget de son ministère en 2000, le ministre a développé
quatre axes prioritaires
, qui sont en cohérence avec celles
affichées dans le cadre de
la
loi d'orientation agricole
dont ce budget doit permettre la mise en oeuvre :
1- assurer le financement des contrats territoriaux d'exploitation ;
2- promouvoir les actions en faveur de la forêt ;
3- poursuivre les efforts d'amélioration de la qualité sanitaire
des aliments ;
4- et développer la formation et l'emploi des jeunes.
Ces priorités sont en lien étroit avec la loi d'orientation
agricole qui instaure les contrats territoriaux d'exploitation et renforce les
actions en faveur de la qualité sanitaire des aliments. Elles se font
également l'écho des préoccupations récentes des
consommateurs comme des agriculteurs concernant la qualité sanitaire des
aliments. Elles sont peut-être la préfiguration d'un
projet de
loi de modernisation et d'orientation forestière
qui devrait
être déposé sur le bureau des assemblées avant la
fin de l'année 1999.
Présentation des crédits demandés pour 2000 par agrégat
(en millions de francs)
|
Crédits demandés pour 2000 |
Pourcentage du total |
Agrégat 1 - Activités agricoles productives |
10.864 |
37,4 % |
Agrégat 2 - Industries agro-alimentaires |
395 |
1,4 % |
Agrégat 3 - Espace rural et forêt |
2.001 |
6,9 % |
Agrégat 4 - Enseignement et recherche |
7.292 |
25,1 % |
Agrégat 5 - Protection sociale et solidarité |
1.236 |
4,3 % |
Agrégat 6 - Pêche |
191 |
0,7 % |
Agrégat 7 - Services généraux |
7.054 |
24,3 % |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
A. " ASSURER LE FINANCEMENT DES CONTRATS TERRITORIAUX D'EXPLOITATION "
L'exercice 2000 constitue la deuxième année de mise en oeuvre des
CTE mais la
première année de fonctionnement à grande
échelle
.
Mesure phare de la loi d'orientation agricole, le CTE est un contrat
signé entre le préfet et l'agriculteur pour une période de
5 ans et "
qui comporte un ensemble d'engagements portant sur les
orientation de la production de l'exploitation, l'emploi et ses aspects
sociaux, la contribution de l'activité à la préservation
des ressources naturelles, à l'occupation de l'espace ou à la
réalisation d'actions d'intérêt général et au
développement de projets collectifs de production
agricole
"
7(
*
)
. Le CTE comporte deux
volets : un volet socio-économique
8(
*
)
et un volet environnemental et territorial
9(
*
)
.
1. Le financement en 1999
En
1999, une ligne budgétaire spécifique
10(
*
)
leur a été consacrée, avant
même le vote de la loi, avec la création l'an dernier du
" fonds de financement des CTE ".
Ce fonds a été
doté de
300 millions de francs
en 1999 par
redéploiement de crédits existants
: 140 millions de
francs sur le fonds de gestion de l'espace rural (FGER) qui a disparu, 45
millions de francs sur les crédits des opérations groupées
d'aménagement foncier (OGAF), 100 millions de francs, sur les
crédits des offices et 15 millions de francs sur le fonds
d'installation en agriculture (FIA).
En outre, un financement de 150 millions de francs de crédits
européens a été trouvé (en cofinancement pour les
CTE qui s'inscriront dans les actions éligibles aux fonds structurels).
Les CTE ont donc bénéficié en 1999 d'un total de
450
millions de francs
pour la première année.
2. Le financement en 2000
Il est
prévu au budget pour 2000, que la dotation du fonds de financement des
CTE soit portée de 300 à
950 millions de francs
. Cette
augmentation résulte en partie de redéploiement de crédits
(et notamment 145 millions de francs issus du fonds pour l'installation en
agriculture qui disparaît et 155 millions de francs provenant de la
dotation jeunes agriculteurs). Votre rapporteur spécial
n'est pas
favorable à ces redéploiements de crédits
qui privent
de ressources des actions utiles.
A cette dotation budgétaire, s'ajouteront autant de
crédits
communautaires
issus de la modulation des aides (
cf. infra
). Soit un
total de
1,8 milliard de francs.
L'objectif du ministère est de conclure
50.000 CTE
d'ici la fin
2000 et d'atteindre le chiffre de 100.000 CTE conclu en 2002. Pour 2000, chaque
CTE serait financé à hauteur de 50.000 francs. Ces objectifs de
conclusion semblent toutefois relativement optimistes, comme l'étaient
les 10.000 CTE annoncés pour 1999.
B. " PROMOUVOIR LES ACTIONS EN FAVEUR DE LA FORÊT "
Plusieurs mesures majeures sont prévues dans le projet de budget pour 2000 s'agissant de la forêt.
Crédits consacrés à la forêt par le budget Agriculture et Pêche
(en millions de francs)
Engagements totaux |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Recherche |
20,6 |
20,6 |
29,5 |
Développement forestier |
110,0 |
116,1 |
138,3 |
Inventaire forestier national |
39,4 |
42,4 |
33,1 |
Versement compensateur |
846 |
878 |
957 |
Protection (incendie, terrains de montagne, dunes) |
308,1 |
316 |
332,5 |
Travaux |
245,7 |
237,9 |
287,7 |
Aval de la filière |
107,8 |
110,1 |
135 |
Fonctionnement spécifique |
10 |
10 |
10 |
Acquisitions |
5,5 |
5,5 |
3,9 |
TOTAL |
1693,1 |
1736,6 |
1927,2 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche
Pour la forêt publique, il faut souligner que le
versement
compensateur à l'Office national des forêts (ONF)
est
porté à 957 millions de francs (en hausse de 80 millions de
francs soit + 9 %). Votre rapporteur spécial ne peut que s'en
réjouir car il a régulièrement dénoncé la
faiblesse du versement compensateur de l'Etat, contraire aux textes. Cette
augmentation aura pour contrepartie les efforts demandés à l'ONF
dans le cadre du prochain contrat d'objectif qui sera élaboré
entre l'établissement et ses tutelles.
Pour la forêt privée, des actions budgétaires sont
prévues : la restauration des terrains de montagne
bénéficie de 20 millions de francs supplémentaires et les
investissements et interventions en faveur de la forêt
bénéficient de 100 millions de francs supplémentaires. Le
Conservatoire de la forêt méditerranéenne voit sa dotation
confortée à 63 millions de francs. Il faut également
souligner la suppression à compter de 2000 des taxes
forestières
11(
*
)
et de
défrichement
12(
*
)
, antérieurement
affectées au compte spécial du trésor " FFN ",
supprimé.
La suppression du compte spécial du Trésor `Fonds forestier national'
A la
suite de la réforme de la taxe forestière en 1991, le FFN a connu
une baisse brutale de ses recettes annuelles qui se situaient entre 700 et 800
millions de francs en moyenne et sont tombées après 1991 à
environ 400 millions de francs, en dépit de mesures de redressement
prises en 1994 et 1995 à l'initiative du Sénat. Le relais n'a pu
être que partiellement pris par le budget de l'Etat, en raison des
efforts de rigueur budgétaire. Votre rapporteur spécial s'est
régulièrement inquiété du financement du FFN.
Pour éviter de faire supporter aux industriels de la filière bois
le coût des actions forestières envisagées (ils sont
redevables de la taxe forestière qui finance le FFN), il est
proposé dans le projet de loi de finances pour 2000 de transférer
l'ensemble des dépenses du FFN au budget de l'Etat. Sont ainsi
transférés au ministère de l'agriculture et de la
pêche 417 millions de francs qui correspondent aux dépenses du FFN
telles qu'elles figurent dans la loi de finances initiale pour 1999 ; ces
crédits ont été répartis sur les différents
chapitres budgétaires en fonction des dépenses qu'ils
finançaient. Les recettes entreront dans les ressources
générales du budget de l'Etat à l'exception de la taxe sur
le défrichement et de la taxe forestière qui sont
supprimées. Ainsi, le compte spécial du Trésor FFN
pourrait être clos au 31 décembre 1999.
C. " POURSUIVRE LES EFFORTS D'AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS "
La
crise de la vache folle et le développement de la culture des plantes
transgéniques ont imposé un effort accru dans le domaine de la
sécurité et de la qualité alimentaires. L'enveloppe
prévue pour 2000 est en augmentation de
6 %
et atteint
921
millions de francs
.
Il faut remarquer l'inscription de 20 millions de francs pour le
système informatique et 37 millions de francs pour des actions locales
en faveur de
l'identification permanente généralisée
des bovins (IPG)
requise par les autorités communautaires et qui
doit permettre une traçabilité intégrale des bovins.
Les moyens consacrés à la
biovigilance
et aux missions de
contrôle sanitaire des végétaux progressent de 13 % et
atteignent 60,5 millions de francs. La sélection végétale
disposera de 8 millions de francs supplémentaires (soit 14 millions de
francs ; + 115 %).
L'agence française de sécurité sanitaire des aliments
(AFSSA)
est dotée de 9,6 millions de francs supplémentaires
en dépenses ordinaires et 13,5 millions de francs en crédits
de paiement.
D. " DÉVELOPPER LA FORMATION ET L'EMPLOI DES JEUNES "
1. Enseignement et formation
Pour
l'enseignement public, 230 postes d'enseignants et autres personnels seront
créés.
En outre, un effort de
déprécarisation est mis en oeuvre pour 149 agents de
l'enseignement agricole. En effet, selon un rapport de l'inspection
générale de l'agriculture remis en mai 1998, 25 % des 5.600
enseignants et un tiers de 6.000 personnels administratifs se trouvaient en
situation précaire. Ce même rapport préconise la
titularisation de plus de 2.000 personnes sur cinq ans.
Le fonds social lycéen, créé en 1998 et destiné
aux élèves issus de familles défavorisées, voit ses
crédits passer de 10 à 12 millions de francs, en augmentation de
+ 20 % pour 2000. Les bourses atteignent 530 millions de francs en hausse de 2
% par rapport à 1999 et 12 millions de francs sont consacrés
à la lutte contre l'exclusion sociale dans les lycées agricoles.
S'agissant de l'enseignement privé, le ministre s'enorgueillit de
respecter "
intégralement les accords conclu par les
différents gouvernements avec l'ensemble agricole
privé
". Ces crédits augmentent de 3,8 % pour 2000.
2. Installation des jeunes
L'objectif
fixé par le ministère
était de 10.000
installations aidées
de jeunes agriculteurs en 1999. Il semblerait
que la réalité soit bien inférieure à cet objectif
avec moins de 7.000 installations aidées, en diminution de 15 % par
rapport à 1998.
En 2000, en dehors des crédits des CTE, l'effort budgétaire ne
semble pas à la hauteur pour enrayer ce phénomène :
- les crédits de la dotation aux jeunes agriculteurs (DJA) sont
amputés de 155 millions de francs pour abonder le fonds de financement
des CTE : ils passent donc de 645 millions de francs en 1998 et 1999
à 490 millions de francs en 2000 ;
- le fonds d'installation en agriculture (FIA) créé en 1998
n'est plus doté en 2000 : tous ses crédits (160 millions de
francs en 1998 et 145 millions de francs en 1999) ont été
redéployés vers le fonds de financement des CTE.
Votre rapporteur spécial estime qu'il est de mauvaise politique de
supprimer ainsi les dotations d'actions utiles, spécifiquement
dédiées à l'installation des jeunes,
au profit d'un
fonds " multifonctionnel ". Moins de quatre ans après la
" Charte à l'installation ", il s'agit d'un mauvais signal
envoyé aux jeunes qui souhaitent s'installer.
III. EXAMEN DE L'ARTICLE 64 RATTACHÉ AU BUDGET " AGRICULTURE ET PÊCHE "
L'article 64 du projet de loi de finances pour 2000 prévoit de proroger
d'un an les majorations des taux des contributions additionnelles
établies au profit du Fonds national de garantie des calamités
agricoles (FNGCA).
Or, il apparaît à votre rapporteur spécial que ces
majorations de taux, qui se voulaient exceptionnelles et deviennent
pérennes au fil des années, ne sont pas totalement
justifiées. La situation financière du fonds est très
bonne et l'article L. 361-5 du code rural précise bien que son
financement doit se faire à parité entre les agriculteurs et
l'Etat. Or celui n'a versé aucune subvention l'an dernier, et se
contente de 50 millions de francs cette année. Il n'est pas
équitable de faire peser une telle charge financière sur les
seuls agriculteurs.
Votre rapporteur spécial vous propose donc, comme le Sénat
l'avait voté l'an dernier, de réduire de 50 % les majorations
prévues.
IV. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
A. L'APPLICATION DES LOIS LAISSE PARFOIS À DÉSIRER
L'article 124 de la loi n° 96-1181 du 31 décembre 1997 de finances
pour 1997 prévoyait le dépôt, avant le 30 juin 1997, d'un
rapport relatif à l'incidence sur le budget de l'Etat du programme de
maîtrise des pollutions d'origine agricoles (PMPOA).
Un tel rapport
n'a jamais été déposé sur le bureau des
assemblées. Une mission conjointe de l'Inspection générale
de l'agriculture et de l'Inspection générale des finances
achève actuellement un rapport sur l'évaluation de ce programme
mais celui-ci n'aurait pas vocation à être publié. Or ce
rapport contient des chiffrages du coût budgétaire passé et
à venir du PMPOA qui intéresse la représentation nationale
chargée d'en voter les crédits. La volonté du
législateur ne semble pas avoir été respectée.
Votre rapporteur spécial trouve que cet " oubli " est
préoccupant que de plus en plus les ministres acceptent de telles
dispositions renvoyant à un rapport pour repousser le sujet
concerné à plus tard.
Votre rapporteur spécial tient également à souligner
la parution relativement tardive de décrets relatifs à
diverses redevances sanitaires
que le Parlement avait votées dans
l'urgence en décembre dernier en raison de retards dans la transposition
de directives communautaires. Ces redevances avaient été
introduites par voie d'amendement à l'Assemblée nationale sur le
projet de loi de finances rectificative pour 1998
1
et les principaux
décrets, qui ne sont pas encore tous parus, n'ont été
publiés au Journal officiel qu'en septembre 1999.
B. OÙ EN EST LA FISCALITÉ AGRICOLE ?
L'année 1999
a vu l'instauration de
nouvelles dispositions
fiscales
spécifiques au secteur agricole : la création
de la redevance sanitaire pour le contrôle de certaines substances et de
leurs résidus, l'extension de la redevance sanitaire de découpage
au gibier sauvage, la création des redevances sanitaires d'abattage et
de découpage et des redevances sanitaires sur les produits de la
pêche et de l'aquaculture (ces redevances sont issues de la transposition
de directives communautaires par la loi de finances rectificative pour
1998
13(
*
)
) ; l'extension de la déduction
pour investissement à l'acquisition de parts de coopératives
agricoles (en loi d'orientation agricole
14(
*
)
).
L'année 2000
devrait voir l'application d'autres
dispositions : avec dans le projet de loi de finances pour 2000, des
suppressions (la taxe de défrichement, la taxe forestière) et des
nouveautés (l'Assemblée nationale propose par deux articles
additionnels d'étendre l'exonération de TVA à l'ensemble
des opérations des SAFER
15(
*
)
et de
permettre aux viticulteurs soumis au régime simplifié
d'imposition de comptabiliser leurs stocks au prix de revient effectif et de
constituer des provisions pour dépréciation de ces
stocks
16(
*
)
) et, dans le projet de loi de
financement pour la sécurité sociale pour 2000, le
projet du
gouvernement d'instaurer un nouveau compartiment de la TGAP sur les produits
phytosanitaires
(le projet d'une taxe sur les engrais a été
reporté à plus tard).
La taxe sur les produits phytosanitaires
L'objectif de cette taxe est de réduire l'usage des phytosanitaires qui
font peser de nombreux risques sur la santé (eau, air, aliments, usage
professionnel).
Une taxation au premier gramme avec une intensité différente
selon sept grandes classes de toxicité est prévue. Le produit
attendu de cette taxe est de l'ordre de 300 millions de francs soit environ 2,5
% du chiffre d'affaires de l'industrie phytosanitaire.
Votre rapporteur spécial tient à rappeler qu'il existe
aujourd'hui des dispositifs réglementaires comme Phyto-Mieux et que
les produits concernés font déjà l'objet d'une
homologation. En outre, il faut remarquer qu'une bonne partie de la pollution
issue des phytosanitaires provient de la non-reprise d'emballages vides ou
d'une mauvaise utilisation des pulvérisateurs.
Il estime qu'il conviendrait que les revenus tirés d'une telle taxe
soit réalloués au secteur agricole pour en alléger les
conséquences sur le revenu des agriculteurs.
Votre rapporteur
spécial s'étonne que le produit de cette taxe aille abonder le
fonds de compensation des allégements de charges prévus par le
projet de seconde loi sur les 35 heures.
Votre rapporteur spécial souhaiterait toutefois qu'une
réforme d'ensemble de la fiscalité agricole
soit
menée. Le rapport prévu à l'article 141 de loi
d'orientation agricole précitée devra être rendu au
1
er
avril 2000. Il a été confié par le Premier
ministre à deux parlementaires en mission. Votre rapporteur
spécial veillera à ce que le gouvernement en tire les
conséquences nécessaires. Il souhaite également que le
projet de loi de modernisation et d'orientation forestière qui devrait
être présenté prochainement au Parlement comporte un volet
fiscal.
C. LA MODULATION DES AIDES : UNE BONNE IDÉE MAL APPLIQUÉE
1. Le principe est intéressant
Le 28
juillet 1999, le ministre a présenté un projet de nouveau mode de
répartition des aides à l'agriculture qui "
met l'accent
sur la solidarité (et) la justice sociale
".
En effet,
l'accord de Berlin du 26 mars 1999
autorise les Etats de
l'Union européenne à effectuer un prélèvement sur
les aides directes perçues par les agriculteurs, dans la limite de 20 %
de leur montant total, et à l'utiliser pour augmenter les crédits
destinés au développement rural. Le règlement
européen prévoit l'utilisation de trois critères de
modulation : le montant total des aides directes, la marge brute standard
et l'emploi.
La France est le premier pays de l'Union européenne à tester ce
nouveau dispositif.
2. L'application est hasardeuse
Le
ministre a donc décidé de dégager ainsi environ
1
milliard de francs
pour financer les futurs CTE.
La répartition des aides sera modulée selon
deux
critères.
Le critère de la marge brute standard ayant
été jugé trop complexe, ont donc été retenus
les deux critères suivants :
•
le montant total des aides actuelles
: seuls les
agriculteurs recevant plus de 250.000 francs d'aides directes par an verront le
montant de celles-ci diminuer (ce qui correspond à des exploitations
d'au moins 100 hectares de céréales, protéagineux et
oléagineux). Un barème progressif fixe le taux de modulation avec
un maximum de 20 % pour les exploitations bénéficiant de plus de
700.000 francs d'aides annuelles.
• l'emploi
: pour les groupements, le montant des aides sera
divisé par le nombre d'associés actifs (principe de la
transparence des sociétés). Des réductions forfaitaires
sur le montant du prélèvement sont aussi prévues :
15.000 francs par emploi salarié à temps plein et
5/12
e
des charges sociales (plafonné à 15.000 francs)
pour la main d'oeuvre familiale.
Sur les 680.000 exploitations françaises, 30.000 seraient
concernées, soit 4 %. Le prélèvement ne devrait pas
représenter en moyenne plus de 3 % du total des aides accordées
aux exploitations françaises. Dans 80 % des cas le
prélèvement sera inférieur à 6 % et seuls 1.400
exploitants auront un prélèvement de 20 %.
Mais à bien des aspects la modulation des aides telle que prévue
pour 2000
entraînera des inéquités
et des
effets pervers
:
• ce sont les zones intermédiaires, là où les
rendements sont faibles ou moyens, qui seront les plus touchées
(Lorraine, Bourgogne, une partie du Centre, Poitou-Charentes) ;
• certaines productions seront très sensibles à la
modulation en raison de leur montant d'aides à l'hectare très
élevé (fécule de pomme de terre et tabac par
exemple ; pour cette dernière production, la modulation risque de
mettre en cause la survie des tabaculteurs puisque la moitié du revenu
tabacole pourrait être amputée) ;
• les " scopeurs " (exploitants de surfaces en
céréales, oléagineux et protéagineux) seront
également fortement mis à contribution (leur
bénéfice après modulation pourrait diminuer de 77 % dans
certains cas).
Les
critères retenus ne reflètent absolument pas le
niveau de revenus de l'exploitation
: ce mécanisme s'apparente
à un impôt sur le chiffre d'affaires. Il faudrait prendre en
compte la prospérité globale de l'exploitation pour renforcer
l'équité du dispositif.
Le dispositif proposé n'est
donc pas acceptable en l'état.
Votre rapporteur spécial s'inquiète que, comme dans le cadre de
la politique des 35 heures, il
faille trouver " coûte que
coûte " des ressources nouvelles dans des échéances
brèves
et qu'ainsi les dispositifs de financement proposés
à la représentation nationale ne soient pas satisfaisants.
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT
I - AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Rapporteur
spécial : M. Roger BESSE
La
commission des finances doit se prononcer sur les crédits de
l'aménagement du territoire inscrits dans le fascicule budgétaire
" I. Aménagement du territoire " du ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement .
Ces crédits ne constituent qu'une petite partie de l'ensemble des
crédits du budget que l'Etat estime relever de la politique
d'aménagement du territoire. Dans le projet de loi de finances pour
2000, l'effort total de l'Etat est estimé à 55,2 milliards de
francs par le " jaune " budgétaire, tandis que les
crédits du " bleu " s'élèvent à 1,9
milliard de francs, soit 3,5 % de l'ensemble.
La nomenclature des crédits de l'aménagement du territoire n'a
pas changé en 2000. Ils comprennent :
- les dépenses de fonctionnement de la délégation
à l'aménagement du territoire et à l'action
régionale, la
DATAR
;
- les crédits consacrés à la prime d'aménagement
du territoire (
PAT
) ;
- les crédits du fonds national d'aménagement et de
développement du territoire (
FNADT
).
Le graphique ci-dessous retrace la part relative de ces trois grands postes de
dépenses :
I. L'EVOLUTION DES CREDITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
Le
budget de l'aménagement du territoire s'élève à
1,9 milliard
de francs dans le PLF 2000. Il augmente de 127 millions de
francs, soit 7 %.
Cette augmentation résulte principalement de l'augmentation de
105 millions de francs de la dotation de la prime d'aménagement du
territoire.
L'évolution par titre des crédits de l'aménagement du territoire
(en millions de francs)
|
LFI 99 |
PLF 2000 |
Evol. en valeur |
Evol. en % |
Titre III (DATAR) |
108,7 |
119,1 |
+ 10,3 |
+ 9,5 % |
Titre IV (FNADT interv.) |
295,3 |
455 |
+ 159,6 |
+ 54 % |
Titre
VI (investissement)
|
1398,7
|
1356
|
- 42,7
|
- 3,05 %
|
A. LA DATAR
Les
crédits de la DATAR représentent 1 % du budget de
l'aménagement du territoire.
Ils augmentent de 10 % entre 1999 et 2000. Cette hausse est due à
la progression des dépenses de personnel et, surtout, aux crédits
supplémentaires destinés à financer les éventuelles
études que pourraient commander les nouvelles
cellules de
prospectives
mises en place au sein de la DATAR.
Les moyens de fonctionnement des services sont en revanche réduits de
1,9 % en 2000. L'ajustement à la baisse repose essentiellement sur les
dotations des postes de la DATAR à l'étranger.
Moyens de fonctionnement de la DATAR
|
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1999 (en %) |
Personnel |
54,27 |
56,93 |
58,52 |
+ 2,7 |
Fonctionnement des services (hors études) |
33,82 |
33,82 |
33,17 |
- 1,9 |
Etudes |
18,00 |
18,00 |
27,46 |
+ 52,5 |
Total |
106 |
108,7 |
119,1 |
+ 10,1 |
Total (hors études) |
88,10 |
90,75 |
91,69 |
+ 1,03 |
|
|
|
|
|
B. LA PRIME D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
Les
crédits consacrés à la prime d'aménagement du
territoire augmentent de 105 millions de francs (+ 33 %) et
s'établissent à 420 millions de francs.
Cette forte progression marque la " fin d'une époque ", au
cours de laquelle les crédits de la PAT étaient
caractérisés par une sous-consommation chronique.
L'année 2000 marquera
l'achèvement du processus d'apurement
du stock de report de crédits de paiement reportés
,
enclenché par le précédent gouvernement et poursuivi par
l'actuel. En 1998, 111 millions de francs d'autorisations de programme et
32 millions de francs de crédits de paiement ont ainsi fait l'objet
d'annulations. Le taux de consommation des crédits en 1998 s'est
élevé à 85 %, contre 56,8 % en 1997.
De plus, l'assouplissement, certes limité, des critères
d'éligibilité à la prime à compter de 2000
permettra d'améliorer la consommation des crédits du chapitre
64-00.
C. LE FONDS NATIONAL D'AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
Le
FNADT est une création de l'article 33 de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4
février 1995. Il a vocation à regrouper les crédits
"
consacrés aux interventions pour l'aménagement du
territoire, à la restructuration des zones minières, à la
délocalisation des entreprises, à l'aide aux initiatives locales
pour l'emploi, au développement de la montagne et à
l'aménagement rural
".
Ses crédits sont répartis entre deux sections :
- une
section générale
gérée par le
comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT)
présidé par le Premier ministre, qui bénéficie
d'environ 35 % des crédits du fonds ;
- une
section locale
composée de crédits
déconcentrés auprès des préfets de région
qui les utilisent pour financer des opérations contractualisées
(plus de 50 % des crédits) et, pour le solde, subventionnent des
opérations présentant un intérêt
d'aménagement du territoire.
Une circulaire précisant les modalités de la gestion du FNADT
paraîtra au début de l'année prochaine. Elle devrait
notamment entériner l'évolution du FNADT vers le soutien aux
projets présentant une dimension intercommunale.
Dans le projet de loi de finances pour 2000, le montant des crédits
du FNADT est pratiquement stable : il augmente de 1 %.
L'évolution des crédits du FNADT
(en millions de francs)
|
LFI 99 |
PLF 2000 |
Evol. en volume |
Evol. en % |
Interventions |
295,3 |
455 |
+ 159,7 |
+ 54 % |
Investissements |
1083,7 |
936 |
- 147,7 |
- 14 % |
TOTAL |
1379 |
1391 |
+ 12 |
+ 1% |
La
stabilité du montant total du FNADT contraste avec les évolutions
de la répartition interne des crédits du fonds,
caractérisée par un
transfert des
dépenses
d'investissement
(titre VI)
vers les dépenses d'intervention
(titre IV).
Ce mouvement s'explique par la volonté de la DATAR d'orienter sa
politique contractuelle vers le soutien logistique (conseil, études)
à la définition de " conventions d'objectifs ", qui
préfigureront le contenu des nouveaux
contrats de pays
et
contrats d'agglomération
créés par la loi du 29
juin 1999, et qui seront intégrés aux contrats de plan
Etat-régions.
S'agissant des contrats de plan Etat-régions, la DATAR a d'ailleurs
modifié sa nomenclature budgétaire de manière à
faire apparaître le montant des crédits consacrés au
financement d'opérations relevant des contrats 2000-2006. Cette
initiative est appelée à être imitée par les autres
ministères, et permettra d'améliorer le suivi du financement par
l'Etat de sa participation aux contrats de plan Etat-région.
Au total, la DATAR consacrera 595 millions de francs aux contrats de plan
en 2000.
Outre le financement des missions traditionnelles du FNADT, le chapitre 44-10
(FNADT-interventions) sert également, depuis 1996, de
"
boîte à lettre
". Il est abondé en
gestion pour financer certaines opérations spécifiques :
- le
contrat interrégional du bassin parisien
: entre 1994
et 1999, 1 milliard de francs, correspondant à la part de l'Etat et
des huit régions du bassin parisien, ont convergé vers le 44-10
avant d'être délégués au préfet de la
région Ile-de-France ;
- les "
mesures sociales dérogatoires
" qui
servent à financer l'accompagnement social des restructurations des
industries de la défense. Ces crédits proviennent du
ministère de la défense. Ils se sont élevés
à 10 millions de francs en 1997 et à 47,4 millions de francs
en 1998, dont 37 millions ont été reportés sur l'exercice
1999.
II. LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
A. DE LA LOI PASQUA À LA LOI VOYNET : LE DEVOIEMENT DES INSTRUMENTS FINANCIERS DE LA POLITIQUE D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
1. L'attitude du gouvernement sur le zonage oscille entre refus idéologique et pragmatisme
Depuis
son arrivée au pouvoir, le gouvernement entretient une
suspicion
quant au principe et à l'efficacité des zonages mis en place par
ses deux prédécesseurs, aussi bien dans la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire du 4
février 1995, la LOADT dite " loi Pasqua ", que dans le
de relance pour la ville du 16 novembre 1996.
Pourtant, aucun des rapports commandés pour mettre à mal ces
dispositifs (le rapport Sueur sur la politique de la ville ou encore le rapport
Auroux sur les zonages) n'est parvenu à en démontrer
l'inanité.
Ces rapports n'ont d'ailleurs pas non plus remédié au principal
problème posé par l'évaluation de ces zonages :
l'absence de précision du chiffrage de leur coût budgétaire.
Malgré tout, le gouvernement a toujours affirmé sa
volonté de réformer les zonages, et s'est empressé de ne
pas la mettre en oeuvre au motif qu'il fallait attendre la révision des
zonages européens, afin d'améliorer la cohérence entre les
découpages territoriaux.
Ainsi, lors de la discussion au Sénat du projet de loi
" Voynet " au mois d'avril dernier,
la ministre de
l'aménagement du territoire s'est opposée à un amendement
de la commission spéciale prorogeant jusqu'en 2006 les
exonérations
de charges fiscales et sociales pour les entreprises
créées dans les zones de revitalisation rurale (ZRR)
17(
*
)
au motif qu'il convenait d'abord de procéder
à un "
bilan de l'application du dispositif dans chaque type de
zone, pour réfléchir aux aménagements nécessaires,
plutôt que de proroger dans la précipitation un dispositif qui
doit être repensé dans sa globalité
".
Le bilan souhaité par la ministre a sans doute été
réalisé rapidement puisque, trois mois plus tard, à
l'occasion du conseil national d'aménagement et de développement
du territoire (CNADT) du 8 juillet 1999, elle a reconnu la
légitimité des zonages
issus de la LOADT et du pacte de
relance pour la ville en exprimant le souhait d'en tenir compte dans la
détermination des territoires éligibles à l'objectif 2 de
la nouvelle génération de fonds structurels.
Cette reconnaissance implicite de la pertinence des ZRR constitue une
avancée, confirmée par
l'article 58
du présent
projet de loi de finances. Cet article
a en effet le même objet que
l'amendement sénatorial rejeté par Mme Voynet,
c'est-à-dire la prorogation des exonérations de charges fiscales
et sociales dans les ZRR
.
Il convient cependant de souligner que, alors que l'amendement
sénatorial faisait coïncider la durée des
exonérations avec celle des contrats de plan Etat-région et des
fonds structurels européens, le gouvernement limite la prorogation
à 2004.
Votre rapporteur spécial se félicite du ralliement, même
tardif, du gouvernement à la philosophie de la loi du 4 février
1995.
En 2000, il conviendra d'être attentif aux
conséquences des
résultats du recensement général de 1999 sur le
périmètre des ZRR
, défini en fonction de
critères de population, et de veiller à la mise en place de
mesures d'accompagnement en faveur des territoires qui perdront
l'éligibilité.
2. Le triste sort des fonds de la loi de 1995
La loi
de 1995 a créé plusieurs fonds dans le but de consolider et de
mettre en avant les moyens financiers au service de la politique
d'aménagement du territoire. Ces fonds ont pris la forme soit de comptes
d'affectation spéciale, soit de chapitres inscrits au budget d'un
ministère.
Le FITTVN
Les concepteurs de la LOADT plaçaient beaucoup d'espoir dans le fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN),
censé financer, grâce au produit de taxes affectées
reposant sur les producteurs d'énergie hydro-électrique et les
sociétés concessionnaires d'autoroutes, "
la
réalisation d'infrastructures fluviales, ferroviaires, de transport
combiné et de routes
".
En réalité, comme le remarque la Cour des comptes dans son
rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, les moyens
nouveaux du FITTVN ont surtout permis la débudgétisation de
dépenses auparavant prises en charge par le ministère des
transports. Cette dérive conduit aujourd'hui la Cour à
s'interroger sur les justifications du maintien du statut de compte
spécial du trésor pour le FITTVN.
Le FGER
Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER), qui est un chapitre du budget du
ministère de l'agriculture, connaît lui aussi une existence
chaotique. Systématiquement doté en loi de finances de 1995
à 1998, ses crédits n'ont jamais été totalement
consommés et ont souvent été victimes des mesures de
régulation budgétaire. Compte tenu du montant important de
reports sur ce chapitre, il n'est plus doté depuis 1999.
Le FGER a aujourd'hui deux " concurrents " : les contrats
territoriaux d'exploitation, créés en 1999 et financés par
les crédits qui ne sont plus attribués au FGER et, depuis la loi
" Voynet ", le fonds de gestion des milieux naturels.
L'objet de ces trois dispositif est proche et il est vraisemblable que, s'il
s'avère que les missions du FGER peuvent être assumées par
ses deux successeurs, celui-ci disparaîtra.
Le FNDE
Le fonds national de développement des entreprise (FNDE) n'a pas
d'existence propre. Le sigle FNDE sert aujourd'hui à désigner une
série de mesures en faveur des petites entreprises, dont certaines ne
relèvent d'ailleurs pas du budget de l'Etat.
L'effort de l'Etat dans le FNDE se limite à 10 millions de francs du
FNADT, qui financent des subventions aux associations d'aide à la
création d'entreprise, et 20 millions de francs du ministère de
l'industrie, qui verse des subventions à des sociétés de
capital risque, correspondant aux frais de dossiers de petits
projets.
B. LA REFORME DE LA PAT SUSCITE DES INQUIÉTUDES
Réclamée depuis longtemps, par le Sénat en particulier, la
réforme de la PAT a été décidée lors du
comité interministériel d'aménagement du territoire du 15
décembre 1997. Un groupe de travail s'est constitué et,
après l'arbitrage du premier ministre, a rendu ses conclusions au
printemps 1999.
L'inadaptation du régime actuel de la PAT est due au
décalage
entre, d'une part, la géographie de la PAT,
à dominante rurale et, d'autre part, ses critères
d'éligibilité, conçus pour bénéficier
à des investissements industriels lourds.
La réforme de 1995, qui avait relevé le montant des subventions
versées par emploi créé, n'a pas contribué à
améliorer le taux de consommation des crédits de la PAT en raison
de la difficulté de trouver des projets adaptés.
La réforme proposée aujourd'hui s'attaque aux vraies
difficultés. Il est en effet proposé :
- d'
abaisser
les critères d'éligibilité
à la PAT pour les PME-PMI. Pour elles, les seuils passeraient de 20
millions de francs d'investissement et 20 emplois créés à
15 millions de francs d'investissement et 15 emplois créés ;
- d'
élargir
l'éligibilité à certaines
nouvelles activités de services
, telles que les centres d'appel, la
logistique ou l'informatique.
A première vue, les grandes lignes de cette réforme vont dans le
bon sens puisque la réduction des seuil contribue à adapter la
PAT à la réalité des investissements en zone rurale
(projets de petites taille, services).
Pourtant, on ne peut que
regretter que l'abaissement des seuils n'aille pas
assez loin
, les projets permettant de créer quinze emplois restant
très rares en zone rurales.
De plus, ce sont les
zones rurales que l'abaissement des seuils souhaite
favoriser qui font les frais de la révision de carte de la PAT
, au
sujet de laquelle les élus locaux n'ont pas été
consultés.
En outre, votre rapporteur spécial constate que la
réglementation appliquée en matière d'aide aux entreprises
varie d'une collectivité territoriale à l'autre. Il estime en
effet que ce phénomène est de nature à alimenter les
délocalisations d'entreprises, au détriment des territoires les
plus fragiles.
C. LES NOUVEAUX CONTRATS DE PLAN
Les
nouveaux contrats de plan ne seront pas signés avant le début de
l'année prochaine. Le montant total de la participation de l'Etat n'a
d'ailleurs pas encore été arrêté.
A ce jour, une
première enveloppe
de 95 milliards de francs, qui
correspond aux priorités fixées par l'Etat, a été
répartie entre les ministères lors du CIAT du 23 juillet 1999.
Les principaux bénéficiaires de la nouvelle enveloppe sont les
ministères de l'emploi et de la solidarité, de la ville et de
l'environnement.
A cet égard, il est préoccupant de constater que le seul
ministère dont la dotation baisse est celui de
l'équipement
(- 14 %). Au sein de ces crédits, l'effort
consacré aux routes chute de 24 %.
Une
deuxième enveloppe
, dont le montant s'établira entre
10 et 25 milliards de francs, sera répartie au mois de novembre. Elle
prendra en compte les priorités déterminées par les
régions, et mises en formes par les préfets de
région.
D. LA NECESSITÉ DE SOUTENIR LA CREATION D'ENTREPRISE EN ZONE SENSIBLE
La
politique d'aménagement du territoire repose nécessairement sur
la réalisation d'infrastructures structurantes et la mise en place de
mécanismes financiers permettant de réduire les écarts de
richesses entre les différentes parties du territoire national.
Toutefois, ces approches globales doivent être accompagnées de la
mobilisation des initiatives locales
afin de maintenir l'activité
et la vie dans les parties les moins favorisées de notre territoire.
Dans cette optique, votre rapporteur spécial suit de près,
depuis bientôt deux ans, le développement de structures d'aide
à la création d'entreprise, les
plates-formes d'initiative
locale (PFIL)
. Les plates-formes sont fédérées au sein
de l'association France Initiative Réseau, que les élus locaux
commencent à bien connaître.
1. Des structures qui reposent sur l'initiative locale et l'implication du secteur privé
Les
plates-formes sont des associations loi de 1901 qui distribuent des
prêts d'honneur
aux créateurs d'entreprise. Elles assurent
également le
suivi
des créateurs et mettent en place des
systèmes de
parrainage
. Elles se développent surtout dans
les zones cibles de la politique d'aménagement du
territoire (quartiers urbains difficiles, milieu rural) à
l'initiative d'acteurs de terrains les plus divers. Selon les cas, il peut
s'agir de chefs d'entreprise, d'associations, d'élus, d'enseignants ou
encore de chambres de commerce.
La diversité des plates-formes se retrouve également dans
l'origine des fonds qu'elles gèrent. Les subventions publiques occupent
une place de moins en moins importante, au profit de fonds européens,
d'aides de la Caisse des dépôts et surtout de fonds privés,
essentiellement des dons d'entreprises ou de banques.
L'ensemble des partenaires participe à l'examen des dossiers, à
l'attribution des prêts et, parfois, à l'accompagnement des jeunes
chefs d'entreprises. Toutes les plates-formes (il en existe 170, 70 autres en
préparation) sont présidées par un chef d'entreprise, en
activité ou à la retraite.
2. Un efficacité incontestable
Le
bilan de ces structures est encourageant
. Elles ont participé
à la création de 2000 entreprises et de 5000 emplois
18(
*
)
. Le taux de survie à cinq ans des entreprises
aidées approche les 80 %, soit deux fois plus que la moyenne nationale.
Le succès de l'expérience des plates-formes permet en outre de
rappeler que la création d'entreprise aujourd'hui n'est pas
réservée aux nouvelles technologies ou aux activités
à forte valeur ajoutée : les entreprises aidées par
les plates-formes sont principalement des petits commerces ou des prestataires
de service.
L'utilité des plates-formes du point de vue de l'aménagement
du territoire est également indéniable
. Grâce aux
plates-formes, des commerces sont créés ou maintenus en milieu
rural, des emplois marchands sont créés dans des zones que le
déclin économique conduit à vivre plutôt de
subventions publiques, et des acteurs qui jusqu'ici s'ignoraient sont
amenés à travailler ensemble (des entreprises et les services
déconcentrés du ministère de l'emploi, des chômeurs
et des banquiers, etc.), contribuant ainsi à créer de
véritables dynamiques de développement local.
Les résultats obtenus par les plates-formes en font des partenaires
solides des politiques publiques d'aide à la création
d'entreprise. C'est pourquoi la DATAR a décidé, depuis plusieurs
années, de verser une subvention de fonctionnement à la
tête de réseau et d'apporter un soutien logistique au lancement de
certaines plates-formes. Au total 10 millions de francs au titre du FNADT
bénéficient aux plates-formes .
De même, la Caisse des dépôts leur consacre les
crédits de son programme en faveur des très petites entreprises,
doté de 100 millions de francs pour trois ans.
3. Les évolutions nécessaires
Aujourd'hui, les plates-formes ont atteint une taille qui les contraint
à évoluer et à se professionnaliser. Ainsi, la plate-forme
de la Réunion a obtenu la certification ISO 9002 . De même,
la DATAR et les préfectures encouragent les plates-formes à se
rassembler dans les endroits où elles sont trop nombreuses pour parvenir
à lever suffisamment de fonds.
Il convient toutefois d'être vigilant et de ne pas remettre en cause la
spécificité des plates-formes, c'est-à-dire le rôle
déterminant des acteurs du secteur privé. A cet égard, la
proposition formulée par le député Eric Besson, dans un
rapport très complet sur les " très petites
entreprises ", consistant à rassembler les structures d'aide
à la création d'entreprise dans des " maisons de
l'entrepreneur " créées au sein des chambres de commerce et
des chambres de métiers fait courir un
risque d'institutionnalisation
de l'aide à la création d'entreprise, qui pourrait conduire
à éloigner les acteurs privés.
L'urgence réside aujourd'hui dans
l'amélioration du statut de
créateur
d'entreprise et à une
clarification de la
législation
applicable à l'aide à la création.
Le chantier est vaste mais certaines mesures ponctuelles peuvent être
prises dès maintenant.
Dans cette perspective, votre rapporteur spécial avait
déposé un amendement au projet de loi " Voynet ",
tendant à
permettre aux plates-formes qui aident à la
création, mais également à la reprise d'entreprise, de
bénéficier de l'agrément fiscal du ministère du
budget.
L'agrément fiscal est important pour les plates-formes car il constitue
pour elles un gage de sérieux vis-à-vis de leurs partenaires
institutionnels et privés. Aujourd'hui, il est réservé aux
plates-formes qui aident exclusivement à la création
d'entreprise. Celles qui soutiennent également la reprise d'entreprise
en sont exclues.
En conséquence, certaines plates-formes renoncent à demander
l'agrément fiscal car elles veulent continuer à pouvoir aider
à la reprise d'entreprise qui, notamment en milieu rural, est
fondamentale.
Votre rapporteur spécial défendra le même amendement lors
de la discussion du projet de loi de finances pour 2000.
II - ENVIRONNEMENT
Rapporteur
spécial : M. Philippe ADNOT
Introduction : Une augmentation spectaculaire des
crédits pour une logique de pouvoir au détriment d'une logique
d'action.
Pour 2000, le ministère de l'Environnement connaît une
augmentation spectaculaire de ses crédits de 8,6 %. Cette
évolution pourrait être favorable s'il s'agissait avant tout de
mettre en place de nouvelles actions en faveur de l'environnement. En
réalité, cette augmentation sert à créer une
armature administrative qui se traduit par des dépenses de
fonctionnement en très forte hausse. Le pouvoir du ministère de
l'Environnement s'en trouve renforcé sans que les crédits
supplémentaires soient intégralement affectés à des
actions répondant pleinement aux attentes des citoyens.
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DEMANDÉS POUR 2000
Les crédits consacrés par le Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement à l'environnement s'élèvent pour 2000 à 4,3 milliards de francs . Ce budget représente environ 0,3 % du budget civil de l'Etat. Cette part a triplé depuis 1993. Ces crédits sont en progression de 8,6 % en dépenses ordinaires et crédits de paiement (et de 5,9 % en autorisations de programmes) par rapport à 1999 19( * ) , alors qu'en application du pacte de stabilité européen, les dépenses globales de l'Etat n'augmentent pas en moyenne de plus 0,9 %.
A. UN BUDGET EN EXPANSION SPECTACULAIRE
1. Une évolution spectaculaire des crédits depuis 1993
Le
budget de l'Environnement a plus que doublé en huit ans. Entre 1993 et
1998, il a augmenté de 18 % et cette augmentation est de 126 % sur les
trois dernières années. On observe donc une
accélération de la montée en puissance du ministère
de l'Environnement depuis trois ans. Celle-ci correspond notamment à la
réforme de la taxe générale sur les activités
polluantes qui a entraîné en 1999 un doublement des crédits
du ministère.
Schématiquement, si l'on exclut l'impact de la TGAP, on observe que le
budget de l'environnement passe de 1,8 milliard de francs en 1998, à 2,2
milliard en 1999 et à 2,4 en 2000, soit une augmentation à
périmètre constant d'environ 30 % sur deux ans.
Evolution des crédits de l'environnement et de leur
part
dans le budget général
de l'Etat depuis 1993 (y compris impact
de la TGAP)
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Crédits LFI |
1 614 |
1 653 |
1 756 |
1 758 |
1 868 |
1 899 |
3 956 |
4 297 |
Evolution |
10,6% |
2,4% |
6,3% |
0,1% |
6,3% |
1,6% |
108,3% |
8,6 % |
Crédits ouverts |
1 510 |
1 688 |
1 681 |
1 759 |
1 775 |
1 881 |
- |
- |
Evolution |
15,5% |
11,8% |
-0,4% |
4,6% |
0,9% |
6,0% |
- |
- |
Crédits à structure constante |
1 563 |
1 653 |
1 757 |
1 758 |
1 869 |
1 886 |
3 957 |
4 298 |
Evolution |
8,6% |
5,8% |
6,3% |
0,1% |
6,3% |
0,9% |
109,8% |
8,6% |
Environnement / budget de l'Etat |
0,13 % |
0,13 % |
0,14 % |
0,14 % |
0,14 % |
0,14 % |
0,28 % |
0,30 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
2. 2. Le budget de l'Environnement pour 2000 : la troisième plus forte hausse de tous les budgets civils de l'Etat
Les
évolutions pour 2000 sont stupéfiantes : une augmentation de
8,6 % des crédits demandés par rapport à la loi de
finances initiale pour 1999 qui avait déjà été fort
généreuse. Pour 2000, le budget de l'Environnement connaît
ainsi la troisième plus forte hausse des fascicules budgétaires
après l'audiovisuel et l'outre-mer. Il convient également
d'intégrer aux calculs le nouveau compte d'affectation spéciale
intitulé « Fonds national de l'eau» et doté de 500
millions de francs par prélèvement sur les recettes des agences
de l'eau. La création de ce fonds à partir de deux fonds de
concours existant correspond à une augmentation de moyens de l'ordre de
250 millions de francs supplémentaires.
Quelques modifications de nomenclature et de clarification budgétaires
sont à souligner. Il faut notamment relever une refonte des
agrégats qui modifie la présentation habituelle de ce budget. Par
ailleurs, conformément à la jurisprudence du Conseil
constitutionnel, les rémunérations d'ingénierie publique
dont bénéficient certains personnels présents au
ministère de l'Environnement sont réintégrées
à ce budget pou un montant de 49,8 millions de francs. des transferts
d'emplois prévus en 2000 correspondent à des
régularisations de mises à disposition en provenance d'autres
ministères. Enfin, des dépenses du titre V destinées
à financer des études ont été
redéployées vers le titre III, plus conforme à la
destination de ces crédits.
B. DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT EN AUGMENTATION TRES FORTE
L'examen de la répartition des évolutions de crédits par titre fait apparaître un très fort déséquilibre : les dépenses de fonctionnement explosent (les moyens des services du titre III augmentent de 22 %), tandis que les dépenses d'investissement augmentent relativement peu (+ 2 % pour les investissements des titres V et VI).
Source : Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie
Il est
instructif de s'attarder sur les crédits de personnel et de
fonctionnement du titre III qui augmentent de 29,4 % en 2000, passant de 799,5
millions de francs à plus d'un milliard de francs l'année
prochaine.
Dans cet ensemble ce sont les crédits de personnel qui augmentent le
plus, de 24,6 %. Cette évolution est principalement liée :
• à l'augmentation de 210 emplois budgétaires du
ministère dont 70 transferts d'emplois
20(
*
)
et 140 créations d'emplois
21(
*
)
,
• aux mesures relatives à l'amélioration des conditions de
promotion, aux rémunérations et aux transformations d'emplois.
Les crédits de fonctionnement courant augmentent quant à eux de
36,6 % pour financer des dépenses informatiques et également
de formation (en particulier il est prévu un
« verdissement » des formations dans les corps
d'ingénieurs existants). Il s'agit également des mesures
d'accompagnement des 140 créations d'emplois (fonctionnement courant et
formation) pour un montant de l'ordre de 6,3 millions de francs soit 45.000
francs par emploi créé.
Répartition des crédits votés pour 1999
et
demandés pour 2000
par titre et évolution
(en millions de francs)
Nature des dépenses |
Crédits votés 1999 |
Crédits demandés 2000 |
Evolution (en %) |
Dépenses ordinaires - DO - (titres III et IV) |
1.549 |
1.842 |
+ 19 % |
. Titre III - Moyens des services |
1.038 |
1.263 |
+ 22 % |
. Titre IV - Interventions publiques |
511 |
579 |
+ 13 % |
Dépenses en capital - CP - (titres V et VI) |
2.408 |
2.455 |
+ 2 % |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
284 |
287 |
+ 1 % |
. Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
2.124 |
2.169 |
+ 2 % |
Total DO + CP |
3.957 |
4.298 |
+ 9 % |
Autorisations de programme - (titres V et VI) |
2.544 |
3.957 |
+ 56 % |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
344 |
284 |
- 19 % |
. Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
2.199 |
2.408 |
+ 10 % |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
C. LES PRINCIPALES PRIORITÉS DE LA MINISTRE ET LEUR FINANCEMENT
On remarquera que l'aisance de ce budget est telle que les priorités de la ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement concernent tous les agrégats de façon très large. Il s'agit non pas de définir des actions véritablement prioritaires mais de renforcer d'une façon générale les moyens du ministère.
. l'agrégat 1 correspond au soutien aux politiques
environnementales (il s'agit essentiellement des dépenses de personnel,
de fonctionnement, de recherche et d'action internationale) ;
. l'agrégat 2 regroupe les crédits relatifs à la
protection de la nature, des sites et des paysages ;
. l'agrégat 3 est relatif à la protection de l'eau et des
milieux aquatiques ;
. l'agrégat 4 correspond aux crédits de la
prévention des pollutions et des risques.
Evolution des crédits par agrégat depuis 1995 et progressions annuelles
(en millions de francs et %)
Agrégat |
1995 |
1996 |
1996/95 |
1997 |
1997/96 |
1998 |
1998/97 |
1999 |
1999/98 |
2000 |
2000/99 |
1 |
737 |
734 |
-0,3% |
718 |
-2,3% |
733 |
2,1% |
837 |
14,2% |
996 |
18,9% |
2 |
492 |
498 |
1,2% |
505 |
1,4% |
536 |
6,3% |
662 |
23,5% |
747 |
12,8% |
3 |
264 |
272 |
3,2% |
263 |
-3,5% |
230 |
-12,5% |
266 |
15,6% |
264 |
-0,8% |
4 |
264 |
254 |
-4,0% |
384 |
51,3% |
387 |
0,8% |
2 193 |
466,7% |
2 291 |
4,5% |
Total |
1 757 |
1 758 |
0,1% |
1 869 |
6,3% |
1 886 |
0,9% |
3 957 |
109,8% |
4 298 |
8,6% |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
1. « Renforcer les capacités d'expertise et de contrôle du ministère » (agrégat 1)
L'agrégat 1 augmente globalement de 18,9 %. Si l'on considère les
seules dépenses de personnel et de fonctionnement, l'augmentation est de
22,6 %.
Cet axe se traduit essentiellement par des créations d'emplois. En
effet, 140 créations de postes sont proposées pour 2000, à
raison de 50 en administration centrale et 70 en services
déconcentrés, auxquelles s'ajoutent 70 transferts, 60 pour
l'administration centrale et 10 pour les services déconcentrés.
Evolution des effectifs du ministère de l'Environnement depuis 1995
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Créations d'emplois |
21 |
0 |
0 |
34 |
139 |
139 |
Transferts d'emplois |
0 |
0 |
27 |
0 |
0 |
70 |
Effectifs totaux 22( * ) |
2.351 |
2.351 |
2.378 |
2.412 |
2.551 |
2.760 |
Augmentation / n-1 |
+ 0,9 % |
- |
+1,1 % |
+ 1,4 % |
+ 5,8 % |
+ 8,2 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
Le tableau suivant fait apparaître la priorité donnée au
renforcement de l'administration centrale dont les effectifs vont augmenter de
près de 20 % l'an prochain.
Répartition des effectifs du ministère de l'Environnement et évolution
|
1999 |
2000 |
Evolution 2000/99 |
Administration centrale |
566 |
675 |
+ 19,3 % |
DIREN |
1.210 |
1.246 |
+ 3,0 % |
DRIRE |
775 |
819 |
+ 5,7 % |
DSV |
0 |
20 |
- |
TOTAL |
2.551 |
2.760 |
+ 8,2 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
En administration centrale,
ces 50 emplois créés
permettront notamment :
1- de créer un service du contrôle financier et une cellule
comptable propres, fonctions qui sont actuellement assurées par le
ministère de l'équipement,
2- de mettre en place une inspection générale de
l'environnement,
3- de développer les capacités d'expertise du ministère
avec notamment la création d'une nouvelle direction d'administration
centrale : la direction des études économiques et de
l'évaluation environnementale (D4E) qui sera transversale aux autres
directions du ministère. Elle constituera une direction de conseil,
d'expertises et d'aides à la décision en matière
économique et environnementale. Elle sera notamment chargée de
l'évaluation des politiques publiques au regard des critères
touchant l'environnement et le développement durable du territoire. 8
millions de francs sont prévus au budget pour assurer son
démarrage.
Le coût attendu des 50 créations d'emplois est de 13,9 millions
de francs en dépenses de personnel et de 2,25 millions de francs en
dépenses induites de fonctionnement. Le coût des 60 transferts
d'emploi au bénéfice de l'administration centrale est
prévu à 13,8 millions de francs.
En services déconcentrés
, les 70 créations
d'emplois et les 10 transferts d'emplois visent essentiellement à
renforcer les effectifs en faveur de l'inspection des installations
classées
23(
*
)
. Pour 2000, s'agissant des
emplois inscrits au budget du ministère de l'environnement, dans le
cadre d'un plan triennal de renforcement de ces services, les directions
régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE)
sont renforcées de 34 postes et les directions des services
vétérinaires (DSV) de 20 postes. En outre, 10 emplois en
provenance du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie sont transférés pour le contrôle des
installations classées. Enfin, les directions régionales de
l'environnement (DIREN) sont renforcées de 36 postes.
Le coût attendu des 70 créations d'emplois est de 20,5 millions
de francs en dépenses de personnel et de 4,05 millions de francs en
dépenses induites de fonctionnement. Le coût des 10 transferts
d'emploi au bénéfice de l'administration centrale est
prévu à 1,3 millions de francs.
Par ailleurs,
l'Institut français de l'environnement (IFEN),
chargé d'élaborer et de diffuser la documentation et
l'information sur l'environnement, voit également ses moyens
renforcés. Pour 2000, comme en 1998 et 1999, la progression de ses
dotations est particulièrement forte.
Evolution des dotations de l'IFEN en provenance du
ministère de l'Environnement
et des emplois (1998-2000)
(en millions de francs et %)
|
1998 |
1999 |
Evolution 1999/98 |
2000 |
Evolution 2000/99 |
Dotation en fonctionnement (DO) |
23,1 |
28,5 |
+ 23 % |
30,8 |
+ 8 % |
Dotation en investissement (CP) |
4,0 |
7,5 |
+ 88 % |
8,3 |
+ 11 % |
Dotation en investissement (AP) |
5,0 |
8,0 |
+ 60 % |
9,5 |
+ 19 % |
Créations d'emplois (unités) |
9 |
9 |
- |
5 |
- |
Effectif total |
34 |
43 |
+ 27 % |
48 |
+ 12 % |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
2. « Accroître l'effort en faveur de la prévention des risques » (agrégat 4)
La
prévention des pollutions et des risques connaît une augmentation
de 4,5 % de ses crédits (et de 8,5 % en autorisations de programme). Ce
domaine bénéficie de 77 % des mesures nouvelles inscrites
à ce budget. Si l'on considère le seul fonctionnement,
l'augmentation des dépenses est de 22 %.
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
(ADEME) et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques
(INERIS) constituent les deux établissements pivots de la politique de
prévention des risques. Ils avaient connu en projet de loi de finances
pour 1999 des moyens nouveaux. Ceux-ci sont confirmés et
amplifiés en 2000.
Les moyens de l'ADEME sont renforcés (+ 133 millions de francs en
autorisations de programme, soit une hausse de 7,9 %) pour intervenir notamment
dans les domaines des déchets ménagers (+ 98 millions de francs,
+ 12,1 %), des huiles usagées (+ 23 millions de francs, + 19,4 %) et de
la dépollution des sols (+ 12 millions de francs, + 11,2 %). S'agissant
des crédits de paiement, l'augmentation est limitée à 2,1
% (+ 35 millions de francs) dont 12 millions de francs (+ 11,2 %) pour les sols
pollués et 23 millions de francs (+ 19,4 %) pour les huiles
usagées. En outre, l'ADEME reçoit 10 millions de francs
supplémentaires de crédits de fonctionnement, soit une
augmentation de 6,6 %.
Les moyens de l'INERIS sont également renforcés tant en
intervention (+ 15,3 millions de francs) qu'en fonctionnement (+ 12 millions de
francs) afin de développer les actions dans le domaine des risques
chroniques et accidentels. Ses capacités d'investissement (autorisations
de programme) sont accrues de 24,1 % afin de pouvoir développer ses
actions notamment dans le domaine de l'écotoxicologie.
3. « Renforcer les actions de péréquation et de solidarité dans le secteur de l'eau » (agrégat 3)
L'ensemble des crédits consacrés à la politique de l'eau
et des milieux aquatiques augmente de 48,2 % en 2000.
Pourtant, les moyens propres de la direction de l'eau
24(
*
)
diminuent globalement de 0,4 %. On observe en
effet une diminution des crédits de paiement de 4,4 % (pour les
autorisations de programme, de 3,9 %) qui n'est pas entièrement
compensée par l'augmentation des dépenses ordinaires, de
7,8 % (en particulier, l'augmentation des dépenses de
fonctionnement est de 8,5 %). Cette année, le budget du
ministère financera exclusivement les dépenses correspondant
à des missions régaliennes : police de l'eau, annonce des
crues, Plans Loire et Risques. C'est le Fonds national de solidarité
pour l'eau (
cf. infra
) qui financera les dépenses relatives
à la connaissance.
Il existe actuellement deux fonds de concours des agences de l'eau qui
participent par ce biais au financement d'une partie des actions en faveur de
l'eau de niveau national :
• le premier fonds de concours, « Plan - Risques », a
été créé en 1997 ; il est abondé par
les agences de l'eau (110 millions de francs) et affecté à
la restauration des rivières et des zones naturelles d'expansion des
crues ;
• le second fonds de concours, « Police de l'eau et de la
pêche - Réseaux de mesures », a été
créé en 1999 ; il est abondé par les agences de l'eau
(140 millions de francs) et finance les moyens techniques de la police de l'eau
exercée par l'Etat, de la collecte et de l'exploitation des
données sur l'eau gérée par l'Etat et de la police de
l'eau et des milieux aquatiques effectuée par les gardes-pêches du
Conseil supérieur de la pêche.
Cette année, il est prévu de supprimer ces deux fonds de
concours et de les remplacer par un nouveau «
Fonds national de
solidarité pour l'eau
» proposé à l'article
31 du projet de loi de finances, doté de 500 millions de francs en 2000
par
prélèvement fiscal sur les recettes des agences
et
géré par le ministère de l'Environnement. Chaque
année, le montant du prélèvement sera fixé en loi
de finances. Si l'on tient compte de la suppression des deux fonds de concours
existant, le prélèvement supplémentaire sur les agences de
l'eau est de 250 millions de francs pour 2000.
Il convient de garder à l'esprit que cette solution constitue pour les
agences de l'eau « un moindre mal » par rapport aux projets
initiaux de la ministre visant à intégrer les redevances des
agences de l'eau dans la TGAP sur le modèle de ce qui a
été fait pour l'ADEME. Le ministère de l'environnement y
aurait certes trouvé son compte avec une augmentation de son budget de
l'ordre de 10 milliards de francs mais cela aurait signifié la fin du
système des agences de l'eau. Votre rapporteur spécial se
félicite de l'abandon de ce projet initial.
Répartition du prélèvement par bassin pour 2000 25( * )
(en millions de francs)
Adour Garonne |
46 |
Artois Picardie |
38,3 |
Loire Bretagne |
79,7 |
Rhin Meuse |
42,3 |
Rhône Méditerranée Corse |
115,2 |
Seine Normandie |
178,5 |
Total |
500 |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
Les programmes publics d'intérêt national qui dépassent le
cadre du bassin versant (préservation des zones humides,
économies d'eau dans les quartiers d'habitat social
dégradés, connaissance de la ressource en eau, assainissement
outre-mer, etc.) seront pris en charge par ce fonds. En outre, il permettra de
mener des actions de péréquation entre bassins.
Conformément aux communications en conseil des ministres des 20 mai
1998 et 27 octobre 1999, une réforme en profondeur des redevances des
agences de l'eau sera proposée dans un projet de loi
présenté au Parlement en 2001 pour une application à
partir de 2002, année de démarrage du VIII
e
programme.
Votre rapporteur spécial s'interroge donc sur la pertinence de
créer le Fonds national de solidarité pour l'eau dès cette
année alors que toutes les autres réformes touchant aux agences
de l'eau ont été reportées à 2001.
4. « Renforcer le réseau de protection des zones naturelles sensibles » (agrégat 2)
Les
crédits destinés à la protection de la nature augmentent
de 13 % en 2000, passant de 661,5 à 747,4 millions de francs. Si l'on
observe les seuls crédits de fonctionnement, l'augmentation est de 24 %.
La forte progression de cet agrégat ne s'est pas démentie sur ces
dernières années puisque l'augmentation était de 8,3 % en
1998 et de 19,7 % en 1999. Un effort tout particulier porte sur la poursuite de
la constitution du réseau de Natura 2000.
Le fonds de gestion des milieux naturels
26(
*
)
(FGMN), qui assure le financement de la politique de préservation des
milieux naturels et de la diversité biologique, a été
doté pour la première fois en 1999 de 191,5 millions de
francs. Ses crédits atteignent 242 millions de francs en 2000, soit une
augmentation de plus de 26 %.
Sur les 52 millions de francs de moyens nouveaux dont il disposera en 2000, 27
millions de francs seront consacrés à la poursuite de la mise en
oeuvre du réseau Natura 2000
27(
*
)
, 3
millions de francs à la mise en oeuvre du schéma des services
collectifs des espaces naturels et ruraux, et 8,35 millions de francs aux
nouveaux parcs régionaux et à ceux dont la charte sera
renouvelée.
Le développement du réseau d'espaces naturels
protégés (parcs nationaux, réserves naturelles, etc.),
réseau de sites placés sous la responsabilité de l'Etat et
gérés en partie par des établissements publics,
bénéficie d'un budget de 436,5 millions de francs dont 23,76
millions de francs de moyens nouveaux. Sur ce total, les parcs
nationaux
28(
*
)
disposeront de 10,21 millions de
francs supplémentaires (avec la création de 19 emplois dont 13
pour le futur parc marin de Corse), les réserves naturelles
29(
*
)
de 8,6 millions de francs.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. LA TENTATION DU « MINISTÈRE DE PLEIN EXERCICE »
Face
à l'évolution très forte des crédits
demandés pour 2000, votre rapporteur spécial s'interroge sur la
capacité du ministère à faire face à de telles
augmentations de ses moyens. En effet, le budget de l'Environnement se
caractérise régulièrement par la faiblesse de son taux de
consommation des crédits. Cette situation, qui ne semble pas
résulter d'une volonté de rigueur budgétaire, est
plutôt le signe que les crédits votés dépassent la
capacité de consommation du ministère.
L'évolution des crédits sur les dernières années
est donc manifestement trop forte et trop rapide.
En outre, il apparaît que le budget de l'Environnement est
exonéré de toute participation à la nécessaire
maîtrise des dépenses de l'Etat, en particulier des
dépenses de personnel qui sont les plus rigides. Il convient de
s'interroger sur les raisons qui expliquent une telle situation au sein des
fascicules budgétaires.
Dans le cadre du plan pluriannuel de modernisation du ministère
(1999-2002) l'accroissement de ses moyens de fonctionnement est
justifié de la façon suivante : «
L'augmentation
continue du nouvel agrégat 1 sur la période (1997-2000)
s'explique par la montée en puissance des questions environnementales au
plan international et dans l'opinion publique. (...) Le ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement s'affirme comme un
ministère de plein exercice
. »
Votre rapporteur spécial ne partage pas une telle vision. Qu'attend
l'opinion publique ? Que nécessite «
la montée
en puissance des questions environnementales
» ? Non pas
tant la mise en place d'une administration spécialisée de
l'environnement, que des actions, des interventions du ministère en
matière d'amélioration de l'environnement.
Il est à déplorer que l'augmentation de ce budget soit
utilisée dans une logique de pouvoir, de mise en place d'une structure
administrative capable à terme de concurrencer les autres
ministères, plutôt que dans une logique d'action pour
l'environnement.
Avec cette politique de renforcement des structures administratives, ce sont
les erreurs du passé qui sont à nouveau faites : d'une part,
l'explosion des dépenses de personnel et de fonctionnement, ce qui
entraîne une rigidification des dépenses de l'Etat et d'autre
part, le développement de l'administration centrale par rapport aux
services déconcentrés, ce qui va à l'encontre de
l'orientation de la réforme de l'Etat actuellement.
B. LE DÉTOURNEMENT DE LA FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE
1. La montée en puissance de la TGAP en 2000 et 2001
La taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP) a
été créée par la loi de finances pour 1999 par le
regroupement de cinq taxes précédemment affectées à
l'ADEME.
Comme l'indique le tableau ci-dessous, le Gouvernement envisage pour
2000
30(
*
)
:
• d'une part d'étendre la TGAP à d'autres assiettes
polluantes (lessives et adoucissants, produits phytosanitaires, granulats),
• et d'autre part d'en transférer le produit à un nouvel
établissement public : le fonds de financement de la réforme
des cotisations patronales de sécurité sociale qui serait
créé au sein du projet de loi de financement de la
sécurité sociale.
Pour 2001, la TGAP devrait conserver cette nouvelle affectation, mais voir son
assiette considérablement élargie avec l'intégration de la
taxation des consommations intermédiaires des entreprises qui devrait
rapporter quelques 9 milliards de francs de recettes supplémentaires.
Présentation des modifications de la TGAP proposées pour 2000
(en millions de francs)
Compartiment |
Modifications 2000 |
Produit 1999 |
Produit 2000 |
COMPARTIMENTS EXISTANTS |
|||
Déchets |
sans modification |
1.422 |
1.500 |
Nuisances sonores |
sans modification |
66 |
100 |
Pollution atmosphérique |
Augmentation des taux |
198 |
300 |
Huiles usagées |
Augmentation des taux |
129 |
200 |
COMPARTIMENTS NOUVEAUX |
|||
Lessives et adoucissants |
Nouvelle taxe |
- |
500 |
Produits phytosanitaires |
Nouvelle taxe |
- |
300 |
Granulats |
Nouvelle taxe |
- |
200 |
Installations classées |
Incorporation de taxes existantes et augmentation des taux |
- |
100 |
TOTAL |
- |
1.815 |
3.200 |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie et Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
La montée en puissance de la TGAP (1999-2001)
(en millions de francs)
Evaluations initiales pour 1999 |
1.935 |
Evaluations révisées pour 1999 |
1.800 |
Evaluations pour 2000 (évolution / 1999) |
3.200 (+ 78 %) |
- dont effet de l'évolution spontanée |
200 |
- dont aménagement des droits |
1.200 |
Evaluations pour 2001 (évolution / 2000) |
12.500 (+ 290 %) |
2. Le détournement de la fiscalité écologique : la TGAP va devenir un impôt de rendement
otre
rapporteur spécial considère que la fiscalité
écologique peut-être utile pour encourager la modification des
comportements polluants. Mais il estime que ce que propose le Gouvernement n'a
rien à voir avec une fiscalité environnementale.
Sous couvert de taxation dite écologique, ce qui est proposé est
en vérité un impôt de rendement, destiné à
produire des recettes pour le financement de la seconde loi sur les 35 heures.
En effet, qu'a-t-il été choisi pour la TGAP de l'année
prochaine ? Des taux bas et des assiettes larges : en somme, des
taxes qui ne dissuaderont aucun comportement polluant et qui par leur large
acceptabilité rapporteront les recettes publiques attendues.
La logique de financement a très nettement pris le pas sur les
préoccupations écologiques comme en témoignent les
arbitrages gouvernementaux sur cette taxe. A titre d'exemple, il est d'ores et
déjà prévu que l'éco-taxe (la taxe sur les
consommations intermédiaires d'énergie des entreprises) devra
rapporter environ 9 milliards de francs, financement des 35 heures oblige.
Seules ses modalités précises (taux, assiette,
exonérations, etc.) sont soumises à la concertation entre les
entreprises futures assujetties. Il s'agit donc bien ici d'un impôt de
répartition.
Votre rapporteur spécial juge inadmissible ce détournement de la
fiscalité écologique. Il est au contraire attaché à
une fiscalité environnementale, dissuasive des comportements les plus
polluants, qui ne mette pas en péril la compétitivité de
nos entreprises et qui, le cas échéant, permette de financer par
ses produits des actions complémentaires en faveur de l'environnement.
C. UN AN APRÈS LA TGAP : OÙ EN EST L'ADEME ?
1. Les conséquences de la TGAP
L'instauration de la TGAP au 1
er
janvier dernier a
considérablement modifié le financement de l'ADEME. Auparavant
celle-ci était financée en partie sur crédits
budgétaires et en partie sur des taxes affectées. La
création de la TGAP qui a regroupé ces taxes au profit du budget
de l'Etat a donc entraîné une budgétisation
intégrale des recettes de l'ADEME.
Cette évolution comporte certains risques que n'avait pas manqué
de souligner votre commission des finances l'an dernier.
• La suppression des taxes affectées, avec l'augmentation de taux
des taxes sans répercussion sur les subventions budgétaires de
l'ADEME peut s'analyser comme un « détournement » de
l'ordre de 300 à 400 millions de francs.
• A un niveau infra-annuel, l 'ADEME est désormais susceptible de
voir ses crédits faire l'objet de mesures de régulation
budgétaire en cours d'année. Votre rapporteur spécial
reconnaît qu'il n'en a pas été ainsi dès cette
année.
• A un niveau supra-annuel, les interrogations concernent également
la pérennité des subventions budgétaires qui seront
allouées à l'ADEME. A cet égard, un contrat d'objectifs
devrait être signé entre l'ADEME et l'Etat mais sa
négociation tarde à être engagée.
La suppression des taxes affectées a toutefois certains avantages comme
par exemple la fongibilité des recettes de l'ADEME qui n'est plus
contrainte dans sa gestion financière par des compartiments
étanches. Cette situation nouvelle a notamment d'opérer des
redéploiements internes de crédits, notamment au profit du
secteur des déchets. En outre, elle a permis de déterminer une
tutelle technique claire : le ministère de l'Environnement.
Un décret est attendu : il devrait modifier les structures de
l'ADEME et donner ainsi compétence au Conseil d'administration pour
instituer des commissions nationales des aides dans chacun des grandes secteurs
d'intervention de l'agence. Ces commissions remplaceront les comités de
gestion des anciennes taxes. Elles seront chargées d'examiner les
orientations stratégiques, les programmes d'action et les
modalités d'intervention de l'ADEME et permettront d'associer pleinement
à la marche de l'agence l'ensemble des acteurs concernés
(ministères, professionnels, collectivités locales, secteur
associatif).
La mise en place de ces comités de gestion avait été
promise dans le cadre de la suppression des anciennes taxes affectées,
votre rapporteur spécial estime que la publication du décret est
tardive, ce qui est d'autant plus critiquable que l'ADEME a pris au premier
semestre des décisions lourdes de conséquences, sans aucun
contrôle de la commission nationale concernée.
2. La réforme du mécanisme des aides dans le secteur des déchets ménagers est-elle légitime ?
En 1998
et 1999, plusieurs décisions sont venues modifier les conditions
économiques de l'élimination des déchets
ménagers :
1- le 12 janvier 1998, l'augmentation des taux d'aides de l'ADEME ;
2- au 1
er
janvier 1998, l'augmentation du soutien des
sociétés agréées aux collectivités
locales ;
3- au 1
er
janvier 1999, la réduction du taux de TVA
appliqué au service public d'élimination des déchets
ménagers à 5,5 % lorsque la collectivité met en oeuvre la
collecte sélective et le tri ;
4- le 12 mai 1999, la diminution des taux d'aide de l'ADEME.
Cette dernière modification, à la baisse, des taux d'aides de
l'ADEME se justifie par l'afflux des demandes de soutien financier à des
opérations de collecte sélective, de traitement, de recyclage et
d'élimination des déchets.
Taux d'aide de l'ADEME
(en %)
Equipements |
Conditions d'aides antérieures |
Conditions d'aides actuelles |
Stations de transfert |
50 |
20 |
Déchetteries |
50 |
20 |
Collecte séparative |
50 |
30 |
Tri |
50 |
20 |
Compostage individuel |
50 |
30 |
Collecte et traitement des déchets verts |
50 |
20 |
Collecte et traitement des autres déchets organiques |
50 |
30 |
Incinération avec valorisation énergétique |
10 |
5 |
Aide complémentaire à la valorisation énergétique |
15,25 et 35 |
10,15et 20 |
Plates-formes de maturation des mâchefers |
30 et 50 |
20 |
Source : Ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement
La révision du mécanisme des aides de l'ADEME doit certes
s'inscrire dans l'ensemble de mesures présenté ci-dessus,
globalement favorable aux collectivités locales. Il faut en outre noter
que certains projets ont bénéficié d'un taux global d'aide
au financement tout à fait déraisonnable, de l'ordre de 80 %, ce
qui a contribué à pousser à la hausse le coût des
projets.
Toutefois, il convient de remarquer :
• que deux décisions contradictoires ont été prises
concernant l'évolution des taux de l'ADEME en 1998
31(
*
)
et en 1999. Elles témoignent à
l'évidence d'un défaut de prévision et sont en partie
le reflet de l'absence de président de l'ADEME, faute de nomination,
pendant une année, jusqu'au début de 1998 ;
• que l'ADEME ne souffre pas actuellement d'insuffisance de
crédits, notamment en crédits de paiement ; c'est sur les
autorisations de programme qu'une insuffisance, vraisemblablement en 2002,
était prévue en février 1999 sur la base du rythme de
consommation observé. C'est en raison de cette non-soutenabilité
à moyen terme que le mécanisme a été
révisé.
Votre rapporteur spécial déplore que l'Etat (les
ministères de tutelle technique et budgétaire) et l'ADEME n'aient
pas su mieux gérer cette politique « à durée
déterminée » et qu'ils aient par des décisions
tardives ou contradictoires parfois contribué à accroître
les difficultés existantes et futures.
ANCIENS COMBATTANTS
Rapporteur
spécial : M. Jacques BAUDOT
I. PRESENTATION GENERALE DES CREDITS
Les
crédits proposés pour 2000 et inscrits dans le budget du
secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants
s'élèvent à 24,059 milliards de francs.
L'intégration de ses services au sein du ministère de la
défense se traduit au budget 2000 par le transfert des crédits du
titre III (hors subventions aux établissements publics), soit
913,58 millions de francs et de certains crédits inscrits au titre
IV (14,93 millions de francs) sur la section budgétaire de la
défense.
Par ailleurs, les crédits d'investissement qui se situaient sur le
chapitre 57-91 du budget des anciens combattants ont été
transférés au budget de la défense. Désormais, les
crédits pour travaux d'investissement et de rénovation des
bâtiments se trouvent à l'article 97 du chapitre 54-41 du budget
du ministère de la défense (2 millions de francs en
autorisations de programme et 0,8 million de francs en crédits
de paiement sont prévus pour 2000), tandis que les crédits de
remise en état des sépultures de guerre sont regroupés
à l'article 98 du même chapitre (12 millions de francs en
autorisations de programme et 8 millions de francs en crédits
de paiement sont prévus pour 2000).
En outre, un article 70 a été ajouté au chapitre 67-10 du
budget du ministère de la défense intitulé travaux de
sécurité dans les établissements publics sous tutelle.
Pour 2000, 16,5 millions de francs sont prévus en autorisations de
programme et 11,5 millions de francs en crédits de paiement.
L'ensemble des crédits destinés à financer les
missions du secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants
s'élèvent donc en réalité à
25,008 milliards de francs.
Ils sont en diminution de 2 % par rapport à 1999. Toutefois, cette
baisse est moins forte que celle des parties prenantes aux pensions
d'invalidité et des bénéficiaires du fonds de
solidarité des anciens combattants d'Afrique du Nord.
Une partie des crédits a donc été
redéployée pour renforcer les moyens alloués à
d'autres actions et faire face à la montée en puissance de
certains dispositifs comme la retraite du combattant.
A. LES MOYENS DES SERVICES
Avec un montant de 17,28 milliards de francs, la dette viagère (retraite du combattant et pensions militaires d'invalidité) représente 69 % du budget des anciens combattants et victimes de guerre. Il est toutefois intéressant de noter que sa part dans le budget tend à diminuer : elle représentait encore 78 % du budget en 1999. Cette baisse s'explique par la diminution du nombre des parties prenantes tandis que de nouvelles mesures en faveur des anciens combattants apparaissent.
1. La poursuite de la diminution des effectifs
L'intégration du secrétariat d'Etat aux anciens combattants dans
le ministère de la défense se traduit par le transfert des
crédits relatifs aux personnels (chapitres 31-02, 31-22, 31-90, 31-95,
31-96, 32-92, 32-97, 33-90, 33-91 et 33-92) et de 2005 emplois au budget du
ministère de la défense.
En 2000, l'ajustement des effectifs se poursuit : 170 emplois sont
supprimés
, dont 79 dans l'administration centrale et 87 dans les
services déconcentrés. Par ailleurs, 4 emplois de l'inspection
générale des anciens combattants sont supprimés. En effet,
cette inspection est amenée à disparaître compte tenu de la
compétence générale exercée au sein du
ministère de la défense par le contrôle
général des armées.
Selon les informations obtenues par votre rapporteur, les suppressions
d'emplois doivent être imputées sur les postes vacants dans les
services déconcentrés et facilitées par le rapprochement
des structures ministérielles en administration centrale.
Depuis 1991, les effectifs auront diminué de près de 44 %,
dont 38 % pour l'administration centrale et 24 % pour les services
déconcentrés.
Pour 2000, les dépenses en personnel diminuent de 3 % et
s'élèvent à 819,48 millions de francs.
2. L'augmentation des moyens de fonctionnement
La
transformation du secrétariat d'Etat aux anciens combattants en
secrétariat d'Etat à la défense, chargé des anciens
combattants, s'est accompagnée du transfert des crédits en
matériel (chapitre 34-98) et des dépenses diverses (chapitres
37-61 et 37-91) au budget du ministère de la défense.
Pour 2000, ces crédits s'élèvent à
94,09 millions de francs, en augmentation de 4,2 % par rapport
à 1999.
Cette hausse cache une évolution contrastée : alors que les
crédits en moyens de fonctionnement des services centraux diminuent de
1,2 %, ceux des services déconcentrés augmentent de
7 %. Cette hausse s'explique par la nécessité de moderniser
le parc informatique de ces derniers, de prendre les mesures nécessaires
pour le passage à l'an 2000, d'étendre le réseau local,
mais également de poursuivre l'informatisation du fichier des morts pour
la France et celui des morts de 1914-1918.
3. Le renforcement des concours à l'Office national des anciens combattants et à l'Institution nationale des invalides
Le
secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants verse deux
subventions de fonctionnement à ces deux établissements publics
nationaux, qui relaient son action sanitaire et sociale.
•
Les crédits à la disposition de l'Institution
nationale des invalides augmentent de 2,3 % par rapport à 1999
et s'élèvent à 44,01 millions de francs.
L'ajustement de la subvention de l'Etat est liée à la
création d'un poste de conducteur automobile et à la
revalorisation des rémunérations intervenues en 1999. Elle
contribue également au financement du repyramidage du corps des adjoints
administratifs et aux transformations d'emplois nécessaires aux
objectifs du projet d'établissement.
L'année précédente, votre rapporteur s'était
inquiété de l'insuffisance de la subvention de l'Etat pour faire
face aux conséquences de la diminution du contingent mis à la
disposition de l'INI.
Le remplacement des 33 militaires du contingent a fait l'objet d'un
échéancier
arrêté en accord avec les ministres
de tutelle, à savoir le secrétariat d'Etat chargé des
anciens combattants et le ministère du budget.
25 emplois
devraient être créés :
- le départ des 9 aspirants donne lieu à la création
de 4 emplois médicaux de manière à assurer la permanence
médicale et au recours à 2 médecins vacataires pour
renforcer les praticiens assurant la permanence médicale ;
- le fonctionnement du service de radiologie est garanti par l'ouverture
d'un emploi de manipulateur en électroradiologie et par le recrutement
par redéploiement d'un poste de radiologue à mi-temps ;
- les 2 aspirants pharmaciens-chimistes de la pharmacie et du laboratoire
ne sont pas remplacés. Un laborantin assure la continuité des
analyses médicales. La permanence du laboratoire en dehors des heures de
service est assurée dans le cadre d'une convention avec l'hôpital
du Val de Grâce ;
- parmi les 6 militaires du rang spécialisés, 3 emplois
sont remplacés, à savoir un psychomotricien, le laborantin et le
manipulateur ,
- enfin, les 18 militaires du rang sans spécialité
affectés au service direct des pensionnaires et hospitalisés sont
remplacés par 16 contrats emplois jeunes et 2 conducteurs ambulanciers.
Concrètement, le remplacement du contingent doit être
réalisé selon l'échéancier suivant :
Budget 1998
.
- 3 médecins
- 8 emplois jeunes financés en totalité sur ressources
propres de l'établissement
TOTAL
: 11 personnels
Budget 1999
- 1 médecin
- 3 techniciens paramédicaux
- 4 emplois jeunes sur ressources propres
TOTAL CUMULE
: 19 personnels
Budget 2000
- 1 conducteur
- 4 emplois jeunes sur ressources propres
TOTAL CUMULE
: 24 personnels
Budget 2001
- 1 conducteur ( poste demandé en 2000 et reporté à la
demande du secrétaire d'Etat au budget)
- transformation d'un emploi d'assistant en praticien hospitalier
gériatre.
Pour 2000, l'Institution nationale des Invalides bénéficie
également de 3,5 millions de francs de crédits de paiement en
provenance du budget du ministère de la Défense afin de financer
la mise en conformité des locaux de l'Institution.
•
La subvention de fonctionnement à l'Office national des
anciens combattants et victimes de guerre s'élève à
238,29 millions de francs et augmente de 4,1 % par rapport à
1999.
Cette hausse est destinée à financer le renforcement des
activités de l'Office dans le domaine de l'action sociale. Ainsi, dans
le cadre du programme " Nouvel élan " pour l'ONAC, 24 emplois
sont créés, dont 15 assistantes de service social, 3 conseillers
pour la recherche d'emploi et 6 animateurs. Globalement, l'Office voit
cependant ses effectifs diminuer. En effet, la fermeture des maisons de
retraite de Montpellier et de Villiers-le-Sec entraîne la suppression de
45 postes. En outre, la mise en oeuvre de la nouvelle gestion des archives
conduit à la suppression d'un poste d'ouvrier professionnel et d'un
poste de maître ouvrier, qui sont compensés par la création
d'un poste d'archiviste. 4 emplois sont supprimés
parallèlement : deux postes d'ouvriers professionnels et deux
postes de maîtres ouvriers.
Par ailleurs, dans le cadre du plan de résorption de l'emploi
précaire, 22 emplois de " main d'oeuvre exceptionnelle " sont
transformés.
L'ajustement de la subvention de l'Etat est également liée
à la revalorisation des rémunérations intervenues en 1999.
L'ONAC reçoit par ailleurs deux subventions complémentaires de
la part du secrétariat d'Etat chargé des anciens
combattants :
- la première (chapitre 46-51) est affectée aux
dépenses sociales
: elle s'élève à
56,76 millions de francs pour 2000
,
en augmentation de
près de
10 %
par rapport à 1999 ;
- la seconde est destinée à financer la
mise aux normes de
sécurité des maisons de retraite relevant de l'Office et du
service central
. La restructuration du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants s'est accompagnée du transfert des crédits
d'investissement au budget de la défense. 13 millions de francs en
autorisation de programme et 8 millions de francs en crédits de paiement
sont prévus pour 2000.
Ces deux établissements publics disposent également de
ressources propres.
Pour l'ONAC, il s'agit des dons et legs, des recettes de l'oeuvre nationale du
Bleuet de France et des recettes liées au montant des prix de
journée des écoles de rééducation professionnelle
et des maisons de retraite. En 1999, la subvention de l'Etat s'élevait
à 280,6 millions de francs (dont 228,9 millions de francs pour la
subvention d'exploitation et 51,7 millions de francs pour l'action sociale).
Pour l'INI, les ressources propres sont essentiellement les recettes
liées au prix de journée du centre médico-hospitalier et
les recettes liées à l'activité de soins externes
(laboratoire d'analyses, radiologie, appareillage etc). En 1999, la subvention
d'exploitation de l'Etat représentait 26,72 % des produits et
couvrait 41,28 % des charges de personnel.
B. LES INTERVENTIONS DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT
1. La stabilisation des crédits affectés au financement de la dette viagère
Les
crédits de la dette viagère (retraites du combattant, pensions
d'invalidité et allocations rattachées) s'élèvent
à
19,87 milliards de francs
pour 2000.
La dotation est en
quasi stagnation par rapport à 1999 ( - 0,08 %).
Les crédits de la dette viagère sont répartis entre deux
chapitres qui connaissent une évolution divergente.
Pour le chapitre 46-20 (pensions d'invalidité, allocations et
indemnités diverses),
le montant des crédits inscrits pour
2000 est de 17,27 milliards de francs. La diminution de
386,4 millions de francs (-2,19 %) par rapport à 1999, est
ainsi calculée :
- 692,4 millions de francs liés à la diminution des
parties prenantes ;
+ 386 millions de francs correspondant à l'évolution
des rémunérations en 1999 (application du rapport constant) et
aux mesures de revalorisation des pensions résultant de l'application du
rapport constant.
Pour le chapitre 46-21 (retraite du combattant), le montant des
crédits inscrits pour 2000 est en hausse de 370 millions de francs,
soit +16,6 % par rapport à 1999.
Cette augmentation s'explique
par l'arrivée massive des classes ayant servi en Afrique du Nord
à l'âge de bénéficier de la retraite du combattant.
Le budget pour 2000 constitue donc une césure par rapport aux
années précédentes. Jusqu'à présent, la
diminution de la dette viagère expliquait à elle seule la baisse
globale du budget des anciens combattants. Désormais, c'est la baisse
des crédits consacrés au fonds de solidarité qui en est la
cause.
2. Les interventions d'assistance et de solidarité traditionnelles sont en baisse
A
côté des activités spécifiques de l'ONAC et de
l'INI, le secrétariat d'Etat aux anciens combattants assure
lui-même un certain nombre d'actions sanitaires et sociales.
Par rapport à l'année dernière, la plupart des
crédits consacrés à ces actions sont en baisse :
- 28,8 % pour les remboursements à diverses compagnies de
transport (chapitre 46-03) ;
- 14,01 % pour les soins médicaux gratuits (chapitre 46-27) ;
- 28,5 % (soit -450,2 millions de francs) pour les crédits du
fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du Nord.
La forte baisse des crédits du fonds de solidarité s'explique
du fait de la sortie progressive du dispositif des anciens combattants
d'Afrique du Nord.
En effet, les allocations versées à ces
derniers cessent dès que les bénéficiaires sont en mesure
de faire valoir leurs droits à pension de vieillesse à taux plein
ou atteignent leur 65ème anniversaire.
Or , en 1999, l'âge moyen des anciens combattants d'Afrique du Nord est
de 61,8 ans. Le reflux des dossiers devrait d'ailleurs s'accentuer jusqu'en
2002, date à laquelle les dernières personnes
bénéficiaires basculeront dans le dispositif de droit commun pour
l'assistance aux personnes âgées.
Seuls les crédits en faveur de l'appareillage des mutilés, au
chapitre 46-28, stagnent par rapport à 1999 (+0,16 %).
Par ailleurs, les crédits du chapitre 46-04 (subventions,
indemnités et pécules) triplent pour passer de 2,3 millions
de francs en 1999 à 6,9 millions de francs en 2000, mais cette
augmentation s'explique par une modification de la nomenclature
budgétaire (transfert de crédits des anciens chapitres 43-02
" interventions en faveur de l'information historique " et 46-31
" indemnités et pécules " vers le chapitre 46-04).
Désormais, les crédits de l'article 20 " Subventions en
faveur des actions de mémoire " du chapitre 46-04 serviront
à financer les subventions aux associations et aux collectivités
territoriales qui mènent des actions dans le domaine de l'information
historique et de la mémoire.
3. La politique de la mémoire
La
politique de la mémoire était jusqu'à présent
menée par la délégation à la mémoire et
à l'information historique.
La restructuration du secrétariat d'Etat aux anciens combattants s'est
accompagnée d'une refonte des services chargés de la
mémoire.
Ainsi, la délégation à la mémoire et à
l'information historique a été regroupée avec le service
du patrimoine du ministère de la défense au sein d'une direction
de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) qui reprend
l'ensemble des activités de ses structures.
Cette synergie des
activités conduites par les deux départements ministériels
s'est accompagnée d'un transfert de 70 % des crédits des
chapitres 41-91 (fêtes nationales et cérémonies publiques)
et 43-02 (interventions en faveur de l'information historique) vers le chapitre
34-01 du titre III du budget du ministère de la défense (article
10 " secrétariat général pour l'administration.
fonctionnement "). Pour 2000, ces crédits s'élèvent
à 14,9 millions de francs.
30 % des crédits mis à la disposition des anciens chapitres
41-91 et 43-02 ont été conservés par le Secrétaire
d'Etat chargé des anciens combattants et ont été
transférés à l'article 20 intitulé subventions en
faveur des actions de mémoire du chapitre 46-04 " subventions,
indemnités et pécules ". Pour 2000, le secrétaire
d'Etat dispose donc de 5,07 millions de francs pour subventionner les
associations ou les collectivités locales qui mènent des actions
dans le domaine de la mémoire et de l'information historique.
Les crédits destinés à financer les fêtes
nationales et les cérémonies publiques s'élèvent
à 3,09 millions de francs pour 2000, en augmentation de 24 %.
Ce chapitre n'existe cependant plus et est intégré dans le titre
III du budget du ministère de la défense.
Par ailleurs, les crédits d'interventions en faveur de l'information
historique sont en hausse de 1,72 % par rapport à l'année
précédente et se montent à 11,83 millions de francs.
Là encore, ce chapitre n'existe plus puisque les crédits qui y
étaient affectés sont transférés au budget du
ministère de la défense.
Les crédits consacrés à la remise en état des
nécropoles nationales,
qui figuraient jusqu'en 1999 sur le chapitre
57-91 article 20, sont transférés au chapitre 54-41 du budget du
ministère de la défense.
Ils représentent dans le
projet de budget pour 2000 4 millions de francs en crédits de
paiement et 8 millions de francs en autorisations de programme.
Le chapitre 54-41 contient également des crédits destinés
à financer les hauts lieux de mémoire
pour un montant de 2
millions de francs en crédits de paiement et 2 millions de francs
en autorisations de programme.
Deux projets sont proposés cette année :
- un projet de mémorial de l'annexion de fait de l'Alsace-Moselle ;
- un projet de mémorial consacré au système
concentrationnaire nazi dans le camp du Struthof.
II. PRÉSENTATION DES ARTICLES RATTACHÉS DU PROJET DE LOI DE FINANCES
1. L'article 65 : l'extension des conditions d'attribution de la carte d'ancien combattant en faveur des anciens d'AFN
Lors de
la discussion de la loi de finances pour 1998, grâce à un
amendement déposé par le groupe socialiste, accepté par le
gouvernement et voté par le Sénat, les conditions d'attribution
de la carte d'ancien combattant avaient déjà assouplies
puisqu'une présence de dix-huit mois en Algérie avait
été considérée comme pouvant remplacer la condition
de participation aux actions de feu et de combat.
L'article 123 de la loi de finances pour 1999 a réduit le temps de
présence nécessaire à quinze mois.
Cette année, l'article 65 du projet de loi de finances propose une
nouvelle réduction de la période de durée minimale de
service nécessaire pour pouvoir prétendre à la carte
d'ancien combattant. La période requise serait désormais de
12 mois.
Le coût de cette mesure est de 15 millions de francs.
2. L'article 66 relatif au relèvement du plafond donnant lieu à majoration de la retraite mutualiste du combattant
En
application de l'article L.321-9 du code de la mutualité, les anciens
combattants désireux de se constituer une retraite mutualiste
bénéficient, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat.
Cette majoration, variable selon l'âge de l'intéressé
à sa date d'adhésion, est en règle générale
égale à 25 % du montant de la rente. Toutefois, le total
formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat ne peut
pas dépasser un montant fixé en valeur absolu. Le nombre de
bénéficiaires est estimé à 320.000, pour une rente
d'un montant moyen de 5.700 francs.
Depuis la loi de finances pour 1996, ce plafond majorable était
indexé sur les prix hors tabac, ce qui garantissait le pouvoir d'achat
de cette rente. Or, de nombreuses associations d'anciens combattants
réclamaient l'indexation du plafond majorable de la rente mutualiste du
combattant sur la valeur du point d'indice des pensions militaires
d'invalidité.
L'article 107 de la loi de finances pour 1998 a satisfait cette revendication
en autorisant que le plafond de la rente soit exprimé en points de
pension militaire d'invalidité, par référence à
l'indice 95.
L'article 122 de la loi de finances pour 1999 a porté l'indice de
référence du plafond majorable de 95 à 100 points, ce qui
faisait passer le plafond de 7.496 francs au 1
er
janvier
1998 à 7.993 francs au 1
er
janvier 1999.
Le présent article propose de porter l'indice de
référence du plafond majorable à 105 points, ce qui
devrait faire passer ce plafond à 8.553 francs au 1
er
janvier 2000.
Cette majoration représente un coût de 10 millions de francs
pour le budget du secrétariat d'Etat aux anciens combattants.
A moyen terme, l'indice de référence du plafond majorable
devrait passer à 130 et le relèvement du plafond devrait
s'établir à 10.000 francs.
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. Un secrétariat d'Etat en pleine restructuration
Depuis
plusieurs années, le débat sur l'avenir du secrétariat
d'Etat aux anciens combattants est lancé. Or, un consensus s'est peu
à peu dessiné sur trois principes.
D'abord, le traitement des droits des anciens combattants ne doit pas
être banalisé : en conséquence, sont conservés un
secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants, un budget
autonome et individualisé, les établissements publics que sont
l'ONAC et l'INI.
Ensuite, il est prévu une mise en synergie de certaines
activités conduites par les deux départements ministériels
en ce qui concerne la politique de la mémoire ou encore la
réparation et la réinsertion des anciens combattants et des
militaires.
Enfin, le secrétariat d'Etat est intégré au
ministère de la défense, ce qui signifie non seulement une fusion
des corps de fonctionnaires et ouvriers d'Etat des deux départements
ministériels, mais aussi la suppression de la direction de
l'administration générale des anciens combattants et
l'intégration des autres structures d'administration centrale dans
celles de la défense.
Votre rapporteur estime que l'intégration du secrétariat aux
anciens combattants dans le ministère de la défense constitue la
réforme la plus adéquate pour assurer la pérennité
du droit de reconnaissance en faveur du monde combattant. Il estime cependant
que cette réforme est encore trop récente pour pouvoir se
prononcer sur ses modalités pratiques et sur son efficacité.
2. Un budget plus opaque
L'une
des revendications fortes du monde combattant était le maintien d'un
budget autonome afin de pouvoir contrôler plus facilement
l'évolution des crédits en sa faveur. Toutefois,
l'intégration des services du secrétariat d'Etat chargé
des anciens combattants dans le ministère de la défense s'est
accompagnée du transfert de nombreux crédits vers le budget de la
défense. Par ailleurs, certaines actions, comme la politique de la
mémoire, seront financées avec des crédits appartenant aux
deux départements ministériels. La lisibilité du budget
des anciens combattants s'en trouve affectée.
A cet égard, votre rapporteur souhaiterait, afin d'améliorer la
transparence du budget, la création d'un article 99 au sein du chapitre
54-41 du budget de la défense intitulé construction de hauts
lieux de mémoire. En effet, l'actuel article 98 du chapitre 54-41
" remise en état des sépultures de guerre " inclut
également des crédits visant à financer la construction de
hauts lieux de mémoire. Cette confusion risque de conduire à une
estimation erronée des crédits destinés à la
rénovation des sépultures de guerre qui se trouvent
gonflés artificiellement.
En revanche, votre rapporteur se félicite que le secrétariat
d'Etat chargé des anciens combattants ait pris note des remarques de la
Cour des comptes sur la nécessité de créer un titre VI
pour financer les travaux de sécurité de l'Office national des
anciens combattants et de l'Institution nationale des Invalides. Ainsi, le
transfert vers le budget de la défense des crédits
destinés à financer lesdits travaux s'est accompagné de la
création d'un article 70 intitulé travaux de
sécurité dans les établissements publics sous tutelle au
sein du chapitre 67-10 " subventions aux organismes de
tutelle ".
3. Des crédits d'investissements à affecter de manière prioritaire à la rénovation des sépultures de guerre
Depuis
plusieurs années, votre rapporteur dénonce les retards
accumulés dans le programme de rénovation des sépultures
de guerre de 1914-1918. Lors de sa mise en place en 1994, son coût avait
été estimé à 50 millions de francs
étalés jusqu'en 2000. Or, il n'a été
exécuté qu'à 60 %. 24 millions sont donc
nécessaires pour le mener à bien.
Votre rapporteur estime que les crédits d'investissements mis à
la disposition du secrétariat d'Etat doivent être utilisés
en priorité à l'exécution de ce programme.
Or, le secrétaire d'Etat a annoncé d'autres projets, notamment
la construction d'un mémorial de l'annexion de fait de l'Alsace-Moselle
à Schirmeck et le lancement d'une étude de faisabilité
pour la construction d'un mémorial consacré au système
concentrationnaire nazi dans le camp du Struthof.
Votre rapporteur ne conteste pas l'utilité de ces mémoriaux mais
souhaite que l'achèvement du programme de rénovation des
sépultures de guerre ne soit pas différé.
4. La reconnaissance du terme " guerre d'Algérie "
Le 5
octobre dernier, le Sénat a adopté à l'unanimité la
proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative
à la substitution de l'expression " aux opérations
effectuées en Afrique du Nord " par l'expression " à la
guerre d'Algérie et aux combats en Tunisie et au Maroc ".
Votre rapporteur se félicite de l'attitude unanime de la Haute
assemblée qui a ainsi reconnu publiquement les épreuves
rencontrées par les personnes ayant combattu en Afrique du Nord et
notamment en Algérie.
5. Vers une simplification du rapport constant
L'indexation des pensions militaires d'invalidité sur l'évolution des traitements de la fonction publique, dénommée " rapport constant ", a été améliorée par l'article 123 de la loi de finances pour 1990 en permettant aux anciens combattants pensionnés de bénéficier d'une transposition des mesures catégorielles applicables aux agents. Toutefois, ce dispositif était critiqué par les associations d'anciens combattants pour son manque de lisibilité et pour son extrême complexité. C'est pourquoi votre rapporteur se félicite qu'une concertation entre les plus grandes associations d'anciens combattants et le secrétariat d'Etat ait permis de dégager le principes d'une simplification du rapport constant existant. Il espère que le projet de loi nécessaire pour modifier les articles 8 bis et R.1 et suivants du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre sera déposé et discuté rapidement.
6. L'adaptation du fonds de solidarité au vieillissement des bénéficiaires
L'article 125 de la loi de finances pour 1992 a créé un fonds de
solidarité en faveur des anciens combattants d'Afrique du Nord,
chômeurs de longue durée, âgés de plus de
57 ans. Les aides financées sur ce fonds garantissent à ses
bénéficiaires un revenu mensuel initialement fixé à
3.700 francs, et porté à 4.000 francs fin décembre
1992. Ce fonds a fait l'objet de modifications successives qui ont
étendu son champ d'application et amélioré son dispositif.
A la fin du mois de mars 1997, 43.259 personnes en bénéficiaient.
Depuis, ce nombre diminue régulièrement, pour atteindre 29.728 en
mai 1999.
La baisse concomitante des crédits du fonds de solidarité
s'explique par la sortie progressive du dispositif des anciens combattants
d'Afrique du Nord. En effet, les allocations versées à ces
derniers cessent dès que les bénéficiaires sont en mesure
de faire valoir leurs droits à pension de vieillesse à taux plein
ou atteignent leur 65ième anniversaire.
Or , en 1999, l'âge moyen des anciens combattants d'Afrique du Nord est
de 61,8 ans. Le reflux des dossiers devraient d'ailleurs s'accentuer jusqu'en
2002, date à laquelle les dernières personnes
bénéficiaires basculeront dans le dispositif de droit commun pour
l'assistance aux personnes âgées.
Votre rapporteur tient à rappeler que certains anciens combattants se
retrouvent alors dans une situation financière plus défavorable
que lorsqu'ils bénéficiaient des allocations du fonds de
solidarité. Dans la mesure où ce dispositif est amené
à disparaître, il serait utile d'affecter les sommes jusqu'ici
utilisées pour financer le fonds de solidarité à des
mesures en faveur des anciens combattants à la retraite.
7. La nécessité de relancer le débat sur la décristallisation
Plus de
1.400.000 Africains, Indochinois, Maghrébins, Malgaches, Somalis sont
venus combattre sur le sol de France au cours des deux guerres mondiales. Or,
leurs droits s'en sont trouvés modifiés de façon
défavorable par rapport à leurs anciens compagnons d'armes
métropolitains. En effet, les articles 170 de la loi de finances pour
1959 (pour l'Indochine) et 71 de la loi de finances pour 1960 (pour les autres
pays) ont " cristallisé " leurs pensions au taux en vigueur au
jour de l'indépendance des Etats en question.
Certes, les textes instaurant la " cristallisation " ont
réservé au pouvoir réglementaire la liberté de
décider des revalorisations discrétionnaires. Mais ces
revalorisations ont été rares et parcimonieuses, la
dernière en date remontant à 1995. Le niveau actuel des pensions
servies aux anciens combattants d'outre-mer reste donc trop faible.
Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1999, le
secrétaire d'Etat a proposé d'engager la réflexion sur la
décristallisation en termes de pouvoir d'achat et de comparer, pour un
même taux d'invalidité, le pourvoir d'achat d'une pension
attribuée à un ancien combattant ressortissant français et
celui de la pension versée aujourd'hui à un ancien combattant
ressortissant d'un pays étranger. Il a reconnu que le Maroc et la
Tunisie enregistraient un retard significatif, même en terme de pouvoir
d'achat. Pourtant, le projet de budget pour 2000 ne prévoit aucune
mesure pour remédier à cette situation parce que le coût
budgétaire de la décristallisation totale
s'élèverait à trois milliards de francs.
Votre rapporteur récuse cette stratégie qui conduit à
l'immobilisme. D'une part, il estime que la revalorisation des pensions
pourrait se faire progressivement. D'autre part, pourraient n'être
concernées dans un premier temps que les pensions accordées au
Maroc et en Tunisie, pour lesquelles le secrétaire d'Etat
reconnaît qu'elles accusent un important retard par rapport à
celles versées aux anciens combattants français, compte tenu du
coût de la vie dans les pays concernés. Cette politique aurait le
mérite de constituer un signe de reconnaissance par la France des
sacrifices consentis par les anciens combattants d'outre-mer sans pour autant
entraîner des dépenses trop lourdes.
8. L'inégalité de traitement des grands invalides
La loi
de finances pour 1991 a bloqué les pensions supérieures à
360.000 francs par an afin de corriger les effets parfois excessifs du
mécanisme de calcul des pensions. Toutefois, la loi de finances pour
1995 a permis aux pensionnés titulaires de pensions supérieures
à 360.000 francs par an concédées avant 1995 de
bénéficier des pourcentages de revalorisation accordés
postérieurement au 1
er
janvier 1995. Ces pourcentages sont
appliqués à la valeur fictive du point de la pension
bloquée, sans aucun rattrapage de la période de blocage. En
conséquence, deux pensionnés atteints d'une invalidité
globale d'un taux identique ne sont pas indemnisés de la même
manière, selon que le dépassement du plafond de
360.000 francs par an existait avant 1991, ou ait eu lieu entre 1991 et
1995, ou soit apparu seulement après le 1
er
janvier
1995.
Votre rapporteur regrette cette inégalité de traitement des
grands invalides. Certes, il est conscient que la remise de ces pensions au
niveau de l'ensemble des pensions entraînerait un coût d'environ 70
à 80 millions de francs par an. Toutefois, il demande au
secrétariat d'Etat de réfléchir à un dispositif
permettant le retour progressif à l'unicité de la valeur du point
d'indice des pensions.
9. L'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
Le
certificat d'incorporé de force dans l'armée allemande a
été créé par le décret du 10 novembre 1952.
L'attribution de ce certificat ouvre droit à la carte d'ancien
combattant 1939-1945 ainsi qu'à la retraite du combattant. Suite
à l'accord franco-allemand du 31 mars 1981, les incorporés de
force dans l'armée allemande ou, en cas de décès, les
ayants cause, ont bénéficié d'une indemnité d'un
montant de 9.100 francs accordée par la fondation " Entente
Franco-Allemande ".
Il existe également un certificat d'incorporé de force dans les
formations paramilitaires allemandes (RAD-KHD). Toutefois, ce dernier ne
procure aucun avantage financier. Les associations demandent l'extension de
l'indemnisation de la Fondation " Entente Franco-Allemande " aux
anciens des RAD-KHD, non titulaires du certificat d'incorporé de force
dans l'armée allemande.
Le recensement des personnes concernées a été
effectué et a été clos le 31 mars 1999. 10.000
demandes ont été reçues par les services
départementaux de l'Office national des anciens combattants . La
Fondation " Entente Franco-Allemande " est désormais en
possession de 6.000 dossiers contrôlés par lesdits services. 4.000
doivent encore faire l'objet d'enquêtes pour établir la
réquisition.
Votre rapporteur demande au secrétaire d'Etat chargé des anciens
combattants que dès que le nombre définitif de parties prenantes
sera connue, les crédits soient inscrits au projet de loi de
finances.
10. Les dysfonctionnements de l'allocation de remplacement pour l'emploi
L'article 121 de la loi de finances pour 1999 avait prévu l'attribution
de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) aux salariés
titulaires de la carte d'ancien combattant au titre des opérations
effectuées en Afrique du Nord qui, tout en remplissant les conditions
d'attribution, se voient opposer un refus par leur employeur.
Sur proposition de votre rapporteur, votre commission s'était
opposée à cette mesure. En effet, seulement 1,1 % des
demandes avaient fait l'objet d'un refus selon l'UNEDIC. Votre rapporteur avait
alors estimé que ce dispositif allait s'avérer négatif
pour les salariés anciens combattants, dans la mesure où certains
employeurs refuseraient de les embaucher pour éviter de se voir imposer
une décision unilatérale de préretraite, tandis que
seulement 170 personnes étaient susceptibles de
bénéficier de cette mesure.
Il avait donc demandé qu'un bilan de cette disposition soit
dressée un an après son entrée en application. Or,
celle-ci n'est pas encore entrée en vigueur. En effet, les règles
relatives au financement de l'ARPE ont été modifiées en
janvier 1999 au détriment des employeurs qui doivent désormais
supporter 20 % du coût du dispositif. Le nombre de refus de la part
des employeurs de l'attribution de l'ARPE a donc augmenté. Or, dans ce
cas, l'indemnité est prise en charge par l'Etat. Alors que le coût
du dispositif était à l'origine évalué à
60 à 70 millions de francs à l'Etat, il
s'élèverait en 1999 à 300 millions de francs. L'Etat
a alors bloqué l'examen des dossiers.
Votre rapporteur constate le blocage de cette réforme qu'il estime
mauvaise, et regrette que le Secrétaire d'Etat aux anciens combattants
ait mal évalué son impact financier.
CHARGES COMMUNES
Rapporteur
spécial : M. Louis-Ferdinand de ROCCA SERRA
Le
budget des charges communes recense les crédits qui, destinés
à l'ensemble des services de l'Etat ou à plusieurs d'entre eux,
ne peuvent être inscrits dans le budget d'un ministère particulier.
Dans le projet de loi de finances pour 2000, ses crédits
s'élèvent au total à
701,12 milliards de
francs
.
Les dépenses ordinaires, qui représentent 99,75 % du total de
ces crédits, augmentent de 3,5 %. Les dépenses en capital, qui ne
représentent que 0,25 % du total, diminuent de 64,4 %.
Le périmètre du budget des charges communes subit
traditionnellement d'importantes modifications. Ainsi, en 1999, les
crédits assurant le financement de la " ristourne
dégressive ", soit 43 milliards de francs, ont-ils
été transportés vers le budget de l'emploi.
Le projet de loi de finances pour 2000 n'échappe pas à la
règle, puisqu'il engendre des modifications importantes, quoique de
moindre ampleur. 13,53 milliards de francs " sortent " du budget des
charges communes, étant affectés essentiellement à la
section Économie, finances et industrie, tandis que 10,57 milliards de
francs y sont affectés pour la première fois.
Ces transferts de crédits croisés sont présentés
dans le tableau ci-dessous :
Les
dégrèvements et remboursements atteignent 330,73 milliards de
francs
, contre 306,2 milliards de francs en 1999, soit une progression de
7,86 %.
Par ailleurs,
les recettes d'ordre
encaissées en 2000, du fait
des procédures d'émission de la dette publique
s'élèvent à
17,2 milliards de francs.
Les crédits du budget des charges communes nets des
dégrèvements et remboursements et des recettes d'ordre
s'établissent à 353,19 milliards de francs, soit une diminution
de 1,3 % par rapport à 1999. Ils représentent 20,95 % des
dépenses du budget général.
Par ailleurs, l'article 67 du projet de loi de finances pour 2000 est
rattaché, pour son examen, au budget des charges communes.
I. DETTE PUBLIQUE ET DIVERS
L'agrégat 01 regroupe la dette publique, les dépenses de
garanties, et les remboursements et dégrèvements.
Ses crédits s'établissent à
586,09 milliards de francs
en 2000
, soit une
progression de 4,03 %
par rapport à 1999.
Ils représentent
83,6 %
de l'ensemble des crédits du
budget des charges communes.
A. LES CHARGES D'INTÉRÊT DE LA DETTE
Les
crédits consacrés aux charges d'intérêt de la dette
de l'Etat
diminuent de 1,38 milliard de francs, soit - 0,55%
, pour
s'établir à 251,87 milliards de francs.
Ils sont ainsi répartis :
(en milliards de francs)
|
1999 |
2000 |
Écart |
Dette négociable |
243,559 |
243,155 |
- 0,17 % |
Dette non négociable |
9,381 |
8,403 |
- 10,43 % |
Charges de gestion de la dette et frais de trésorerie |
0,310 |
0,310 |
0 |
Total |
253,250 |
251,868 |
- 0,55 % |
L'ensemble de cette partie de l'agrégat représente
la charge
brute de la dette publique.
L'appréhension de la réalité de la charge de la dette
nécessite de recourir à la notion de charge nette
qui, outre
la charge brute inscrite au budget des charges communes, prend en compte les
recettes en atténuation des charges de la dette, qui figurent aux lignes
806 (" Recettes en atténuation des charges de la dette ") et
411 (" Intérêts versés par divers services de l'Etat
ou organismes gérant des services publics au titre des avances ")
du fascicule " voies et moyens ".
La charge nette de la dette s'élève, en fait, à
234,70 milliards de francs, en diminution de 1,07 %.
La diminution de la charge de la dette est liée au bas niveau des taux
d'intérêt, soit à des raisons exogènes,
indépendantes de la volonté du gouvernement ( " effet prix
").
Par ailleurs, il convient de noter que, pour la première fois depuis
de nombreuses années, la charge de la dette diminue en 2000.
Il rappelle toutefois, que le Parlement ne dispose que d'une vision
tronquée de la dette de l'Etat, et de celle des autres administrations
publiques
32(
*
)
.
B. LES DÉPENSES DE GARANTIE
En 2000, les dépenses de garanties baissent au total de 16,34 % et atteignent 1.240 millions de francs 33( * ) .
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Écart |
Financement du logement |
3 |
3 |
0 |
Financement de l'agriculture |
4 |
4 |
0 |
Financement de l'industrie |
50 |
50 |
0 |
Garanties afférentes à l'exportation |
665 |
590 |
-11,28 % |
Garanties diverses |
760,2 |
593 |
-21,99 % |
TOTAL |
1.482,2 |
1.240 |
-16,34 % |
Les garanties afférentes au logement
restent stables, et
représentent 3 millions de francs en 2000.
Les garanties afférentes au financement de l'industrie
s'établissent à 50 millions de francs, comme en 1999. Elles
sont destinées à couvrir les défaillances des
sociétés en cours de restructuration bénéficiaires
de prêts à long terme garantis par l'Etat.
Le poste qui est le plus important en volume, celui des garanties
afférentes à l'exportation,
baisse de 75 millions de francs
pour représenter
590 millions de francs
en 2000. Les
crédits inscrits sont destinés à couvrir le besoin de
financement de quatre procédures de garantie gérées pour
le compte de l'Etat par la COFACE :
1. L'assurance crédit
L'assurance-crédit permet aux exportateurs de se couvrir contre divers
risques : de fabrication, politique, commercial...
Depuis 1995, la COFACE n'a pas eu besoin de financement,
l'assurance-crédit étant à nouveau, après une
décennie de déficit, excédentaire, et cela en l'absence de
sinistres majeurs et en raison de la stabilisation des principaux risques.
Aucun crédit n'est donc inscrit à ce titre dans le projet de loi
de finances pour 2000.
2. L'assurance prospection foire
Cette
assurance couvre les dépenses de recherche de nouveaux marchés.
Les crédits demandés restent, en règle
générale, dépendants de la situation sur les
marchés asiatiques.
Ses crédits s'établissent à 290 millions de francs pour
2000, en progression de 9,43 %.
3. La garantie de change
Cette
garantie permet de couvrir les exportateurs contre les risques de change.
Elle est, depuis la création de cette procédure,
bénéficiaire. Compte tenu des aléas sur les marchés
des changes, des risques existent cependant de voir cette garantie devenir
déficitaire. Toutefois, aucun crédit n'est inscrit pour 2000.
4. La garantie du risque économique
Cette
garantie couvre les entreprises contre la dérive des prix de revient
dans les marchés d'exportation.
Ses crédits s'élèvent à 300 millions de francs
pour 2000, en baisse de 25 %.
Par ailleurs, la ligne des "garanties diverses" diminue d'environ
22 % et atteint 593 millions de francs.
Il s'agit principalement
de garanties de change accordées aux institutions financières
spécialisées, à l'Agence française de
développement (AFD) ou à la Banque française pour le
commerce extérieur (BFCE). Ces garanties participent de la politique
financière internationale de la France gérée par le
Trésor.
C. LES DÉPENSES EN ATTÉNUATION DE RECETTES
Les
dépenses de remboursements et dégrèvements d'impôts
s'élèvent à
330,73 milliards de francs
, soit
une progression de 8,01 %.
Leurs crédits font l'objet d'une évaluation
élaborée dans les mêmes conditions que les recettes dont
elles sont la contrepartie.
1. Les contributions directes
L'ensemble des dépenses de remboursements et dégrèvements
sur impôts directs
34(
*
)
s'élève à
150,08 milliards de francs en 2000
,
en progression de 2,72 % par rapport aux estimations de la loi de finances
initiale, mais en
diminution de 1,46 %
en comparaison de ces estimations
révisées.
Cette évolution est liée :
- à la baisse, à hauteur de 1,5 milliard de francs, des
remboursements et transferts d'impôt sur les sociétés ;
- à la baisse de 900 millions de francs des dégrèvements
de taxe professionnelle ;
- à la hausse de 400 millions de francs des dégrèvements
de taxe d'habitation ;
- à une hausse de 500 millions de francs des remboursements relatifs
aux retenues à la source et prélèvements sur revenus de
capitaux mobiliers ;
- à une baisse de 1,2 milliard de francs des admissions en non valeur
(impositions non recouvrées mais dues) sur des produits revenant aux
collectivités locales.
2. Les remboursements sur produits indirects
Ils
concernent presque exclusivement (à hauteur de 98,97 % en loi de
finances initiale pour 1999) les remboursements au titre de la TVA.
Leur montant total progresse de 12,84 % par rapport à la loi de
finances initiale et de
8,24 %
par rapport aux estimations
révisées pour 1999, et atteint
180,65 milliards de
francs.
Cette augmentation est largement imputable aux remboursements de
crédits de TVA, qui stagnent en 1999 (soit 163,9 milliards de francs),
mais qui retrouvent une progression tendancielle en 2000 (176,9 milliards
de francs, soit + 7,9 %).
Une partie du dynamisme des remboursements de TVA résulte des
dispositions adoptées dans les précédentes lois de
finances concernant l'application du taux réduit à certaines
activités. En effet, à législation constante, les
remboursements de TVA ne progressent que de 5,4 % en 2000.
Il convient de rappeler que le projet de loi de finances pour 2000 propose
d'abaisser de 20,6 % à 5,5 % le taux de TVA applicable à
certaines opérations à forte intensité de main d'oeuvre.
Le coût budgétaire de cette disposition est évalué
à 20,7 milliards de francs pour 2000, dont 3 milliards de francs au
titre des remboursements et crédits de TVA.
II. POUVOIRS PUBLICS
Les dépenses de l'agrégat 02 Pouvoirs publics, qui représentent 0,7 % de l'ensemble des crédits inscrits au budget des charges communes , s'élèvent à 4.597,65 millions de francs , en progression de 2,13 % par rapport à 1999 :
Crédits du titre II de 1999 à 2000
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Présidence de la République |
57,28 |
59 |
+ 3 % |
Assemblée nationale |
2.849,92 |
2.887,71 |
+ 1,33 % |
Sénat |
1.561,62 |
1.616,10 |
+ 3,49 % |
Conseil constitutionnel |
26,23 |
28,14 |
+ 7,28 % |
Haute Cour de Justice |
- |
- |
- |
Cour de Justice de la République |
6,7 |
6,7 |
0 |
Total |
4.501,75 |
4.597,65 |
+ 2,13 % |
III. DÉPENSES COMMUNES DE PERSONNEL
L'essentiel des dépenses de cet agrégat correspond à des dépenses de personnel, en particulier les charges sociales. Elles s'établissent à 89,26 milliards de francs , en hausse de 6,25 % par rapport à 1999, et représentent 12,7 % de l'ensemble des dépenses du budget des charges communes .
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Le
chapitre 31-94 " Mesures générales intéressant les
agents du secteur public " est destiné à financer les
dépenses résultant de hausses de rémunération
intervenant en cours d'année.
Il est doté de 230 millions de francs. Il s'agit d'une inscription de
provisions destinées à couvrir les ajustements
complémentaires de rémunérations publiques pouvant
intervenir en 2000.
B. LES DÉPENSES DE PENSIONS
1. Une opération de rebudgétisation pour un montant de 5.026 millions de francs
Le chapitre 32-97 (article 20) est abondé de 5.026 millions de francs au titre de l'inscription au budget général de la contribution des établissements publics aux charges de pension précédemment rattachées par voie de fonds de concours.
2. La contribution de l'Etat à l'équilibre démographique du régime des pensions des ouvriers de la défense et des services industriels de l'Etat
Le
fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements
industriels de l'Etat est chargé d'assurer le service des pensions
concédées ou révisées au profit des ouvriers des
établissements relevant du ministère de la défense et des
services industriels de l'Etat.
En raison du déséquilibre démographique, la principale
ressource du régime réside dans la subvention accordée par
l'Etat, qui est répartie entre les sections ministérielles et les
budgets annexes au prorata du nombre de retraités.
Pour sa part, le budget des charges communes comprend le montant de la
subvention d'équilibre correspondant à la prise en charge des
pensions des anciens ouvriers des budgets annexes, de la SEITA et de
Météo-France.
Cette subvention d'équilibre s'élève à 98,79
millions de francs en 2000, en diminution de 20,84 % par rapport à 1999.
3. Les charges de pensions des différents ministères
La
totalité des charges de pensions de l'Etat pour 2000 est
évaluée à 192,2 milliards de francs, en progression
de 6,8 % par rapport à 1999.
C'est en gestion que le chapitre 32-97 du budget des charges communes regroupe
la totalité des crédits de pensions de l'Etat à l'issue
d'un arrêté de transfert intervenant en début d'exercice.
En loi de finances initiale, apparaissent toutefois :
- les pensions militaires : 1,06 milliard de francs (- 21,38 %) ;
- les pensions civiles (sauf PTT) : 9,69 milliards de francs, dont 5,03
milliards de francs au titre de la rebudgétisation susmentionnée
(+ 19,68 % à structure constante) ;
- les pensions des PTT : 24,92 milliards de francs (+ 3,56 %) ;
- les pensions d'Alsace-Lorraine : 89,6 millions de francs
(+10,62 %) ;
- la contribution au paiement des pensions servies par diverses
collectivités antérieurement au 1
er
janvier
1954 : 50.000 francs, comme en 1999.
Soit un total de 35,75 milliards de francs, en progression de 21,68 %.
C. LES DÉPENSES DE CHARGES SOCIALES
Un
crédit de
53,184 milliards de francs
est inscrit au
chapitre 33-91 "Personnel en activité - prestations et versements
obligatoires", en diminution de 2,26 % par rapport à 1999.
Il convient toutefois de préciser que 1089,1 millions de francs font
l'objet d'un transfert : 13,1 millions de francs vers le budget de
l'intérieur et de la décentralisation, correspondant aux
cotisations patronales au titre du régime d'assurance maladie des
personnels civils titulaires de l'Etat, dans le cadre de
l'expérimentation des dotations globalisées de quatre
préfectures ; et 1.076 millions de francs vers le budget de
l'économie, des finances et de l'industrie, correspondant au même
objet, dans le cadre de la dotation globalisée de la direction
générale des impôts.
•
Le versement de l'Etat à la Caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF)
Ce versement couvre la différence entre le montant des prestations
familiales servies par l'Etat à ses agents et le montant des cotisations
qu'il aurait eu à verser à la CNAF s'il avait été
affilié à cet organisme. Ces versements s'élèvent
à
10,22 milliards de francs
en 2000, en progression de
2,81 %.
•
Les cotisations patronales d'assurance-maladie
des
fonctionnaires civils s'élèvent à
23,31 milliards
de francs
, en progression de 2,44 % à structure constante. Les
cotisations sont assises sur le traitement brut des fonctionnaires.
• La cotisation à la charge de l'Etat
au titre des
versements dus par les employeurs (0,1 %) sur les salaires plafonnés
au fonds national d'aide au logement (FNAL)
s'établit à 266
millions de francs, soit une augmentation de 2,31 %.
• Le versement de l'Etat au titre de la compensation
démographique des régimes de sécurité sociale
s'élève en 1999 à
19,39 milliards de francs
,
en diminution de 4,93 %. L'Etat contribue en effet à la fois
à la "compensation démographique
généralisée" entre régimes de base obligatoires de
sécurité sociale, et à la "surcompensation"
spécifique entre régimes spéciaux
d'assurance-vieillesse.
IV. INTERVENTIONS POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES ET ACTION INTERNATIONALE
Les crédits de cet agrégat s'élèvent à 4,24 milliards de francs en 2000 , soit une diminution de 52,57 % par rapport à 1999. Il convient toutefois de préciser qu'ils sont affectés par de nombreux transferts de crédits. Cet agrégat regroupe 0,6 % de l'ensemble des crédits du budget des charges communes.
A. LE FONDS DE SOLIDARITÉ VIEILLESSE
Le
budget des charges communes supporte les crédits nécessaires
à la prise en charge par l'Etat des frais de gestion administrative du
fonds de solidarité vieillesse. Celui-ci, créé par la loi
du 22 juillet 1993, prend en charge les avantages d'assurance vieillesse non
contributifs relevant de la solidarité nationale.
Les dépenses administratives du FSV sont constituées
principalement :
- des charges de personnel (75 % environ) ;
- des frais de location, notamment de locaux (14 % environ des
dépenses) ;
- des consommations courantes.
Les crédits pour 2000 s'établissent à 5,43 millions de
francs, en progression de 0,74 %.
B. LES DÉPENSES ÉVENTUELLES ET ACCIDENTELLES
Les
dépenses éventuelles et accidentelles sont prévues par les
articles 10 et 11 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959.
Les dépenses éventuelles
(chapitre 37-94) abondent en
gestion des chapitres dont les dotations ont un caractère provisionnel.
Ces crédits s'élèvent à
300 millions de
francs
en 2000, soit un montant identique à celui de 1999.
Les dépenses accidentelles
(chapitre 37-95) permettent de faire
face aux calamités, dépenses urgentes ou imprévisibles.
Elles s'élèvent à
1.640 millions de francs en
2000, soit une progression de 264 %.
Toutefois, le gouvernement ne donne
aucune explication à cette très forte progression. Il
n'évoque qu'un
" ajustement aux besoins ".
Il apparaît cependant que les dotations des années
antérieures n'ont pas été entièrement
consommées comme en témoigne le tableau ci-dessous :
Exécution en lois de finances
|
PLF 1997 |
PLF 1998 |
PLF 1999 |
PLF 2000 |
Chapitre 37-94 |
|
|
|
|
Crédits initiaux |
245 |
285 |
300 |
300 |
Exécution |
244,4 |
206,9 |
162,73 1 |
- |
Chapitre 37-95 |
|
|
|
|
Crédits initiaux |
200 |
260 |
450 |
1.640 |
Exécution |
45,4 |
135 |
279,1 1 |
- |
1. Au 30 juin 1999 Source - Direction du budget
C. AIDES DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Le
projet de budget pour 2000 regroupe sur le chapitre 41-23 les aides de l'Etat
en faveur des collectivités locales, en particulier la dotation de
l'Etat au profit du fonds national de péréquation.
La loi du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement
et le développement du territoire a institué un fonds national de
péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) doté d'un
produit déterminé chaque année par le comité des
finances locales et d'une dotation de l'Etat qui doit évoluer chaque
année en fonction de l'indice de variation des recettes fiscales nettes
de l'Etat.
En 2000, les crédits s'élèvent à 840,17
millions de francs.
Il convient toutefois de souligner que les crédits de la dotation au
FNPTP proprement dit diminuent de 0,26 %, passant de 827,32 millions de francs
en 1999 à 825,17 millions de francs en 2000.
D. LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AU FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT
Le
Fonds européen de développement est le principal outil de la
politique communautaire en direction des pays
" Afrique-Caraïbes-Pacifique " (ACP).
Il est alimenté par des versements nationaux avec des clés de
contribution distinctes de celles appliquées pour le budget
général de l'Union européenne et qui sont liées au
rythme d'exécution des projets.
Les crédits prévus pour 2000 s'établissent à
1,45 milliard de francs, en baisse de 10 %.
V. INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
Les dépenses de cet agrégat s'élèvent à 16,94 milliards de francs en 2000, soit une diminution de 14,46 % par rapport à 1999. Elles représentent 2,4 % de l'ensemble des dépenses du budget des charges communes.
A. LES SECOURS AUX VICTIMES DE SINISTRES ET CALAMITÉS
Comme en 1999, les dotations destinées à apporter des secours aux victimes de sinistres et calamités s'élèvent à 15 millions de francs : 5 millions de francs pour la métropole, et 10 millions de francs pour l'outremer.
B. L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE
Le
chapitre 44-91 comporte les encouragements à la construction
immobilière, dont le poste essentiel est constitué des primes
épargne logement : les crédits s'élèvent
à
7,5 milliards de francs
, soit une diminution de 7,4 % par
rapport à 1999.
La dotation des prêts aidés pour l'accession à la
propriété diminue très fortement, de 78,6 %, et
s'établit à 63 millions de francs.
Enfin, la dotation des prêts spéciaux du Crédit foncier de
France diminue de 28,7 %, et s'établit à
196 millions de
francs
.
C. LES VERSEMENTS À DIVERS RÉGIMES OBLIGATOIRES DE SÉCURITÉ SOCIALE
Ces
versements représentent
6,06 milliards de francs
en 2000, et
concernent :
-
le régime de retraite de la SEITA
qui bénéficie,
même après la privatisation de cette dernière, d'une
subvention de l'Etat qui s'élève à 512 millions de
francs en 2000, en hausse de 3,23 % ;
- la Caisse des retraites de l'Imprimerie nationale
, pour
2,26 millions de francs ;
- le financement des prestations sociales des non salariés
agricoles
, à hauteur de 3,54 milliards de francs ;
- le fonds spécial de retraite
de la caisse autonome nationale
de sécurité sociale
dans les mines
, soit un montant de
1,59 milliard de francs ;
- le financement de l'allocation adultes handicapés du régime
des non salariés agricoles
, pour 422 millions de francs.
D. LES AIDES EN FAVEUR DES RAPATRIÉS
Sont
principalement inscrites sur le chapitre 46-91 les dépenses relatives
à l'indemnisation et aux retraites des Français rapatriés
d'Outremer, en vertu de la loi du 4 décembre 1985 qui permet aux
rapatriés qui procèdent au rachat de leurs cotisations de
bénéficier d'une aide de l'Etat, soit 164 millions de francs
en 2000.
En outre, sont inscrites diverses dotations comprenant le financement des
prêts de reclassement aux rapatriés, pour 1 million de francs, le
versement de l'Etat à la caisse nationale de retraite des agents des
collectivités locales au titre des parts contributives dues par les
caisses de retraite d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, à hauteur
de 230.000 francs, et la participation de l'Etat aux dépenses de la
caisse des retraites ferroviaires d'outremer, soit 50,37 millions de
francs.
E. LA MAJORATION DES RENTES VIAGÈRES
La
majoration des rentes allouées en réparation du préjudice
causé par un véhicule terrestre à moteur
bénéficie de crédits à hauteur de 80 millions
de francs, comme en 1999.
La participation de l'Etat au financement des majorations légales des
rentes viagères destinées à compenser l'érosion
monétaire s'élève, quant à elle, à
2,38
milliards de francs
, soit une progression de 1,48 % par rapport à
1999.
F. LE FONDS D'INDEMNISATION DES TRANSFUSÉS ET HÉMOPHILES
Le
fonds d'indemnisation des transfusés et hémophiles (FITH) a
été institué par la loi portant diverses mesures d'ordre
social du 31 janvier 1991. Son objectif est d'assurer aux personnes
contaminées une réparation complète et rapide des
préjudices subis.
Ses ressources proviennent du chapitre 46-98, soit
50 millions de
francs
en 2000, en baisse de 50 % par rapport à 1999.
G. LES TRAVAUX DE SÉCURITÉ DANS LES ÉCOLES
Le plan
gouvernemental de 1994 sur la sécurité dans les écoles
comporte l'institution :
- d'une prime de 11,2 % du montant emprunté par les
collectivités locales pour les travaux dans les collèges ;
- d'une enveloppe de 2,5 milliards de francs sur cinq ans affectée
à la sécurité dans les établissements scolaires du
premier degré.
La décision a été prise en 1996 d'étaler sur trois
ans le solde du plan initial (1 milliard de francs sur deux ans).
En 2000, il s'agira de la 7
ème
tranche, ce qui
représente
300 millions de francs
en crédits de
paiement, soit une progression de 39,5 %.
Ces crédits sont répartis en gestion sur les budgets de
l'éducation nationale et de l'intérieur.
VI. L'ARTICLE 67 RATTACHÉ
L'article 67 du projet de loi de finances pour 2000, rattaché, pour son
examen, au budget des charges communes, tend à préciser les
modalités de prise en charge de l'indexation des OAT
i
, les
obligations assimilables du Trésor indexées sur l'inflation.
L'article 19 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier a autorisé l'Etat et
les autres personnes morales à émettre des titres de
créance et des instruments financiers à terme indexés sur
le niveau général des prix, par dérogation à
l'interdiction quasi générale qui frappe, depuis l'ordonnance
n° 58-1374 du 30 décembre 1958 portant loi de finances pour 1959,
l'introduction, dans toute disposition statutaire ou conventionnelle, de
clauses d'indexation fondées sur l'inflation.
Cette interdiction générale des indexations était,
à l'époque, motivée par la volonté d'éviter
les effets inflationnistes des clauses dites " d'échelle
mobile ".
Concrètement, l'article 19 de la loi du 2 juillet 1998
précitée a autorisé l'Etat à émettre des
obligations indexées sur l'inflation.
L'article 70 prévoit que la charge budgétaire correspondant au
coût représentatif de l'indexation des OAT
i
,
constatée à la date de détachement du coupon, est inscrite
chaque année en loi de finances au titre I des dépenses
ordinaires des services civils du budget général, et donc, au
budget des charges communes.
A titre transitoire, la charge budgétaire pour 2000 comprend
également le coût représentatif de l'indexation des titres
dont les coupons ont été détachés en 1999.
Le provisionnement de cette charge dans le projet de budget des charges
communes pour 2000 s'établit à 895,535 millions de francs,
inscrits au chapitre 11-05 (article 50).
VII. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
Votre rapporteur spécial est amené à formuler quatre observations sur le budget des charges communes pour 2000.
A. LE BUDGET DES CHARGES COMMUNES, EN DÉPIT DE SA NATURE PARTICULIÈRE, FAIT L'OBJET D'UN EFFORT APPRÉCIABLE DE CLARIFICATION
1. Un caractère paradoxal et hétéroclite
Votre
rapporteur spécial avait souligné , l'année
dernière, le
caractère paradoxal
du budget des charges
communes : premier budget de l'Etat avec 701 milliards de francs de
crédits, dont 99% de dépenses ordinaires, il représente
plus du tiers des dépenses brutes du budget général, mais
est le plus méconnu, quoique le plus varié par les thèmes
abordés.
Il avait également insisté sur son
caractère
hétéroclite
puisqu'il comprend
les crédits
destinés à l'ensemble des services de l'Etat ou à
plusieurs d'entre eux, et qui ne peuvent être inscrits dans le budget
d'un ministère particulier.
2. Un périmètre très instable
Compte tenu de sa nature particulière, ce budget connaît par
ailleurs des variations importantes de structure, d'un exercice
budgétaire à l'autre ou en cours d'exercice.
Les variations de structure d'un exercice à l'autre, sont très
importantes.
Les crédits du budget des charges communes ont ainsi été
accrus de 10,57 milliards de francs au titre des rebudgétisations
tandis que, en sens inverse, 13,53 milliards de francs ont
été transférés vers d'autres budgets,
principalement celui de l'économie, des finances et de l'industrie.
Au total, ce sont donc plus de
24 milliards de francs
de
crédits qui ont ainsi changé d'affectation par rapport à
l'année dernière. L'année 1999 avait d'ailleurs connu des
transferts de crédits beaucoup plus importants encore, 58 milliards de
francs ayant fait l'objet d'une affectation nouvelle, en particulier les
crédits assurant le financement de la " ristourne
dégressive ".
3. Un effort indéniable de clarification
Les
modifications de structure opérées par le projet de loi de
finances pour 2000 tendent toutefois à
clarifier la
présentation du budget des charges communes, qui devient plus
lisible.
Le projet de budget prévoit en effet la
suppression de 44
chapitres
: le budget des charges communes passe ainsi de 81 chapitres
en 1999 à 37 chapitres en 2000.
12 chapitres, qui n'étaient plus utilisés depuis plusieurs
gestions, sont ainsi supprimés : 1 sur le titre III, 4 sur le titre
IV, 2 sur le titre V, et 5 sur le titre VI.
Par ailleurs, 20 chapitres sont supprimés, suite au transfert sur le
budget d'autres ministères de dotations gérées par leurs
services, le budget des charges communes ne conservant que les dotations
communes à l'ensemble des ministères ou intéressant au
moins deux ministères.
Enfin, 12 chapitres sont supprimés grâce à une
globalisation des dotations concernant un même sujet.
B. DES CRÉDITS CORRESPONDANT À DES DÉPENSES DE CONSTATATION
Les crédits apparaissant au sein de ce budget correspondent le plus souvent à des dépenses de constatation, résultant de la prise en compte de circonstances extérieures, d'éléments exogènes dont le Parlement prend acte le cas échéant, qu'il peut parfois déplorer, tout en ne pouvant les modifier ou s'y opposer que très rarement.
1. La nécessaire maîtrise de la charge budgétaire de la dette
Seul
apparaît dans le budget de l'Etat le coût en trésorerie de
la dette de l'Etat,
c'est à dire les charges financières que
celle-ci entraîne pour l'Etat, tandis que le remboursement du capital
s'opère, lui, dans un cadre extrabudgétaire et n'apparaît
donc jamais en tant que tel au sein du budget.
La dette de l'Etat s'établissait à 4.022 milliards de
francs au 31 décembre 1998, soit 47 % du PIB.
En 2000, le budget de l'Etat dégagera un excédent primaire.
Votre rapporteur spécial se félicite de cette orientation, qui
est la seule capable d'enrayer la spirale d'augmentation de la dette - le
fameux effet " boule de neige " - et de stabiliser le ratio
d'endettement public au sens du Traité de Maastricht.
Ainsi, la charge nette de la dette passe de 237,25 milliards de francs
en 1999 à 234,7 milliards de francs, soit une baisse de 1,07 %
(-2,5 milliards de francs).
Toutefois, le gouvernement tire profit d'un " effet-prix "
résultant du niveau historiquement bas des taux d'intérêt,
cause exogène indépendante de son action.
Par ailleurs, la réduction du déficit budgétaire est
insuffisante, comme l'a expliqué notre rapporteur général,
de telle sorte que le France apparaît comme le mauvais
élève de la classe européenne.
2. La plupart des dépenses de garantie évoluent en fonction des aléas de la conjoncture internationale
Au sein de ces dépenses de garantie, le poste le plus important est constitué par les garanties à l'exportation. Or, il est particulièrement frappant de relever que, selon les termes mêmes du gouvernement, les prévisions concernant ce poste de dépenses restent " très aléatoires et dépendantes d'événements imprévisibles ". Par ailleurs, " le mode d'évaluation des provisions est relativement peu affiné ".
3. Les dépenses en atténuation de recettes ont un caractère " particulièrement fluctuant "
Les
dépenses en atténuation de recettes, c'est à dire les
remboursements et dégrèvements d'impôts,
s'élèvent à 330,73 milliards de francs soit près de
la moitié des crédits du budget des charges communes.
Ces dépenses ont également pour particularité de figurer
dans la partie recettes du budget général et de venir en
diminution des recettes brutes pour définir les recettes nettes.
Par ailleurs leur montant est généralement
déterminé en extrapolant les prévisions de l'année
précédente qui sont parfois révisées afin de tenir
compte des aléas de la conjoncture économique.
Leur évolution est donc étroitement liée à des
facteurs exogènes ou à l'effet de mesures législatives
antérieures.
Ainsi, la progression en 1999 des remboursements d'impôts directs
faisait-elle suite à l'adoption de la loi portant mesures urgentes
à caractère fiscal et financier (dite " MUFF ") qui
avait entraîné la mise en place d'un acompte exceptionnel au titre
de l'impôt sur les sociétés en décembre 1997 et
corrélativement s'était traduite par une forte augmentation des
remboursements en 1998, qui n'avait pas été prévue en loi
de finances initiale.
En revanche, le montant des remboursements et dégrèvements
devrait diminuer de 1,5 % en 2000, essentiellement en raison des moindres
remboursements et transferts d'impôt sur les sociétés,
à hauteur de - 1,5 milliard de francs, et de la baisse des
dégrèvements de taxe professionnelle, soit
- 900 millions de francs.
En revanche, les remboursements de crédits de TVA progressent en 2000,
de 7,9 %. Une partie de cette dynamique résulte des dispositions
adoptées dans les précédentes lois de finances concernant
l'application du taux réduit à certaines activités.
C. UN BUDGET TRONQUÉ
1. Le " hors-bilan "
Les
crédits relatifs aux garanties de l'Etat sont inscrits au
chapitre 14-01 du budget des charges communes, pour un montant de
1,24 milliard de francs.
Toutefois, ces crédits ne prennent pas en considération les
" garanties implicites " à la charge de l'Etat,
c'est-à-dire les engagements à plus ou moins long terme auxquels
l'Etat et le secteur public devront faire face, et qui ne sont pas
retracés en tant que tels dans le budget de l'Etat.
L'Etat sera en effet confronté, dans un avenir relativement proche,
à un problème budgétaire majeur : celui du
" hors-bilan ", ou " dette publique invisible ".
Si la structure et l'évolution du bilan de l'Etat peuvent être
appréhendées et contrôlées de façon
objective,
le " hors-bilan "
, quant à lui,
fait
l'objet d'une grande imprécision
, le flou dont il est entouré
empêchant la représentation nationale et les citoyens de
connaître précisément la situation financière exacte
de l'Etat.
Cette situation, dont votre rapporteur spécial ne peut que
s'inquiéter, a également été dénoncée
par l'Assemblée nationale. Le groupe de travail, qu'elle avait
constitué à l'initiative, et sous la présidence, de M.
Laurent Fabius, sur l'efficacité de la dépense publique et le
contrôle parlementaire, estime, dans son rapport
35(
*
)
, que la dette est
" sous-évaluée "
, l'Etat pratiquant
" une
politique de provisionnement minimal
, alors que le
principe de sincérité budgétaire milite pour
qu'apparaissent, à la lecture du bilan de l'Etat, les causes
d'éventuels déséquilibres futurs ".
Par ailleurs, le rapporteur général de la commission des
finances de l'Assemblée nationale, M. Didier Migaud, estime, dans on
rapport sur le projet de loi de finances pour 2000, que
" le Parlement
n'a encore qu'une vision tronquée de la dette de l'Etat, sans même
parler de celle des autres administrations publiques ".
En effet, le gouvernement apprécie actuellement le
" hors-bilan " d'une manière extrêmement restrictive, ne
s'en tenant qu'à une simple définition juridique.
D'après des informations fournies à votre rapporteur
spécial, le gouvernement ne prend en compte que la notion de dette
garantie par l'Etat inscrite aux sous-comptes 801 (emprunts intérieurs)
et 802 (emprunts extérieurs) de la comptabilité de l'Etat, qui
est publiée chaque année au compte de la dette publique.
Il s'agit des engagements de sociétés françaises,
entreprises nationales, collectivités et établissements publics
bénéficiant de la garantie explicite de l'Etat, ce dernier
s'étant engagé, dans l'hypothèse d'une défaillance
du débiteur, à effectuer lui-même le règlement.
Au 31 décembre 1998, cette dette inscrite " hors-bilan "
s'élevait à 311,54 milliards de francs
, soit
263,23 milliards de francs d'emprunts intérieurs, et 48,31
milliards de francs d'emprunts extérieurs. Le tableau ci-après
présente la dette garantie par l'Etat.
Toutefois, les chiffres précédents ne recouvrent pas toute la
dette garantie implicitement.
En effet, dans une réponse à une question
écrite
36(
*
)
, le gouvernement estimait,
pour 1997, à
439,19 milliards de francs
la dette
financière nette des entreprises nationales et des groupes publics.
Cette dette est particulièrement concentrée, les trois
principaux débiteurs représentant à eux seuls 77,5 %
de l'encours total. La dette financière de RFF
37(
*
)
s'élève à 148,96 milliards de
francs, celle d'EDF à 130,72 milliards de francs, et celle de la
SNCF à 60,85 milliards de francs. Suivent les Charbonnages de
France pour 31,9 milliards de francs, et la RATP pour 27,7 milliards
de francs.
Cependant, l'ensemble du " hors-bilan " n'est ni
complètement connu ni totalement provisionné.
Les réalités qu'il recouvre, très disparates, sont
souvent difficiles à quantifier précisément.
Au-delà de la question des retraites évoquée ci-dessus,
quelques chiffres sont riches d'enseignements sur l'ampleur des besoins de
financement.
Ainsi, le coût des structures de défaisance représente
2 points de PIB. Il convient de relever que l'accroissement, dans la
nouvelle base INSEE 1995 du montant de la dette publique au sens de Maastricht,
qui est de 60,3 % du PIB en 1998, est dû à
l'intégration des structures de défaisance publiques, dont
EPFR
38(
*
)
et CDR
39(
*
)
, dans le secteur des ODAC
40(
*
)
.
En outre, les garanties de l'Etat pour les prêts au logement
représenteraient 2 à 4 % de PIB.
Enfin, selon la Cour des comptes, les provisions que nécessiterait le
démantèlement des centrales nucléaires peuvent être
chiffrées à 102 milliards de francs. A la fin de 1997, les
provisions inscrites s'élevaient à 40,8 milliards de francs.
La prise en compte du " hors-bilan " a des conséquences
budgétaires considérables, qu'il est difficile de chiffrer avec
précision, mais qui peuvent être évaluées, en
intégrant la dette implicite des régimes de retraite par
répartition, à des centaines, voire des milliers, de milliards de
francs.
Ainsi, l'OCDE a chiffré en 1993 le montant de la " dette publique
invisible " de la France à 216 % du PIB de 1990, contre
157 % pour l'Allemagne, 242 % pour l'Italie, 156 % pour le
Royaume-Uni, et 89 % pour les États-Unis.
2. Les rémunérations d'activité
Le
chapitre 31-94 du budget des charges communes " Mesures
générales intéressant les agents publics " est
doté de 230 millions de francs.
Votre rapporteur spécial tient cependant à rappeler que
l'augmentation des rémunérations de la fonction publique sera
de 11,4 milliards de francs en 2000 (après 20 milliards de francs
en 1999), en raison, notamment, de l'accord salarial dans la fonction publique
du 10 février 1998.
Cette progression est d'autant plus inquiétante qu'elle contribue non
seulement à accroître le poids des dépenses de
fonctionnement mais également à rigidifier les dépenses
publiques ainsi que cela a déjà été
souligné par votre rapporteur général.
Elle a par ailleurs également des effets induits sur les fonctions
publiques territoriale et hospitalière.
3. Le poids des retraites de la fonction publique
Le
chapitre 32-97 du budget des charges communes est doté de
35,75 milliards de francs au titre des pensions, ce qui ne
représente que 18,6 % de l'ensemble des dépenses des
retraites de la fonction publique.
Ainsi que cela a déjà été relevé, c'est en
gestion que ce chapitre regroupe la totalité des crédits de
pension de l'Etat à l'issue d'un arrêté de transfert
intervenant en début d'exercice.
Pour mémoire, la
totalité des charges de pensions de l'Etat pour 2000 est
évaluée à 192,2 milliards de francs, en progression
de 6,8 % par rapport à 1999.
Or l'évolution à l'avenir de cette catégorie de
dépenses risque de se révéler rapidement
problématique comme le souligne le rapport sur les
rémunérations de la fonction publique annexé à la
loi de finances pour 1999.
En effet après avoir analysé leur progression, ce rapport
examine les modalités de financement de ces retraites, compte tenu des
évolutions démographiques à venir. Il relève ainsi
que la charge budgétaire incombant actuellement à l'Etat
représente 70,5 % du montant total de ces dépenses.
Par
ailleurs, compte tenu de l'évolution démographique, le
surcoût pour l'Etat est évalué à plus de
79 milliards de francs dès 2010 et serait sur les bases actuelles
de financement pour plus de 90 % à la charge de l'Etat.
Comme le préconise votre rapporteur général,
il
importe donc de prendre rapidement la mesure de ce
phénomène : plus en effet l'action à entreprendre
sera réalisée tôt plus elle sera efficace et moins elle
sera douloureuse.
Votre rapporteur spécial déplore que, pourtant
éclairé par les conclusions du rapport Charpin sur les retraites,
le gouvernement ait décidé de ne rien faire.
D. DES ESTIMATIONS DE DÉPENSES INCERTAINES
Ainsi
que cela a été souligné par votre rapporteur
spécial, les dépenses de garantie sont, selon le gouvernement,
" difficilement prévisibles "
, ce qui lui permet de
moduler ces crédits en fonction de ses propres contraintes. En effet,
lorsque des événements " imprévus " surviennent,
les estimations de dépenses sont rarement ajustées en
conséquence.
Cette incertitude dans les estimations de dépenses se retrouve à
propos des dépenses éventuelles et, surtout, des dépenses
accidentelles de l'Etat.
La dotation de ces dernières passe de 450 millions de francs en 1999
à 1.640 millions de francs en 2000, soit une augmentation de plus de 260
%, sans que le gouvernement en donne la moindre justification autre qu'un vague
" ajustement aux besoins ".
Il apparaît par ailleurs que les dotations des années
antérieures n'ont pas été entièrement
consommées, notamment en ce qui concerne les dépenses
accidentelles.
CULTURE ET COMMUNICATION
CULTURE
Rapporteur spécial :
M. Yann GAILLARD
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
Le
projet de budget pour 2000 prévoit une hausse des crédits du
ministère de la culture, qui, en dépit d'un certain
fléchissement par rapport à celle des deux années
précédentes, reste nettement supérieure à celle du
budget de l'État. Globalement, ceux-ci augmentent de
+ 2,09 %
en
termes de dépenses ordinaires et de crédits de paiement pour
atteindre
16,039 milliards de francs
, soit une augmentation de
+329 millions de francs
.
En revanche, les
autorisations de programmes
augmentent de
+4,64 %
dans le présent projet de loi de finances pour
s'établir
à 3,702 milliards de francs
. On note que
cette évolution correspond à
un léger tassement
de 0,08% des crédits de paiement
, qui passent de
3,559 milliards de francs dans la loi de finances initiale de 1999
à 3,556 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour
2000.
A. LES DOTATIONS EN PERSPECTIVE
Avec le
recul, il faut souligner les fluctuations qui caractérisent le budget de
la culture, au-delà de sa longue marche vers le 1%. La loi de finances
pour 1998 constituait un retournement de tendance par rapport au budget pour
1997, qui subissant - sans doute plus que d'autres - le choc de la rigueur
budgétaire, était marqué par une régression des
crédits de près de 3 %, et même d'environ 8 % en raisonnant
à périmètre constant.
Cette année encore les autorisations de programme manifestent cette
instabilité, puisque la croissance de 4,64% fait contraste aussi bien
avec la diminution de - 4,91% prévue par le budget pour 1999, qu'avec la
hausse de près de 20% qui caractérisait le projet de budget pour
1998.
En 1999, le budget de la culture n'a
pas
eu - à ce jour -
à subir de mesures de
régulations budgétaires
,
contrairement aux années 1997 et même 1998, qui ont connu des
annulations de crédits non négligeables.
Tel est le contexte dans lequel se situe le présent projet de budget
pour 2000, dont le tableau ci-dessous présente par titre les principales
évolutions.
NATURE DES CREDITS |
1999 LFI |
2000 PLF |
Evolution en pourcentage |
DEPENSES ORDINAIRES |
|
|
|
Titre III Moyens des services |
7 342 657 978 |
7 550 235 213 |
2,83% |
Titre IV Interventions publiques |
4 808 238 355 |
4 932 655 787 |
2,59% |
Total |
12 150 896 333 |
12 482 891 000 |
2,73% |
DEPENSES EN CAPITAL |
|
|
|
Titre V Investissements exécutés par l'État |
1 567 305 000 |
1 871 692 000 |
19,42% |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'État |
1 991 911 000 |
1 684 630 000 |
-15,43% |
Total |
3 559 216 000 |
3 556 322 000 |
-0,08% |
TOTAL DO+CP |
15 710 112 333 |
16 039 213 000 |
2,09% |
|
|
|
|
Autorisations de programme |
|
|
|
Titre V Investissements exécutés par l'État |
1 966 290 000 |
2 024 100 000 |
2,94% |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'État |
1 571 961 000 |
1 678 400 000 |
6,77% |
TOTAL |
3 538 251 000 |
3 702 500 000 |
4,64% |
Les crédits de la culture représenteront 0,98% du budget de l'État en 2000 . A structure budgétaire constante, ce pourcentage était de 0,97% en 1999 et 0,95% en 1998. On se rapproche donc de l'objectif de 1% du budget de l'État qu'il est désormais convenu de se fixer en matière culturelle, non sans un certain arbitraire compte tenu de la part des interventions financées sur les budgets d'autres administrations d'État ou relevant des collectivités territoriales.
B. OBSERVATIONS SUR LA NOMENCLATURE BUDGÉTAIRE
La
nomenclature ne connaît pas, cette année, les changements
importants des années précédentes, même si certaines
modifications ne vont pas dans le sens d'un contrôle plus fin des
crédits : il est en effet proposé de regrouper au sein d'un
chapitre unique " Moyens de fonctionnement des services administratifs
centraux et déconcentrés " (34.97) les dotations
actuellement inscrites sur les chapitres 34.95 (dépenses informatiques
et de télématique), 37.93 (Formation continue du personnel) et
34.97 (Moyens de fonctionnement des services centraux) et sur deux articles du
34.98 (articles 10-DRAC - et 20 - Services départementaux de
l'architecture et du patrimoine -).
Seuls resteront sur le chapitre 34.98, les moyens de fonctionnement des
services à compétence nationale ou ayant vocation à le
devenir. Ce chapitre s'intitulera désormais : " moyens de
fonctionnement des services à compétence nationale et des
Archives nationales". Outre les archives, il regroupe les dépenses
relatives aux Musées, au Patrimoine monumental, au service national des
travaux et à la recherche.
Indépendamment du bien fondé de l'opération - la
distinction services administratifs/services opérationnels, de nature
fonctionnelle et économique, apparaissant en effet plus pertinente que
la distinction juridique services centraux/services déconcentrés
-, force est de constater qu'une fois encore ces changements de nomenclature ne
facilitent pas le contrôle des autorisations parlementaires.
Ainsi, le phénomène de globalisation des crédits
d'intervention sous le vocable " fourre-tout " de
développement culturel, dont on a déjà souligné
l'année dernière qu'il aboutissait à ne plus permettre de
savoir à quels types d'actions ils étaient affectés, se
double aujourd'hui d'une propension à
l'assouplissement du principe
de l'annualité budgétaire pour des dépenses de
fonctionnement
: l'inscription de ce nouveau chapitre à
l'état H qui regroupe les chapitres dont les crédits ne sont pas
soumis à l'annualité, affaiblit le sens de l'autorisation
parlementaire.
Certes, cet assouplissement général du principe de
l'annualité budgétaire s'inscrit dans la perspective d'une
meilleure gestion en permettant aux services de reporter une partie de leurs
crédits de fonctionnement, ce qui n'est actuellement possible que pour
10% du montant des ouvertures de crédits ou pour les crédits des
chapitres - jusqu'à présent limitativement et restrictivement
énumérés à l'état H . Ainsi les services
pourront-ils mettre de côté un certain montant de crédits
pour la réalisation d'opérations plus importantes, ce qui n'est
pas forcément de mauvaise gestion, sauf si cela permet aux services de
se constituer des stocks de crédits, en dehors du contrôle sinon
de la direction du budget du moins du Parlement.
Une telle novation - qui il faut le noter au passage n'est pas propre au budget
de la culture - est cependant critiquable dans la mesure où elle
s'inscrit dans un contexte où l'on trouve de plus en plus de signes du
pouvoir discrétionnaire que s'arroge le pouvoir exécutif tant
pour les dépenses de fonctionnement et d'intervention que dans la
gestion des dépenses en capital.
C. LES PRIORITÉS AFFICHÉES POUR 2000
Le présent projet de budget se place dans la continuité des budgets précédents - accent sur les dépenses d'interventions et rééquilibrage Paris/province - avec, cette année, d'une part, une certaine stabilisation de l'effort en faveur du patrimoine, et, d'autre part, d'importantes créations de postes budgétaires pour permettre la résorption de l'emploi précaire.
1. Le titre IV privilégié
Le titre
IV doit absorber 172 millions de francs, sur les 369 millions
supplémentaires que prévoit pour la culture le projet de loi de
finances pour l'année 2000.
Le spectacle vivant bénéficie d'un traitement particulier avec
80 millions de francs de mesures nouvelles, ce qui prolonge l'effort
particulièrement important de l'année 1999 (110 millions de
francs de mesures nouvelles).
C'est sur ces crédits que sont financées les
mesures de
démocratisation culturelles
annoncées par la ministre dans sa
communication en conseil des ministres du 23 juin dernier : extension aux
12 à 18 ans de la gratuité d'accès aux monuments
historiques, gratuité d'accès aux monuments historiques le
premier dimanche de chaque mois hors saison touristique, extension à
tous les musées nationaux de la gratuité d'accès le
premier dimanche de chaque mois, d'une part ; alignement du régime
des bourses des étudiants des écoles d'art et des écoles
d'architecture sur celui de l'Education nationale, d'autre part.
On note à cet égard que les crédits du titre IV
consacrés aux enseignements augmentent dans le présent projet de
budget de 53 millions de francs, soit une croissance de 6,9%.
2. Le rééquilibrage Paris - Régions
La
ministre met en avant un effort accru en faveur des équipements
culturels locaux, dont les dotations sont comparées à celles
consacrées aux grands équipements culturels parisiens. Les
subventions à la réalisation d'équipements culturels
locaux passent ainsi en autorisations de programme de 397 millions de francs
à 490 millions dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les domaines privilégiés dans le budget pour 2000 sont en
particulier les archives - 65 millions de francs contre 30 millions de francs
dans le projet de loi de finances pour 1999 - , les musées
classés et contrôlés - 130 millions de francs contre 117
millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1999 - le spectacle
vivant - 204 millions de francs contre 150 millions de francs dans le projet de
loi de finances pour 1999.
Les crédits consacrés dans le présent projet de loi de
finances aux équipements culturels dans les régions sont
désormais du même niveau que ceux de Paris, 540 millions de francs
contre 563 millions de francs.
En dépit de la stagnation des crédits des chapitres 56-20 et
66-20 consacrés au patrimoine monumental, qui n'augmentent que de 0,7%,
le présent budget fait état d'un effort important en faveur des
monuments historiques n'appartenant pas à l'État, dont les
crédits augmentent de 60 millions de francs soit un accroissement
de presque 25% par rapport à la dotation du projet de loi de finances
pour 1999.
3. La résorption de l'emploi précaire
Le
budget de la culture dans le présent projet de loi de finances
prévoit un nombre certain de créations d'emplois :
295 contre 2 dans le budget pour 1999 et 27 dans celui de 1998, soit 100
emplois par création nette et 195 emplois par transferts de
contrats d'agents contractuels de l'État affectés dans les
établissements publics (professeurs des écoles d'art) vers le
budget de ces établissements pour dégager le nombre de postes
nécessaires dans les tableaux de l'État.
A concurrence de 263 unités, ces créations d'emplois visent
à donner un statut à des personnels vacataires recrutés
pour faire face à des besoins permanents du service public de la
culture
, dont 206 postes de surveillance pour les musées et la BNF.
*
Le
projet de budget de la culture pour 2000 se présente donc de
façon relativement favorable, au moins au yeux de la ministre, bien que
la croissance des dotations soit plus faible que les années
précédentes et qu'elle puisse paraître limitée
à tous ceux qui ont connu l'âge d'or du début des
années 80, où l'on dépensait sans compter.
Il faut en effet faire face, à la fois, aux charges issues des grosses
opérations lancées dans les années 80 et au début
des années 90 et continuer l'aide à la création vivante
dans la mesure où, même lorsque celle-ci trouve son public, elle
couvre rarement les charges qu'elle engendre.
Assumer l'héritage des grands travaux et celui d'un patrimoine
monumental considérable, tout en continuant de soutenir la
création, tel est le défi auquel doit faire face le budget de la
culture.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
Le
présent projet de budget manifeste un retour aux réalités
et une prise de conscience de la nécessité de gérer, qui,
indépendamment de telle ou telle orientation de fond ou de tel ou tel
arbitrage, méritent d'être remarqués.
Les marges de manoeuvres que le présent Gouvernement accorde au ministre
de la culture - et qui faisaient défaut à son
prédécesseur -, ne suffisent pas à le dispenser d'efforts
de rigueur, ne serait-ce qu'à cause du
poids croissant des charges de
gestion qui résultent des grands équipements
, dont on peut
rappeler qu'ils représentent
16% du budget
du ministère.
Certes,
votre rapporteur
pourrait, ponctuellement, joindre sa voix
à ceux qui, notamment parmi les créateurs, regrettent
l'insuffisance de certaines dotations, mais dans l'ensemble il
ne critiquera
pas le présent projet de budget en raison de la faiblesse de la
croissance de ses crédits
.
2,09% d'augmentation, c'est encore nettement plus que la moyenne du budget de
l'État, et,
si de nouvelles actions doivent être
financées, votre rapporteur pense qu'elles peuvent l'être par
redéploiements de crédits pour les crédits de
fonctionnement et d'intervention ou par un rémaénagement du
phasage des opérations pour les investissements
.
C'est de ce point de vue que votre rapporteur estime que doit être
jugé, au delà de certaines dérives dues à certains
dysfonctionnements de l'État, un projet budget qui ne peut être
critiqué a priori, compte tenu de l'amorce d'un effort de rigueur.
A. UN EFFORT DE RIGUEUR ENCORE A CONFIRMER
L'augmentation des moyens dévolus à la culture ne soustrait pas
l'administration qui en a la charge, aux impératifs d'efficacité.
De ce point de vue, des progrès restent à faire pour mettre en
place les outils de gestion indispensables non seulement à
l'efficacité de l'action administrative mais encore au contrôle de
l'emploi des fonds publics par la représentation nationale.
1. La mise en place des outils de suivi de la dépense
Eu
égard à l'importance de son budget et à un mode de
fonctionnement caractérisé à la fois par la
diversité des intervenants et l'émergence de poids lourds,
l'administration de la culture ne dispose pas des outils de gestion
adaptés.
Faute de ces outils, l'administration ne peut évaluer son action et
procéder aux réorganisations et aux redéploiements
nécessaires : les charges de gestion vont dériver sans que
l'on en connaisse les causes, tandis que va se constituer toute une
clientèle " d'abonnés " aux subventions de
l'État
.
Ainsi, attend-on toujours la parution du
décret harmonisant la
présentation des comptes des théâtres nationaux et
prévoyant la constitution pour ces organismes de conseils
d'administration délibérants
. On peut également
regretter l'absence de tableaux de bords homogènes permettant de suivre
l'exécution budgétaire de ces organismes.
D'une façon générale, on peut se demander si les
représentants de l'administration exerçant la tutelle
déconcentrée des organismes bénéficiant de
subventions de l'État possèdent la culture comptable
nécessaire au contrôle de la réalité de leurs
besoins.
De même, il faut s'inquiéter de ce que en dépit de
progrès récents
, aucun des grands établissements
culturels
dont les dépenses de fonctionnement s'échelonnent
de 90 millions de francs pour le Conservatoire de musique à 871 millions
de francs pour l'Opéra,
ne dispose encore d'une comptabilité
analytique
véritablement efficace
.
Par ailleurs, la poursuite du processus de déconcentration n'est pas
favorable à l'exercice du contrôle parlementaire : en 1999,
près de 43 % des crédits disponibles seront
déconcentrés (hors charges en personnel, dotations
décentralisées et dotations des établissements publics)
contre 30 % en 1997.
Certes, des outils statistiques ont été élaborés
ou sont en cours d'élaboration afin de faciliter l'évaluation par
l'échelon central des actions engagées en région. C'est
ainsi que ces dernières années, deux systèmes
informatiques ont été mis en place pour suivre l'évolution
des crédits déconcentrés dans les régions et leur
utilisation : "Ensemble"
41(
*
)
qui permet aux
directions régionales des affaires culturelles et à
l'administration centrale de suivre la programmation et l'utilisation des
crédits d'intervention sur le titre IV, et "SIAD" qui a
été installé en administration centrale pour exercer un
suivi de l'ensemble des données comptables, du titre III au
titre VI.
2. La maîtrise indispensable de l'emploi précaire
L'année dernière déjà, le
ministère avait poursuivi
le processus de réduction de
l'emploi précaire
: c'est ainsi que 450 agents sous contrats
à durée déterminée se sont vu proposer un contrat
à durée indéterminée.
Cette année, sous la pression des grèves qui sont intervenues
à la fin de l'année 1998 mais surtout au printemps dernier, le
ministère de la culture a été conduit à mettre en
place un plan de résorption de l'emploi précaire. La
grève, qui a éclaté le 19 mai, ne s'est achevée que
le 9 juin avec l'adoption d'un protocole inscrivant la solution du conflit dans
un plan pluriannuel :
" Un processus de résorption en cinq ans
est prévu, le réemploi des vacataires de dix mois est
organisé, l'arrêt des recours aux vacataires pour répondre
aux besoins permanents est décidé ".
Ainsi, est-ce
la
situation de près de 2 000 salariés qui va être
régularisée d'ici cinq ans, tandis que 500 vacataires aux
contrats de travail de moins de 10 mois verront ces contrats
renouvelés
.
Indépendamment des dommages causés au tourisme, la direction des
musées de France a évalué à 750 000 francs le
manque à gagner quotidien subi par les musées nationaux.
Le
coût de la grève est estimé à 16 millions de francs,
dont la moitié pour le seul Musée du Louvre
.
Sur les 295 postes créés dans le présent projet de
budget, 263 concernent des emplois de surveillance en contrats à
durée déterminée qu'il faut bien régulariser.
Votre rapporteur reconnaît que, lorsque des établissements sont
créés, il faut bien leur donner les moyens de fonctionner,
même s'il ne peut que dénoncer a posteriori la
dérive
consistant à créer de équipements sans s'inquiéter
des dépenses nécessaires à leur fonctionnement
.
Mais, outre la question du paiement des jours de grève sur laquelle il
aimerait avoir des informations, votre rapporteur veut souligner deux
points :
• la grève ne concerne pas seulement des personnels des
établissements et services extérieurs au ministère - une
quinzaine de sites - mais également de l'administration centrale, ce qui
tend à prouver que la dérive consistant à employer des
vacataires dépasse le cadre des nouveaux grands équipements
culturels ;
• Il ne faudrait pas qu'une telle politique aboutisse à
encourager les politiques de facilité et que se récrée
progressivement un volant de vacataires permanents qu'il faudra tôt ou
tard intégrer dans les cadres de la fonction publique. On attend
l'assurance de ce que l'embauche de vacataires soit à l'avenir
sévèrement encadrée
, quel que soit le mode de prise en
charge - crédits budgétaires ou ressources propres - de leur
rémunération.
3. Le rééquilibrage Paris - Province : évolution naturelle ou volonté délibérée ?
Dans sa
présentation du présent projet de budget, la ministre de la
culture ne manque pas d'insister sur l'effort accompli en faveur des
régions par rapport à celui dont bénéficie la
capitale. Elle souligne que les crédits relatifs à la
réalisation d'équipements culturels dans les régions
" font désormais jeu égal ou presque " avec ceux
consacrés aux équipements culturels nationaux à
Paris : le rapport est de 540 millions de francs contre 563 millions
de francs dans le projet de loi de finances pour 2000, tandis que les chiffres
correspondants dans la loi de finances initiale pour 1997 étaient
respectivement de 278,6 et 785,5 millions de francs.
Le sentiment de votre rapporteur à ce sujet est que sans vouloir nier
tout mérite au ministre actuel dans cette évolution, il y a
là
les effets d'un jeu de bascule rendu possible par
l'achèvement d'un certain nombre de grosses opérations
parisiennes
- comme le Musée Guimet, le Théâtre de
l'Odéon, le Centre Georges Pompidou sans oublier le Grand Louvre - qui a
à enveloppe constante, libéré des crédits pour la
mise à niveau ou la création de grands équipements
régionaux.
Au surplus, une grande part de la marge de manoeuvre provient du retard pris
dans le passage à la phase opérationnelle du projet de
rénovation de grand Palais.
On profite de retards
et, dans une
certaine mesure, de " bavures "
dans la préparation du
projet de rénovation du Grand Palais pour donner une impulsion
significative à certains grands projets régionaux
. L'examen
des chiffres témoigne de la disproportion des moyens engagés,
puisqu'à l'exception du Cargo à Grenoble et de l'opération
" fantôme " qu'est le Centre de la mémoire contemporaine
de Reims, il s'agit - ce qui n'est pas forcément un défaut - de
petites opérations.
Le même type de remarque s'applique également aux crédits
consacrés aux monuments historiques, puisque c'est
précisément la baisse des crédits affectés au Grand
Palais qui permet l'augmentation de près de 25% des crédits
destinés au patrimoine historique n'appartenant pas à
l'État.
D'abord, on peut s'interroger sur la pérennité d'un tel
rééquilibrage quand la remise en état du Grand Palais
reprendra son cours ; ensuite, même si ces monuments en question
appartiennent le plus souvent aux collectivités locales,
on peut
s'étonner de ce que l'on n'ait pas pu dégager les ressources
modiques nécessaires
à des petites opérations
intéressant par nature ces collectivités et qui pèsent
particulièrement lourd sur le budget des plus petites d'entre elles,
à savoir le
patrimoine rural non protégé,
dont les
crédits restent fixés à 35 millions de francs. La
même remarque vaut pour les
crédits d'entretien du patrimoine
monumental,
qui
,
en
stagnation pour les monuments n'appartenant
pas à l'État
, ne connaissent qu'une augmentation de 3
millions de francs pour près de 150 millions de francs de
dépenses : une fois encore on préfère investir
qu'entretenir, guérir que prévenir.
B. QUELQUES EXEMPLES DE DYSFONCTIONNEMENTS DE L'ÉTAT
Il a
paru également intéressant d'éclairer l'analyse du
présent projet de budget par les réflexions que suscite
l'exercice par votre rapporteur de ses prérogatives de contrôle
sur pièces et sur place.
C'est ainsi que les différentes visites auxquelles il a
procédé et les contacts qu'il a pris avec les contrôleurs
financiers, l'amènent cette année à informer la commission
des finances de la situation de trois dossiers.
1. Le regroupement des services du ministère
L'année dernière votre commission des finances avait, à
l'initiative de son rapporteur général, proposé dans le
cadre de son budget alternatif un amendement tendant à diminuer les
autorisations de programme du montant affecté à
l'aménagement de l'immeuble dit des " Bons enfants "
destiné à accueillir la quasi totalité des services du
ministère de la culture actuellement dispersés sur 19 sites.
Il ne s'agissait pas, dans l'esprit de votre commission, de
méconnaître l'intérêt fonctionnel et financier de
l'opération. Le regroupement des services à proximité de
la rue de Valois dans un ancien entrepôt des grands magasins du Louvre,
antérieurement affecté au ministère des finances, comporte
des avantages fonctionnels et financiers évidents. En outre,
les
économies sur les loyers et les charges, évaluées à
plus de 30 millions de francs par an, aboutissent largement à
autofinancer une partie de l'opération
.
Mais, ce qui était apparu possible à votre commission en
dépit des protestations véhémentes du ministre, s'est
révélé inévitable avec les retards pris par
l'opération.
En effet c'est seulement il y a quelques semaines que l'EPMOTC
(établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels)
a reçu un mandat de maîtrise d'ouvrage par convention
passée avec le ministère de la culture et de la communication en
date du 31 août 1999. Encore, a-t-il fallu attendre l'avis favorable de
la commission spécialisée des marchés qui vient
d'être obtenu le 12 octobre 1999, pour que puisse être passé
le marché de maîtrise d'oeuvre avec le groupement emmené
par Francis Soler.
Le coût des études et travaux s'élève à
355 millions de francs (valeur 1998). Le montant des autorisations de
programme ouvertes pour cette opération jusqu'à la loi de
finances pour 1999 comprise, s'élève à
299,95 millions de francs. Le projet de loi de finances pour 2000 comporte
une ouverture de 56,2 millions de francs d'autorisations de programme
à ce titre.
Votre rapporteur veut au sujet de cette opération, au demeurant
difficilement contestable sur le fond, faire deux observations :
• par suite des hésitations gouvernementales - le
ministère des finances n'ayant sans doute pas renoncé facilement
à cette tête de pont en plein coeur de Paris -
l'opération s'est étalée sur 10 ans, ce qui n'a pas
été sans entraîner d'importants gaspillages
.
On peut rappeler que le bâtiment Saint-Honoré a
été libéré par le ministère des finances
depuis 1989. Mis aux enchères publiques en 1992, il n'a pas
trouvé preneur. Il a été affecté au
ministère de la culture par arrêté du 24 février
1994, qui a organisé un concours qui a aboutit, en 1995, au choix de M.
Francis Soler pour son aménagement. La réunion
interministérielle du 23 janvier 1998 a confirmé la
réalisation du projet du ministère de la culture et de la
communication.
Nul doute qu'après un laps de temps aussi important, il a fallu
adapter un dossier notamment parce qu'il fallait tenir compte de la nouvelle
configuration administrative. Au total, le début d'aménagement
entrepris par le ministère des finances ayant peu de chances
d'être récupérable - la douzaine d'ascenseurs toujours en
caisse ayant peu de chances d'être en état de marche après
tant d'années - il semblerait que
les fonds dépensés en
pure perte par le ministère de finances seraient de l'ordre de 160
millions de francs
;
• il y a fort à parier que sur les quelque 350 millions de francs
d'autorisations de programmes affectées à cette opération,
seule une petite partie sera engagée au cours de l'exercice 2000, eu
égard aux délais de passation des marchés publics. En
termes de crédits de paiement, la charge budgétaire ne deviendra
significative qu'à partir de 2002 et ce dans l'hypothèse
où la date d'emménagement de 2003 est bien tenue.
2. Grands chantiers : le passage à vide obligé
Votre
rapporteur a aussi fait le tour de deux grands chantiers, correspondant
à des opérations, dont la définition comme la mise en
oeuvre lui ont apparues laborieuses.
La restauration du Grand Palais, fermé depuis 1994 par suite de la
chute d'un boulon, n'est toujours pas entrée dans sa phase
opérationnelle.
L'enveloppe prévue pour la première phase de l'opération
s'élève à 400 millions de francs ; l'enveloppe
de crédits nécessaires à la réalisation de la
deuxième phase des travaux de consolidation et de restauration du
bâtiment - partie nord - a été arrêtée
à 384 millions de francs.
L'opération a été financée progressivement
à hauteur de 33 millions de francs en 1994, de 150 millions de
francs en 1998 et de 217 millions de francs en 1999 (montants
exprimés en autorisations de programme). Une ouverture de
30 millions de francs d'autorisations de programme est prévue dans
le projet de loi de finances pour 2000 au titre de la deuxième phase de
cette opération.
La maîtrise d'ouvrage de cette opération a été
transférée par une la convention de mandat en date du 28 juin
dernier du Service national des travaux à l'Etablissement public de
maîtrise d'ouvrage des travaux culturels. L'opération est
prévue pour durer trois ans, la phase d'études
détaillées se déroulant à l'automne 1999 pour
un démarrage des travaux annoncé pour le début du mois de
janvier 2000.
Votre rapporteur peut à ce stade faire deux observations sur la
conduite de la rénovation du Grand Palais :
• Il s'agit d'une opération lourde pour laquelle on peut
facilement avoir à faire face à des dérapages dans le
calendrier des travaux ou dans le budget ; on note déjà,
qu'il a fallu désigner un médiateur issu du Conseil
d'État pour aplanir les difficultés auxquelles avait donné
lieu la sous-estimation de l'importance des travaux
par l'étude
ayant servi de base au cahier des charges de la maîtrise d'oeuvre ;
• Aux deux phases, correspondant à la stricte restauration du
bâtiment, s'ajoutera le coût des travaux d'aménagement du
Grand Palais, en fonction du contenu de l'usage qui sera fait du bâtiment
tel qu'il sera décidé par le Ministre. Le ministère
indique qu'il " poursuit sa réflexion sur le remembrement de
l'espace entre le Palais de la découverte et les Galeries nationales du
Grand Palais ", tout en précisant qu'en " tout état de
cause, le Grand Palais restauré aura vocation à accueillir
à nouveau les salons d'artiste ". Compte tenu de l'implication du
ministère de l'Éducation nationale qui gère le Palais de
la découverte, et du fait que, notamment, les galeries organisatrices de
la FIAC semblent se trouver plus à l'aise à la Porte de
Versailles, on ne peut que constater que
l'avenir du Grand Palais reste
encore largement indéterminé.
Le Palais de Tokyo
, inauguré pour l'exposition de 1937 par
Léon Blum a abrité le musée national d'art moderne
jusqu'en 1976. Longtemps sans affectation autre que provisoire - on y a
montré les réserves du Louvre ainsi que la préfiguration
d'Orsay -, le Palais de Tokyo aurait dû accueillir le Musée et
l'Ecole du cinéma. Leur transfert à Bercy dans l'immeuble
construit par Frank Gehry pour l'American Center, a de nouveau privé le
bâtiment d'affectation, après que l'on ait dépensé
plus de 30 millions de francs d'études en pure perte.
Il est proposé par le présent projet de budget d'affecter une
partie des locaux disponibles à un
centre de la jeune création
française
, dont votre rapporteur a constaté à
l'occasion d'autres travaux, qu'il était ardemment souhaité par
les professionnels artistes et galeries.
Il est précisé qu'il est prévu pour son installation
17 millions de francs d'autorisations de programme, " outre des
autorisations de programmes disponibles sur des reliquats d'opérations
précédentes pour le même édifice ", auxquels
s'ajoutent des crédits de fonctionnements de 2 millions de francs pour
une ouverture prévue au second semestre de l'an 2000.
Une fois encore,
il semble qu'on ait utilisé les autorisations
parlementaires pour d'autres fins que celles pour lesquelles elles avaient
été demandées.
Il serait, à cet égard,
particulièrement instructif de connaître le coût du
transfert de la Maison du cinéma à Bercy.
En tout état de cause, votre rapporteur tient à souligner qu'il
ne s'agit là que d'une affectation provisoire, ce que souligne assez le
fait que
le centre d'art contemporain n'occupera que 3000 mètres
carrés sur 18 000 mètres carrés, ce qui laisse 15 000
mètres carrés sans affectation.
Le sort de ces deux bâtiments est étroitement lié à
la solution d'ensemble qui sera donné au
problème
général d'affectation
des lieux ou des collections,
qu'il s'agisse de l'actuel Musée des arts africains et
Océaniens, dont les collections vont être
transférées au futur Musée des arts et des civilisations
souhaité par le Président de la république, ou des
collections du Musée national d'art moderne, qui ne pourront pas
indéfiniment comprendre l'art du XX e siècle et l'art vraiment
contemporain.
3. Bibliothèque Nationale de France : la galère informatique
Comme
la presse s'en est fait largement l'écho, la Bibliothèque
nationale de France a connu, à l'ouverture du niveau rez-de-jardin
destiné aux chercheurs en octobre 1998, un certain nombre de
difficultés dans la mise en oeuvre de la version dite V1 du
système d'information concernant les services au public. Celles-ci ont
surtout touché la partie sensible de la chaîne de communication
comme la réservation de places et de documents par les lecteurs ou le
suivi du document entre les magasins et les banques de salle de lecture.
Compte tenu des dysfonctionnements constatés lors de la mise en oeuvre
du système, dans les livraisons du titulaire du marché, la
société Cap Gemini, la BNF n'a pu réceptionner
contractuellement la version dite V1. L'ouverture du niveau destiné
à la recherche ne pouvant plus être différée, une
" solution d'attente " a été déployée
à la demande de la BNF, conformément à une clause du
marché.
Certes, la direction de la Bibliothèque Nationale de France reste
confiante et fournit des réponses laissant penser que la crise est
largement derrière nous : "
Pour ce qui concerne
l'intégration des applications dans l'infrastructure (système de
gestion de base de données, réseau interne...), les
difficultés techniques observées (qui sont à l'origine des
incidents majeurs
survenus en octobre 1998) ont été
résolues en 2 campagnes (décembre 1998, puis février 1999)
et n'occasionnent plus de pannes longues du système. Depuis mars 1999,
les taux de disponibilité des systèmes centraux
s'améliorent et dépassent 99,7 %. Depuis juin 1999, la
durée cumulée des pannes est au maximum d'une heure par
mois. "
Mais le problème administratif demeure sur les responsabilités
dans ce qui constitue un fiasco informatique. Les tests sur les requêtes,
réalisés sur la collection " Que sais-je ? ", témoignent
d'un progrès très relatif : le délai pour obtenir une
liste de titres correspondant à un critère est passé de 16
à environ 2 minutes. On reste cependant très loin de l'objectif
de 2,5 secondes fixé par le cahier des charges, et ce, près
de cinq ans après le début des travaux et deux ans après
la date prévue (fin 1997) de remise de l'application.
Une des conséquences de ce retard est que de
nombreux logiciels
(tels que ceux qui gèrent le dépôt légal) qui
auraient dû être remplacés par les versions 2 (V2) et 3
(V3),
restent en service. D'où un coût de maintenance
supplémentaire auquel s'ajoute celui de la correction du bogue de l'an
2000
, qui n'avait, au départ, pas lieu d'être.
Les désaccords importants entre la BNF et le titulaire du marché
Cap Gemini ont conduit l'établissement à
résilier,
après mise en demeure restée infructueuse au mois de mai 1999, le
marché aux torts du titulaire le 22 juillet 1999.
En effet, de
nouvelles dérives de calendrier étaient annoncées par Cap
Gemini pour terminer la version V1 et livrer le reste du système en
juillet 2000, soit plus de 30 mois de retard par rapport au marché.
On note également que, Cap Gemini avait fait état d'une
réclamation financière que la BNF avait estimé non
justifiée au regard des dispositions du marché.
A la suite de la résiliation du contrat, Cap Gemini qui a
indiqué qu'il "
prend acte de cette décision, regrette
l'interruption d'un chantier qui aurait pu être mené à son
terme et prendra toutes dispositions utiles pour faire valoir ses droits
",
a saisi le Comité consultatif national des règlements amiables,
sans qu'aucun contentieux ne soit ouvert à ce jour .
Des procédures d'appel d'offres sont en cours pour permettre, d'une
part, d'achever les améliorations nécessaires au service au
public et, d'autre part, de mettre en oeuvre toutes les fonctionnalités
destinées aux professionnels, notamment pour les acquisitions, le
catalogage, la réception du dépôt légal et la
conservation des documents.
Toute la question pour votre rapporteur sera de faire la part dans ce dossier
de ce qui résulte effectivement de la défaillance du titulaire du
marché et de ce qui relève de la responsabilité du
maître d'ouvrage, qui, par sa lenteur de réaction et de multiples
modifications des spécifications initiales du cahier des charges, a pu
ralentir et compliquer encore la solution des problèmes informatiques de
la Bibliothèque nationale de France.
COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Rapporteur
spécial : M. Claude BELOT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Le
budget du secteur public de la communication audiovisuelle pour 2000, tel qu'il
est retracé dans le fascicule jaune " secteur public de la communication
audiovisuelle ", s'élève à
19.361 millions de
francs
contre 18.478 millions de francs en 1999, soit une
augmentation de 4,78 % par rapport à la précédente
loi de finances initiale
.
Cette
progression globale de 883 millions de francs
, est la
résultante d'une
hausse de 1.499,3 millions de francs des
ressources publiques
(+ 11,69 %) et d'une
baisse de
616,3 millions de francs
(-10,9 %)
des ressources propres des
organismes
.
On peut rappeler qu'une telle présentation, qui associe crédits
publics et ressources propres d'origine essentiellement publicitaire, permet
d'évaluer les moyens dont dispose le secteur public mais ne peut
être appelée " budget " de l'audiovisuel que par une
commodité de langage.
Il s'agit en effet d'une
présentation comptable associant des éléments de nature
différente :
des
crédits budgétaires
inscrits, non dans le fascicule " culture et communication ", mais
dans ceux des Affaires étrangères et des services
généraux du Premier Ministre, ces derniers devant, cette
année, être affectés au compte d'affectation
spéciale n° 902-15 prévu pour la redevance ;
• le
produit de la redevance
, qui est une taxe parafiscale dont
le Parlement autorise la perception, sans pouvoir en déterminer le taux
ou les modalités de calcul, même si la loi prévoit qu'il en
vote la répartition entre les sociétés ;
• des
prévisions de recettes commerciales
,
publicité, parrainage et autres ressources propres, dont on verra
qu'elles sont plus incertaines.
Le
partage entre ressources publiques et ressources propres
doit
s'effectuer en 2000 sur la base d'un rapport
74 % / 26 %,
contre 69,4 et 30,6 % en 1999.
Ce renversement de tendance peut certes être présenté
comme l'effet d'une politique délibérée d'affirmation de
la présence de l'État dans l'audiovisuel ; il peut aussi
être considéré comme moins voulu que subi dans la mesure
où il faut y voir aussi la conséquence de la contraction de la
place des chaînes publiques sur le marché publicitaire.
A. L'EFFORT PUBLIC DANS LE SECTEUR AUDIOVISUEL
On
constate toujours une évolution dynamique de la redevance,
relayée dans le présent projet de loi de finances par la reprise
des subventions publiques dans la perspective ouverte par le projet de loi sur
la communication audiovisuelle
1. Les crédits budgétaires
Les
crédits budgétaires progressent de + 133,13 %.
Ce
chiffre recouvre deux évolutions inverses :
•
maintien en francs courants au niveau de 452 millions de
francs, des dotations inscrites au budget du ministère des affaires
étrangères
(chapitre 42/14),
• nette reprise des crédits inscrits aux services
généraux du Premier Ministre (Chapitre 46-01), qui passent de
122,5 millions de francs à 900 millions de francs (TTC).
Cette évolution fait contraste avec le recul de 58,49 %
enregistré l'année dernière
.
On note que le chapitre 42/14 a subi, au début 1999, une
annulation
de crédits
de 8 millions de francs
qui
s'est traduite par une diminution de la dotation de RFI de 5 millions de
francs.
2. La redevance
Dans le
projet de loi de finances déposé par le Gouvernement sur le
bureau de l'Assemblée nationale, le produit de la redevance
augmente de 737,8 millions de francs pour atteindre
12.988,5 millions de francs
. Cette
augmentation de 6,02 %
est à comparer à l'accroissement de
569,20 millions de
francs - soit une croissance de 4,87 % - enregistré en 1999
.
Après être passée de 700 à 735 francs de 1997
à 1998 et à 744 francs en 1999, la redevance atteindra
751 francs
en l'an 2000
Ces chiffres tiennent compte à la fois de l'évolution dynamique
des recouvrements prévu pour l'exercice et du rattachement au
présent projet de loi de finances d'une partie des excédents
dégagés au cours de l'exercice 1998 (138,5 millions de
francs sur 276,4 millions de francs).
B. L'ÉVOLUTION DES RESSOURCES COMMERCIALES
La
publicité télévisée, qui absorbait en 1987 moins
de 25 % des recettes publicitaires des grands médias, en
mobilise aujourd'hui plus du tiers, en dépit des multiples contraintes
réglementaires.
L'impact de certaines évolutions à long terme sur les ressources
publicitaires des chaînes hertziennes - multiplication des chaînes
thématiques, développement d'Internet mais également
modification des stratégies vers un ciblage accru - reste pour l'instant
limité.
1. Les recettes publicitaires des chaînes publiques en 1998 et perspectives pour 1999
Compte
tenu des difficultés rencontrées par France 2 et
France 3 pour réaliser leurs objectifs publicitaires, il a
été prévu dans le présent projet de loi de finances
pour 2000 que les ressources propres du secteur public audiovisuel atteindront
5,039 milliards de francs
, soit un niveau inférieur de
616,3 millions de francs à celui annoncé en loi de finances
initiale pour 1999.
Ce recul de 10,9 % des ressources propres correspond à celui plus
sensible des
recettes de publicité et de parrainage
. Celles-ci
régressent de 11,4% pour ne plus représenter que 21,9% de la
totalité des ressources du secteur public audiovisuel
contre 26%
dans la loi de finances initiale de 1999.
La part de recettes de publicité et de parrainage passerait ainsi en
2000 pour France 2, de 50 % en 1999 à 40,1 % en 2000,
tandis que pour France 3, elle tomberait de 32,6 % à
27,8 %.
Anticipant le vote de la loi audiovisuelle actuellement en cours de discussion
au Parlement,
le Gouvernement a décidé de réduire
à partir du 1
er
janvier 2000, la durée de la
publicité sur les antennes : abaissement de 10 à
12 minutes de la durée moyenne des écrans publicitaires en
heure glissante, plafonnement à 240 secondes de la durée des
écrans
.
2. La place du secteur public sur le marché publicitaire
La part de marché de la télévision dans l'ensemble des cinq "grands médias" (soit la télévision, la radio, le cinéma, la presse écrite et la publicité extérieure, c'est-à-dire l'affichage sous toutes ses formes) s'est élevée, en 1998, à 33,9 % selon l'institut de recherches et d'études publicitaires, ce qui marque une progression assez sensible à moyen terme et, en particulier par rapport à 1993, où ce pourcentage était de 31,3 %.
Part
de marché en valeur des différents " grands
médias "
(en pourcentage)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Télévision |
33,0 |
33,5 |
34 |
33,9 |
Radio |
7,4 |
7,0 |
6,6 |
6,6 |
Presse
écrite (y compris presse gratuite, y compris petites annonces)
|
47,4
|
39,8
|
47,1
|
47,2
|
Affichage(sous toutes ses formes) |
11,6 |
11,6 |
11,7 |
11,7 |
Cinéma |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
Ensemble des médias |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source IREP
On note
que les parts de marché publicitaire sont stables entre 1997 et 1998, la
radio ayant enrayé sa chute de 1997, dans un
marché
soutenu
, puisque
les recettes publicitaires globales croissent de
6,6 % en 1998 contre respectivement 3,8 % et 3,0 % en 1997 et
1996
.
Ce dynamisme général explique que le léger tassement de
la part de marché de la télévision en 1998, corresponde
néanmoins à une augmentation de 1,15 milliard de francs
des
recettes publicitaires des chaînes de
télévision
, qui
passent de 18,385 à
19,5 milliards de francs
.
Taux
de croissance des recettes publicitaires des " grands
médias "
(en pourcentage)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Télévision |
+ 7,7 % |
+ 4,5 % |
+ 5,3 % |
6,4% |
Radio |
+ 1,2 % |
- 3,0 % |
- 1,9 % |
5,9% |
Presse écrite (y compris presse gratuite, y compris petites annonces) |
+ 2,6 % |
+ 2,7 % |
+ 3,3 % |
6,9% |
Affichage(sous toutes ses formes) |
+ 2,2 % |
+ 3,2 % |
+ 4,5 % |
6,1% |
Cinéma |
+ 7,8 % |
+ 10,0 % |
+ 11,0 % |
11,7% |
Ensemble des médias |
+ 4,1 % |
+ 3,0 % |
+ 3,8 % |
6,6% |
Source IREP
Par ailleurs, selon la source traditionnellement utilisée qui est la SECODIP, 29,2 % des "investissements publicitaires" bruts dans le média télévision se seraient portés en 1998 sur le service public, c'est-à-dire France 2, France 3 et La Cinquième.
(en pourcentage) |
||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Télévision publique |
28,9 |
29,4 |
29,7 |
29,2 |
Télévision privée |
71,1 |
70,6 |
70,7 |
70,8 |
Ensemble télévision hertzienne |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source SECODIP
(en pourcentage) |
||||
Part du secteur public de télévision dans l'ensemble des cinq " grands médias " |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Télévision publique |
9,5 |
9,8 |
10,1 |
10,0 |
Télévision privée |
23,5 |
23,7 |
23,9 |
24,2 |
Ensemble télévision hertzienne |
33,0 |
33,5 |
34,0 |
34,2 |
Estimation SJTIC à partir des données IREP et SECODIP
Il
semble, à considérer ces données globales, que l'on puisse
déceler un léger tassement de la part de marché des
télévisions publiques. Cette évolution, qu'il faut
interpréter avec prudence s'agissant de brut SECODIP ne prenant pas en
compte les remises et donc les recettes effectives, est cohérente avec
les
difficultés rencontrées par France
Télévision pour atteindre ses objectifs de recettes
publicitaires, compte tenu de la baisse de son audience.
II. OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
Réservant au rapport écrit quelques réflexions sur les
conditions qui permettront aux organismes publics de ne pas être
marginalisés dans un paysage audiovisuel devenu mondial, votre
rapporteur spécial voudrait dans cette note de présentation,
attirer l'attention sur la fragilité de la situation financière
du secteur de l'audiovisuel public tant à court qu'à moyen terme.
Malgré l'augmentation jusqu'à présent continue des
ressources de redevance, dont le produit croît en dépit de toutes
les controverses sur l'efficacité de ce mode de perception, on ne peut
que manifester de l'inquiétude sur l'équilibre financier de
l'audiovisuel public, menacé à court terme par le recul des
recettes publicitaires et à plus long terme par la
nécessité de financer les développements rendus
nécessaires par les technologies numériques.
1. L'évolution du produit de la redevance
Le
présent budget confirme l'amélioration du taux de recouvrement de
la redevance, évolution qui ne fait pas taire les critiques sur le
coût de la collecte.
Le système de perception peut paraître archaïque à
certains, mais une visite sur place a permis à votre rapporteur
spécial de constater l'efficacité de ce service dans
l'accomplissement de ses missions. En outre, un rapide examen montre que les
systèmes de substitution ont également leur défauts.
Bref, votre rapporteur a tendance à penser
que, si la redevance est
sans doute le pire des modes de perception
,
on n'en connaît
pas,
pour l'instant du moins,
de meilleur
.
En revanche, il faut paradoxalement attirer l'attention sur les
problèmes liés aux excédents chroniques de redevance.
a) L'augmentation sensible des recettes
L'accroissement des ressources au moment où le taux d'équipement
des ménages plafonne très normalement à 95 %,
s'explique à la fois par une lutte plus efficace contre l'évasion
et par un certain durcissement des conditions d'exonération.
L'on sait que le décret de 1996 a, après celui du
20 décembre 1993 relevant progressivement les conditions
d'âge, sensiblement réduit le nombre de
bénéficiaires de l'exonération en subordonnant l'octroi de
cet avantage au fait d'être titulaire de l'allocation
supplémentaire du Fonds social de solidarité vieillesse, sauf
pour les invalides qui restent soumis à l'ancienne condition de non
imposabilité.
Cette mesure, qui ne s'applique qu'aux nouvelles demandes
d'exonération, a eu un impact non négligeable sur
l'évolution du nombre de comptes exonérés. Tandis que l'on
en a compté jusqu'à 4,27 millions en 1991, le nombre de
comptes exonérés a vu sa baisse s'accentuer à partir de
1996 avec plus de 100.000 comptes exonérés en moins par an.
C'est ainsi qu'il est prévu que l'on n'ait plus que 3,32 millions
de comptes exonérés en l'an 2000
. La perte de recettes
correspondant aux exonérations plafonne en conséquence à
2 milliards de francs
( TTC).
D'autre part, on peut rappeler que
l'évasion
peut être
évaluée à 1,7 million de comptes, soit
7,6 %
des quelque 22,4 millions de ménages
équipés d'un téléviseur. Compte tenu de
l'évasion incompressible, l'enjeu des contrôles porte sur 3
à 4 % du parc, ce qui
fait que
la marge de progression
constituée par l'intensification de la lutte contre la fraude, peut
être estimée à 1,265 milliard de francs.
La recherche de postes non déclarés
constitue un des
objectifs prioritaires du service, dont l'action - en dépit de moyens
réglementaires limités, les agents de la redevance ne pouvant
pénétrer chez les personnes contrôlées qu'avec
l'accord de celle-ci, et ne pouvant pas avoir accès aux fichiers des
opérateurs de télévision payante -
a permis
l'ouverture de plus de 2 millions de comptes depuis 1990, dont presque
400.000 en 1998
.
Si, depuis le début de la décennie, le service de la redevance a
pu augmenter régulièrement le taux de recouvrement sur exercice
courant,
le taux de recouvrement sur exercices antérieurs a, par
contre, subi une certaine érosion depuis 1992, du fait des
difficultés économiques croissantes des redevables
.
Les revendications exprimées par les chômeurs et les
bénéficiaires du RMI à la fin de l'année 1997, ont
conduit le Gouvernement à rappeler la nature des mesures de
bienveillance qui, au cas par cas, pouvaient être prises en leur faveur:
étalement des paiements, remise gracieuse de la majoration de 30 %,
remise ou modération du principal de la taxe en cas de gêne ou
d'indigence mettant le redevable dans l'impossibilité de s'acquitter de
sa dette.
Le taux de poursuites extérieures en instance par rapport au nombre
de comptes des redevables est stabilisé à un peu moins de
5 % au niveau national.
S'agissant des réductions
(dégrèvements, remises gracieuses, non-valeurs), il faut
remarquer que le ratio Réductions/Prise en charge brutes, qui
était de 14,86 % sur l'année 1994, a été
réduit à 13,59 % en 1998
42(
*
)
. Les non-valeurs sont néanmoins contenues dans
ce contexte et grâce à l'accentuation des actions contentieuses,
ont un poids relatif en diminution (5,44 % en 1998).
Le coût de perception de la redevance
, dont on remarque qu'il est
parfaitement isolable contrairement à d'autres coûts de perception
qui ne peuvent faire l'objet que d'estimations, a sensiblement baissé
depuis 10 ans. C'est ainsi qu'en pourcentage des encaissements, il est
passé de 5,5 % en 1988 à 3,75 % en 1999 et
3,55 % en 2000
, ce qui correspond à une baisse de
près de deux pour cent du coût d'intervention en 10 ans.
b) Le problème des excédents
L'apparition d'excédents chroniques du produit de la redevance sur les
prévisions de loi de finances suscite, de façon paradoxale, des
interrogations tant sur le fond que sur les méthodes de prise en compte.
D'abord, parce que
les perspectives de recettes supplémentaires
attendues pour l'an 2000 au titre de l'amélioration du taux de
recouvrement et de l'extension du parc, soit 490 millions de francs
,
créent une aisance financière qui n'est peut-être pas
durable
.
Le service de la redevance engrange actuellement les dividendes d'efforts de
rationalisation des contrôles, ainsi que de la possibilité de
recoupement avec la taxe d'habitation, qui résulte, on peut le rappeler,
d'une initiative du Sénat. Mais,
tôt ou tard
, sauf si
d'autres possibilités de recoupement sont ouvertes,
cet effet va
s'atténuer et les recettes plafonner
.
Au surplus, la montée du produit de la redevance doit aussi être
mis en relation avec la révision des conditions d'exonération,
qui sont toujours susceptibles d'évoluer.
Enfin, en dépit des textes, qui semblent, en partie au moins, ne pas
être inadaptés, il ne faut pas sous-estimer le risque de voir, du
fait de la convergence, une certaine frange de la population regarder la
télévision sur son ordinateur, même si le prix des
matériels informatiques et la petite taille des écrans
permettent, pour l'instant, d'écarter l'hypothèse d'une
substitution massive.
Mais, sur le plan des méthodes, on constate que les excédents
actuels ne sont pas faciles à gérer dans la clarté
.
L'année dernière, l'on avait procédé de
façon assez classique, à la répartition des
excédents en loi de finances rectificative. M. Philippe Marini,
rapporteur général de votre commission des finances, avait
souligné qu'une telle méthode consistant à venir en fin
d'exercice combler les déficits de telle ou telle société
n'était sans doute pas une manière de procéder
particulièrement responsabilisante.
Mais, il faut admettre que les méthodes consistant, comme on va le
faire en l'an 2000, à affecter les excédents de l'exercice
" n-2 " à l'exercice " n " en loi de finances
initiale, n'est pas non plus dépourvue d'inconvénients, puisque
ce type de report accentuera un éventuel tassement de la ressource, en
cas de retournement de tendance.
L'annexe " jaune " secteur public de la communication audiovisuelle,
prévoit ainsi que les quelque 276,4 millions de francs de
plus-values de recettes enregistrées en 1998 seront à raison de
138,5 millions de francs affectés au compte d'affectation
spéciale n° 902-15 au titre de l'année 2000.
Cela dit, on ne renonce pas pour autant à la méthode classique
de distribution des excédents passés, puisque
la
différence entre la part des plus-values de 1998 non affectées,
soit 137,9 millions de francs devait
, a priori semble-t-il
,
être distribuée en loi de finances rectificative
. Les
mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut bien intervenir
en fin d'exercice 1999 pour pallier les moins-values de recettes
publicitaires de France Télévision.
Mais, sur proposition du rapporteur de sa commission des finances,
M. Jean-Marie Le Guen,
l'Assemblée nationale en a
décidé autrement en affectant à la loi de finances pour
2000 la totalité des excédents de 1998, soit 137,8 millions
de francs supplémentaires
.
Reste une dernière possibilité, non prévue actuellement
mais qui n'est pas sans précédents, l'affectation des
excédents du produit de la redevance par rapport aux prévisions
sur le même exercice. L'hypothèse est d'autant moins
théorique que des excédents importants seraient
dégagés en 1999 avec des rentrées supérieures aux
prévisions de l'ordre de 280 millions de francs et que l'amendement
de M. Le Guen prive le Gouvernement des moyens pour aider les
sociétés à faire face aux problèmes de l'heure.
La réévaluation des droits
est une opération
possible
voire tentante pour faire face à des besoins
" exceptionnels ", qu'il s'agisse d'investissements estimés
nécessaires et urgents par tel ou tel organisme ou de faire face
à des besoins de financement plus importants que prévus au moment
de la construction du présent budget comme, en l'occurrence, un manque
à gagner de recettes publicitaires ou les premières
conséquences de la réduction du temps de travail.
Une telle solution aurait aussi l'avantage de permettre de s'assurer de
l'affectation de l'excédent dès le présent exercice et non
l'année prochaine, à un moment où il pourrait être
pris en compte dans les arbitrages entre ressources de redevance et subventions.
A cet égard, il faut souligner que l'affectation des 900 millions
de subventions représentatives des exonérations de redevance au
compte d'affectation spéciale n° 902-15, qui est rendue
possible par l'article 25 de l'ordonnance organique, ne résout pas
tous les problèmes de financement du secteur public audiovisuel.
Certes, on peut considérer comme positif la reconnaissance du principe
consistant à faire assumer à l'État les
conséquences financières des exonérations qu'il
décide. Maintenant, il faut bien voir que ce financement de substitution
n'a pas la stabilité de la redevance en tant que ressource propre.
D'abord, il faudrait savoir quand les sommes seront transférées
au compte d'affectation spéciale pour juger si la ressource est
effectivement substituable au produit de la redevance, dont on sait qu'il est
effectivement versé de façon très régulière
aux chaînes ; ensuite, il ne faut pas dissimuler le risque de
mesures de régulations budgétaires en fin d'exercice, surtout si
d'importants excédents de redevance - de 1999 ou de 2000 -
permettaient d'offrir au secteur public audiovisuel le financement global
prévu par le présent projet de loi de finances.
2. Des inquiétudes à court terme pour les recettes publicitaires
Longtemps, par prudence ou pour se ménager des marges de manoeuvres, les
recettes publicitaires figurant au budget de l'audiovisuel public ont
été sous évaluées.
L'année dernière déjà, votre rapporteur
spécial avait attiré l'attention sur le risque que l'on soit
tombé dans l'excès inverse en prévoyant de façon
délibérément optimiste la poursuite de la progression des
recettes publicitaires. Effectivement, il a fallu rectifier en début
d'année des objectifs de recettes devenus irréalistes.
Les chiffres bruts figurant dans le tableau ci-dessous, qui retrace
l'évolution de la part de marché publicitaire de France 2 et
France 3 en termes de données brutes SECODIP, n'incitent pas, pour
cette année également, à l'optimisme.
France Télévision indique en réponse à votre rapporteur spécial qu'elle est parvenue à maintenir sa part de marché en 1997, en dépit de l'érosion de l'audience des chaînes mais que le tassement de l'audience commence à se faire sentir en 1998 et, plus nettement encore au premier semestre 1999 : la perte de part de marché est par rapport à la période correspondante de l'année précédente, de 1,6 point pour France 2 et de 1 point pour France 3.
Votre
rapporteur spécial a déjà souligné à la
suite d'une étude du Conseil supérieur de l'audiovisuel que,
d'une façon générale, il y a une différence
d'adaptabilité à la concurrence qui fait que, paradoxalement
,
les chaînes publiques apparaissent plus vulnérables que les
chaînes privées aux fluctuations du marché publicitaire.
" Il est important de noter que, selon l'étude du Conseil
supérieur de l'audiovisuel susmentionnée, si minimes qu'elles
paraissent, les restrictions appliquées aux chaînes publiques en
matière d'accès au marché publicitaire (interdiction de
couper les oeuvres par des écrans publicitaires ; exclusion du
télé-achat) leur créent un handicap qui ira
croissant ; un gain d'un point d'audience rapporte, en part de
marché publicitaire, environ deux fois plus à une chaîne
privée qu'à une chaîne publique. "
De ce point de vue,
votre rapporteur spécial a le sentiment qu'il
faut se garder de toute publiphobie
. Pour la jeune
génération, non seulement la publicité n'est pas
perçue comme une gêne, mais encore son absence serait presque
suspecte, comme le signe de quelque chose d'élitiste, donc d'ennuyeux,
voire de ringard.
Il en conclut que la culture que le secteur public a pour mission de
véhiculer, doit parfois s'avancer masquée derrière le
divertissement ; une chaîne généraliste grand public
ne peut se présenter comme complètement culturelle, car elle
risque de confiner la culture dans un ghetto que le défaut de
publicité signalera de façon emblématique
.
3. Deux problèmes non résolus : le financement des 35 heures et l'alignement du régimes des personnels
L'installation de France 2 et France 3 dans un siège commun, la perspective de regroupement au sein d'une société holding, suscitent très naturellement au sein du personnel des comparaisons de statut de nature à nourrir des revendications, que les perspectives d'application incertaines de la réduction du temps de travail ont eu tendance à stimuler.
a) La question des disparités
Les
revendications de parité ont constitué, au delà d'une
inquiétude diffuse sur l'avenir de la société, un des
moteurs de la grève qui a secoué France 3 en 1997.
Un protocole de sortie de grève, signé le
12 décembre 1997 prévoit une série de mesures
concernant principalement la poursuite du rapprochement des
rémunérations France 3 - France 2 et les besoins de
financement de la politique de développement régional. Une partie
de cette charge devait être financée par redéploiement au
sein du budget.
A la suite de cet accord, trois autres sociétés, Radio-France,
RFI et RFO ont conclu des accords similaires pendant le premier semestre 1998,
dont le coût total s'élève à près de
30 millions de francs hors charges patronales (plus de 40 millions de
francs avec charges) pour 1998, montant auquel il convient d'ajouter, à
France 3 uniquement, une enveloppe supplémentaire plafonnée
à 25 millions de francs (hors charges) pour 1999 et 2000, selon les
termes d'un protocole de levée de préavis de grève
signé en janvier 1999.
b) Les 35 heures
Les
entreprises du secteur de l'audiovisuel public sont exclues des aides publiques
destinées aux entreprises anticipant le passage à 35 heures
avant le 1
er
janvier 2000. Elle doivent, en conséquence,
financer le réduction du temps de travail sur leurs ressources propres.
Ainsi que le prévoit la loi, les modalités d'accompagnement de la
réduction du temps de travail seront déterminées dans le
cadre des procédures régissant ses relations avec les tutelles.
On peut rappeler que les modalités d'application des directives
générales concernant la réduction du temps de travail ont
été précisées aux représentants du secteur
public audiovisuel lors d'une réunion en juillet 1998 par les
représentants de la Direction du Budget et du Service juridique et
technique de l'information.
Les principes définis par les tutelles sont les suivants :
• prise en compte des situations réelles, des durées
effectives sur la semaine, sur l'année. Réalisation d'un
état des lieux préalable à l'ouverture des
négociations,
• toute négociation devra être encadrée par un
mandat, selon une procédure semblable à celle utilisée
pour les accords salariaux, dont le calendrier doit être homogène
pour tous les diffuseurs,
• les négociations sur la réduction du temps de
travail devront être couplées avec celles sur les salaires, dans
l'optique d'une modération salariale.
La réduction du temps de travail devra s'accompagner d'une
évolution de l'organisation du travail et d'une amélioration des
performances économiques de l'entreprise, ainsi que de la qualité
du service rendu au public. L'accord ne saurait reposer simplement sur la
hausse des subventions accordées par l'État.
Il avait été prévu qu'un état des lieux serait
établi pour préciser la durée du travail et sa
rémunération par services, fonctions, catégories, mais
aussi les règles et les pratiques en vigueur, notamment en
matière de contrôle des horaires.
La réduction du temps de travail a ainsi engagé un processus
de concertation qui s'est déroulé sur la base de ces directives
générales, suivant des modalités propres à chaque
société.
C'est ainsi que, par exemple, à
France 2
, ce processus a
donné lieu à la réalisation de fiches descriptives de
l'activité de chaque service de l'entreprise, sur la base desquelles a
été établi un projet économique et social transmis
aux autorités de tutelle en mars 1999.
Ce projet préconise le passage aux 35 heures sous des formes
diversifiées, la mise en place de modalités plus souples
d'organisation du travail, la redéfinition de procédures
précises en matière de fabrication des émissions, ainsi
que " le renforcement du rôle et des responsabilités de
l'encadrement et la réaffirmation des règles destinées
à favoriser la gestion des absences. ".
Ce projet ayant recueilli l'accord des autorités de tutelle, les
négociations ont pu commencer en septembre dernier.
Un processus analogue est en cours à
France 3,
à
ceci près que la négociation était compliquée par
le fait que le projet économique et social de la chaînes n'avait
pas reçu l'accord des autorités de tutelle.
Ce projet met notamment l'accent sur les points suivants :
modération salariale, amélioration de la flexibilité et de
l'organisation du travail avec, en particulier, une volonté de
rapprocher le temps de travail effectif et temps de travail utile, diminution
du recours aux emplois précaires, mise au point d'un concept de
forfaitaisation annuelle des jours d'activité assorti d'une baisse des
heures supplémentaires, réflexion sur l'optimisation du processus
de production enfin, avec recherche d'une meilleure polyvalence et de la
rémunération des gains de productivité.
En attendant la délivrance du mandat de négociation, des
rencontres et des réunions de travail ont néanmoins
été organisées, en particulier, autour des cinq processus
principaux de l'entreprise que sont l'antenne, les programmes, l'information,
la production, le tertiaire et l'encadrement.
A
Radio France
, la mise au point d'un mandat de négociation sur
la base d'un état des lieux remis en novembre 1998, s'est
révélée tout aussi laborieuse entravant la capacité
de négociation de l'entreprise.
Sur le fond, compte tenu des objectifs de l'entreprise en matière de
modernisation et d'ouverture sur le numérique, des contraintes
résultant de la taille réduite d'un certain nombre
d'unités, en particulier, pour les radios locales, des rigidités
budgétaires propres à l'entreprise, il est notamment
prévu : une nette priorité aux créations d'emplois de
journalistes et de techniciens, le rajeunissement des équipes et la
limitation du travail précaire, la réduction des heures
supplémentaires.
En ce qui concerne
Radio France internationale
, la perspective
d'application de la réduction du temps de travail s'est traduite par la
confection d'un état des lieux effectué par le cabinet Bernard
Brunhes transmis aux partenaires sociaux et d'un projet économique et
social précisant les orientations de l'entreprise en la matière.
Le processus de modernisation sur lequel vient se greffer la
négociations sur la réduction du temps de travail, s'accompagne
d'une réflexion sur les méthodes d'organisation et les modes de
production. Il est précisé que les gains de productivité
que ce processus devrait permettre de dégager, vont être en partie
absorbés par des redéploiements et en partie par la
réduction du temps de travail.
De son côté,
RFO
a signé le 30 mars 1999 avec
toutes les organisations syndicales un accord de méthode fixant le cadre
préalable à la négociation sur les 35 heures. Cet
accord a prévu une enquête de perception auprès de tous les
salariés, tandis qu'il était procédé à un
diagnostic sur l'organisation du travail. Parallèlement, un projet
économique et social a été élaboré en vue de
l'obtention d'un mandat de négociation auprès des tutelles.
De même, à l'
INA
où les négociations
s'inscrivent dans un contexte économique difficile, un projet
d'état des lieux - effectué à la suite d'un débat
avec les organisations syndicales de l'institut - à été
présenté aux autorités de tutelle dans une perspective
essentiellement défensive, de gestion à moyens constants.
Ce n'est qu'au début octobre qu'ont été
délivrés les mandats de négociation - à l'exception
de RFO. La teneur n'en est pas connue autrement que par des
indiscrétions de presse. La seule chose qui semble claire est que cet
accord s'appliquera uniquement aux personnels permanents des entreprises. En ce
qui concerne le financement, il avait été évoqué de
régler la question par le collectif pour 1999, mais l'adoption de
l'amendement susmentionné à l'article 55 obligerait à
trouver d'autres solutions pour permettre la prise en charge des
éventuelles charges immédiates consécutives à la
réduction du temps de travail.
Ce que votre rapporteur spécial peut faire remarquer, au regard des
perturbations actuelles, c'est que le processus de négociation s'engage
dans un contexte social naturellement risqué
. La fin de
l'année est toujours une période tensions sociales fortes avec
les négociations de cadrage salarial et les commissions mixtes
paritaires.
L'attente des personnels est évidente. Il est légitime qu'il
espèrent être traités de la même façon que
dans les autres secteurs
. Si tel n'était pas le cas, cela ne
pourrait que susciter de frustrations peu propices à la
nécessaire adaptation du secteur à un environnement de plus en
plus concurrentiel.
4. Le financement des investissements de France télévision dans le numérique terrestre
La
France s'apprête à emboîter le pas à la
Grande-Bretagne et à la Suède et à la Norvège et
à se lancer dans le numérique terrestre, tandis que l'Allemagne
et l'Espagne amorcent également leur migration vers le " tout
numérique ".
Initialement circonspect compte tenu de la place du satellite et des
perspectives du câble par suite de ses capacités en termes
d'interactivité, votre rapporteur spécial estime, à la
réflexion, que le numérique terrestre constitue effectivement le
vecteur d'une offre numérique, sans doute moins diversifiée que
celle du satellite ou du câble, mais suffisante pour offrir une sorte de
service de télévision numérique universel.
Dans cette perspective, il reste que la présence sur le
numérique terrestre suppose une multiplication de l'offre de programmes
et une offre complémentaire de services.
On peut penser que cette présence est moins coûteuse - au moins
directement, car il faut prendre en compte l'effet de concurrence entre le
numérique terrestre et les autres modes de diffusion numérique -
pour les opérateurs déjà bien implantés en
numérique sur le câble ou le satellite.
En revanche,
pour le secteur public
, pour lequel le numérique
terrestre constitue sans doute la dernière chance de ne pas être
progressivement marginalisé, l'atout qu'il constitue, suppose
des
investissements importants
.
Au moment où le vaisseau amiral du secteur public va devoir, service
public oblige, renoncer à l'exclusivité qui le liait à
TPS, le nouveau président de France Télévision joue la
carte du numérique terrestre pour relancer la télévision
publique. Dans le cadre du Marché international des programmes de
télévision (Mipcom), il a présenté, début
octobre à Cannes, les grandes lignes de l'offre de programmes
numériques hertziens qui aura pour mission "de mieux accomplir et
développer les missions de service public de France
Télévision ".
Prenant acte de ce que, faute de moyens, la télévision publique
française a, pour ainsi dire, raté le premier train du
numérique, laissant au secteur privé un rôle de locomotive
en la matière, M. Marc Tessier ne veut pas manquer ce qu'il
considère manifestement comme la seconde et dernière chance de
France télévision.
Pour concrétiser ses ambitions, il a annoncé la création
par France 2 et France 3 d'une structure commune baptisée
France Télévision Interactive
, qui aura pour objet de
développer tous les programmes interactifs du groupe ayant pour vocation
d'être diffusés par tous les opérateurs.
Les services et les programmes interactifs de France Télévision.
qui devraient être développés conjointement par
France 2, France 3 et la Cinquième-Arte, devraient s'articuler
autour de deux axes : le développement des sites Internet sous la marque
FranceTV.fr
, et la télévision interactive sur les
réseaux Internet à haut débit (ADSL).
France Télévision Interactive disposerait d'une capacité
d'investissement de "
plus de 200 millions de francs sur trois
ans".
Elle devrait être dotée d'un apport en capital
qualifié " d'à la hauteur du projet ".
L'enveloppe des investissements et des coûts de fonctionnement sera
fonction de la capacité finalement allouée à France
Télévision lors de la répartition de la capacité
totale de diffusion en numérique hertzien entre les différents
opérateurs. En l'occurrence,
France Télévision
revendique l'attribution de deux multiplexes pour le secteur public
.
Ces investissements devraient être autofinancés par France
télévision au moyen de la redevance, la publicité, le
produit des applications de la télévision numérique, ainsi
que des recettes de partenariat avec les collectivités publiques, sans
oublier le produit des abonnements aux chaînes thématiques.
Le projet de développement de France télévision sur le
numérique hertzien majoritairement gratuit comportera également
une offre payante
. Le nouveau président de France
Télévision a indiqué à ce sujet que, si
l'information " restera dans la partie gratuite, il y a dans le partage
entre l'offre en clair et l'offre payante " une zone frontière qui
reste à définir ".
Compte tenu de calendrier prévu pour la mise en route de ce projet -
étude et préfiguration en l'an 2000, ce qui " est compatible
avec le budget 2000 ", première dotation en capital en 2001,
puis montée en puissance de la fin 2001 à 2003 -, M. Marc Tessier
a indiqué que le projet du numérique hertzien doit être
conçu pour pouvoir être initialisé sur les autres
services ". Il a, à cet égard,
démenti les rumeurs
d'un départ imminent du capital de TPS, affirmant qu'il " n'avait pas de
projet de vente des actions de TPS "
Enfin , pour donner un contenu à son offre numérique, il a
confié à
M. Jean-Pierre Cottet
, ancien directeur
général chargé de l'antenne de France 2, coauteur
avec Gérad Emery, d'un rapport sur le numérique hertzien d'une
" mission de conseil sur le contenu éditorial des programmes et
des services de l'offre numérique du groupe ".
Votre rapporteur spécial, qui estime qu'il s'agit, a priori, d'un
projet cohérent, considère néanmoins que ce pari
nécessaire sur le numérique n'a pas, pour l'instant, de
financement
. Cette remarque lui paraît d'autant plus évidente
qu'en Grande-Bretagne - où il s'est rendu pour y observer la mise en
place du numérique terrestre - la question est clairement posée
et fait l'objet d'un vaste débat technique et politique, axé
autour la création d'un éventuel supplément de redevance
numérique, alors que la redevance est déjà, dans ce pays,
supérieure à 100 livres, soit mille francs.
Quelle que soit la solution qu'on y apporte, la question du financement
doit être posée.
*
* *
A
l'issue de cet examen des crédits, votre rapporteur spécial
souhaite avancer quelques réflexions sur les problèmes du secteur
public dans la perspective du débat législatif à venir.
A l'heure du numérique, au moment où le câble
revitalisé par les perspectives de la convergence et le satellite
dopé par la concurrence des bouquets, offrent désormais des
dizaines de chaînes à un nombre toujours plus important de
Français, le téléspectateur n'est plus un consommateur
passif et captif. Il choisit le programme qui l'intéresse, sans
d'ailleurs se demander s'il regarde une chaîne publique ou privée.
C'est dans ce contexte que votre rapporteur spécial exposera de
façon lus argumentée dans le rapport écrit - qui fera
également le point de la situation des différents organismes du
secteur audiovisuel public -ce qu'il considère comme constituant
les
conditions du maintien d'un secteur public fort
:
1. Assurer
l'autonomie de gestion et la responsabilité des gestionnaires,
2. Garantir des ressources stables,
3. Accéder à une taille critique dans un marché qui se
mondialise
4. Adapter l'organisation du travail et notamment la Convention collective de
la communication et de la production audiovisuelles.
Mais,
une politique de la communication audiovisuelle ne doit pas se réduire
au seul secteur public. Il est de l'intérêt du pays de mettre en
place un secteur audiovisuel fort quel que soit le statut public ou
privé des acteurs. Une bonne partie des interventions publiques doit
donc favoriser non le seul secteur public mais tous les opérateurs
nationaux qui sont tous en concurrence sur le marché mondial.
A cet égard, le rapport écrit exposera de façon plus
détaillée certaines
évolutions qui caractérisent
la nouvelle donne audiovisuelle
résultant de la
généralisation des technologies numériques :
1. Le décollage du satellite et la nouvelle actualité du
câble,
2. La nécessité d'encourager toutes les formes de
télévision de proximité,
3. La priorité à donner à la création et à
l'innovation pour faire face aux besoins issus du numérique.
L'ambition de votre rapporteur spécial est d'essayer d'analyser ces
évolutions pour contribuer à l'élaboration d'une politique
audiovisuelle de nature à
permettre à tous les acteurs de
l'audiovisuel , qu'ils soient publics ou privés, d'être le mieux
placés dans une compétition désormais mondiale
. Et, de
ce point de vue, le premier devoir des pouvoirs publics et des instances de
régulation mises en place par le législateur, est d'assurer une
certaine
stabilité des règles du jeu.
PRESSE
Rapporteur spécial :
M. Claude BELOT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A
structure constante, hors abonnements de l'État à l'AFP, les
crédits inscrits au budget général consacrés
directement aux aides à la presse, croissent de 3,2 % pour se
monter, en 2000, à
266,8 millions de francs
, soit une
augmentation de 8,1 millions de francs par rapport à 1999.
Cette
croissance de 3,2 %,
nettement supérieure à la
moyenne de celle des autres budgets de l'État -qui est de 0,9 %
pour l'ensemble des dépenses et de 1,2 % pour les seules
dépenses civiles- est sensible comparée à l'inflation
prévue qui est de 0,9 %. Elle confirme un retournement de tendance
par rapport aux années antérieures : la croissance des
crédits est légèrement supérieure à celle du
budget 1999 -+ 2,6 %-, alors que 1998 s'était
caractérisée par un léger recul de 1 % des dotations
hors AFP et 1997 avait été marquée par d'importantes
annulations de crédits (36 millions de francs sur près de
268 millions de francs).
Si l'on tient compte de l
'AFP
, dont les dotations devraient
s'accroître de 1,2 % en 2000 pour atteindre
607,4 millions de
francs
, ce budget paraît encore relativement favorisé par
rapport aux autres budgets de l'État.
En dépit d'une mise en oeuvre, semble-t-il décevante, le Fonds
de modernisation de la presse alimenté par une taxe parafiscale sur le
" hors médias ", vient encore renforcer le sentiment que la
presse est un secteur auquel les pouvoirs publics restent attentifs.
A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES GÉNÉRAUX DU PREMIER MINISTRE
Les
aides budgétaires à la presse sont inscrites au chapitre 41-10
et, pour ce qui concerne l'AFP, au chapitre 34-95 du budget des services
généraux du Premier Ministre.
1. Les aides à certaines formes de presse
Elles devraient augmenter, en 2000, de 19,7 % : 43,8 millions de francs contre 36,6 millions de francs dans le précédent budget. On note que cette forme d'aide, inscrite au chapitre 41-10, a sensiblement augmenté depuis 1997, puisque l'on se situe à plus de 13 millions au-dessus des dotations de cette année-là.
a) Le fonds d'aide aux quotidiens nationaux d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires
Les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000 sont en
croissance de 33 %,
ce qui, après le rattrapage intervenu
l'année dernière, place ce poste avec 26,6 millions de francs de
crédits, à un niveau supérieur de 10 millions de francs
à celui de 1997.
On peut rappeler qu'instaurées par un décret du 12 mars 1986,
les règles d'attribution du fonds ont été modifiées
par un décret du 17 août 1997. La principale mesure de ce nouveau
texte est la scission en deux sections du fonds d'aide.
La première section, dont la dotation ne peut être
inférieure à 85 % du montant total de la dotation du fonds,
bénéficie aux quotidiens qui remplissent les conditions
définies à l'article 2-1 du nouveau décret, peu
différentes de celles contenues dans celui du 12 mars 1986. Deux
quotidiens, "La Croix" et "L'Humanité", entrent dans cette
catégorie et bénéficient régulièrement de
cette aide. "La Croix" a reçu 9,4 millions de francs en 1997 et 10,9
millions de francs en 1998 ; sur les mêmes périodes,
"L'Humanité" a reçu respectivement 6,2 millions de francs et 7,99
millions de francs.
La deuxième section, totalement nouvelle, vise les quotidiens à
prix très faible, comme "Mon quotidien" ou d'autres titres pour les
jeunes, jugés très intéressants sur le plan de la
diffusion de la pensée, mais qui n'ont naturellement pas un prix facial
élevé. L'aide que ces titres recevront est très faible
(0,5 % du fonds en 1998), mais leur affiliation à cette section
leur permet de bénéficier du tarif postal
préférentiel prévu par l'article D19-2 du code des postes
et des télécommunications.
Votre rapporteur ne dispose
d'aucune information pour l'exercice 1999
,
dans la mesure où la répartition des 20 millions de francs est
" en cours ". Il lui a été également
indiqué de façon pour le moins elliptique que pour l'an 2000,
" il est également envisagé de tenir compte de la faiblesse
du tirage dans les critères de répartition ", ce qui
concerne a priori le fonctionnement de la deuxième section
évoquée ci-dessus.
b) Le fonds d'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces
Les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000 se montent
à
8,5 millions de francs
, soit une
augmentation de 300.000
francs par rapport à l'année 1999
.
L'élargissement des conditions d'accès, instauré par le
décret du 20 novembre 1997, a permis de limiter les
conséquences de la hausse des tarifs postaux. En 1998, on comptait 12
bénéficiaires de l'aide avec des subventions s'étageant de
189.000 francs pour la Dordogne libre à 1,184 million de francs pour la
Marseillaise.
c) Le fonds d'aide à la presse régionale d'information générale et politique
Ce fonds a été créé à l'occasion de la loi de finances pour 1996 et doté de 5 millions de francs. Ses modalités ont été précisées par le décret du 10 mai 1996. Le fonds qui disposait de 7 millions de francs dans la loi de finances pour 1997, 8 millions en 1998 et 8,4 millions de francs en 1999 voit sa dotation pour 2000 augmenter de + 300.000 francs pour être portée à 8,7 millions de francs .
2. Les autres aides directes
Elles ont été regroupées après divers changements de nomenclature sur le chapitre 41-10 des crédits des services généraux du Premier Ministre.
a) Le fonds d'aide à l'expansion de la presse française à l'étranger
Les crédits de ce fonds passent de 22 millions de francs à 23 millions de francs pour 2000, soit une augmentation de 4,55 %. On note qu'en dépit de cette augmentation, on reste encore loin des montants du début des années 1990 et notamment de 1996, où les crédits s'étaient montés à 37 millions de francs.
b) L'aide au portage
Cette
aide, d'un montant total de
58 millions de francs
est répartie en
deux postes :
• un article 42,
Aide au portage ;
bénéficiant de 2,4 millions de francs en 1996 et 1997, cette
aide, instituée en 1995, avait culminé à 8 millions
de francs en 1998 plafonne désormais à
7,5 millions de
francs
en 1999 et 2000. Ces crédits visent à compenser
intégralement pendant cinq ans (1995-1999) le
coût des charges
sociales
liées au portage des quotidiens nationaux. 9 quotidiens
nationaux bénéficient du fonds : Les Echos, France Soir,
L'Humanité, International Herald Tribune, Paris Turf, La Tribune, Le
Figaro, Libération et Le Monde
• par ailleurs, a été créé, en 1997, un
fonds d'aide au portage
. Doté de 15 millions de
francs à l'article 35, ce fonds a bénéficié d'une
augmentation rapide de ses crédits ; ceux-ci sont passés
à 45 millions de francs pour 1998, 49,5 millions de francs en 1999 et
50,5 millions de francs
dans le projet de loi de finances pour 2000,
soit une augmentation de 2 %. Elle est répartie, à hauteur
de 25 %, au prorata de la diffusion globale par portage et, à
hauteur de 75 %, au prorata de sa progression au cours des deux
dernières années. Un certain nombre de titres
bénéficient ainsi d'une aide supérieure au million de
francs : Le Figaro, Libération et Le Monde pour les quotidiens
nationaux et le Courrier de l'Ouest, le Courrier Picard, La Dauphiné
Libéré, L'Est Républicain, le Midi Libre, la Montagne,
Nice Matin, la nouvelle République du Centre Ouest, Ouest France, le
parisien, le Progrès de Lyon, Sud Ouest, le Télégramme de
Brest, L'Union, L'ardennais et la Voix du Nord. L'Est républicain, avec
4,511 millions de francs, Ouest France, avec 4,5 millions de francs et le
Dauphiné libéré avec 3,636 millions de francs obtiennent
les aides les plus importantes en 1999 dans la mesure où ils
bénéficient tout particulièrement de l'aide au
développement.
c) Le fonds d'aide au multimédia
Ce
fonds, annoncé en 1996, avait été créé en
1997 mais non doté, car son financement devait provenir d'un transfert.
Géré par l'Institut pour le Financement du Cinéma et des
Industries Culturelles (IFCIC), il a pour objet d'accorder aux entreprises de
la presse écrite une avance partiellement remboursable, à hauteur
de 30 %, afin de permettre de développer des projets offrant au
public des accès aux contenus des journaux, magazines et revues sur les
nouveaux supports numériques.
Doté en 1998 de
15 millions de francs
à l'article 36, ce
fonds n'a bénéficié que du maintien de sa dotation en 1999
en francs courants dans le projet de loi de finances pour 2000.
d) Les allégements de charges de télécommunication
L'article 10, " Communications
téléphoniques des
correspondants de presse ", des services généraux du Premier
Ministre, constitue un poste sensible. On peut rappeler que les crédits
avaient été présentés dans le projet de loi de
finances pour 1998 en diminution de près de 50 % ;
l'importance attachée par la presse à ce type d'aide avait
conduit les assemblées à augmenter les crédits
prévus pour les porter à 26 millions.
Dans le
projet de loi de finances 1999
, cette dotation, désormais
affectée au remboursement des charges de fac-similé, avait
enregistré
une forte baisse (-51,7 %) en passant de 21 à
6,6 millions de francs
. Cela résulte du décret
n° 98-793 du 4 septembre 1998, qui a instauré une aide aux
fac-similé, suivant des modalités compatibles avec le
régime de concurrence entre opérateurs
téléphoniques entré en vigueur le 1er janvier 1998. Le
fonds de remboursement des charges fac-similé reprend ainsi une partie
du périmètre de l'aide à l'allégement des charges
téléphoniques. Il est doté de 6,6 millions de francs pour
1999, somme ramenée à 6,5 millions de francs dans le projet de
loi de finances pour 2000. On note que ce type d'aide bénéficie
plus à la presse nationale qu'à la presse régionale.
3. Les aides indirectes inscrites au budget des SGPM
a) Le remboursement à la SNCF des réductions de tarif accordées à la presse.
Comme
l'on sait, la SNCF accorde des réductions de tarifs aux publications
inscrites à la commission paritaire, réductions qui font l'objet
d'une compensation financière inscrite au présent budget.
Depuis le 1
er
janvier 1998, les taux de prise en charge
s'établissent à 70 % pour les quotidiens et à
22 % pour les périodiques.
L'article 10, " Réduction de tarif SNCF pour le transport de
presse ", des crédits des services généraux du
Premier Ministre, est doté pour
101 millions de francs
de
crédits dans le projet de loi de finances pour 2000 contre 102 millions
de francs en 1999 et 95 millions de francs en 1998. On note que la baisse est
considérable par rapport aux crédits inscrits en 1996 et 1997,
qui s'étaient élevés respectivement à 119 et
140,4millions de francs.
Pour l'exercice 1998, la très forte augmentation du tonnage des
quotidiens - +53 %- et de leur coût de transport, non prévus
en début d'année aurait dû se traduire par une augmentation
substantielle de l'indemnité.
" Les explications fournies par
l'opérateur pour justifier ces progressions n'ayant pas semblé
satisfaisantes,
les pouvoirs publics ont résilié la convention
de 1998 et demandé au Sernam de prendre à sa charge le
différentiel constaté en 1998 entre les besoins - environ
104,4 millions de francs - et la dotation budgétaire de 95 millions
de francs.
"
La SNCF a, de son côté, fait valoir à votre rapporteur
spécial les efforts effectués conjointement par les distributeurs
de presse et la SNCF entre 1994 et 1997 pour rendre possible une baisse de
l'aide de l'État.
La très forte diminution du nombre des
dépositaires de presse qui sont passés de 1200 à 350 a
ainsi permis de faire passer l'aide de l'État de 206 à 140
millions de francs
. Le SERNAM met aussi en avant le décalage entre
la baisse modérée des tonnages entre 1999 et 1997, -8,7 % et
le fort recul de 36 % du montant de la subvention.
La SNCF fait en outre remarquer que pour l'année 1998 première
année d'application de la forfaitisation de l'aide, sur les 95 millions
de francs de dotations budgétaires, il en était
prélevé
5 millions pour le remboursement de
l'arriéré, qui se montait à 47 millions de francs fin
1997
.
De même en 1999, sur 102 millions de francs de crédits inscrits en
loi de finances, 90 millions de francs étaient affectés au
transport et 12 millions de francs au remboursement de la dette de
l'État.
Votre rapporteur estime que les rapports entre la SNCF et l'État doivent
à cet égard être remis à plat et qu'il convient de
trouver rapidement un accord débouchant sur une nouvelle convention
tenant compte des coûts effectifs mais aussi du trafic réel
traité par la SNCF.
b) La contribution au plan social de la presse parisienne
Dotée de 26 millions de francs en 1996, cette aide a vu ses crédits réduits de presque 50 % dans les projets de loi de finances pour 1997 et 1998. Avant de se stabiliser en 1999 au niveau de 13,5 millions de francs , montant maintenu en francs courants dans le projet de loi de finances pour 2000.
c) Les abonnements à l'Agence France Presse
Le chapitre 34-95, abonnements souscrits par les administrations au service d'informations générales de l'AFP , des crédits des services généraux du Premier Ministre, est doté, en 2000., de 607,4 millions de francs contre 600,2 millions de francs en 1999 et 588,7 millions en 1998, soit une croissance de 1,19 %. Ce budget de reconduction intervient à un moment où la nomination d'un nouveau président et d'une nouvelle stratégie suscite un certain nombre de remous au sein de l'organisme.
B. LE FONDS DE MODERNISATION
Créé par l'article 62 de la loi de finances pour 1998, ce fonds,
dont le support est le compte d'affectation spéciale n°902-32, est
abondé par le produit de la taxe de 1 % sur certaines
dépenses de publicité hors médias, instituée par
l'article 23 de la même loi de finances.
Le produit de cette taxe devrait se situer entre 130 et 140 millions de francs
pour l'année 1998 et sans doute à un niveau un peu
supérieur en 1999. Les crédits non utilisés en 1998,
actuellement estimés à 140 millions de francs, seront
reportés sur 1999.
La mise en oeuvre laborieuse de ce fonds fait l'objet d'observations de votre
rapporteur spécial en seconde partie de cette note.
C. BILAN DES AIDES INDIRECTES A LA PRESSE
Les
aides indirectes peuvent être évaluées à
près de 7,5 milliards de francs en 1999
, et sont à la charge :
- de deux
entreprises publiques
(La Poste et la SNCF), à
hauteur des deux tiers,
- des
collectivités locales
, pour plus de 16 %, en
raison de l'exonération de la taxe professionnelle,
- de
l'État
, pour le solde, soit 16 %,
également, en raison d'une fiscalité adaptée à la
presse.
Les aides publiques à la presse en 1997, 1998 et 1999 (en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
I- Dépense fiscale de l'État en faveur de la presse |
|
|
|
1- Taux
super réduit de TVA (1)
|
1000 |
1200 |
1200 |
2-
Régime spécial de provisions pour investissement
|
210 |
150 |
150 |
II-
Dépense fiscale des collectivités
locales
|
1 190 (e) |
1 235 (e) |
1 206 (e) |
III- Aides indirectes des entreprises publiques |
|
|
|
1- Coût du transport postal supporté par La Poste |
3350 |
3252 |
3104 |
2- Contribution de l'État au service obligatoire de transport de presse par la poste |
1900 (3) |
1850 (3) |
1850 (3) |
TOTAL |
7 750 (e) |
7 687 (e) |
7 510 (e) |
(1)
Dépense fiscale calculée par rapport au taux réduit de
TVA de 5,5 %.
(2) estimation
Les
chiffres 1999 sont semblables à ceux fournis pour 1998. La
différence par rapport aux chiffres de l'an dernier résulte d'un
léger ajustement à la baisse du coût du transport postal,
ainsi que de la baisse de la contribution de l'État au service
obligatoire, qui passe de 1.900 à 1.850 millions de francs .
On note en ce qui concerne l'aide postale, que celle-ci a été
réévaluée -comptablement- à la suite d'un rapport
de l'Inspection générale des finances et de l'Inspection
générale des postes et télécommunications de 1996.
Elle s'élèverait ainsi à 3.292 millions de francs en 1995
et 3.498 millions de francs en 1996 et 3.350 seulement en 1997
. Pour 1997 et
1998, elle était estimée respectivement à 3.252 et 3.104
millions de francs, chiffre maintenu pour l'année 1999.
Les prévisions tiennent compte de la revalorisation tarifaire et de
l'effort de productivité mentionné dans les accords
État/presse/Poste du 4 juillet 1996 et du 10 janvier 1997.
Ces accords État/presse/Poste ont permis de mettre en place une
nouvelle grille tarifaire : la grille précédente, outre les
subventions croisées qu'elle générait, était
considérée par la Poste et la presse comme peu incitative,
notamment dans la mesure où elle ne tenait pas suffisamment compte du
niveau de préparation des dépôts et du degré
d'urgence.
Il faut également rappeler, que, conformément aux accords de la
table ronde, un observatoire des tarifs postaux a été mis en
place en juin 1997. Il pourrait permettre aux publications les plus
fragilisées par l'application du nouveau dispositif tarifaire de
bénéficier de mesures particulières. Le financement du
dispositif sera assuré par la Poste à hauteur de 10 millions de
francs et 5 millions de francs en 1999 et 2000.
*
Au total, si, pour récapituler l'ensemble des aides de l'État, l'on additionne, d'un côté, les crédits budgétaires et, de l'autre, les aides indirectes (qui résultent en partie d'estimations), on aboutit, pour 1999, au total de 8.363 millions de francs.
II. OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
La
dispersion des aides directes à la presse au départ un peu
surprenante, s'agissant d'interventions dont l'unité de compte est
parfois inférieure au million de francs, se justifie par la
fragilité, si ce n'est du secteur dans son ensemble, du moins de
certains titres qui en font toute la richesse et le dynamisme.
Dix articles se partagent 260 millions de francs. Si l'on retire les
remboursements à la SNCF et le plan social des NMPP, c'est 145 millions
qui se répartissent sur huit postes ; soustraction faite de l'aide
au portage qui constitue désormais le point de concentration de l'effort
budgétaire, cela donne une moyenne par article inférieure
à 12 millions de francs.
La diversité que ces aides tendent à perpétuer, est
une condition de la démocratie
. Et c`est dans cette perspective que
votre rapporteur examine le présent budget sans oublier pour autant
que la presse agit désormais dans un espace éminemment
concurrentiel
: elle est en concurrence avec des grands groupes
internationaux et avec d'autres médias qu'il s'agisse de la
télévision ou, peut-être, demain, d'Internet.
A. AIDES DIRECTES : UNE DISPERSION CONDITION DU PLURALISME
Le
Gouvernement a fait " clairement le choix d'un plan de
développement de la presse quotidienne ". Cette
priorité se traduit par un effort particulier en faveur du portage mais
aussi de l'investissement et de la modernisation par rapport au fonctionnement.
L'intention ne peut qu'être approuvée, même si
appliqués de façon trop rigide, de tels principes peuvent aboutir
à une répartition plus arbitraire voire ponctuellement
contestable.
1. La priorité au portage
Il
s'agit de relancer la vente de la presse quotidienne d'information politique et
générale. Dans un monde saturé d'information, les patrons
de presse comme les responsables gouvernementaux ont pris conscience de
l'importance d'un mode de distribution, qui seul peut fidéliser une
clientèle qui veut des nouvelles au tout début de sa
journée.
La diffusion par portage connaît de fortes disparités selon les
familles de presse et les zones géographiques. Alors que dans l'Est et
le Nord de la France, ce mode de diffusion est bien implanté, il demeure
encore marginal sur le reste du territoire et peu développé pour
la presse quotidienne nationale. La situation du secteur de la presse
écrite au regard du portage est donc contrastée.
Une des questions qui fait l'objet de
débat
s au sein de la
presse et par voie de conséquence entre une partie de la presse et le
gouvernement, porte sur les
parts respectives qu'il faut accorder à
l'aide au stock par rapport à celle favorisant l'effort à la
marge
. S'il faut bien admettre que la majeure partie de l'aide doit aller
aux journaux qui font l'effort de développer un réseau de
portage, il est paradoxal que l'aide ne concerne que marginalement la presse
notamment dans l'Est où le portage est traditionnellement très
développé et donc les marges d'expansion relativement
faibles.
2. Le Fonds de modernisation : une mise en place laborieuse
Comme
votre rapporteur l'a rappelé, c'est l'article 62 de la loi de finances
pour 1998 qui a institué un compte d'affectation spéciale
n°902-32 intitulé : "Fonds de modernisation de la presse
quotidienne et assimilée d'information politique et
générale " et l'a alimenté par une taxe de 1 %
sur certaines dépenses de publicité " hors
médias ".
La création de ce fonds procède d'une
initiative
parlementaire
. C'est en effet à la suite d'un amendement de M. Le
Guen que l'Assemblée nationale, a institué une taxe sur la
publicité hors médias.
A la base de cette taxe, il y a une analyse : la pénurie de moyens
dont souffre la presse résulte en partie de ce qu'elle doit faire face
auprès des annonceurs à la concurrence du hors médias,
prospectus distribués sans les boites aux lettres ou journaux
gratuits
.
En taxant le " hors médias " et en l'affectant à des
aides à l'investissement, on ferait d'une pierre deux coups : d'un
côté, on contribue à maîtriser une concurrence
anormale ; de l'autre, on donne des moyens supplémentaires de
modernisation à un secteur qui doit s'adapter à environnement
technologique mouvant et toujours plus concurrentiel.
Sur le plan des intentions, on ne peut que souscrire aux objectifs
affichés par la ministre de la culture et de la communication
lorsqu'elle a déclaré qu'il fallait "
rompre avec la
logique de compensation des charges au profit d'une logique d'incitation
à la modernisation
" et que
" La presse
d'information politique et générale a davantage besoin de
restaurer son esprit entrepreneurial
, ses performances
éditoriales et économiques, plutôt que de se voir appliquer
toujours les mêmes remèdes pour compenser ses
déficits.
"
Mais si l'idée était simple, l'application l'était
beaucoup moins, tant au niveau du prélèvement de la ressource que
des modalités de sa distribution. Cela explique largement le
retard
dans la mise en oeuvre de ce fonds
, comme votre rapporteur l'a
déjà souligné l'année dernière.
Les principales recettes du fonds sont constituées par le produit de la
taxe instituée à l'article 302 bis MA du code
général des impôts, ainsi que, ultérieurement, - et
s'il y a lieu, car les bénéficiaires préfèrent les
subventions aux avances remboursables... - par le remboursement des avances
consenties par le fonds.
Aux termes de l'article 302 bis MA du code général des
impôts, la taxe qui alimente le fonds de modernisation de la presse, est
due par toute personne assujettie à la TVA dont le chiffre d'affaires de
l'année civile précédente est supérieur à 5
000 000 F hors TVA.
Cette taxe, dont le taux est fixé à 1 %, est assise sur les
dépenses hors taxes engagées au cours de l'année civile
précédente et ayant pour objet:
1°) la réalisation ou la distribution d'imprimés
publicitaires
2°) les annonces et insertions dans les journaux mis gratuitement
à la disposition du public.
Sont exclues de l'assiette de la taxe :
a) les dépenses engagées par les associations à but non
lucratif en application des dispositions des articles 256 B et 261 du code
général des impôts ;
b) les dépenses afférentes à la réalisation ou
à la distribution de catalogues adressés, destinés
à des opérations de vente par correspondance ou à distance.
La surestimation de la base taxable, la nécessité de
soustraire certaines activités (ventes par correspondance et
organisations à but non lucratif) expliquent la faiblesse du produit
annoncé.
Avec 139 millions de francs de produit annoncé pour 1998 et entre 155
et 160 millions de francs pour 1999, on est assez loin des espérances
exprimées lors du vote du dispositif, qui se situaient plutôt aux
alentours de 300 à 400 millions de francs.
Les recettes prévues pour 2000 sont maintenues au même niveau de
160 millions de francs, même si les 155 millions de francs
déjà perçus au titre de 1999 laissent espérer un
rendement supérieur proche de 200 millions de francs.
Les bénéficiaires du fonds sont:
a) les entreprises de presse éditrices d'au moins un quotidien ou d'une
publication hebdomadaire régionale ayant obtenu la certification
d'inscription délivrée par la commission paritaire des
publications et agences de presse et relevant de la presse d'information
politique et générale ;
b) les agences de presse inscrites sur la liste prévue à
l'article ler de l'ordonnance n°45-2646 du 2 novembre 1945 portant
réglementation provisoire des agences de presse.
Les aides accordées prennent la forme de subventions, d'avances
remboursables ou de dépenses d'études. Les décisions
d'attribution sont prises par le ministre chargé de la communication
après avis d'un comité d'orientation.
Le décret n° 99-79 du 5 février 1999
relatif au
fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée
d'information politique et générale
, modifié par le
décret n° 99-356 du 7 mai 1999, définit les actions
éligibles et les dépenses prises en compte pour le calcul des
aides.
Ces critères sont présentés comme très ouverts et
permettent tous les projets de modernisation, qu'il s'agisse des
rédactions, des imprimeries, des services commerciaux ou des
réseaux de distribution, à l'exception des investissements de
simple renouvellement.
Le comité d'orientation du fonds s'est réuni pour la
première fois en juin dernier afin d'étudier les premières
demandes au titre du " régime dérogatoire " permettant
d'apporter une aide à des opérations d'investissement
déjà
engagées à la date de la réunion
du comité d'orientation
. Il a été indiqué
à votre rapporteur que d'autres demandes au titre de ce régime
dérogatoire, ainsi que des demandes au titre du régime normal
doivent être examinées au comité d'orientation du mois de
décembre 1999.
A ce jour, la part respective des demandes de subventions et celles des
demandes d'avances remboursables représentent respectivement 95 %
et 5 % des aides du fonds, alors que la proportion attendue était
de 45 % / 55 %.
Il a également été précisé à votre
rapporteur spécial qu'un "
bilan de l'action de ce fonds doit
par ailleurs être réalisé par le comité
lui-même au printemps 2000 pour la gestion de l'année
précédente " et qu'au " titre du régime
dérogatoire environ 150 dossiers ont été
déposés par une centaine d'éditeurs. Les investissements
sont de nature très diverse montrant que les besoins des entreprises de
presse sont eux-mêmes très diversifiés. Une partie des
propositions concernent des actions de numérisation. "
A la connaissance de votre rapporteur aucune n'aide n'a été
encore arrêtée
et a fortiori versée au titre du fonds
de modernisation. Les difficultés déjà signalées au
niveau collecte se doublent de problèmes sur le plan de la distribution.
Il faut en effet bien constater que le volontarisme qui marquait les
premières déclarations semble avoir laissé la place
à une attitude réaliste conduisant les pouvoirs publics à
ratifier au nom de l'urgence et de l'efficacité des projets
déjà lancés du fait du jeu normal de la concurrence.
B. DISTRIBUTION : VERS UNE CONCURRENCE ACCRUE ?
La
France se caractérise par un mode de distribution original, fondé
sur un système coopératif, de façon à garantir le
pluralisme. Ce système, mis en place en 1947 autour des Nouvelles
Messageries de la Presse Parisienne, est aujourd'hui en crise en dépit
d'efforts d'adaptation appréciables encouragés par l'État.
Gérées par Hachette, très sensibles au puissant Syndicat
du livre, aujourd'hui divisé - ce qui ne facilite pas la gestion des
conflits dans un secteur où les mouvements sociaux sont fréquents
-, les NMPP peuvent largement s'identifier à l'histoire de la presse
depuis un demi siècle , même si le modèle de
régulation qu'elles incarnent est aujourd'hui de plus en plus souvent
contesté par les éditeurs eux-mêmes.
1. La montée des tensions
Les
mouvements de grèves , dont le dernier date du 6 octobre dernier,
perturbent régulièrement la distribution de la presse, tandis que
la poussée de concurrence entre Les NMPP et les Messageries Lyonnaises
de presse - MLP - font craindre à certains
l'amorce d'un processus de
dérégulation sauvage
.
Les principes " d'équité et d'égalité de
traitement " et de "solidarité" entre les titres, institués par
la loi Bichet, sont de plus en plus difficiles à appliquer et notamment
la " péréquation " des coûts de distribution entre les
différentes formes de presse
, les magazines acceptant de plus en
plus mal de supporter une bonne part des coûts d'un système
conçu pour les quotidiens.
Le passage, en mai 1999, de l'hebdomadaire Point de vue, des NMPP aux MLP a
créé la surprise et amorcé une certaine redistribution des
cartes. En passant aux MLP dans des conditions jugées satisfaisantes,
l'hebdomadaire aurait ainsi économisé 6 millions de francs.
L'hebdomadaire Marianne envisage de lui emboîter le pas pour
améliorer un compte d'exploitation fragile. Tandis que Le Point pourrait
les imiter, sa filiale, le mensuel Historia vient de passer aux MLP. Dans le
même temps , des publications du groupe Hommel - ont fait le chemin
inverse pour rejoindre les NMPP.
Tandis que le
chiffre d'affaires des NMPP varie relativement peu, puisqu'il
est passé de 18,4 milliards de francs à 19,1 milliards de francs,
pour 2,8 milliards d'exemplaires vendus
,
celui des MLP
, bien que
largement inférieur,
a cru substantiellement passant de 1 milliard de
francs en 1994 à 2,650 milliards de francs en 1998
.
De fait, en dépit de plusieurs plans de restructuration, qui leur ont
permis de diminuer leur coût d'intervention de 14 % à
9 %, les NMPP ont du mal à faire face à la
concurrence.
2. La poursuite des efforts de restructuration
Le
premier
plan quadriennal de modernisation des NMPP (1994-1997),
présenté en juillet 1993, comprenait un ensemble de mesures
couvrant tout le champ d'action des Messageries (gestion des invendus,
organisation de la distribution des quotidiens, restructuration du
réseau de dépositaires ... ), qui devaient permettre
d'économiser 737 millions de francs sur la période. Le plan de
restructuration comprenait un volet social, prévoyant
717 départs
échelonnés sur la période
parmi les ouvriers de l'entreprise.
Par le protocole d'accord du 27 décembre 1993, l'État a
accepté d'apporter sa participation financière à ce plan
social, au moyen d'une convention Fonds national pour l'emploi (FNE),
dérogatoire à la règle commune et concernant au maximum
374 ouvriers. L'accord dont l'application était contrôlée,
prévoyait l'engagement par l'État d'une somme de
136,4 millions de francs maximum sur l'ensemble de la période
1994-2001 (année de passage en retraite des ouvriers partis en 1997)
visant assurer le financement partiel des allocations spéciales
FNE
.
Toutefois, les économies réalisées -
évaluées à 680 millions de francs, soit 57 millions de
francs de moins que prévu -ont été redistribuées
aux éditeurs et aux diffuseurs conformément aux termes de la
convention entre l'État et les NMPP : sur 4 ans, ce sont donc 141,6
millions de francs qui ont été redistribués aux
quotidiens. Les éditeurs de publications ont
bénéficié d'une baisse encore supérieure,
puisqu'elle atteint 4,25 %, soit une redistribution de 473,1 millions de
francs en 4 ans.
Les NMPP ont engagé en 1998 un nouveau plan quadriennal de
modernisation, dont elles attendent une économie supplémentaire
de 300 à 350 millions de francs et en conséquence une
nouvelle baisse de leur taux d'intervention qui passerait ainsi de 9 à
7 %.
Les principales réformes envisagées concernent le traitement des
publications ( fusion des centres de Rungis Nord et de Centre Nord en un centre
unique à Combs-la-ville ) la distribution sur Paris transformation des
6 centres de diffusion parisiens en un centre de publications, à
Lognes, travaillant le jour, et 4 centres de quotidiens situés à
Paris et en proche banlieue. Enfin, le traitement des invendus doit être
réorganisé.
Une baisse supplémentaire des effectifs est prévue qui
portera sur 4 à 500 personnes entre 1998 et 2001
. Pour y
parvenir les NMPP ont sollicité l'octroi de mesures d'âge
particulières : c'est ainsi que les ministres de l'emploi et du
budget leur ont accordé la possibilité de procéder
à des départs en congé de conversion à 55 ans
suivis de départs Allocation spéciale du Fonds National de
l'emploi à 56 ans étant entendu que la société
financerait intégralement les congés de conversion.
Ce régime dérogatoire ayant expiré en juin 1999, les
NMPP sont aujourd'hui soumises au droit commun des congés de conversion
et ne bénéficient plus d'un soutien particulier de l'État
pour leur reconversion. Il y a là un retrait de l'État qui
intervient à un moment où il faudrait peut-être
accélérer les mutations.
Au moment où le président du Conseil supérieur des
messageries de presse lançait un appel à un
" moratoire " et à une " trêve d'automne ", le
Gouvernement qui a affirmé son attachement aux principes issus de la loi
Béchet, a confié une mission d'étude et de
réflexion à M. Jean-Claude Hassan, maître des
requêtes au Conseil d'État.
C. AGENCE FRANCE PRESSE : UN PARI NÉCESSAIRE SUR L'AVENIR
En mars
1999, M. Eric Giuily, ancien directeur général d'Antenne 2, qui
occupait précédemment le poste de directeur général
du groupe de publicité BDDP Worldwide, a été
désigné par le conseil d'administration de l'AFP pour
succéder à M. Jean Miot. Le choix d'Eric Giuily était,
à l'évidence, celui de l'État qui, sans être
représenté au conseil d'administration, assure toujours
l'essentiel des ressources de l'AFP.
Ce choix de personne, qui emporte un changement radical de style de gestion, a
suscité un certain nombre de remous, eu égard à son
importance pour le rayonnement de la culture française.
Nombreux sont ceux qui, comme votre rapporteur spécial, sont
attachés à l'organisme au nom de la présence culturelle
française dans le monde :
l'AFP est un peu comme la voix et le
regard de la France sur le monde, le porte-drapeau de l'exception
française dans un monde de l'information sous influence
anglophone
.
1. Un statut hybride inadapté
Depuis
sa création en 1944, l'AFP a toujours été
considérée par le pouvoir comme un vecteur
privilégié de l'influence sur la scène internationale.
Dès le départ, son statut, adopté en 1957, lui assigne
explicitement une mission d'intérêt général qui
consiste à fournir une information " exacte " et " impartiale ",
tout en lui conférant un " rayonnement mondial " .
Troisième agence derrière l'anglais Reuters et
l'américain Associated Press (AP), l'AFP qui était d'une taille
comparable à celle de ses concurrents au début des années
60, est aujourd'hui largement distancée par eux car elle a manqué
le " coche " de la diversification dans l'information
économique :
l'agence Reuters pèse maintenant vingt fois
plus lourd que sa concurrente française
.
Aujourd'hui, à ceux pour qui l'Agence France-Presse doit devenir une
" entreprise comme les autres "
, soumise aux lois du marché
s'opposent ceux qui dans une perspective souverainiste, dénoncent
la
" marchandisation de l'information "
, en appellent à
" l'exception culturelle "
ou insistent sur son role comme
"un des
éléments de diffusion de la pensée française"
.
En dépit de multiples plans de redressement, l'AFP s'est
progressivement enfoncée dans ce que beaucoup considèrent comme
une véritable crise morale et financière.
L'AFP fonctionne à la manière d'une coopérative où
la presse française est à la fois cliente et administrateur. La
dépendance financière à l'égard de l'État se
double d'une lourdeur de fonctionnement liée à
l'ambiguïté du statut de l'agence, soulignée par
un
rapport de l'inspection des finances remis en juin 1998.
Ce rapport, extrêmement critique, mettrait en évidence, selon des
informations de presse, à la fois l'absence de politique commerciale,
les erreurs d'acquisition de certaines filiales, l'organisation
centralisée de l'entreprise, l'absence de contrôle de gestion.
Ni véritable service public ni société à but
commercial, l'agence, qui emploie 2000 personnes ( 1200 journalistes dont 200
photographes), doit se satisfaire d'un statut législatif hybride qui
date de 1957.
La particularité de ce statut, c'est qu'il fait de l'agence une
société de droit privé, soumise aux règles du droit
commercial, mais sans capital social,
donc sans actionnaires
. Elle
compte ses clients parmi ses administrateurs mais, curieusement, pas
l'État. Or celui-ci contribue, par le biais d'abonnements à
couvrir 46 % du chiffre d'affaires de l'agence (1,2 milliard de
francs).
2. Un plan stratégique contesté
Pour
permettre à l'AFP de rattraper son retard et sortir de la crise,
M. Giuily propose un ambitieux " plan stratégique " . Le nouveau
président se propose de
faire de l'AFP une agence mondiale
multimédia, tournée vers Internet et les nouveaux supports
technologiques
.
Pour lui, L'AFP doit faire
face à un défi historique, celui
de la révolution technologique du monde de l'information
. A travers
Internet et les divers multimédias se développent des offres qui
deviennent autant de concurrents potentiels des agences.
Pour parvenir à cette diversification de sa clientèle et au
renforcement de ses services qui devrait se traduire par une croissance de plus
de 50 % du chiffre d'affaires de l'entreprise en 5 ans, le nouveau
président estime
qu'il faut investir
. Or les quelque
800
millions de francs
dont il a besoin à cette fin,
ne peuvent se
trouver
, selon lui,
ni dans une augmentation massive des abonnements de
ses principaux clients, ni par une aide directe de l'État
.
Telle est l'analyse qui conduit le nouveau président de l'Agence
France-Presse à
proposer une " évolution " du statut
de l'agence
de façon à "
associer à [son]
développement 5 ou 6 entreprises publiques ou privées
possédant des technologies " que n'a pas l'entreprise.
Les représentants des salariés accusent leur PDG de
préparer la " privatisation rampante " de l'AFP
. Ils voient dans son
plan une menace pour l'indépendance et la spécificité de
l'agence. Le partenariat proposé par M. Eric Giuily revient à
faire dicter la politique rédactionnelle de l'agence en fonction des
lois du marché.
Dans une lettre aux parlementaires,
M. Eric Giuily affirme qu'il " ne
s'agit nullement d'une privatisation, puisque ces nouveaux partenaires ne
pourront accueillir plus de 49 % du capital de l'agence et ne pourront
prendre le contrôle de fait ou de droit de celle-ci. Aucun d'entre eux ne
pourra avoir une part supérieure à 10 % ou 15 % du
capital. La loi modifiant le statut de 1957 devra le prévoir
expressément. "
Après une période de tension au cours de laquelle on a vu le
nouveau président bénéficier du soutien appuyé du
conseil d'administration de l'agence et de l'État, diverses mesures
d'apaisement ont été prises ; le conseil d'administration
qui devait se prononcer sur le plan, a été reporté au mois
de décembre, ce qui permettra au comité d'entreprise de faire
procéder à une expertise du plan par un cabinet d'audit
indépendant.
La ministre de la Culture et de la Communication a explicitement
apporté son soutien au plan de M. Giuily en déclarant que le "
renouveau de l'Agence France-Presse est une cause nationale " et que " c'est au
Parlement qu'il incombera de recréer les fondements d'une agence
moderne, pérenne, indépendante et ouverte au monde ". Madame
Catherine Trautmann a estimé que " différer ou retarder la mise
en oeuvre d'un plan de développement, c'est compromettre gravement la
situation concurrentielle de l'agence sur des marchés aujourd'hui en
pleine expansion " .
Votre rapporteur spécial n'a pas eu la possibilité de rassembler
les éléments lui permettant de juger sur le fond le plan de
développement du nouveau président. Sans doute pourrait-on
s'interroger sur tel ou tel aspect de la stratégie proposée et
notamment sur celle consistant à chercher à proposer des produits
élaborés à destination du consommateur final, au risque
d'entrer en concurrence avec la presse elle-même.
Mais votre
rapporteur spécial estime qu'il faut lui laisser le temps de mettre en
place sa nouvelle organisation avant de porter un jugement sur la nouvelle
politique
.
La conviction de votre rapporteur spécial est qu'il fallait agir si
l'on ne voulait pas assister impuissant à la marginalisation de l'AFP
sur un marché de l'information désormais mondial
. Sans
capital social, sans assouplissement du carcan que constituent certaines
règles statutaires comme l'équilibre des comptes, l'Agence ne
peut résister à ses concurrents.
Ici comme dans le secteur audiovisuel, il faut donner au secteur public les
moyens de lutter à armes égales.
La presse veut se moderniser. Elle ne cesse de se restructurer et affiche des
ambitions dans le domaine du multimédias et même des
télévisions locales qui témoignent de son dynamisme.
L'État se doit d'encourager de telles initiatives, à
défaut desquelles la presse écrite pourrait bien finir par se
marginaliser dans le nouveau paysage médiatique, qui va apparaître
du fait de la généralisation des technologies
numériques.
ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE
I - ÉCONOMIE, FINANCES ET
INDUSTRIE
Rapporteur spécial : M. Bernard
ANGELS
Les
crédits du fascicule " Economie, finances et industrie "
regroupent désormais l'ensemble des moyens de l'action du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.
Ils absorbent en effet cette année l'ensemble des moyens auparavant
retracés dans les fascicules " Industrie " et " Petites
et moyennes entreprises, commerce et artisanat ", ce qui rend
particulièrement incommode l'analyse des crédits des services
financiers eux-mêmes mais correspond à une volonté
d'unifier les interventions d'un département ministériel qui,
ainsi, trouve une première traduction dans la présentation
budgétaire.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A. LE PROJET DE BUDGET POUR 2000
Les crédits prévus pour 2000 s'élèvent à 90,7 milliards de francs , soit une augmentation non-significative de 49,7 % en niveau par rapport aux dotations inscrites en loi de finances initiale pour 1999 et de 16,9 % par rapport au total des dotations des différents budgets présentés l'an dernier.
Budget de l'économie, finances et industrie
(En millions de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1999 |
2000 |
Niveau |
en % |
Titre III - Moyens des services |
|
|
|
|
Rémunérations des personnels |
36.366,7 |
38.575 |
+ 2.208,3 |
ns |
Pensions et allocations |
11.226,8 |
11.407,8 |
+ 181 |
ns |
Charges sociales |
2.302,1 |
1.701,8 |
- 600,3 |
ns |
Sous-total personnel |
49.895,6 |
51.684,6 |
+ 1.789 |
ns |
Matériels et fonctionnement des services |
8.785,2 |
5.413,2 |
- 3.372 |
ns |
Subventions de fonctionnement |
69,7 |
1008,8 |
+ 939 ,1 |
ns |
Dépenses diverses |
561,5 |
7.208,7 |
+6.647,2 |
ns |
Sous-total fonctionnement |
9.416,4 |
13.630,7 |
+ 4.214,3 |
ns |
Total titre III |
59.312 |
65.315,3 |
+ 6.003,3 |
ns |
Titre IV - Interventions publiques |
351,5 |
15.749,8 |
+ 15.398,3 |
ns |
Titre V - Investissements de l'Etat |
|
|
|
|
(AP) |
907,5 |
1.607,4 |
+ 699,9 |
ns |
(CP) |
978,3 |
1.788,5 |
+ 810,2 |
ns |
Titre VI
Subventions d'investissement (AP)
|
|
|
|
|
Totaux DO + CP |
60.642 |
90.741,2 |
+ 30.099,2 |
ns |
Le tableau
qui précède témoigne des profondes modifications
apportées à la présentation budgétaire.
Elles proviennent d'abord du regroupement entamé l'an dernier, de la
totalité des crédits auparavant inscrits au titre des budgets
" Industrie " et " Petites et moyennes entreprises, commerce et
artisanat " avec les crédits des " Services communs et
finances " pour un montant total de 16.909 millions de francs.
Pour l'industrie
, ce regroupement concerne dans le projet de loi de
finances 2000 un montant de crédits de 16.522 millions de francs
qui affecte essentiellement les titres IV (9,4 milliards) et VI
(5,5 milliards) mais dont une partie importante (1,1 milliard)
concerne aussi le titre III.
Pour les petites et moyennes entreprises
, commerce et artisanat, les
crédits regroupés dans le projet de loi de finances
s'élèvent à 389 millions de francs soit en
crédits de paiement :
Titre IV |
359,6 millions de francs |
|
Titre VI : |
27,3 millions de francs |
en crédits de paiement |
|
28,5 millions de francs |
en autorisations de programme |
Mais
les modifications proposées pour 2000 proviennent aussi de nombreux
changements d'inscriptions budgétaires.
D'abord, les opérations de réintégration au budget
général entamées l'an dernier se poursuivent
et
concernent un montant de crédits de 2.264 millions de
francs
43(
*
)
soit :
301 millions de francs au titre des crédits de
l'article 55 qui concernait une recette directement prélevée
au profit des conservations des hypothèques ;
1.716 millions de francs au titre de différents autres
" fonds de concours " (v. infra) ;
247 millions de francs correspondant à la prise en charge
par le budget d'actions de certains centres techniques industriels jusque
là financées par des taxes parafiscales supprimées ou
réduites dans le cadre du projet de loi de finances.
Enfin, des transferts de crédits interviennent
principalement en
provenance du budget des charges communes pour un montant brut de
10,8 milliards de francs, concernant pour l'essentiel :
1.076 millions de francs de cotisations patronales de la direction
générale des impôts ;
1.339 millions de francs correspondant à la
rémunération de services rendus par divers organismes ;
234,4 millions de francs pour des actions de modernisation
budgétaire et comptable ;
5.069 millions de francs au titre de diverses actions
économiques ;
et 515 millions de francs de crédits nécessaires à
l'application des conventions fiscales internationales.
Le tableau ci-après rend compte de l'évolution des moyens, hors
transferts entre sections.
Budget de l'économie, finances et industrie dans sa structure de 1999 (1)
(En millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Part dans le total (%) |
Variation 2000/1999 (%) |
Titre III - Moyens des services |
|
|
|
|
Rémunérations des personnels |
36.366,7 |
37.514,7 |
59,7 |
ns |
Pensions |
11.226,8 |
11.407,8 |
18,1 |
ns |
Charges sociales |
2.302,1 |
1.710 |
2,7 |
ns |
Sous-total personnel |
49.895,6 |
50.632,5 |
80,5 |
ns |
Autres (matériels, entretien) |
9.416,4 |
10.926,3 |
17,4 |
ns |
Total titre III |
59.312 |
61.558,8 |
97,9 |
ns |
Titre IV - Interventions publiques |
351,5 |
298,5 |
0,5 |
ns |
Total dépenses ordinaires |
59.663,5 |
61.857,3 |
98,4 |
ns |
Titre V - Investissements de l'Etat |
|
|
|
|
(AP) |
(907,5) |
(943) |
|
ns |
(CP) |
(978,3) |
(982) |
1,6 |
ns |
Total général (DO + CP) |
60.641,8 |
62.839,3 |
100 |
ns |
(1) Aux arrondis près.
Une fois
neutralisés, les transferts entre fascicules, l'augmentation du budget
initial pour 2000 s'élève à 3,6 %. Elle s'explique
partiellement par des facteurs techniques exceptionnels.
Une part importante de la progression des crédits vient en effet de
la budgétisation de fonds de concours et de crédits
extrabudgétaires.
Au total, une fois défalquée la variation des crédits
induite par ces budgétisations, le budget s'accroît de l'ordre de
1,8 %.
La destination des crédits fait ressortir la part essentielle
(60 %) occupée par les crédits de rémunération
des personnels et, plus encore, l'importance prise pour les charges de
personnel. "Tout compris", elles absorbent 80,5 % des crédits
ouverts.
La place relative des dépenses d'interventions publiques est
négligeable avec moins de 1 % du total, tandis que celle des
investissements, modeste (1,6 %), est stabilisée cette
année.
B. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les
dépenses de personnel occupent 80,5 % des moyens du budget et se
répartissent entre :
des dépenses de rémunération pour
37,5 milliards de francs (74,1 % du total) ;
des dépenses de pensions pour 11,4 milliards de francs
(22,5 % du total) ;
et des charges sociales pour 1,7 milliards de francs (3,3 % du
total).
La présentation budgétaire des charges sociales,
déjà insatisfaisante dans le passé, ne s'améliore
guère malgré le transfert d'une partie des crédits
qu'elles occasionnent en provenance du fascicule des charges communes.
En effet, contre toute logique, ces crédits sont agrégés
dans les dépenses de rémunération des personnels
plutôt qu'avec les autres crédits de charges sociales.
1. Les rémunérations d'activité
Les
crédits de rémunérations d'activité
s'établiraient à 37,5 milliards de francs, en progression de
3,16 % avec un supplément de 1,1 milliard de francs.
Votre rapporteur est en attente d'une réponse permettant de chiffrer
l'impact des budgétisations entreprises sur ce poste de dépenses
et, ainsi, d'isoler la part de son augmentation due à des changements de
méthode.
Une autre part de celle-ci s'explique par les effets de l'accord salarial du
10 février 1998, et par l'effet
glissement-vieillesse-technicité.
Cette augmentation survient alors que les effectifs budgétaires du
ministère seraient réduits de 727 unités (0,4 %
des effectifs pour 1999).
La progression des rémunérations individuelles paraît donc
privilégiée, volontairement ou par contrainte dans les arbitrages
globaux portant sur la masse salariale du ministère.
La répartition des rémunérations d'activité entre
rémunérations principales (26,7 milliards)
44(
*
)
et indemnités diverses
(8,3 milliards)
1
est illustrative de l'importance prise
dans ce budget par les rémunérations accessoires.
Le tableau ci-dessous récapitule, à structure constante,
l'évolution des effectifs des services financiers entre 1996 et 1999.
Variation des emplois entre 1996 et 1999
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999/1998 en niveau |
1998/1997 en % |
1999 |
Administration centrale |
7.311 |
7.236 |
7.194 |
- 19 |
- 0,5 |
7.175 |
Services financiers à l'étranger |
110 |
108 |
108 |
+ 2 |
0 |
110 |
Juridictions financières |
1.653 |
1.639 |
1.639 |
+ 13 |
0 |
1.652 |
Trésor public |
55.008 |
54.577 |
54.445 |
- 196 |
- 0,2 |
54.249 |
DGI |
79.460 |
78.835 |
78.607 |
- 320 |
- 0,3 |
78.287 |
Douanes et droits indirects |
20.317 |
20.150 |
20.090 |
- 85 |
- 0,3 |
20.005 |
Expansion économique à l'étranger |
1.216 |
1.187 |
1.168 |
- 20 |
- 1,6 |
1.148 |
INSEE |
6.793 |
6.754 |
6.720 |
- 28 |
- 0,5 |
6.692 |
DGCCRF |
3.746 |
3.715 |
3.705 |
- 8 |
- 0,3 |
3.697 |
Service de la redevance |
1.531 |
1.501 |
1.471 |
- 30 |
- 2 |
1.441 |
Autres |
685 |
709 |
709 |
+ 11 |
0 |
720 |
TOTAL |
177.830 |
176.411 |
175.856 |
- 680 |
- 0,3 |
175.476 |
Entre
1991 et 1995, les effectifs budgétaires des services financiers ont
diminué de 1.617 unités.
Par rapport à cette tendance, l'année 1996 avait
marqué une inflexion puisque le nombre des effectifs budgétaires
s'était accru de 251 unités à la suite de certaines
titularisations.
La politique d'emploi du ministère pour 1997 avait repris le mouvement
de réduction des effectifs. Elle s'était traduite par une
réduction de 0,8 % par rapport à leur niveau
théorique de 1996, soit 1.419 emplois supprimés. En 1998, le
nombre net des suppressions d'emplois avait porté sur 555 emplois,
soit - 0,3 %. Pour 1999, le nombre net des emplois supprimés
s'était élevé à 680.
En 1998 et 1999, les principales évolutions ont été les
suivantes :
- Administration centrale |
- 61 |
- Trésor public |
- 328 |
- Direction générale des impôts |
- 548 |
- Direction générale des douanes et droits indirects |
- 145 |
- Expansion économique à l'étranger |
- 39 |
- INSEE |
- 62 |
- Cour des comptes et chambres régionales des comptes |
+ 13 |
- Service de la redevance |
- 30 |
Pour 2000, les variations d'effectifs s'établiraient comme suit :
DGI |
- 416 |
- DGCP |
- 130 |
- DGDDI |
- 31 |
- INSEE |
- 34 |
- DGCCRF |
- 6 |
- DREE |
- 10 |
- Administration générale |
- 31 |
- Juridictions financières |
+ 2 |
- Autorité de régulation des télécommunications |
+ 2 |
soit
654 suppressions d'emplois
à quoi s'ajouteraient des transferts
nets d'emplois à hauteur de 73 emplois pour l'essentiel au profit des
services du Premier ministre du budget de l'environnement.
Ces variations d'emplois qui concernent principalement les directions à
réseau que sont la DGI et la DGCP doivent aussi être
appréciées en tenant compte de la situation d'emploi
réelle du ministère que présente le tableau
ci-après :
Effectifs des services communs et finances par chapitre
budgétaire au 1
er
janvier 1999
Comparaison des effectifs budgétaires et de l'emploi
réel.
|
Chapitre budgétaire principal (1) |
Effectifs budgétaires |
Effectifs réels payés en EATP (2) |
Administration centrale et services rattachés |
(*) |
(3) 12548 |
12751,8 |
Contrôles économiques et financiers |
02 à 05 |
190 |
181,8 |
Inspection générale des finances |
01 |
110 |
90,0 |
Cour des comptes |
31-91 art 07 |
482 |
470,9 |
Chambres régionales des comptes |
31-91 art 08 |
1170 |
675,4 |
Institut national de la statistique et des études économiques |
70 |
6692 |
6534,4 |
Service de l'expansion économique à l'étranger et directions régionales du commerce extérieur |
81, 82 |
1148 |
1079,5 |
Services financiers à l'étranger |
83 |
110 |
90,0 |
Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes |
87 |
3697 |
3658,4 |
Services déconcentrés du Trésor |
40 |
54249 |
53995,5 |
Service de la Redevance |
37-98 |
1441 |
1416,4 |
Direction générale des impôts |
50 |
78287 |
78222,3 |
Service du cadastre |
31-98 |
161 |
155,0 |
Direction générale des douanes et droits indirects |
61 |
20005 |
19770,8 |
Total Services communs et finances |
|
180290 |
179092,2 |
(*)
Chapitre 31-90 art. 6, 12, 13, 21, 22, 23, 24, 25, 91, 92 et chapitre 31-98
art.91.
(1) Les numéros à deux chiffres sont ceux des articles du
chapitre 31-90 (rémunérations principales).
Les numéros à quatre chiffres (XX-XX) sont ceux d'autres
chapitres.
(2) EATP = équivalent agent à temps plein.
(3) Y compris 235 postes budgétaires pour les délégations
départementales des services sociaux, les effectifs réels
payés correspondants étant recensés dans les services.
Cette récapitulation montre l'existence de situations de suremploi dans
les deux réseaux principalement atteints par les suppressions
proposées cette année (254 à la DGCP ; 65 à la
DGI). Elles devraient favoriser l'application des mesures
proposées.
2. Les autres charges de personnel :
Les
charges de pension budgétées
ne progresseraient de
1,6 %. Si, à court terme, la progression du volume des
pensionnés ne paraît pas alarmante, la pyramide des âges du
ministère fait qu'à horizon de moyen terme des départs
massifs en retraite exerceront une pression financière très forte
et peu maîtrisable.
*Dans le cadre d'une évolution spontanée des effectifs
Source : INSEE
A horizon 2013, le cumul des départs en retraite concernera 105.688
agents soit près de 59 % des effectifs budgétaires du
ministère.
S'agissant des charges sociales
, le niveau des crédits
budgétés dans le fascicule, en baisse de 26,1 % d'une
année sur l'autre ne permet aucunement de rendre compte de la situation
réelle.
Une part importante des charges sociales n'est pas retracée dans ce
budget mais à celui des charges communes. En outre, les charges sociales
de la DGI sont partiellement regroupées avec les dépenses de
rémunération pour des raisons qui font l'objet d'explications
ci-après.
En fait, si le niveau des cotisations sociales correspondant à la part
de l'Etat est minoré du fait de l'importance des indemnisations dans les
rémunérations versées aux agents du ministère,
celui-ci offre à ses personnels un régime
privilégié. A ce propos, il faut citer le rapport de la Cour des
Comptes sur l'exécution de la loi de finances pour 1997 :
"Par ailleurs, la répartition par ministère des
dépenses de prestations et versements facultatifs, comparée
à celle des rémunérations, fait toujours apparaître
une nette distorsion entre les différents budgets puisque, avec
respectivement 19,2 % et 9 % des rémunérations et
indemnités payées sur crédits budgétaires, la
défense et les services financiers reçoivent respectivement
28,1 % et 29,6 % des prestations".
C. LES AUTRES DÉPENSES
Les
dépenses d'intervention
, en fort repli depuis deux exercices,
s'élèveraient à 298,5 millions de francs, soit une
nouvelle baisse de 15,1 %.
Les
crédits d'investissement
, plus que doublés l'an
dernier, seraient stabilisés.
Les crédits prévus pour assurer la politique d'investissement du
ministère s'élèvent à 982 millions de francs
en crédits de paiement, soit 1,6 % de l'ensemble du
budget.
D. EVOLUTION COMPARATIVE PAR AGRÉGAT
Le
tableau ci-après retrace la structure des services financiers et
l'évolution des crédits par grand agrégat.
Le budget des services communs et financiers est avant tout le budget des
services déconcentrés du ministère.
La place du Trésor public - les services extérieurs de la
direction de la comptabilité publique - et de la direction
générale des impôts (DGI) est prépondérante
avec près de 55 % des crédits.
Présentation par agrégats
(en millions de francs)
|
Dotation 2000 |
Dotation 1999 |
Part dans le total (%) |
Variation (%) |
Administration générale et dotations communes |
18.784,9 |
18.431,2 |
29,3 |
1,9 |
Cour des Comptes et chambres régionales des comptes |
620,4 |
588,8 |
1,0 |
5,4 |
Trésor public |
13.168,1 |
12.921 |
20,6 |
4,9 |
Direction générale des impôts |
21.970,3 |
19.538,6 |
34,3 |
12,4 |
Direction générale des douanes et des droits indirects |
4.995,5 |
4.814,6 |
7,8 |
3,8 |
INSEE |
1.882,2 |
1.906,2 |
2,9 |
- 1,2 |
Service de l'expansion économique à l'étranger |
1.426,6 |
1.302,5 |
2,2 |
9,5 |
DGCCRF |
1.158,2 |
1.139,1 |
1,9 |
1,7 |
TOTAL |
64.006,2 |
60.642 |
100 |
5,5 |
II. OBSERVATIONS
A. LA MODERNISATION DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES
La
modernisation du ministère comporte
d'abord une unification des
services de l'industrie et du secrétariat d'Etat aux PME, commerce et
artisanat
. Elle se traduit par le regroupement des moyens
budgétaires de ces départements ministériels.
L'impact de cette évolution était de l'ordre 1,6 milliard de
francs l'an dernier. Cette année, il s'élève à
19,9 milliards de francs.
Le regroupement des moyens ne paraît pas jusqu'alors avoir eu d'incidence
importante sur leur niveau, si bien que, budgétairement, l'on peut
évoquer plutôt une superposition qu'une rationalisation.
Les crédits ouverts en 1999 aux trois entités s'étaient
élevés à 76,3 milliards de franc. Pour 2000, ils
seraient de 77,6 milliards
45(
*
)
, soit une
hausse de 1,8 %.
Une vision étroitement budgétaire ne rend sans doute pas compte
de la totalité des effets attendus d'une plus grande intégration
des services. Mais il faudra néanmoins veiller à l'impact
budgétaire d'une optimisation des moyens qu'elle rend possible.
La réforme du ministère
La
réforme du ministère s'inscrit dans la logique d'un rapport
demandé à l'été 1997
46(
*
)
afin de parvenir à de plus grandes synergies
entre les différentes composantes du ministère au niveau central
et dans les services déconcentrés.
Elle a d'abord débouché sur des réaménagements de
structures avec :
- la création d'une direction des affaires juridiques qui regroupe
le service juridique et de l'agence judiciaire du Trésor, le
secrétariat général de la commission centrale des
marchés et les bureaux "juridiques" de la direction
générale de l'administration et des finances du
secrétariat d'Etat à l'industrie ;
- la création de la direction du personnel, de la modernisation et
de l'administration qui regroupe les directions transversales du "pôle
finances" et du "pôle industrie" ;
- la création d'une direction des relations avec les publics et de
la communication ;
- la réintégration du service de la législation
fiscale à la mouvance de la direction générale des
impôts ;
- les réformes de la direction de la comptabilité publique
et de la direction générale de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes.
La réforme du ministère doit par ailleurs déboucher sur
une amélioration de la gestion des moyens. Cette partie de l'objectif
poursuivi, dont l'effectivité devra être mesurée à
l'avenir, devrait déboucher sur des gains d'efficacité à
effets budgétaires. Il serait également utile de mesurer ceux-ci.
La modernisation du ministère comporte
également des
réformes de management des services
qui jusqu'à
présent ont reçu pour principale traduction la conclusion d'un
contrat d'objectifs et de moyens entre la direction générale des
impôts et la direction du budget. Ce contrat qui court sur la
période 2000-2002, programme les moyens budgétaires
" garantis " à la DGI
47(
*
)
moyennant le respect par elle d'un certain nombre d'obligations de services.
Les gains d'efficacité qui sont prévus seraient
redistribués entre la DGI et le budget de l'Etat. La moitié des
emplois libérés (3000 au total) seraient restitués
à l'Etat.
Cette démarche de modernisation appelle d'abord des louanges. Elle
témoigne d'une volonté de rénover le pilotage de la DGI en
s'appuyant sur des objectifs qui sont clairement quantifiés. Cette
démarche rare dans l'administration favorisera beaucoup le
contrôle parlementaire.
Cependant, plusieurs ambiguïtés subsistent. Tout d'abord, ce
contrat pluriannuel doit être placé dans le contexte du principe
d'annualité budgétaire qui reste le nôtre.
Surtout, les engagements de la DGI pouvant paraître quelque peu optiques
lorsqu'il concernent les gains d'efficacité, il reste à
vérifier que leur niveau d'exigence est bien proportionné avec
les gisements que comporte l'organisation actuelle de la DGI.
A ce sujet -v. infra-, l'on peut déjà observer ici que le contrat
s'accompagne d'une progression des coûts de 1,6 % sur la
période concernée qui, pour être modérée,
n'en est pas moins programmée alors même qu'une réduction
des effectifs de 2 % est envisagée.
B. L'EFFORT DE SINCÉRITE BUDGÉTAIRE SE POURSUIT
Le
budget pour 1999 présentait une image des moyens du ministère
beaucoup plus fidèle que celle qu'il donnait depuis au moins cinquante
ans.
Cet effort de sincérité, salué en son temps par la
commission des finances, était venu pour beaucoup des efforts
déployés pour convaincre le ministère de sa
nécessité. Il se poursuit cette année ce dont il faut se
féliciter.
1. Un écart entre les moyens décrits par le projet de loi de finances initiale et les moyens réellement disponibles...
Il
existait traditionnellement un écart considérable entre le budget
des services financiers voté par le Parlement et les moyens
réellement disponibles. Au terme de divers rattachements de "fonds de
concours" et du fait de l'existence de crédits "hors budget",
l'écart entre les moyens apparents du ministère et ses moyens
réels était usuellement de l'ordre du quart des crédits
ouverts par la loi de finances initiale.
En 1998, les rattachements de fonds de concours avaient atteint
12.220 millions de francs pour un budget voté de
46.547 millions. Plus du cinquième des moyens du ministère
échappait à toute autorisation parlementaire.
Ces pratiques pour le moins peu satisfaisantes avaient été
régulièrement dénoncées par votre commission des
finances qui, outre ses observations mettant en évidence
l'opacité de la gestion d'un ministère qui, à bien des
titres, devrait montrer l'exemple de la transparence, avait fait valoir les
objections juridiques associées au recours à de telles
méthodes. Celles-ci concernaient en particulier deux catégories
de ressources considérées à tort comme des fonds de
concours et plusieurs comptes extrabudgétaires.
- S'agissant du prélèvement sur le produit des impositions
locales ("crédits de l'article 6")
, votre commission avait tout
d'abord constamment souligné que, malgré son intitulé, il
n'était en aucune manière assimilable à une redevance pour
services rendus.
Elle ajoutait que, dans ces conditions, le traitement budgétaire
hybride du produit de ce prélèvement obligatoire était
insatisfaisant.
En effet, la loi de finances initiale comportait d'abord
une ligne de
recettes n° 309
intitulée "Frais d'assiette et de
recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au
profit des collectivités locales et de divers organismes". Son produit
incluait une part du produit du prélèvement en cause, mais une
autre partie du produit du prélèvement était, à
tort, considérée comme un fonds de concours.
Une stricte application des règles budgétaires aurait conduit
à réintégrer les sommes considérées
jusqu'à présent comme des fonds de concours au titre des recettes
fiscales de l'Etat, ce que demandait votre commission.
- S'agissant du prélèvement sur le produit du contrôle
fiscal (article 5 de la loi du 17 août 1948)
, il posait des
difficultés analogues.
Fondé sur l'article 5 de la loi du 17 août 1948, il
constituait à l'évidence une survivance après
l'entrée en vigueur de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959.
En outre, il apparaissait clairement que les principes constitutionnels qui
inspirent notre droit budgétaire, prohibaient les
prélèvements sur recettes effectués pour couvrir des
dépenses de l'Etat, comme avait pu le rappeler le Conseil
constitutionnel dans une décision déjà ancienne puisque
datant de 1982 (n° 82-14 DC du 29 décembre 1982).
- S'agissant des comptes extrabudgétaires
leur existence avait
paru à votre commission assise sur des bases légales incertaines
et non conforme aux principes de notre droit budgétaire.
C'est la raison pour laquelle le Sénat, avec l'Assemblée
nationale, avait voté l'article 110 de la loi de finances pour 1996 qui
dispose : "A compter du projet de loi de finances pour 1997, les recettes
et dépenses extrabudgétaires de toutes les administrations d'Etat
sont réintégrées au sein du budget général".
De la même manière, votre commission s'était réjouie
que soit programmé un certain nombre de régularisations :
- la transformation de la
Masse des douanes
gérée
jusqu'alors de façon extrabudgétaire en établissement
public qui devait déboucher sur la suppression du compte 466-224 ;
- la suppression du compte 466-21
d'opération d'encaissement et
répartition des remises et commissions sur emprunts et émissions
des correspondants nationaux du Trésor ;
- la régularisation progressive du compte 466-17, "
Frais de services
des comptables du Trésor".
Elle avait enregistré avec satisfaction la volonté qu'une partie
du reste des sommes à régulariser le soit à l'occasion des
prochains budgets. Il s'agissait des comptes :
466-266 concernant les hypothèques ;
466-223 et 466-224 concernant le cadastre ;
ainsi que les résidus des comptes 466-17 concernant les frais des
services des comptables du Trésor.
Mais, la commission des finances au Sénat avait émis toutes
réserves sur l'article 111 de la loi de finances
susmentionnée estimant que la récapitulation des produits des
crédits d'articles dans un jaune budgétaire n'apportait pas de
vraie solution aux difficultés identifiées par elle.
C'est pourquoi votre commission avait, sans ambiguïté,
réclamé l'intégration des "faux fonds de concours" au
budget initial pour 1999 en déposant deux amendements allant dans ce
sens à l'occasion de l'examen de la loi de finances pour 1998.
L'Assemblée nationale, en deuxième lecture, avait pris la
responsabilité de supprimer ces dispositions qui portaient sur les
crédits d'articles 6 et 5.
Le Conseil constitutionnel devait, dans sa décision n° 97-395,
donner une solution à ce conflit en faisant prévaloir la position
adoptée par le Sénat à l'initiative de sa commission des
finances et inviter le gouvernement à une régularisation
dès le projet de loi de finances pour 1999.
2. ... largement, mais pas entièrement comblé en 1999 :
a) Une importante série de régularisations
La
régularisation entreprise dans le budget pour 1999 a comporté un
volet recettes et un volet dépenses.
S'agissant des recettes
, les évolutions notables suivantes ont
été enregistrées :
- une masse de "
crédits de l'article 6
" a
été intégrée à la ligne 309 de recettes non
fiscales de l'Etat pour 6.682 millions de francs ;
- le compte de
rémunérations accessoires du cadastre
a été inscrit à la ligne 328 pour 61 millions de
francs ;
- le compte de
rémunérations accessoires des
hypothèques
a été inscrit à la ligne 505 pour
77 millions de francs.
Ces "budgétisations" se sont ajoutées à celles qui avaient
été réalisées en 1998 et qui concernaient :
Tout d'abord la
Masse des douanes
, organisme chargé du logement
des agents des douanes, devenu établissement public si bien que le
compte 466-24 qui retraçait ses opérations avait
été supprimé début 1998 et transféré
dans les faits dans les écritures de l'établissement dont le
budget prévisionnel pour 1998 s'élevait à
128 millions de francs. Cette régularisation s'apparentait moins
à une budgétisation qu'à une solution juridique
axée sur un démembrement de l'Etat.
Une partie des recettes provenant de rémunérations pour
services rendus par le Trésor public (37 millions de francs sur
49 millions de francs) par voie de création d'un fonds de concours
instauré par décret n° 98-903 du 8 octobre 1998
dont la mise en oeuvre est intervenue au 1er janvier 1999. Les cinq
contributions concernées étaient les suivantes :
- celle versée par l'Office national des forêts pour les
tâches de recouvrement confiées au Trésor public ;
- celles versées par les caisses de crédit municipal pour le
paiement de leurs chèques aux guichets des comptables du
Trésor ;
- celles versées par ces mêmes caisses pour les
précomptes sur traitement effectués par les comptables du
Trésor pour les prêts qu'elles accordent ;
- celles versées par divers organismes pour les paies à
façon réalisées par les départements informatiques
du Trésor ;
- celles versées par les OPHLM qui ont opté pour un
comptable direct du Trésor.
En dépenses
, les " budgétisations " se sont
élevées à 11,1 milliards de francs et ont
principalement porté sur les "
crédits de
l'article 6
" et les "
crédits de
l'article 5
".
Le tableau ci-après rappelle le détail des dotations alors
abondées.
Budgétisation 1999
(en millions de francs)
Chapitre |
|
31-90 |
408 |
31-92 |
1.594 |
31-93 |
52 |
31-94 |
4.541 |
31-96 |
178 |
31-97 |
172 |
33-90 |
52 |
33-91 |
6 |
33-92 |
111 |
34-53 |
0 |
34-92 |
314 |
34-94 |
0 |
34-95 |
1.258 |
34-98 |
1.897 |
57-90 |
259 |
Total |
11.111 |
Source : D'après le ministère de
l'économie,
des finances et de l'industrie
Une comparaison avec les rattachements prévus en 1998 avait alors
conduit à constater des écarts importants concernant à la
fois le montant absolu des crédits (1,2 milliard) ouverts et la
répartition des ouvertures.
Ecart
par chapitre entre les rattachements de crédits d'articles de 1998
et leur budgétisation en 1999
|
Rattachements |
Budgétisation 1999 |
||
Chapitre |
prévus pour 1998 |
Effet de la mesure |
Variation absolue par rapport à 1998 |
Variation relative par rapport à 1998 |
31-90 |
156 |
408 |
251 |
x 2,6 |
31-92 |
1.502 |
1.594 |
92 |
+ 6 % |
31-93 |
0 |
52 |
52 |
- |
31-94 |
4.116 |
4.541 |
425 |
+ 10 % |
31-96 |
178 |
178 |
0 |
0 % |
31-97 |
156 |
172 |
16 |
+ 10 % |
33-90 |
42 |
52 |
11 |
+ 26 % |
33-91 |
5 |
6 |
0 |
+ 2 % |
33-92 |
99 |
111 |
12 |
+ 12 % |
34-53 |
4 |
0 |
- 4 |
- 100 % |
34-92 |
0 |
314 |
314 |
- |
34-94 |
10 |
0 |
- 10 |
- 100 % |
34-95 |
1.033 |
1.258 |
224 |
+ 22 % |
34-98 |
2.117 |
1.897 |
- 220 |
- 10 ù |
57-90 |
471 |
259 |
58 |
+ 12 % |
Total |
9.890 |
11.111 |
1.222 |
+ 12 % |
Ces
écarts semblent avoir traduit la volonté d'asseoir les moyens du
ministère à l'occasion de la clarification budgétaire
entreprise ainsi que de privilégier les chapitres de
rémunération.
Il faut ajouter pour les dépenses une normalisation essentiellement
technique qui a concerné le compte 466-171 de la Comptabilité
publique "
Frais de service des comptables du Trésor
".
Jusqu'à fin 1997, ce compte intégrait, outre des recettes
extrabudgétaires, une partie des crédits budgétaires de
fonctionnement prélevés sur le titre III (807 millions
de francs en 1997).
Depuis le 1er janvier 1998, cette procédure a été
abandonnée. Ainsi, les crédits budgétaires qui
étaient jusqu'alors consommés de façon
extrabudgétaire font désormais l'objet d'une exécution
selon le schéma comptable classique de la dépense publique, en
rétablissant le préfet dans la plénitude de ses fonctions
d'ordonnateur secondaire des administrations de l'Etat.
3. ...qui faisait apparaître certaines lacunes...
Les
régularisations opérées ont porté sur des fonds
publics considérables et ainsi apporté un réel
progrès de transparence. Mais plusieurs observations continuaient de
s'imposer.
D'une part, les régularisations entreprises n'ont pas toujours
emprunté des voies satisfaisantes.
On l'a vu, pour la Masse des douanes, le choix a été fait de
consacrer la débudgétisation en recourant à la formule de
l'établissement public qui est une forme de démembrement de
l'Etat, expédient dont l'usage confine à l'abus.
Quant à la réintégration des "crédits de
l'article 6", il est difficile d'admettre qu'elle puisse prendre la forme
d'une inscription sur une ligne de recettes non fiscales alors que les produits
en cause proviennent d'un prélèvement obligatoire imposés
aux contribuables locaux dont le montant total doit être rappelé
du fait de son importante : 18 milliards de francs.
Il restait en outre à se conformer entièrement aux
prescriptions de l'article 110 de la loi de finances pour 1996 qui
dispose :"
A compter du projet de loi de finances pour 1997, les
recettes et dépenses extrabudgétaires de toutes les
administrations d'Etat sont réintégrées au sein du budget
général
".
Cela appelait, en particulier, une intégration budgétaire de
l'ensemble des fonds "hors budget" de la comptabilité publique à
propos desquels la Cour des Comptes, en réponse à une question
posée par votre commission, confiait ne pas disposer d'un bilan
exhaustif.
Enfin, au terme de ces régularisations, il restait un volume
important de crédits non retracés en loi de finances initiale
dont le "jaune" relatif aux fonds de concours rendait compte en détail
et qui s'élevaient en 1999 à 2,3 milliards de
francs.
4. ...dont le projet de loi de finances pour 2000 comble certaines
L'essentiel des régularisations entreprises
concerne
les moyens de l'industrie qui ne relève pas de la présente note.
Toutefois, quelques mesures concernent les services traditionnels du
ministère de l'économie et des finances.
Il s'agit principalement de la régularisation des
"
crédits de l'article 55
" pour 301 millions
de francs. Ces crédits représentaient la contrepartie d'un
prélèvement opéré sur les salaires des
conservateurs des hypothèques et étaient destinés à
financer certains frais de fonctionnement des conservations des
hypothèques.
Il reste cependant à traduire entièrement la prescription de
l'article 110 de la loi de finances pour 1996, plusieurs comptes
continuant à échapper à toute présentation
budgétaire.
Les crédits restant à réintégrer au budget
général dont l'évaluation est en cours par la Cour des
comptes concernent principalement les comptes extrabudgétaires de la
comptabilité publique alimentés à partir de
l'activité d'épargne des services.
Au terme de ces budgétisations, il restera également un
montant non négligeable de fonds de concours estimé à
1,3 milliard de francs en 2000.
C. LES MISSIONS FISCALES DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS, UN PROJET DE MODERNISATION
Votre rapporteur vous présentera prochainement une communication complète sur la mission qu'il conduit sur les conditions d'exercice des missions fiscales des services déconcentrés de la DGI. Mais, quelques commentaires s'imposent déjà quant au projet de modernisation élaboré par la DGI.
1. Les engagements de la DGI figurant dans son contrat d'objectifs et de moyens
Le
contrat d'objectifs et de moyens de la DGI, précédemment
évoqué, comporte un certain nombre d'engagements visant à
améliorer l'efficacité de ses missions fiscales. Les plus
popularisés concernent les relations entre la DGI et les usagers. L'une
consiste à instaurer un interlocuteur fiscal unique, l'autre à
mettre en place une déclaration expresse des revenus. D'autres
engagements sont pris sur les conditions d'accessibilité des services et
leurs délais de réaction aux demandes des contribuables.
Mais, les engagements de la DGI concernent aussi ses relations avec l'Etat
lui-même. Il s'agit d'améliorer les performances des
différentes missions conduites en son nom. Cela porte sur les
délais et les taux de recouvrement des recettes fiscales mais aussi sur
un renforcement de l'efficacité de la lutte contre la fraude. Il s'agit
enfin de maîtriser le coût de ces missions, ce qui suppose des
gains d'efficience qui ont été évoqués
ci-dessus.
2. Des engagements qui s'inscrivent dans le contexte d'une critique sévère
Récemment, en mars 1999, l'Inspection
générale
des finances a remis un rapport énonçant les conclusions d'une
mission d'analyse comparative des administrations fiscales. Ce rapport,
inusuellement popularisé, fait ressortir l'importance relative du
coût d'intervention -rapport des coûts d'administration et des
recettes fiscales recouvrés- des administrations fiscales
françaises. Il s'élèverait à 1,60 % contre une
moyenne de 1,10 %.
Le diagnostic qui est posé attribue cette médiocre performance
à :
- la fonction de recouvrement dont l'analyse permettrait d'identifier un
écart de 0,3 % entre les administrations françaises et leurs
homologues (les coûts du recouvrement représentent 0,5 % des
recettes nettes en France, contre 0,2 % en moyenne dans
l'échantillon) ,
- aux modes de gestion de l'impôt (la retenue à la source pour
l'impôt sur le revenu existe dans tous les pays sauf la France) ;
- au nombre d'administrations fiscales qui induit des coûts de
liaison ;
- à la densité des réseaux ;
- à une répartition différente des coûts entre les
dépenses de personnel et les investissements de modernisation
(informatique et formation notamment) : les dépenses de personnel
représentent ainsi en France 81 % des dépenses totales, soit
13 points de plus que la moyenne de l'échantillon
(68 %) ; en sens contraire, les dépenses informatiques
représentent souvent 20 % du budget total, soit plus du double de
ce qu'on trouve en France.
En revanche, la prise en charge d'impôts locaux, très complexes
et donc à gestion coûteuse, par les administrations fiscales
françaises ne contribuerait qu'à hauteur de 0,08 % au taux
d'intervention de 1,60 %.
Il faut accorder toute son importance à cette observation compte tenu
des termes du discours habituel sur le sujet qui imputent au volet
" collectivités locales " de l'activité des
administrations fiscales la moitié de leurs coûts.
Le diagnostic ainsi posé par le rapport appelle de nombreuses
réserves.
Tout d'abord, on doit remarquer combien est relative la signification de
l'indicateur utilisé pour mesurer le coût de notre administration
fiscale. La réintégration des cotisations sociales qui sont
gérées par les services fiscaux dans plusieurs pays de
l'échantillon permettrait à elle seule de diminuer la valeur du
ratio français à 1,13 % soit à un niveau
équivalent à celui de la moyenne de l'échantillon.
En outre, la signification du dénominateur -les recettes nettes
encaissées- n'est pas entière puisqu'elles n'intègrent pas
une partie importante des charges que supportent les services fiscaux et qui
sont susceptibles de varier beaucoup d'un pays à l'autre. Il faut en
particulier souligner un point très important. L'on sait que le
contrôle fiscal consomme une part significative des moyens de
l'administration mais que le recouvrement des droits constatés à
sa suite est particulièrement difficile. Dans ces conditions, les pays
dans lesquels le contrôle fiscal est peu développé
disposent mécaniquement d'une situation avantageuse au regard de
l'indicateur de performance utilisé dans le rapport. Doit-on pour autant
les juger plus performants ? Conclure en ce sens n'apparaîtrait
guère raisonnable.
Il apparaît surtout que les écarts de coûts tenant aux modes
de gestion des impôts sont appréhendés sur une base peu
significative. Ces écarts reposent principalement sur le degré
d'externalisation de la gestion des impôts (retenue à la source
mais aussi gestion des encaissements, voire sous-traitance de certaines
tâches, informatiques en particulier). Ces solutions ne font pas
s'évaporer les charges d'administration de l'impôt. Simplement
une partie des coûts liés à ces tâches est
assumée directement par des tiers dans les pays où elles sont
externalisées
.
Dès lors, il est essentiel d'évaluer
ces transferts de charges et d'en comparer les coûts pour les tiers avec
ceux qu'ils supportent quand l'administration fiscale les prend directement
à son compte.
Cependant, ces réserves ne conduisent pas à nier le constat
posé par le rapport de l'existence de gisements de gains
d'efficacité non plus que ses conclusions sur la nécessité
d'améliorer les relations entre l'administration fiscale et les
contribuables.
3. Les réorganisations nécessaires dépassent celles que prévoit le contrat d'objectifs et de moyens de la DGI
Il est
bien vrai que le contrat de la DGI comporte une volonté qu'il faut
saluer d'améliorer les relations de cette administration avec ses
usagers.
Mais il ne répond pas en soi à la nécessité d'une
réorganisation des administrations fiscales qui conditionne
l'amélioration de leur efficience.
Une réforme doit toutefois être évoquée puisqu'elle
constitue l'amorce d'une telle réorganisation : l'instauration
d'une direction nationale des grandes entreprises qui centralisera l'ensemble
des relations des entreprises dont le chiffre d'affaires atteint ou
excède les 4 milliards de francs avec l'administration fiscale (y
compris donc le paiement des impôts directs effectué
jusqu'à présent auprès du Trésor Public).
Votre rapporteur vous proposera prochainement un schéma de
rationalisation des administrations fiscale dont il considère qu'elle
est désormais possible -les clarifications budgétaires
entreprises permettant de les envisager dans la transparence- et qu'elle reste
un objectif primordial.
D. L'OPTIMISATION DES MISSIONS DE QUELQUES "ADMINISTRATIONS ÉCONOMIQUES"
On ne
fera qu'évoquer quelques unes des questions posées par le
fonctionnement de trois catégories de services : les corps de
contrôle, la direction de la prévision et l'INSEE.
S'agissant de l'INSEE, son plan de charge se répartit inégalement
entre des opérations statistiques lourdes et la production
d'études.
Plus généralement, l'activité statistique de l'INSEE qui
s'appuie sur un réseau dense de personnels doit être
restituée dans un contexte où le doublonnement n'est pas exclu.
On pense ici moins aux travaux des organisations internationales (OCDE,
Eurostat), qui souvent sont dépendants des appareils statistiques
nationaux qu'à ceux conduits par la Banque de France, organisme certes
indépendant mais public. Il serait probablement économe de
rationaliser dans la mesure du possible les missions des deux réseaux.
Avec la partie études de l'activité de l'INSEE, on est conduit
à évoquer un problème que posent également les
activités de la direction de la prévision.
S'agissant de l'INSEE, une question spécifique se pose qui est celle du
dosage entre les études initiées par l'institut lui-même et
les études répondant à des prestations de service. Il
semble qu'un arbitrage un peu systématique ait été rendu
privilégiant les premières. Cet arbitrage est certes conforme
à la vocation d'un service public animé qui plus est d'une
tradition d'indépendance.
Mais, il peut s'accompagner d'effets non désirables et, en particulier,
d'un affadissement de la relation de l'INSEE avec son milieu.
A cet égard, les réticences de l'Institut à poursuivre les
relations établies avec le Parlement et tout particulièrement
avec le Sénat doivent être interprétées comme la
manifestation d'un repli sur soi synonyme de rétention de l'information
économique. L'INSEE doit faire preuve de plus d'ouverture et, sur la
base de conventions claires, engager ses services à participer à
la vie démocratique du pays, première exigence à
satisfaire par un service public.
Une observation semblable vaut pour la Direction de la Prévision
.
S'il est normal que le Parlement accepte chaque année de doter
l'exécutif des moyens d'analyse économique nécessaires
à son action, s'il est naturel qu'il n'interfère pas plus qu'il
n'est raisonnable dans la façon dont le gouvernement anime ces moyens,
il est fâcheux que ceux-ci soient entièrement monopolisés
par lui.
Une solution d'efficience consisterait à réserver une
part, même modeste, du plan de charge de la direction de la
prévision au Parlement qui, sur la base d'un conventionnement sans
ambiguïté, pourrait mobiliser les moyens techniques de la direction
de la Prévision
.
On notera d'ailleurs que, dans le passé, un tel aménagement a
existé, qu'il convient donc de réactiver. En ce sens, la remise
à votre commission au cours de l'année d'une étude portant
sur l'évolution de la dette publique a constitué un
progrès d'étape qu'il faut poursuivre.
Enfin, les missions des corps de contrôle doivent faire l'objet
d'un meilleur partage d'informations
. Des progrès importants ont
été réalisés ces dernières années
avec, en particulier, l'accès élargi aux travaux de la Cour des
Comptes. Mais, les travaux de certains corps de contrôle, au premier rang
desquels, ceux de l'inspection générale des finances, continuent
d'être le monopole du ministre. Il ne font l'objet de publications ou
d'informations qu'indirectement, par voie de fuites dans la presse
généralement.
Cette situation demeure non satisfaisante et des
solutions adaptées devraient être trouvées.
Ces solutions doivent permettre d'asseoir les missions de contrôle des
rapporteurs spéciaux des commissions des finances. L'instauration d'une
saisine parlementaire supposerait sans doute un bouleversement des cultures qui
ne paraît pas immédiatement prévisible. En revanche, il est
impératif que les sollicitations des rapporteurs spéciaux soient
correctement accueillies et que l'article 164 de l'ordonnance
n° 58-1374 du 30 décembre 1958 soit ainsi totalement
respecté. Il convient pour en assurer l'effectivité de
prévoir une communication régulière des travaux de
contrôle achevés et de ceux dont la programmation est
acquise.
III. L'ARTICLE 68 RATTACHÉ : LA MAJORATION LÉGALE DES RENTES VIAGÈRES
L'article 68 opère la revalorisation traditionnelle des
rentes servies en réparation d'un préjudice ou constituée
au profit d'anciens combattants en fonction de l'inflation
prévisionnelle de l'année n-1 telle qu'elle est estimée
dans le rapport économique, social et financier annexé au dernier
projet de loi de finances.
Il convient de relever que
les rentes constituées entre
particuliers
font également l'objet d'une revalorisation au sein du
projet de loi de finances et ce malgré l'avis par lequel le Conseil
d'Etat avait estimé que cette disposition n'étant constitutive
d'aucune charge pour l'Etat, elle ne pouvait figurer au sein de la loi de
finances, mais devait relever d'une disposition législative de droit
commun.
Il n'est donc pas certain que cet article soit entièrement
satisfaisant mais il est proposé de l'adopter en assortissant cette
recommandation d'observations orales en séance publique.
II - INDUSTRIE
Rapporteur spécial :
M. Jean CLOUET
Comme
votre rapporteur l'anticipait l'année dernière, les
crédits consacrés à l'industrie sont cette année
définitivement absorbés par le fascicule budgétaire
- désormais unique - du ministère de l'économie,
des finances et de l'industrie.
Toutefois, le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie a pris soin de conserver au sein de ce budget unique, sinon la
nomenclature, du moins des agrégats homogènes relatifs à
l'industrie, ce qui permet de reconstituer un budget de l'industrie pour 2000
et d'analyser l'évolution de ses crédits par rapport aux
années précédentes.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A
structure 1999 constante - ce qui n'a pas grande signification compte tenu
des très nombreuses variations de périmètre qui ont lieu
d'une année sur l'autre - les crédits de l'industrie pour 2000
s'accroissent de 395 millions de francs en dépenses ordinaires et
crédits de paiement, pour s'établir à
15 677
millions de francs
, soit une
hausse de 2,6 %
. La presque
totalité de celle-ci est imputable à la très forte
augmentation des crédits destinés à la construction navale
(+ 487 millions de francs en CP).
Toutefois, les agrégats qui composent le budget de l'industrie pour 2000
intègrent, par rapport à ceux qui composaient le budget pour
1999, un certain nombre de crédits nouveaux soit
budgétisés pour la première fois, soit issus de la section
budgétaire " Services communs et finances " :
-
247 millions de francs
sont inscrits sur le nouveau chapitre 44-05 et
correspondent à la budgétisation de crédits
destinés aux 18 Centres techniques industriels (CTI) et organismes
assimilés, jusqu'alors financés par taxes parafiscales ;
-
497,5 millions de francs
sont inscrits (en AP et CP) au chapitre 54-93
"
études dans les domaines industriels, de l'énergie et
des matières premières
" et correspondent à la
budgétisation de crédits de la Direction de la
sécurité des installations nucléaires (DSIN), dont les
études étaient jusqu'à présent financées par
voie de fonds de concours (477 millions de francs en 1998) ;
- une provision de
100 millions de francs
est inscrite au chapitre 45-10
"
subventions aux établissements publics dans les domaines de
l'énergie et des matières premières
" afin de
faire face aux conséquences de la transformation de l'Institut de
protection et de sûreté nucléaire (IPSN) en
établissement public autonome du CEA ;
-
40 millions de francs
en CP (et 35 millions de francs en AP) sont
inscrits au chapitre 57-91 nouveau "
travaux de sécurité
dans les mines
" alors que les crédits destinés aux
travaux de sécurité dans les mines étaient jusqu'à
présent rattachés au bleu " Services communs et
finances ";
-
40 millions de francs
sont inscrits au chapitre 37-90
"
formation et modernisation
" pour financer les bourses des
élèves et des chercheurs des écoles des mines alors
que ces crédits étaient l'année dernière
rattachés au bleu " Services communs et finances " (chapitre
34-98).
On parvient ainsi à un total de 16 601 millions de francs, soit
une hausse de 8,18 % par rapport au budget pour 1999 corrigé. Comme
l'année dernière, les crédits que l'Etat consacrera
à l'industrie en 2000 représenteront moins de 1 % des
crédits du budget général : 0,98 % contre
0,94 % en 1999.
Le tableau ci-après récapitule les crédits
consacrés à l'industrie.
II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS PAR AGRÉGATS
L'analyse des crédits de l'industrie par
agrégats est
plus significative que l'analyse par titres. En effet, on rappelle que la
fusion, l'année dernière, des crédits de personnel et de
fonctionnement du secrétariat d'Etat à l'industrie dans le budget
global du ministère de l'économie des finances et de l'industrie
avait quasiment vidé le titre III de son contenu. Par ailleurs, la
présentation par agrégat rend mieux compte de l'
action
fortement intermédiée
du secrétariat d'Etat à
l'industrie. Les subventions à des établissements publics
administratifs, industriels, d'enseignement ou de recherche constituent en
effet les deux tiers des crédits de ce département
ministériel
48(
*
)
.
Les agrégats du budget de l'industrie pour 2000 ont, comme
l'année dernière, fait l'objet de
modifications très
substantielles
. Ainsi, la présentation des crédits de
l'industrie est cette année scindée en quatre agrégats,
contre cinq l'année dernière et six il y a deux ans
49(
*
)
. Deux agrégats ont disparu, mais un autre est
né :
- l'agrégat " Commissariat à l'énergie
atomique " qui représentait 22 % des crédits en 1999
est fondu dans l'agrégat " Énergie et matières
premières " ;
- l'ancien agrégat " Accompagnement de l'activité
industrielle " est scindé en deux agrégats, l'un
retraçant l'ensemble des crédits destinés à
accompagner le développement des entreprises mais aussi les
crédits de l'enseignement supérieur industriel, intitulé
" Actions sur l'environnement des entreprises et modernisation des
PME ", et l'autre regroupant les aides directes ou indirectes aux
industries en déclin ou à la reconversion industrielle (aides
à la construction navale, subvention de Charbonnages de France,
subvention du FIBM et du FIL, crédits du CIRI) intitulé
" Accompagnement des mutations industrielles " ;
- l'agrégat " Poste et télécommunications " qui
représentait 17 % des crédits totaux de l'industrie
l'année dernière avec pour poste principal l'aide au transport de
la presse, est intégré dans l'agrégat " Actions sur
l'environnement des entreprises et modernisation des PME "
évoqué ci-dessus.
Au final, les quatre agrégats s'inscrivent ainsi,
grosso modo
,
dans les quatre axes de la politique industrielle - dont on rappelle
qu'ils ne sont pas réductibles aux crédits inscrits dans le
budget de l'industrie : la politique énergétique, la
politique de recherche industrielle, la politique d'aide aux entreprises, et la
politique d'accompagnement des restructurations industrielles.
Comme l'indique le graphique ci-après, ces quatre
agrégats sont d'un poids relativement comparables et, à
l'exception de l'agrégat " Recherche ", augmentent dans les
mêmes proportions :
La présentation de ces agrégats et de leurs composantes
s'accompagne d'une série d'indicateurs permettant de mesurer
l'efficacité des moyens alloués par le secrétariat d'Etat
à l'industrie.
1. L'énergie et les matières premières
Le
tableau ci-après recense les lignes
50(
*
)
budgétaires de cet agrégat qui regroupe 26,8 % des
crédits :
Comme évoqué plus haut, cet agrégat est cette année
privé de la subvention à Charbonnages de France
(2 840 millions de francs), désormais rattachée
à l'agrégat " Accompagnement des mutations
industrielles ", mais inclut en revanche celles du CEA
(2 071 millions de francs) et de l'IPSN (959,5 millions de
francs).
Les crédits qu'il comporte sont, pour l'essentiel, destinés
à des établissements placés sous la tutelle du
Secrétariat d'Etat à l'industrie.
Quatre évolutions méritent d'être notées :
-
l'augmentation
sensible
de la subvention à
l'Institut
de protection et de sûreté nucléaire
(+ 49 millions de francs) et la création d'une provision de
100 millions de francsdestinée à faire face aux
conséquences de la transformation de l'IPSN en établissement
public administratif indépendant du CEA ; cette transformation du
statut de l'IPSN génère en effet une dépense certaine
estimée à ce stade à 37 millions de francs; toutefois
les conséquences de la scission CEA/IPSN n'ont pas été
entièrement chiffrées, notamment en termes de charges et de
recettes ce qui a conduit à prévoir une provision de
100 millions de francs sur un article budgétaire
ad
hoc
;
- la
budgétisation
, à hauteur de 497,5 millions de
francs des crédits destinés à financer les
travaux
d'expertise en matière de sûreté nucléaire
menés par la direction de la sécurité nucléaire
(DSIN), autrefois financés par voie de fonds de concours
rattachés en cours d'exercice au budget de l'industrie (le montant
estimé de ces fonds de concours pour 1999 s'élève à
467 millions de francs) ;
- la
diminution
substantielle en CP (- 122,5 millions de
francs soit une baisse de 49 %) des
crédits consacrés
à la
maîtrise de l'énergie
qui
s'élèvent désormais à 127 MF, mais dont le
montant reste constant en AP (242 MF) ;
- la
diminution
tout aussi substantielle en CP (- 126 millions
de francs, soit une baisse de 45,7 %) des crédits consacrés
au
Fonds de soutien aux hydrocarbures
(FSH), dont on se souvient qu'ils
avaient été intégrés au budget de l'industrie
l'année dernière en provenance d'un compte d'affectation
spéciale ; cette diminution s'explique essentiellement par
l'apurement d'importants crédits de report (leur solde cumulé
s'élevait fin 1998 à 196 millions de francs selon les
calculs de votre rapporteur). Les AP restent toutefois fixées à
un niveau élevé (250 millions de francs contre
276 millions de francs en 1999).
2. La recherche industrielle et l'innovation
Le
tableau ci-après recense les lignes budgétaires de cet
agrégat qui regroupe 17,2 % des crédits.
Cet agrégat est le seul dont le périmètre ne varie pas
cette année - ce qui en facilite l'analyse -, mais c'est
également le seul dont le montant total de crédits diminue, bien
que faiblement. Ses crédits se partagent entre :
• les moyens de fonctionnement et d'investissement de l'Agence nationale
de valorisation de la recherche (ANVAR) qui restent constants par rapport
à la loi de finances pour 1999, à 258,6 millions de francs
et 673,5 millions de francs respectivement (800 millions de francs en
AP) ;
• les crédits de recherche industrielle gérés
directement par le ministère qui diminuent de 22,3 millions de
francs en DO et CP (- 1,2 %) pour s'établir à
1 916,5 millions de francs; ils recouvrent notamment :
- l'appel à proposition " technologie-clés " ;
- la diffusion des technologies dans les petites et moyennes entreprises au
travers de la procédure contractualisée de diffusion des
technologies " ATOUT " ; les crédits consacrés
à cette action augmentent de 7 millions de francs;
- le développement de projets relatifs à la
société de l'information ;
- les grands programmes interministériels et européens ;
- les actions de développement de la filière
électronique
3. Les actions sur l'environnement des entreprises et la modernisation des PMI
Contrairement à ce que son intitulé pourrait
laisser
penser, la moitié des crédits de cet agrégat est
consacrée au secteur de la poste et des télécommunications
(hors recherche industrielle et innovation) essentiellement à cause de
l'aide au transport de la presse (1 900 millions de francs).
Par ailleurs, 20 % des crédits de cet agrégat (soit
919 millions de francs) sont destinés à financer les
organismes de formation supérieure (Groupe des écoles de
télécommunication, École nationale supérieure des
postes et télécommunications, écoles des mines).
Seuls 1 278,6 millions de francs (28,5 % de cet agrégat
et 7,7 % du budget de l'industrie) sont destinés
véritablement à l'amélioration de l'environnement des
entreprises industrielles, à travers des aides directes et indirectes.
Les crédits de cet agrégat (qui représentent 27 % des
crédits de l'industrie) sont recensés dans le tableau
récapitulatif ci-après, qui fait apparaître les trois volet
décrits précédemment.
Outre la budgétisation des crédits des 18 Centres techniques
industriels déjà évoquée, la croissance de cet
agrégat traduit cinq évolutions notables :
- la
hausse de la subvention accordée à La Poste
au titre
des frais de transport de la presse (1 900 millions de francs),
conformément au contrat d'objectifs et de progrès conclu entre
l'Etat et l'opérateur public en juin 1998 ;
-
l'extension du périmètre d'action de l'Agence nationale des
fréquences
(ANF) - désormais chargée des
activités de réglementation radio-maritimes pour le compte de
l'ART et du ministère de la mer - qui se traduit par la
création de 41 emplois à l'échelon régional et
l'accroissement sensible de ses moyens de fonctionnement
(+ 21 millions de francssoit une hausse de 14 %) ;
- la hausse sensible des crédits d'investissement (+ 8,6 %)
des écoles des mines, suite à la
création de 12
postes
, et l'intégration de
26 chercheurs
du Centre national
d'études de télécommunications (CNET) de France
Télécom dans le Groupe des écoles des
télécommunications qui conduit à une croissance des moyens
de ce dernier de 7,5 % (+ 34,5 millions de francs) ;
- l'
accroissement des moyens consacrés au développement des
petites et moyennes industries
, au travers principalement des
procédures déconcentrées (+ 40 millions de
francs, soit une hausse de 8,2 %) ; ces crédits seront
inscrits dans les nouveaux contrats de plan Etat-Régions qui mettront
l'accent sur l'investissement immatériel, la diffusion des technologies
et des usages des nouveaux outils d'information et de communication ;
-
l'accentuation des actions en faveur de la qualité
, et
notamment de la
métrologie
; les dotations inscrites aux
chapitres " normes-qualité " progressent ainsi de 3,7 %
en DO/CP (+ 13 millions de francs) ; cette progression globale
est renforcée par les redéploiements permis par
l'achèvement de l'opération Trappes III du laboratoire national
d'essais (LNE) et permet d'amplifier le soutien de l'Etat aux activités
de métrologie conduites par le bureau national de la métrologie
(BNM), dont les moyens progressent de 18,4 % en DO/CP pour
s'établir à 107,8 millions de francs.
4. L'accompagnement des mutations industrielles
Cet
agrégat, qui inclut pour la première fois la subvention à
Charbonnages de France, recouvre :
• les dépenses à caractère social découlant
notamment du statut du mineur (400,5 millions de francs) ;
• les crédits destinés à faciliter la
restructuration d'entreprises en difficulté (notamment au travers des
crédits gérés par le Comité interministériel
de restructuration industrielle), la restructuration de zones industrielles
particulièrement affectées (via le fonds d'industrialisation de
la Lorraine), ainsi que l'aide apportée par l'Etat au secteur de la
construction navale ;
• les crédits " miniers " destinés à
financer :
- la contribution de l'Etat à la réduction du déficit de
Charbonnages de France
- les travaux de sécurité dans les mines
- le Fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM)
Ce tableau appelle les observations suivantes :
La
très forte augmentation des aides à la construction
navale,
qui passent de 800 millions de francs à
1 287 millions de francs en CP (+ 70 %), traduit
l'engagement du gouvernement en novembre 1998 d'accompagner le plan CAP 21
mis en oeuvre par les chantiers de l'Atlantique, et le souci de faire
apparaître la totalité des dotations du chapitre 64-93 dans la loi
de finances initiale ; les années précédentes avaient
en effet vu une dotation systématique de ce chapitre en loi de finances
rectificative ;
L
a subvention à Charbonnages de France continue de
décroître
pour la quatrième année
consécutive, à 2 840 millions de francs; elle est
traditionnellement complétée en cours d'année par une
dotation en capital (2 520 millions de francs en 1998) en provenance
du compte d'affectation spécial des recettes de privatisation ;
Les crédits du chapitre 64-96 "
Reconversion et
restructurations industrielles
"
diminuent sensiblement
(- 27,6 millions de francs soit - 9,7 %) afin de tenir
compte de la sous-consommation des crédits de ce chapitre ces
dernières années.
Enfin, les crédits destinés à mener des
travaux de
sécurité dans les mines
augmentent de 64 %
(+ 15,6 millions de francs) afin de pouvoir mettre en oeuvre la loi
n° 99-245 du 3 mars 1999 relative à la responsabilité
en matière de dommages consécutifs à l'exploitation
minière et à la prévention des risques miniers
après la fin de l'exploitation, adoptée à l'initiative du
Sénat.
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. OBSERVATIONS BUDGÉTAIRES
A titre
liminaire,
il convient de s'élever contre la disparition du fascicule
budgétaire " industrie "
qui témoigne
symboliquement du peu d'importance que le gouvernement accorde à
l'action industrielle et à l'avenir industriel de notre pays.
Les crédits consacrés à l'industrie qui ont pu être
mis en évidence dans le " bleu " désormais unique du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie,
appellent les observations suivantes :
1. Un calibrage plus rigoureux des besoins de crédits
Sur
l'exécution du budget 1998, votre rapporteur renvoie à son
rapport qui fournira une analyse détaillée. Il rappelle toutefois
que
le montant des crédits réellement disponibles pour
l'industrie en cours d'année excède généralement
très largement celui qui est voté par le Parlement en loi de
finances initiale
, compte tenu, d'une part, d'un transfert important de
crédits au profit du CEA en provenance du ministère de la
défense (7 099 millions de francs en 1998), d'autre part, du
montant important des reports de crédits sur des chapitres dont les taux
de consommation sont erratiques (et surtout imprévisibles), et, enfin,
des crédits généralement importants ouverts en loi de
finances rectificative au profit, le plus souvent, de la construction navale.
Votre rapporteur s'élève par principe contre des reports de
crédits excessifs ou l'ouverture de crédits très
importants en loi de finances rectificative, surtout lorsque ces pratiques
deviennent la norme.
S'agissant des reports de charges, la Cour des comptes observe dans son rapport
sur l'exécution des lois de finances pour 1998, qu'ils
" portent
souvent sur les mêmes chapitres que les années
précédentes, ce qui rend indispensable leur remise à
niveau dans les prochaines lois de finances "
.
Pour le budget de l'industrie, les
reports
de crédits
, qui
se sont élevés à
1 644 millions de francs
en 1998, portent principalement sur les chapitres 64-93
"
équipement naval
", 64-96 "
restructurations
industrielles
" et 62-01 "
reconversion
". S'il est
vrai que la consommation des crédits de ces chapitres est très
difficile à anticiper, le seul fait que les reports se perpétuent
d'année en année prouve qu'ils sont probablement trop
dotés.
Le gouvernement en a tenu compte cette année puisque les
crédits du chapitre 64-96
(qui incluent désormais les
crédits de reconversion)
sont contractés de 27 % dans le
budget pour 2000, ce dont votre rapporteur se félicite.
Il en est de
même pour les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures qui
sont diminués de 46 % afin de tenir compte des importants reports
qui avaient traditionnellement lieu d'une année sur l'autre sur le
compte d'affectation spéciale n° 902-12
budgétisé l'année dernière.
S'agissant des ouvertures de crédits en cours d'année, la loi de
finances rectificative pour 1998 a ouvert
2 493,2 millions de
francs de crédits nouveaux
au profit du budget de l'industrie, dont
2 476 millions de francssont venus alimenter le chapitre 64-93
" équipement naval - interventions " pour financer des aides
à de nouvelles commandes passées aux Chantiers de l'Atlantique et
des aides complémentaires pour couvrir une dérive sur le
coût de contrats des Chantiers du Havre.
Quelle que soit la justification de ces crédits, la pratique de
l'ouverture d'enveloppes importantes de crédits en loi de finances
rectificative est une entorse à l'annualité budgétaire
dès lors qu'elle a pour objet, non pas de compléter une enveloppe
de crédits trop étroite pour l'année en cours, mais
d'anticiper des besoins sur l'exercice suivant.
Ainsi, comme l'observe la Cour des comptes dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 1998,
" les crédits
ouverts aussi tardivement par la loi de finances rectificative ne pouvaient,
pour une grande partie, être consommés au cours de l'exercice, et
ont engendré d'importants reports "
. La Cour ajoute :
" La loi de finances rectificative pour 1998 paraît avoir
été utilisée non seulement pour ajuster les crédits
de l'exercice en cours, mais aussi pour ouvrir, par report, des crédits
qui n'ont pu être prévus à temps dans la loi de finances
initiale de 1999 "
.
On peut se féliciter à cet égard que le gouvernement
ait décidé d'accroître sensiblement cette année
les dotations du chapitre 64-93 afin de mieux les faire correspondre avec les
besoins réels de l'industrie navale.
Toutefois, selon les informations recueillies par votre rapporteur, la loi de
finances rectificative pour 1999 devrait ouvrir de nouveaux crédits au
profit de ce chapitre, malgré les très larges reports d'une
année sur l'autre, afin d'anticiper sur l'année 2001 qui verra la
fin des aides publiques à la commande, en application d'un
règlement communautaire du 7 mai 1998.
2. Des efforts de sincérité budgétaire occultés par la grande volatilité du périmètre du budget de l'industrie
Le
budget de l'industrie pour 2000 ne devrait
presque plus donner lieu,
en
principe,
à des rattachements de fonds de concours
en cours
d'année, comme c'était devenu la norme ces dernières
années.
Sont ainsi budgétisés pour un montant de 497,5 millions de
francs les crédits de la Direction de la sécurité des
installations nucléaires (DSIN) sur le chapitre 57-13
" études ". La DSIN était jusqu'à présent
financée par un fonds de concours alimenté par les redevances
perçues sur les exploitants d'installations nucléaires de base
à l'occasion des contrôles et des inspections que
requièrent leur activité (soit 477 millions de francs en
1998 et 467 millions de francs en 1999).
Parallèlement, l'article 24 du projet de loi de finances pour 2000
propose de refondre et de simplifier le système des redevances sur les
installations nucléaires de base en supprimant les taxes liées
aux actes de procédures. Les taux seront revus à la hausse afin
de tenir compte, notamment des coûts que représentent, pour le
budget de l'Etat, le changement de statut de l'IPSN. Le produit de ces taxes
sera désormais retracé comme recette du budget
général de l'Etat, pour un montant estimé de
829 millions de francs.
La budgétisation des crédits des 18 centres techniques
industriels pour un montant de 247 millions de francs participe
également de cette volonté de régulariser la
procédure des fonds de concours, à laquelle il est trop souvent
recouru abusivement. Dans une décision n° 97-395 du 30
décembre 1997 portant sur la conformité à la Constitution
de la loi de finances pour 1998, le Conseil constitutionnel estimait ainsi que
les crédits correspondant à des charges permanentes devaient
être ouverts en loi de finances aux chapitres concernés. Dans sa
décision n° 98-405 du 29 décembre 1998 relative
à la loi de finances pour 1998, il a considéré que
" l'effort engagé depuis 1996 devra être mené
à terme en vue de régulariser diverses procédures
d'affectation non conformes à l'ordonnance du 2 janvier 1959 ".
La Cour des comptes a également signalé dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 1998, l'application extensive de
l'article 19 de l'Ordonnance organique du 2 janvier 1959 dont résultent
les fonds de concours pour services rendus. Une telle pratique nuit en effet
à la bonne information du Parlement (les montants des crédits
affectés à une action déterminée ne sont connus
qu'
ex
post
) et déroge au principe de non-affectation des
recettes aux dépenses. Or, le budget de l'industrie était
jusqu'en 1998 le deuxième plus gros bénéficiaire de ces
fonds de concours par assimilation, avec 1 271,8 millions de francs, soit
14,1 % du total.
On rappelle que la fusion des crédits de personnel et de fonctionnement
du Secrétariat d'Etat à l'industrie avec ceux des charges
communes du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie en 1999, a fait disparaître l'essentiel des postes de
personnel et de fonctionnement du titre III qui faisaient
- abusivement - l'objet de financements par voie de fonds de
concours, pour des montants proches ou supérieurs au milliard de francs.
Au total, ne seront plus rattachés aux agrégats industriels pour
2000 que les crédits du seul fonds de concours
" préfinancement OTAN " sur le chapitre 37-61 pour un montant
prévisionnel de 265 MF, après 270 millions de francs en
1999 et 297 millions de francs en 1998.
Ces efforts de transparence sont toutefois occultés par les
très importantes restructurations budgétaires qui interviennent
chaque année, et qui rendent très ardue la comparaison des
crédits consacrés à l'industrie d'une année sur
l'autre.
Outre les nombreuses budgétisations, que l'on ne saurait contester, les
agrégats du budget de l'industrie ont en effet subi des modifications de
nomenclature budgétaire qui en compliquent la lecture à
l'extrême et rendent impossibles les analyses sur longues séries.
A titre d'exemple, les crédits consacrés à la formation
des administrateurs des postes et télécommunications sont
désormais rattachés au chapitre 43-01 "
actions
d'incitation et de formation
" et non plus sur le chapitre 36-40
"
enseignement supérieur des postes et
télécommunications
", sans que la logique apparaisse
clairement.
Les crédits destinés aux travaux de sécurité dans
les mines sont cette année inscrits dans un chapitre 57-91 nouveau
rattaché à un des agrégats de l'industrie et non plus sur
le chapitre 57-90 "
Équipements administratifs et
techniques
" rattaché à l'agrégat
" Administration générale et dotations communes ".
Les crédits de fonctionnement du Groupe des écoles de
télécommunications (autrefois inscrits sur le chapitre 36-40
mentionné plus haut), des Ecoles nationales des mines (autrefois
inscrits sur le chapitre 36-70 "
écoles nationales des
mines
") et de l'Agence nationale des fréquences (anciennement
inscrits au chapitre 36-20 "
ANF
") sont désormais
rattachés au chapitre 36-10 intitulé sommairement
"
subventions de fonctionnement
" sur lequel figurent en vrac
les subventions de fonctionnement octroyées par le Secrétariat
d'Etat à l'industrie et des crédits du ministère de
l'économie et des finances (crédits de l'Agence nationale pour
l'indemnisation des Français d'outre, de l'Institut national de la
consommation...).
Enfin, on peut s'interroger sur la motivation qui a conduit à rattacher
à l'agrégat " Actions sur l'environnement des entreprises et
modernisation des PMI " certains des crédits destinés aux
écoles des mines, pour un montant de 40 millions de francs
(chapitre 37-90), alors qu'un certain nombre de crédits de
fonctionnement destinés aux mêmes écoles restent
rattachés à l'agrégat " Administration
générale et dotations communes ".
Il reste à espérer que le périmètre
budgétaire des crédits consacrés à l'industrie et
leur nomenclature se figeront à ce stade
pour les années
ultérieures, afin de permettre des comparaisons sur longue
période.
3. Pour une plus grande sélectivité dans l'attribution des aides aux entreprises et un renforcement du contrôle
Le sujet
des aides publiques aux entreprises a fait l'objet de critiques
sévères ces derniers mois. Ainsi, un article récent de la
presse économique faisait état de 170 milliards de francs
versés aux entreprises en 1998, de façon opaque et
cloisonnée, et hors de tout véritable contrôle.
Au sein du budget de l'industrie
,
il est possible d'identifier une
demi-douzaine de chapitres comportant des aides aux entreprises
. Bien
sûr, toutes ces aides ne sauraient être mises sur le même
plan ; certaines sont attribuées dans le cadre d'un processus de
développement, de modernisation ou de certification, d'autres sont
destinées à favoriser les programmes de recherche des entreprises
et la diffusion de l'innovation dans les PMI, d'autres enfin sont
accordées dans le cadre d'une restructuration ou d'un programme de
soutien spécifique à un secteur industriel en
difficulté :
- certains articles du chapitre 44-80 regroupent les subventions
destinées à financer des actions de soutien à l'industrie
au travers d'organismes sous tutelle assurant une mission
d'intérêt général (création d'entreprise,
développement de la productique, création industrielle,
prévention des risques industriels) ou d'initiatives prenant la forme
d'actions collectives ; ils sont dotés de 109,8 millions de
francs dans le budget pour 2000 ;
- de même, les 365 millions de francs des chapitres 44-93 et 64-94 ont
pour objet de promouvoir la qualité dans les entreprises et le
développement de la normalisation, de la certification et de la
métrologie ;
- le chapitre 64-92, doté de 703 millions de francs en
crédits de paiement dans le budget pour 2000 après
656 millions de francs en 1999 (+ 7,2 %), est destiné,
d'une part, à favoriser la diffusion des techniques au sein des petites
et moyennes industries à travers la procédure ATOUT (pour
174 millions de francs), et, d'autre part, à co-financer des
projets de développement des PMI dans le cadre des nouveaux contrats de
plan Etat-Régions 2000-2006 (pour 529 millions de francs) ;
cette dernière enveloppe de crédits mettra l'accent sur
l'investissement immatériel, la diffusion des technologies et des usages
des nouveaux outils d'information et de communication ;
- le chapitre 64-93, doté de 1 287 millions de francs en
crédits de paiement dans le budget pour 2000, regroupe les
crédits destinés à restaurer la
compétitivité des chantiers navals ;
- le chapitre 64-96, doté de 256 millions de francs, regroupe les
crédits destinés à faciliter la restructuration
d'entreprises en difficulté, notamment au travers des crédits
gérés par le Comité interministériel de
restructuration industrielle (CIRI) et par le fonds d'industrialisation de la
Lorraine (FIL), et la restructuration de zones industrielles
particulièrement affectées (notamment au travers des
crédits du Fonds d'industrialisation des bassins miniers) ;
- le chapitre 66-01, doté de 1 723 millions de francs, recense les
crédits destinés au développement de la recherche
industrielle (grands programmes interministériels, grands programmes
européens de coopération EUREKA et MEDEA, actions de
développement de la filière électronique) ;
- le chapitre 66-02, doté de 673,5 millions de francs, regroupe les
dotations du Secrétariat d'Etat à l'industrie à l'ANVAR,
consolidant sa capacité d'intervention en faveur de l'innovation
à 1 400 millions de francs.
Le montant global des aides distribuées par le Secrétariat d'Etat
à l'industrie, soit directement, soit de façon
intermédiée, s'élève ainsi à
5 843 millions de francs
en dépenses ordinaires et
crédits de paiement dans le budget pour 2000. Si l'on ajoute à ce
montant la subvention de Charbonnages de France et celle de la Poste, on
parvient à un total de
10 583 millions de francs.
Le Secrétariat d'Etat à l'industrie est quant à lui
résolu à réformer le dispositif des aides aux entreprises
afin d'une part, de transformer les subventions en avances remboursables dans
toute la mesure du possible, et, d'autre part, de simplifier les
procédures régionales d'examen et d'octroi des aides :
l'année 2000 verra ainsi se généraliser la mise en place
des contrats de développement, appelés à intégrer
l'ensemble des aides directes accordées par le Secrétariat d'Etat
à l'industrie à une même entreprise.
Par ailleurs, il s'est donné pour objectif de mieux contrôler
l'utilisation des aides qui sont attribuées. L'élaboration
d'indicateurs dans le fascicule budgétaire pour 2000 a ainsi pour objet
de permettre un meilleur suivi par le Parlement des crédits du
département ministériel, ce dont il convient de se réjouir.
Votre rapporteur restera évidemment très attentif au
problème des aides, de leurs critères d'attribution et de leur
contrôle. Il considère pour sa part que,
pour éviter les
effets d'aubaine, les aides doivent être concentrées sur l'amont
du processus industriel, et destinées à rendre possible un
processus d'innovation que l'entreprise n'aurait pas mené à bien
sans l'aide de l'Etat
. Celui-ci jouerait ainsi pleinement son rôle de
catalyseur et de visionnaire, censé remédier à la
" myopie " des marchés en traçant le chemin à
long terme.
4. Un effort soutenu en faveur de l'enseignement
Comme il
a été rappelé plus haut, les crédits en faveur des
écoles du groupe des écoles de télécommunication
(GET) et des écoles des mines sont en progression soutenue, traduisant
la priorité de l'Etat pour l'investissement éducatif. Ils
représentent 5,54 % du budget total de l'industrie.
Les écoles des mines bénéficient ainsi de 12
créations d'emplois (ce qui se traduit par une hausse de leurs
crédits de fonctionnement de 6,65 MF) et d'une progression de leurs
crédits d'investissement de 8,6 % (5 MF).
Au delà des moyens attribués pour mettre en oeuvre le nouveau
cadre de gestion de ses personnels, le Groupe des écoles des
télécommunications (GET) se voit accorder les moyens
d'intégrer des équipes de recherche d'intérêt
général du Centre national d'études de
télécommunications (26 chercheurs) conduisant ainsi à
renforcer en son sein la synergie entre l'enseignement et la recherche, soit
34,5 millions de francs supplémentaires. Cette décision fait
suite à un rapport particulier de la Cour des comptes relatif aux
comptes et à la gestion du CNET envoyé au président de la
commission des finances le 7 octobre dernier et qui observait qu'à la
suite des restructurations qui touchaient les activités de recherche
publique, une centaine de chercheurs du CNET devaient trouver refuge dans des
organismes publics divers (CNRS, GET, CEA).
SUPELEC et l'ENSCI voient leur subvention de fonctionnement progresser de
l'ordre de 4 % leur permettant ainsi de renouveler leurs
équipements pédagogiques.
Le Secrétariat d'Etat à l'industrie s'est fixé pour
objectifs d'adapter le contenu de la formation à l'évolution de
l'attente des entreprises, de développer des coopérations entre
les écoles et le tissu industriel (développement des incubateurs
d'entreprises suite à la loi sur la recherche et l'innovation de juin
1999) et de susciter chez les étudiants le goût d'entreprendre et
d'innover. La mise en oeuvre de ces actions s'est notamment traduite par
l'élaboration d'une charte de la qualité à laquelle sont
appelées à adhérer l'ensemble des écoles.
5. La nécessité pour la Poste d'améliorer sa comptabilité analytique
La Poste
bénéficie dans le projet de budget pour 2000 d'une dotation de
1 900 millions de francs au titre de l'aide au transport de la
presse, en hausse de 50 millions de francs par rapport à 1999,
conformément au contrat de plan signé entre l'Etat et la Poste
pour la période 1998-2001.
A l'instar de notre collègue Gérard Larcher
51(
*
)
, on peut regretter que la transposition de la
directive postale du 15 décembre 1997 n'ait pas fait l'objet d'une
véritable loi d'orientation postale
52(
*
)
qui aurait pu fixer un cadre ambitieux d'évolution du service public,
même si la détermination du périmètre du service
universel postal
53(
*
)
telle que fixée par
la loi correspond au souhait formulé par le Sénat (envois postaux
d'un poids inférieur ou égal à 2kg, colis postaux
jusqu'à 20kg, envois recommandés, envois à valeur
déclarée).
On observera en effet que l'enjeu n'était pas tant de transposer la
directive de 1997 que de préparer La Poste au véritable choc
concurrentiel qui aura lieu en 2003 avec l'ouverture plus large des monopoles
postaux à la concurrence. Il faut toutefois rappeler que le retard en
matière de réglementation postale tient aussi aux lenteurs de
l'administration bruxelloise qui n'a toujours pas élaboré de
proposition en vue de l'achèvement du marché intérieur des
services postaux.
Enfin, votre rapporteur se doit de rappeler la nécessité pour la
Poste d'adopter une comptabilité analytique plus rigoureuse, afin de
distinguer les charges qui se rapportent aux services financiers de celles qui
sont liées au service public postal. Cet effort n'a pas encore
été mené à son terme par l'opérateur public,
si l'on en croît le rapport de Gérard Larcher, et reste
indispensable pour mettre fin à toute polémique sur le
subventionnement des services financiers de la Poste par les missions de
service public.
6. La question des ressources du Commissariat à l'énergie atomique
La
subvention de fonctionnement accordée par le Secrétariat d'Etat
à l'industrie au CEA est légèrement accrue dans le budget
pour 2000, passant de 2 049,1 millions de franc à
2 071 millions de francs(+ 1 %). Il faut y ajouter la
subvention de l'Institut de protection et de sûreté
nucléaire (IPSN) qui passe de 910,4 millions de francs à
959,5 millions de francs et la provision de 100 millions de francs
destinée à faire face aux coûts afférents à
la transformation de l'IPSN en établissement public administratif
indépendant du CEA. Cette transformation résulte de la
volonté de séparer le contrôleur du contrôlé.
En effet, l'IPSN a en charge le contrôle des émissions ionisantes
dans les installations nucléaires. Il est normal qu'il soit
juridiquement distinct du CEA.
Il convient enfin d'ajouter à ces ressources budgétaires la
subvention émanant du ministère de la recherche pour un montant
de 3 050,50 MF, ce qui porte les ressources budgétaires
civiles de l'ensemble CEA/IPSN à 6 081 MF.
Les crédits d'investissement restent constants à
750 millions de francs en AP comme en CP, provenant à parité
des ministères de l'industrie et de la recherche.
Comme l'année dernière, votre rapporteur appelle l'attention du
gouvernement sur les risques que fait courir au patrimoine industriel de
CEA-Industrie le calibrage insuffisant des dotations budgétaires
accordées à l'établissement public au regard de ses
besoins en matière d'assainissement.
En effet, selon la Cour des comptes qui a consacré un chapitre de son
dernier rapport aux pratiques des entreprises du secteur nucléaire en
matière de couverture des dépenses futures, le CEA devra financer
sur les trente ans à venir plus de 40 milliards de francs pour le
démantèlement de ses installations et le traitement,
l'entreposage et le stockage des déchets qu'il produit. Or,
l'établissement n'a pas prévu le financement de ces charges sur
son exploitation comme en témoigne l'absence quasi-totale de provisions
à son bilan.
L'assainissement des installations civiles
, qui
représente selon les années, entre 400 et 800 millions de
francs par an, était entièrement financé, jusqu'en 1993,
sur la subvention de l'Etat au CEA.
Actuellement et jusqu'en 2000, EDF et Cogéma contribuent à
hauteur respectivement de 42 % et 6 % au financement de ces
dépenses, dans le cadre d'une convention d'assainissement qui porte sur
une liste limitée d'installations et sur un montant de
3,3 milliards de francs. Le solde est couvert par le CEA sur ressources
budgétaires.
Or, à la veille de l'expiration de la convention, les partenaires
industriels du CEA ont fait part de leur volonté de diminuer leur
contribution financière. A défaut de trouver un financement
spécifique en accord avec les pouvoirs publics, le CEA se verrait donc
obligé de trouver dans ses ressources internes et dans la cession
d'actifs industriels le complément de ressources nécessaire pour
faire face à ses besoins.
Cette pratique n'est pas nouvelle puisqu'en 1999, une ressource exceptionnelle
de 534 millions de francs a du être dégagée de la
vente d'actifs.
Or, comme le relève la Cour des comptes, l'utilisation de ce patrimoine
se heurte à des obstacles de nature fiscale et juridique. En outre,
s'agissant notamment de participations dans le capital de Cogéma
(81 %) et de Framatome (36 %), la cession partielle ou totale de ces
actifs industriels peut entraîner des conséquences sur la
poursuite de programmes menés en commun, ainsi que, plus
généralement, sur le rôle de l'Etat dans la filière
nucléaire. Si l'utilisation du patrimoine du CEA devait être
confirmée, le traitement comptable des charges d'assainissement devrait
être modifié afin de faire apparaître des provisions.
Enfin, la situation du CEA pourrait de surcroît être
fragilisée par le poids accru des redevances qu'il devra acquitter au
titre du contrôle des installations nucléaires de base qu'il
exploite. L'article 24 du projet de loi de finances prévoit en effet de
refondre totalement le régime de ces redevances, ce qui, selon les
estimations de l'opérateur public, pourrait impliquer un
complément de charges compris entre 12,8 et 100 millions de
francs(pour une charge nette actuelle de 25,2 MF).
B. OBSERVATIONS NON BUDGÉTAIRES
1. Une décision qui s'impose : la construction d'une tête de série du réacteur EPR
Le
fléchissement du marché mondial des centrales nucléaires a
conduit Framatome et Siemens à créer en 1989 une filiale commune
pour commercialiser et fournir sur le marché international les
réacteurs à eau sous pression développés par les
deux constructeurs. Cette alliance commerciale a fait place à une
coopération industrielle lorsqu'en 1991, les deux constructeurs ont
décidé de concevoir en commun un nouveau réacteur pour
répondre aux besoins des marchés à l'export mais aussi en
France et en Allemagne. La phase d'optimisation du projet EPR (European
Pressurized Water Reactor) qui avait pour but d'accroître la
compétitivité de ce réacteur, est désormais
achevée. La phase suivante consiste à construire un prototype
afin de valider la construction d'un tel réacteur à plus grande
échelle.
Votre rapporteur encourage le gouvernement à prendre une décision
rapide sur ce sujet. En effet, quels que soient la sensibilité de
l'opinion publique, le degré de compétitivité des
énergies de substitution, et la durée de vie des centrales
actuelles
54(
*
)
, l'électricité
d'origine nucléaire demeure un élément indispensable de
notre indépendance énergétique
55(
*
)
, et, il ne faut pas l'oublier, contribue à la
lutte contre l'effet de serre
56(
*
)
. L'enjeu
aujourd'hui n'est pas de relancer le programme nucléaire mais de
disposer des compétences suffisantes pour pouvoir en temps utile
renouveler notre parc de centrales.
Or, la fiabilité et la sûreté des centrales
nucléaires - ainsi évidemment, que la résolution de
la question des déchets nucléaires - conditionne plus que
jamais l'acceptabilité de cette énergie par les citoyens. A cet
égard, l'EPR semble présenter toutes les garanties de
sûreté souhaitées ; il permet en outre une très
grande souplesse dans l'utilisation de nouveaux combustibles ; il est
enfin moins consommateur de combustibles et capable de fournir un kW à
un prix très compétitif grâce à une optimisation des
systèmes, des composants et des dimensionnements des bâtiments.
Il convient donc de ne plus différer la construction d'une tête de
série afin, d'une part, de disposer du temps nécessaire pour
procéder aux tests et aux études indispensables avant sa
généralisation, d'autre part, de maintenir le niveau de nos
compétences et de notre expertise en ce domaine, et, enfin, comme le
souligne Framatome, de disposer d'une vitrine à l'exportation. Cette
nécessité s'impose d'autant plus que la France a une
responsabilité non seulement hexagonale mais internationale. Elle n'est
en outre pas incompatible avec le renforcement de la part des énergies
renouvelables dans le bilan énergétique de la France, ni avec la
relance de la politique d'utilisation rationnelle de l'énergie.
Rappelons que Siemens et Framatome sont en train de discuter du rapprochement
de leurs activités nucléaires, et envisagent la création
d'une filiale commune. Ce rapprochement fait suite à la signature d'un
accord le 9 juillet dernier entre Framatome, Siemens et EDF en vue de renforcer
leur coopération dans le domaine nucléaire. Siemens a
exprimé sa préférence pour une filiale commune
plutôt que pour l'entrée dans le capital de Framatome, dont
Alcatel s'est retiré fin juillet au profit de Cogema qui est devenue
l'actionnaire de référence du constructeur de chaudières
avec 34 % de son capital. L'Etat détient désormais
indirectement, 80 % du capital de Framatome.
2. L'urgence de la transposition de la directive sur le marché intérieur de l'électricité
Le
processus en cours de transposition de la directive sur le marché
intérieur de l'électricité appelle les remarques suivantes.
Tout d'abord, le retard pris par le gouvernement dans la transposition de la
directive - dont les dispositions auraient du être
intégrées dans notre droit national avant le 19 février
1999 - expose EDF à des mesures de rétorsion de la part de
ses concurrents excédés de voir l'opérateur public
intervenir sur leurs marchés alors que la réciproque n'est pas
encore possible ; sans parler d'une mise en demeure de la part de la
Commission européenne
57(
*
)
, qui ne
pourrait que ternir l'image de la France déjà bien
écornée aux yeux de ses partenaires européens.
Ensuite, on peut regretter que le gouvernement ait retenu une approche
a
minima
de l'ouverture du marché électrique à la
concurrence - 26 % de la production d'électricité sera
ouverte à la concurrence alors que les deux-tiers du marché
européen sont déjà libéralisés - comme
le Portugal et la Grèce et à la différence de l'Allemagne,
de l'Italie ou de l'Espagne qui sont allés plus loin que ce que la
directive requiert.
En adoptant cette vision minimaliste et protectionniste, le gouvernement
espère pouvoir mener la paradoxale tâche de se conformer aux
obligations européennes en matière de concurrence tout en restant
fidèle à la loi de nationalisation du 8 avril 1946 et à
son corollaire, le quasi-monopole d'EDF. Ainsi fait-il naître le risque
de fragiliser la position de l'opérateur public, menacé par la
clause de réciprocité et les nouvelles entraves dont le texte le
ligote.
Tout au plus cette excessive prudence permet-elle de prédire, sans
risque excessif de se tromper, que le Parlement sera amené à
légiférer de nouveau sur le sujet de la libéralisation du
marché électrique dans un proche avenir pour répondre
à la légitime attente des consommateurs. N'oublions pas en effet,
comme le rappelle excellemment notre collègue Henri Revol dans son
rapport sur le projet de loi relatif à la modernisation et au
développement du service public de l'électricité, que
l'institution d'un marché de l'électricité actif, dans
lequel se rencontrent l'offre et la demande, est la condition nécessaire
de la baisse du prix de l'électricité et de l'accroissement de la
qualité et de la variété de l'offre.
Il est par ailleurs permis de s'interroger sur la motivation qui a
poussé le gouvernement à proposer d'étendre le statut
national électrique et gazier, dit statut des " IEG ",
à tous les nouveaux opérateurs. Il convient en effet de rappeler
que le régime de retraite prévu par ce statut est financé
par une " cotisation ouvrière " fixée à
7,85 % du salaire hors prime, et par une contribution d'équilibre
automatiquement prélevée sur les entreprises électriques
et gazières. En 1996, cette contribution représentait
51,47 % de la masse salariale des agents des industries concernées,
et pourrait, selon le rapport Revol, atteindre près des trois quarts de
la masse salariale en 2010 et près de 100 % de cette
dernière en 2020. On comprend dès lors l'utilité
d'accroître le nombre d'acteurs qui participent à
l'équilibre de ce système. N'aurait-il cependant pas
été plus pertinent de réformer le statut des IEG et ses
modalités de financement ? Tout report d'une telle réflexion
accroît les charges qui pèsent sur les opérateurs du
système.
Enfin, le nombre très élevé (25) de décrets
d'application que prévoit le texte du projet de loi amène
à s'interroger sur la nature réellement législative de ce
texte dont certaines des dispositions les plus importantes sont
renvoyées au pouvoir réglementaire !
Il reste à espérer que les apports du Sénat pour tenter
d'organiser une réelle ouverture du marché seront maintenus
in
fine
, afin de permettre l'ouverture du marché, seule garante de la
pérennité d'un service public rénové.
III - PETITES ET MOYENNE ENTREPRISES,
COMMERCE ET
ARTISANAT
Rapporteur spécial : M. René
BALLAYER
I. L'IMPORTANCE DU RÔLE ÉCONOMIQUE DES PME
Les PME,
selon la définition européenne (moins de 250 salariés),
représentaient, en 1999, 99,8 % des entreprises et 67 % de la
population active française.
Les PME commerciales occupent 2.580.000 personnes et les PME artisanales
(pour la plupart très petites), 2.300.000, les PME de services,
3.100.000. L'action du secrétariat d'Etat concerne ainsi au total
7.980.000 individus, soit plus de la moitié (54,4 %) de la
population active.
Avec une confiance retrouvée et des perspectives de croissance dans
l'ensemble encourageantes, les PME, et particulièrement les plus petites
d'entre elles sont fortement créatrices d'emplois et envisagent de
continuer d'investir et d'embaucher.
Les évolutions sont toutefois contrastées selon que les
entreprises sont plus ou moins proches du consommateur final, le commerce et le
tourisme enregistrant les meilleures performances. L'investissement, dont le
financement fait davantage appel au crédit devenu meilleur
marché, pourrait ralentir. Les créations d'entreprises peinent
à décoller. Leur nombre diminue dans l'artisanat, en même
temps que celui d'apprentis.
II. UN BUDGET MODESTE MAIS QUI N'EST QU'UN INSTRUMENT PARMI D'AUTRES ET CONTRIBUE À MENER DES ACTIONS SIGNIFICATIVES
A. UN BUDGET MODESTE
Autant
l'activité économique des PME commerciales, artisanales et de
services est importante et leur situation complexe, mouvante et variée,
autant le montant de ce budget est modeste et sa structure simple :
- 386,9 MF de DO + CP
- 28,5 MF d'AP pour l'an 2000
répartis en 4 chapitres :
- chapitre 44-03 " interventions en faveur du commerce,
de
l'artisanat et des services " : 214,6 MF
- chapitre 44-95 (article 20) " participation à
divers
fonds de garantie " : 22 MF
- chapitre 44-98 " bonifications d'intérêt dans
le
domaine de l'artisanat " : 123 MF
- chapitre 64-02 (subventions d'investissement)
" aides au
commerce et à l'artisanat " : 27,3 MF (CP)
(AP :
28,5 MF)
B. UN INSTRUMENT SEULEMENT PARMI D'AUTRES
Les
crédits concernant l'aide aux PME, inscrits dans les budgets de
différents départements ministériels, outre celui du
secrétariat d'Etat au commerce et à l'artisanat (emploi, comptes
spéciaux, industrie, agriculture et pêche, recherche,
aménagement du territoire...) dépassaient, en 1999,
80 milliards de francs, selon l'annexe " jaune "
récapitulative à la loi de finances.
S'y ajoutent :
- le FISAC (Fonds d'intervention pour la sauvegarde de l'artisanat et du
commerce), alimenté par une taxe sur les grandes surfaces
58(
*
)
, géré par le secrétariat d'Etat,
doté de 400 MF en 1999 et 410 MF en 2000 ;
- les aides européennes (Fonds social européen,
FEDER...) ;
- les ressources propres des chambres de commerce et des métiers,
etc.
L'accès des PME au crédit, les mesures fiscales ou de
simplification administrative en leur faveur comptent probablement davantage
pour elles que les dépenses du secrétariat d'Etat. Mais ces
dernières, cependant, ne font, le plus souvent, que compléter
d'autres financements.
Il s'agit, au total, d'actions et de sommes importantes.
C. DES ACTIONS NÉANMOINS SIGNIFICATIVES
Le
budget du secrétariat d'Etat aux PME participe essentiellement au
financement de trois types d'actions :
1. Formation (préalable, initiale ou continue),
2. Compétitivité (contrats de plan, restructurations,
animation économique, développement technologique),
3. Accès au crédit (bonifications d'intérêts
et garanties d'emprunt).
Les crédits du secrétariat d'Etat viennent en complément
d'autres financements (chambres consulaires, organismes professionnels et de
formation, banques, collectivités territoriales...).
Les fonds rassemblés peuvent être, au total, importants :
- plus de 3 milliards de francs de prêts à taux
préférentiel en 1998 à partir d'un crédit
budgétaire de 150 MF ;
- 3 milliards d'engagements des régions en faveur du
développement des PMI durant le XI
e
Plan (pour 270,60 MF
de dépenses de l'Etat destinées aux PME commerciales et
artisanales).
III. PRINCIPALES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR L'AN 2000
A. APERÇU GLOBAL
Le
tableau ci-dessous révèle :
- un léger effritement du total des D.O. + C.P. :
- 1,7 MF, soit - 0,4 %,
- la baisse des crédits consacrés aux bonifications
d'intérêt est à peu près compensée par la
participation à divers Fonds de garantie et la progression des
interventions dans le cadre des contrats de plan Etat-régions,
- les AP augmentent de 10 % (de 25,9 à 28,5 MF).
B. LES NOUVEAUTÉS ESSENTIELLES
1. Les changements de nomenclature
Pour la
deuxième année consécutive ont lieu d'importants
changements de nomenclature qui affectent non seulement la présentation
mais aussi la gestion des crédits.
La section III - PME, commerce et artisanat - disparaît pour être
intégrée dans la section commune I - Economie, finances et
industrie - dont elle devient l'agrégat n° 13.
L'an dernier, les dépenses de fonctionnement du secrétariat
d'Etat avaient déjà subi le même sort.
2. La réorientation des mécanismes de soutien à l'accès au crédit
Le
gouvernement considère que le coût du crédit n'est plus
aujourd'hui un obstacle majeur au financement des petites entreprises.
Il en conclut que l'octroi de prêts bonifiés n'apparaît plus
désormais comme un facteur déterminant de déclenchement de
l'investissement.
Aussi a-t-il décidé de réorienter son action sans
abandonner pour autant brutalement la politique précédente, afin
de privilégier les mécanismes de garantie d'emprunt qui, en
encourageant les banques à prendre davantage de risques, facilitent
l'accès au crédit des très petites entreprises.
La SOFARIS négociera, à cet effet, des conventions avec les
réseaux bancaires et les sociétés de cautionnement mutuel.
Les crédits du chapitre 44-98 diminuent, en conséquence, de
29 millions de francs tandis qu'est créé le nouveau chapitre
44-95 "participation à divers fonds de garantie", doté de 22
millions de francs.
Ce dispositif de cautionnement bénéficiera aux PME non seulement
commerciales et artisanales, mais aussi de service, d'où le rajout de la
mention correspondante à l'intitulé du chapitre 44-03
"Interventions en faveur du commerce, de l'artisanat
et des
services
".
3. L'ouverture d'une prochaine tranche de contrats de plan
Par
rapport au XI
e
plan (1994-1998, prolongé jusqu'en 1999), les
crédits budgétaires consacrés au commerce et à
l'artisanat (hors FNADT) augmenteront de 29,7 %, durant le XII
e
plan, pour atteindre 351 millions de francs.
L'accent sera mis sur les aides à la transmission-reprise d'entreprises
pour faciliter l'installation de demandeurs d'emploi.
les crédits demandés pour 2000 correspondent à la première quote-part annuelle de la tranche 2000-2005.
4. L'augmentation du FASA
Le FASA (fonds d'aménagement des structures artisanales) progresse sensiblement en autorisations de programme comme en crédits de paiement.
Traditionnellement destiné au financement d'actions d'ingénierie (création-reprise, restructuration du mouvement coopératif artisanal, conseil en exportations...) et à la promotion de l'image des artisans, ce fonds, ainsi abondé, pourra se consacrer aussi à des actions en faveur de l'amélioration de la qualité des produits, de l'utilisation des technologies nouvelles ou de la prise en compte de l'environnement dans les activités artisanales.
IV. OBSERVATIONS
A. SUR LA GESTION DES CRÉDITS
On
constate :
1 -
d'importants
reports de crédits
de
1998 sur 1999 concernant l'exécution des contrats de plan :
AP = 11,17 MF sur une dotation initiale de 20 MF
CP = 12,36 MF sur 23,50 MF.
2 -
Au titre IV, 38 ,3 MF de crédits ont
été annulés durant l'exercice 1999 :
1,330 MF au titre des actions économiques sur un total de
90 MF,
mais, surtout, 37 MF, au chapitre 44-98, sur un total de
151 MF, concernant les bonifications d'intérêt.
L'une des réponses au questionnaire budgétaire indique
qu'" il a été décidé, en 1999, de
réduire l'enveloppe de prêts bonifiés à
1 milliard de francs (au lieu des 2 milliards initialement
prévus) et de la consacrer exclusivement à des investissements de
mise aux normes européennes ".
Cela explique la réduction des crédits correspondants. Le
Parlement n'aurait-il pas dû -à tout le moins- être
informé d'une modification aussi importante du budget voté pour
1999 ?
3 -
Le taux de déconcentration des crédits
d'intervention du titre IV est particulièrement faible (6,50 %), ce qui
s'explique, selon le secrétariat d'Etat, par " l'étroitesse
des masses budgétaires qu'il gère ", notamment celle de la
part déconcentrable des crédits de formation professionnelle.
4 -
Le FASA (Fonds d'aménagement des structures
artisanales) augmente fortement (+ 3,5 MF de mesures nouvelles),
alors qu'il a subi des annulations de crédits en 1999
(- 1,5 MF) et enregistré des reports de l'année
précédente (5,10 MF en CP) qui semblent témoigner de
problèmes de consommation.
Ne tend-t-il pas, d'autre part, à devenir un chapitre
" fourre-tout " en étant appelé à financer des
actions de promotion de la qualité de la production artisanale, de
diffusion des technologies nouvelles et de prise en compte de la
préservation de l'environnement, outre ses dépenses
d'ingénierie traditionnelles ?
Par ailleurs, quel rapport y a-t-il entre l'aménagement des structures
et la promotion de l'image artisanale (Fête du pain, etc...) que le Fonds
contribue à financer ?
B. SUR LA NOMENCLATURE ET LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
L'évolution des dépenses de fonctionnement du
secrétariat d'Etat, intégrées dans la section commune du
bleu " Economie, finances et industrie " est devenu très
difficile à suivre.
Une Direction commune aux entreprises commerciales, artisanales et de services
a été créée à la fin de 1998 dont il est
estimé que " ses missions renouvelées et élargies
nécessitent une augmentation de son personnel (de 153 à 200), par
rapport à la situation antérieure à la fusion ".
En même temps que leurs services respectifs, les crédits relatifs
au commerce, d'une part, et à l'artisanat, d'autre part, ont
été eux aussi intégrés, en raison de l'imbrication
de ces deux secteurs et " pour s'affranchir des effets de clientèle
observés jusque là ".
C. SUR LA SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE
La
secrétaire d'Etat a fait, à juste titre, de la simplification
administrative un de ses chevaux de bataille.
Deux programmes importants ont été entrepris à cet effet
en décembre 1997 et novembre 1998.
Toutefois :
- un tiers seulement des mesures du deuxième plan (novembre 1998) a
été concrétisé ;
- il a fallu d'abord " simplifier la simplification " en
créant une commission de simplification administrative dans le cadre
d'une réorganisation des institutions interministérielles
compétentes dans ce domaine !
- il avait été nécessaire, auparavant, de
créer, par un décret de mars 1981, des centres de
formalité administrative afin d'aider les entreprises artisanales
à s'acquitter des tâches qui leur sont imposées dans ce
domaine ;
- le guichet unique en matière d'aide aux PME, véritable
arlésienne administrative, demeure à l'ordre du jour depuis 25
ans !
- de même, certaines des mesures de simplification prévues
par les deux programmes de 1997 et 1998 auraient dû, en fait, être
prises par des décrets d'application, jamais parus, de la loi du
11 février 1994 relative à l'initiative et à
l'entreprise individuelle (déclaration unique d'embauche et unification
des assiettes de certaines cotisations sociales) ;
- enfin, le secrétariat d'Etat devrait, semble-t-il, d'abord
" balayer devant sa porte " en supprimant le dispositif, aussi
complexe qu'inopérant, des fonds locaux d'adaptation du commerce rural.
(Les sommes ainsi prélevées sur les recettes de taxe
professionnelle ont été jusqu'ici trop modestes pour permettre
des interventions significatives.)
COMMERCE EXTÉRIEUR
Rapporteur
spécial : M. Marc MASSION
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
Dans le
projet de loi de finances pour 2000, les crédits consacrés
à l'intervention directe de l'Etat dans le domaine du commerce
extérieur s'élèvent à 3,31 milliards en
crédits de paiement, en augmentation de 12,6 % par rapport à
la loi de finances initiale pour 1999. Les autorisations de programme sont en
diminution de 11 %, à 4,24 milliards de francs.
Quatre éléments caractérisent ce budget :
- une stabilisation des moyens alloués au réseau de
l'expansion économique, compensée par des gains de
productivité affectés au renforcement des missions et à
l'amélioration du service rendu aux entreprises ;
- un appui financier accru aux PME ;
- la poursuite de l'adaptation des procédures financières
d'appui au commerce extérieur ;
- un changement important de la nomenclature budgétaire, avec d'une
part, le basculement d'une partie des chapitres inscrits sur le budget des
charges communes sur celui de l'économie, finances et industrie, d'autre
part, le regroupement des crédits de l'expansion économique sur
quatre chapitres budgétaires.
Les crédits du budget du commerce extérieur sont répartis
dans trois fascicules budgétaires :
- celui des services financiers contient les crédits mis à
la disposition des structures publiques d'appui au commerce extérieur
organisées autour de la direction des relations économiques
extérieures (DREE) et de ses services extérieurs en région
et à l'étranger ainsi que des organismes placés sous leur
tutelle : le Centre français du commerce extérieur et l'Agence
pour la promotion internationale des technologies et des entreprises
françaises.
- le fascicule des charges communes regroupe les crédits pour le
financement des garanties diverses, des études, des bonifications
d'intérêt ainsi que des interventions en faveur des PME ;
- enfin, le fascicule comptes spéciaux du Trésor contient le
compte 903-07 qui retrace les prêts du Trésor à des
Etats étrangers et à l'Agence française de
développement.
Les changements de nomenclatures dans le projet de loi de finances pour 2000
modifient la répartition des chapitres entre les fascicules, puisque des
chapitres sont transférés des charges communes vers le fascicule
des services financiers.
Budget du
commerce extérieur pour 2000 (selon l'ancienne nomenclature)
A. LA POURSUITE DE LA RÉFORME DU SERVICE DE L'EXPANSION ÉCONOMIQUE À L'ÉTRANGER
Inscrits
au budget des services financiers, les crédits destinés au
service de l'expansion économique s'élèvent, à
structure constante, à 1,43 milliards de francs, en hausse de
9,1 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Cette
augmentation s'explique par l'augmentation des dépenses en personnel et
par une dotation de crédits exceptionnelle pour l'organisation de
l'exposition universelle de Hanovre en 2000.
Cet ensemble recouvre :
d'une part, les structures du service de l'expansion économique
dirigé par la direction des relations économiques
extérieures -DREE- (
les postes d'expansion économique et les
directions régionales du commerce extérieur
) ;
et, d'autre part, les organismes parapublics (Centre français du
commerce extérieur -
CFCE
- et Agence pour la promotion
internationale des technologies et des entreprises françaises
CFME-ACTIM)
.
1. La confirmation de la rationalisation et du redéploiement des moyens de la direction des relations économiques extérieures
La
direction des relations économiques extérieures s'est
engagée, à partir de 1991, dans un programme pluriannuel de
réduction de ses effectifs budgétaires.
Ce programme s'est traduit par trois plans triennaux de suppressions d'emplois
(1991-1993, 1994-1996 et 1997-1999) qui ont porté sur 20 % des
effectifs du réseau de l'expansion économique à
l'étranger.
Le dernier plan a conduit à une diminution de 5,35 % des emplois et
une diminution de 2,95 % des dépenses en personnel. Ce plan s'est
accompagné de mesures d'économie sur les moyens de fonctionnement
de la DREE permettant une économie nette de 9,28 % en trois ans,
hors dépenses d'informatique.
A compter de 1993, le nombre d'agents recrutés en droit local a
été réduit, tandis que les crédits correspondants
ont été augmentés, ce qui a entraîné une
revalorisation moyenne des rémunérations versées aux
agents de droit local de 65 % entre 1993 et 1998. Cette politique a permis
la fidélisation d'une main d'oeuvre locale qualifiée et
parfaitement intégrée aux équipes des postes d'expansion.
Parallèlement, un resserrement global du dispositif a été
opéré afin de tenir compte des évolutions de la structure
du commerce international. Ainsi, entre 1993 et 1998, 26 postes d'expansion ont
été fermés et 7 nouveaux postes ont été
ouverts. Les fermetures de postes ont été concentrées en
Europe (9 fermetures) et en Afrique (12 fermetures), tandis que les ouvertures
ont concerné notamment l'Europe centrale et orientale (2 ouvertures) et
la zone Caraïbes (2 ouvertures). Ainsi, au cours de la même
période, les effectifs du réseau de la DREE ont diminué de
17,2 % en Amérique du nord, de 23,1 % en Afrique, de
27,5 % en Europe, et de 27,9 % dans la zone Pacifique, tandis qu'ils
ont augmenté de 40 % dans les Caraïbes, de 18,7 % en
Europe centrale et orientale, de 12,2 % en Amérique du sud et de
8,2 % en Asie. Ces évolutions marquent le souci constant d'adapter
le réseau aux évolutions du commerce mondial.
Cet effort d'adaptation du réseau s'est accompagné de mesures de
modernisation importantes des moyens d'informatisation, de mise en
réseau, et de communication.
La direction a considérablement modifié ses méthodes de
travail afin d'adapter son offre de services aux demandes des entreprises
françaises. L'introduction de la facturation des prestations a permis
une standardisation des produits proposés aux entreprises et a permis de
concentrer les moyens de la direction sur les demandes motivées de la
part des exportateurs. La direction s'engage dans une démarche
qualité qui trouve son aboutissement dans l'obtention de la
certification ISO 9001 pour l'ensemble des postes d'expansion
économique, preuve d'une volonté de se mettre aux standards des
entreprises. Les premiers postes devraient obtenir la certification au cours de
l'année 2000, et l'ensemble des PEE, des DRCE et de l'administration
centrale devraient bénéficier de ce " label
qualité " à la fin de l'année 2001.
La spécialisation des agents du réseau permet enfin d'obtenir une
meilleure expertise sur les différents secteurs d'activité et la
mise en oeuvre d'une veille sectorielle et concurrentielle efficace.
Le budget de l'expansion économique (titres III et V) pour 2000 voit ses
crédits augmenter de 3,1 % pour atteindre 1,07 milliard de
francs.
Les dépenses de personnel augmentent de 4,75 %, tandis
que les crédits affectés au matériel et les
dépenses en informatique stagnent, et que les dépenses
immobilières sont réduites de 25 %.
les dépenses en personnel augmentent de 4,75 % pour
atteindre 811,56 millions de francs.
Cet accroissement significatif est lié à plusieurs facteurs.
-
d'une part, la politique de réduction des effectifs se poursuit,
avec la suppression de 29 emplois de catégorie C, et la
création de 19 emplois de contractuels de la même
catégorie.
Cette mesure de suppression de 10 emplois
représente une économie de 4,15 millions de francs.
- d'autre part, 40,6 millions de francs sont consacrés au
financement des différentes revalorisations des
rémunérations publiques. Il s'agit de :
l'ajustement de la ligne indemnité de résidence pour tenir compte
de l'effet change-prix : 15 millions de francs ;
versement d'une indemnité compensatrice à l'application de la
contribution sociale généralisée sur les
indemnités : 4,37 millions de francs ;
la consolidation sur le chapitre cotisations sociales de besoins couverts
traditionnellement par des transferts en gestion : 13 millions de
francs ;
les ajustements correspondant à l'inscription en loi de finances pour
1999 de l'ensemble des primes auparavant inscrites sur un fonds de
concours : 2,4 millions de francs ;
les ajustement dus à l'augmentation du point fonction publique et au GVT.
Un corps d'attachés commerciaux a été créé
pour accueillir les agents titularisés dans le cadre de la
titularisation des agents contractuels de catégorie A. 104 emplois
de contractuels de catégorie A ont ainsi été
supprimés dans le projet de budget pour 2000, et autant d'emplois
d'attachés commerciaux créés. Les effectifs des agents
contractuels employés dans le service de l'expansion économique
à l'étranger seront donc ramenés à 735 en 2000
contre 849 en 1999.
Les crédits d'informatique ont fait l'objet d'un accord triennal avec la
direction du budget qui prévoit l'inscription d'une dotation annuelle de
24 millions de francs pour les budgets 1999, 2000 et 2001 et
l'exonération de toute régulation et de tout gel sur les trois
années. Cette dotation permettra de faire face aux renouvellement des
équipements et au développement de l'intranet de la DREE.
Les frais de fonctionnement courant sont également maintenus dans le
projet de budget pour 2000, après une diminution régulière
dans le cadre du contrat triennal 96-99 passé avec la Direction du
budget.
Enfin, les dépenses d'investissement des postes sont réduites de
25 %, tant en autorisations de programmes qu'en crédits de
paiement. Les crédits permettront de faire face aux dépenses pour
les travaux d'entretien et de rénovation du parc existant, soit
10 millions de francs par an, ainsi que de financer certaines
opérations de regroupement avec les chancelleries
diplomatiques.
2. La restructuration des organismes d'appui au commerce extérieur
Le
montant global des dotations aux organismes d'appui au commerce
extérieur, pour 2000 s'élève à 357 millions de
francs contre 270 millions de francs en 1999, soit une progression de
32,2 %. La totalité de cette hausse est due à la dotation de
115 millions de francs inscrite au chapitre 42-80 (expositions
internationales) destinée à financer le pavillon français
à l'exposition universelle de Hanovre en l'an 2000, dont le coût
total s'élève à 150 millions de francs.
Si l'on ne prend pas en compte cette dotation, les crédits
affectés aux organismes d'appui au commerce extérieur sont en
légère baisse (242 millions de francs en 2000 contre 245 millions
de francs en 1999).
Les moyens destinés au Centre français du commerce
extérieur (CFCE) diminuent en 2000, de 2,4% (- 3 millions de
francs) pour s'élever à 125 millions de francs. La baisse de
cette dotation est liée aux économies dégagées par
la réforme du CFCE, et n'affectent pas ses moyens d'action.
Les crédits attribués à l'Agence pour la promotion
internationale des technologies et des entreprises françaises,
née de la fusion du Comité français des manifestations et
économiques (CFME) et de l'Agence pour la coopération technique
industrielle et économique (ACTIM), sont stabilisés après
une diminution importante en 1999, et s'établissent à
116,39 millions de francs.
L'Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises
françaises a pour mission de réaliser et de coordonner toutes les
actions de promotion destinées à préparer et à
favoriser le développement international des entreprises
françaises (notamment les actions de coopération technique,
industrielle et commerciale, de gestion des coopérants du service
national en entreprise, et celles s'exerçant par le biais des foires,
salons et manifestations internationales ou nationales à
l'étranger).
Plusieurs contraintes externes pèsent sur le CFME-ACTIM, notamment la
réduction du temps de travail à 35 heures, et l'incertitude
importante concernant les recettes des CSNE. La mise en place d'un
mécanisme de sauvegarde en cas de perte dépassant un certain
seuil devrait permettre de limiter ce dernier facteur.
La reconduction de la dotation de 1999 permet de maintenir le volume
d'activité de l'organisme à son niveau actuel, soit 200
opérations collectives dont 4 expositions françaises, et 87
participations collectives d'entreprises françaises dans les salons
internationaux.
B. LA RÉORGANISATION DES MOYENS EN FAVEUR DES PME
Le
projet de budget pour 1999 a modifié sensiblement la structure des aides
aux PME, avec le remplacement du Comité de développement
extérieur (CODEX) par un nouveau volet du Fonds d'études au
secteur privé (FASEP) nommé " Appui au secteur
privé ". L'année 2000 marque la disparition des
crédits du CODEX, une réduction importante des autorisations de
programme du FASEP, et une stabilisation de ses crédits de paiement.
Pour 2000, les principaux dispositifs d'appui aux entreprises mobilisent
333,25 millions de francs, soit une hausse de 3,5 % par rapport
à 1999.
Les crédits qui figurent dans le tableau ci-dessous sont inscrits au
budget des charges communes (chapitres 14-01) et des services financiers
(64-00). Ce dernier chapitre a été transféré du
fascicule des charges communes afin de permettre une meilleure
lisibilité.
• Le montant retenu pour l'assurance-prospection
dans
le projet de loi de finances pour 2000 s'élève à
290 millions de francs, en augmentation de 9,4 % par rapport à
1999.
Cette hausse vise à adapter la dotation initiale des crédits aux
besoins réels. Il convient de rappeler que cette dotation est à
caractère évaluatif, ce qui avait conduit à une
surévaluation systématique en loi de finances initiale jusqu'en
1998.
*prévisions
Sous
trois formes différentes, l'assurance prospection aide l'exportateur
à faire face à ses dépenses de prospection sur les
marchés étrangers et l'indemnise en cas d'insuccès
commercial :
-
l'assurance-foire
permet de couvrir à hauteur de 65 %
les frais engagés par une entreprises dans une manifestation commerciale
à l'étranger, les salons ayant lieu dans l'Union
européenne étant exclu de ce dispositif, même si depuis
1997, certaines dérogations sont apportées pour des
manifestations dans l'Union européenne et en France. Cette
procédure rencontre un vif succès auprès des entreprises,
notamment les plus petites d'entre elles. Sa clientèle est
constituée à 90 % de sociétés réalisant
un chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de francs. En
1998, 745 contrats ont été signés contre 941 en 1997.
L'assurance foire représente 42,6 % du nombre des contrats
d'assurance prospection signés.
-
l'assurance prospection simplifiée
est une aide
forfaitaire au repérage de débouchés porteurs dans les
pays de l'Union européenne. En 1998, cet outil représente
40,4 % des contrats signés. Plus de la moitié des
entreprises bénéficiaires de ce type de contrat réalise un
chiffre d'affaires inférieur à 10 millions de francs ;
-
l'assurance prospection normale
concerne des zones plus
lointaines. En 1998, ce produit a représenté 17 % des
contrats conclus. 80 % des entreprises auxquelles un contrat de cette
nature a été délivré ont réalisé un
chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de francs.
En 1998, 2.263 PME ont demandé à bénéficier de
ces procédures, et 1.750 contrats ont été
signés (contre 2.081 en 1997 et 1.728 en 1996).
L'assurance prospection est restée relativement peu touchée par
la crise des pays émergents en 1998, l'intérêt des
entreprises étant orienté vers les mêmes destinations qu'en
1997. Cependant, les entreprises ont pris l'initiative de se redéployer
vers le continent américain et l'Europe, sans délaisser l'Asie,
puisque la Chine et le Japon figurent encore en 1998 parmi les 10 destinations
les plus prospectées. En termes d'exportations déclarées,
en assurance prospection et en assurance foire, l'Asie est demeurée la
première zone, malgré une légère baisse. Il
convient de préciser que les retombées de la prospection sur les
recettes d'exportation se mesurent généralement deux ans
après la prise de garantie.
Les résultats seront vraisemblablement plus nuancés pour
l'année 1999, du fait des conséquences de la crise. En effet, la
prise de garantie peut être refusée dans certains cas aux
entreprises souhaitant exporter vers la Russie et l'Asie notamment. La
décision d'accorder ou non un soutien est dépendante de la
solidité financière de l'entreprise, de son secteur
d'activité, de la qualité de ses produits et de la pertinence de
sa stratégie commerciale. L'avis du poste d'expansion économique
de la zone prospectée est cependant l'élément
déterminant, car l'Etat refuse son soutien à des projets
jugés hasardeux.
Le faible coût de l'assurance prospection permet d'obtenir un
effet de
levier considérable puisqu'il s'élève à environ 60
francs d'exportations nouvelles pour 1 franc de dépense
publique
.
Les crédits du comité de développement
extérieur (CODEX) disparaissent puisque ce dernier a été
incorporé dans le Fonds d'Etudes et d'Aide au Secteur Privé
(FASEP) depuis juillet 1998.
La consommation prévue pour 1999 des
crédits au titre des contrats CODEX en vigueur est de 15 millions
de francs. Pour l'année 2000 et les exercices budgétaires
ultérieurs, les reports de crédits (31,9 millions de francs
pour 1999) devraient permettre d'honorer l'ensemble des contrats encore en
vigueur, jusqu'à l'extinction complète des engagements pris.
Le FASEP a vu ses missions se développer avec la création d'un
volet " appui au secteur privé " qui se substitue aux
différents outils d'aide à l'investissement existants (CODEX,
protocoles de partenariat, fonds PECO
59(
*
)
de la
SOFARIS)
Ce nouveau volet du FASEP sous la forme d'un fonds de garantie, est doté
de 300 millions de francs en crédits de paiement pour 2000. Le
fonctionnement de ce fonds s'articule de la manière suivante :
- une domiciliation à la SOFARIS, filiale de la BDPME
- un risque d'épuisement assumé à part égale par la
SOFARIS et l'AFD, qui devrait couvrir au moins 900 millions de francs de
concours
- une délégation de décision pour les petits dossiers, les
projets plus importants étant examinés par le Comité
interministériel du FASEP pour des montants garantis jusqu'à
10 millions de francs, soit une couverture de risque maximum de
5 millions de francs.
Ce nouveau dispositif s'applique aux entreprises françaises de moins de
3 milliards de francs de chiffre d'affaire, et comporte deux volets, l'un
garantissant l'apport en fonds propres effectués dans les filiales
étrangères, et l'autre garantissant les crédits
octroyés par des banques locales pour le financement des investissements
physiques des filiales.
Le montant des autorisations de programme prévues au titre du
volet "commerce extérieur" des contrats de plan pour 2000
s'élève à 45 millions de francs, soit une
augmentation de 40,6 %.
Le montant des crédits du commerce
extérieur inscrits dans les contrats de plan Etat-régions a
été fixé à 352 millions de francs, dont
45 millions de francs dans le projet de budget pour 2000, et
307 millions à répartir sur les 6 années
suivantes, soit plus de 50 millions de francs par an. Cet arbitrage marque
une nette augmentation de près de 30 % par rapport aux contrats de
plan précédents. Les crédits de s'élèveront
à 43,25 millions de francs pour 2000, soit une légère
baisse par rapport à l'année passée, qui s'explique par la
montée en charge progressive des décaissements.
L'augmentation des autorisations de programme est bienvenue, car le volet
commerce extérieur des contrats de plan est un élément
très important du dispositif d'appui aux PME pour l'exportation.
Les
dotations budgétaires du volet commerce extérieur
des contrats
de plan (1994-1999)
|
Autorisations de programme
|
Crédits de paiement
|
1994 |
46 |
21,6 |
1995 |
33 |
23,7 |
1996 |
44,9 |
29,5 |
1997 |
32 |
38 |
1998 |
32 |
44 |
1999 |
32 |
47 |
2000 |
45 |
43,25 |
Les
aides du volet extérieur des contrats de plan Etat-Région
s'adressent aux PME qui disposent de produits compétitifs, sont peu
exportatrices et ont besoin d'un soutien public pour engager une
démarche de développement internationale.
Plus de la
moitié des entreprises bénéficiaires ont moins de 50
salariés tandis que les trois quart réalisent un chiffre
d'affaire inférieur à 50 millions de francs
. L'aide
régionale constitue une première étape, essentielle dans
le développement de l'entreprise, qui lui permet de structurer sa
démarche export et de bénéficier ultérieurement
d'appuis nationaux ou communautaires pour un projet plus ciblé, sur des
marchés plus lointains.
La priorité des nouveaux contrats de plan Etat-Région est
d'augmenter le nombre de PME qui exportent régulièrement, ce qui
implique de renforcer et de moderniser le dispositif et de donner à
l'Etat les moyens d'un partenariat fort avec les régions. Les aides
régionales et les critères d'éligibilité seront
harmonisés, afin de mettre en place un traitement aussi homogène
que possible d'une région à l'autre, tout en laissant une marge
de manoeuvre aux partenaires locaux.
Les crédits des contrats de plan permettent de financer deux sortes
d'aides aux entreprises :
des aides aux montants modestes pour jeter les bases d'une
démarche de développement international. Il s'agit de :
-
l'aide au conseil,
qui permet d'alléger les coûts
d'utilisation d'un cabinet spécialisé pour réaliser une
étude de marché, ou pour organiser la démarche export de
la société.
-
l'aide à la participation à des foires et des
salons.
Elle constitue le complément de l'assurance-foire qui,
jusqu'à la décision du plan PME de janvier 1997, ne couvrait que
les manifestations hors Union européenne ;
-
l'aide aux "investissements immatériels"
qui permet le
financement des traductions de documentations en langue
étrangère, des dépôts de marques et brevets, des
formations export, des invitations d'acheteurs étrangers.
des aides plus élevées pour donner plus d'ampleur
à la démarche de développement à l'étranger.
Il s'agit de :
-
l'aide à l'implantation à l'étranger,
qui
favorise la création de structures commerciales légères
à l'étranger. Elle prend en charge une partie des frais de
fonctionnement d'un bureau de représentation ou d'une filiale,
uniquement pendant la première année.
-
l'aide au recrutement de cadres internationaux
qui a un effet
direct et positif sur l'emploie et sur la compétitivité de
l'entreprise. Une partie du coût du salarié (30 à
50 %) est prise en charge pendant sa première année
d'activité (soit un montant unitaire moyen de 100.000 à
120.000 francs).
Enfin, les PME qui recourent aux nouvelles technologies de l'information et de
la communication seront soutenues, et les petites entreprises seront
sensibilisées à l'importance et au rôle de la veille
concurrentielle et de l'intelligence économique.
C. LA RÉDUCTION DU COÛT BUDGÉTAIRE DES PROCÉDURES FINANCIÈRES DE SOUTIEN À L'EXPORTATION
Les procédures gérées par Natexis
Banque
pour le compte de l'Etat (chapitre 44-98 bonification d'intérêt)
voient leur crédits diminuer de 150 millions pour 2000 et
s'élever à 400 millions de francs.
La loi du 29 décembre 1997 précise le mandat confié
à Natexis banque par l'Etat pour la gestion des procédures de
stabilisation de taux d'intérêt ainsi que la gestion de certains
accords de consolidation.
- La stabilisation des taux d'intérêt permet aux exportateurs et
aux banques françaises de proposer à leur client emprunteur un
financement à taux fixe en francs français ou en devises, soit
parce que ce point constitue une exigence de l'appel d'offres, soit parce que
l'offre commerciale sera rendue plus attractive par ce type de financement. En
effet, les emprunteurs étrangers peuvent apprécier de pouvoir
disposer d'un taux fixe et donc de charges financières
prédéterminées.
Pour les crédits de deux ans minimum, Natexis compense (ou reçoit
des banques) la différence entre le taux fixe du crédit
60(
*
)
et un taux représentatif des conditions de
refinancement à court terme des banques, majoré de la marge
bancaire autorisée. Elle garantit ainsi les banques contre une
augmentation de leurs coûts de refinancement, pour les crédits en
devises et en francs français.
- La gestion des accords de consolidation : Natexis refinance par
l'emprunt certaines créances impayées au titre d'accords de
consolidation de dettes conclu avec des pays étrangers. Le Trésor
public, après les nouveaux passages des pays débiteurs en Club de
Paris, peut prendre en charge les impayés sur accords de consolidation.
Les arriérés sur intérêts de consolidation sont
alors apurés par le compte spécial du Trésor 903-17.
Le coût budgétaire de d'assurance-crédit
géré par la COFACE (chapitre 14-01 article 71)
pour le compte de l'Etat est nul en 1998, car le montant des
récupérations a dépassé celui des indemnités
de 6 milliards de francs. La bonne situation globale s'explique par la
conjugaison des règlements enregistrés sur les principaux pays
débiteurs au titre des accords de consolidation et d'une politique de
couverture prudente face à la crise des pays émergents, qui a
permis de limiter les risques.
Le coût de la garantie de risque économique diminue de
33,3 % par rapport à 1999 pour s'établir à
300 millions de francs.
Les crédits relatifs aux protocoles financiers diminuent. Ainsi,
la dotation du FASEP (chapitre 68-00 article 10) diminue de 53 %
en autorisations de programme, à 280 millions de francs. Cette
baisse s'explique par la fin des dépenses exceptionnelles, comme le
fonds de Garantie Maroc (200 millions de francs) et les protocoles de dons
restants (Tunisie, territoires palestiniens), ainsi qu'un transfert
exceptionnel de l'Agence Française de Développement (AFD) au
titre de ses activités en Palestine. Les autorisations de programme
seront affectées au FASEP-Etudes.
La charge nette des
"prêts du Trésor à des Etats
étrangers et à l'Agence française de
développement"
, inscrite au compte spécial du Trésor
n° 903-07, est négative pour l'année 2000 de 1.683
millions de francs.
Dans un souci de transparence, le chapitre 01 est devenu le chapitre 03
(investissement), géré par autorisations de programme qui se
substituent aux autorisations de signatures, depuis le 1
er
janvier
1999. La dotation de 1.450 millions de francs en 2000 correspond à
la liste des pays éligibles arrêtée par le ministre, qui
est amputée du Brésil sur lequel aucun projet n'avait
été financé. En crédits de paiement, la dotation de
500 millions de francs tient compte des reports et de la diminution des
avances de trésorerie faites aux organismes gestionnaires (AFD et
Natexis) qui se sont révélées trop larges.
Les crédits relatifs aux études d'évaluation
préalable des opérations d'export sont reconduits à
7,5 millions de francs, ainsi que les crédits affectés
à l'évaluation a posteriori des projets, à
4,5 millions de francs. Ces deux chapitres sont transférés
au budget des services financiers (chapitre 37-75, articles 82 et 83), en
provenance du budget des charges communes (chapitre 37-03 articles 20 et 30),
dans un souci de meilleure lisibilité.
II. LES RÉSULTATS DU COMMERCE EXTÉRIEUR
A. L'ÉVOLUTION DU COMMERCE MONDIAL
1. La croissance du commerce mondial a ralenti en 1998
Après une progression exceptionnelle du commerce mondial en 1997 (+ 10,5 %), l'année 1998 marque un net ralentissement, avec une croissance de 3,5 %. Ce retrait vient de la récession au Japon, de la très forte contraction de la demande intérieure dans les pays du sud-est asiatique et du recul de la demande d'importations des pays de l'OPEP, liée à la baisse du prix du pétrole. Les importations du continent américain et de l'Europe ont été moins importantes qu'en 1997, mais ont soutenu le commerce mondial en limitant les effets dépressifs de la crise asiatique sur les échanges mondiaux.
2. Une reprise timide de la croissance du commerce mondial en 1999
En 1999,
la croissance du commerce mondial devrait accélérer, en raison
d'une reprise de l'activité sur le continent asiatique et de
l'exceptionnelle durée du cycle américain, malgré un
ralentissement marqué au sein de la zone euro au début de
l'année. Toutefois, la croissance des échanges,
évaluée à environ 5 %, devrait demeurer
inférieure à la moyenne de 7 % observée sur la
période 1985-1996.
L'Asie devrait contribuer pour l'essentiel à cette
accélération du commerce mondial. La contribution des Etats-Unis
se maintiendrait, en raison de la vigueur de la demande intérieure.
Enfin, les pays de l'OPEP participeraient également à cette
reprise du commerce mondial grâce à la remontée des prix du
pétrole. La demande en provenance des pays d'Amérique latine est
en net ralentissement sur les premiers mois de 1999, en raison de la
détérioration des perspectives d'exportation de ces pays,
liée essentiellement à la crise brésilienne. D'autre part,
la demande d'importation des six grands pays de la zone euro devrait diminuer
de quatre points par rapport à l'année 1998.
B. LA CROISSANCE DE L'EXCÉDENT COMMERCIAL DE LA FRANCE
1. Le commerce extérieur français en 1998
En
1998, pour la septième année consécutive, le commerce
extérieur de la France a dégagé un excédent
,
qui
s'est élevé à 148 milliards de francs,
soit environ 1,6 % du PIB. Ce solde fait suite à l'excédent
record enregistré en 1997, et constitue une bonne performance compte
tenu des effets de la crise asiatique et de la reprise de la demande
intérieure.
Ce résultat s'explique notamment par le repli important du
déficit énergétique et par le maintien d'une bonne
compétitivité-prix des produits français, les exportateurs
compensant par des efforts de marge la hausse du taux de change du franc. Les
exportations ont augmenté de 6,7 % en volume, soit une progression
nettement supérieure à la croissance du commerce mondial
(3,5 %). Cependant, les exportations n'ont pas cessé de ralentir au
cours de l'année, en raison de la détérioration de
l'environnement international et du contexte de change défavorable
à la compétitivité des produits français.
Sur le plan géographique
, l'évolution de notre commerce
extérieur a été contrastée. L'excédent
commercial avec l'Union européenne est resté élevé
(63,8 millions de francs), bien qu'en réduction du fait d'une
croissance importante des importations de 10,8 % contre une moindre
croissance des exportations de 7,9 %. Le déficit avec les autres
pays de l'OCDE s'est réduit, mais pas pour tous les pays, puisque les
ventes vers les Etats-Unis ont progressé de 20 %, alors que celles
à destination du Japon sont en baisse de 4 %. La crise asiatique
s'est traduite par une forte dégradation du solde commercial avec les
pays d'Asie en développement rapide. Les ventes françaises ont
chuté de 17 %, tandis que les importations en provenance de ces
pays, favorisées par l'évolution des changes, ont augmenté
de 6,5 %. L'excédent est resté stable avec les pays de l'Est
et a augmenté fortement avec le Moyen-Orient du fait de la chute des
prix du pétrole. Enfin, les exportations vers les pays d'Afrique ont
augmenté de 16 %.
Sur le plan sectoriel
, l'excédent des industries
agro-alimentaires s'est réduit après avoir atteint un niveau
exceptionnel en 1997, du fait de la crise en Asie et en Russie. Le
déficit des biens de consommation s'est accru de 11,5 milliards de
francs, car la reprise de la consommation intérieure a provoqué
une hausse importante des importations. Pour la même raison, et
malgré une bonne performance des constructeurs français à
l'exportation, l'excédent en matière d'automobiles a
légèrement régressé. Le solde des biens
intermédiaires s'est dégradé de 17 milliards de
francs, tandis que le commerce de bien d'équipement dégage un
excédent élevé, avec notamment un excédent de
10 milliards de francs pour les téléphones portables, et de
44 milliards de francs pour la construction aéronautique.
La contribution négative du commerce extérieur à la
croissance s'est nettement amplifiée avec l'entrée en
récession de la majeure partie des pays émergents, pour atteindre
-1,5 % en 1998.
La bonne performance du commerce extérieur français dans un
contexte de dégradation de la conjoncture internationale et de reprise
de la consommation intérieure souligne le caractère structurel de
l'excédent du commerce extérieur.
2. Les perspectives pour 1999 et 2000
Le
commerce extérieur de la France devrait connaître un
ralentissement en 1999.
En 1999, la croissance de la demande mondiale adressée à la
France devrait ralentir pour la deuxième année
consécutive, passant de 5,9 % à 3,8 % en moyenne
annuelle. Cette diminution est due à la faible croissance de la demande
au sein de la zone euro en début d'année, compensée
partiellement par la reprise sur le continent asiatique. Le redressement de la
demande en Europe au cours de l'année devrait cependant conduire
à une amélioration sensible de la demande mondiale
adressée à la France.
La structure géographique des échanges de la France explique le
déphasage de la demande mondiale qui lui est adressée avec le
commerce mondial. En 1998, la France était apparue relativement
épargnée par rapport aux évolutions mondiales, car elle
avait bénéficié de " l'effet-tampon " du
commerce intra-européen, et de la conjoncture encore favorable de ses
principaux partenaires dans le reste du monde. En 1999, la France subit au
contraire l'effet amplificateur du ralentissement conjoncturel européen
de l'hiver dernier, puisque deux tiers de ses exportations sont
orientées vers des pays européens. L'excédent de la
balance commerciale pour 1999 devrait se situer aux environs de 80 milliards de
francs, en forte réduction. Cette baisse serait due à la vigueur
de la demande intérieure, entraînant une forte
détérioration de l'excédent manufacturier, et d'une
augmentation du déficit énergétique, liée à
la hausse des prix du pétrole.
La reprise anticipée de la croissance en Europe risque cependant
d'améliorer les prévisions effectuées pour l'année
1999. Ainsi, le mois de juillet 1999 a connu des exportations pour un montant
de 159,6 milliards de francs, et un excédent commercial de
20,2 milliards de francs, chiffres qui constituent des records et
témoignent du dynamisme retrouvé du commerce extérieur
français.
Les exportations françaises devraient progresser sensiblement en 2000
(entre 5 et 6 % selon les estimations), à la faveur de la reprise
en Europe continentale. Les importations accéléreraient
également, de sorte que la contribution des échanges
extérieurs à la croissance serait nulle en 2000 d'après
l'OCDE, après avoir été négative en 1999. Le solde
de la balance commerciale devrait augmenter considérablement, pour
s'établir entre 152 et 154 milliards de francs selon les
prévisions.
III. LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
1. Un budget guère transparent
Les crédits du commerce extérieur sont répartis dans trois fascicules budgétaires : les services financiers, les charges communes et les comptes spéciaux du Trésor. Or, cet éparpillement ne rend pas la lecture de ce budget aisée, d'autant que de nombreux aspects de la nomenclature budgétaire sont modifiés cette année. En outre, l'analyse purement budgétaire des crédits inscrits aux charges communes et aux comptes spéciaux du Trésor ne permet pas d'appréhender la réalité des aides fournies par l'Etat aux entreprises ou aux Etats étrangers pour encourager l'essor du commerce extérieur français.
2. Une politique engagée en faveur d'une amélioration du service rendu aux entreprises
Ce
projet de budget témoigne de la poursuite de la rationalisation du
dispositif d'aides aux entreprises françaises exportatrices. Votre
rapporteur ne peut qu'encourager les réflexions engagées sur une
meilleure coordination des aides au commerce extérieur aussi bien au
niveau national (grâce à la convention de rapprochement entre le
CFCE et le CFME ACTIM) qu'au niveau régional (avec le
développement aux conventions régionales à l'export) et au
niveau international (avec le rapprochement des postes d'expansion
économique avec les chambres de commerce à l'étranger).
Plusieurs mesures témoignent de la volonté du Secrétariat
d'Etat au commerce extérieur d'améliorer et de garantir le
service rendu aux entreprises. Le lancement de la campagne de certification
" ISO 9001 " pour l'ensemble des postes permettra d'engager le
personnel dans une démarche qualité, et d'uniformiser les
procédures de travail, afin de garantir le niveau de prestation de
service offert. La mise en place de l'opération " le Fil de
l'Export ", pilotée par le CFCE, vise à simplifier
l'accès des entreprises à l'information sur les marchés
étrangers et les aides au commerce extérieur, notamment pour les
PME. Un centre d'appel répond aux questions des entreprises, ou
réoriente leurs appels vers les partenaires compétents
(administrations, organismes publics et parapublics, associations,
organisations professionnelles...). Ce dispositif mis en service au courant du
mois de septembre 1999 semble répondre à une demande,
puisqu'environ cent appels sont traités chaque jour.
3. Un contrat d'objectifs ambitieux passé avec la Direction du Budget
La DREE
souhaite s'engager dans une démarche ambitieuse portant sur l'ensemble
de ses missions pour la période 2000-2002, à travers un contrat
d'objectif passé avec la Direction du Budget. Les principaux objectifs
sont :
- améliorer la collecte et la diffusion de l'information
économique, et le renforcement des prestations offertes aux PME.
- améliorer la connaissance de la clientèle pour adapter la
politique d'offre. La désignation d'experts à vocation
régionale sur plusieurs secteurs clés pour l'économie
française devra permettre de mieux identifier les besoins des
entreprises et de mieux y répondre.
- développer l'accès à l'information via le réseau
Internet, dans le cadre de partenariats avec d'autres administrations.
- certifier selon la norme ISO 9001 l'ensemble des PEE.
- développer le socle de PME exportatrices.
- renforcer l'expertise et le rôle de la DREE sur les questions
communautaires et multilatérales, notamment dans le cadre du cycle de
négociations de l'OMC à Seattle.
- poursuivre la régionalisation des expertises avec la
désignation de correspondants régionaux pour les questions
multilatérales.
- accroître l'efficience de l'administration et l'utilisation des
crédits. La création d'une dotation globale qui rassemble les
crédits de l'expansion économique dans quatre chapitres distincts
permettra une optimisation de l'utilisation des crédits du fait d'une
plus grande fongibilité.
Votre rapporteur ne peut que se féliciter de cet ensemble de mesures
qui poursuit le mouvement de modernisation de l'administration engagé
dès 1991, afin d'améliorer le service rendu aux
entreprises.
4. Une augmentation bienvenue des moyens budgétaires affectés au volet international des contrats de plan Etat/régions
Les aides au commerce extérieur des contrats de plan Etat/régions ont fait la preuve de leur efficacité et de leur intérêt pour les PME. Elles constituent un échelon indispensable dans le dispositif d'aide au commerce extérieur. Votre rapporteur se félicite donc que l'engagement budgétaire de l'Etat soit renforcé, puisque les crédits affectés au volet " commerce extérieur " augmentent de près de 30 % pour les contrats 2000-2006.
5. Le remplacement des VSNE/CSNE par les volontaires civils
La loi portant réforme du service national supprime le système des coopérants du service national en entreprise, qui offrait à de nombreux jeunes diplômés la possibilité de bénéficier d'une première expérience dans un pays étranger . Votre rapporteur se félicite du vote par le Sénat du projet de loi sur le volontariat civil et espère que les dispositions prévues permettront aux jeunes hommes et aux jeunes femmes qui le souhaitent de bénéficier d'une expérience professionnelle intéressante dans les entreprises françaises à l'étranger.
ÉDUCATION NATIONALE, RECHERCHE
ET TECHNOLOGIE
I - ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Rapporteur
spécial : M. Jacques-Richard DELONG
Le
projet de budget
de l'enseignement scolaire pour 2000 poursuit
la
croissance des crédits
constatée l'année
dernière (+ 4,13 %).
Ainsi, les moyens inscrits au projet de budget de l'enseignement scolaire pour
2000 sont en hausse de
3,46 %, dépassant pour la première
fois la barre symbolique des 300 milliards
pour atteindre
308,49
milliards
de francs
(contre
298,17 milliards de francs en 1999).
Or, les prévisions relatives aux effectifs d'enfants scolarisés
dans l'enseignement primaire et dans l'enseignement secondaire dans les
années à venir n'ont pas varié : après avoir
décru de 58.900 élèves à la rentrée 1999,
les effectifs scolarisés devraient de nouveau se contracter de 59.600
élèves à la rentrée 2000. On escompte par ailleurs,
dans les dix prochaines années, une diminution des effectifs de 220.000
élèves dans les écoles et de près de 400.000
élèves dans le second degré.
Dans ce contexte, il convient de s'interroger sur les 10,3 milliards de
francs de plus qu'en 1999, consacrés à l'éducation
nationale.
Le maintien des crédits au niveau de l'année
dernière aurait pu suffire à améliorer les conditions de
l'enseignement puisque un même montant de crédits aurait
été consacré à un nombre plus restreint
d'élèves.
Cette réflexion est d'autant plus urgente à mener qu'avec
82 % de crédits affectés aux dépenses de personnel,
le budget de l'enseignement scolaire est un des budgets les plus rigides de
l'Etat. Seule une action de long terme permettra donc de contenir la
progression de ses crédits dans une proportion raisonnable au regard,
certes, de nos engagements européens, mais surtout de la
compétitivité de la France, sans affecter bien entendu la
qualité de l'enseignement dispensé.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Avec
308,49 milliards de francs
de crédits, le budget de
l'enseignement scolaire est le premier budget de la Nation.
Par ailleurs, comme l'indique le tableau ci-après, la
part du
budget de l'enseignement scolaire dans le budget total de l'Etat
(charges
civiles et militaires) reste à peu près stable, après une
augmentation de 0,4 point l'année dernière. Alors qu'elle
avait été stabilisée autour de 17,6 % de 1995
à 1997, elle
atteindra 18,3 % en 2000
.
Evolution du budget de l'éducation nationale depuis 1989
Le tableau ci-dessus montre également que
le budget de l'enseignement
scolaire a augmenté de 124 milliards de francs, en francs courants,
depuis 1989.
Le tableau ci-après retrace les crédits du budget de
l'enseignement scolaire.
A. ANALYSE DES CRÉDITS PAR NATURE
1. Les dépenses ordinaires
Les
dépenses ordinaires s'élèvent à
307,82
milliards
, en hausse de 3,49 % par rapport
à 1999 : elles avaient alors cru de 4,13 %.
Plus de 82 % des dépenses ordinaires sont consacrées aux
traitements des personnels en activité, aux pensions des
retraités et aux charges sociales, soit une somme totale de
253,24 milliards de francs, en progression de 8,83 milliards de
francs.
Cette augmentation résulte :
- de l'application mécanique des différents protocoles de
revalorisation de la situation des personnels ;
- de la non-réduction d'emplois d'enseignants ;
- de la
création de 4.300 emplois gagés par des
transformations d'emplois en crédits de maîtres d'internat et
surveillants d'externat
(MI-SE)
dont :
3.300 emplois d'enseignants ou de personnels
d'éducation,
1.000 emplois de personnels non enseignants
- de la
création de 7.500 emplois nouveaux
dont :
1.000 maîtres d'internat et surveillants d'externat (MI-SE)
1.500 assistants de langue
5.000 emplois-jeunes
Enfin, si l'on inclut les dépenses de personnel des
établissements d'enseignement privé du titre IV
(34,31 milliards), ce sont 93 % des crédits du budget de
l'enseignement scolaire qui sont destinés aux personnels.
a) Les moyens des services (titre III)
Les
moyens des services
représentent 85,2 % des dépenses
ordinaires. Ils s'établissent à
262,47 milliards de
francs
, en augmentation de 3,56 %.
Ces moyens recouvrent essentiellement les dépenses de personnel en
activité (181 milliards de francs) et les dépenses de
personnel à la retraite (62,4 milliards de francs).
b) Les crédits d'intervention publique (titre IV)
Avec
45,35 milliards de francs
dans le projet de budget pour 2000,
les
crédits d'intervention publique représentent
14,70 %
du budget du ministère, soit légèrement moins qu'en 1999
(+ 14,77 %).
Plus de 87 % des crédits de ce titre sont consacrés à
l'enseignement privé
, qui, avec 39,7 milliards de francs, voit
ses dotations progresser de 3,65 % (3,06 % en 1999). Il s'agit pour
l'essentiel de crédits destinés à rémunérer
les enseignants sous contrat.
Les crédits consacrés aux
bourses et secours
d'études
progressent de 1,20 % (29 % en 1999) pour
atteindre 4,21 milliards de francs. Ils représentent 9,29 %
des crédits du titre IV.
La contribution de l'Etat aux
transports scolaires
s'accroît
légèrement (+ 1,6 %) pour s'établir à
633,84 millions de francs.
2. Les dépenses en capital
Les
dépenses en capital ne représentent qu'une
infime fraction
(0,25 %) du budget de l'enseignement scolaire
avec
671,2
millions de francs
de crédits de paiement demandés pour 2000,
soit une diminution
de
11
%
par rapport à 1999
(+ 6,06 %).
Les autorisations de programme restent quasiment stables (+ 0,2 %).
Elles s'établissent à
710 millions de francs
. Ce sont
celles du titre V qui baissent de 0,24 %, celles du titre VI (88 %
des AP) progressant de 4,11 %.
B. ANALYSE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT
Le
budget de l'enseignement scolaire se compose de quatre agrégats :
01- Administration et interventions ;
02- Enseignement primaire ;
03- Enseignement secondaire ;
04- Etablissements publics.
1. Administration et interventions
Cet agrégat regroupe, d'une part, l'ensemble des moyens de fonctionnement et d'investissement au titre de l'administration centrale et des services académiques (rectorats et inspections académiques) et, d'autre part, les dépenses mises, de par la loi, à la charge de l'Etat au titre des établissements privés sous contrat.
Les crédits alloués à cet agrégat, qui représentent près de 41 % de l'ensemble du budget de l'enseignement scolaire, s'élèvent à 128,58 milliards de francs en 2000, soit une progression de 5,37 % par rapport à 1999, après une progression de 5,21 % en 1999.
2. Enseignement primaire
Cet agrégat regroupe l'ensemble des moyens que le ministère consacre, conformément au partage des compétences entre l'Etat et les communes, à l'enseignement primaire dont relèvent essentiellement les enseignements préélémentaire, élémentaire et spécialisé.
|
Dotations 1999 |
Demandées pour 2000 |
Dotations 1999 |
Mesures acquises |
Services votés |
Mesures nouvelles |
Total pour 2000 |
Dépenses ordinaires |
|
|
|
|
|
|
|
Titre III |
|
|
57.478.776.956 |
+ .251.582.568 |
58.730.359.524 |
+ 64.993.521 |
58.895.363.045 |
Personnel |
|
|
57.056.980.430 |
+1.251.582.568 |
58.308.562.998 |
+153.755.691 |
58.462.318.689 |
Fonctionnement |
|
|
421.796.526 |
|
421.796.526 |
+44.237.830 |
433.034.356 |
Titre IV |
|
|
402.720.921 |
-620.000 |
402.100.921 |
-231.904.625 |
170.196.296 |
Totaux pour les dépenses ordinaires |
|
|
|
|
|
|
|
Dépenses en capital |
|
|
|
|
|
|
|
Titre V |
1.200.000 |
700.000 |
1.200.000 |
|
|
+700.000 |
700.000 |
Titre VI |
10.700.000 |
10.489.000 |
20.474.000 |
|
5.386.000 |
+6.489.000 |
11.875.000 |
Totaux pour les dépenses en capital |
11.900.000 |
11.189.000 |
21.674.000 |
|
5.386.000 |
+7.189.000 |
12.575.000 |
Totaux généraux |
11.900.000 |
11.189.000 |
57.903.171.877 |
+1.250.962.568 |
59.137.846.445 |
-59.722.104 |
59.078.124.341 |
Le projet de budget pour 2000 consacre 59,07 milliards de francs à l'enseignement primaire, soit 19,15 % de l'ensemble des crédits. La progression par rapport à 1999 est de 2,02 %.
3. Enseignement secondaire
Cet
agrégat regroupe l'ensemble des moyens que le ministère consacre,
conformément au partage des compétences entre l'Etat, les
départements et les régions, à l'enseignement secondaire
dont relèvent essentiellement les collèges, les lycées,
les lycées professionnels, les établissements d'enseignement
spécialisé, ainsi que les sections de techniciens
supérieurs et les classes préparatoires aux grandes écoles.
Les crédits correspondants, qui représentent 38 % des
dotations totales, s'établissent en 2000 à
119,8 milliards de
francs
, soit une
hausse
par rapport à 1999
de
2,23 %.
4. Etablissements publics
Cet
agrégat regroupe l'ensemble des moyens consacrés par le
ministère aux établissements publics placés sous sa
tutelle :
- l'Office national d'information sur les enseignements et les professions
(ONISEP) ;
- le Centre national et les centres régionaux de documentation
pédagogique (CNDP-CRDP) ;
- le Centre d'études et de recherches sur les qualifications
(CEREQ) ;
- le Centre national d'enseignement à distance (CNED) ;
- le Centre international d'études pédagogiques (CIEP).
Les dotations consacrées à cet agrégat ne représentent que 0,31 % des crédits de l'enseignement scolaire. Elles progressent légèrement en 2000, s'établissant à 968,3 millions de francs , soit + 1,5%.
II. LES PRINCIPALES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
D'une
manière générale, le Gouvernement souhaite moderniser le
système éducatif et affiche cinq objectifs :
- préparer les élèves, quel que soit le niveau
d'enseignement, aux exigences de notre temps en garantissant
l'égalité des chances pour tous ;
- développer une pédagogie innovante appuyée sur les
nouvelles technologies de l'information et de la communication ;
- ouvrir le système éducatif français à l'espace
européen et international ;
- réformer la gestion des ressources humaines ;
- améliorer la qualité du service rendu en matière
éducative.
Plus précisément, le projet de budget de l'enseignement scolaire
pour 2000 repose sur
trois priorités
.
1. L'amélioration de l'encadrement des élèves
L'augmentation des moyens consacrés à
l'éducation nationale intervient dans un contexte de
diminution
continue des effectifs scolarisés
, encore sensible en 1999 et en
2000 (respectivement -35000 et -30.000 dans le premier degré ;
-28.000 et -30.000 dans le second degré.
Dans le primaire, aucune suppression d'emplois d'enseignants n'est
prévue malgré la diminution conséquente depuis une dizaine
d'années du nombre d'élèves scolarisés (-300.000).
Dans le secondaire, 3.300 emplois d'enseignants ou de personnels
d'éducation (conseillers principaux d'éducation, conseillers
d'orientation psychologues) sont créés, comme l'an dernier. Le
mouvement de titularisation des maîtres auxiliaires se poursuit.
Le projet de budget prévoit d'autre part la création de 1.000
emplois non enseignants.
Au total, le projet de budget prévoit la
création de 4.300
emplois
gagés par des transformations d'emplois en crédits de
MI/SE, auxquels s'ajoutent l'ouverture de moyens nouveaux pour un
total de
7.500 emplois dont 5.000 emplois-jeunes.
2. La lutte contre l'exclusion sociale
Le
projet de budget poursuit la mise en oeuvre du plan de lutte contre la
violence, du plan de relance de la santé scolaire ainsi que la
réforme du système des bourses et la refonte de la carte des ZEP.
D'autre part sont mises en place deux nouvelles actions, le plan national
d'action pour l'emploi et le programme " nouvelles chances ".
Le plan de lutte contre la violence est poursuivi à travers plusieurs
mesures prises à la suite du dernier conseil de sécurité
intérieure : recrutement de 5.000 emplois-jeunes
supplémentaires, affectation d'une partie des 1.000 MI/SE
supplémentaires, programme de partition de 16 collèges de plus de
1.000 élèves réalisé grâce à des
crédits en provenance du budget des charges communes et auquel une
partie des emplois nouveaux sera affectée.
Le plan de relance pour la médecine scolaire annoncé en janvier
1998 est également poursuivi avec notamment la création de 150
postes de personnels médico-sociaux.
La refonte du système des bourses de collège et de lycée,
effectuée en 1999, est complétée par une mesure nouvelle
consistant à majorer de 5.000 francs le montant des bourses de
lycée pour les élèves de famille modeste qui entrent en
seconde et qui ont eu de très bons résultats scolaires en
troisième. Cette mesure concernera 5.000 élèves de seconde
à la rentrée 2000
Enfin, la refonte de la carte des ZEP fait l'objet de crédits
indemnitaires supplémentaires.
Parallèlement à la poursuite de ces actions, le projet de budget
pour 2000 permet la mise en oeuvre par le ministère du plan national
d'action pour l'emploi :
- 122 millions de francs de crédits sont ouverts pour transformer 10.000
CES en 10.000 CEC afin de résoudre la situation fragile de certains
publics prioritaires ;
- les crédits destinés à l'accueil des jeunes sortis sans
qualification du système scolaire sont augmentés de 3 millions de
francs afin de lancer le programme " nouvelles chances ".
3. La modernisation du système éducatif
Une
mesure nouvelle de 15 millions de francs permet d'achever la
généralisation de l'enseignement des langues vivantes dans le CM2
et de poursuivre son extension dans le CM1.
Dans le second degré, le projet de budget 2000 permet l'entrée en
vigueur de la réforme des collèges dès l'année
scolaire 1999/2000. Les crédits d'heures supplémentaires sont
abondés de 240 millions de francs afin de financer l'aide
personnalisée aux élèves en difficulté en
6
è
et en 5
è
.
Le projet de budget 2000 prévoit également la mise en place de la
réforme des lycées. Parallèlement à l'entrée
en vigueur des nouveaux programmes, une mesure nouvelle de 20 millions de
francs dégage les moyens nécessaires, en complément des
redéploiements effectués en gestion et des financements en
provenance du ministère de la culture, pour la création
d'ateliers artistiques dans tous les lycées. L'enseignement des langues
vivantes sera amélioré grâce au recrutement au
1
er
septembre 2000 de 1.500 assistants de langues
supplémentaires, pour un montant de 32 millions de francs. En outre les
crédits d'heures supplémentaires sont abondés de 53
millions de francs afin de faciliter la mise en oeuvre de l'aide
individualisée aux élèves en classe de seconde.
Enfin, des moyens importants sont consacrés à la modernisation de
l'administration de l'éducation nationale et de ses services
déconcentrés. Parallèlement à la poursuite du plan
de développement des nouvelles technologies à l'école, qui
fait encore l'objet cette année de deux mesures nouvelles de 7,5
millions de francs en crédits de paiement et de 50 millions de francs en
autorisations de programme, une mesure nouvelle de 52 millions de francs est
prévue pour développer l'informatique de gestion du
ministère, et les crédits nécessaires au recrutement de 9
informaticiens de haut niveau supplémentaires sont
dégagés : ces dispositions permettront d'améliorer la
gestion des personnels de l'éducation nationale.
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
Votre
rapporteur spécial souhaite formuler
six observations
sur le
budget de l'enseignement scolaire pour 2000.
Votre rapporteur spécial estime que
le budget de l'enseignement
scolaire ne peut échapper
, au même titre que les autres
budgets,
à un effort de
maîtrise des dépenses
publiques.
Or, le projet de budget pour 2000 conforte l'argument - contestable - selon
lequel la priorité accordée à l'éducation nationale
doit nécessairement se traduire par une augmentation des crédits.
En outre, comme il a été rappelé
précédemment, l'essentiel des dotations budgétaires est
consacré aux dépenses de personnel.
Le projet de budget prévoit de nouvelles créations d'emplois,
alors que la décroissance des effectifs d'élèves, par son
ampleur et son inscription dans la durée, revêt un
caractère structurel.
Il est impossible d'affirmer que l'effort
consenti en faveur de l'éducation nationale depuis plusieurs
années n'a été que relatif, aucun autre département
ministériel n'ayant connu une évolution aussi favorable
(augmentation des crédits en francs courants de plus de 55 % depuis
1989). Il semble dès lors
qu'une gestion des moyens
inadéquate, plus qu'une pénurie d'emplois, explique les
dysfonctionnements
constatés.
Ce constat semble
corroboré par deux éléments. D'une part, les études
comparatives internationales indiquent que les pays les mieux classés
pour les performances scolaires de leurs élèves ne sont pas ceux
qui dépensent le plus. D'autre part,
les manifestations actuelles de
lycéens tendent à prouver que c'est bien la gestion qui est en
cause
, et non les moyens, puisque ceux-ci augmentent sans que diminue le
mécontentement des lycéens.
Ce constat a été confirmé par les travaux de la
commission d'enquête créée par la Haute Assemblée et
portant sur la situation et la gestion des personnels de l'éducation
nationale
. Celle-ci évoquait la dérive budgétaire du
budget de l'éducation nationale, constatant que la décroissance
démographique n'avait pas d'incidences budgétaires.
En témoigne par exemple la création annoncée de
5.000 postes d'aides-éducateurs
supplémentaires
, qui viendront s'ajouter aux 60.000
déjà existants dans l'éducation nationale. Cette mesure
risque de contribuer à accroître la rigidité du budget et
à engager les finances de l'Etat sur une période beaucoup plus
longue que prévue, étant donné les incertitudes qui
pèsent sur l'avenir des jeunes ainsi recrutés à l'issue de
leur contrat de cinq ans. Les pressions exercées en faveur de leur
titularisation dans les différents corps de fonctionnaires de
l'éducation nationale seront probablement fortes.
Il faut encore voir dans cette décision le recours,
irréfléchi en termes financiers, à la logique
quantitative
.
Au total, le coût des 65.000
aides-éducateurs, pour le seul budget de l'enseignement scolaire,
s'élève en 2000 à 1.078 millions de francs.
Votre rapporteur spécial juge
inquiétante
pour son
impact sur les finances publiques
la mesure concernant
l'accélération de l'intégration des
instituteurs
dans le corps des professeurs des écoles.
Pour chacune des années 1990 à 1994, il a été
procédé à 12.000 transformations d'emplois
d'instituteurs en emplois de professeurs des écoles, en application du
plan de revalorisation de la fonction enseignante et du protocole Durafour. En
1995, les transformations d'emplois se sont élevées à
14.619. En 1996, 14.641 emplois ont été transformés,
14.851 en 1997 et 14.850 en 1998.
Le relevé de conclusions relatif à l'enseignement primaire,
signé le 10 juillet 1998, a prévu l'accélération,
à compter de septembre 1999, du rythme d'intégration des
instituteurs dans le corps des professeurs des écoles, celle-ci devant
s'achèvera en 2007. Le projet de loi de finances pour 2000 propose,
comme en 1999, de transformer 20.735 emplois d'instituteurs en emplois de
professeurs des écoles.
Cette accélération conduit à inscrire
238,2 millions de
francs dans le projet de loi de finances
au titre de la poursuite du plan
d'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des
écoles,
soit 134,4 millions de francs supplémentaires par
rapport à 1998
, alors que le rythme d'intégration
était alors soutenu (14.500).
Si cette mesure ne parait pas illégitime au regard de
l'équité son impact sur les finances publiques doit être
clairement mesuré.
Votre rapporteur spécial approuve certaines
mesures visant
à rationaliser la gestion des moyens et des personnels.
Ainsi,
la déconcentration des affectations de personnels
devrait
introduire davantage de souplesse dans le système de mutation des
enseignants, le mouvement national s'étant traduit par une
inadéquation entre les souhaits émis par les enseignants et les
besoins exprimés par les établissements.
Votre rapporteur spécial déplore les tergiversations de la
politique gouvernementale concernant les
heures supplémentaires.
Il est certes indispensables de conserver un volant suffisant d'heures
supplémentaires dans la mesure où elles constituent un
élément de souplesse nécessaire à l'organisation
pédagogique des établissements. Néanmoins, la
décroissance des effectifs scolaires incite à la rigueur,
d'autant plus que le contingent d'un certain nombre d'heures
supplémentaires pouvait sembler supérieur aux besoins.
La dotation initiale du chapitre 31-95 " Heures supplémentaires
d'enseignement " s'élevait à 5.665,2 millions de francs en
1998 mais les dépenses ont représenté 5.308 millions de
francs, compte tenu d'une révision des taux des heures
supplémentaires à compter de la rentrée scolaire 1998
évaluée à -207 millions de francs.
Un
décret du 30 juillet 1998
a en effet modifié le mode de
calcul de la rémunération des personnels enseignants du second
degré sous forme d'heures supplémentaires. Ce décret, qui
a pris effet le 1
er
septembre 1998, tend à privilégier
les heures effectivement réalisées. Ainsi, la
rémunération des HSA est calculée sur la base de la
durée de l'année scolaire, soit 36 semaines au lieu de 40
semaines, alors que la rémunération des heures
supplémentaires effectives (HSE) est majorée de 6 %.
Cette décision a prouvé qu'il existait des gisements
d'économies dans le budget de l'enseignement scolaire
, ces
révisions du mode de calcul s'étant traduites par une
économie de 621 millions de francs.
Or, dans le décret 17 septembre 1999, le gouvernement, cédant
à des pressions syndicales, est partiellement revenu sur cette
réforme en accordant une majoration du taux de 20 % de la
première heure supplémentaire année (HSA) excédant
les maxima des services réglementaires.
Par conséquent, la dotation dans le budget 2000 des heures
supplémentaires est réévaluée à 5.673
millions de francs.
Votre rapporteur spécial rappelle l'importance de
l'équipement informatique et des infrastructures de communication des
établissements, qui s'inscrivent dans le cadre d'un
plan triennal de
développement de l'information et de la communication dans
l'enseignement
.
Il insiste sur la mise à niveau des parcs de matériel :
tous les ordinateurs devraient être multimédias et
communicants.
Le ministère a réalisé une application nationale en ligne
qui permettra à partir d'octobre 1999, d'actualiser deux fois par an
tous les chiffres concernant l'état des parcs informatiques, des
réseaux internes et des connexions à internet des écoles,
collèges et lycées. Ces résultats serviront de base
à la construction de tableaux de bord, indispensables pour le suivi du
développement des équipements.
La connexion à internet doit être développée
.
Les écoles primaires sont très inégalement
connectées : 14,5 % des écoles en juin 1999 disposent d'une
connexion internet.
D'après le gouvernement, plus de la moitié des écoles
accéderont à l'internet à la rentrée 2000.
Dans les lycées et les collèges la réalisation des
connexions à internet est plus avancée et progresse plus
régulièrement. D'après le gouvernement, elle devrait
être achevée pour la fin de l'an 2000. Actuellement 85 % des
lycées et 53 % des collèges sont connectés à
l'internet.
Toutefois, dans de nombreux cas, l'accès à l'internet à
l'intérieur des établissements reste encore limité
à quelques postes (CDI...).
Les modalités de financement ont été
clarifiées
. Un dispositif d'aide aux collectivités locales,
le fonds de soutien de 500 millions de francs, est opérationnel depuis
le début du mois de novembre 1998 et est ouvert jusqu'au 31
décembre 2000 pour des prêts dont la durée est
limitée à douze ans. Une répartition du fond entre les
académies a été effectuée. L'attribution des
prêts se fait en fonction de trois critères : la
qualité pédagogique des projets, le caractère sensible des
établissements, la situation financière de la collectivité
locale.
Votre rapporteur regrette toutefois que le fonds ne soit doté que de
500 millions de francs
alors que le financement de l'achat du
matériel, du raccordement des écoles à internet et
surtout, du budget de fonctionnement est évalué à
15
milliards de francs
, les collectivités locales devant fournir
l'essentiel de l'effort financier.
Votre rapporteur spécial regrette que la réforme de
lycées ne soit pas réalisée à moyens constants
.
La réforme des lycées s'appliquera à partir de la
rentrée 1999 en classe de seconde. Les textes réglementaires
concernant l'organisation et les horaires des classes de seconde,
première et terminale ont été fixés par deux
arrêtés du 18 mars 1999, qui prévoient une application de
la réforme dans ces trois classes respectivement à compter des
rentrées 1999, 2000, 2001.
L'organisation de la classe de seconde est guidée par les principes
suivants :
- le choix ouvert de la série menant au baccalauréat ;
- la réduction des horaires d'enseignement, la moyenne horaire se
situant atour de 27 heures par semaine ;
- la mise en place d'un dispositif d'accompagnement ;
- l'introduction de nouveaux enseignements, notamment un enseignement
d'éducation civique, juridique et social.
Cette réforme aurait pu être effectuée à moyens
constants par redéploiement de crédits
. Or, trois mesures
nouvelles affectent le projet de budget 2000 :
-une dotation d'heures supplémentaires, pour un montant de
52,78 millions de francs, pour financer une aide individualisée de
2 heures par semaine réservée aux élèves en
difficulté ;
- le recrutement de 1500 assistants, financé par une mesure de
32,58 millions de francs ;
- la mise en place d'ateliers artistiques pour un montant de 20 millions
de francs.
Il semble aujourd'hui plus que nécessaire de tirer les
conséquences des travaux de la commission d'enquête sur la
situation et les modalités de la gestion des personnels de
l'éducation nationale
II - ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Rapporteur
spécial : M. Jean-Philippe LACHENAUD
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2000 s'élève à 52.462,9 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 2,63 % par rapport à 1999. La croissance du budget de l'enseignement supérieur est moindre qu'en 1999 (5,5 %) mais supérieure à celle de l'ensemble des budgets civils de l'Etat (+ 0,9 %).
Les
moyens des services (titre III)
passent de 36.743,2 millions de francs
en 1999 à
37.846,6 millions pour 2000
, soit une
hausse de
3 %
(+ 4 % en 1999).
Les crédits d'intervention (titre IV)
connaissent une hausse
sensible, passant de 8.709,9 millions de francs à
9.207,7 millions
, soit une
progression de 5,65 %
, un
peu moins forte que l'an dernier (+8,27 %).
L'ensemble des dépenses ordinaires atteint ainsi
47.054,3 millions de francs, en progression de 3,51 % par rapport
à 1999.
Avec
5.408,5 millions de francs
de crédits de paiement
inscrits pour 2000,
les dépenses en capital
diminuent
sensiblement
(-4,48 %)
, après une croissance assez vive en
1999 (+11,24 %). Cette diminution globale recouvre toutefois une
évolution différenciée des titres V et VI
: le
titre V
voit ses crédits passer de 877,65 millions de
francs en 1999 à
460 millions en 2000 (soit -47,58 %),
tandis que ceux du
titre VI
croissent de
3,41 %
,
s'établissant à
4.948,5 millions de francs
en 2000
contre 4.782,9 millions dans le budget précédent.
En revanche,
les autorisations de programme
progressent sensiblement
(+17 %)
, passant de 5.025,7 millions de francs en 1999
à
5.901 millions en 2000
. Elles avaient à peine
augmenté en 1999 (+ 1,9 %).
Le tableau ci-après fait apparaître que
la part du budget
de
l'enseignement supérieur dans le budget de l'Etat ne cesse de
s'accroître
, de 3,03 % en 1999, elle devrait être de
3,16 %
en 2000
.
Les crédits consacrés à l'enseignement supérieur
représentaient 14,65 % du budget de l'éducation nationale en
1999. En 2000, cette part devrait être stable (14,53 %).
Enfin le budget de l'enseignement supérieur a représenté
0,58 % du PIB en 1999. Ce pourcentage devrait légèrement
diminuer en 2000 (0,57 % du PIB).
(1) Compte tenu du changement de
périmètre 2000.
II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT
Le
budget de l'enseignement supérieur est composé de trois
agrégats :
01 - Enseignement supérieur ;
02 - Action sociale ;
03 - Recherche.
A. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Cet agrégat regroupe l'ensemble des moyens en personnels et ceux consacrés au fonctionnement et à l'investissement dans les établissements d'enseignement supérieur.
Les
crédits de l'agrégat "enseignement supérieur"
s'établissent à
40.341,7 millions de francs en
2000
, contre 39.787,5 millions en 1999, soit une
progression de
1,39 %
(après 5,04 % en 1999).
Les dotations, qui représentent
76,89 % du budget de
l'enseignement
supérieur
, couvrent :
- les crédits des personnels non enseignants et enseignants
chercheurs (y compris les primes d'encadrement doctoral) ainsi que les
indemnités et prestations sociales, qui s'élèvent à
30.280,2 millions de francs en 2000, en progression de 3,10 % ;
- les moyens de fonctionnement des services qui s'établissent
à 6.909,3 millions de francs, en hausse de 5,37 %
(après + 9,92 % en 1999) ;
- les dépenses d'intervention : avec 249,4 millions de francs,
elles progressent de 1,5 % après une progression de 12,5 % en
1999 ;
- les dépenses d'investissement s'élèvent à
3.551,5 millions de francs, soit une diminution de 3,5 % (+19,1
% en 1999), dans les domaines suivants :
•
constructions immobilières et équipements
immobiliers et pédagogiques (1.679,5 millions de francs) ;
•
maintenance des bâtiments (1.872 millions de
francs).
B. ACTION SOCIALE
Composé exclusivement de dépenses ordinaires,
cet
agrégat connaît
une nette progression
: passant de
8.903 millions de francs à
9.614 millions
de
francs
, les crédits alloués à l'action sociale
croissent de
8 %
en 2000 après une progression
équivalente en 1999 (+ 8,21 %).
L'agrégat regroupe :
- les moyens de fonctionnement (y compris les rémunérations
des personnels) du centre national des oeuvres universitaires et scolaires
(CNOUS), des vingt-huit centres régionaux (CROUS), de la Cité
internationale universitaire de Paris, et de l'Observatoire de la vie
étudiante, soit 656,4 millions de francs en 2000 (+2,76 %
après + 4,41 % en 1999) ;
- les crédits des bourses et secours d'études, qui
s'élèvent à 7.853,6 millions de francs, soit une
progression de 9,40 % par rapport à l'année
précédente (+ 8,96 %) ;
- les crédits de fonctionnement réservés aux oeuvres
sociales, qui augmentent de 2 %, à 1.104,7 millions de francs
après une progression de 3,9 % en 1999.
L'ensemble des crédits consacrés à l'action sociale en
faveur des étudiants est passé de 6.234 millions soit une
augmentation de
42 % en six ans.
Les grands indicateurs de moyens sont les suivants :
- 466 restaurants universitaires ; 184.500 places dans ces
restaurants ; 63 millions de repas servis (67 millions dans les
restaurants gérés et 11 millions dans les restaurants
agréés) ; le prix du ticket restaurant est de
14,50 francs au 1
er
janvier 1999 ;
- 480 résidences universitaires ;
150.000 étudiants logés ; la redevance moyenne est de
710 francs par mois.
L'agrégat "action sociale" représente
18,32 % du budget
de
l'enseignement supérieur en 2000
, soit un peu plus qu'en
1999 (17,42 %).
Cette progression résulte essentiellement de la mise en place du plan
social étudiant
. Le chapitre 43-71 "Bourses et secours
d'études" est notamment abondé de
675,1 millions de
francs
: 223 millions résultent de la majoration des
crédits de bourse à la rentrée universitaire 2000 ;
452,1 millions de francs serviront à financer l'incidence des
mesures en matière de bourses et secours d'études prévues
en fraction d'année dans le budget de l'année
précédente.
Les effectifs d'étudiants boursiers sont les suivants :
Effectifs |
1996/1997 |
1997/1998 |
1998/1999 |
Boursiers sur critères sociaux
|
353.547
|
351.920
13.255 |
361.312
|
TOTAL |
387.498 |
395.187 |
410.367 |
C. RECHERCHE
Cet agrégat regroupe l'ensemble des actions en faveur de la recherche universitaire, dans les établissements relevant du ministère chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Les
crédits consacrés à cette action sont portés de
2.430,5 millions de francs à
2.506,3 millions
, soit une
augmentation de 3,11 %
après + 2,91 % en 1999.
Ces dotations couvrent :
- les crédits des personnels non enseignants, des enseignants
chercheurs, ainsi que les indemnités et prestations sociales, qui
s'élèvent à 276,03 millions de francs
(+ 0,3 %) ;
- les subventions de fonctionnement accordées aux
établissements pour 208 millions de francs :
- les moyens de fonctionnement : 17,4 millions de francs ;
- les dépenses d'investissement pour 1.857 millions de francs,
en diminution de 6 % par rapport à 1999
- la maintenance des bâtiments : 145 millions.
III. LES PRIORITÉS DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2000 est construit autour de trois priorités.
1. La poursuite de la mise en oeuvre du plan social étudiant
Le plan
social étudiant vise à créer les conditions d'une
meilleure reconnaissance de la place des étudiants dans la
société, à leur apporter les bases d'une plus grande
indépendance matérielle et morale, tout en leur permettant
d'être mieux responsabilisés dans la conduite des politiques et
des institutions de la vie étudiante.
L'élément essentiel de ce plan est l'extension et la refonte
du dispositif d'aides directes. L'objectif est d'augmenter les aides directes
pour accorder un soutien à 30 % des étudiants, sur les
1,7 millions dépendant du ministère chargé de
l'enseignement supérieur, et d'augmenter de 15 % le niveau moyen
des aides.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit sur le chapitre des
bourses
677 millions de francs supplémentaires,
dont
225 millions de francs au titre des mesures applicables à la
rentrée 2000
:
- une hausse des taux des différentes aides (+ 4,2 % en moyenne)
- une augmentation de près de 36.000 du nombre d'étudiants
aidés
grâce au
relèvement des plafonds du
1
er
échelon de 8 %
, à la
mise en place des
commissions d'allocations d'étude
visant à aider des
étudiants dont la situation au regard du droit à bourse vient
à changer brutalement, à la création de
bourses
" à taux zéro "
(aide financière sous forme
d'exonération des droits d'inscription et de sécurité
sociale), et à la
création de 200 bourses de mérite
supplémentaires
.
Depuis 1998, le chapitre des bourses a connu une augmentation de 1.283 millions
de francs, soit près de 20 %.
Le plan social étudiant comporte d'autres mesures.
La participation des étudiants au processus de décision et
d'exercice de la citoyenneté est encouragée
. Ainsi, la mise
en place, à titre expérimental à la rentrée
universitaire 1997, de vice-présidences étudiantes dans les
conseils d'administration de certains CROUS, la réactivation des
instances telles que la section permanente ou le conseil de vie en
résidence se sont étendues actuellement dans une majorité
de CROUS. Ces expériences sont généralisées
à l'ensemble des CROUS à la rentrée 1999.
Les moyens attribués aux oeuvres universitaires progressent
grâce à une majoration de 35,6 millions de francs de leur
subvention de fonctionnement.
L'accroissement des capacités d'hébergement et de restauration se
poursuit depuis cinq ans
. A la rentrée 1999, environ 1000 logements
supplémentaires doivent être mis en service.
La carte de transport étudiante
, mise en place en 1998, et qui
bénéficie à 197 000 étudiants, permet à
ceux-ci de se déplacer avec 40 % de réduction par rapport au
tarif actuel (tarif carte orange).
Pour la rentrée 1999, aucune
augmentation de prix n'est appliquée sur ce titre.
2. La première année de mise en oeuvre du plan U3M
Le plan
Université du troisième millénaire (U3M) vise à
prolonger les efforts accomplis dans le cadre du plan Université 2000,
qui s'est déroulé sur la période 1991-1999. Il s'inscrit
toutefois dans un contexte démographique différent, puisque les
effectifs d'étudiants ne cessent de décroître.
Il a pour ambition d'améliorer la qualité des locaux existants,
de faciliter les conditions de travail et de vie des étudiants, de
favoriser l'intégration de l'université dans la ville, d'inciter
à la constitution de véritables réseaux universitaires
grâce à l'utilisation des nouvelles technologies de l'information,
d'assurer enfin le renouvellement d'équipements obsolètes.
Il regroupe, d'une part, un certain nombre d'opérations qui ont vocation
à être intégrées dans les contrats de plan
Etat-région 2000-2006 et, d'autre part, des opérations qui se
situent en dehors des CPER .
Pour l'enseignement supérieur,
l'ensemble du plan U3M
représentera plus de 38 milliards de francs en autorisations de
programme
dont, sur le budget de l'enseignement supérieur,
14
milliards de francs au titre de la part Etat des contrats de plan et 7,5
milliards au titre de la sécurité et des grands travaux.
Les crédits d'investissement inscrits dans le projet de budget 2000
s'élèvent à près de 4 milliards de francs en
autorisations de programme, soit une progression de 28 % par rapport à
l'exercice précédent.
Au sein de ces dotations, 600 millions de francs en autorisations de programme
sont affectés au désamiantage du campus de Jussieu, afin
d'accompagner la montée en charge du chantier.
Les crédits d'investissement permettront d'autre part de mener, à
hauteur de 1,98 milliards de francs, des opérations de construction et
de réhabilitation dans le cadre de la future génération
des contrats de plan Etat-régions. Ils seront également
destinés au lancement de nouveaux projets comme la rénovation du
Muséum national d'Histoire naturelle et l'ouverture, en 2004, du
Musée du quai Branly, pour lequel 85 millions de francs sont inscrits
dans le projet de budget.
3. Les moyens de fonctionnement
En ce
qui concerne les personnels
, il est prévu à la rentrée
2000,
800 créations d'emplois
enseignants (35 % de professeurs
d'université et 65 % de maîtres de conférences).
Par ailleurs, l'ouverture de crédits permettant de recruter
400 ATER sur le chapitre 31-96 a pour conséquence de libérer
400 emplois d'enseignants-chercheurs
qui seront offerts au
recrutement.
En outre,
500 emplois d'IATOS
sont ouverts à la rentrée
2000 (dont 80 pour les bibliothèques, 16 emplois pour le CNOUS et 13
emplois pour le Musée des arts et métiers).
Le
taux d'encadrement des étudiants
progresse pour
s'établir à
18,89 étudiants par enseignant en 2000
,
contre 19,27 en 1999.
S'agissant des établissements d'enseignement supérieur, la
progression du budget de fonctionnement permet d'assurer :
- le rattrapage des crédits de fonctionnement des établissements
et le respect des engagements contractuels
(+ 120 millions de francs
);
- la poursuite de l'effort spécifique pour les nouvelles technologies
(+ 20 millions de francs);
- une progression des crédits consacrés aux bibliothèques
(
+15 millions de francs),
qui connaissent désormais une
affectation plus large, afin de développer les services documentaires
des IUFM;
- l'ouverture à compter du 1
er
janvier 2000 du musée
des arts et Métiers
(5 millions de francs)
- le fonctionnement de l'établissement public du campus de Jussieu
(+
4 millions de francs)
- le fonctionnement d'Edufrance
(+ 5 millions de francs)
IV. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Votre
rapporteur spécial est amené à formuler
cinq
observations
sur le projet de budget de l'enseignement supérieur
pour 2000.
Il estime que
la maîtrise globale de la croissance des
dépenses de
fonctionnement est un impératif majeur qui
s'impose à tous les budgets, y
compris à celui de
l'enseignement supérieur.
Dans cet esprit, il regrette
l'augmentation de 3,51 % des dépenses ordinaires.
Les
dépenses en personnel
augmentent trop fortement
: les
rémunérations croissent de 3,24 %. Or il paraît tout
à fait
légitime de s'interroger sur la pertinence de
créations d'emplois dans un contexte marqué par un reflux du
nombre d'étudiants (- 1,14 % en 1998-99 par rapport à 1997-98;
-0,53 % en 1999-2000 d'après les estimations).
Il déplore en particulier le recrutement de 200 jeunes docteurs dans les
IUFM par le biais des emplois-jeunes, ainsi détournés de leur
finalité première qui est de répondre à des besoins
nouveaux ou non satisfaits.
La prise de conscience de la nécessité d'améliorer le mode
de gestion des heures complémentaires s'effectue trop lentement. Il en
résulte des
évolutions contradictoires
comme d'un
côté, la diminution de 6 % des heures complémentaires
payées sur le budget des établissements, et de l'autre, une
augmentation des heures payées sur emplois vacants de 24 %.
D'une manière générale, votre rapporteur regrette
l'absence d'une politique globale de redéploiement des crédits
qui permettrait de réformer l'enseignement supérieur à
moyens constants.
Votre rapporteur spécial relève les
ambiguïtés et les retards des réformes menées dans
l'enseignement supérieur
.
La réforme universitaire, définie par l'arrêté du
9 avril 1997
relatif au DEUG, à la licence et à la
maîtrise
est en cours de réalisation
. L'ensemble des
universités devrait appliquer l'intégralité des
dispositions de l'arrêté du 9 avril 1997 à la
rentrée 1999.
Le comité de suivi de la réforme s'est réuni cinq fois
durant l'année universitaire 1998/1999. Il a mis en lumière un
certain nombre de dysfonctionnements ou de difficultés.
Votre rapporteur déplore que
l'ambiguïté des textes
ait souvent retardé leur application.
Le système d'orientation-réorientation ne fonctionne pas de
façon satisfaisante
, comme en témoigne la rareté des
réorientations durant l'année universitaire 1997/1998. Trop
complexe, la procédure ne s'est pas développée.
Le bilan du tutorat apparaît également mitigé
. Il
est actuellement mis en place en première année de DEUG dans
l'ensemble des disciplines générales de l'université,
à l'exception des formations de santé. Une enquête de
terrain réalisé par le ministère a
révélé des difficultés de mise en oeuvre, notamment
avec les étudiants en situation d'échec.
D'autres dispositifs
apparaissent plus adaptés pour ces élèves : cours de
soutien, remises à niveau et aménagements d'études
.
Dans la pratique, les universités ne maîtrisent pas leur
dispositif de tutorat.
Votre rapporteur reste attentif aux évolutions liées au
processus d'harmonisation européenne.
La création d'un espace européen de l'enseignement suppose la
mise en place d'une architecture commune de référence pour les
formations et les diplômes européens.
Votre rapporteur approuve donc le projet de décret relatif à
la création du nouveau grade à bac+5, le mastaire
, qui a
reçu un accueil favorable du CNESER auquel il a été soumis
le 21 juin 1999. Ce grade se situe entre la licence et le doctorat : il
rendra plus lisible le cursus post-licence au niveau international.
Il déplore en revanche
les insuffisances de la procédure
d'évaluation des enseignements et de la formation
.
S'agissant des
écoles de commerce
, le récent rapport de
l'inspection des finances sur les chambres de commerce et d'industrie (mai
1999) met l'accent sur
la nécessité d'une rationalisation de
l'offre
.
Par ailleurs, la dimension européenne dans les formations n'est pas
suffisamment prise en compte, comme en témoigne les
insuffisances du
dispositif d'accueil des étudiants étrangers en France
relevées dans le récent rapport de l'Assemblée
nationale
61(
*
)
.
Enfin, l'objectif de lisibilité de notre système d'enseignement
supérieur ne peut se satisfaire de
la création
, à
côté des formations technologiques courtes comme le BTS ou le DUT,
d'une licence professionnelle. L'offre d'enseignement professionnel
n'apparaît pas cohérente
.
Votre rapporteur approuve les premières orientations du plan U3M mais
restera attentif au développement de ce programme, notamment en ce qui
concerne
la restructuration de Jussieu-Censier après mise en
sécurité
.
Le chantier de désamiantage et de mise en sécurité du
campus de Jussieu a démarré en juin 1998. La première
phase de travaux concerne les huit barres qui abritent l'ensemble des
laboratoires de recherche. Le traitement de la première barre s'est
achevé à la fin juin 1999.
Au vu des premiers bilans de l'opération de désamiantage de la
barre prototype, il apparaît que les délais sont plus longs que
ceux qui avaient été initialement prévus. Le rythme de
désamiantage de quatre barres tous les six mois semble difficile
à tenir.
Au rythme envisagé initialement, la durée globale du chantier a
été estimée à six années, ce qui porte
l'achèvement des travaux à 2003. Le ministère estime qu'il
serait possible de revenir au calendrier initial en augmentant le nombre de
barres traitées simultanément. La principale difficulté
réside dans les capacités de relogement des activités
durant la période des travaux.
Votre rapporteur souhaiterait avoir des informations plus précises
sur les solutions envisagées par le gouvernement pour résoudre
cet important problème.
Les conditions ne semblent pas réunies pour permettre le respect du
calendrier dans des conditions satisfaisantes.
Votre rapporteur spécial estime que
l'orientation prise par le
plan
social étudiant est positive.
En effet, ce projet permet
de corriger les iniquités relevées par le rapport de M. Bernard
Cieutat sur l'effort de la Nation en direction des étudiants - effort
évalué à 26,6 milliards de francs en 1996 - tout en
ne mettant pas en place un statut spécifique aux étudiants,
avec les
implications que comporterait un éventuel statut.
Le relèvement des plafonds de revenus ouvrant droit aux bourses ainsi
que la revalorisation des taux devraient permettre de corriger les effets
pénalisants, pour les classes moyennes, du système actuel. En
outre, l'allocation de logement social (ALS), à laquelle les
étudiants et leurs familles sont très attachés, est
préservée.
Votre rapporteur relève le caractère inégal de
l'effort financier en faveur des bibliothèques universitaires dans le
projet de budget pour 2000.
Dans un rapport d'information sur les bibliothèques
universitaires
62(
*
)
, votre rapporteur insistait
sur la nécessité de poursuivre un effort soutenu afin
d'améliorer les conditions d'accueil des bibliothèques
universitaires. Cet effort devait porter à la fois sur
l'équipement des bibliothèques universitaires et sur les moyens
humains dont elles disposent. Alors qu'un effort important a
déjà été accompli en faveur des
bibliothèques universitaires, celles-ci sont effet confrontées,
aujourd'hui, à un nouveau défi : celui de leur
intégration dans la société de l'information.
Or,
si le projet de budget pour 2000 prend effectivement en compte la
nécessaire amélioration de l'équipement des
bibliothèques universitaires
, en majorant de 15 millions de francs
leurs moyens de fonctionnement,
l'effort en matière de personnels
connaît un net ralentissement
,
avec seulement 80 créations
d'emplois
en faveur des
bibliothèques universitaires dans le
projet de budget pour 2000, contre 150 l'an dernier.
Cette évolution
est tout à fait contraire aux orientations préconisées
dans le rapport d'information précité.
D'autre part,
votre rapporteur exprime une inquiétude quant à
la part qui sera affectée au financement des extensions et
rénovations de bibliothèques dans me cadre du plan
U3M.
III - RECHERCHE ET TECHNOLOGIE
Rapporteur
spécial : M. René
TRÉGOUËT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A. LE BCRD
Le BCRD
(Budget civil de recherche et de développement technologique) est
préparé et son exécution coordonnée par la
Direction de la Recherche du ministère de l'éducation nationale,
de la recherche et de la technologie. Ce dernier exerce, de ce fait, des
prérogatives à caractère interministériel puisque
de nombreux autres ministères contribuent aussi au financement de la
recherche publique française.
Le tableau suivant montre que le total des dépenses concernées,
récapitulées dans une annexe jaune à la loi de
finances
63(
*
)
, doit passer en 2000 de 53,9
à 54,6 milliards de francs, soit une progression de 1,3 %,
à peine supérieure à celle de l'ensemble des
dépenses civiles de l'Etat (+1,2 %).
B. LE BUDGET DE LA RECHERCHE
1. Evolution globale
Dans cet
ensemble, la dotation consacrée à la recherche et à la
technologie par le ministère de M. Claude Allègre recule de
0,4 %, pour le total des dépenses ordinaires et des crédits
de paiement (de 40 milliards à 39,86 milliards de francs).
A structure constante, cependant, c'est-à-dire sans tenir compte d'un
transfert au budget de la dépense de certaines dépenses spatiales
(600 millions de francs), le budget de la recherche progresse de
1,1 % (soit moins que la moyenne des budgets civils). Les AP, elles,
croissent de 3,6 %.
Le " bleu " de la recherche et de la technologie distingue, au sein
de ce budget, les trois agrégats suivants :
Dans le tableau ci-après qui détaille l'évaluation des dépenses par organismes subventionnés et postes d'intervention, l'agrégat 01 correspond à la subdivision " crédits d'intervention ", l'agrégat 02 aux établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) ou industriel et commercial (EPIC), enfin, l'agrégat 03, aux fondations et groupements d'intérêt public.
Les dotations les plus importantes vont :
- au CNRS (centre national de la recherche scientifique) |
14,1 Mds F |
35,4 % |
- au CNES (centre national d'études spatiales) |
7,53 Mds F 64( * ) |
18,8 % |
|
21,6 Mds F |
54,2 % |
A eux
seuls, ces deux organismes mobilisent plus de 20 milliards, soit plus de
la moitié du budget de la recherche.
Quatre autres bénéficient de subventions supérieures
à 1 milliard, dont deux reçoivent plus de 3 milliards
de francs :
- l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) 3,5 Mds F
- le CEA (Commissariat à l'énergie atomique) 3,4 Mds
F
65(
*
)
- l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche
médicale) 2,7 Mds F
- l'IRD (Institut de recherche pour le développement) ex. ORSTOM
1,06 Md F
Les progressions les plus remarquables en pourcentage concernent les deux fonds
d'intervention du ministère :
+35,1 % pour les AP du FRT (fonds de la recherche technologique),
+ 54,1 % et + 131 %, en AP et CP, pour les actions
d'incitation du FNS (fonds national de la science), non compris les
crédits du CNG (centre national de génotypage) et du CNS (centre
national de séquençage).
Ce renforcement des capacités d'intervention du ministère
permettra, selon M. Claude Allègre :
- en ce qui concerne le FRT, d'amplifier les moyens de recherche dans le
domaine
66(
*
)
des NTIC (nouvelles technologies de
l'information et de la communication), de financer de nouveaux incubateurs, et
de poursuivre le concours de création d'entreprises innovantes,
- s'agissant du FNS, de lancer de nouveaux programmes, sous forme
d'actions concertées incitatives, dans les domaines prioritaires :
sciences du vivant, sciences humaines et sociales, sciences de la
planète et de l'environnement.
Les autres actions d'incitation, d'information et de communication (chapitre
43-01) augmentent de 35 %, soit 47,9 millions de francs de mesures
nouvelles dont 43 millions de francs au profit du " soutien aux
actions technologique et scientifiques " (article 60 nouveau).
Les EPST (+ 1,4 % en moyenne) sont mieux lotis que les EPIC
(- 5 %).
- le CNES voit sa dotation baisser de 160 millions de francs
(60 millions de francs hors apurement de la dette à l'égard
de l'agence spatiale européenne), ce qui menace le projet de satellite
astronomique Corot,
- le CEA risque d'être contraint de continuer à
procéder à des cessions d'actifs industriels pour couvrir ou
provisionner les dépenses relatives au démantèlement de
ses installations civiles,
- le projet de synchrotron soleil de remplacement de l'installation du
LURE d'Orsay (Laboratoire pour l'utilisation du rayonnement
électromagnétique, unité mixte de recherche CNRS-CEA-MRT)
est, quant à lui, fortement compromis (voir observations),
- l'IFREMER (Institut français de recherche pour l'exploitation de
la mer), unique en son genre en Europe, ne peut renouveler, comme il
conviendrait, sa flotte de navires océanographiques.
2. Présentation détaillée
a) L'agrégat 01 " Actions d'incitation et fonds d'intervention "
Les
crédits de ces agrégat sont consacrés :
- à des évaluations et des études,
- à des actions de diffusion, de communication et
d'information : semaine de la science (qui vient d'avoir lieu au mois
d'octobre), soutien aux 120 CRITT (centres régionaux d'innovation
et de transfert de technologie) etc.,
- à la formation de doctorants (3.800 allocataires en 2000) et
des docteurs (près de 8.000 bénéficiaires),
l'insertion professionnelle de ces derniers, l'accueil des post-doctorants
(notamment de retour de l'étranger) dans les EPIC et les PME,
- aux CIFRE et aux CORTECHS (conventions industrielles de formation par la
recherche et de recherche pour les techniciens supérieurs),
- à l'agence nationale de recherche sur le SIDA (239 millions
de francs).
La ventilation, en 1999, des dépenses des FRT et FNS a été
la suivante :
b) l'agrégat 02 " Etablissements publics à caractère scientifique et technologique "
Chaque
établissement est spécialisé dans une ou plusieurs
disciplines.
Les dotations couvrent :
- les frais de personnel (de 70 % à 80 % de la
subvention),
- le soutien de base (matériel et fonctionnement) aux
unités, l'équipement des laboratoires et les grands
instruments scientifiques.
44.000 emplois, dont 17.328 de chercheurs sont concernés.
c) L'agrégat 03 : " Autres organismes de recherche "
Cet
agrégat regroupe les subventions aux établissements sous tutelle
versées à des EPIC ou à des organismes à autres
divers statuts (fondations, groupements d'intérêt public). Une
part, variable, selon leurs ressources propres, des frais de personnel, des
investissements et de soutien aux programmes (notamment aide au fonctionnement
des laboratoires...) de ces organismes est ainsi couverte.
Près de 20.000 emplois (18.948) son concernés.
S'agissant des deux principaux établissements, CEA et CNES :
- les ressources du premier (3,5 milliards en DO + CP, y compris la
subvention du ministère de l'industrie) augmentent de 5,1 % mais
les AP stagnent à 375 millions de francs.
Dans le budget de la recherche, au titre IV, 71 millions de francs de
mesures nouvelles sont prévues, au chapitre 45-13 dont
26 millions de francs pour compenser le surcoût induit par la
scission CEA-IPSN (Institut de protection et de sécurité
nucléaire) et 45 millions de francs, à divers autres
chapitres pour ajustement aux besoins de crédits de personnel.
La recherche nucléaire représente les 2/3 des activités
civiles du commissariat, cette activité demeure prioritaire avec
l'objectif du maintien de l'ouverture de l'option nucléaire à
l'horizon 2010 (6 programmes dont l'étude des réacteurs de
future génération...) Il a été demandé au
CEA de se rapprocher, en recherche fondamentale, de l'In
2
P
3
du CNRS (pour l'étude de la physique des particules) et de
participer à des recherches sur d'autres technologies
énergétiques (piles à combustible).
Fragilisé par la débudgétisation, en 1997, des
crédits de son titre VI (subventions d'investissement) et par un
certain désengagement de ses partenaires industriels,
l'établissement peine à financer à la fois les
activités de recherche qui lui sont demandées et l'assainissement
de ses installations civiles. Il est contraint, pour financer ces
dépenses, de procéder à des cessions d'actifs industriels.
Le montant des participations des industriels au financement de sa R & D en
l'an 2000 est incertain. Le FRT pourrait être mis à contribution.
- La subvention au CNES, d'autre part, s'établit à
8.975 millions de francs, en diminution de 160 millions de francs par
rapport à 1999 (100 millions de francs sur la part
réservée à l'agence spatiale européenne
67(
*
)
, 60 millions de francs pour le restant).
Les fonds sont utilisés, à part égale, pour le financement
de la contribution à l'ESA (agence spatiale européenne) et celui
des autres programmes.
L'affectation de la subvention en 2000 devrait être la suivante
(en
millions de francs)
:
- contribution à l'ESA 4.257
- programmes nationaux 1.924
dont :
. observation de la terre 1.037
. Radio communications 266
. Technologies des systèmes spatiaux 253
. Connaissance de l'univers 206
. Science en micro pesanteur 92
- Fonctionnement et moyens communs 2.434
Total 8.615
TVA 361
TOTAL TTC 8.975
-
Les arriérés de contribution du CNES à
l'égard de l'ESA représentent encore 478 millions de francs
à la fin de 1999.
- La France a dû contribuer à hauteur de 75,4 % (en
raison essentiellement de la défection de l'Allemagne) au financement
d'une nouvelle tranche, non achevée, du programme de
développement Ariane 5, suite à l'échec du premier
tir de qualification (49 millions d'écus).
d) L'évolution des effectifs
Après deux années de forte augmentation des
créations d'emploi de chercheurs, l'an 2000 marquera une pause avec
un taux de renouvellement de 3 % correspondant au comblement des
départs à la retraite.
Afin de permettre la poursuite de l'apurement progressif de certaines
situations pénalisantes, une mesure de création de
18 emplois est inscrite au projet de budget 2000. Elle
bénéficie majoritairement à deux
établissements :
- l'INRIA (5 adjoints techniques, 4 ingénieurs et
2 techniciens),
- l'IRD (5 adjoints techniques
68(
*
)
et
1 ingénieur spécialisé dans les sciences du vivant).
Pour la deuxième année consécutive, une mesure
transversale aux EPST permettra la conversion de 700 emplois
administratifs en emplois d'IT dans la logique de rééquilibrage
de la pyramide des emplois selon les niveaux pertinents de recrutement
exprimés par les organismes.
Une mesure particulière de transformation d'emplois d'ITA
(ingénieurs, techniciens, administratifs) en chercheurs (30) permet
à l'INRA de consolider son potentiel de recherche scientifique au sein
des écoles vétérinaires sur des thématiques
prioritaires (génomique fonctionnelle et sécurité
alimentaire notamment).
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. LA RECHERCHE N'OCCUPE PAS, DANS LE BUDGET DE L'ÉTAT, LA PLACE QUE JUSTIFIE LA PRIORITÉ DONT ELLE DOIT FAIRE L'OBJET
Dans le
compte rendu du CIRST (Comité interministériel de la recherche
scientifique et technique) du 15 juillet 1998, il était affirmé
que " la recherche scientifique et technique représente l'une des
clés essentielles de l'avenir économique et culturel de notre
pays. "
" La France -était-il encore proclamé- doit se donner les
moyens d'adapter son dispositif public de recherche pour être capable de
relever les défis du siècle prochain ".
Or, que constate-t-on ?
Le budget de la recherche (+ 1,1 %) augmente moins que la moyenne des
budgets civils (+ 1,2 %).
Rien, au niveau statistique, ne justifie ce relâchement. La part de la
DNRD et de la DIRD dans le PIB tend à s'effriter depuis 1993.
Certes, il existe, dans le financement de la recherche française, des
marges de manoeuvre (contribution accrue des entreprises privées,
diminution des coûts de certains composants et équipements,
exploitation de synergies, amélioration de l'efficacité de la
gestion, rajeunissement des effectifs, etc...).
Mais les données disponibles de l'OCDE nous placent, pour l'effort de
recherche, à un rang -il est vrai- honorable, mais néanmoins en
queue du peloton de tête des grands pays industriels (derrière les
Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne).
B. LE CONTENU ET LE PROCESSUS DE PRISE DE CERTAINES DÉCISIONS SONT CONTESTABLES
1. Des décisions critiquables
a) Une politique qui comporte pourtant des aspects positifs...
Parmi
les orientations fixées par les derniers conseils
interministériels, on ne peut qu'approuver :
- d'un point de vue thématique, les priorités
accordées aux sciences du vivant, aux technologies de l'information et
de la communication, à l'énergie... ;
- d'un point de vue méthodologique, l'incitation à la
mobilité des chercheurs, aux coopérations internationales,
public-privé, universités-organismes de recherche.
Les mesures qui ont été prises, notamment dans le cadre de la loi
sur l'innovation et la recherche, en faveur de la valorisation des travaux des
organismes publics, des transferts de technologie, de la création
d'entreprises innovantes ont été aussi, naturellement, les
bienvenues.
b) ... mais néglige, sur des points essentiels, l'avenir de la recherche française
L'abandon du projet soleil risque de s'avérer une grave
erreur : le synchrotron est le moyen d'investigation le plus moderne, le
plus puissant, le plus complet pour sonder les propriétés
structurales et électroniques de matériaux de tout type.
C'est, par excellence, un outil indisciplinaire, utilisé en
coopération, indispensable à la recherche fondamentale comme
à la recherche appliquée.
Ce dossier devrait être traité de façon pragmatique :
- il existe, à Orsay, un équipement national vétuste
dont la question de l'avenir doit être tranchée ;
- l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne disposent d'installations
nationales, ce qui ne les empêche pas de recourir au synchrotron
européen à Grenoble.
A la vérité, il semble qu'il y a :
- saturation globale de l'utilisation de ce type d'équipement ;
- possibilité de coexistence de machines de dimension et de
caractéristiques variées dont certains relèvent du niveau
européen, d'autres du niveau national, voire régional.
Leur implantation, comme leur utilisation, doit être de toute
façon coordonnée au sein de la communauté.
Reste évidemment le problème du coût du projet :
2 milliards de francs sur 8 ans, soit 250 millions de francs par
an, mais, à titre de comparaison, le coût sur la période
1999-2006 de l'accord de coopération du CNES avec la NASA, pour
l'exploration de la planète Mars, est estimé à
2,5 milliards de francs.
Les menaces qui pèsent sur le projet de satellite astronomique COROT
participent du même débat sur la coexistence possible
d'équipements scientifiques nationaux et européens.
c) Une stratégie de contournement des grands organismes de recherche
La
remise en cause des projets ci-dessus évoqués a évidemment
altéré les relations entre les établissements
concernés (CNES et CNRS) et leur ministre de tutelle.
Après avoir prétendu " dégraisser le mammouth de
l'éducation nationale ", celui-ci s'attaque ainsi à certains
mastodontes de la recherche.
Il reproche notamment au CNRS d'être trop rigide, ce qui justifie,
à ses yeux, de privilégier, à travers les
universités et les petits laboratoires, les nouvelles disciplines et les
jeunes chercheurs (d'où l'augmentation des moyens du FNS et du
FRT).
d) Des priorités parfois discutables hésitantes ou dont la mise en oeuvre n'apparaît pas toujours cohérente
Dans un
contexte d'austérité globale imposée à la recherche
publique, qui ne figure pas parmi les priorités budgétaires de
l'Etat, on peut s'interroger sur l'opportunité d'intégrer les
sciences humaines et sociales (qu'il ne faut pas pour autant négliger)
parmi les domaines qui doivent faire l'objet d'un soutien
privilégié.
Si les sciences du vivant, d'autre part, constituent (à juste titre) une
priorité essentielle, pourquoi les crédits de l'INSERM
n'augmentent-ils pas d'avantage (+ 1,8 %) ? Enfin, la même
question peut être posée à propos de l'ADEME
(- 0,4 %), chargée des recherches, prioritaires elles aussi,
relatives à l'environnement ?
Concernant les laboratoires universitaires, le ministre semble hésiter
entre le maillage fin, égalitaire, du territoire et la
nécessité de dégager des pôles
d'excellence.
2. Un processus de prise de décision peu clair
a) Une argumentation souvent fruste
L'appareil de recherche publique français, à la
fois
très concentré et très divers, forme un ensemble complexe,
dont les diverses composantes sont très imbriquées et le pilotage
délicat.
Les oppositions avancées entre très grands équipements et
laboratoires, CNRS et universités, Europe et nations, dont les
rôles se complètent, apparaissent sommaires.
Les chercheurs qui manifestent leur attachement à des projets
mûris depuis de longues années ne sont pas des
" lobbies ". Il faut savoir les comprendre et les motiver.
Un synchrotron comme soleil ou un satellite comme Corot n'est pas " un
équipement de prestige inutile ".
b) De nombreuses instances de conseil et d'évaluation plus ou moins représentatives
Le
conseil des TGE (très grands équipements), créé en
1988, a cessé, à partir de 1995, d'être renouvelé,
donc d'exister.
Quatre instances coexistent auprès du Gouvernement :
- le Conseil national d'évaluation de la recherche (CNER) qui est
un organisme indépendant ;
- le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (CSRT),
instance de consultation du ministre qui rend un avis annuel sur la politique
de la recherche ;
- le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la
recherche (CNESR), présidé par le ministre,
qui comprend des
membres élus
au sein de différentes catégories de
personnels (dont les chercheurs) ;
- enfin, un Conseil national de la science, succédant au COS
(Comité d'orientation stratégique), créé par
François Fillon, et composé uniquement de membres nommés
par le ministre, a été mis en place le 22 octobre 1998.
Il existe encore, auprès du CNRS, un comité national de la
recherche scientifique, sorte de Parlement de la science, qui, comme le CNESR,
comprend des membres élus par leurs pairs.
Une des réponses au questionnaire budgétaire précise que
la Direction de la recherche " met en oeuvre les procédures et les
moyens d'évaluation et d'expertise nécessaires à
l'accomplissement de ses missions ".
Qu'en est-il de la Direction de la Technologie ?
De même, l'annexe jaune à la loi de finances (" état
de la recherche et du développement technologique ")
précise, pour le FNS, mais pas pour le FRT, la procédure de
sélection, de suivi et d'évaluation des projets par des
" comités de programme " " pour chaque programme
identifié ". Qu'en est-il des programmes non
identifiés ?
En bref, il faudrait " évaluer l'évaluation " et en
rationaliser le dispositif actuel quelque peu foisonnant et complexe.
C. REMARQUES DIVERSES
1. Questions récurrentes
•
Les contrôles fiscaux déclenchés par le crédit
d'impôt recherche ;
• Le foisonnement des organismes de transferts aux entreprises de
connaissances scientifiques et de technologie.
2. Projet Galileo
Ce projet ambitieux -rival de GPS- serait une occasion pour l'Europe de rattraper son retard, en matière spatiale, concernant le " segment sol " (marché, très lucratif, des petits équipements de réception des données émises par satellite).
EMPLOI ET SOLIDARITÉ
I - EMPLOI
Rapporteur spécial :
M. Joseph OSTERMANN
Dans
le projet de loi de finances pour 2000
, les crédits du
ministère de l'emploi s'élèvent à
122,06
milliards de francs
. Ils s'établissaient à
162,05 milliards de francs en 1999.
La baisse
apparente
des crédits est donc de 24,68 %, en
diminution de près de 40 milliards de francs.
Toutefois, il convient de préciser, dès à présent,
que
le financement de la ristourne générale sur les bas
salaires, dite " ristourne Juppé ", n'est plus inscrit au
budget de l'emploi dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les
dépenses engagées à ce titre, soit
39,49 milliards de
francs
, seront en effet prises en charge par
le fonds de financement de
la réforme des cotisations patronales de sécurité
sociale
créé par l'article 2 du projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 2000. Une part du droit de
consommation sur les tabacs manufacturés sera affectée à
ce nouveau fonds pour assurer, à même hauteur, le financement de
la " ristourne dégressive ".
La nomenclature budgétaire subit ainsi une seconde modification
très importante en deux ans. En effet, les crédits concernant des
" mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de la formation
professionnelle ", qui étaient inscrits au budget des charges
communes pour un montant de 43 milliards de francs en 1998, avaient
été intégrés au sein du budget de l'emploi en 1999.
Toutefois, à périmètre constant, le budget de l'emploi
croît de 2,3 % par rapport à 1999.
Il s'agit donc d'un
budget prioritaire, les dépenses du budget général
augmentant, en moyenne, de 0,9 %.
Les dépenses du budget de l'emploi sont à hauteur de 8,1 %
consacrées aux moyens de fonctionnement, et de 91,4 % aux
dépenses d'intervention. Le montant des dépenses en capital n'est
que de 561,78 millions de francs, soit 0,5 % de l'ensemble des
crédits.
Le titre III
comporte l'essentiel
des moyens de gestion
de la politique de l'emploi
: il s'agit des crédits de
fonctionnement du ministère du travail et de l'Agence nationale pour
l'emploi.
Le titre IV
regroupe les crédits du ministère
consacrés aux
mesures pour l'emploi
qu'il s'agisse de la
formation professionnelle, de l'insertion des jeunes, des aides
apportées aux publics en difficulté ou de la lutte contre le
chômage.
Le titre V
retrace les investissements pris directement en
charge par l'Etat. La dépense concerne presque exclusivement les
services déconcentrés.
Le titre VI
retrace les subventions d'investissement
accordées dans le cadre des contrats de plan Etat-régions, ainsi
qu'à l'AFPA
69(
*
)
et à
l'ANPE
70(
*
)
.
I. LA GESTION DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
Cet
agrégat regroupe les moyens de fonctionnement du ministère de
l'emploi, la subvention versée à des organismes qui concourent au
service public de l'emploi, celle versée à divers organismes
d'étude et de recherche, ainsi que les moyens d'intervention de la
politique des relations du travail.
Les crédits relatifs à la gestion de la politique de l'emploi
s'élèvent à
15,22 milliards de francs, en
progression de 7,1 %
par rapport à 1999. Ils
représentent 12,5 % de l'ensemble des dépenses du budget.
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les dépenses de personnel du ministère (administration centrale et services déconcentrés) évoluent en 2000 de la façon suivante :
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Rémunérations |
1 752,8 |
1 870,9 |
+ 6,7 % |
Pensions |
415,9 |
420,1 |
+ 1,0 % |
Charges sociales |
194,2 |
202,4 |
+ 4,2 % |
Total |
2 362,9 |
2 493,4 |
+ 5,5 % |
La
progression de 6,7% des rémunérations d'activité
correspond pour l'essentiel à :
-
la création nette de 130 emplois
, contre 315 en
1999
- pour un effectif total de 9.985 emplois budgétaires
au 31 décembre 1999 - ; celle-ci représente un
coût budgétaire de 26,7 millions de francs et se décompose
principalement comme suit :
13 emplois à l'administration centrale ;
117 emplois au sein des services déconcentrés du
ministère pour faire face aux charges imposées par les
priorités du gouvernement, notamment en matière de
réduction de la durée du travail : 15 inspecteurs du
travail, 5 directeurs adjoints, 88 contrôleurs, 7 agents
contractuels, et 2 médecins.
- des mesures statutaires prises au titre de la mise en oeuvre du plan de
résorption de l'emploi précaire, qui se traduisent par un
coût supplémentaire d'environ 15 millions de francs ;
- la transformation de 640 emplois pour un coût total
de 5,7 millions de francs ;
- une provision de 5 millions de francs dans le cadre de la
réforme du statut de l'inspection du travail et de la création
d'un statut d'emploi de directeur départemental ;
- une revalorisation indemnitaire à hauteur de 26,9
millions de francs ;
- un abondement à hauteur de 10 millions de francs des
crédits de remboursement de personnel mis à disposition par
d'autres administrations ;
- l'extension en année pleine des mesures de revalorisation des
rémunérations publiques décidées en 1999.
B. LE FONCTIONNEMENT ET L'ÉQUIPEMENT
Les dépenses de matériel et
fonctionnement
des services
progressent de 2,7 % et atteignent 508,1 millions de
francs. Il convient de préciser qu'une mesure nouvelle de 56,8 millions
de francs est consacrée aux dépenses d'informatique et de
télématique.
Les crédits d'équipement
passent de 75 millions
de francs à 74,3 millions de francs, soit une baisse d'à
peine 1 %. L'essentiel des crédits, soit 68,4 millions de francs,
est consacré à l'entretien, la rénovation et l'extension
des locaux des services déconcentrés.
C. LES SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
1. L'Agence nationale pour l'emploi
a) Le 3ème contrat de progrès
Les deux
premiers contrats de progrès conclus entre l'ANPE et l'Etat ont
été axés sur la qualité de l'accueil des demandeurs
d'emploi et le renforcement de sa présence sur le marché des
recrutements. La mission de service public de l'ANPE a été
renforcée. Le second contrat de progrès a notamment permis de
clarifier les relations avec les ASSEDIC auprès desquelles
s'opère l'inscription tandis que l'ANPE se concentre sur son
métier : l'emploi.
Le troisième contrat de progrès porte sur les années 1999
à 2003. Son ambition est de renforcer la qualité des services
rendus aux demandeurs d'emploi et aux entreprises, et de poursuivre la
modernisation de l'agence. Il vise également à accroître
ses moyens afin de lui permettre de remplir les objectifs fixés par le
plan national d'action pour l'emploi (PNAE) adopté par le gouvernement
en avril 1998.
Le
contenu du troisième contrat de progrès entre l'Etat et l'Agence
nationale pour l'emploi
(1999-2003) - Les grands axes
1) Prévenir et réduire le chômage de
longue
durée
2) Faciliter les recrutements
3) " Globaliser " les moyens de lutte contre le chômage
4) Travailler en complémentarité avec l'AFPA
5) Développer les services à distance et de proximité
6) Moderniser l'Agence
b) Les crédits pour 2000
Pour 2000, la subvention de fonctionnement augmente de 10,3 % pour s'établir à 6.357,85 millions de francs et accompagner ainsi le Plan national d'action pour l'emploi présenté à la suite du conseil de Luxembourg du 21 novembre 1997 71( * ) , ainsi que l'application de la loi contre les exclusions. Cela se traduit par l'extension en année pleine de mesures décidées en 1999, notamment la création de 500 emplois (+ 138,7 millions de francs), et par des mesures nouvelles à hauteur de 303,5 millions de francs, dont 70 millions de francs au titre de la création de 500 emplois supplémentaires.
2. Les autres organismes
Les subventions aux autres organismes évoluent de la manière suivante :
Évolution des crédits aux autres organismes
|
En millions de francs |
1999/1998 |
Centre d'études de l'emploi |
34,1 |
+ 1,85 % |
Centre d'études et de recherches sur les qualifications |
|
|
Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail |
|
|
Office de protection contre les rayonnements ionisants |
|
|
Autres |
12 |
- |
TOTAL |
156 |
+ 18,09 % |
La très forte augmentation des crédits de l'OPRI correspond, à hauteur de 21,8 millions de francs, à la mise en place d'un nouveau système de dosimètrie (mesure de radioactivité des personnels soumis aux radiations des installations nucléaires civiles).
3. L'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA)
La
contribution de l'Etat versée à l'AFPA représente
4.693,6 millions de francs, en progression de 5,4 % par rapport
à 1999. La subvention de fonctionnement augmente de 5 %, pour
s'établir à 4.334,9 millions de francs, et les moyens en
capital qui s'élèvent à 358,7 millions de francs
progressent de 10,7 %. L'augmentation de ces moyens s'inscrit dans le
contrat de progrès signé avec l'Etat.
Dans le cadre du contrat de progrès, les liens avec l'ANPE ont
été renforcés, celle-ci se concentrant sur l'information
des demandeurs d'emploi.
II. LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT À LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Les
crédits relatifs à la formation professionnelle
s'élèvent à
26 milliards de francs
, en
diminution de 1,6 %
par rapport à 1999. Ils
représentent 21,3 % de l'ensemble des dépenses de ce budget.
Cet agrégat regroupe l'ensemble des crédits destinés aux
actions de soutien à la formation professionnelle : formation en
alternance, actions de formation à la charge de l'Etat, et dotation
globale de décentralisation.
A. LA FORMATION EN ALTERNANCE
Les crédits alloués à la formation en alternance passent de 12,6 milliards de francs en 1999 à 12,2 milliards de francs en 2000 , soit une diminution de 3,2 %.
1. Les contrats d'apprentissage
En
matière de contrats d'apprentissage, l'Etat compense auprès des
régimes sociaux l'exonération des cotisations salariales et
patronales assises sur les rémunérations des apprentis. En outre,
dans le cadre de la loi du 6 mai 1996, l'Etat verse à l'entreprise une
aide à l'embauche, ainsi qu'une indemnité de soutien à la
formation (de 10.000 francs pour les apprentis de moins de 18 ans, et de
12.000 francs pour les apprentis de plus de 18 ans).
En 1999, l'aide à l'embauche a été
" recentrée " sur les publics de niveau de formation
correspondant au BEP ou au CAP. Votre commission s'était opposée
à l'adoption de cette disposition qui excluait un grand nombre
d'apprentis des dispositifs de la formation professionnelle.
Les crédits affectés aux contrats d'apprentissage
s'établissent à
8,83 milliards de francs
(4,11
milliards de francs pour les primes, et 4,72 milliards de francs au titre
de l'exonération de cotisations sociales), soit une
diminution de 4,5
% par rapport à 1999.
Cette limitation des crédits entraîne une diminution des
entrées en stage, le gouvernement surévaluant les chiffres
prévisionnels. En 1998, la loi de finances initiale avait
évalué à 240.000 le nombre de nouveaux contrats, mais
218.000 ont été réalisés. En 1999, la
prévision portait sur 230.000 nouveaux contrats : elle est revue
à la baisse, soit 220.000, dans le projet de loi de finances pour 2000.
Le chiffre de 220.000 est également retenu pour 2000 : il
paraît également surévalué compte tenu de la
réduction des crédits.
2. Les contrats de qualification - jeunes
L'aide
de l'Etat à la formation en alternance dans le cadre des contrats de
qualification - qui s'effectuent à l'école et dans l'entreprise
et doit mener à une qualification reconnue - prend la forme
d'exonération de charges sociales aux entreprises : la dotation
prévue pour 2000 s'établit à
2,66 milliards de
francs
, soit une
augmentation de près de 2 %.
Le nombre
d'entrées prévu est de 125.000 en 2000, pour 120.000 en 1999.
La dotation pour les primes de qualification est de
233 millions de
francs
, soit une diminution de 32 %.
3. Les contrats de qualification - adultes
Le
contrat de qualification destiné aux adultes a été
institué par la loi de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998.
Il est destiné aux adultes de plus de 25 ans au chômage depuis
plus de 6 mois.
Les crédits destinés à ce dispositif
s'élèvent à 516 millions de francs, 396 millions de francs
au titre de l'exonération de cotisations sociales, et 120 millions
de francs pour le financement de primes, soit une progression de plus de 48 %.
Il convient toutefois de rappeler que, lors de l'examen du projet de loi, le
gouvernement entendait consacrer à ce dispositif près de 1,5
milliard de francs en 2000. 15.000 entrées sont prévues
l'année prochaine.
B. LA FORMATION DES SALARIÉS PRISE EN CHARGE PAR L'ÉTAT
Les crédits consacrés aux actions de formation à la charge de l'Etat représentent 5.931,3 millions de francs en 2000, contre 5.995,1 millions de francs en 1999 (- 1,06 %).
1. Les dépenses de fonctionnement de la formation professionnelle
Elles baissent de 7,1 % pour s'établir à 1.239,3 millions de francs en 2000.
a) La politique contractuelle
Les
crédits passent de 335,125 millions de francs en 1999 à
335 millions de francs en 2000, soit une légère diminution
de 0,04 %.
Cette politique repose notamment sur les accords d'engagement de
développement de la formation professionnelle, négociés
entre l'Etat et les organisations professionnelles, afin d'appuyer les plans
d'adaptation aux mutations technologiques.
b) Les contrats de plan Etat-régions (CPER)
Le
contenu du volet formation professionnelle de la nouvelle
génération de contrats de plan Etat-régions (2000-2006)
sont encore en cours de négociation entre l'Etat et les régions.
Ils comportent traditionnellement des actions conjointes en fonctionnement et
en investissement.
Les crédits inscrits en 2000 s'élèvent à 397
millions de francs, soit une diminution de 2,07 %.
c) Les autres dispositifs
Il
s'agit de formations financées par le fonds de la formation
professionnelle et de la promotion sociale (FFPPS), destinées, soit
à des publics défavorisés, soit à développer
la promotion sociale au sein des entreprises, ou d'aides versées
à des organismes de formation ou d'information sur la formation.
Ces crédits diminuent de 14,6 % et représentent
507,32 millions de francs.
Il convient de préciser que les dépenses en faveur des actions
catégorielles (en faveur des illettrés, détenus et
réfugiés) s'établissent à 119 millions de
francs, en progression de 19,4 %.
2. Les dépenses de rémunération
Les
dépenses de rémunération regroupent :
- la rémunération des stagiaires de l'AFPA : 1 milliard
de francs (+ 11,1 %) ;
- la rémunération des stagiaires relevant du programme
national de formation professionnelle, et des actions en faveur des jeunes de
Mayotte et de Corse, qui restent à la charge de l'Etat : 926
millions de francs pour le premier (+ 0,27 %), et 13,25 millions de francs pour
les secondes (comme en 1999) ;
- le versement à l'UNEDIC au titre de l'allocation de
formation-reclassement (AFR), destinée à assurer la
rémunération des demandeurs d'emploi entrant en formation :
2,54 milliards de francs (- 6,4 %).
3. Les dépenses d'investissement dans la formation professionnelle
Il s'agit des dotations en capital du programme national de formation professionnelle et de celles figurant dans les contrats de plan Etat-régions : 105,63 millions de francs (- 2,4 %).
C. LES DOTATIONS DE DÉCENTRALISATION
L'ensemble des crédits destinés à la dotation de décentralisation relative à la formation professionnelle et à l'apprentissage s'élève à 7.937,6 millions de francs en 2000, contre 7.872,94 millions de francs en 1999, soit une progression de 0,8 %.
1. L'application de la loi du 7 janvier 1983
Cette
loi, complétée par celle du 23 juillet 1987 portant
réforme de l'apprentissage, transfère aux régions la
compétence de droit commun en matière de formation
professionnelle continue et d'apprentissage, et vise par ailleurs à
compenser l'allongement de la durée des formations en centre de
formation des apprentis.
Les crédits s'élèvent à 3.352,8 millions de
francs, dont 107,9 millions de francs au titre de la loi du 23 juillet
1987.
2. La loi quinquennale du 20 décembre 1993
Cette
loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle pose le principe de la décentralisation des
actions de type qualifiant pour les jeunes de 16 à 25 ans, à
compter du 1
er
juillet 1994.
Elle comporte une dotation globale calculée à partir des
dépenses des régions au titre du fonctionnement des actions de la
rémunération des stagiaires, et des frais de gestion des
conventions. Cette dotation représente 1.862,3 millions de francs
en 2000. Elle est complétée par une enveloppe de
rééquilibrage géographique versée sur des
critères d'aménagement du territoire pour compenser les
coûts supplémentaires des actions de formation en milieu rural.
Son montant est de 56 millions de francs en 2000.
3. La décentralisation des autres actions
Depuis
le 1
er
janvier 1999, toutes les actions pré-qualifiantes, de
mobilisation ainsi que les mesures d'accompagnement sont
décentralisées aux régions. Entre 1994 et 1999, les
crédits avaient fait l'objet de délégations de
compétence qui permettaient aux régions d'anticiper ainsi sur ce
mouvement de décentralisation.
Les crédits représentent 2.665 millions de francs, dont
1.364,5 millions de francs au titre des dépenses de fonctionnement
et 1.300,5 millions de francs pour les rémunérations.
Depuis le 1
er
janvier 1999, l'ensemble du dispositif de formation
continue des jeunes est de la compétence des régions.
III. L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES
Cet
agrégat regroupe les actions consacrées à l'insertion
professionnelle spécifique en faveur des jeunes, des publics en
difficulté et des travailleurs handicapés.
L'ensemble des crédits alloués à ces actions
s'élève à
52,78 milliards de francs
, en
progression de 7,6 %
par rapport à 1999. Ils
représentent
43,25 % de l'ensemble des dépenses du budget
de l'emploi.
A. LES ACTIONS MENÉES EN FAVEUR DES JEUNES
Ces crédits s'établissent à 21,93 milliards de francs, soit une augmentation de 52,3 % par rapport à 1999. Ils correspondent pour l'essentiel à la mise en place des emplois jeunes, qui sont à l'origine d'une progression considérable et régulière des dépenses : l'année dernière, ils avaient entraîné une hausse de 71,5 % des crédits de cet agrégat.
1. Le réseau d'accueil et TRACE72( * )
Le
réseau d'accueil des jeunes est composé des missions locales et
des permanences accueil-information-orientation (PAIO). Il est chargé de
définir et de mettre en oeuvre des parcours personnalisés
d'insertion au profit des jeunes en difficulté sociale ou
professionnelle.
Les subventions versées par l'Etat aux missions locales et PAIO
diminuent en 2000 de 5,9 %, et s'établissent à
392 millions de francs
en raison du renforcement du réseau
d'accueil des jeunes.
Le programme TRACE, mis en place par la loi du 29 juillet 1998 de lutte contre
les exclusions, est un programme d'accompagnement personnalisé vers
l'emploi d'une durée maximum de 18 mois en faveur des jeunes
confrontés à de graves difficultés sociales ou familiales
ou d'accès à l'emploi, jeunes sortis du système
éducatif sans diplôme ou qualification (niveaux VI et V bis). La
réalisation du programme est confiée aux missions locales et PAIO
ainsi qu'à des opérateurs externes. Les crédits inscrits
pour 2000 s'élèvent à 102,1 millions de francs, dont 32,10
millions de francs en mesures nouvelles incluses dans la subvention
destinée au réseau d'accueil, et 70 millions de francs pour le
paiement des opérateurs externes.
2. Les emplois-jeunes
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit l'inscription de
21,34 milliards de francs
correspondant au financement de la loi du
16 octobre 1997, soit une
hausse des crédits de 53,3 %.
L'Etat fournit une aide par emploi égale à 80 % du SMIC
charges sociales comprises - soit 93.840 francs - pour des contrats de
droit privé conclus avec des associations ou des collectivités
locales, en vue de répondre à des besoins non satisfaits ou
émergents.
Cette aide atteint 100 % pour les emplois jeunes recrutés
directement par le ministère de l'éducation nationale, et par
celui de l'intérieur.
Il est prévu la création, dans le secteur non marchand, de
60.908 emplois en 2000, soit un total de 300.000 emplois jeunes en 2000.
L'objectif que s'est fixé le gouvernement est de 350.000 emplois
créés.
Une partie de ceux-ci doit être affectée à la lutte contre
les exclusions (en principe 20 % de ces contrats).
En contrepartie, le dispositif des emplois-ville est progressivement
supprimé : étant considéré comme devant
être absorbé par le dispositif plus général des
emplois jeunes
73(
*
)
, ses crédits sont de
124 millions de francs en 2000, contre 141,2 millions de francs en
1999.
B. LES ACTIONS EN FAVEUR DES PUBLICS EN DIFFICULTÉ
Évolution des crédits
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Contrat retour à l'emploi |
412,5 |
65 |
- 84,2 % |
Programme chômage longue durée |
3.114,5 |
2.861,1 |
- 8,1 % |
FNE cadre |
102 |
81 |
- 20,6 % |
Insertion par l'économie |
746,4 |
910 |
+ 21,9 % |
Contrats
initiative emploi
|
3.498,1
|
2.496,2
|
- 28,6 %
|
Contrats emploi solidarité (CES) |
9.904 |
9.010,6 |
- 9 % |
Emplois consolidés (CEC) |
5.250 |
5.323,7 |
+ 1,4 % |
Emplois ville |
141,2 |
124 |
- 12,2 % |
TOTAL |
29.170,6 |
25.388,7 |
- 13 % |
1. Le contrat initiative emploi (CIE)
Le CIE
est un instrument de lutte contre le chômage de longue durée par
la réinsertion dans le secteur marchand. Le dispositif a
été recentré en 1997 sur les publics connaissant les plus
graves difficultés d'accès à l'emploi, et la prime a
été réservée et modulée en fonction des
catégories de publics embauchés.
Ses crédits s'établissent à
7 milliards de francs
,
soit une
diminution de 26,2 %
par rapport à 1999. Ils ne cessent
de diminuer depuis le " recentrage " du dispositif : ils
étaient de 9,5 milliards l'année dernière.
Le montant des primes (aide forfaitaire de l'Etat, aide à la formation
et aide au tutorat) diminue de 28,6 %. 155.000 entrées dans le
dispositif sont prévues pour 2000. Le montant des crédits au
titre de l'exonération des charges patronales de sécurité
sociale diminue de 24,7 % : 4,5 milliards de francs.
A leur création, à partir du 1
er
juillet 1995, les CIE
ont remplacé les contrats de retour à l'emploi. Le solde de ces
contrats continue d'être financé au titre des exonérations
pour un montant de crédits de 65 millions de francs en
2000.
2. Les contrats emploi-solidarité et emplois-consolidés : CES et CEC
Les
CES
sont des contrats à durée déterminée
à mi-temps d'une durée de 3 à 12 mois visant à la
réinsertion de demandeurs d'emploi de longue durée ou de
personnes en difficulté, embauchés pour des activités
répondant à des besoins collectifs non satisfaits par des
collectivités locales ou le secteur privé non lucratif. L'Etat
prend en charge une part importante de la rémunération des
bénéficiaires. En outre, les employeurs bénéficient
d'une exonération de l'ensemble de leurs charges patronales, à
l'exception des cotisations d'assurance chômage.
Ces contrats bénéficient de
9 milliards de francs
en 2000,
soit une
réduction de crédits de 9 %.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit 360.000 CES, soit 50.000
de moins qu'en 1999. 75 % devraient, selon le gouvernement, être
réservés aux publics prioritaires dans le cadre de la loi de
lutte contre les exclusions.
Créés en 1992,
les CEC
étaient mis en place
à l'issue d'un CES. Ce sont des contrats aidés permettant de
pérenniser dans le secteur non marchand la situation des publics les
plus prioritaires issus des CES. Ils bénéficient d'un taux de
prise en charge dégressif sur cinq ans : 60 % la
première année, 20 % la cinquième, dans la limite de
120 % du SMIC.
La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions du
29 juillet 1998 a fait évoluer ces dispositifs. Désormais,
les CEC ne sont plus réservés aux seuls publics sortant des
CES : ils sont directement accessibles par les publics éligibles
aux CES.
Les crédits des CEC progressent de 1,4 % :
60.000 contrats sont budgétisés en 2000, soit le double de
1998. Toutefois, le nombre de CEC prévus en 1999 est revu à la
baisse : il était de 60.000, il n'est plus que de 50.000.
Ils représentent 5,32 milliards de francs.
3. Les stages pour chômeurs de longue durée
Il
s'agit principalement des stages d'insertion et de formation à
l'emploi
74(
*
)
qui peuvent être à
accès individuel ou à entrées collectives et sont
destinés aux chômeurs de longue durée ou menacés par
le chômage de longue durée pour lesquels un besoin de formation a
été diagnostiqué.
Le nombre d'entrées dans ces stages a été réduit de
200.000 à 175.000, et les dépenses baissent de 8,1 % pour
s'établir à 2.861,1 millions de francs. Elles se
répartissent entre 1.443,7 millions de francs de dépenses de
fonctionnement et 1.417,3 millions de francs de dépenses de
rémunération.
C. LES ACTIONS EN FAVEUR DES HANDICAPÉS
En 2000, les crédits consacrés aux travailleurs handicapés progressent de 2,5 %, principalement sous l'effet de la garantie de ressources qui s'établit en 2000 à 5,39 milliards de francs . Cette augmentation correspond à la création de 2.000 places dans les centres d'aide par le travail, et de 500 places en atelier protégé.
IV. LA PROMOTION DE L'EMPLOI ET LES ADAPTATIONS ÉCONOMIQUES
Cet
agrégat regroupe les dispositifs d'incitation à la
réduction du temps de travail, les mesures d'allégement du
coût du travail, les dispositifs pour la promotion de l'emploi et
l'accompagnement des restructurations.
Les crédits relatifs à la promotion de l'emploi et aux
adaptations économiques, qui représentent
10,4 % de l'ensemble
du budget de l'emploi
, s'élèvent à
12,72 milliards de francs
, soit une diminution
apparente
de
77 % par rapport à 1999.
Toutefois, les crédits auparavant inscrits à l'article 30 du
chapitre 44-77, alloués, à hauteur de 39,49 milliards de francs,
à la réduction dégressive des cotisations sociales
patronales sur les bas salaires, sont " sortis " du budget de
l'emploi. En effet, le gouvernement a prévu de faire financer la
" ristourne Juppé " par le produit du droit de consommation
sur les tabacs qui serait affecté au fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale
créé par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2000.
A. LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
1. La loi du 13 juin 1998 (" 35 heures ")
La loi
du 13 juin 1998 abaisse la durée légale du travail à 35
heures par semaine au 1
er
janvier 2000 pour les entreprises
employant plus de 20 salariés et au 1
er
janvier 2002
pour les entreprises de 20 salariés au plus.
Le gouvernement a mis en place une incitation financière pour les
entreprises qui négocieront le passage à 35 heures avant le
1
er
janvier 2000, tout en créant ou préservant
des emplois. Cette incitation sera un abattement forfaitaire des cotisations
sociales employeurs : 9.000 francs par salarié d'ici à
la fin 1998, puis 1.000 francs de moins chaque année.
Un nouveau projet de loi - la " seconde loi " - prévoit
d'instituer un dispositif d'allégement pérenne des cotisations
sociales.
Les crédits alloués à la réduction du temps de
travail dans le budget de l'emploi s'élèvent à 4,45
milliards de francs :
4,3 milliards de francs au titre de
l'exonération de cotisations sociales (3,5 milliards en 1999) et 150
millions de francs au titre des aides au conseil accordées pour la
réflexion menée sur la réorganisation du travail (200
millions de francs en 1999).
2. La loi du 11 juin 1996 (Loi de Robien)
Cette loi a été remplacée par la loi du 13 juin 1998. Les crédits afférents pour 2000 s'élèvent cependant à 2,72 milliards de francs, contre 3,05 milliards de francs en 1999, afin d'honorer les conventions conclues antérieurement à l'application de la nouvelle loi, et qui prévoyaient une aide étalée sur sept ans.
B. L'ALLÉGEMENT DU COÛT DU TRAVAIL
Les
crédits consacrés à l'allégement du coût du
travail représentent pour 2000,
3,38 milliards de francs
,
contre 46,05 milliards de francs en 1999 et 3,33 milliards de francs hors
ristourne dégressive, soit une
progression de 1,7 % à
périmètre constant.
C. LA PROMOTION DE L'EMPLOI
Ces
crédits représentent 551,4 millions de francs en 2000, soit
une diminution de près de 2 %. Ils figurent au chapitre 44-79 et
concernent des aides à l'ingénierie ainsi qu'au diagnostic
conseil, notamment au titre de l'encouragement au développement
d'entreprises.
D. L'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS
La dotation diminue de 27,7 % et s'établit à 1.406,8 millions de francs pour 2000 : il s'agit de l'aide publique au chômage partiel, des conventions de conversion, de la dotation globale déconcentrée de restructuration et des allocations temporaires dégressives.
V. LE FINANCEMENT DU RETRAIT D'ACTIVITÉ ET LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX DÉPENSES DE CHÔMAGE
Cet
agrégat regroupe les dépenses d'indemnisation accordées
dans le cadre des mesures de cessation anticipée d'activité, de
la participation au financement de l'indemnisation chômage et de certains
régimes de retraite. Ces dépenses, qui financent des revenus de
remplacement, s'opposent aux dépenses dites " actives ", qui
visent à soutenir le marché de l'emploi et à
développer les formations professionnelles.
Les crédits s'élèvent à
15,33 milliards de
francs
en 2000, contre 16,84 milliards de francs en 1999, soit une
diminution de 8,98 %
. Ils représentent
12,6 % de l'ensemble
des dépenses du budget de l'emploi
.
A. LES DÉPENSES DE PRÉRETRAITE
Évolution des crédits
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
2000/1999 |
Les " préretraites " du FNE |
4.844 |
4.150 |
- 14,3 % |
Les " préretraites " progressives |
1.998 |
1.600 |
- 19,9 % |
Mesures particulières |
865,9 |
423,1 |
- 51,1 % |
TOTAL |
7.707,9 |
6.173,1 |
- 19,9 % |
La
contribution de l'Etat au financement des préretraites baisse de plus
d'un milliard de francs, passant de 6,84 milliards de francs à
5,75 milliards de francs en 2000, en
diminution de près de
16 %.
Les préretraites FNE
sont octroyées essentiellement
dans le cadre de plans sociaux, et permettent à leurs
bénéficiaires de percevoir environ 65 % de leur salaire brut
antérieur. Elles sont ouvertes aux salariés de plus de
57 ans, et sont cofinancées par l'Etat et les entreprises. La
diminution des crédits est due à la diminution du nombre
d'entrées (18.000 contre 20.000 ).
Les préretraites progressives
concernent les
personnes de plus de 55 ans acceptant la transformation de leur emploi à
temps plein en emploi à temps partiel. Elles perçoivent alors,
outre leur rémunération au titre de ce temps partiel, une
allocation représentant environ 30 % de leur salaire brut
antérieur prise en charge par l'Etat. En 2000, le nombre de
bénéficiaires devrait diminuer, passant de 18.000 en 1999
à 12.600
75(
*
)
.
Les mesures particulières
: il s'agit de deux
dispositifs en extinction, le premier concerne les préretraites de la
sidérurgie, pour 421,7 millions de francs, le second concerne les
mesures spéciales de retraite anticipée à la SEITA,
à hauteur de 1,36 million de francs.
B. LES DÉPENSES D'INDEMNISATION
L'indemnisation du chômage " de
solidarité "
est assurée par une subvention de l'Etat au fonds de solidarité.
Toute personne justifiant de 5 ans d'activité salariée durant les
10 dernières années, et ayant épuisé ses
droits à indemnisation dans le cadre du régime d'assurance
à l'UNEDIC, perçoit l'allocation de solidarité
spécifique (ASS). Par ailleurs, le fonds de solidarité attribue
également l'allocation d'insertion à certaines catégories
de demandeurs d'emplois qui n'ont pu acquérir des droits d'indemnisation
supérieurs à 3 mois au titre du régime d'assurance
chômage.
L'article 131 de la loi d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions a posé le principe de l'indexation annuelle de ces
allocations sur l'évolution des prix.
Les recettes du fonds de solidarité sont constituées par le
produit de la contribution de solidarité des fonctionnaires, soit 1 % de
leur traitement brut, et par une subvention de l'Etat.
En 2000, cette dernière s'élève à
9.126,3
millions de francs
, en
augmentation de 8,8 %.
En outre, l'Etat verse 28 millions de francs à l'UNEDIC au titre des
allocations complémentaires.
VI. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
Votre rapporteur spécial est amené à formuler trois principales observations sur le budget de l'emploi pour 2000.
A. L'EXÉCUTION DU BUDGET DE L'EMPLOI RÉVÈLE DE NOMBREUSES IMPERFECTIONS
Votre
rapporteur spécial rappelle que la Cour des comptes a
présenté, dans son rapport sur l'exécution des lois de
finances pour 1998, sa première monographie consacrée au budget
de l'emploi, dont il convient de relever les principales conclusions.
Le budget de l'emploi est désormais le deuxième budget civil
de l'Etat
, après celui de l'enseignement scolaire. Ses dotations ont
progressé de plus de 36 % depuis 1994
, et même de 51 % si
on y associe le chapitre 44-75 du budget des charges communes (" Mesures
diverses en faveur de l'emploi ").
Les dotations de ce chapitre
(20,4 milliards de francs en 1994 mais 43 milliards de francs en 1998)
ont
néanmoins été intégrées au fascicule
budgétaire de l'emploi par la loi de finances initiale pour 1999
, ce
dont il convient de se féliciter.
D'une manière générale, le budget de l'emploi est
soumis à une inertie qui en rend la réorientation difficile.
La Cour des comptes se montre assez sévère sur
l'effort de
maîtrise des dotations budgétaires, qualifié
d'
" insuffisant "
.
Elle conclut sur ce point que s'est affirmée constamment
" une
sorte de dialectique entre l'enregistrement obligé des charges
liées aux dispositifs existants ou aux nouvelles interventions mises en
place, et la recherche d'économies, par la suppression ou le recadrage
de certains dispositifs ".
Elle ajoute
toutefois :
" toutes les mesures d'économies
prévues ne sont pas nécessairement entrées en
vigueur "
, tandis que d'autres
" n'ont pu être mises en
oeuvre que de façon différée ".
Cette analyse conforte celle développée par votre rapporteur
spécial lors de l'examen du budget de l'emploi pour 1999. Il avait en
effet souligné, à cette occasion, le financement des
priorités gouvernementales par la réalisation d'économies
significatives, pour un montant de 11 milliards de francs,
baptisées, pour la circonstance, " recentrages ".
Par ailleurs, la Cour des comptes a fait un ensemble d'observations relatives
aux modifications intervenues en cours de gestion.
Elle constate notamment que le budget de l'emploi subit de fréquentes
adaptations, suite à l'intervention de décrets d'avance. En
outre, le budget de l'emploi fait l'objet d'ouvertures de crédits
très importantes par voie de fonds de concours.
Elle considère que le budget de l'emploi fait l'objet de
" marges de gestion non négligeables "
: le
principe de la spécialité budgétaire est affecté
par ce phénomène,
l'assouplissement de la
spécialité des crédits élargissant les marges de
manoeuvre des gestionnaires.
La Cour des comptes estime que les résultats d'exécution sont
biaisés par des défauts d'ordre méthodologique.
Elle considère notamment que
la nomenclature budgétaire
ordinaire nuit au suivi des crédits de l'emploi et se
révèle insuffisante pour décrire correctement la politique
de l'emploi.
Elle conclut que
" le budget de l'Etat ne retrace qu'une partie des
financements publics de la politique de l'emploi et de la formation
professionnelle ".
Au regard de ces observations, votre rapporteur spécial estime que des
choix opérés par le projet de budget de l'emploi pour 2000 sont
contestables.
C'est le cas, par exemple, de la création de 130 emplois. Le
gouvernement indique
76(
*
)
que ces
créations d'emplois interviendront
" particulièrement
dans les sections d'inspection du travail, fortement mobilisées par la
mise en oeuvre du dispositif d'aménagement et de réduction du
temps de travail ".
Or, le Sénat a déjà manifesté son
hostilité au caractère autoritaire du dispositif de
réduction du temps de travail présenté par le
gouvernement.
D'autre part, les effectifs budgétaires du ministère seraient
portés à 10.115 en 2000, soit une augmentation des emplois de 5,4
% depuis 1997.
Or, la Cour des comptes s'est montrée très critique sur la
gestion des emplois par le ministère de l'emploi et de la
solidarité.
Dans une lettre datée du 28 juillet 1998 et adressée à la
ministre de l'emploi et de la solidarité, le Premier président de
la Cour des comptes écrivait :
" la Cour a
relevé que les effectifs dont disposait le ministère
étaient éloignés des prévisions et autorisations de
la loi de finances initiale ".
Il poursuivait :
" La
description des effectifs qui figure en loi de finances initiale, seule
information dont dispose la représentation nationale en la
matière, ne correspond pas à la réalité ".
Puis il concluait :
" Une amélioration de la gestion
prévisionnelle des effectifs est indispensable ".
Mais dans ce contexte, la création de nouveaux emplois paraît
donc inopportune.
B. LE COÛT CROISSANT DES EMPLOIS JEUNES
Les
emplois jeunes constituent l'une des deux priorités du gouvernement en
matière d'emploi, avec la réduction du temps de travail. Il
s'agit en effet pour lui de
" faciliter le retour à l'emploi des
populations les plus fragiles, notamment grâce aux emplois
jeunes ".
Or, cette priorité est extrêmement coûteuse, et son
coût croît régulièrement chaque année.
Le chapitre 44-01 Programme " nouveaux services - nouveaux emplois "
du budget de l'emploi comporte, pour 2000, des crédits à hauteur
de
21,34 milliards de francs
, soit une
augmentation de 53,3 %
par
rapport à 1999 (13,92 milliards de francs).
Les mesures nouvelles inscrites au projet de budget pour 2000 au titre des
emplois jeunes s'élèvent à 7,46 milliards de francs :
4,38 milliards de francs au titre de l'ajustement des crédits aux
besoins, et 3,08 milliards de francs pour le financement des entrées
nouvelles.
L'objectif que s'est fixé le gouvernement en matière d'emplois
jeunes est la création de 60.908 emplois en 2000, soit un total de
300.000 emplois créés. A terme, le nombre total d'emplois jeunes
devrait s'élever à 350.000, soit un
coût en année
pleine de 33,25 milliards de francs
77(
*
)
pour le seul budget de l'emploi.
En effet, le budget de l'emploi ne regroupe pas l'ensemble des
crédits destinés au financement de ce dispositif.
En effet, les 65.000 emplois jeunes recrutés par l'éducation
nationale comme aides éducateurs, et les 20.000 jeunes embauchés
par le ministère de l'intérieur comme adjoints de
sécurité sont financés, respectivement, par le budget de
l'enseignement scolaire à hauteur de 1,1 milliard de francs et par le
budget de la sécurité pour 698,8 millions de francs.
Par ailleurs, l'outre-mer bénéficie de 11.000 emplois jeunes,
dont 3.000 créations d'emplois en 2000, pour des crédits
s'établissant à 795,5 millions de francs.
Le coût total des emplois jeunes en 2000 s'élève donc
à 23,93 milliards de francs.
Votre rapporteur spécial rappelle que ce dispositif consiste à
créer des emplois dans le secteur non marchand de manière
artificielle. Il s'agit même d'un succédané d'emplois
publics, leur contrat ne devant durer que trois ans : le travail
précaire dans le secteur public ou parapublic s'en trouve
accentué.
Par ailleurs, l'avenir de la grande majorité des jeunes
embauchés dans le cadre de ce dispositif est très incertain.
Du reste, la Commission européenne exprime son scepticisme sur la
pertinence de ce dispositif, que la France a présenté comme
" bonne pratique " au titre de la mise en oeuvre de son plan national
d'action pour l'emploi (PNAE). Elle écrit dans son rapport sur l'emploi
1999 que les emplois jeunes
" ont contribué au recul du
chômage des jeunes en 1998 "
, mais que
" la survie de
ces postes, une fois qu'aura pris fin le soutien financier des pouvoirs
publics, dépendra de la capacité du programme à
générer des emplois économiquement viables ".
Votre rapporteur spécial doute de cette capacité, et estime
qu'
il est à craindre qu'une part importante d'entre eux
intègre définitivement la fonction publique
, ce qui ne peut
qu'accroître les effectifs des fonctionnaires et, par conséquent,
les dépenses du budget général. Par ailleurs, cela ne peut
qu'accroître la précarité au sein de la fonction
publique.
C. LE FINANCEMENT DES 35 HEURES N'EST PAS ASSURÉ
La
réduction du temps de travail est l'autre priorité du
gouvernement en matière d'emploi. Il s'agit de
" promouvoir
l'emploi par la réduction négociée du temps de travail et
les allégements de charges sociales ".
Or, seuls 4,3 milliards de francs sont inscrits au budget de l'emploi pour 2000
au titre du passage aux " 35 heures ", alors que son coût est
estimé à 65 milliards de francs pour l'année prochaine.
Votre rapporteur spécial souhaiterait rappeler les modalités du
financement des 35 heures telles qu'elles étaient prévues par le
gouvernement. Dans son projet initial
Elles sont relativement complexes car elles reposent en grande partie sur
les dispositions du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2000, et, surtout, sur un raisonnement postulant le succès
du le passage aux 35 heures, le dispositif s'autofinançant en partie.
Trois éléments sont à distinguer :
- le coût des allégements de charges sociales existants ;
- celui de l'extension des mesures d'allégement ;
- et celui des aides à la réduction du temps de travail
proprement dites.
Ces deux derniers points recouvrent le financement des 35 heures.
•
La création d'un fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale
Afin d'individualiser le coût des allégements, présents et
à venir, des charges sociales, le gouvernement a décidé de
créer, dans le PLFSS pour 2000, un fonds de financement auquel sera
affecté l'ensemble des recettes destinées à financer cette
mesure d'allégement.
Le gouvernement reconnaît ainsi,
implicitement, la pertinence d'une telle disposition en matière de
créations d'emplois.
Les dépenses engagées au titre de la
" ristourne
dégressive " dite Juppé
(allégement de charges
sociales jusqu'à 1,3 SMIC), soit
39,5 milliards de francs
,
seraient ainsi " sorties " du budget de l'emploi et supportées par
le fonds de financement.
Par ailleurs, l'allégement des charges sociales serait étendu
de 1,3 à 1,8 SMIC, soit un coût estimé à
7,5 milliards de francs en 2000.
Cette mesure bénéficierait uniquement aux entreprises
passées aux 35 heures
, les autres continuant à
bénéficier de la " ristourne Juppé "
jusqu'à 1,3 SMIC.
Pour l'année 2000, le coût total des allégements de
charges sociales, supporté par le nouveau fonds, devrait donc
s'établir à 47 milliards de francs.
Cette mesure sera financée, en partie, par un
transfert de ressources
de l'Etat au fonds de financement de la réforme des cotisations
patronales de sécurité sociale
.
La plus grande part, soit 39,5 milliards de francs, des 46,2 milliards de
francs attendus par l'Etat en 2000 au titre du droit de consommation sur les
tabacs manufacturés sera affectée au fonds de financement, afin
de financer la " ristourne Juppé ".
Une autre partie du produit du droit de consommation sur les tabacs sera
affecté, d'une part, à la caisse nationale d'assurance maladie,
à hauteur de 3,5 milliards de francs, afin de compenser la perte
des cotisations d'assurance personnelle précédemment
versées par les départements et l'Etat et supprimées par
la loi créant la couverture maladie universelle, et, d'autre part, au
fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de
l'amiante créé par la loi de financement de la
sécurité sociale, pour un montant de 200 millions de
francs.
D'une manière générale, les mesures d'allégements
de charges sociales devraient être favorables à l'emploi,
puisqu'elles élargissent la zone de dégressivité de
l'allégement sur les bas salaires et transposent, sous la forme d'un
allégement général, l'idée de la franchise de
cotisations.
Il apparaît cependant que le financement de ces mesures n'est que
partiel.
En effet, l'affectation de 39,5 milliards de francs sera insuffisante, le
coût de l'ensemble de ces allégements de charges sociales
s'établissant à 47 milliards de francs en 2000.
La différence, soit 7,5 milliards de francs, ne pourra être
financée que par la
création de deux nouveaux
prélèvements
:
-
en premier lieu,
l' " écotaxe "
,
c'est-à-dire l'extension, en 2000, de l'assiette de la taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP) aux
granulats, aux phosphates et aux produits phytosanitaires (puis à la
consommation d'énergie en 2001), serait à la charge des
entreprises et devrait engendrer un produit fiscal estimé à 3,2
milliards de francs en 2000 ;
- en second lieu,
une contribution sociale, au taux de 3,3 %, sur les
bénéfices des sociétés réalisant plus de 50
millions de francs de chiffre d'affaires
viendrait prendre le relais de la
surtaxe temporaire sur les bénéfices des sociétés
instaurée en 1997, et devrait rapporter 4,3 milliards de francs - cela
maintiendrait l'imposition des bénéfices des
sociétés à un haut niveau.
Le total de ces recettes nouvelles, affectées au fonds de compensation
des exonérations de charges sociales servirait à financer
l'extension de l'allégement des charges sociales de 1,3 à 1,8
SMIC, réservée aux seules entreprises qui passent aux 35 heures.
A terme, c'est-à-dire à partir de 2002, ces recettes devraient
s'établir à 25 milliards de francs, soit 12,5 milliards de francs
pour chacune des deux impositions.
•
Un financement en grande partie incertain
L'aide incitative à la réduction du temps de travail
- aide
pérenne et générale, appelée
aide
structurelle
- prendrait, quant à elle, la forme d'un
allégement des cotisations patronales de 4.000 francs par salarié
et par an, et
sera réservée, ici encore, aux entreprises
passées aux 35 heures
: son coût est évalué
à
17,5 milliards de francs en 2000, mais à 40 milliards de
francs en 2002.
Le financement de l'aide structurelle serait assuré
de deux
manières :
-
par
une dotation budgétaire
de 4,3 milliards
de francs
, qui est inscrite au budget de l'emploi pour 2000, et qui peut
être considérée comme une subvention de l'Etat au fonds de
compensation des exonérations de charges sociales (par ailleurs, 2,5
milliards de francs sont destinés aux aides incitatives à la
réduction du temps de travail dans le cadre de la loi Robien mais n'ont
pas vocation à être intégrés dans le nouveau
fonds
78(
*
)
) ;
- par une mise à contribution des
organismes de protection
sociale, évaluée entre 13,5 et 15,5 milliards de
francs
: l'UNEDIC pour un montant compris d'environ 8 milliards de
francs (les négociations sont en cours), et les caisses de
sécurité sociale à hauteur de 5,5 milliards de francs.
Le gouvernement argue en effet que, en raison des moindres dépenses et
des suppléments de recettes résultant, pour les régimes
sociaux, des créations d'emplois engendrées par la
réduction du temps de travail, les organismes de protection sociale
doivent participer au financement des 35 heures. Le gouvernement parle du
" recyclage " des économies de la sécurité
sociale.
Or, ce " recyclage ", parfois aussi appelé
" autofinancement ", est particulièrement hasardeux : il
constitue un véritable pari, reposant sur le présupposé
d'une corrélation quasi mécanique et proportionnelle entre
réduction du temps de travail et créations d'emplois.
En tout état de cause, les partenaires sociaux sont opposés
à cette formule, que notre commission avait critiquée dans le
rapport relatif au débat d'orientation budgétaire, la qualifiant
d' " usine à gaz ", et qui est contraire aux dispositions
de la loi Veil du 25 juillet 1994 selon laquelle tout allégement de
cotisations sociales décidé par l'Etat doit être
intégralement compensé.
Elle porte aussi atteinte à l'autonomie des organismes de protection
sociale, gérés par les partenaires sociaux sur une base paritaire.
En outre, si les 35 heures créaient réellement de nombreux
emplois, l'amélioration des comptes sociaux devrait se traduire, non par
un prélèvement, mais par une
baisse du taux des cotisations
sociales.
Enfin, il convient de rappeler que
l'équilibre des comptes sociaux
est très précaire
, la CNAM étant même
déficitaire en 1999 (- 12,1 milliards de francs) et devant l'être
encore en 2000 (- 3,7 milliards de francs).
Le caractère hasardeux de ce mode de financement ne se pose donc pas
tant pour 2000 que pour les années suivantes.
La contribution des
organismes sociaux pourrait ne plus être supportable, qui plus est si les
35 heures ne créent pas d'emplois à la hauteur des
espérances du gouvernement et des complexes mécanismes financiers
qu'il a échafaudés. Il n'y aurait pas, dès lors,
d'économies à " recycler ".
Le gouvernement n'a donc
pas assuré le financement
ex ante
d'une mesure qu'il a pourtant
imposée de manière autoritaire, tant aux entreprises qu'aux
partenaires sociaux.
Le 25 octobre 1999, le gouvernement a annoncé qu'il renonçait
finalement à imposer aux partenaires sociaux de contribuer au
financement des 35 heures. Il a préféré faire financer une
partie de son dispositif de réduction du temps de travail par le produit
de la taxation des heures supplémentaires ainsi que par l'affectation au
fonds de financement créé par le PLFSS pour 2000 des droits
pesant sur les alcools, aujourd'hui affectés au fonds de
solidarité vieillesse et à la CNAMTS.
"
L'usine à gaz
" s'est transformée en "
bricolage
".
Selon une étude conjointe de l'Insee, de la DARES
79(
*
)
et de la Direction de la prévision du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, seuls
7 % environ des emplois créés entre juin 1997 et
juin 1999 sont dus à la réduction du temps de travail.
Les allégements de charge, préconisés par notre commission
sont donc plus efficaces que les 35 heures en terme de créations
d'emplois.
Le financement des 35 heures n'est donc pas seulement incertain, il est
aussi potentiellement dangereux pour l'équilibre de la
sécurité sociale et des comptes sociaux.
La réduction " négociée " du temps de travail a
été proposée par la France comme sa seconde " bonne
pratique " dans le cadre de son PNAE.
La Commission européenne se montre très réservée.
Elle note en effet :
" Pour mesurer les retombées de la
réduction du temps de travail sur l'emploi, il faut enregistrer les
créations et les pertes d'emplois entraînées par la
réorganisation des entreprises. Le résultat net dépendra
principalement de l'évolution des salaires et des gains de
productivité et ne deviendra donc visible qu'à moyen terme. Il
convient en outre de tenir compte du coût budgétaire des emplois
créés ou préservés ".
Quant au FMI, il écrit, à propos de notre pays :
" Des politiques contestables, telles que des réductions
statutaires du temps de travail, doivent être mises en oeuvre avec
souplesse si elles ne peuvent être
évitées ".
II - SANTÉ ET
SOLIDARITÉ
Rapporteur spécial : M. Jacques
OUDIN
Avec
90,8 milliards de francs de dépenses ordinaires et de crédits de
paiement, le budget de la santé et de la solidarité constitue le
6
ème
budget de l'Etat. Il se compose du budget de la
solidarité (81,2 milliards de francs) et de celui de la santé
(9,6 milliards de francs).
La politique du Gouvernement conduit à une très forte progression
des crédits de la santé et de la solidarité pour
2000 : 10,6 milliards de francs. Ils permettent de couvrir les
dépenses nouvelles résultant de la création de la
couverture maladie universelle (7 milliards de francs), des revalorisations de
minima
sociaux (3,2 milliards de francs) et de l'octroi de moyens de
fonctionnement supplémentaires (400 millions de francs).
I. LA PRESENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS
L'ensemble des crédits de la santé et de la solidarité s'élève pour 2000 à 90,8 milliards de francs, en progression apparente de + 13,3 % par rapport à 1999 (80,18 milliards de francs), grâce principalement à l'inscription de la subvention de l'Etat au fonds de financement de la partie complémentaire de la couverture maladie universelle (CMU), soit 7 milliards de francs.
Budget de la santé et de la solidarité pour 2000
(en millions de francs)
|
Crédits votés en 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Différence 1998/1999 |
Evolution (en %) |
Titre III Moyens des services |
5.744,1 |
6.121,7 |
377,6 |
+ 6,6 |
Titre IV Interventions publiques |
73.734,6 |
83.943 |
10.208,4 |
+ 13,9 |
Total des dépenses ordinaires |
79.478,7 |
90.064,7 |
10.586 |
+ 13,3 |
Titre V Investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
|
AP |
84,5 |
96 |
11,5 |
+ 13,6 |
CP |
79,6 |
104,9 |
25,3 |
+ 31,8 |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
|
|
|
|
AP |
594,4 |
443 |
- 151,4 |
- 25,5 |
CP |
619,1 |
645,7 |
26,6 |
+ 4,3 |
Total des dépenses en capital |
|
|
|
|
AP |
678,9 |
539 |
- 139,9 |
- 20,6 |
CP |
698,7 |
750,6 |
51,9 |
+ 7,4 |
Total (DO + CP) |
80.177,4 |
90.815,3 |
10.637,9 |
+ 13,3 |
Les 3,64
milliards de francs supplémentaires - outre les transferts - restants
servent à poursuivre les priorités du Gouvernement que
sont :
• le financement de la lutte contre les exclusions ;
• la montée en puissance des agences de sécurité
sanitaire ;
• l'amélioration de l'efficacité des politiques de
santé publique ;
• le renforcement des moyens du ministère.
La hausse des
minima
sociaux mobilise à elle seule 3,2 milliards
de francs supplémentaires : 2,3 milliards de francs pour le revenu
minimum d'insertion, 780 millions pour l'allocation d'adulte handicapé
et 120 millions pour l'allocation de parent isolé.
A périmètre constant, la hausse des crédits est de 6,2 %
soit un peu plus de 5 milliards de francs. Elle était déjà
de 4,5 % pour 1999, et de 2,6 % pour 1998.
Il s'agit principalement d'un budget d'intervention, les dépenses du
titre IV en constituant plus de 90 %. Celles-ci, en progression de
13,9 %, expliquent l'essentiel de l'augmentation du budget.
Les moyens des services connaissent une progression de 6,6 % utilisée en
grande partie à doter les nouvelles agences de sécurité
sanitaire (156 millions de francs supplémentaires). 149 millions de
francs vont à des actions de santé publique dont 81,6 millions
à la lutte contre la toxicomanie.
La tendance à la baisse des dépenses en capital se
poursuit : - 20,6 % pour 2000, alors qu'elles avaient déjà
diminué de 26,7 % en 1999 par rapport à 1998.
II. LA PRESENTATION PAR AGREGATS
Le
budget de la Santé et de la solidarité est composé
désormais de cinq agrégats (celui concernant la ville ayant
disparu pour faire l'objet d'un " bleu " spécifique) de
volumes très différents, deux d'entre eux en constituant à
eux seuls près de 90 %.
Il convient de constater que la progression du budget de 13,3 % est très
inégalement reproduite selon les agrégats, puisque ceux
" offre de soins " et " développement social "
augmentent respectivement de 3,5 % et de 2,7 % contre 26 % de hausse pour celui
relatif à la lutte contre les exclusions. Cela se justifie par
l'inscription en son sein de l'essentiel des
minima
sociaux et donc de
leur revalorisation.
Présentation par agrégats
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Part
du budget 1999
|
Part
du budget 2000
|
Evolution (en %) |
01 - Administration générale |
|
|
|
|
|
AP |
89,6 |
96 |
13,1 |
17,8 |
+ 7,1 % |
DO + CP |
5.303 |
5.549,3 |
6,6 |
6,1 |
+ 4,6 % |
02 - Politique de santé publique |
|
|
|
|
|
AP |
- |
- |
- |
- |
- |
DO + CP |
2.265,8 |
2.452,3 |
2,79 |
2,7 |
+ 8,2 % |
03 - Offre de soins |
|
|
|
|
|
AP |
257 |
200 |
37,6 |
37,1 |
- 22,2 % |
DO + CP |
1.534,4 |
1.539,8 |
2 |
1,7 |
+ 3,5 % |
04 - Développement social |
|
|
|
|
|
AP |
262,2 |
193 |
38,3 |
35,8 |
- 26,4 % |
DO + CP |
35.552,2 |
36.521,9 |
44,2 |
40,2 |
+ 2,7 % |
05 - Insertion et lutte contre l'exclusion |
|
|
|
|
|
AP |
75,1 |
50 |
11 |
9,3 |
- 33,5 % |
DO+ CP |
35.522 |
44.752 |
44,4 |
49,3 |
+ 26 % |
Total |
|
|
|
|
|
AP |
684 |
539 |
100 |
100 |
- 27 % |
DO + CP |
80.177,4 |
90.815,3 |
100 |
100 |
+ 13,3 % |
A. LES DÉPENSES D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
Les dépenses d'administration générale atteignent en 2000 un montant de 5,55 milliards de francs, en progression de + 4,6 % par rapport au budget voté de 1999. Elles représentent 6,1 % des crédits de paiement du budget de la santé et de la solidarité (contre 6,6 % en 1998).
1. Les dépenses de personnel
En 2000, le ministère devrait disposer de 14 427 emplois budgétaires soit un gain net de 102 postes. Cependant, alors que 14 325 emplois étaient prévus au budget de 1999, le 1 er juillet 1999 les effectifs réels n'étaient que de 13.410. Cela s'explique par les retards d'affectation des agents, particulièrement pour les emplois donnant lieu à concours, ce qui revient cependant à geler des emplois budgétaires.
Evolution des effectifs
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Emplois budgétaires prévus |
14.110 |
14.309 |
14.325 |
14.427 |
dont |
|
|
|
|
centrale |
2.421 |
2.320 |
2.323 |
2.376 |
services déconcentrés |
11.667 |
11.966 |
11.977 |
12.027 |
conseillers pour les affaires sociales |
22 |
23 |
25 |
24 |
Emplois budgétaires réels (au 31 décembre) |
14.113 |
14.309 |
13.410 (*) |
- |
dont centrale |
2.404 |
2.343 |
2.144 |
- |
(*)
au 1
er
juillet 1999
source : Ministère de l'emploi et de la solidarité
Le solde des mouvements d'effectifs fait apparaître une augmentation
nette de 102 emplois, qui s'explique de la façon suivante :
• les créations de postes au titre du renforcement des
administrations portent sur 201 emplois (53 en administration centrale, 104
dans les services déconcentrés et 44 au titre de l'emploi
précaire) ;
• le partage des services départementaux d'action sociale dans le
cadre de la décentralisation se traduit par un solde positif de 4
emplois ;
• la participation à l'effort général de
maîtrise de l'emploi public se traduit par la suppression nette de 64
postes budgétaires, vacants ou gelés, d'agents de
catégorie C ;
• le transfert de 37 emplois sur le budget de l'Institut de formation aux
carrières administratives, sanitaires et sociales (IFCASS) de Dieppe
(titre IV) ;
• les nouveaux établissements nationaux à caractère
sanitaire s'accompagnent du transfert de 2 emplois.
Le budget pour 2000 fournit l'occasion d'un renforcement de l'encadrement du
ministère et des services déconcentrés avec la
création de 139 postes de catégorie A. Par ailleurs sont prises
plusieurs mesures d'amélioration des carrières.
Les dépenses de personnel du titre III passent en conséquence de
4,13 à 4,3 milliards de francs, soit une progression de 4,4 % par
rapport à 1999.
2. Les moyens des services
Cette
partie de l'agrégat connaît de fortes variations liées
à un effort de clarification visant à regrouper l'ensemble des
moyens de fonctionnement au sein d'une même partie " Matériel
et fonctionnement des services ".
Les moyens de fonctionnement de l'administration centrale (chapitres 34-94
et 34-98) passent de 414,3 millions de francs à 1.060,7 millions de
francs. Cette très forte hausse recouvre en réalité
l'intégration de la plus grande partie de l'ancien chapitre 37-13
" service des affaires sanitaires et sociales " dans le chapitre
34-98 (soit 605 millions de francs).
Les dépenses d'informatique et de bureautique sont désormais
scindées en deux articles : 60 " services chargés de
l'informatique et des réseaux " et 70 " services centraux
délocalisés ".
Les dépenses d'administration générale (article 10)
augmentent très fortement, de 28,8 millions de francs, pour
s'établir à 166,7 millions de francs.
Les dépenses de communication subissent une diminution de 20 millions de
francs des services votés qui correspond à la fin d'une campagne
de promotion, et une hausse de 3 millions de francs au titre des mesures
nouvelles. Par ailleurs, les crédits d'informatique subissent une
régulation de 1,75 million de francs. Les crédits d'études
et de statistiques progressent de 5,56 millions de francs. Les crédits
du programme médicalisé de statistiques et d'information (PMSI)
sont regroupés au sein du chapitre 34-98 et bénéficient,
hors transfert, de 3 millions de francs supplémentaires.
La subvention à l'Ecole nationale de la santé publique
(chapitre 36-81, article 80) est diminuée de 2 millions de francs
par rapport à 1999, ce qui fait suite à une baisse du même
montant l'année dernière, et s'établit à
63,2 millions de francs.
Il convient aussi de signaler que le montant de la dotation prévue pour
les frais de justice et de réparations civiles (chapitre 37-91),
reconduite en 2000 au niveau de 10,53 millions de francs, comme en 1999, est
purement indicatif. En pratique, les dépenses constatées en
exécution ont toujours été très supérieures
ces dernières années.
Evolution des crédits frais de justice
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
LFI |
11 |
11 |
11 |
11 |
10,5 |
10,5 |
Dépenses réelles |
177,6 |
145,6 |
103,4 |
76 |
34,5 (*) |
- |
(*)
1
er
semestre
Source : Ministère de l'emploi et de la solidarité
Les dépenses en capital progressent quant à elle fortement de 6,4
millions de francs en autorisations de programme et 46,8 millions de francs en
crédits de paiement (nouveau chapitre 57-93).
Ces transferts sont guidés par un souci de clarification qui rendent
plus délicates les comparaisons à structure constante. La hausse
générale des moyens de fonctionnement semble ainsi à
nuancer : environ 40 millions de francs.
B. LES DÉPENSES DE POLITIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE
Les dépenses consacrées à la politique de santé publique augmentent de 186,5 millions de francs (8,2 %), pour s'établir à 2,45 milliards de francs pour 2000, soit 2,7 % du budget de la santé et de la solidarité (2,8 % en 1999).
1. Les subventions aux établissements nationaux à caractère sanitaire.
Les crédits consacrés aux établissements nationaux à caractère sanitaire (chapitre 36-81) augmentent de 156,4 millions de francs pour atteindre 495,2 millions de francs en 2000, soit une progression de 46 % par rapport à 1999. Tous les établissements voient ainsi leur dotation augmenter sauf l'Agence française du sang :
Subventions aux établissements nationaux à caractère sanitaire (chapitre 36-81)
(en millions de francs)
|
Crédits demandés pour 2000 |
1999 / 2000 |
Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé |
175,3 |
+ 55,4 |
Agence française de sécurité sanitaire des aliments |
22,8 |
+ 14,8 |
Agence française du sang |
29,7 |
- |
Office de protection contre les rayonnements ionisants |
84,7 |
+ 29,1 |
Etablissement français des greffes |
28,1 |
+ 2,5 |
Institut de veille sanitaire |
101,1 |
+ 38,6 |
Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé |
53,5 |
+ 16 |
Total |
495,2 |
+ 156,4 |
2. Les crédits consacrés à la lutte contre les fléaux sanitaires
Les
crédits consacrés à la lutte contre le Sida et les
maladies transmissibles (chapitre 47-18) augmentent en 1999 de 1,3 million
de francs, ce qui les porte à 524,9 millions de francs.
En réalité cette faible hausse cache de vastes transferts :
• de l'Etat vers l'assurance maladie pour 29,3 millions de francs au
titre des dépenses de dépistage et de traitement
réalisées dans les centres de dépistage anonyme et gratuit
et les centres de planification ou d'éducation familiale ;
• un redéploiement de 16 millions de francs ;
• une hausse de 15 millions de francs au titre de la lutte contre
l'hépatite C ;
• une hausse de 10,8 millions de francs pour le plan triennal de lutte
contre la drogue et la prévention des dépendances ;
• un transfert de 1,6 million de francs sur la réduction des
risques ;
• une hausse de 1,07 million de francs pour la lutte contre la
résistance aux antibiotiques ;
• un transfert de 1,2 million de francs au titre des centres de
coordination et de lutte contre les infections nosocomiales ;
• un transfert de 1,4 million de francs pour les centres nationaux de
référence (hors Institut Pasteur) ;
• une hausse de 16 millions de francs pour le fonds de solidarité
thérapeutique international.
Les moyens supplémentaires vont donc notamment au programme national de
lutte contre l'hépatite C, à l'initiative de solidarité
thérapeutique internationale et à la lutte contre la drogue.
Les crédits de lutte contre la toxicomanie et les pratiques addictives
(chapitres 47-15 et 47-16) augmentent ainsi de 93 millions de francs, soit 51,2
millions supplémentaires au titre des pratiques addictives et 41,8
millions au titre de la toxicomanie. Cette hausse s'accompagne d'une
clarification de la nomenclature budgétaire et d'un regroupement
d'articles. Les dépenses sont ainsi davantage
déconcentrées puisque les crédits non
déconcentrés diminuent à seulement 7,5 millions de francs
contre 859,5 millions de francs pour les crédits
déconcentrés.
La hausse des crédits est cependant à relativiser puisqu'elle
résulte en partie d'un transfert de 96 millions de francs depuis le
chapitre 47-17 et d'une baisse de 72,6 millions de francs due au transfert
à l'assurance maladie de la prise en charge des frais de sevrage. Les
crédits de lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme (chapitre 47-17)
disparaissent ainsi pour se fondre dans le dispositif global de lutte contre
les pratiques addictives.
Les programmes de santé publique, de prévention et de promotion
de la santé (chapitre 47-11) font l'objet d'une hausse de 26,2 millions
de francs (transferts déduits) pour s'établir à 250,5
millions de francs.
L'évaluation et la gestion des risques sanitaires (47-12) voient leurs
crédits diminuer de 2,7 millions de francs, au détriment des
dépenses non déconcentrées, pour s'établir à
36,3 millions de francs.
C. LES DEPENSES CONSACRÉES À L'OFFRE DE SOINS
Les dépenses consacrées à l'offre de soins augmentent de 3,5 % par rapport à 1999, pour s'établir à 1,540 milliard de francs en 2000, soit 1,7 % du budget de la santé et de la solidarité (contre 2 % en 1999).
1. La formation des professions médicales et paramédicales
Les
crédits consacrés à la formation des professions
médicales et paramédicales (chapitre 43-32) sont stables à
structure constante.
Le chapitre progresse de 253,3 millions de francs par l'intégration en
son sein des sommes consacrées aux bourses d'études des
professions paramédicales (chapitre 43-34, article 10) qui ne sont donc
pas revalorisées.
Au total, 795,4 millions de francs sont consacrés à la formation
des professions médicales et paramédicales.
2. La prise en charge de l'interruption volontaire de grossesse
Les sommes consacrées au remboursement aux organismes de sécurité sociale des dépenses afférentes à l'IVG (chapitre 46-22) restent inchangées à 162 millions de francs.
3. L'organisation du système de soins
Le
chapitre 47-19 " organisation du système de soins "
connaît de fortes évolutions :
• diminution de 5 millions de francs attribués aux agences
régionales de l'hospitalisation (ARH) en 1999 pour l'élaboration
des schémas régionaux d'organisation sanitaire ;
• diminution de 10,5 millions de francs des interventions sociales ;
• augmentation de 2 millions de francs des moyens en faveur de la
prospective et des stratégies hospitalières ;
• augmentation de 6 millions de francs des moyens en faveur du
dépistage et de la lutte contre le cancer ;
• transfert de 22 millions de francs au chapitre 47-11 " programmes
de santé publique " ;
• transfert de 42,4 millions de francs vers le budget de l'outre-mer
correspondant à la dotation du service de santé de Mayotte.
Au total, les ARH bénéficient de 102,7 millions de francs, les
interventions hospitalières de 3,2 millions de francs, les services de
santé des TOM de 136,7 millions de francs et le groupement
d'intérêt public " Carte de professionnel de
santé " de 1,45 million de francs.
4. Les dépenses d'équipement sanitaire
Pour
2000, les subventions d'équipement sanitaire (chapitre 66-11) sont
réduites de 115,8 millions de francs à 73,3 millions de francs en
crédits de paiement. Aucune autorisation de programme n'est
prévue pour 2000, alors qu'elles se sont élevées à
7 millions de francs en 1999. Ces crédits, qui correspondent à
l'exécution des contrats de plan Etat-régions, sont en
décroissance rapide depuis 1994, où ils s'élevaient
à 434,9 millions de francs en autorisations de programme et à
489,6 millions de francs en crédits de paiement.
Un chapitre 66-12 nouveau avait été créé en 1997
pour accueillir la dotation du fonds d'investissement pour la modernisation des
hôpitaux (FIMHO) en 1998, soit 503 millions de francs en autorisations de
programme et 153 millions de francs en crédits de paiement. La dotation
du FIMHO pour 1999 s'élevait à 250 millions de francs en
autorisations de programme et 150 millions de francs en crédits de
paiement.
Créé pour une période de cinq ans, ce fonds attribue des
subventions aux établissements de santé qui présentent des
projets contribuant à l'adaptation de l'offre régionale de soins
hospitaliers. Les projets sont sélectionnés par les ARH, qui
privilégient les projets générant des économies de
fonctionnement suffisantes pour couvrir l'investissement initial dès la
troisième année. Pour 2000, le projet de loi de finances
prévoit 200 millions d'autorisations de programme et 265 millions de
francs de crédits de paiement.
D. LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
Les crédits consacrés au développement social s'élèvent en 2000 à 36,52 milliards de francs, en augmentation de + 2,7 % par rapport au budget voté de 1999. Ils représentent 40,2 % du budget de la santé et de la solidarité contre 44,2 % en 1999.
1. Les établissements nationaux pour jeunes sourds et aveugles
Les crédits figurant à l'article 91 du chapitre 36-81 au titre de la subvention de fonctionnement de l'Etat aux établissements nationaux pour jeunes sourds et aveugles se maintiennent à un niveau constant à 76 millions de francs.
2. Le service national des objecteurs de conscience
Les crédits consacrés au service national des objecteurs de conscience (chapitre 37-01) restent constants en 2000 à 106 millions de francs. Fixés à ce niveau en loi de finances initiale, cet article a néanmoins fait l'objet d'un abondement à hauteur de 86 millions de francs par décret d'avances le 2 septembre 1999.
3. Les services des droits des femmes
Les
crédits consacrés à la promotion et à l'information
relatives aux droits des femmes (chapitre 43-02) sont augmentés de
19,5 millions de francs pour s'établir à 100 millions de
francs en 2000, soit une hausse de 25 % par rapport à 1999. La plus
grande part (16 millions) de cette progression profite aux dépenses
déconcentrées.
La hausse, hors suppressions de crédits non renouvelables, recouvre
plusieurs volets :
• 3,6 millions de francs supplémentaires pour les centres
d'information et de documentation des femmes et des familles et diverses
associations ;
• 900 000 F pour lutter contre la violence ;
• 11,5 millions de francs en faveur des créations d'emplois et
d'entreprises et au titre de la mixité et de l'égalité des
chances ;
• 4 millions de francs en faveur d'associations oeuvrant pour la
parité et l'Europe sociale.
4. La formation des travailleurs sociaux
Les
crédits consacrés en 2000 au fonctionnement des écoles de
formation des travailleurs sociaux (chapitre 43-33) s'élèvent
à 703,8 millions de francs, contre 598,4 millions de francs en 1999. Ce
chapitre fait en effet l'objet d'un changement de nomenclature avec
l'intégration en son sein sous la forme d'un article 30 destiné
aux bourses (ancien article 20 de l'ancien chapitre 43-34). Au gré de ce
transfert, les montants accordés pour les bourses diminuent de 6,6
millions de francs pour s'établir à 77 millions de francs. Par
ailleurs, le chapitre fait l'objet de 28,3 millions de francs
supplémentaires :
• 20,3 millions pour des formations au titre des dépenses
déconcentrées principalement destinés à l'extension
des capacités des centres ;
• 8 millions en faveur de l'Institut de formation aux carrières
administratives, sanitaires et sociales de Dieppe pour lui permettre de prendre
en charge les 37 emplois qui lui sont transférés (7,3 millions de
francs).
5. Développement social
a) Les centres d'aide par le travail
Les crédits alloués aux centres d'aide par le travail sont transférés du chapitre 46-23 (article 10) au nouveau chapitre 46-31 " développement social " (article 40). Ils progressent de 213,4 millions de francs, soit 3,4 % par rapport à 1999, pour atteindre 6,48 milliards de francs.
b) Les actions en faveur des rapatriés
Le
budget de la santé et la solidarité intègre depuis 1998
les crédits consacrés aux prestations sociales et aux actions
culturelles en faveur des rapatriés, qui constituaient le chapitre 46-03
(nouveau) en 1999 et deviennent les articles 61 et 62 du nouvel article 46-31
" développement social ".
La dotation de ces articles est de respectivement 19,7 et 80,3 millions de
francs, en baisse de 35 millions de francs (- 26 %). Ils sont destinés
au financement du plan d'actions sur cinq ans en faveur des anciens membres des
formations supplétives, résultant de la loi n°94-488 du 11
juin 1994, ainsi que des aides exceptionnelles de l'Etat aux rapatriés
réinstallés.
c) Les autres actions
Outre
les crédits destinés aux centres d'aide par le travail et aux
rapatriés, le nouveau chapitre 46-31 regroupe l'ensemble des
dépenses de développement social soit :
• en faveur de la famille et de l'enfance (articles 10 et 20) pour 114,2
millions de francs contre 124,7 millions de francs en 1999 (anciens articles 10
et 20 du chapitre 47-21) ;
• en faveur des personnes âgées et des personnes
handicapées (articles 30 et 50) pour 166,7 millions de francs, en hausse
de 18 millions de francs (anciens articles 30 et 50 du chapitre 47-21) ;
• en faveur de l'innovation et de l'économie sociale (articles 71
et 72) pour 13,5 millions de francs soit une hausse de 5 millions de francs
(ancien chapitre 44-01).
6. Les prestations obligatoires de développement social
a) L'allocation aux adultes handicapés
La contribution de l'Etat au financement de l'AAH s'accroît de 781 millions de francs en 2000, pour atteindre 25,55 milliards de francs, soit une progression de 3,15 % par rapport à 1999. Elle est transférée de l'ancien chapitre 46-92 à l'article 10 du nouveau chapitre 46-33 " prestations sociales en faveur du développement social ".
b) La tutelle et la curatelle d'Etat
Le nombre des décisions judiciaires confiant à l'Etat des mesures de tutelle et curatelle, en application de l'article 433 du code civil, est toujours en accroissement rapide : en 1999, il a augmenté, net des mesures éteintes, de 12 700, soit un ensemble de 112 000 mesures. En conséquence, la dotation correspondante (qui a été transférée de l'article 60 du chapitre 46-23 à l'article 20 du chapitre 46-33) est portée à 600 millions de francs pour 2000, soit une hausse de 5 %.
c) Les prestations diverses
Les
autres prestations représentent 2,01 milliards de francs principalement
affectés au Fonds spécial d'invalidité :
• 1,592 milliard de francs pour le Fonds spécial
d'invalidité (article 60), en provenance du budget des charges communes
(crédits stables par rapport à 1999) ;
• 350 millions de francs au titre de l'aide sociale (article 50) soit un
montant identique à la dotation de 1999 (ancien article 90 de l'ancien
chapitre 46-23) ;
• 68 millions de francs au titre des allocations et prestations diverses
(article 30) en baisse de 24,1 millions de francs par rapport à 1999
(ancien article 70 du chapitre 46-23) soit - 26% ;
• 7,5 millions de francs pour couvrir les dépenses d'allocations
supplémentaires en faveur des ressortissants de l'aide sociale (article
40), en baisse de 1,8 million de francs (ancien article 82 de l'ancien chapitre
46-23).
7. Les subventions à divers régimes de protection sociale
La
subvention d'équilibre à la caisse autonome nationale de
sécurité sociale dans les mines (ancien article 10 du chapitre
47-23) est transférée au budget des charges communes.
Les crédits consacrés à la protection sociale outre-mer
(articles 50,60 et 70 du chapitre 47-23) diminuent de 14,6 millions de francs
pour s'établir à un montant total de 242,8 millions de francs (-
5,6 %). L'essentiel de ces crédits est destiné à la
Polynésie française (206 millions de francs), le solde
étant partagé entre Saint-Pierre-et-Miquelon (6,8 millions de
francs) et Mayotte (30 millions de francs).
8. Les dépenses d'équipement social
Les
subventions d'équipement social (articles 10, 20, 30, 50 et 60 du
chapitre 66-20) diminuent de 28 % en autorisations de programme (AP), pour
atteindre 243 millions de francs, et de 13 % en crédits de paiement
(CP), pour s'établir à 307,4 millions de francs.
La moitié (les deux tiers en 1999) de ces crédits sont
consacrés à la transformation des établissements
d'hébergement des personnes âgées, à raison de 128
millions de francs en autorisations de programme (231,5 en 1999) et de 202,2
millions de francs en crédits de paiement (236,7 en 1999). Cette baisse
permet de faire un effort en faveur des établissements pour
handicapés (10 millions de francs d'AP et 19 millions de francs de CP),
des équipements sociaux (20 millions de francs d'AP, 5 millions de
francs de CP) et des centres de formation des personnels sociaux (20 millions
de francs en AP et 10 millions en CP). En revanche, les crédits et
autorisations en faveur des établissements pour jeunes sourds et jeunes
aveugles diminuent.
E. L'INTÉGRATION ET LA LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
Les
crédits consacrés aux politiques d'insertion et de lutte contre
l'exclusion s'élèvent pour 2000 à 44,75 milliards de
francs, en augmentation de 26 % par rapport au budget voté de 1999 (35,5
milliards de francs). Ils représentent 49,3 % du budget de la
santé et de la solidarité. Cette forte hausse s'explique
principalement (7 milliards de francs) par l'inscription à ce budget des
crédits destinés au financement du volet complémentaire de
la couverture maladie universelle (CMU).
Cet agrégat a fait l'objet de réaménagements de
nomenclature afin d'identifier sur le titre IV trois chapitres : action
sociale de lutte contre l'exclusion et d'intégration (46-81), CMU et
aide médicale (46-82), prestations de solidarité
(46-83).
1. Action sociale de lutte contre l'exclusion et d'intégration
a) Les crédits de lutte contre l'exclusion
Les crédits consacrés à l'intégration et à la lutte contre l'exclusion (anciens articles 60 et 70 du chapitre 47-21, devenus les articles 10 et 20 du nouveau chapitre 46-81) augmentent de 20 % par rapport à 1999, pour s'établir à 1,137 milliard de francs.
b) Les centres d'hébergement et de réadaptation sociale
Les crédits consacrés aux centres d'hébergement et de réadaptation sociale - CHRS - (ancien article 22 du chapitre 46-23, devenu l'article 30 du chapitre 46-81) bénéficient d'une progression de 73,5 millions de francs pour atteindre 2,57 milliards de francs. Cette forte hausse est notamment destinée à la création de 500 places supplémentaires (42 millions de francs).
c) Actions en faveur de l'intégration, des migrants et des réfugiés
Les
crédits pour les actions en matière de population,
d'intégration et de suivi sanitaire et social des migrants
étrangers et des réfugiés s'élèvent à
78,8 millions de francs (anciens articles 20 et 30 du chapitre 47-81, devenus
les articles 40 et 50 du chapitre 46-81) soit une hausse de 19,8 millions de
francs attribuée aux dépenses déconcentrées. Ils
sont destinés principalement au financement des contrats
d'agglomération conclus entre l'Etat et les communes pour les programmes
locaux d'insertion des immigrés, à la coordination du
réseau national d'accueil des réfugiés, à
l'accompagnement social dans les centres de rétention, et aux actions de
formation linguistique et professionnelle des réfugiés.
Les allocations d'attente et les aides financières diverses pour les
réfugiés et les demandeurs d'asile bénéficient de 7
millions de francs supplémentaires, pour atteindre 39 millions de francs
(ancien article 40 du chapitre 47-81, devenu article 70 du chapitre 46-81).
Les CHRS pour les réfugiés (qui figurent à l'article 60 du
chapitre 46-81 au lieu de l'article 21 du chapitre 46-23)
bénéficient de 10 millions de francs de crédits
supplémentaires à 314,1 millions de francs (3,3 %).
2. La couverture maladie universelle et l'aide médicale
a) La couverture maladie universelle
La contribution de l'Etat au fonds de financement de la protection complémentaire de la CMU du risque maladie s'élèvera en 2000 à 7 milliards de francs, inscrits à l'article 10 du nouveau chapitre 46-82.
b) L'aide médicale
Suite à la création de la CMU, l'Etat a été amené à réduire de 40 % les crédits consacrés à l'aide médicale qui se monteront à 495 millions de francs en 2000. En effet, de nombreux bénéficiaires de l'aide médicale seront désormais éligibles à la CMU.
3. Les prestations de solidarité
a) L'allocation de parent isolé
La contribution de l'Etat au financement de l'API a été transférée de l'article 10 du chapitre 46-20 à l'article 10 du nouveau chapitre 46-83. Les crédits augmentent de 2,8 %. Ils s'élèveront ainsi à 4,35 milliards de francs en 2000 contre 4,23 milliards de francs en 1999.
b) Le revenu minimum d'insertion
Les crédits consacrés à l'allocation du RMI (ancien article 10 de l'ancien chapitre 46-21, devenu l'article 20 du chapitre 46-83) s'accroissent de 8,7 % par rapport à 1999 et atteignent 28,7 milliards de francs contre 26,4 milliards de francs l'an passé. Ces moyens nouveaux tiennent compte de l'augmentation prévue du nombre des bénéficiaires, de la revalorisation de l'allocation et du changement des règles de cumul de la prestation et de revenus d'activité. Au 30 juin 1999, 1.112.108 allocataires percevaient le RMI contre 1.067.472 le 31 décembre 1997.
4. Les subventions d'équipement social
Avec 50 millions de francs d'autorisations de programme contre 75,1 millions de francs en 1999, les établissements de réinsertion sociale et professionnelle (article 40 du chapitre 66-20) voient leurs possibilités d'engagement diminuer de 34 %. Les crédits de paiement augmentent, quant à eux, de 43,2 à 53 millions de francs (hausse de 22,7 %).
III. L'ARTICLE 70 BIS : ÉTAT ANNEXÉ RETRAÇANT LES CRÉDITS EN FAVEUR DES DROITS DES FEMMES
Lors de
la discussion à l'Assemblée nationale des crédits de la
santé et de la solidarité, Madame Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation
professionnelle, a émis le voeu que
" l'an prochain, un jaune
budgétaire
[puisse]
peut-être présenter l'ensemble
[des]
crédits "
80(
*
)
relatifs aux droits des femmes.
Répondant à l'instant au désir de la ministre, le
rapporteur spécial des crédits de la santé, notre
collègue Gilbert Mitterrand, a déposé un amendement
insérant un article additionnel :
" le Gouvernement
présente chaque année, en annexe au projet de loi de finances, un
état retraçant les crédits qui concourent aux actions en
faveur des droits des femmes "
.
Votre rapporteur spécial ne s'interrogera pas sur le caractère
curieux de la méthode employée, puisque le Gouvernement a besoin
d'un amendement parlementaire pour assurer une information qu'il n'aurait tenu
qu'à lui de fournir à la représentation nationale sans
qu'il ait été besoin de créer un " jaune "
supplémentaire.
Il ne s'interrogera pas non plus sur le caractère catégoriel de
ce type de document : les femmes constitueraient ainsi un public
particulier bénéficiant d'un document budgétaire
particulier.
IV. LES PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
A. L'INFLUENCE DE LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE
Le
budget de la santé et de la solidarité pour 2000 est
marqué par l'inscription, à hauteur de 7 milliards de francs, des
crédits que consacrera l'Etat au financement du volet
complémentaire de la CMU : elle représente 65,4 % de la
progression totale du budget.
Votre rapporteur spécial avait, dans son avis sur le projet de loi
relatif à la couverture maladie universelle, dénoncé par
avance les conséquences pour le budget de l'Etat de cette
réforme.
Après de vastes réaménagements de crédits, qui
reviennent à minorer les dépenses du ministère de
l'intérieur au titre de la dotation globale de décentralisation,
et à majorer de 7 milliards de francs les crédits, elle se
traduit par un coût net de 1,5 milliard de francs pour l'Etat la
première année de mise en place du dispositif.
Couverture maladie universelle : conséquences financières pour l'Etat
(en milliards de francs)
Recettes (ou moindres dépenses) |
Dépenses (ou moindres recettes) |
||
Diminution du coût de l'aide médicale Etat |
0,40 |
Subvention au fonds de financement |
7 |
Diminution de dotation générale de décentralisation |
|
Affectation d'une fraction des droits de consommation sur le tabac à la CNAMTS |
|
|
|
Augmentation des subventions aux régimes d'assurance maladie |
|
Total |
9,19 |
Total |
10,90 |
|
|
Solde |
- 1,51 |
Sources : étude d'impact du projet de loi
portant
création d'une couverture maladie universelle et PLF 2000
La subvention au fonds de financement constitue cependant un solde
dépendant du montant du produit de la contribution sur les organismes
complémentaires, estimé à 1,8 milliard de francs.
Votre rapporteur spécial constate que la loi créant la CMU
prévoyait une participation de l'Etat au fonds de 7,2 milliards de
francs et qu'elle n'apparaît qu'à hauteur de 7 milliards de francs
dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les dépenses supplémentaires et les moindres recettes ont donc un
caractère aléatoire. Ainsi, l'évaluation de
1,5 milliard de francs du coût net de la CMU apparaît comme un
minimum difficilement compatible avec la logique partenariale inscrite dans le
projet de loi. Il est probable que l'Etat devra dépenser davantage que
prévu pour le fonds de financement de la protection
complémentaire.
B. LA FORTE PROGRESSION DES MINIMA SOCIAUX
En 2000,
comme les années précédentes, les augmentations de
crédits les plus importantes en volume du budget de la santé et
de la solidarité résulteront de la croissance non
maîtrisée de dépenses sociales obligatoires.
Le total des crédits consacrés à la CMU, à l'API,
à l'AAH et au RMI s'élèvera en 2000 à 65,6
milliards de francs, soit 72,2 % du budget de la santé et de la
solidarité contre 69,1 % en 1999.
Montant et évolution des prestations sociales
dans le
budget de la santé et de la solidarité
(en milliards de francs)
|
LFI 1999 |
Part du budget de la santé et de la solidarité |
PLF 2000 |
Part du budget de la santé et de la solidarité |
Ecart |
Evolution (en %) |
RMI |
26,4 |
32,9 % |
28,7 |
31,6 % |
2,3 |
+ 8,7 % |
AAH |
24,77 |
30,9 % |
25,55 |
28,1 % |
0,78 |
+ 3,15 % |
API |
4,23 |
5,3 % |
4,35 |
4,8 % |
0,12 |
+ 2,8 |
CMU |
- |
|
7 |
7,7 % |
7 |
- |
Total |
55,4 |
69,1 % |
65,6 |
72,2 % |
10,2 |
+ 18,4 % |
L'inscription des crédits consacrés à la
CMU
est une mesure entièrement nouvelle, conséquence de sa
budgétisation. L'augmentation du nombre des bénéficiaires
de l'AAH s'explique par l'allongement de l'espérance de vie des
personnes handicapées. Elle vient également des extensions
récentes du champ de l'AAH, aux malades du Sida et à certains
étrangers en situation régulière. De même, la
progression des dépenses de RMI résulte en particulier des
revalorisations et des changements de règles de cumul de la prestation
et de revenus d'activité.
Votre rapporteur spécial avait rappelé l'année
dernière l'appréciation portée par la Cour des comptes,
dans son rapport public de 1995, sur l'efficacité des contrôles du
RMI, faisant état de contrôles pas toujours efficaces des
conditions ressources par les caisses d'allocations familiales
81(
*
)
. Rien n'indique aujourd'hui que des progrès
ont été accomplis en ce sens, ce qui est regrettable.
Votre rapporteur spécial critique fermement la multiplication de
mécanismes à guichets ouverts ne permettant aucun contrôle
des dépenses et soumis à fortes variations. Il en résulte
que sur un budget de près de 91 milliards de francs, plus de 72,2 % sont
destinés à des prestations sociales, qui représentent
ainsi 95,3 % de la hausse du budget de cette année (10,2 milliards de
francs sur les 10,6 milliards de progression).
Ces évolutions montrent que le contexte de forte croissance
économique et de redressement de l'emploi ne profite pas à tous.
C. L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES AUTRES POSTES DE DÉPENSES
Votre
rapporteur spécial salue les efforts de clarification de nomenclature
mais regrette que suite à des changements successifs d'une année
sur l'autre et à la globalisation de lignes très importantes, le
contrôle parlementaire devienne plus difficile. Ainsi, la fusion des
crédits en faveur de la lutte contre le tabagisme au sein de ceux de la
lutte contre les pratiques addictives rend désormais impossible,
à la lecture du bleu, d'identifier les moyens que l'Etat dégage
à ce titre.
Au delà de ces remarques importantes, votre rapporteur spécial
voudrait souligner que la hausse des prestations recouvre l'essentiel des
moyens nouveaux dont dispose le ministère, et que le solde (400 millions
de francs) est affecté à des actions dont il souhaite discuter de
la priorité.
La moitié de la progression des moyens de fonctionnement du
ministère va à la montée en puissance des agences de
sécurité sanitaire, ce que ne remet pas en cause votre rapporteur
spécial.
En revanche, il peut paraître étonnant qu'au moment même
où se mettent en place, avec des moyens importants, des structures
autonomes qui assument plusieurs fonctions essentielles du ministère, le
budget de l'emploi et de la solidarité bénéficie de 102
créations d'emploi et de 150 millions de francs de moyens de
fonctionnement supplémentaires. S'agissant d'ailleurs des emplois, votre
rapporteur spécial souhaite souligner :
• la subsistance de 209 postes mis à disposition de
l'administration centrale par les organismes de sécurité sociale
et les hôpitaux (environ 170 postes dans le même cas pour les
services déconcentrés) ; cela revient à financer une
partie du personnel de l'administration par les cotisations sociales et les
dotations hospitalières ; même si le projet de loi de
finances a prévu 10 millions pour résorber cet état de
fait, votre rapporteur spécial espère que le budget 2001 verra
disparaître ces pratiques ;
• le transfert de 37 emplois à l'IFCASS de Dieppe, et des 7,3
millions de francs nécessaires à leur rémunération,
revient à faire financer des personnels permanents sur titre IV et non
plus sur titre III ce qui n'est pas conforme à la nomenclature
budgétaire.
Dans ce contexte de très forte progression des moyens, plusieurs postes
budgétaires font l'objet d'une évolution discutable :
• les bourses restent à niveau constant, sans même prendre
en considération la hausse du coût de la vie, ou diminuent ;
• les crédits en faveur des rapatriés diminuent de 25 %
alors que leurs légitimes revendications devraient trouver un
écho plus favorable ;
• les crédits destinés aux frais de justice restent
largement sous-estimés au regard des années
précédentes ;
• les dépenses relatives à l'offre de soins restent faibles
et diminuent même en valeur relative. L'agrégat relatif à
l'offre de soins s'établit ainsi à 1,54 milliard de francs pour
2000, ce qui correspond à 1,7 % du budget de la santé et de la
solidarité, contre 2 % en 1999. Or ces crédits sont
stratégiques, parce qu'ils correspondent à la contribution
budgétaire de l'Etat aux instruments de régulation des
dépenses d'assurance maladie.
De plus, les autorisations de programme demeurent les sacrifiées des
budgets successifs puisqu'elles ne représentent plus que 539 millions de
francs contre 700 millions de francs en 1999.
D. LA NON SINCÉRITÉ DU BUDGET DE LA SANTÉ ET DE LA SOLIDARITÉ
Deux
certitudes et une incertitude viennent altérer gravement la
sincérité du budget de la santé et de la solidarité
en sous-estimant ses dépenses réelles d'environ 6 milliards de
francs.
La première certitude a été annoncée par le Premier
ministre lors de la conférence de la famille le 7 juillet 1999 et
concerne la pérennisation de la majoration de l'allocation de
rentrée scolaire (ARS).
L'ARS est une prestation familiale délivrée par la Caisse
nationale de allocations familiales (CNAF). Depuis plusieurs années,
elle bénéficie d'une majoration exceptionnelle
systématiquement reconduite, à la charge de l'Etat, figurant dans
la loi de finances rectificative de l'année, et avancée par la
CNAF. Le montant de la majoration était de 6,8 milliards de francs en
1999.
Le secrétariat d'Etat au budget a toujours refusé d'inscrire en
loi de finances initiale cette majoration en raison de son caractère
potentiel : il n'était pas certain que l'Etat déciderait de
majorer l'ARS. Or cette année, lors de la conférence de la
famille, le Premier ministre a annoncé que cette majoration serait
pérennisée et prise en charge progressivement par la CNAF. La
ministre de l'emploi et de la solidarité et le rapport de la commission
des comptes de la Sécurité sociale ont repris cet engagement qui
s'est traduit par la prévision d'une dépense de 2,5 milliards de
francs en 2000 à la charge de la CNAF à ce titre. Le solde (4,7
milliards de francs au moins) devrait donc en toute logique figurer dans le
projet de loi de finances pour 2000. Il n'en est rien.
L'argument avancé jusqu'alors ne peut plus tenir puisque les annonces
ont été faites officiellement et que les premières
conséquences ont été tirées pour les comptes de la
branche famille. On peut donc estimer que cette non inscription altère
gravement la sincérité du budget de l'emploi et de la
solidarité si le Gouvernement respecte les engagements du Premier
ministre.
La seconde certitude rejoint cette question. Lors de la conférence de la
famille, le Premier ministre a annoncé que l'Etat verserait à la
CNAF une subvention d'un milliard de francs couvrant les dépenses
qu'elle engage pour le Fonds d'action sociale des travailleurs immigrés
et de leurs familles.
La ministre de l'emploi et de la solidarité a
répété cet engagement lors de la présentation du
projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Il figure
également dans le rapport de la commission des comptes de la
sécurité sociale de septembre 1999. Cependant, ce transfert d'un
milliard de francs ne figure pas dans le projet de loi de finances pour 2000.
Mme Aubry a annoncé le 10 novembre à votre commission des
finances que cela figurerait dans le collectif 2000.
Ces deux annonces montrent bien que la sincérité du projet de
loi de finances pour 2000 est gravement altérée
82(
*
)
. Le Gouvernement reconnaît qu'une
dépense de 5,7 milliards de francs interviendra en 2000, mais ne
l'inscrit pas dans le projet de loi de finances contrairement aux dispositions
du quatrième alinéa de l'article 2 de l'ordonnance organique du 2
janvier 1959 :
" La loi de finances de l'année
prévoit et autorise, pour chaque année civile, l'ensemble des
ressources et des charges de l'Etat. "
Enfin, l'équilibre du budget de la santé et de la
solidarité est menacé par la forte incertitude, qui tend à
se renouveler chaque année, sur les crédits ouverts au titre des
minima sociaux. De ce point de vue, l'inscription à hauteur de seulement
7 milliards de francs de la subvention de l'Etat au fonds de financement de la
CMU est déjà en contradiction avec le prévisions du
Gouvernement d'un besoin d'au moins 7,2 milliards de francs.
Ce sont donc environ 6 milliards de francs qui d'ores et déjà
devraient s'inscrire dans le projet de loi de finances rectificative pour 2000,
auxquels s'ajouteront les sous-estimations, devenues habituelles, de
crédits.
*
Ainsi, la forte hausse du budget de la santé et de la solidarité doit-elle être relativisée par la progression encore plus rapide du poids des minima sociaux. Dans le même temps, ce budget ne peut être considéré comme sincère puisqu'il néglige 5,7 milliards de francs de dépenses, correspondant pourtant à des engagements du Premier ministre, et qu'il sous-estime les crédits nécessaires à la couverture maladie universelle.
III - VILLE
Rapporteur spécial :
M. Alain JOYANDET
En 2000,
les crédits inscrits au bleu " ville " sont en hausse de
près de 40 % par rapport au budget voté de 1999. Cependant,
le projet de loi de finances est marqué par d'importants transferts
de crédits
en provenance d'autres ministères, dans le cadre
du fonds d'intervention pour la ville (FIV), dont les crédits
étaient transférés en gestion par les autres
ministères jusqu'à cette année. Une partie des
crédits du Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France (FARIF),
précédemment inscrits sur le compte d'affectation spéciale
n° 902-22, est également transférée au budget de
la ville. Au total, ces transferts représentent un montant de
297 millions de francs.
A structure constante, le budget de la ville augmente donc de
10,5 %.
Il convient de rappeler que, du fait du caractère
interministériel de la politique de la ville, les crédits
inscrits au "bleu" ville ne constituent qu'une partie des crédits
"spécifiques ville", qui ne représentent eux-mêmes qu'une
fraction de l'effort consenti par l'Etat à la politique de la ville.
Cette note prend en considération l'ensemble de ces crédits, qui
appartiennent donc à des périmètres concentriques selon
l'intensité de leur lien à la politique des villes et au
développement social urbain.
En prenant en compte les autres sources de financement publiques comme celle
des Fonds structurels européens, ou les contributions des
collectivités locales, on atteint un total de près de
35 milliards de francs en faveur de la politique de la ville, soit un
montant conforme à l'objectif fixé par le rapport Sueur. Les
crédits inscrits au "bleu" ville ne représentent que 4 % de
cet ensemble, et constituent le coeur de la discussion budgétaire, mais
votre rapporteur considère qu'il est indispensable de prendre en
considération l'ensemble de l'effort financier de l'Etat étant
donné le caractère interministériel de la politique de la
ville.
I. LA PROGRESSION DES "CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE"
Le volume des crédits inscrits dans le "bleu" "Ville" est relativement faible, mais leur importance est certaine. En effet, ces crédits produisent un " effet de levier " indispensable à l'initiation et à l'accompagnement des programmes de la politique de la ville.
A. EXAMEN PAR TITRE DES CRÉDITS INSCRITS AU BLEU "VILLE"
Ville : Évolution des crédits 1999-2000 (à structure constante)
(en millions de francs)
DÉPENSES |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
2000/1999
|
TITRE III
|
113,97 |
118,97 |
+ 4,38 % |
TITRE IV
|
658,30 |
727,03 |
+ 10,44 % |
TOTAL DÉPENSES ORDINAIRES |
772,27 |
846,00 |
+ 9,55 % |
TITRE V
|
16
|
6
|
-
62,50 %
|
TITRE VI
|
223,23
|
266,00
|
+
19,15 %
|
TOTAL
DÉPENSES EN CAPITAL CP
|
239,23
|
272,00
|
+
13,70 %
|
TOTAL (DO+CP) |
1.011,5 |
1.118 |
+ 10,53 % |
- au
Titre III "Moyens des services" figurent le chapitre 37-60, qui retrace les
moyens de fonctionnement de la délégation
interministérielle à la ville, et le chapitre 37-82 relatif aux
dépenses déconcentrées de la politique de la ville ;
- le Titre IV "Interventions Publiques" est constitué d'un chapitre
unique, le 46-60, consacré aux "interventions en faveur de la ville et
du développement social urbain". Les crédits de ce chapitre
financent les dépenses contractuelles, les subventions aux associations
dans le cadre du "partenariat national", le soutien aux opérations
"villes, vie, vacances", ainsi qu'une partie des subventions aux services
publics de quartiers et aux grands projets.
Des transferts de crédits importants sont effectués sur ce
chapitre : 100 millions de francs en provenance du Fonds pour
l'aménagement de l'Ile-de-France (FARIF) pour les actions
déconcentrées en faveur du développement social urbain en
Ile de France, et 160 millions de francs transférés des
budgets de la Justice, de la Jeunesse et Sports, de l'Emploi et de la
Solidarité, et de l'Aménagement du territoire, dans le cadre du
fonds d'intervention pour la ville (FIV) ;
- le Titre V, avec un chapitre unique (57-71) est consacré aux
dépenses d'études et d'assistance technique ;
- le Titre VI retrace, au chapitre 67-10, les subventions d'investissement
accordées par l'Etat au fonds d'intervention pour la ville, aux
dépenses contractuelles, et aux grands projets. Ce titre
bénéficie également de l'inscription d'une partie des
crédits du Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France
précédemment ouverts sur le chapitre IX du compte d'affectation
spéciale n° 902-22, qui a été
rebudgétisé.
Il convient de souligner l'importance du poids relatif des dépenses
ordinaires dans l'ensemble du budget de la ville, soit 75,7 % à
structure constante, et 78,1 % en tenant compte des transferts de
crédits.
B. EXAMEN DES TRANSFERTS EN PROVENANCE D'AUTRES MINISTÈRES
Les transferts en provenance d'autres ministères sont retracés dans le fascicule "jaune".
|
LFI
1998
|
LFI
1999
|
PLF
2000
|
A-1.1 Crédits inscrits au bleu |
927,03 |
1.186,50 |
1.642,82 |
A-1-2 Autres budgets |
|
|
|
CAS-FARIF (Fonds d'Aménagement de la Région Île-de-France) |
192,00 |
215,00 |
- |
Transfert FIV (Fonds Interministériel d'Intervention pour la Ville) |
226,00 |
226,00 |
60,00 |
Transfert VVV (Villes - Vie - Vacances") |
20,30 |
20,10 |
20,10 |
Personnel DIV (Délégation Interministérielle à la Ville) |
13,53 |
14,83 |
16,49 |
Transfert MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie) |
10,30 |
10,30 |
10,30 |
Sous-total A-1-2 |
462,13 |
486,23 |
106,89 |
TOTAL CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE |
1.389,16 |
1.672,73 |
1.749,71 |
La diminution des transferts des crédits spécifiques " ville " en provenance d'autres fascicules budgétaires est liée à la rebudgétisation du Fonds d'Aménagement de la région Ile-de-France (FARIF) et à la modification des modalités de gestion du Fonds d'intervention pour la ville (FIV).
C. EXAMEN THÉMATIQUE DES CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE
Les crédits spécifiques " Ville " peuvent être regroupés sous trois thèmes.
1. L'animation de la politique de la ville
a) Les crédits de la délégation interministérielle à la ville
Créée par décret du 28 octobre 1988,
la
délégation interministérielle à la ville (DIV) est
une structure administrative légère dotée de
90 fonctionnaires mis à disposition par différents
ministères. Sa mission consiste à la fois à coordonner les
interventions, à animer les équipes, à évaluer les
opérations, et à préparer les travaux des instances de
décision (Conseil national des villes et Comités
interministériels des villes).
Inscrits au chapitre 37-60 article 10, ses crédits de fonctionnement
s'élèvent à 19,69 millions de francs pour 2000, soit
une reconduction de la dotation de 1999 (la diminution de 0,8 % est
uniquement liée à des transferts de crédits).
Le budget de communication de la DIV est reconduit, à 5 millions de
francs. Un nouvel article est créé pour les crédits
consacrés aux expertises et aux colloques, doté de 4
millions de francs.
Hors transferts de crédits et crédits consacrés au
remboursement des frais de soin aux appelés ville en quartiers urbains,
les moyens de fonctionnement de la Délégation
interministérielle à la ville progressent de 16,1 %.
Les crédits inscrits au titre V, chapitre 57-71, consacrés aux
études et à l'assistance technique, diminuent de 16 à
6 millions de francs en crédits de paiement, et de 18 à
6 millions de francs en autorisations de programme. La progression
importante enregistrée pour l'année 1999 correspondait en effet
à une dotation exceptionnelle de 14 millions de francs
délégués en préfecture de région et de
département, pour mener des bilans-diagnostics sur les sites inscrits en
contrats de ville.
Fonctionnement |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
de la DIV |
AP ou DO |
AP ou DO |
AP ou DO |
Chapitre 37-60 art. 10 |
13,00 |
19,87 |
19,87 |
37-60 art. 50 |
3,40 |
5,00 |
5,00 |
37-60 art. 60 |
- |
- |
4,00 |
57-71 art. 10 |
2,00 |
18,00 |
6,00 |
TOTAL |
18,40 |
42,87 |
34,87 |
b) Les dépenses déconcentrées d'animation
Les dépenses déconcentrées d'animation, inscrites au chapitre 37-82 sont regroupées sous l'article 20 " Projet de service public de quartier et dépenses déconcentrées d'animation ". Elles s'établissent à 88,6 millions de francs, en augmentation de 1,1 % par rapport à 1999. L'abondement de crédits de 1 million de francs est lié à la nouvelle génération des contrats de ville.
c) Le partenariat national
Les
crédits consacrés aux initiatives locales dans le cadre du
partenariat national (chapitre 46-60 article 30), augmentent de 2,3 %,
à 9 millions de francs. Ces crédits permettent de passer des
conventions de partenariat avec les grandes structures associatives, afin de
les faire participer à la réalisation des objectifs de la
politique de la ville. Ces conventions portent généralement sur
trois ans, mais peuvent être conclues pour une année lorsqu'il
s'agit d'actions innovantes.
Pour l'exercice 1999, la procédure d'attribution des subventions a
été aménagée. En effet, les associations ont rempli
un formulaire de demande de subvention unique, mis au point entre la DIV, les
départements ministériels et la fonds d'action sociale (FAS). Les
décisions d'attribution des subventions ne sont plus prises en
comité interministériel des villes, mais lors de réunions
interministérielles sous l'égide de la DIV, consacrées
uniquement à l'examen des dossiers de partenariat national, ce qui
allège également la procédure en vigueur.
2. Les actions de la politique de la ville
a) Le Fonds Interministériel d'Intervention pour la Ville (FIV)
Le fonds
interministériel d'intervention pour la politique de la ville a
été mis en place en 1995 pour donner plus de souplesse à
la gestion des instruments contractuels de la politique de la ville en
améliorant la fongibilité des crédits
déconcentrés.
Le projet de budget pour 2000 propose deux modifications importantes :
- une simplification de la nomenclature qui regroupe au sein du FIV l'essentiel
des crédits de fonctionnement et d'investissement de la politique de la
ville. Désormais, le FIV est alimenté par deux lignes
budgétaires inscrites au bleu "Ville", qui regroupent deux types de
financement de nature différente : des crédits d'intervention
(chapitre 46-60 article 10) et des subventions d'investissement (chapitre 67-10
articles 10 et 40).
- une mise en base des transferts en gestion, à l'exception des
60 millions de francs du ministère de la culture.
Le Fonds Social Urbain
a été créé en 1984
afin de permettre à l'Etat, après la décentralisation, de
conserver les moyens d'intervenir de façon sélective lorsque sa
responsabilité est engagée en matière de
développement social des villes et plus particulièrement des
banlieues. Il
est intégré, à compter de l'année
2000, dans le fonds d'intervention pour la ville (FIV)
.
Les crédits du FIV sont délégués aux préfets
de département et constituent une dotation globale et fongible qui
permet de financer pour partie des actions inscrites aux contrats de ville. Une
circulaire annuelle précise les priorités et les règles
d'utilisation de ces crédits.
Bilan
de l'utilisation des crédits du FIV de 1996 à 1999
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 * |
Accompagnement et maîtrise d'oeuvre |
108,00 |
107,45 |
114,21 |
39,98 |
Action artistique et éducation culturelle |
91,00 |
83,78 |
87,89 |
32,49 |
Interventions en faveur de la jeunesse et des sports |
78,00 |
71,32 |
67,56 |
30,38 |
Actions pour la promotion de l'emploi |
23,00 |
35,66 |
48,56 |
9,58 |
Structures d'insertion par l'économie |
63,00 |
56,04 |
69,46 |
14,26 |
Action sociale en faveur des familles, de l'enfance et des jeunes |
178,00 |
168,47 |
193,82 |
77,37 |
Prévention de la délinquance, de la récidive et aides aux victimes d'infractions pénales |
66,00 |
63,42 |
89,91 |
24,26 |
Actions dans le domaine de la santé |
17,00 |
16,29 |
32,05 |
5,68 |
CAPS hors contrat de ville (1) |
- |
- |
17,34 |
0,90 |
TOTAL |
624,00 |
602,43 |
720,83 |
234,88 |
(en
millions de francs)
* dépenses d'intervention au
14 septembre 1999
.
(1) CAPS = Contrats d'action pour la prévention et la
sécurité. Cet article d'exécution a été
créé dans la nomenclature pour 1998
A structure constante, les crédit de paiement du FIV augmentent en 2000
de 8,9 %, pour s'établir à 1,05 milliard de francs, contre
963 millions en 1999 (montant cumulé du FIV et du FSU), tandis que les
autorisations de programme progressent de 3,2 %. L'augmentation des moyens
du FIV s'explique par l'accroissement des crédits d'intervention du
chapitre 46-60, qui bénéficie d'une mesure nouvelle de 57,5
millions de francs pour la nouvelle génération des contrats de
ville, et par une hausse de 28,2 millions de francs des subventions
d'investissement. La progression des crédits du FIV est donc liée
à l'entrée en vigueur de la nouvelle génération des
contrats de ville.
Cette progression repose exclusivement sur les dotations inscrites au bleu
"Ville", les transferts provenant des autres ministères demeurant d'une
remarquable stabilité.
Evolution des crédits du FIV et du FSU :
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
||
|
CP |
AP |
CP |
AP |
Transferts de crédits en provenance des autres ministères |
226 |
- |
60 |
- |
Fonds d'intervention pour la ville (contrats de vile et autres actions déconcentrées) : 46-60.10 |
530 |
- |
771 |
- |
Subventions pour la modernisation des services publics dans les quartiers (ancien) : 46-60.60 |
23,5 |
- |
- |
- |
Fonds d'intervention pour la ville (contrats de vile et autres actions déconcentrées) : 67-10.10 |
97 |
150 |
211,43 |
290,77 |
Contrats de ville, programmes d'aménagement concertés du territoire (PACT Urbains) et autres conventions (ancien) |
63,3 |
111 |
- |
- |
Fonds social urbain , puis Fonds d'intervention pour la ville : opérations non déconcentrées |
22,93 |
40 |
6 |
20 |
Total des crédits (FSU et FIV, puis FIV seul) |
962,73 |
301 |
1048,43 |
310,77 |
Le fonds
d'aménagement de la région Ile-de-France :
La Cour des Comptes considérait que l'utilisation des crédits du
Fonds d'Aménagement de la Région Ile-de-France (FARIF)
s'assimilait, pour la région parisienne, à celle des
crédits du Fonds Social Urbain sur le reste du territoire. En
conséquence, une partie des crédits du FARIF a été
transférée vers le budget de la ville, soit 137,5 millions
de francs en dépenses ordinaires et en crédits de paiement, et
125 millions de francs en autorisations de programme.
b) Les grands projets urbains et les grands projets de ville
Les
grands projets urbains (GPU) constituent un programme spécifique au sein
de la politique de la ville, bénéficiant d'un niveau important de
subventions de l'Etat. Les 14 sites GPU (un nouveau site a
été décidé par le Conseil interministériel
des villes du 2 décembre 1998, Chanteloup-les-Vignes) concernent des
territoires comprenant des quartiers à forte proportion de logements
sociaux ou de copropriétés dégradées, qui ont connu
un fort accroissement de leurs handicaps urbains, sociaux et
économiques.
Ces quartiers se caractérisent par une absence de valeur foncière
et immobilière, et nécessitent des investissements en
équipement et en infrastructures, mais également sur
l'environnement et le patrimoine bâti, pour remettre ces quartiers dans
une dynamique de marché. Les opérations du GPU consistent
à engager une restructuration urbaine profonde, sur dix à quinze
ans, au service d'un projet de territoire à finalité de
développement social et urbain.
Ces territoires sont inclus dans des contrats de ville, et, pour la plupart
d'entre eux, bénéficient également des dispositifs des
zones franches urbaines (ZFU) ou des zones de redynamisation urbaine (ZRU).
Pour ces projets, l'Etat a pris des engagements financiers importants. En 1994,
une enveloppe spécifique du plan de relance de 605 millions de
francs a été affectée aux GPU. Au sein de l'enveloppe
" politique de la ville ", une enveloppe supplémentaire de
2.250 millions de francs a été réservée aux grands
projets urbains. Cette enveloppe a ensuite été répartie
entre les différents ministères. Un montant de
880,73 millions de francs a été affecté aux GPU sur
le budget spécifique de la politique de la ville pour la période
1994-1999.
Après une mise en place du cadre opérationnel, parfois tardive
sur certains sites, une montée en puissance des projets a pu être
observée depuis 1997. Certaines communes connaissaient des
difficultés pour participer au financement des grands projets urbains.
En conséquence, une subvention spécifique de 12 millions de
francs a été accordée pour ces communes en 2000, afin de
permettre la poursuite des projets engagés.
L'identification des facteurs d'échec des GPU a conduit à
envisager une réforme du dispositif.
50 Grands Projets de Ville (GPV)
doivent donc remplacer les GPU à compter de l'année 2000
. Ce
dispositif, dont le champ d'action est élargi, devrait permettre une
meilleure coordination avec les actions menées dans le cadre des
contrats de ville.
Engagement des crédits contractualisés dans le
cadre des grands projets urbains (GPU)
(FARIF ; chapitre 67-10, articles 20 et 30)
Engagement des crédits au logement dans le cadre des
grands projets urbains (GPU)
(chapitre 65-48.10 du ministère du
logement)
Années |
1994-1999 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Total métropole |
1132,0 |
202,1 |
228,3 |
223,5 |
223,5 |
104,2 |
(source : ministère de la ville)
c) Les opérations "Ville, Vie, Vacances"
Depuis
1982, le dispositif "Ville, Vie, Vacances" a pour finalité de
prévenir la délinquance et les comportements inciviques pendant
les congés scolaires, et de revitaliser les quartiers en crise. Ce
dispositif couvre aujourd'hui presque la totalité du territoire, soit 91
départements, et a fait l'objet d'un élargissement à
l'ensemble des périodes de vacances, même s'il continue de
privilégier la période estivale.
Un budget de 92 millions de francs, déconcentré à
90 %, est réservé à ce dispositif. En 1998, 870.000
jeunes ont participé à 10.500 projets " Ville Vie
Vacances ", contre 620.000 en 1997. Ces actions sont financées
à hauteur de 50 millions de francs par les crédits inscrits
au bleu "ville", auxquels s'ajoutent des transferts en gestion provenant
d'autres ministères. Pour un franc versé par l'Etat,
l'ensemble des partenaires mobilise plus de 4 francs. Ainsi, en règle
générale, les subventions ne couvrent qu'entre 20 et 30 % du
budget.
Le dispositif " Ville Vie Vacances " a été
critiqué pour ses dérives, notamment liées aux
phénomènes de délinquance dans les communes d'accueil. La
généralisation des plans d'accueil des jeunes dans les communes
touristiques (PAJECOT) permet de prévoir des dispositifs d'encadrement,
et conduit à une meilleure acceptation du dispositif par les communes.
Cette mesure sera renforcée avec la signature d'une charte par les
communes " émettrices " et les communes d'accueil afin de
coordonner et organiser le départ des jeunes.
Un renforcement des équipes d'encadrement, en nombre et en
qualification, a été demandé par le ministère de la
ville. Le taux moyen d'encadrement est passé de un encadrant pour 29
jeunes en 1996 à un encadrant pour 19 jeunes en 1998. Le recours aux
emplois saisonniers non qualifiés sur la prévention est devenu
moins fréquent, tandis que des actions de formation sont
désormais prévues pour des encadrants temporaires du type
emploi-jeune.
La circulaire du 2 février 1999 relative aux activités
" Ville Vie Vacances " rappelle la nécessité de veiller
à l'encadrement de groupes de jeunes sur le plan de la formation, et de
celle des responsables de projet, qui doivent posséder un niveau
supérieur au brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA). Les
règles de sécurité font l'objet d'une attention
particulière, et conduisent des préfets à ne pas financer
des actions " à risques ". D'autres actions n'ont pas
été financées car elles ne s'inscrivaient pas dans le
champ d'application du dispositif, ou parce que le public visé ne
correspondait pas aux critères de la circulaire, ou encore parce que
l'association s'est vue refuser l'agrément préfectoral.
Le ministère de la ville reconnaît cependant que "
le
public visé par le dispositif nécessite un niveau de formation
que ne détient pas la majorité des encadrants
"
. Si
les mesures prises afin de sécuriser et de rationaliser le dispositif
" Ville Vie Vacances " sont positives, la qualité de la
formation des encadrants semble donc encore insuffisante.
Type
d'activités des actions " Ville Vie
Vacances "
Promotion de la santé |
1,05 % |
Départs autonomes |
1,15 % |
Activités d'utilité collective |
3,9 % |
Insertion professionnelle |
4,6 % |
Acquisition d'un savoir-faire technique |
5,4 % |
Sorties à la journée |
12,1 % |
Activités d'expression artistique |
12,5 % |
Séjours extérieurs encadrés |
17 % |
Animation de quartier |
20 % |
Activités sportives |
22,3 % |
3. Egalité devant le Service public
L'aide
aux services publics de quartier et les dépenses
déconcentrées d'animation ont été réunies
dans un article unique du chapitre 37-82, qui s'établit à
88,6 millions de francs, en augmentation de 1,1 %.
Le chapitre 46-60, article 60 "subventions aux services publics de
quartier" a été fusionné dans le Fonds d'intervention pour
la ville.
Cette modification de la nomenclature budgétaire vise à permettre
une plus grande fongibilité des crédits.
II. L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
L'effort
financier en faveur de la ville qui figure dans le "jaune" budgétaire
pour 2000 est résumé dans le tableau suivant. Le montant total
approche 35 millions de francs.
Cependant, cet effort ne provient pas seulement de l'Etat, puisque les
collectivités territoriales y contribuent à hauteur de
3.700 millions de francs en 2000, contre 3.110 en 1999. Les versements
communautaires et les prêts de la Caisse des dépôts et
consignations sont également comptabilisés. Concernant les
prêts consentis à des taux favorables, la prise en compte du
montant total des dotations gonfle l'effort financier total, puisque la
subvention ne correspond en fait qu'au différentiel entre le taux
préférentiel du prêt et celui des prêts du
marché.
Enfin, les crédits de solidarité urbaine ne devraient pas
être comptabilisés dans l'effort financier de l'Etat, puisque ce
sont des ressources transférées entre les collectivités
locales.
L'effort financier de l'Etat stricto sensu
correspond donc seulement aux
crédits budgétaires des ministères et à
l'évaluation de la dépense fiscale, soit
un montant global de
18.197,71 millions de francs, en hausse de 6,8 % par rapport à
1999.
Etat récapitulatif de l'effort financier en faveur de la politique de la
ville
(en millions de francs)
|
LFI 1998 AP ou DO |
LFI 1999 AP ou DO |
PLF 2000 AP ou DO |
Evolution
|
A-1 Crédits spécifiques ville |
1.389,16 |
1.672,73 |
1.749,71 |
+ 4,6 |
A-2 Crédits contractualisés relevant de divers ministères |
|
|
|
|
A-3 Crédits autres ministères inscrits aux programmes d'actions des contrats de ville |
|
|
|
|
A-4 Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville |
|
|
|
|
A-5 Solidarité urbaine (loi du 13 mai 1991) |
2.991,15 |
4.023,28 |
4.773,28 |
+ 18,6 |
TOTAL A |
13.533,56 |
17.691,67 |
19.614,15 |
+ 10,9 |
B- Dépenses fiscales et compensations |
3.089,60 |
3.364,00 |
3.357,00 * |
- 0,2 |
TOTAL A + B |
16.623,16 |
21.055,67 |
22.971,15 |
+ 9,1 |
C- Fonds européens concourant à la politique de Développement Social Urbain |
|
|
|
|
D- Intervention de la CDC |
4.200,00 |
6.230,00 * |
6.850,00 * |
+ 10,0 |
TOTAL DE L'ETAT |
21.869,16 |
28.360,67 |
31.251,15 |
+ 10,2 |
E- Contribution des collectivités territoriales 1 |
2.500,00 |
3.110,00 * |
3.700,00 * |
+ 19,0 |
TOTAL |
24.369,16 |
31.470,67 |
34.951,15 |
+ 11,1 |
* estimations
Ce tableau appelle une
remarque liminaire, déjà
formulée par votre rapporteur pour le " jaune "
présenté l'année dernière.
En effet,
l'état récapitulatif de l'effort budgétaire
consacré à la politique de la ville ne fournit que des
données en "
dépenses ordinaires et autorisations de
programme
" et ne donne aucune indication relative aux montants des
"
dépenses ordinaires et crédits de paiement
" qui
représentent
le montant réel des dépenses que le
gouvernement est autorisé à engager au cours de l'exercice
.
Cette présentation ne permet donc pas une appréciation
véritablement exacte de l'effort financier global, car elle conduit
à un
gonflement artificiel des montants inscrits au
"jaune".
A. LA CONTRIBUTION DES AUTRES MINISTÈRES
La
contribution des différents ministères à la politique de
la ville est récapitulée à l'intérieur de trois
agrégats distincts.
1. Les transferts en provenance d'autres ministères
au sein
de l'agrégat A1 "crédits spécifiques ville", ont
déjà été analysés dans la première
partie de ce rapport.
2.
L'agrégat A2 ("
crédits contractualisés
relevant de divers ministères
") retrace les crédits
contractualisés au sein des engagements "politique de la ville" de
chaque contrat de plan Etat-Région et le financement des contrats de
ville du XIIème plan.
Les contrats de ville
portent sur des programmes élaborés
conjointement par une ou plusieurs collectivités locales et l'Etat, et
constituent un instrument majeur de la politique de la ville. Ils ont pour
objet la lutte contre les processus d'exclusion et la réinsertion dans
la ville des quartiers en voie de marginalisation. La nouvelle
génération des contrats de ville doit entrer en vigueur au
1
er
janvier 2000.
Les Programmes d'Aménagement Concerté du Territoire (PACT)
urbain
n'ont pas été reconduits pour le XIIème plan.
Les territoires qui ont précédemment
bénéficié de cette procédure pourront être
repris, en partie ou en totalité, dans un contrat de pays, un contrat
d'agglomération ou un contrat de ville. Les 26 conventions du
XIème plan portaient sur une période de 5 ans, pour
accompagner le processus de conversion d'activité par des actions de
restructuration urbaine.
Les crédits de cet agrégat présentent un lien
étroit avec les instruments de la politique de la ville, et
s'élèvent à 442 millions de francs en 2000, en
réduction de 33 %.
3.
Les
crédits des autres ministères inscrits aux
programmes d'action des contrats de ville
(agrégat A3) sont en
hausse de 53,5 %, à 1.856 millions de francs. Il convient de
souligner la participation financière importante du ministère de
l'équipement, du logement et du transport aux programmes d'action des
contrats de ville.
4.
L'agrégat A4 "crédits relevant de divers
ministères concourant à la politique de la ville", connaît
une progression de 6,6 % en 2000,
et s'établit à 10,8
milliards de francs. Cette évolution consolide la forte hausse des
années précédentes, qui a considérablement accru le
poids de cet agrégat, soit environ un tiers de l'effort financier total
en faveur de la ville.
Ces crédits représentent près de
80 % des dépenses de l'Etat en faveur de la politique de la
ville
(somme des crédits des différents ministères,
hors dotations de solidarité, mais en tenant compte des dépenses
fiscales et des compensations).
Il convient de remarquer que
l'évaluation des contributions des
ministères diffère sensiblement d'une année sur
l'autre
, ce qui empêche pratiquement toute comparaison et conduit
à s'interroger sur la fiabilité du " jaune "
budgétaire comme outil d'appréciation de l'effort financier
consacré à la politique de la ville
.
A4. Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville
|
LFI 1998 AP ou DO |
LFI 1999 AP ou DO |
PLF 2000 AP ou DO |
Equipement-logement-transports |
347,43 |
371,73 |
374,35 |
Culture |
92,13 |
91,97 |
91,97 |
Intérieur |
1.006,00 |
1.200,58 |
1.298,66 |
Aménagement du territoire-environnement |
133,70 |
12,51 |
20,28 |
Education nationale |
2.286,05 |
2.641,70 |
3.025,31 |
Jeunesse et sports |
135,55 |
37,00 |
118,00 |
DOM-TOM |
190,00 |
136,59 |
63,64 |
Emploi et solidarité |
2.224,43 |
4.725,46 |
4.840,00 |
Justice |
165,72 |
197,69 |
228,05 |
FAS |
- |
490,94 |
477,00 |
Fonction publique |
4,00 |
3,70 |
5,00 |
Défense |
59,30 |
213,60 |
248,50 |
Affaires étrangères-coopération |
2,40 |
2,70 |
2,70 |
Sous-total A-4 |
7.102,35 |
10.126,17 |
10.793,16 |
Les
autres sections du ministère de l'emploi et de la solidarité
contribuent massivement à la politique de la ville, puisque leur
contribution s'établit à 4,84 milliards de francs, en progression
de 2,4 %, et représentera donc, en 2000, plus de quatre fois le
montant des crédits inscrits au bleu "Ville".
Dans le cadre du programme " nouveaux services-emplois jeunes " mis
en place par la loi n° 97-940 du 16 octobre 1996, l'effort financier
en direction des quartiers est évalué à 4.268 millions de
francs en 2000. Ce montant représente 20 % de la somme totale
consacrée aux emplois-jeunes, et correspond à l'objectif de
20 % d'emplois-jeunes attribués aux jeunes issus des quartiers de
la politique de la ville. La contribution du ministère de l'emploi et de
la solidarité est donc essentiellement liée à cette
dépense, qui constitue au demeurant une évaluation très
approximative. Au 30 juin 1999, la proportion de jeunes issus des quartiers de
la politique de la ville est évaluée à 15 %.
Le programme " trajet d'accès à l'emploi " (TRACE), mis
en oeuvre dans le cadre de la loi contre les exclusions, a pour but
d'accompagner de façon personnalisée des jeunes de moins de
25 ans confrontés à un risque d'exclusion professionnelle.
Ce programme constitue un outil important pour les quartiers en
difficulté. Au 30 juin 1999, on évalue à 44 % la
part des jeunes habitant les quartiers en difficulté parmi les
bénéficiaires du programme TRACE. Le nombre de jeunes
concernés sera au total de 60.000 en 2000, la dotation budgétaire
correspondante étant de 180 millions de francs pour le financement
des opérateurs externes. L'effort financier investi en faveur des jeunes
des quartiers en difficulté dans le cadre de ce programme est donc
évalué à 79,2 millions de francs.
Enfin, les crédits d'action sociale " concourant à la
politique de la ville, consacrés à la famille, à la lutte
contre l'exclusion et en faveur de l'intégration ",
s'élèveront à 109 millions de francs en 2000.
La loi de finances pour 1999 comportait d'importantes mesures nouvelles pour
mettre en oeuvre le volet sanitaire de la loi de lutte contre les exclusions,
soit 194 millions de francs. En 2000, les crédits des
collectivités locales et des organismes d'assurance maladie seront
également sollicités dans le cadre des programmes
régionaux d'accès à la prévention et aux soins
(PRAPS).
B. LA DÉPENSE FISCALE EST STABLE
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit un coût de la
dépense fiscale et des exonérations et allégements de
charges sociales stable, soit 3,357 milliards de francs contre
3,364 milliards de francs en 1999.
Ces dépenses sont la conséquence de mesures dérogatoires
destinées à compenser les handicaps et les
inégalités de situation de certains quartiers, en favorisant la
création et le développement d'activités
économiques et d'emplois marchands dans ces quartiers.
Elles se répartissent de la manière suivante :
- Pour les
zones de redynamisation urbaine
(ZRU), créées
par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement
du territoire du 4 février 1995 :
|
1998 |
1999 |
2000 |
Exonération d'impôt sur les bénéfices |
780,00 |
880,00 |
900,00 |
Réduction des droits de mutation sur fonds de commerce |
150,00 |
150,00 |
150,00 |
Exonération de TP compensée par l'Etat |
526,00 |
480,00 |
480,00 |
Exonération de charges patronales sur les 50 premiers salariés |
78,70 |
91,00 |
100,00 |
TOTAL |
1.534,70 |
1.601,00 |
1.630,00 |
(en
millions de francs)
- Pour les
zones franches urbaines
(ZFU) créées par la loi
relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville du
14 novembre 1996 :
|
1998 |
1999 |
2000 |
Exonération d'impôt sur les bénéfices |
320,00 |
350,00 |
360,00 |
Exonération de TP |
252,00 |
287,00 |
287,00 |
Exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties |
50,00 |
58,00 |
58,00 |
Exonération de cotisations patronales sur les 50 premiers emplois |
908,90 |
1.043,00 |
997,00 |
Exonération personnelle d'assurance maladie des artisans et commerçants |
24,00 |
25,00 |
25,00 |
TOTAL |
1.554,90 |
1.763,00 |
1.727,00 |
(en
millions de francs)
Les chiffres pour les années 1999 et 2000 correspondent à des
estimations.
C. LA SOLIDARITÉ URBAINE
La
dotation de solidarité urbaine
(DSU), instituée par la loi
d'orientation pour la ville de 1991, a pour but d'améliorer les
conditions de vie dans les communes confrontées à une
insuffisance de ressources et à des charges sociales
élevées. Elle est répartie entre les communes de 5.000
à 9.999 habitants d'une part, et les communes de plus de 10.000
habitants d'autre part, en fonction de critères
d'éligibilité tels que le pourcentage de
bénéficiaires d'aides au logement dans la commune, le potentiel
fiscal, le parc de logements sociaux et le revenu moyen par habitant.
Les crédits alloués à la DSU en 2000 devraient
s'élever à 3,8 milliards de francs en 2000 contre
3,27 milliards en 1999, soit une progression de 16 %. En effet, le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit d'abonder la DSU à
hauteur de 200 millions de francs, afin de compenser la prise en compte
des résultats du recensement de 1999. La DSU continuera également
de bénéficier en 2000 de l'abondement exceptionnel de
500 millions de francs prévus par la loi de finances pour 1999, et
d'un accroissement supplémentaire de 500 millions de francs
annoncé au mois d'octobre par le premier ministre.
En Ile-de-France, le
Fonds de solidarité de la région
Ile-de-France
(FSRIF), alimenté par un prélèvement sur
les ressources fiscales des communes de la région, redistribue les
sommes prélevées en appliquant les critères proches de
ceux utilisés pour la DSU. Les sommes redistribuées ont
augmenté de près de 20 % entre 1996 et 1999, et sont stables
pour 2000.
Pour 2000, les dotations de la DSU et du FSRIF sont estimées
respectivement à 3.800 et 726 millions de francs, soit un total de
4.526 millions de francs, en progression de 12,7 %.
D. LA CONTRIBUTION DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS
La
Caisse des dépôts et consignations participe massivement au
financement de la politique de la ville à travers une série de
prêts, attribués dans le cadre de programmations concertées
établies avec la Délégation Interministérielle
à la Ville :
- les prêts projets urbains (PPU) sont destinés au financement des
investissements en matière de développement social urbain,
économique et social dans la géographie prioritaire de la ville.
L'enveloppe affectée aux PPU pour 1998 était de
3,5 milliards de francs, et les versements s'établissent à
2,5 milliards de francs. Les estimations pour 1999 et pour 2000
s'élèvent à 3,3 milliards de francs.
- les prêts " reconstruction démolition ",
décidés par le Comité interministériel des villes
du 30 juin 1998, sont dotés d'une enveloppe de 10 milliards de
francs. La somme engagée à la fin de l'année 1998 est
assez faible (29 millions de francs), mais une accélération
a été constatée en 1999, avec 388 millions de francs
engagés entre le 1
er
janvier et le 30 août 1999. Les
estimations de consommation sont de 1 milliard de francs pour 1999 et
3,2 milliards de francs pour 2000.
La participation de la Caisse des dépôts et consignations au
financement de la politique de la ville est estimée à
6,8 milliards de francs en 2000, contre 6,2 milliards en 1999.
La Caisse des dépôts et consignations a récemment
annoncé qu'elle affectera 3 milliards de francs sur trois ans, à
un fonds destiné à la rénovation urbaine, dans le cadre de
la politique de la ville.
E. LE CONCOURS DES FONDS STRUCTURELS
La mise
en place des fonds structurels pour la période 1994-1999 avait
conduit la France à inclure un important volet relatif à la
politique de la ville dans les projets qu'elle soumettait à la
Commission européenne. Dans le cadre des programmes européens en
cours, les opérations qui ont été engagées au 31
décembre 1999 bénéficieront de financements sur 2000 dont
le montant sera sensiblement équivalent à ce qu'il était
en 1999, soit 1.075 millions de francs.
Les nouveaux programmes européens qui viendront se substituer à
ceux de l'actuelle génération dans le courant de l'année
2000 devraient comporter une dimension urbaine plus importante. Il convient
notamment de souligner que les zones urbaines en difficulté de la
région Ile-de-France seront désormais éligibles à
" l'objectif 2 ".
Parmi les quatre nouveaux programmes d'initiative communautaire, trois pourront
concerner la politique de le ville : le programme Urban, moins bien
doté que le programme actuel, le programme Interreg, qui pourra traiter
la dimension urbaine des problèmes interrégionaux ou
transfrontaliers, et le programme Equal, dédié aux ressources
humaines, qui pourra prendre en compte des projets concernant les populations
en difficultés d'insertion dans les quartiers de la politique de la
ville.
Le montant des crédits de ces programmes qui viendront abonder les
contrats de ville ne peut être estimé actuellement, mais les
financements européens consacrés à la politique de la
ville devraient croître de manière importante.
III. LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
Votre rapporteur prend acte de la progression de 10 % des crédits du budget de la ville en 2000, qui consolide la hausse " sans précédent " enregistrée en 1999, et confirme la volonté du gouvernement d'afficher le caractère prioritaire de la politique de la ville. Cependant, il considère que l'utilisation qui est faite des moyens consacrés à la politique de la ville n'est pas satisfaisante.
A. UNE MAUVAISE UTILISATION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME QUI SOULIGNE LES INCONVÉNIENTS DE L'INTERMINISTÉRIALITÉ
1. Une mauvaise utilisation des crédits d'investissement
Le faible taux de consommation des crédits
d'investissement au cours des dernières années a conduit le
ministère de a ville à mener une enquête dont les
conclusions sont :
- un délai de deux ans peut s'écouler entre l'engagement
comptable d'une autorisation de programme et le démarrage effectif des
travaux correspondants, conformément à la circulaire en vigueur
sur la gestion des crédits du fonds social urbain.
- de nombreuses opérations n'ont jamais fait l'objet d'une
déclaration d'achèvement, bloquant ainsi inutilement une partie
des autorisations de programme engagées sur plusieurs années
Compte tenu de ce constat, le délégation
interministérielle à la ville a demandé aux préfets
de procéder au recyclage des autorisations de programme
non-utilisées, et une procédure d'annulation des anciennes
autorisations de programme est en cours.
Votre rapporteur s'étonne d'un tel
laxisme qui a conduit à la
non-consommation des crédits votés
, et souhaite que les
mesures prises par la DIV permettent une meilleure utilisation des
autorisations de programme. En effet, l'effet d'annonce des augmentations du
budget de la ville n'a de sens que si les dotations correspondantes sont
effectivement consommées.
2. Les inconvénients de " l'interministérialité "
Le
rapport Sueur soulignait que "
les modalités de gestion
financière handicapent aujourd'hui la mise en oeuvre des projets
contractualisés. Il faut notamment déplorer les nombreux
décalages provoqués par la multiplicité des financements,
et les rigidités induites par l'absence de fongibilité de la plus
grande part des crédits
".
Votre rapporteur approuve ces observations et se félicite donc de la
réforme de la nomenclature budgétaire du FIV, qui devrait
permettre une plus grande fongibilité des crédits, ainsi que des
mesures prises pour simplifier et l'accélérer la mise à
disposition des crédits déconcentrés, qui
représentent près de 95 % du total des crédits de la
ville.
Cependant, les problèmes de financement des actions de la politique de
la ville seront toujours aussi importants. En effet, la conception
interministérielle de la politique de la ville implique, pour financer
chaque action, de solliciter des crédits auprès de plusieurs
ministères, le budget du ministère de la ville ne permettant pas
de prendre en charge des actions lourdes. Ce mode de fonctionnement conduit
à des retards importants dans la mise en oeuvre des projets, et
accroît ainsi " l'inertie " de la politique de la ville.
Votre rapporteur considère donc que les efforts engagés doivent
être poursuivis. Les solutions passent par
un transfert des
crédits d'autres ministères vers le budget de la ville, mais
également par la mise en place de structures regroupant les
différentes contributions des ministères, et limitant ainsi les
décalages entre les divers abondements, qui bloquent la mise en oeuvre
des grands projets
.
B. UNE NOUVELLE AUGMENTATION DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT ET D'ANIMATION
1. Une progression des crédits de fonctionnement des instances chargées de la politique de la ville
Les
crédits de fonctionnement de la DIV et du CNV augmentent de 15,1 %,
progression liée à l'inscription d'une mesure nouvelle de
4 millions de francs en faveur des expertises et des colloques. Cette
mesure nouvelle est destinée à financer les
" expertises,
colloques et animations nécessaires à la réflexion et
à la diffusion des expériences innovantes avec les acteurs d'une
politique territorialisée "
, et correspond donc davantage
à des crédits d'animation qu'à des moyens de
fonctionnement stricto sensu.
Votre rapporteur s'interroge sur cette croissance des dépenses
d'études et d'animation. La DIV a organisé plusieurs
manifestations importantes au cours de l'année 1999, sur
l'éducation et la ville, l'emploi, et le renouvellement urbain
notamment.
Le coût d'organisation de ces manifestations, soit environ
7 millions de francs, a nécessité des mouvements de
crédits importants en gestion, au détriment du fonctionnement de
la DIV.
En effet, 6,17 millions de francs ont été
transférés, au sein chapitre 37-60, de l'article 10
(fonctionnement de la DIV) à l'article 50 (communication) afin d'assurer
le financement de ces colloques.
Le budget de fonctionnement de la DIV a également été
amputé de 2,5 millions de francs pour financer la montée en
charge des remboursement des soins des appelés de ville, et a
été réduit par un gel d'1 millions de francs de
crédits. En conséquence, la rénovation et la mise en
réseau des outils informatiques de la DIV prévue pour 1999 ont du
être partiellement reportés sur l'exercice 2000. Or, votre
rapporteur insiste sur l'importance d'une meilleure évaluation des
actions de la politique de la ville et la nécessité pour la DIV
de disposer des outils informatiques adaptés à cet objectif.
Votre rapporteur s'étonne de l'importance des mouvements de
crédits, qui portent sur 8 millions de francs, soit 40 % de la
dotation initiale des crédits de fonctionnement de la DIV. En
conséquence, il s'interroge :
- sur les besoins réels de la DIV en crédits de
fonctionnement ;
- sur la " sincérité " des crédits du budget de
la ville.
Votre rapporteur considère enfin que les dépenses
consacrées à la communication et aux colloques sont
considérables, puisqu'elles s'élèvent à
11,17 millions de francs pour l'année 1999, et 9 millions de
francs pour 2000.
Le ministère de la ville doit reconsidérer
le volume des dépenses de communication et d'animation
, car la
valeur ajoutée des colloques et des études n'apparaît pas
justifier le niveau de crédits inscrit pour l'année
2000.
2. Le développement des prestations de cabinets de consultants au service de la politique de la ville
Votre
rapporteur constate une progression sensible de la sollicitation des organismes
de consultants par les collectivités locales pour la réalisation
de diagnostics préalables à la mise en place des
différents mécanismes de contractualisation. Les diagnostics de
sécurité, qui constituent un préalable indispensable
à la conclusion des contrats locaux de sécurité (CLS), ont
ainsi permis à quelques cabinets spécialisés de
bénéficier de marchés, pour des montants qui atteignent
facilement 100.000 francs. Il convient d'indiquer la qualité très
inégale des diagnostics fournis, dont certains se limitent à une
compilation de statistiques qui n'apporte aucune valeur ajoutée pour la
définition des actions à mener.
Votre rapporteur s'interroge également sur la fréquence des
études commandées par les collectivités et les organismes
en charge de la politique de la ville, au détriment des dépenses
de formation des acteurs sur le terrain et des dépenses d'intervention
proprement dites. En effet, 38 études commandées par la DIV
et le CNV ont été réalisées par des organismes
extérieurs depuis le début de l'année 1998, dont certaines
ne semblent pas d'une grande portée pratique. Certains thèmes
méritent d'être cités, à titre d'exemples :
études sur " l'utilisation des contremarques par les jeunes de
moins de 25 ans ", sur les " usages de l'internet et
démocratie locale ", conception et réalisation d'un
" guide méthodologique sur les jardins
d'insertion ".
C. LA NÉCESSITÉ D'ASSURER LA FORMATION DES " PROFESSIONNELS DE LA VILLE "
1. La formation insuffisante du personnel d'encadrement des dispositifs d'animation de la politique de la ville
La
formation des acteurs de la politique de la ville sur le terrain, ainsi que
l'évaluation des actions menées, sont des domaines d'actions pour
lesquels les efforts du ministère de la ville sont significatifs, mais
semblent insuffisants.
Votre rapporteur souhaite rappeler les problèmes auxquels ont
donné lieu certaines opérations " Ville Vie Vacances ",
dus en grande partie à
l'insuffisance en nombre et en qualification
des encadrants
. Le ministère de la ville a édicté des
normes plus strictes concernant la formation des encadrants, mais
reconnaît que celle-ci demeure parfois insuffisante. Votre rapporteur
souligne donc la nécessité d'un contrôle
systématique et approfondi des projets subventionnés par le
ministère de la ville, car les défaillances de l'encadrement
décrédibilisent l'ensemble du dispositif. Des formations
pratiques doivent être également développées pour
les acteurs confrontés aux publics difficiles (directeurs de centres
sociaux, médiateurs, encadrants) d'une manière
déconcentrée. Votre rapporteur considère donc qu'une
partie des crédits consacrés à la communication, aux
colloques et aux expertises pourrait être utilisée de
manière plus utile dans le cadre de programmes de formation, car
la
qualité du personnel d'encadrement des publics difficiles constitue un
facteur essentiel de la réussite des actions sociales menées dans
le cadre de la politique de la ville
.
2. La formation des emplois-jeunes affectés à la politique de la ville
Votre
rapporteur s'interroge également sur la qualité de la formation
dispensées aux emplois-jeunes affectés dans les quartiers
visés par la politique de la ville. Dans le cadre des contrats locaux de
sécurité (CLS), des moyens supplémentaires sont
apportés par l'Etat avec la création, à terme, de
35.000 emplois de proximité, soit 20.000 adjoints de
sécurité (ADS) placés auprès de la Police
Nationale, et 15.000 agents locaux de médiation sociale (ALMS)
proposés aux collectivités locales, aux bailleurs sociaux et aux
autorités organisatrices de transports publics. Au début du mois
d'août 1999, 12.600 ADS et plus de 6.500 ALMS avaient
été recrutés. Ces emplois sont affectés en
priorité dans les départements prioritaires et les quartiers
sensibles.
Les adjoints de sécurité bénéficient d'une
formation de deux mois, dont 60 heures consacrées aux techniques
professionnelles (armement, tir, secourisme, self-defense, gestes
d'intervention, préparation physique...). Pour les ALMS, la
nécessité d'une formation initiale a été
rappelée dans la circulaire interministérielle du 7 juillet 1999
sur les CLS. Un guide destiné aux employeurs et aux formateurs d'ALMS a
été réalisé et diffusé aux préfets,
aux élus locaux et aux structures souhaitant employer des ALMS, et
l'Association Française pour le Formation des Adultes (AFPA) a mis au
point un certificat professionnel de niveau V " agent de médiation,
information, service ".
Ces dispositions semblent cependant largement
insuffisantes, compte tenu du caractère délicat des missions de
médiation sociale.
D. LES BLOCAGES DES OPÉRATIONS DE RENOUVELLEMENT URBAIN ET DE RESTRUCTURATION DES QUARTIERS
Votre
rapporteur considère que la politique de la ville doit porter davantage
ses efforts sur la restructuration des quartiers, car les actions
d'accompagnement social obtiennent des résultats parfois
précaires dans les quartiers où les conditions d'habitat sont
fortement dégradées. Les opérations de
construction-démolition doivent également être
développées, car
une partie du parc de logements sociaux
atteint un degré d'obsolescence qui ne permet pas d'envisager de
restructuration
.
Votre rapporteur souscrit donc pleinement aux observations du rapport Sueur sur
ce sujet, qui n'ont malheureusement pas été suivies d'effet.
Celui-ci constatait que "
beaucoup de quartiers relevant de la
politique de la ville doivent être profondément
transformés. A la réparation, il faut aujourd'hui
préférer l'ambition. (...) C'est dire que nombre
d'opérations " construction-démolition " sont
aujourd'hui pleinement justifiées. Elles requièrent des moyens
financiers importants, et donc l'effort sur le long terme évoqué
précédemment (...). Pour infléchir et inverser les
tendances lourdes à la ségrégation, organismes de logement
social et collectivités doivent s'engager de concert dans la
recomposition du tissu urbain. Cela passe par des opérations de
construction-démolition mises en oeuvre (pour ce qui est de la
construction) sur des aires urbaines vastes, par des rénovations
profondes, par l'" essaimage " de constructions ou
réhabilitations, par de multiples petits programmes s'inscrivant dans
l'environnement urbain existan
t. "
1. Des mesures en faveur du développement du logement social
Les constructions de logements sociaux ont sensiblement décliné au cours des dernières années, en dépit des moyens budgétaires dégagés. Le parc de logements sociaux comprend au 1 er janvier 1998, 3,907 millions de logements, dont 25,5 % de logements construits depuis la réforme de 1977 (création des PLA), et 18 % construits avant 1960. Le nombre de logements très sociaux s'accroît et représente aujourd'hui 1 % du parc. Le taux de vacance est en hausse, avec 3,1 % du parc en 1997 contre 2,7 % en 1996. Ce taux recouvre cependant des réalités très diverses selon les régions.
Evolution du nombre de logements locatifs sociaux mis en chantier de 1988 à 1999 (en milliers de logements par an)
Année |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
PLA |
54 |
59 |
55 |
62 |
70 |
77 |
77 |
63 |
53 |
44 |
42 |
39 |
Remarque : pour 1999, il s'agit d'une estimation
Votre rapporteur prend acte des mesures prise par le gouvernement pour relancer
la construction des logements sociaux, car le
coût des PLA
(Prêts locatifs aidés), soit 4,3 % jusqu'à il y a peu,
rendait difficile le montage financier des nouveaux projets. Cette
réforme intervient alors que le gouvernement n'a pas réussi,
contrairement à ce qui avait été annoncé, à
relancer la construction des logements sociaux en 1998 et en 1999.
Le décret n° 99-794 du 14 septembre 1999 a modifié
l'économie générale du logement locatif social en
créant un prêt locatif unique, le " Prêt locatif
à usage social " (PLUS), qui remplace l'ensemble des PLA existant
à l'exception des PLA d'intégration. Le nouveau dispositif est
conçu pour favoriser la mixité sociale en réduisant les
phénomènes de sélectivité engendrés par les
PLA.
2. Les obstacles persistants au développement et à la rénovation de l'habitat social.
L'existence des
contingents préfectoraux pour
l'attribution des logements sociaux
rend souvent les communes
réticentes à de nouvelles constructions, afin d'éviter
l'installation de familles difficiles sur leur commune.
La
raréfaction des terrains et le coût du foncier
rendent
également le montage des projets difficiles en Ile de France. Or,
les modalités de financement de l'achat des terrains sont
trop
dépendantes du versement d'une subvention de la part de la commune
,
qui entraîne ensuite la participation de l'Etat, et parfois, du
département et de la région. En conséquence, la commune
contrôle l'achat des terrains pour la construction de logements sociaux.
Enfin, les difficultés de portage des projets et de coordination entre
les acteurs constituent un problème essentiel pour la mise en oeuvre des
opérations de renouvellement urbain. Le développement des
restructurations de patrimoine entre les organismes HLM
, par le biais
d'échanges entre organismes est un préalable indispensable
à une meilleure prise en charge des projets. En effet, ces
initiatives
permettront de déterminer des " chefs de
file " dans les quartiers, et de constituer des équipes de
maîtrise d'ouvrage compétentes pour la conduite des projets
immobiliers.
3. Les opérations de démolition-reconstruction
Le
dispositif en vigueur pour les opérations de
construction-démolition est marqué par une faible consommation
des crédits, et ne laisse pas augurer une montée en puissance
dans les années à venir. Or, les villes doivent faire face
à la déqualification rapide d'une partie du parc immobilier de
logement sociaux, constitués pour les trois-quarts de bâtiments
âgés de plus de vingt ans.
La réalisation d'un
audit permettant d'évaluer la part du parc
immobilier destiné à être renouvelé
est
parfaitement possible, mais n'est pas engagée car elle mettrait à
nu les insuffisances et les contraintes de l'Etat comme des bailleurs sociaux.
La réalisation de cette étude nécessiterait de prendre en
compte des critères techniques tels que la rapidité
d'obsolescence de la construction, ainsi qu'un examen de l'état de
l'équipement et des parties communes des immeubles. La montée de
la vacance peut également constituer un indicateur fiable d'une
déqualification rapide et durable d'un ensemble immobilier.
Les opérations de construction-démolition sont difficiles
à mettre en oeuvre car les objectifs des acteurs (bailleurs sociaux,
communes, habitants) divergent sensiblement. De plus, le
coût de ce
type d'opération
est considérable, puisque, au coût de
la démolition et de la reconstruction, s'ajoute le manque à
gagner sur les loyers pour l'organisme.
L'organisme HLM doit donc assumer
une perte d'exploitation sur plusieurs années
. En
conséquence, des
dispositifs financiers moins pénalisants
pour ce type d'opérations devraient être mis en place. Des
incitations à la démolition devraient remédier au fait que
les tours que l'on veut détruire sont souvent rentables, alors que
les nouveaux logements ne sont rentables qu'après plusieurs
années
.
4. Le problème des copropriétés dégradées
Les
opérations de rénovation des logements dans les quartiers
défavorisés sont particulièrement difficiles dans les
copropriétés. En effet, de nombreux accédants à la
propriété dans les années 1980 ont perdu les moyens
d'acquitter les charges pour assurer l'entretien des parties communes. Les
conditions d'habitat se sont en conséquence fortement
dégradées.
A la suite de la baisse du taux de rémunération du livret A en
juillet 1999, le gouvernement a décidé une extension des emplois
des fonds d'épargne gérés par la Caisse des
dépôts et des consignations, avec la mise en place d'une enveloppe
de 5 milliards de francs pour réhabiliter entre autre les
copropriétés dégradées.
Votre rapporteur espère que le projet de loi sur l'urbanisme, l'habitat
et les transports, qui devrait être examinée par le Parlement au
printemps 2000, comportera des dispositions permettant d'améliorer les
solutions aux problèmes de fragilisation ou de dégradation des
immeubles en copropriété.
E. LES ACQUIS DU DISPOSITIF DES ZONES FRANCHES URBAINES (ZFU) DOIVENT ÊTRE PRÉSERVÉS ET CONSOLIDÉS
Les
zones franches urbaines créées en application de la loi du
14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de relance
pour la ville ont fait l'objet de nombreuses critiques de la part du
gouvernement, qui s'est appuyé sur les rapports de l'Inspection
générale des affaires sociales (IGAS), de l'Inspection
générale des finances (IGF) et de l'Inspection
Générale de l'administration (IGA) pour faire le bilan des zones
franches urbaines et des zones de redynamisation urbaine dans un rapport remis
au Parlement.
Votre rapporteur considère que
le dispositif des zones franches
urbaines constitue un outil performant pour permettre de développer
l'activité économique dans les quartiers
défavorisés
. Il souligne cependant que ce dispositif doit
s'inscrire dans le cadre d'un projet global porté par une commune.
L'environnement social et urbain constitue en effet un élément
déterminant dans le choix d'implantation des entreprises. L'inscription
de la zone franche dans un cadre global de la redynamisation du quartier et
dans un grand projet urbain de requalification de l'environnement permet
à la zone franche de produire un " effet de levier " et
d'améliorer la perception du quartier par ses habitants et
vis-à-vis de l'extérieur. Dès lors, la zone franche
participe d'un projet global qui prend en compte l'ensemble des dispositifs de
la politique de la ville. Il existe par exemple une forte
complémentarité entre les ZFU et les grands projets urbains,
puisque ceux-ci ont une vocation structurante qui permet de favoriser
l'intégration des nouvelles entreprises dans les villes.
1. Une remise en cause de l'efficacité des zones franches
Le
rapport du gouvernement met en valeur les phénomènes d'effet
d'aubaine et de fraude engendrés par le dispositif des zones franches
urbaines, et propose une moralisation du dispositif en vigueur pour en limiter
les effets pervers.
Le conseil interministériel sur la ville (CIV) du 2 septembre 1999 a
arrêté le principe de plusieurs modifications législatives
ou réglementaires qui devraient entrer en vigueur pour l'année
2000 :
- la notion d'emploi exclusif en zone franche urbaine sera
précisée afin d'éviter d'ouvrir droit à
exonération de charges sociales en cas de simple domiciliation de type
boîte aux lettres ou de rattachement fictif à un simple bureau
secondaire ;
- le droit à exonération de charges sociales et de taxe
professionnelle sera supprimé en cas de transfert d'une ZFU à une
autre, afin d'éviter le " nomadisme d'entreprises " ;
- un nombre d'heures minimum de travail hebdomadaire sera fixé pour la
comptabilisation des embauches ouvrant droit à application de la clause
d'embauche locale ;
- la création d'emploi et d'activité sera renforcée en
diminuant le taux d'exonération en cas de simple transfert afin de
limiter les effets d'aubaine et les déplacements d'entreprises
" chasseur de prime " ;
- le droit au régime de faveur ne sera pas ouvert en cas de licenciement
dans l'année précédant le transfert ou l'embauche en
ZFU ;
- une déclaration spécifique des embauches et sorties d'emploi
sera créée afin d'améliorer l'évaluation du
dispositif.
2. Le coût des zones franches urbaines : un élément important de l'évaluation du dispositif
Le
rapport remis par le gouvernement au Parlement souligne que "
le
coût des dispositifs d'exonération en ZFU et ZRU est en moyenne
relativement élevé, en particulier au regard des implantations
d'emplois dans les quartiers concernés
". Le rapport estime le
coût par emploi implanté à 220.000 francs dans les ZRU et
à 200.000 francs par emploi net implanté pour les ZFU, en
imputant au bénéfice du dispositif le tiers des emplois
implantés.
Votre rapporteur souhaite émettre des réserves sur les
modalités de cette évaluation, qui tend à remettre en
cause les zones franches du fait du coût élevé au regard
des résultats obtenus en terme d'emplois :
- l'évaluation est très incertaine, puisque le tiers des emplois
implantés sont considérés comme des créations
nettes. Or, les données statistiques disponibles ne permettent pas de
vérifier une telle proportion d'emplois
" délocalisés " ;
- les emplois maintenus ne peuvent pas être comptabilisés dans
l'évaluation. Or, ces emplois sont pris en compte pour évaluer
l'impact de la réduction du temps de travail sur l'emploi. Par
conséquent, le gouvernement sélectionne ses critères
d'évaluation selon des objectifs politiques ;
- l'évaluation ne prend pas en compte le coût social du
chômage et de la non-employabilité des personnes
bénéficiant d'un emploi grâce aux zones franches. Or, le
coût réel ne doit pas être évalué de
manière absolue, mais relativement au coût pour la
société d'un plus fort taux de chômage dans ces
quartiers ;
- le coût par emploi net implanté dans la ZFU n'apparaît pas
considérable par rapport au coût d'un emploi-jeune du secteur
public, qui est proche de 150.000 francs.
L'évaluation du coût par emploi net implanté dans les zones
franches ne permet donc pas de porter un jugement sur l'efficacité du
dispositif. De plus, votre rapporteur considère que la réussite
des zones franches ne peut être évaluée à l'aune de
ce seul critère.
Votre rapporteur souhaite en effet rappeler que
les zones franches ne
constituent pas prioritairement un outil au service de la création
d'emplois, mais vise au rééquilibrage de l'activité
économique en faveur des quartiers défavorisés
. En
conséquence, les délocalisations d'emplois vers les zones
franches participent largement aux objectifs visés par le dispositif,
dans la mesure où celles-ci ne résultent pas d'une
démarche de " chasseur de primes " à court terme.
Les critères de réussite de la zone franche semblent donc avoir
été modifiés par le gouvernement, qui souhaite
réduire les exonérations fiscales accordées pour les
emplois délocalisés en zone franche. Or, votre rapporteur
rappelle que les objectifs fixés par le gouvernement de l'époque
portaient sur la création de 7.000 emplois en cinq ans. Actuellement,
25.000 emplois nouveaux ont été créés dans
l'ensemble des zones franches.
Votre rapporteur dénonce donc l'évaluation des
résultats des zones franches, qui est basée exclusivement sur la
création nette d'emplois, et ne tient pas compte de la
multiplicité des objectifs recherchés, et considère que
cette approche marginalise la contribution des zones franches à la
politique de la ville.
3. Des conclusions tempérées par la disparité des résultats et les difficultés de l'évaluation du dispositif
Le
rapport du gouvernement souligne la forte disparité des résultats
selon les zones franches, et l'existence de problèmes liés
à l'offre foncière, qui détermine souvent les
possibilités d'implantation d'entreprises de plus de dix
salariés. Il indique également que l'impact de la zone franche
sur le maintien d'entreprises qui n'auraient pas pu survivre sans mesures
d'allégements fiscaux et sociaux, en particulier les commerçants
et artisans de proximité, n'est pas mesurable.
Le rapport note également que certaines communes ont
réalisé en 1997 et 1998 des aménagements pour favoriser
l'implantation d'entreprises dans leur ZFU, qui commencent à produire
leurs effets, et dont les résultats ne seront mesurables
qu'ultérieurement.
Concernant le coût des ZFU, il est précisé que
l'augmentation des recettes fiscales, aujourd'hui compensée par l'Etat,
pourrait également être prise en considération, puisque
" on peut considérer qu'une partie significative des
implantations par créations nettes d'entreprises se maintiendra en ZFU,
y compris après l'extinction du régime de faveur et sera source
de recettes fiscales supplémentaires durables pour les communes
concernées ".
4. La sortie du dispositif de zone franche
Votre rapporteur se félicite que le gouvernement n'ait pas souhaité remettre en cause l'existence des zones franches et ait assuré que les entreprises bénéficieront des exonérations jusqu'au terme défini par la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville. Le gouvernement multiplie cependant les critiques du dispositif, sans aborder réellement la question de la sortie de celui-ci. Or, pour des entreprises industrielles dont l'implantation nécessite des investissements importants, la question de la sortie du dispositif peut s'avérer déterminante dans leur choix de localisation.
5. Les maires sont unanimes quant à la contribution des zones franches à l'amélioration des conditions de vie dans leur commune
Les
effets d'aubaine sont le propre de tout dispositif d'incitation fiscale
.
Selon les maires des communes où sont implantées les zones
franches, les cas de fraude mis en exergue par le rapport
présenté au Parlement constituent des cas isolés qui sont
en général rapidement identifiés. Les maires soulignent en
effet l'efficacité des contrôles de l'URSSAF et la vigilance des
communes qui souhaitent recueillir les bénéfices des
implantations d'entreprises, et n'ont donc aucun intérêt à
tolérer des situation de fraude ou de détournement du dispositif.
Les maires insistent également sur les conséquences positives de
la zone franche sur le désenclavement des quartiers, l'environnement
urbain, et l'image du quartier défavorisé.
F. LA LENTE MISE EN ACTION DE L'EPARECA
L'établissement public d'aménagement et de
restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA) a
été créé par la loi du 14 novembre 1996
relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, avec
pour mission, de faciliter des interventions de remembrement des espaces
commerciaux et artisanaux dans les sites urbains en difficulté.
L'établissement a la faculté légale de créer,
étendre, transformer ou reconvertir des surfaces commerciales et
artisanales en zone urbaine sensible. Il intervient sur saisine d'une
collectivité locale, en accord avec les instances locales de l'Etat. La
mission de l'établissement est de relancer des centres commerciaux puis
de s'en séparer, et non d'être investisseur à long terme.
La création de cet établissement répond à un
réel besoin, car de nombreux centres commerciaux et petits commerces
situés en zone urbaine sensible connaissent des difficultés
importantes.
Or, l'EPARECA n'a pas su répondre aux attentes des communes, notamment
du fait du retard considérable de son installation,
réalisée seulement au début de l'année 1999. En
conséquence, de nombreuses communes ont du se passer de l'intervention
de l'établissement pour mener à bien leurs actions, et la
dotation initiale de l'établissement n'a pas été
intégralement consommée. Une montée en puissance du
dispositif est cependant constatée, puisque 68 dossiers sont
actuellement instruits ou à instruire, et 6 autres sont entrés en
phase opérationnelle.
L'action de EPARECA est décevante, du fait de l'insuffisante
déconcentration de ses moyens opérationnels et de la limitation
de son objet. L'EPARECA se comporte en effet comme un investisseur
privé, malgré une moindre exigence de rentabilité. Enfin,
sa participation est trop souvent exclusive de celle du fonds d'intervention
pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce (FISAC).
Par conséquent, la restructuration des espaces commerciaux ne peut
souvent pas être menée dans de bonnes conditions par les communes,
qui sont contraintes de recourir à des montages financiers complexes et
mal définis.
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT
I - SERVICES COMMUNS
Rapporteur
spécial : M. Jacques PELLETIER
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les
crédits du fascicule I "Services communs"
du ministère de
l'Equipement, des Transports et du logement,
s'élèvent
à 24,5 milliards de francs pour 2000
, soit une progression de 5,6 %
par rapport à 1999.
Une présentation des crédits à structure constante montre
que
ceux-ci progressent en réalité de 1,4% en moyens de
paiement
.
Evolution du budget des services communs à structure constante
(en millions de francs)
|
Budget voté 99 |
PLF 2000 |
Evolution |
Rappel 99/98 |
titre III |
23 974,0 |
24 308,3 |
1,4% |
2,5% |
dont personnel |
21 474,9 |
21 814,2 |
1,6% |
2,8% |
dont fonctionnement |
2 499,1 |
2 494,1 |
-0,2% |
0,5% |
titre IV |
10,7 |
10,5 |
-1,8% |
0,0% |
total dépenses ordinaires |
23 984,7 |
24 318,8 |
1,4% |
2,5% |
titre V |
84,3 |
97,1 |
15,2% |
1,0% |
titre VI |
87,9 |
88,7 |
0,9% |
-5,3% |
total dépenses en capital (CP) |
172,2 |
185,8 |
7,9% |
-2,3% |
total moyens de paiement (DO+CP) |
24 156,9 |
24 504,6 |
1,4% |
2,4% |
total autorisations de programme (AP) |
175,4 |
196,1 |
11,8% |
-6,6% |
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
Les dépenses ordinaires représentent 99,3% du budget des services communs, qui correspond donc presque exclusivement aux crédits de personnel et de fonctionnement du ministère de l'équipement, des transports et du logement . Elles progressent de 1,4% pour 2000, soit une modération par rapport à la hausse de 1999 (+2,5%).
1. Titre III (moyens des services)
A
structure constante,
les moyens des services
progressent de 1,4 %
pour s'établir à 24,3 milliards de francs.
Cette progression globale se décompose ainsi :
- une
progression des dépenses de personnel
de 1,6 % pour
un total de 21,8 milliards de francs. Les rémunérations
progressent de 2,1% pour atteindre 11,8 milliards de francs et les charges de
pensions augmentent de 1,2% pour atteindre 5,7 milliards de francs.
- une
diminution des dépenses de fonctionnement
de
0,2 %, qui s'établissent à 2,4 milliards de francs. On
remarque une stabilité des dépenses de fonctionnement des
services déconcentrés (+0,4%) et une forte diminution des moyens
de fonctionnement des services centraux (-9,5%).
2. Titre IV (dépenses d'intervention)
Les dépenses d'intervention , qui ne représentent plus que la somme infime de 0,04 % des dépenses ordinaires, sont en diminution, en raison du transfert des dotations aux villes nouvelles au budget de l'urbanisme et du logement.
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
1. Titre V (investissements exécutés par l'Etat)
Les investissements exécutés par l'Etat , qui s'élèvent à 97,1 millions de francs en crédits de paiement pour 2000 (+15,2%), comprennent essentiellement les crédits relatifs à l'équipement immobilier des services (52,6 millions de francs), et les crédits de recherche scientifique et technique (44,5 millions de francs), en forte hausse (+29,7%).
2. Titre VI (subventions d'investissement)
Les
subventions d'investissement
sont pratiquement stables, à 88,7
millions de francs.
Les crédits d'équipement concernant la recherche progressent
(+2,4%) alors que les dotations d'investissement à l'IGN diminuent
(-2,3%).
II. AGRÉGATS
Présentation des agrégats à structure constante
(en millions de francs)
agrégats |
Budget voté 1999 |
PLF 2000 |
Variation |
01 personnel |
21.465,5 |
21.802,2 |
1,6% |
02 Moyens des services et action économique |
1.973,1 |
1.975,9 |
0,1% |
03 recherche |
104,3 |
106,8 |
2,4% |
04 école nationale des ponts et chaussées |
128,7 |
131,2 |
1,9% |
05 cartographie nationale |
478,8 |
483,5 |
1,0% |
06 autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (nouveau) |
0 |
5 |
100% |
Total |
24.156,9 |
24.504,6 |
1,4% |
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Les
dépenses de personnel
représentent à elles seules
89 % de l'ensemble du budget "services communs". A structure constante,
elles progressent de 1,6 % pour 2000 (+336 millions de francs).
Cette progression d'ensemble s'explique essentiellement par :
- l'extension en année pleine de mesures de
revalorisation des
rémunérations
publiques (+226,7 millions de francs)
- des
ajustements de crédits évaluatifs
, notamment pour
les pensions civiles et militaires (+59,5 millions de francs)
- de très nombreuses
mesures statutaires
et des
revalorisations indemnitaires
(+98 millions de francs)
•
La rémunération des personnels
, qui concerne
à 96 % les services déconcentrés du ministère
de l'Equipement, des transports et du logement (95.178 agents sur 98.351),
progresse de 2,1 %, pour s'établir à 11,8 milliards de
francs.
• La
participation aux charges de pensions
progresse de
1,2 % pour s'établir à 5,6 milliards de francs.
• Les charges d'indemnités et de rémunérations
diverses
progressent de 1,5%, pour atteindre 2,1 milliards de
francs.
B. LES MOYENS DES SERVICES ET L'ACTION ÉCONOMIQUE
Cet
agrégat regroupe les moyens de fonctionnement courant et
d'investissement de l'administration centrale et des services
déconcentrés.
Il est stable (+0,1 %), à 1,97 milliard de francs, mais traduit
toutefois un effort de contraction des coûts.
- les
moyens de fonctionnement des services déconcentrés
(80 % des dépenses de fonctionnement), progressent de
5,2 millions de francs, soit 0,4 % des crédits, après
la baisse en 1999 (-2%).
- les
moyens de fonctionnement des services centraux
(20 % des
dépenses), sont fortement réduits, de 38 millions de francs,
soit 9,5 % des crédits.
Toutefois, ces évolutions sont pas significatives : en effet, de
très nombreux transferts de crédits brouillent la
lisibilité budgétaire.
Il apparaît notamment que des crédits nouveaux seront
accordés pour financer le crédit-bail d'une partie de l'Arche de
la Défense (13 étages). Les crédits
s'élèveront au total à 72,4 millions de francs en 2000 (le
contrat entre l'Etat et l'Etablissement public d'aménagement de la
défense a été conclu pour huit ans). Pour compenser cette
somme, l'effort de réduction des crédits de fonctionnement
porterait sur près de 50 millions de francs, soit 3% des crédits
de fonctionnement des services centraux et déconcentrés.
En revanche, dans un souci de modernisation des services,
les
dépenses d'informatique et de télématique
sont une
nouvelle fois revalorisées (+4,3%).
Les crédits consacrés aux études
progressent
sensiblement (+40,6% à 11,5 millions de francs).
C. LA RECHERCHE
Cet
agrégat ne représente plus que 106,6 millions de francs (en
hausse de 2,4% pour 2000) depuis le transfert des crédits du Laboratoire
central des ponts et chaussées au ministère chargé de la
recherche.
Malgré la faiblesse des crédits, les sommes consacrées
à la recherche sont éparpillées dans 14 chapitres
budgétaires, ce qui ne facilite pas la lisibilité de l'effort du
ministère en ce domaine.
On peut seulement remarquer une légère augmentation des
subventions de fonctionnement à l'école nationale des ponts et
chaussées (15,8 millions de francs, soit +2,6%) et une revalorisation
des dotations d'équipement au programme de recherche dans les transports
(14,9 millions de francs, soit +34%). En revanche, les aides à
l'équipement pour l'IGN et l'école nationale des ponts et
chaussées diminuent.
D. L'ÉCOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSÉES
L'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées
a
été érigée en établissement public à
caractère scientifique, culturel et professionnel par décret du
8 décembre 1993. Elle bénéficie donc uniquement d'une
subvention de fonctionnement et d'une subvention d'équipement du budget
"services communs".
Pour 2000, ses crédits progresseront de 1,9 % pour atteindre 131,3
millions de francs. Il faut toutefois noter que
l'agrégat
"école nationale des ponts et chaussées" n'est pas exhaustif
puisque certains crédits accordés à l'école
nationale des ponts et chaussées figurent dans l'agrégat
"recherche" pour 22,5 millions de francs.
E. LA CARTOGRAPHIE NATIONALE
Les
crédits à l'Institut géographique national progressent de
1 % pour 2000 après une progression de 7,2 % en 1999. Ils
atteignent 483,5 millions de francs. Comme pour l'école nationale des
ponts et chaussées, l'agrégat "cartographie nationale" n'est pas
exhaustif. Certains crédits figurent dans l'agrégat "recherche"
pour 7,5 millions de francs (dotation d'équipement).
La quasi-stabilité des crédits de l'IGN s'explique par le fait
que
l'année 2000 sera une année de transition après la
fin du contrat d'objectif entre l'IGN et l'Etat (1999-2000)
et avant la
conclusion d'un nouveau contrat.
La négociation de ce contrat dépendra en partie des conclusions
du rapport du député M. Guy Lengagne, qui s'est vu confier, par
le premier ministre au printemps 1999, une mission de réflexion sur les
perspectives d'évolution de l'information géographique et ses
conséquences sur l'activité de l'IGN.
F. L'AUTORITE DE CONTRÔLE DES NUISANCES SONORES AEROPORTUAIRES
Il
s'agit de mettre en oeuvre la loi n°99-588 du 12 juillet 1999 portant
création d'une autorité de contrôle des nuisances sonores
aéroportuaires.
Cette autorité est composée de huit membres nommés pour
six ans en raison de leurs compétences dans les domaines
économique, juridique ou technique ou de leur connaissance en
matière d'environnement, de santé humaine ou de transport
aérien.
Elle a pour mission d'émettre des recommandations sur les questions
relatives à la mesure du bruit, à l'évaluation de la
gêne sonore et à la maîtrise des nuisances sonores.
L'autorité devrait être mise en place au plus tard le 13 janvier
2000 (article L. 227-1 du code de l'aviation civile).
La dotation de 5 millions de francs pour 2000 permettra de couvrir la
rémunération du président de l'autorité,
l'indemnisation des membres et experts et les dépenses de
fonctionnement.
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS.
A. 1ÈRE OBSERVATION : UN NOUVEL EFFORT DE REDUCTION DES EFFECTIFS ET DES CREDITS DE FONCTIONNEMENT
En
1999, le ministère de l'Equipement, des Transports et du logement avait
procédé à la suppression de 490 postes
dont
170 agents d'exploitation des travaux publics de l'Etat et
173 adjoints administratifs des services déconcentrés.
Pour 2000, l'effort de compression des effectifs portera sur 385 emplois
dont 115 adjoints administratifs des services déconcentrés,
130 agents d'exploitation des travaux publics de l'Etat et 65 ouvriers des
parcs et ateliers.
L'effort de réduction des effectifs sera donc moindre que les
années précédentes : le ministère a eu le souci de
ne pas trop affecter les personnels qui concourent à l'entretien et
à l'exploitation des routes et des voies navigables, afin de maintenir
les effectifs dans les départements qui connaissent des contraintes
particulières, notamment pendant la période hivernale.
Au total, les effectifs inscrits sur le budget des services communs baisseront
de 395 unités (385 suppressions d'emplois et un transfert net de 10
emplois vers d'autres budgets) pour atteindre 98.341 emplois.
Suppressions d'emplois dans le cadre des mesures d'économies
1995-2000
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
réductions |
-900 |
-208 |
-811 |
-1000 |
-490 |
-385 |
effectifs totaux |
103.999 |
103.136 |
100.590 |
100.246 |
99.405 |
98.341 |
Les emplois du budget des services communs diminueront par ailleurs de 10 emplois, par transfert. L'essentiel des transferts d'emplois s'effectue au profit du budget de l'environnement (6 emplois) et du budget des services généraux (5 emplois). Les transferts d'emplois entre le budget de la mer et celui des services communs se compensent pratiquement, en raison notamment de l'intégration de 11 salariés de l'association pour la gérance des écoles maritimes et aquacoles (AGEMA).
Budget des services communs : transferts de personnels en PLF 2000
|
Emplois
transférés
|
Emplois
transférés
|
total crédits transférés |
Economie et finances |
+1 |
|
+375.581 |
jeunesse et sports |
+1 |
|
+370.087 |
environnement |
+1 |
-7 |
-535.566 |
SGPM |
|
-5 |
-269.973 |
mer |
+1 |
-13 |
-1.608.577 |
AGEMA |
+11 |
|
+276.511 |
TOTAL |
15 |
-25 |
+108.063 |
total général |
-10 |
Votre
rapporteur remarque par ailleurs que les mesures statutaires concernant les
personnels auront des incidences budgétaires, puisque les
rémunérations progresseront de 2,1% pour 2000.
Pour 2000, de nombreuses transformations d'emplois sont réalisées
et notamment le repyramidage du corps des techniciens supérieurs des
travaux publics de l'Etat (8.919 emplois), du corps des adjoints administratifs
et des dessinateurs (1.031 emplois), de la filière technique (473
emplois) et de la filière administrative (283 emplois).
Ces repyramidages
s'expliquent par l'application de l'accord salarial de la
fonction publique
pour les corps de catégorie C et par
la
nécessité d'un "rattrapage" pour l'application du protocole
"Durafour"
en ce qui concerne les personnels de catégorie B.
En revanche, bien que le budget des services communs reflète les
priorités ministérielles,
il n'y a pas de créations
nettes de postes mais des redéploiements
: en matière de
sécurité routière, 30 emplois supplémentaires
d'inspecteur du permis de conduire sont créés, afin
d'améliorer les conditions d'examen du permis de conduire. Dans le
domaine des transports routiers, 37 emplois sont créés pour
accroître le contrôle du travail et de la main-d'oeuvre.
Il faut encore noter que les transformations d'emplois concernant les
personnels en poste à l'Ecole nationale des ponts et chaussées et
à l'Institut géographique national sont financées sur les
ressources propres de ces établissements, et non sur les crédits
du budget des services communs.
Concernant
les dépenses de fonctionnement
, le budget du
ministère de l'Equipement enregistre pour 2000 une stabilité
après une diminution régulière de 2 % sur les
chapitres de fonctionnement des services, conforme à l'application du
contrat triennal (1997-1999) conclu avec le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie.
Toutefois, en termes
réels, les crédits de fonctionnement seront réduits, de
l'ordre de 3%.
Votre rapporteur constate que les efforts d'économie du ministère
de l'équipement, des transports et du logement, tant en ce qui concerne
les dépenses de personnel que les dépenses de fonctionnement,
s'inscrivent dans la politique générale appliquée à
la fonction publique de l'Etat, à savoir des réductions d'emplois
très faibles (0,4%).
Le coût des rémunérations progresse plus rapidement que les
crédits du budget de l'Etat (+2,1% contre +0,9%), si bien que l'effort
budgétaire porte non pas sur le personnel, mais sur les moyens d'action
du ministère.
B. 2ÈME OBSERVATION : UNE PRESENTATION BUDGETAIRE A CLARIFIER
Le
PLF 2000 est marqué par une clarification importante puisqu'il propose
l'intégration des recettes des missions d'ingénierie publique au
budget des services communs (article 25 du projet de loi de finances).
Le régime des rémunérations accessoires de certains agents
des ministères de l'équipement et de l'agriculture est
fondé sur les dispositions de la loi n°48-1530 du 29 septembre 1948
réglementant l'intervention des fonctionnaires des ponts et
chaussées prêtant leurs concours aux collectivités locales
et à divers organismes.
L'arrêté du 10 novembre 1980 fixe les conditions dans lesquelles
ces fonctionnaires peuvent apporter leurs concours aux collectivités
locales et à divers organismes, ainsi que la façon dont sont
gérées les contributions afférentes.
Les contributions sont versées au crédit d'un compte local ouvert
dans les trésoreries générales départementales puis
centralisées sur un compte de classe 4 (compte de tiers) de la
comptabilité générale de l'Etat, le compte n°466-22
"rémunérations accessoires de certains agents de l'Etat".
Ces sommes permettent le paiement des frais de fonctionnement et de bureau de
l'administration centrale, des taxes sur les salaires, des dotations aux
ordonnateurs locaux et les rémunérations accessoires de
l'administration centrale.
Ainsi, l'opération de rebudgétisation de ces recettes
d'ingénierie publique, pour le ministère de l'équipement,
des transports et du logement, portera sur 948,16 millions de francs
répartis en 910,56 millions de francs pour les indemnités (chap
31-94), 28,2 millions de francs pour les crédits de fonctionnement (chap
34-97 et 34-98) et 9,4 millions de francs pour les frais judiciaires (chap
37-72).
La réintégration de ces sommes s'accompagnera d'un dispositif
destiné à maintenir aux agents des droits constants
. Les
indemnités concernent 25.000 agents, soit un quart des agents du
ministère de l'équipement, des transports et du logement. Les
critères étaient fonction du grade, mais aussi de la situation
géographique des agents (avec une "prime" pour les départements
les moins attractifs) et de leur service. Ces critères devraient
être maintenus.
Votre rapporteur se félicite de cette clarification
budgétaire, qui parachève le mouvement de rapatriement au sein du
budget de l'Etat de dépenses permanentes, mouvement entrepris depuis la
décision n°94-351 du 29 décembre 1994 du Conseil
constitutionnel et le rapport de la Cour des comptes sur l'exécution du
budget de 1994.
Il estime toutefois que de nouvelles clarifications budgétaires seraient
bienvenues, car la présentation actuelle des crédits ne permet
pas une analyse satisfaisante.
En effet,
les très nombreux transferts internes de crédits
et transferts entre sections du PLF 2000 nuisent à l'analyse du budget :
le budget des services communs compte cette année pas moins de 10
transferts internes et 18 transferts entre sections, sans qu'il soit possible
de connaître précisément les articles budgétaires
affectés par ces transferts. Dans ces conditions, une analyse
détaillée des crédits est impossible.
Malgré les très nombreux transferts d'emplois et de
crédits inscrits dans le PLF 2000, votre rapporteur souhaite rappeler
que d'autres transferts auront lieu en cours d'exécution
budgétaire.
Le ministère de l'équipement, des transports et du logement est
particulièrement touché par des transferts de crédits en
cours de gestion : pour des raisons historiques liées à la
création des services, plusieurs ministères (environnement,
culture) voient figurer sur leurs dépenses de personnel des
crédits de rémunération pour des personnels statutairement
rattachés au ministère de l'équipement, des transports et
du logement. Ainsi, la direction du personnel et des services de ce
ministère continue à assurer leur gestion au quotidien. Cette
règle s'applique également pour certains personnels des sections
"Tourisme" et "Mer" qui comprennent leurs propres effectifs et crédits
correspondants.
Ainsi, selon le rapport du contrôleur financier, l'effectif
autorisé par la loi de finances 1998 aura été
dépassé de 2.080 emplois par transferts. Pour 1999, de nombreux
transferts ont déjà eu lieu, portant sur 2.162 emplois du budget
de l'environnement, du tourisme, de la culture et de l'éducation
nationale. Par ailleurs, 2.421 emplois ont été
transférés entre la section Mer et la section services communs.
Au total, les mouvements portent donc sur 4.583 emplois en 1999.
Faire gérer l'ensemble des agents par la direction du personnel du
ministère de l'équipement, des transports et du logement permet
certaines économies d'échelle et une plus grande cohérence
dans la gestion des carrières, dont votre rapporteur ne peut que se
féliciter.
Toutefois il souhaite, autant que possible, que les crédits de
rémunération des personnels gérés par
l'administration centrale du ministère de l'équipement, des
transports et du logement figurent au budget des services communs, lorsque ces
personnels font partie du ministère.
Par exemple, il n'y a pas de raison objective pour que les personnels de la
direction de l'aviation civile et ceux des transports terrestres soient
inscrits au budget "services communs" mais pas ceux de la section "Mer". Pour
des raisons d'affichage, les personnels et crédits correspondant de la
section "Mer" n'ont pas encore été transférés en
loi de finances dans le budget des services communs, mais la logique voudrait
que ce transfert soit réalisé à moyen terme, afin de
faciliter la lisibilité des documents budgétaires et la gestion
du personnel.
En conclusion, votre rapporteur rappelle combien le budget des "services
communs", correspondant pour l'essentiel à la rémunération
des personnels du ministère de l'Equipement, des transports et du
logement, est, du fait de sa structure même, un budget d'une grande
rigidité.
Les crédits de personnel, qui avaient augmenté de manière
très significative en 1999, de plus de 3 %, progresseront de 1,6%
pour 2000, soit sensiblement moins, mais encore davantage que les
crédits du budget général. Les dépenses de
fonctionnement continueront à faire l'objet de mesures
d'économies.
Au total, le budget des services communs progressera donc de 1,4% pour 2000,
soit 0,5 point de plus que le budget général
, principalement
en raison de l'incidence en année pleine des mesures de revalorisation
du point fonction publique et des mesures statutaires.
Cette progression mécanique laisse malheureusement peu de place
à une action déterminée de réforme des moyens de
l'Etat.
II - URBANISME ET LOGEMENT
Rapporteur
spécial : M. Jacques PELLETIER
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A. LES GRANDES MASSES DU BUDGET URBANISME ET LOGEMENT POUR 2000
Pour
2000, le budget de l'urbanisme et du logement progresse de 6% pour
s'établir à 48,196 milliards de francs.
Toutefois, la clôture de deux comptes d'affectation spéciale, le
compte n°902-22 "Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France" et le
compte n°902-30 "Fonds pour le financement de l'accession à la
propriété" entraîne la réintégration
d'importantes masses de crédits.
Aussi, à structure constante, le budget de l'urbanisme et du logement
est en réalité en baisse de 2,3%.
Evolution du budget du logement 1999/2000 (à structure constante )
(en millions de francs)
|
Budget voté 99 |
PLF 2000 |
Evolution
|
|||
|
AP |
DO/CP |
AP |
DO/CP |
AP |
CP |
TITRE III |
|
34 |
|
109 |
|
220,6% |
TITRE IV |
|
35.498 |
|
35.252 |
|
-0,7% |
total dépenses ordinaires |
0 |
35.532 |
0 |
35.361 |
0 |
-0,5% |
TITRE V |
269 |
261 |
267 |
164 |
-0,74% |
-37,2% |
TITRE VI |
13.660 |
13.545 |
13.209 |
12.671 |
-3,30% |
-6,5% |
total dépenses en capital |
13.929 |
13.806 |
13.476 |
12.835 |
-3,25% |
-7,0% |
TOTAL |
13.929 |
49.338 |
13.476 |
48.196 |
-3,25% |
-2,3% |
La présentation du budget de l'urbanisme et du logement à structure constante montre une diminution globale des crédits pour 2000 (-2,3% en DO+CP) nettement plus accentuée pour les dépenses en capital (-7,0% en crédits de paiement) que pour les dépenses ordinaires (-0,5%).
1. Les modifications de structure
Après la refonte des fascicules budgétaires et le regroupement des crédits de l'urbanisme et des crédits du logement en 1999, le budget de l'urbanisme et du logement connaît encore cette année d'importantes modifications de structure.
La suppression du compte d'affectation spéciale n° 902-22 "fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France" (FARIF) s'accompagne de l'intégration d'une grande partie de ses crédits dans le budget du logement. Au total, 635 millions de francs de crédits de 1999, en autorisations de programme et crédits de paiement, sont intégrés au budget du logement en 2000.
Crédits du FARIF en 1999 intégrés au budget du logement en 2000
(en millions de francs)
|
AP |
CP |
FARIF (ancien) |
Chap 55-21 (art 30) Urbanisme, acquisitions et travaux |
120 |
120 |
chap 02 - art 10 |
Chap 57-30 (art 60) construction, logement, habitat et urbanisme |
25 |
25 |
chap 06-art 10 |
Chap 65-23 (art 60) Urbanisme, aménagements du cadre de vie urbain |
30 |
30 |
chap 02 - art 20 |
Chap 65-48 (art 20) Construction et amélioration de l'habitat |
460 |
460 |
chap 01 - art 10 |
TOTAL |
635 |
635 |
|
Des
crédits consacrés aux
études et expertises
du
secrétariat général du groupe central des grandes
opérations d'urbanisme sont transférés du budget des
services communs vers le budget de l'urbanisme et du logement pour 2 millions
de francs en autorisations de programme et crédits de paiement (chapitre
57-30).
Des crédits consacrés aux
villes nouvelles
, qui
représentaient 108 millions de francs en crédits de paiement
et 80 millions de francs en autorisations de programme en 1999, sont
transférés du budget des charges communes vers le budget du
logement (chapitre 65-23).
Enfin, des crédits autrefois inscrits sur le
compte d'affectation
spéciale n°902-30 "Fonds pour le financement de l'accession
à la propriété"
sont inscrits sur le budget du
logement. Il s'agit des crédits destinés aux prêts sans
intérêt. Ces crédits représentaient 3,13 milliards
de francs en 1999.
Total des crédits de 1999 transférés au budget du
logement en 2000
|
AP |
CP |
FARIF |
635 |
635 |
Transfert du budget des charges communes (villes nouvelles)
|
80
|
108
|
Transfert du financement des prêts sans intérêt |
0 |
3.130 |
TOTAL (en millions de francs) |
717 |
3.875 |
2. Les crédits du budget "logement et urbanisme"
a) Les dépenses ordinaires
Les
dépenses ordinaires s'élèvent à 35,3 milliards de
francs, en diminution de 0,5% pour 2000.
Cette diminution s'explique par les économies réalisées
sur les aides personnelles au logement
. Le titre III connaît une
évolution singulière (+220%) en raison de l'inscription sur ce
titre, traditionnellement très peu doté (les crédits de
fonctionnement du secrétariat d'Etat au logement sont inscrits au budget
des services communs), de nouveaux crédits destinés à la
lutte contre le saturnisme au nouveau chapitre 37-40 (+75 millions de
francs).
b) Les dépenses en capital
Les
dépenses en capital
, s'élèvent à 12,8 milliards
de francs en crédits de paiement, en baisse de 7,0% par rapport à
1999.
Cette forte diminution s'explique essentiellement par la baisse des
crédits du titre VI, à structure constante, et plus
particulièrement,
par l'inscription sur le budget du logement de
nouveaux crédits destinés au prêt à taux
zéro
, crédits autrefois inscrits sur un compte d'affectation
spéciale. Ces crédits seront réduits de 375 millions de
francs en crédits de paiement et 450 millions de francs en autorisations
de programme.
Les crédits consacrés à la construction sociale (ligne
dite "fongible" finançant les prêts locatifs aidés et les
primes à la réhabilitation PALULOS) sont également en
baisse de 312,5 millions de francs en crédits de paiement, afin de tenir
compte de la sous-consommation des crédits. Il faut rappeler que
l'arrêté du 2 septembre 1999 a annulé 334,6 millions de
francs en autorisations de programme et 169,6 millions de francs en
crédits de paiement sur le chapitre 65-48.
Le titre V, consacré aux investissements exécutés
par l'Etat, diminue fortement (-37,2%) surtout en raison de l'inscription
réduite des crédits de paiement pour les acquisitions d'immeubles
et les opérations en Ile de France, figurant anciennement au FARIF.
Il apparaît toutefois que les crédits non
dépensés sur le FARIF en 1999 seront rattachés en cours
d'année 2000 au budget du logement, ce qui mettra à niveau des
dotations qui apparaissent réduites dans le projet de loi de finances.
Il n'est toutefois pas encore possible de connaître le montant exact de
ces crédits.
B. LES AGRÉGATS
Le budget du ministère de l'urbanisme et du logement se divise en cinq agrégats: "aides à la personne", "logement", "études, expérimentation, information", "recherche", "aménagement foncier et urbanisme".
|
Crédits demandés en 2000
|
|
|
DO + CP |
AP |
Aides à la personne |
35.065 |
- |
Logement |
12.522,3 |
12.953,6 |
Études, expérimentation, information |
136,2 |
104,3 |
Recherche |
174,5 |
38,5 |
Aménagement foncier et urbanisme |
297,6 |
379,7 |
TOTAL |
48.195,7 |
13.476 |
1. Les aides à la personne
•
La contribution de l'Etat au financement des aides à la personne, aide
personnalisée au logement (APL) et allocation de logement sociale (ALS),
est réduite de 283,9 millions de francs pour 2000 (-0,8 %), à
34,3 milliards de francs. Cette diminution résulte entièrement
d'un ajustement aux besoins des bénéficiaires.
La contribution de l'Etat aux aides à la personne évolue comme
suit :
•
la contribution au FNH, qui verse l'APL, diminue de
753,9 millions de francs (chapitre 46-40/10), pour atteindre 15,8
milliards de francs;
•
la contribution au FNAL, qui verse l'ALS, progresse de
470 millions de francs, pour atteindre 18,5 milliards de francs
(chapitre 46-40/30) ;
Cette évolution n'a toutefois pas de grande signification
.
En
effet, il apparaît que les dotations des deux fonds étaient mal
évaluées pour 1999, ce qui explique des réajustements en
2000.
La difficulté d'évaluer les dotations nécessaires aux deux
fonds renforce la pertinence du jugement exprimé par la Cour des comptes
dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1998
"la complexité d'un système dans lequel deux fonds
différents, mais de même composition, gèrent deux aides
parallèles pendant que l'un d'eux verse une participation à
l'autre, ne semble pas justifié. On peut regretter que le
ministère n'ait pas réfléchi à l'hypothèse
d'un regroupement de ces deux fonds, qui donnerait plus de clarté
à la répartition des dépenses de l'Etat entre allocation
de logement social et aide personnalisée au logement".
• L'effort de solidarité en faveur du logement des personnes
modestes se complète de trois contributions aux actions des
départements et des associations:
- 0,548 milliard de francs pour les
fonds de solidarité pour le
logement
(FSL), soit une diminution de 0,4% après la forte hausse de
1999 (+61,7%). La dotation pour les FSL eux-mêmes est stable à
490 millions de francs, alors que celle pour les associations qui louent
à des personnes défavorisées sera légèrement
réduite.
- 0,170 milliard de francs pour
l'aide au logement temporaire
, soit une
progression de 40 millions de francs (+30,7%). Cette progression résulte
uniquement des moyens nouveaux destinés à financer les aides
à la gestion des aires de nomades.
- 2 millions de francs pour les
fonds d'aide aux accédants en
difficulté
(ceux qui avaient souscrit des prêts à
l'accession à la propriété à taux
élevé de 1980 à 1985), en diminution de 3 millions de
francs (-60%) du fait d'un ajustement aux besoins.
La progression des dotations pour les personnes défavorisées (+35
millions de francs) résulte ainsi des
moyens nouveaux pour les aires
de nomades
et d'un ajustement des crédits à la baisse pour 5
millions de francs, qui tient compte de l'évolution des besoins. On peut
observer que la poursuite de la mise en oeuvre des mesures de la loi sur les
exclusions n'a donc pas de nouvel impact budgétaire sur les aides
à la personne pour 2000.
2. Le logement
Cet
agrégat regroupe les
aides à la pierre
, plus
particulièrement concentrées sur le chapitre 65-48 (construction
et amélioration de l'habitat). L'agrégat progresse de 29,7 %
en crédits de paiement (à 12,5 milliards de francs), et reste
stable en autorisations de programmes (à 12,9 milliards de francs).
Toutefois, il faut tenir compte de la rebudgétisation totale du
prêt à taux zéro pour 1999 : à structure constante,
les crédits reculent de 2,7%.
Au total, l'accession à la propriété
bénéficiera de 5,88 milliards de francs de crédits de
paiement en 1999 contre 6,26 milliards de francs en 1999 et 6,63 milliards de
francs en 1998.
En deux ans, sans modification de droits, la diminution
des taux d'intérêt devrait donc permettre de réaliser 750
millions de francs d'économies.
Cette dotation devrait servir au financement de 110.000 prêts à
taux zéro, comme en 1999. En raison de la diminution des taux
d'intérêt, le coût budgétaire moyen du prêt est
tombé de 59.943 francs en 1997 à 56.300 francs en 1998 (soit,
pour 110.000 prêts, un total de 6,19 milliards de francs).
Il convient
toutefois que le mouvement de diminution du coût moyen du prêt se
poursuive pour que la dotation prévue pour 2000 soit suffisante pour
répondre à la demande.
•
La
ligne fongible
prêts locatifs
aidés - primes à l'amélioration des logements
à usage locatif et à occupation sociale (PLA-PALULOS),
destinée à la construction et à la réhabilitation
des HLM (chapitre 65-48/10) est stable en autorisations de programme, mais
significativement réduite en crédits de paiement (-10,8%), pour
atteindre 2,57 milliards de francs
.
Le gouvernement prévoit ainsi de financer 70.000 logements, soit un
programme légèrement moins ambitieux que ceux de 1998 et 1999
(80.000 logements), mais en tout cas plus réaliste, puisque seulement
51.000 logements ont finalement été réalisés en
1998. Ce programme de construction doit être complété par
la distribution de 120.000 PALULOS.
Rappelons que, d'autre part, pour 2000, des crédits anciennement au
compte du fonds pour l'aménagement de l'Ile de France (chapitre 01-art
10 "subventions au titre d'acquisitions foncières pour l'implantation de
logements locatifs") sont réintégrés au chapitre 65-48/20
pour 385 millions de francs en autorisations de programme et 146,5 millions de
francs en crédits de paiement. Ce chapitre du FARIF ayant connu
d'importants reports de crédits les années
précédentes (745 millions de francs reportés en 1997, 891
millions de francs en 1998), il est vraisemblable que d'importants
crédits complémentaires pourront être rattachés au
cours de l'année 2000.
•
La ligne destinée au
financement des
opérations les plus sociales
(notamment les logements d'urgence) est
dotée de 290 millions de francs de crédits de paiement, soit une
légère progression par rapport à 1998 (+2,6%).
•
Les dotations
pour la résorption de l'habitat
insalubre
sont, en revanche, de nouveau en forte baisse (-23%). A
l'origine, les actions de résorption du saturnisme prévues dans
la loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions devaient
être financées sur le chapitre 65-48/70. Les premières
dépenses étant pour l'essentiel des dépenses de
diagnostics, de travaux d'entretien et de contrôles, il a finalement
été décidé d'individualiser les aides à la
lutte contre le saturnisme sous un chapitre spécifique au titre III
(chapitre 37-40).
•
Les crédits de la
prime à
l'amélioration de l'habitat
(PAH) sont maintenus à 800
millions de francs en autorisations de programme, mais progressent sensiblement
en crédits de paiement à 800 millions de francs (+4,5%).
•
La subvention d'investissement (AP) à l'
agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat
(ANAH) est stable
à 2,2 milliards de francs et progresse légèrement
à 2,2 milliards de francs en crédits de paiement
(+2,8%).
3. Les études, expérimentation, information
Ce poste
progresse de 7,9% en crédits de paiement pour atteindre 136,2 millions
de francs.
Il concerne principalement
la subvention aux agences d'information sur le
logement
(stable à 33,5 millions de francs), mais également
l'ensemble des études menées par la nouvelle direction
générale et le Plan Urbanisme
,
Construction,
Architecture
dans les secteurs de l'urbanisme et du logement.
4. La recherche
Cet agrégat concerne essentiellement les subventions au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et les moyens de fonctionnement et d'investissement mis en oeuvre par le Plan urbanisme construction et architecture (PUCA), soit au total 174,5 millions de francs (+1,1%).
5. L'aménagement foncier et l'urbanisme
Cet
agrégat progresse de 101 millions de francs en 2000, pour atteindre
297,6 millions de francs (+51,6%).
Cette progression résulte entièrement de l'inscription des
crédits consacrés au différé d'amortissement et
à la subvention d'équilibre versés par l'Etat aux
collectivités support des villes nouvelles
, auparavant inscrits sur
le budget des charges communes et transférés en gestion sur le
budget de l'urbanisme.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. L'AMÉLIORATION DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE PERMET D'ALLÉGER LES CHARGES DU BUDGET DU LOGEMENT
Le
budget du logement pour 2000 prend en compte, pour la première fois,
l'amélioration de la situation économique.
Ainsi,
les crédits destinés aux aides personnelles
sont
réduits de 283,9 millions de francs pour 2000. Cette mesure
"d'ajustement aux besoins" était indispensable dans la mesure où
le maintien d'une dotation élevée s'était
accompagnée en 1998 et 1999, de fortes annulations :
l'arrêté du 18 novembre 1998 a ainsi annulé 846 millions de
francs, et l'arrêté du 2 septembre 1999 a annulé 600
millions de francs. Cette mesure d'annulation conforte la position du
Sénat, qui avait adopté une réduction de crédits
"ciblée" de 500 millions de francs lors du vote de la loi de finances
pour 1999, contre l'avis du gouvernement.
Même si l'extension en année pleine de la mesure de revalorisation
des aides décidée au 1er juillet 1999 doit être prise en
compte (pour un coût de 500 millions de francs),
la mesure
d'ajustement paraît faible, et elle pourrait s'accompagner, si la
croissance économique anticipée pour l'année prochaine par
le gouvernement se confirme, de nouvelles annulations au cours de
l'année 2000.
L'amélioration de la situation économique s'accompagne
également, pour un montant plus modeste,
de réductions de
crédits sur le chapitre de la participation de l'Etat aux fonds de
solidarité logement
(-2 millions de francs) et
au fonds d'aide
aux accédants en difficulté
(-3 millions de francs).
Toutefois, la réduction de la ligne consacrée aux FSL portera sur
les aides à la médiation locative et non sur les FSL
eux-mêmes.
Le budget de l'urbanisme et du logement bénéficiera
également de la diminution du coût du crédit et donc de
la diminution du coût du prêt sans intérêt
, qui
passe de 6,26 milliards de francs en 1999 à 5,8 milliards de francs en
2000, pour financer un nombre de prêts équivalent (environ
110.000).
Votre rapporteur estime que s'agissant de crédits d'investissement,
destinés à aider les ménages modestes à
accéder à la propriété, il convient
désormais de profiter de la réduction du coût moyen du
prêt à taux zéro pour 2000 pour en élargir le champ
:
l'expérience de 1996, année au cours de laquelle le
prêt à taux zéro avait été ouvert aux
logements nécessitant au moins 20% de travaux, au lieu des 35%
habituellement requis, sur l'initiative du Sénat, avait permis de faire
bénéficier 30.000 ménages supplémentaires de ce
dispositif d'accession à la propriété.
Votre rapporteur demande avec insistance que cette mesure, qui
nécessite des dispositions de caractère réglementaire,
soit renouvelée pour 2000.
Elle serait d'autant plus utile que le projet de budget du logement pour 2000
enregistre, du fait notamment de la réduction du coût moyen du
prêt à taux zéro, une diminution importante des aides
à la pierre, qui atteignent 13,4 milliards de francs, soit 1 milliard de
francs de moins que l'an dernier (-6,7%). Il apparaît dès lors
nécessaire de rééquilibrer les aides à la pierre
par rapport aux aides à la personne, en favorisant davantage l'accession
à la propriété.
B. UN BUDGET DE CONTINUITE
Le
secteur du logement, dans son ensemble, se porte bien
.
L'activité liée à la construction neuve et à
l'entretien du bâtiment a crû en 1998 de 1,6% en francs constants,
après un recul en 1997 (-1,5%), essentiellement sous l'impulsion de la
construction neuve (+2,8%). L'augmentation de l'activité de
construction de logements a été particulièrement
marquée au second semestre (+6,6%), sous l'effet de la fin
programmée de l'ancien amortissement fiscal pour les logements locatifs
neufs. Pour 1999, les prévisions se situent dans une fourchette de 4,3%
à 5,9% de croissance de l'activité du bâtiment.
Dans ce contexte, le budget de l'urbanisme et du logement ne présente
pas de nouvelles actions significatives.
Les dotations véritablement nouvelles concernent seulement la lutte
contre le saturnisme
(75 millions de francs) pour permettre la
première mise en oeuvre de la loi contre les exclusions (sous forme
d'études et de diagnostics) et
la contribution au fonds national de
l'aide au logement
dans le cadre du financement des aides à la
gestion des aires de nomades (40 millions de francs). Le projet de loi
modifiant les obligations des communes concernant les aires de nomades a
été adopté par l'Assemblée nationale en
première lecture, et doit être discuté prochainement devant
le Sénat.
La plupart des autres lignes budgétaires ne font l'objet que de
mesures d'ajustement.
Ainsi l'application de la convention entre le 1%
logement et l'Etat, avec la mise en place d'un nouveau fonds de
sécurisation pour les accédants à la
propriété, conduit à relever la dotation à la
société de gestion du Fonds de garantie de l'accession sociale
(SGFGAS) de 1,6 million de francs.
Des "opérations vérité"
sont également
menées sur les lignes budgétaires qui ont connu ces
dernières années d'importantes annulations de crédits, et
notamment le chapitre 46-40 pour les aides personnelles (-284 millions de
francs) et le chapitre 65-48 pour la construction sociale et
l'amélioration de l'habitat (-310 millions de francs) qui ont
enregistré d'importantes annulations en 1999, pour respectivement 600
millions de francs en dépenses ordinaires et 146,5 millions de francs en
crédits de paiement.
Ces opérations sont essentielles dans un objectif
d'amélioration de la sincérité budgétaire.
Il apparaît cependant que certaines réformes sont
retardées, concernant notamment l'accession à la
propriété, l'aide à la rénovation du logement
privé et les aides au logement.
•
En matière de sécurisation de l'accession à la
propriété, malgré le faible taux de sinistres des
prêts à l'accession sociale, la dotation de l'Etat au fonds de
garantie de l'accession sociale (FGAS) est revalorisée de 125 millions
de francs (+41,6%).
Il s'agit d'une augmentation "mécanique" prenant
en compte l'augmentation attendue des prêts à l'accession sociale,
ce qui ne reflète en rien les risques couverts.
Le FGAS est alimenté en recettes par une cotisation de l'Etat
égale à 1,25% des prêts garantis, une cotisation identique
de l'établissement prêteur, une commission annuelle sur l'encours
des prêts garantis (0,2%) et la rémunération des fonds.
Les discussions entamées entre le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie, le ministère de
l'équipement, des transports et du logement, et les
établissements prêteurs, contributeurs avec l'Etat au FGAS, sur
une réduction de leurs cotisations, ont échoué. Un
succès aurait pourtant permis de réduire les dotations de l'Etat.
•
En matière d'aide au logement privé, les lignes
budgétaires consacrées à la subvention de fonctionnement
à l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) ou
à la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH) sont en
légère hausse.
La légère augmentation des dotations traduit un certain
attentisme
: la baisse de la TVA sur les travaux dans les logements
privés devrait contribuer à réduire le coût des
travaux et donc la subvention de l'ANAH, mais les propriétaires
pourraient être également davantage incités à
recourir aux services de l'ANAH du fait de l'allégement fiscal, si bien
que le secrétariat d'Etat au logement peine à anticiper
l'évolution de l'activité de l'ANAH.
D'autre part, il apparaît que
le futur projet de loi "Urbanisme,
habitat et déplacement" constituera le cadre de la mise en oeuvre d'une
réforme tendant à l'unification des interventions
financières sur le parc privé
. Le secrétariat au
logement relève "
les insuffisances des actuelles procédures
comptables de gestion de l'ANAH et de la prime à l'amélioration
de l'habitat (PAH), notamment au regard des observations de la Cour des
comptes
". La réforme visera à "
regrouper auprès
d'un seul organisme public dont la vocation serait élargie à
l'ensemble du parc privé les outils et moyens financiers existants".
•
En matière d'aides personnelles au logement, il n'est pas
entrepris de réforme d'envergure.
Un groupe de travail avait été mis en place suite à la
signature de la convention d'objectifs et de gestion entre l'Etat et la Caisse
nationale d'allocation familiale le 14 mai 1997. Ce groupe a remis un rapport
d'étape au gouvernement en avril 1999, avec plusieurs
préconisations.
L'année 2000 verra la poursuite des mesures d'harmonisation des aides au
logement, afin de mieux les articuler avec les minima sociaux et le report de
20 à 21 ans de l'âge limite pour la prise en compte des enfants
dans le calcul des aides.
Malgré la mise en oeuvre de deux préconisations concernant
l'évaluation forfaitaire des ressources, de nombreux sujets tels que
l'harmonisation des barèmes dans le secteur de l'accession à la
propriété, ou le problème de l'insalubrité n'ont
pas encore été examinés.
D'une manière générale, il apparaît essentiel que
soit tiré profit de l'amélioration de la situation
économique pour engager une réforme substantielle des aides au
logement, dans un souci de plus grande neutralité des
aides.
C. DES MESURES TRÈS IMPORTANTES CONCERNANT LE SECTEUR DU LOGEMENT NE SONT PAS DIRECTEMENT VISIBLES DANS LE BUDGET
La
principale raison pour laquelle le budget du logement ne contient pas de
réformes majeures est que celles-ci ont été largement
décidées en amont de la discussion du budget du logement, ou sous
la forme de mesures fiscales.
Concernant le logement social,
la principale mesure a été
l'allégement de la dette du secteur HLM en vertu de la décision
ministérielle du 23 avril 1999, qui porte sur 114 milliards de francs
d'encours, et conduira à terme à un allégement de 20
milliards de francs pour le secteur HLM.
L'encours de la dette supporte désormais un taux de 3,8% contre 4,3%
initialement. La diminution de 0,75% du taux du livret A, qui s'établit
à 2,25% à compter du 1er août 1999 a permis d'abaisser le
coût de l'ensemble des opérations des organismes sociaux.
Cet
abaissement du coût de la ressource, de nature à améliorer
la construction de logements sociaux, était préconisé par
la commission des finances du Sénat depuis de nombreux mois
. Contre
l'avis du gouvernement, un amendement au projet de loi relatif à
l'épargne et à la sécurité financière avait
été adopté par le Sénat en mai dernier : il visait
précisément à rapprocher le taux du livret A des taux
d'intérêt du marché.
Toutefois, il faut noter que des efforts restent encore à faire, et il
apparaît que des négociations pourraient être
engagées par le gouvernement afin de voir si le coût de
rémunération de la collecte, qui représente 1,2 % de
l'encours pour les Caisses d'épargne et 1,5 % pour la Poste, pourrait
être abaissé.
Enfin,
un prêt locatif unique
(le PLUS) est substitué au
PLA ordinaire et au PLA à loyer minoré (décret
n°99-794 du 14 septembre 1999 modifiant le code de la construction et de
l'habitation et relatif aux subventions et prêts pour la construction,
l'acquisition et l'amélioration des logements locatifs aidés).
Il bénéficie d'une subvention de 5% dans le neuf et 10% dans
l'ancien et d'un prêt de la Caisse des dépôts à
3,45%. Ce prêt est destiné à financer des opérations
finançant la mixité (30% des ménages devront avoir des
ressources inférieures à 60% des plafonds de ressources PLA ;
10 % pourront avoir des ressources supérieures à 120% des
plafonds).
La mise en place du PLUS répond à la fois au souhait de
développer la mixité sociale et à la
nécessité de faire baisser les loyers des opérations
neuves et des opérations d'acquisition amélioration. Ainsi, le
loyer maximum des logements PLUS sera réduit à 90% du plafond des
actuels logements PLA, soit généralement au loyer plafond servant
de calcul de l'APL.
Parallèlement le taux des PLA d'insertion, réservés aux
personnes en grande difficulté, est abaissé de 0,75% à
3,05%. L'objectif du gouvernement est de financer 70.000 logements en l'an 2000.
Concernant le logement privé
, la réduction de la TVA sur
les travaux de d'amélioration et d'entretien dans les logements devrait
présenter un coût fiscal de près de 20 milliards de francs
pour 2000 (environ 12 milliards de francs en régime de
"croisière") et favoriser le développement du secteur de la
réhabilitation, tout en luttant contre le travail au noir. Le logement
social, qui bénéficiait déjà d'un dispositif de
récupération de la TVA s'apparentant à une TVA à
taux réduit (mécanisme de la livraison à soi-même)
bénéficiera d'une extension aux travaux d'entretien. Enfin, la
réduction des droits de mutation sur les logements d'habitation
permettra un allégement de la fiscalité de 4,6 milliards de
francs.
En définitive, ces mesures auront un impact significatif sur les
aides au logement pour 2000. Les aides à la pierre
ne
représenteront plus que 7 % du total des dépenses en faveur
du logement en 2000, contre 8,8 % en 1999
et
les aides à
la personne
diminueront de 21,5 % à 18,2 %.
L'essentiel
du rééquilibrage se fera au profit des aides fiscales
qui
devraient représenter 32 % des aides au logement en 2000 contre 24
% auparavant.
*
En
conclusion, le budget du logement présente pour 2000 certains aspects
positifs au premier rang desquels des opérations "vérité"
sur les crédits de chapitres budgétaires traditionnellement
"surdotés". Votre rapporteur regrette toutefois que des priorités
ne soient pas clairement affichées, alors même que la conjoncture
économique est excellente.
Il apparaît notamment regrettable que les économies soient plus
visibles sur la partie "investissement" du budget de l'urbanisme et du logement
(les aides à la pierre diminueront de 6,7% en l'an 2000) que sur le
chapitre "fonctionnement" (réduit de 0,5%).
Il faut rappeler que la
bonne tenue du marché du logement, notamment en 1998, s'explique pour
une large part par les aides à la construction neuve.
La réduction des crédits aux aides aux logements parait encore
relativement timide, compte tenu de l'importance des économies
liées à l'amélioration de la conjoncture
économique. En revanche, la réduction du coût moyen du
prêt à taux zéro devrait être l'occasion
d'élargir le dispositif, comme cela avait été fait en 1996
sur la proposition du Sénat.
Enfin, la principale mesure concernant la construction sociale, à savoir
la mise en place d'un produit unique, le "PLUS"
traduit un changement
d'orientation par rapport aux réformes introduites en 1997
à
l'arrivée du gouvernement, réformes qui consistaient
précisément à différencier les produits offerts aux
organismes HLM. L'échec de la relance de la construction sociale depuis
2 ans (seuls 44.300 logements sociaux ont été mis en chantier en
1998, contre plus de 70.000 en 1994) semble expliquer ce retour à un
produit simple et unique (résultat de la fusion entre le PLA-LM et le
PLA ordinaire) censé connaître dans l'avenir plus de
succès, mais qui doit encore faire ses preuves.
III - TRANSPORTS
1. TRANSPORTS
TERRESTRES
Rapporteur spécial : M. Auguste
CAZALET
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
A. VUE D'ENSEMBLE
1. L'évolution des crédits des transports terrestres dans le budget des transports
Les tableaux ci-dessous retracent l'évolution et la répartition des moyens de paiement (dépenses ordinaires et crédits de paiement) et des autorisations de programme du budget des transports.
Evolution des crédits de paiement du ministère
de
l'équipement,
des transports et du logement section III -
transports
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution 2000/1999 (en %) |
Répartition en 1999
|
Répartition en 2000
|
1. Transports terrestres |
45.181,7 |
45.267,1 |
+ 0,2 % |
81,4 % |
82,3 % |
2. Routes |
7.040,5 |
6.368,8 |
- 9,5 % |
12,7 % |
11,6 % |
3. Sécurité routière |
455,0 |
533,5 |
+ 17,3 % |
0,8 % |
1,0 % |
4. Transport aérien et météorologie |
2.810,9 |
2.810,9 |
+ 0,0 % |
5,1 % |
5,1 % |
Total |
55.488,1 |
54.980,4 |
- 0,9 % |
100 % |
100 % |
Les moyens de paiement demandés pour les transports terrestres en 2000 atteignent 45,3 milliards de francs , soit une quasi stabilité par rapport aux crédits votés en 1999 (+ 0,2 %), mais une part croissante des crédits des transports (de 81,4 % en 1999 à 82,3% en 2000), qui sont globalement en légère baisse pour 2000 (-0,9%).
Evolution des autorisations de programme du ministère
de
l'équipement,
des transports et du logement section III -
transports
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution 2000/1999 (en %) |
Répartition en 1999
|
Répartition en 2000
|
1. Transports terrestres |
1.028,0 |
1.311,0 |
+ 27,5 % |
12,7 % |
14,0 % |
2. Routes |
4.787,2 |
5.846,1 |
+ 22,1 % |
59,2 % |
62,3 % |
3. Sécurité routière |
184,0 |
189,6 |
+ 3,0 % |
2,3 % |
2,0 % |
4. Transport aérien et météorologie |
2.090,0 |
2.036,0 |
- 2,6 % |
25,8 % |
21,7 % |
Total |
8.089,2 |
9.382,7 |
+ 16 % |
100 % |
100 % |
Les autorisations de programme demandées pour les transports terrestres s'élèvent à 1,3 milliard de francs pour 2000, soit une augmentation de 27,5 % par rapport aux autorisations de programme votées pour 1999. Ces autorisations de programme représentent ainsi une part croissante des autorisations de programme du budget des transports (14 % dans le PLF 2000, contre 12,7 % dans le budget voté 1999).
2. La répartition des crédits demandés pour les transports terrestres
Le tableau suivant retrace l'évolution des grandes masses du budget des transports terrestres
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution
|
Dépenses ordinaires (DO) |
|
|
|
Titre III - Moyen des services |
7,8 |
7,9 |
+ 1,3 % |
Titre IV - Interventions publiques |
44.198,3 |
44.147,7 |
- 0,1 % |
Total dépenses ordinaires |
44.206,0 |
44.155,6 |
- 0,1 % |
Dépenses en capital |
|
|
|
Crédits de paiement (CP) |
975,6 |
1.111,5 |
+ 13,9 % |
Autorisations de programme (AP) |
1.028 |
1.311 |
+ 27,5 % |
Total des moyens de paiement (DO + CP) |
45.181,7 |
45.267,1 |
+ 0,2 % |
Total des moyens d'engagement (DO + AP) |
45.234,0 |
45.466,6 |
+ 0,5 % |
Les
dépenses ordinaires
, qui sont constituées en
quasi-totalité de dépenses d'intervention publique et
représentent 97,5 % des crédits des transports terrestres,
sont pratiquement stables (-0,1 %). Cette stabilité résulte des
éléments suivants :
- la forte augmentation des
dotations à la SNCF pour les transports
de voyageurs à courte distance
(+ 741 millions de francs). Il s'agit
d'adapter la dotation en faveur des sept régions "expérimentales"
(+ 30 millions de francs) et de combler un retard concernant les crédits
accordés à la SNCF au titre des autres services régionaux
de voyageurs (+ 711 millions de francs).
- l'accroissement des dotations aux services régionaux des voyageurs est
exactement compensé par
la diminution de la contribution aux charges
d'infrastructures ferroviaires
versée par l'Etat à RFF (- 711
millions de francs). Les contributions à RFF au titre des charges
d'infrastructure ne diminueront pas pour autant en raison de la très
forte augmentation des redevances versées par la SNCF (+ 3,8 milliards
de francs).
- la
contribution de l'Etat aux transports collectifs parisiens
diminue
de 230,7 millions de francs, en raison de mouvements contrastés :
- l'indemnité compensatrice pour la RATP diminue de 475 millions de francs alors que celle versée à la SNCF augmente de 247 millions de francs. Cet accroissement est lié à la révision des comptes de la SNCF. Dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1998, la Cour des comptes fait observer que le compte prévisionnel de la SNCF n'avait pas été présenté fin 1998, si bien les trois dernières mensualités de l'indemnité n'ont pas été versées (soit 211,5 millions de francs).
-
à l'inverse, la contribution pour réductions de tarifs augmente
pour la RATP, mais diminue pour la SNCF.
- enfin,
les charges de retraites de la SNCF
progressent sensiblement,
pour un coût supplémentaire de 198 millions de francs (+1,4%).
Les dépenses en capital
, très minoritaires au sein de ce
budget (la majorité des dépenses en capital figure au FITTVN),
sont cependant très dynamiques pour 2000, puisqu'elles progressent de
13,9 % en crédits de paiement (après une hausse de 2 % en
1999, et une baisse de 10 % en 1998) et de 27,5 % en
autorisations de programme (après + 1,1 % en 1999 et
+ 0,5 % entre 1998).
Les dépenses en capital sont essentiellement constituées de
subventions d'investissement
situées au chapitre 63-41,
doté de 1.058 millions de francs, en forte augmentation par rapport
à 1999 (+ 134,5 millions de francs, soit + 14,5 %).
Cependant, cette augmentation résulte en grande partie de la
budgétisation de crédits autrefois inscrits sur le fonds pour
l'aménagement de l'Ile-de-France, FARIF
(66 millions de francs). En
dehors de cette budgétisation, les subventions en faveur des
investissements en Ile-de-France diminuent de 14 millions de francs, alors que
celles aux transports collectifs urbains de province augmentent de 93 millions
de francs. Enfin, 15 millions de francs d'économies sont
réalisés sur les autres postes.
B. PRÉSENTATION DES PRINCIPALES EVOLUTIONS
1. Les concours de l'Etat au transport ferroviaire (agrégat 01)
Les
concours de l'Etat au transport ferroviaire, qui sont uniquement des
dépenses d'intervention, sont versés à la
SNCF
et
à
Réseau Ferré de France (RFF).
Ces concours atteignent
37,74 milliards de francs
dans le projet de
budget des transports terrestres pour 2000, soit une quasi-stabilité par
rapport à 1999
(+
0,6 %).
Concours de l'Etat au transport ferroviaire
(en millions de francs)
|
Budget voté 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
Contribution à l'exploitation des services régionaux de voyageurs (45-42.10 et 45-42.30) |
5.186 |
5.928 |
+ 14,3 % |
Contribution aux charges d'infrastructure et de désendettement (45-43) |
16.262,17 |
15.551,17 |
- 4,4 % |
Compensation pour tarifs sociaux SNCF (46-42.10) |
1.932,71 |
1.932,71 |
0,0 % |
Contribution aux charges des retraites SNCF (47-41) |
14.130,68 |
14.329 |
+ 1,4 % |
TOTAL |
37.511,56 |
37.740,88 |
+ 0,6 % |
Les
concours de l'Etat au transport ferroviaire se décomposent comme
suit :
- l'aide de l'Etat aux
services régionaux
de voyageurs
s'accroît de 741 millions de francs (+ 14,3 %) ;
-
la contribution de l'Etat " aux charges d'infrastructures
ferroviaires et au désendettement "
est réduite à
15,5 milliards de francs (-4,4%). La Cour des Comptes avait
critiqué, dans son rapport sur la loi de règlement 1997, le
contenu hétérogène du chapitre 45-43 qui regroupait, d'une
part, la prise en charge d'une partie de la
dette
de la SNCF, selon des
modalités fixées dans le contrat de plan Etat-SNCF de la
période 1991-1994 et, d'autre part, une contribution aux charges
d'infrastructures
versée à RFF. Pour 2000, ces critiques
ont été prises en compte, et la contribution au
désendettement figure désormais sur une ligne
séparée. La contribution au désendettement de la SNCF est
stable pour 2000 (à 4,42 milliards de francs) alors que la contribution
aux charges d'infrastructures versée à RFF est en diminution de
711 millions de francs, à 11,1 milliards de francs ;
- la dotation destinée à la
compensation
pour
tarifs
sociaux
est stable pour la cinquième année consécutive
à 1,93 milliard de francs ;
- enfin la contribution aux
charges de retraites
de la SNCF progresse de
1,4 % à 14,3 milliards de francs.
L'agrégat ne comportant que des dépenses ordinaires, il
conviendrait d'ajouter à ces contributions une subvention de
2,3 milliards de francs aux investissements en matière de transport
ferroviaire et de transport combiné, financée par le fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN).
Cette dotation est en forte hausse pour 2000 (+ 21,7 %).
2. La contribution de l'Etat aux transports collectifs urbains en Ile-de-France (agrégat 02)
Le
montant total des contributions de l'Etat aux
transports franciliens
s'élève à 5,69 milliards de francs pour 2000, contre
5,87 milliards en 1999, soit une baisse sensible, de 3 %.
Ces contributions se décomposent en une dotation au fonctionnement et
une autre aux investissements.
La contribution financière de l'Etat au
fonctionnement
des
transports collectifs franciliens, qui représente 94,7% de la
contribution totale de l'Etat, s'élève à
5,39 milliards de francs en 2000, en baisse de 4,1 % par rapport
à 1999.
Le tableau ci-après en donne le détail :
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Evolution (en %) |
Indemnité compensatrice RATP |
4.557 |
4.082 |
-10,4% |
Indemnité compensatrice SNCF |
771 |
1.018 |
+32,0% |
Réduction de tarif RATP |
130 |
146,3 |
+12,5% |
Réduction de tarif SNCF banlieue |
140 |
120 |
-14,3% |
Desserte interne des villes nouvelles |
2 |
2 |
+0,0% |
Contribution à l'exploitation des transports collectifs en Ile-de-France (nouveau) |
5.600 |
5.368,3 |
-4,1% |
TVA sur subventions d'équipement RATP |
20,00 |
21,00 |
+5% |
TOTAL |
5.620,0 |
5.389,3 |
-4,1% |
- Les
indemnités compensatrices
versées à la RATP et
à la SNCF-banlieue représentent, avec 5 milliards de francs,
92,6 % du total.
Ces indemnités sont destinées à compenser l'écart
entre les tarifs fixés par les pouvoirs publics et le prix de revient du
transport.
Après une hausse en 1999 pour la RATP (+ 2,8 %), mais une
diminution forte pour la SNCF (- 9,1 %), l'année 2000 connaît
un phénomène inverse avec une forte diminution de
l'indemnité versée à la RATP (- 10,4 %) et ce qui
s'apparente à un rattrapage pour la SNCF (+ 32 %).
- après une stabilité de cinq ans, les crédits
destinés à compenser les réductions de tarifs sont
modifiés, avec une hausse pour la RATP (+ 12,5 %) et une baisse pour la
SNCF (- 14,3 %).
La baisse des
subventions d'investissement
aux transports collectifs en
Ile-de-France en 1999 (-25% en autorisations de programme et - 18% en
crédits de paiement), confirme son caractère de " creux
technique " résultant notamment de la fin des travaux d'Eole et
surtout de Meteor.
En 2000, les subventions d'investissement repartent fortement à la
hausse : les autorisations de programme progressent de 118 % (à 470
millions de francs) et les crédits de paiement de 20%, pour
s'établir à 305,5 millions de francs.
Toutefois, les subventions d'investissements en matière de transports
collectifs du chapitre 4 du compte d'affectation spéciale pour
l'aménagement de l'Ile-de-France -FARIF- qui s'élevaient à
130 millions de francs pour 1999, sont réintégrés
pour 220 millions de francs en autorisations de programme et 66 millions de
francs en crédits de paiement dans le budget des transports terrestres
en 2000, ce qui explique la forte augmentation des dotations.
3. Les transports collectifs de province (agrégat 03)
La
contribution de l'Etat aux transports collectifs de province représente
seulement 1,7 % du budget des transports terrestres pour 2000, à
795,5 millions de francs
, soit une hausse de 12,5 % par
rapport à 1999 (hausse identique à celle de 1998-1999). Cette
augmentation est entièrement imputable à la forte croissance des
subventions d'investissement, qui constituent l'essentiel de cet
agrégat, et s'élèvent pour 2000 à
719,4 millions de francs de crédits de paiement (+ 14 %)
et 768 millions de francs d'autorisations de programme (+ 6,7%).
Les crédits d'intervention sont reconduits en 2000 à
76 millions de francs. Il s'agit, pour l'essentiel, d'aides aux services
départementaux de transport.
Parmi les
subventions d'investissement
, la nomenclature
budgétaire ne permet plus de distinguer les crédits
destinés aux infrastructures pour les transports collectifs en site
propre. La dotation globale permettra de poursuivre les opérations
concernant les tramways de Grenoble, Lyon, Montpellier, Nantes, Orléans,
Strasbourg ainsi que les métros de Lille, Lyon et Rennes et les axes
lourds d'autobus en site propre de, Rennes, Nancy et Saint-Denis de la
Réunion. D'autres opérations pourront être lancées
d'ici la fin de l'année ou en l'an 2000 concernant les transports en
site propre à Rouen, Maubeuge et Caen et les tramways à Bordeaux
et Valenciennes.
4. Les crédits affectés aux voies navigables
Depuis
la création de Voies Navigables de France (VNF) en 1991, et du fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN) en
1995, le budget des transports terrestres ne comprend plus qu'un petit reliquat
de crédits affectés aux voies navigables (14,2 millions de
francs pour 2000, contre 21,6 millions de francs en 1999), lesquels ne font
donc pas l'objet d'un agrégat dans la présentation du budget.
Il s'agit pour l'essentiel du plan d'aide à la batellerie,
destiné notamment à accompagner les conséquences pour les
bateliers de la libéralisation du transport fluvial dans l'Union
européenne, et doté de 13 millions de francs en 2000, soit
une forte baisse par rapport à 1999 (-35 %). Cette dotation se
décompose en 5 millions de francs pour les allocations de départ
en retraite des bateliers et 8 millions de francs pour les mesures
d'accompagnement de la libéralisation. Il faut noter que l'année
1999 a été marquée par la signature d'un " contrat de
modernisation du transport fluvial " qui définit notamment un plan
d'aide reprenant, pour l'essentiel, les actions des " plans
économiques et sociaux du transport fluvial " (PES) de 1989
à 1998. Depuis 1995, le volet " social " est financé
par le budget de l'Etat et le volet " économique " par voie
navigables de France.
L'essentiel des crédits publics destinés aux voies navigables est
financé en fait hors du budget général, par :
- le Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables,
qui consacrera 500 millions de francs aux voies navigables en 2000 (+11%), pour
l'essentiel des subventions aux investissements réalisés par VNF
et par la Compagnie Nationale du Rhône ;
- VNF, qui aura effectué, à partir de ses ressources propres et
des subventions du FITTVN, 670 millions de francs d'investissements en
1999 (+ 5 %) et prévoit de réaliser 757 millions
de francs d'investissements en 2000. Ces investissements qui concernaient pour
les deux-tiers la
restauration
du
réseau
existant en 1999,
devrait être employées pour un peu plus de la moitié
à cet objectif en 2000 et pour 40% au
développement du
réseau
;
- enfin, le budget de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR).
5. Les autres crédits
Les
crédits
d'organisation
,
régulation
et
animation
du secteur des transports (retracés dans
l'agrégat 04) s'élèvent, hors voies navigables, à
56,6 millions de francs pour 2000, soit une baisse de 14 %. Cette
baisse est due à la réduction de 5,2 millions de l'aide
à la formation professionnelle dans le domaine des transports terrestres
et à la réduction de 30,3 à 23,4 millions de francs de
l'aide au développement de la productivité dans les transports
terrestres .
Les crédits affectés aux
régimes sociaux
particuliers
(agrégat 05) passent de 951 à 913 millions
de francs (- 3,9 %). Ces crédits se partagent entre, d'un
côté, des régimes en voie d'extinction, notamment ceux des
anciens agents des services publics d'Afrique du Nord et d'outremer pour 712,3
millions de francs (soit - 4,7 %) et, de l'autre, les
dotations au congé de fin d'activité des chauffeurs routiers mis
en place après le conflit social de 1996, et étendu aux
conducteurs routiers de voyageurs conformément à l'accord de
branche du 2 avril 1998, pour 180 millions de francs en 2000, comme
en 1999.
Enfin, les crédits de
recherche
(agrégat 06)
s'élèvent à 52,1 millions de francs de crédits
de paiement (+ 2,3 %) et à 54 millions de francs
d'autorisations de programme (+ 3,8 %), dont 31,2 millions de
crédits de paiement et 33 millions d'autorisations de programme
destinés au fonds d'aide à la recherche et à l'innovation
dans les transports (FARIT).
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. PREMIÈRE OBSERVATION : UN BUDGET DE CONTINUITE AVANT LA MISE EN oeUVRE DES NOUVEAUX CONTRATS DE PLAN
Les
crédits affectés à la section transports terrestres du
ministère de l'équipement, des transports et du logement
évoluent modérément pour 2000 : + 0,2 % en
moyens de paiement, à 45,3 milliards de francs.
Ces crédits ne retracent pas l'ensemble de l'effort de l'Etat en faveur
des transports terrestres. Il faut en effet leur ajouter 2,8 milliards de
francs en provenance du Fonds d'investissement des transports terrestres et des
voies navigables (FITTVN) qui est un compte spécial du Trésor, et
surtout la dotation en capital de 12 milliards de francs à Réseau
ferré de France (RFF), prélevée sur les recettes de
privatisation.
Au total,
l'effort de l'Etat
en faveur des transports terrestres
s'élève ainsi à
60,1 milliards de francs
pour
2000, soit une baisse de 0,9 % par rapport à 1999.
Effort total de l'Etat en faveur des transports terrestres
(En millions de francs)
|
LFI 99 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
Budget général |
45.181 |
45.267 |
+0,2% |
FITTVN
, dont
|
2.340
|
2.808
|
+20,0%
|
FARIF
, dont :
|
130
|
0
|
-100% |
Dotation en capital RFF |
13.000 |
12.000 |
-7,7% |
Total |
60.651 |
60.075 |
-0,9% |
La
légère baisse des crédits des transports terrestres pour
2000 est en contradiction avec la priorité affichée par le
gouvernement en faveur du transport ferroviaire, la réduction portant
sur les dépenses en capital.
Pour apprécier l'effort de l'Etat en faveur des transports terrestres,
il faut toutefois rappeler que l'année 2000 est une période de
transition, entre l'achèvement des contrats de plan 1994-1999 et la mise
en oeuvre des nouveaux.
A fin 1999, les contrats de plan devraient être réalisés
à hauteur de 107,4%. Seules les dotations au transport combiné
ont un taux d'exécution faible (32%).
L'exécution du XIème plan (métropole )
(en millions de francs)
|
Contrats de plan |
Besoins 1999 établis par les préfets |
Programmation ministère 1999 |
Exécution |
Taux d'exécution |
Fer transports collectifs |
2.931,28 |
511,8 |
407,5 |
3.095,8 |
105,6% |
Etudes |
0,2 |
0 |
0 |
0,2 |
100,0% |
Transport combiné + 5341/10 |
283,4 |
110,7 |
22,9 |
90,6 |
32,0% |
Voies navigables |
190,6 |
43,9 |
76,4 |
180,0 |
94,5% |
Frac transports |
40,35 |
5,02 |
9,4 |
41,3 |
102,4% |
VNF subventions |
0 |
23,4 |
0 |
- |
- |
FARIF (île de France) |
630 |
4,5 |
130 |
969,1 |
153,8% |
Transports terrestres |
4.075,83 |
699,4 |
646,3 |
4.377,0 |
107,4% |
Les
contrats de plan Etat-région pour 2000-2006 sont en cours de
négociation : il est donc trop tôt pour en donner une
appréciation. Toutefois, il apparaît que l'enveloppe
financière en faveur des transports terrestres serait
revalorisée, au détriment des routes.
On constate effectivement une certaine amélioration des moyens
d'engagement du budget des transports terrestres (+ 300 millions de francs en
autorisations de programme), mais il faut rappeler que l'évolution des
moyens d'investissement dépendra largement de l'avenir du FITTVN, qui
concentre aujourd'hui l'essentiel des concours de l'Etat en la
matière.
B. DEUXIÈME OBSERVATION : RENDRE SA VOCATION AU FITTVN
L'an
dernier, votre rapporteur déplorait que près des trois-quarts des
investissements et subventions d'investissements de l'Etat en matière de
transport terrestre soient débudgétisés, au travers du
FITTVN et du FARIF.
Le présent projet de loi de finances supprime le FARIF et
réintègre ses crédits dans les différents budgets
concernés (logement, ville, transports terrestre, routes).
Cependant, l'avenir du
FITTVN reste incertain
.
Dans son rapport sur l'exécution du budget 1998, la Cour des comptes
est très critique sur le fonctionnement du FITTVN.
"L'examen de ce compte suscite des interrogations sur la justification du
recours à un compte d'affectation spéciale. Les deux nouvelles
taxes ont vu chacune leur taux doublé par rapport à la loi de
finances pour 1995, dès 1996 pour les sociétés
concessionnaires d'autoroute et en 1998 pour les ouvrages
hydroélectriques. Les moyens d'investissement dans les transports
terrestres n'ont pas été majorés pour autant. (...) Au vu
de l'exécution 1998, le recours à un compte d'affectation
spéciale apparaît contestable à plusieurs
égards".
La Cour des comptes observe notamment que le FITTVN finance l'acquisition de
trains express régionaux (TER) thermiques qui n'entrent pas dans le
champ d'action du FITTVN, tel que défini par le législateur,
à savoir "
la réalisation d'infrastructures fluviales,
ferroviaires, de transport combiné et de routes
" (article 37 de la
loi du 4 février 1995).
Il faut ajouter à ces critiques celles de la mission
d'évaluation et de contrôle (MEC) menée par
l'Assemblée nationale.
Le rapport du député Jean-Louis Idiart note ainsi
"le
FITTVN n'a que l'appellation de compte d'affectation spéciale, mais il
ne finance aucune politique spécifique. Il conviendrait de le
supprimer
." Le présent projet de loi de finances prend toutefois
exactement le contre-pied de ces recommandations, puisqu'il propose le
relèvement de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes, à
raison d'une hausse de 0,5 centime par kilomètre parcouru et conforte
ainsi le FITTVN.
Votre rapporteur estime que le FITTVN, créé par l'article 37
de la loi d'aménagement du territoire de 1995, devrait répondre
à un besoin essentiel, à savoir le développement de
nouvelles infrastructures.
Il regrette toutefois que ce fonds ait
été détourné de son objet, et qu'il vise
désormais à compenser les défaillances du budget des
transports terrestres. Il souhaite donc que le budget des transports, qui est
devenu presque exclusivement un budget de fonctionnement (97,6% des
crédits) redonne une priorité à l'investissement, afin que
le FITTVN soit véritablement dédié au financement de
nouvelles infrastructures.
Le ministère de l'équipement, des transports et du logement
reconnaît lui-même que
" l'ampleur du FITTVN reste
limitée et la question de son extension, tant du point de vue des
ressources que des projets susceptibles d'en bénéficier va
rapidement se poser ".
C. TROISIÈME OBSERVATION : DES INQUIETUDES POUR L'AVENIR DE LA SNCF
Ces
inquiétudes sont de deux ordres : d'une part, il s'agit de la
capacité de la SNCF à parvenir à retrouver un
équilibre d'exploitation et donc à maîtriser son
endettement, d'autre part il s'agit des menaces sur la
compétitivité future de l'entreprise publique.
Tout d'abord, l'année 1998 a été apparemment
marquée par
une amélioration de la situation courante de
l'entreprise.
Le résultat net de l'exercice 1998 s'établit ainsi
à - 649 millions de francs en 1998, contre - 959 millions de francs en
1997, soit une légère amélioration de 310 millions de
francs, après la très forte amélioration de 1997.
L'excédent brut d'exploitation est en progression de 1,8 milliard de
francs grâce au développement du chiffre d'affaires (77 milliards
de francs, +3,5%), notamment pour les grandes lignes.
Pour 1999, la SNCF
prévoit un retour à l'équilibre (résultat net
positif).
Cependant, l'année 1998 a également été
marquée pour la SNCF par d'importants conflits sociaux, notamment des
agents commerciaux, qui ont affecté son résultat. La reprise du
trafic, qui a débuté en 1996 et s'est nettement accentuée
en 1997, a amorcé une décroissance en fin d'année 1998.
Malgré les mouvements sociaux, le bon niveau de trafic
général en 1998 s'explique par des efforts en faveur de la
clientèle avec le succès des tarifs "découverte" et des
cartes de réduction. Le trafic a par ailleurs été
stimulé par la croissance économique et la Coupe du Monde. Ainsi,
le trafic voyageurs s'est inscrit en progression de 4,4% en 1998 dont 5,2% pour
le trafic grandes lignes. Cependant la progression du trafic voyageurs
s'explique entièrement par la progression du trafic TGV (+ 11 %) et des
lignes internationales Eurostar (+ 6,4 %) et surtout Thalys (+ 48 %) alors que
la fréquentation des trains rapides nationaux diminue (- 3,6 %), ce qui
traduit un important déséquilibre dans les performances de la
SNCF.
De plus, les charges pesant sur la SNCF se sont accrues en 1999. Les
barèmes des redevances d'infrastructures versés par la SNCF
à RFF ont été relevés par l'arrêté du
8 juillet 1999. Compte tenu du volume de circulation prévu par la SNCF
en 1999, le nouveau barème conduit à un montant
prévisionnel de redevances de 9.870 millions de francs (+61,7%) contre
6.105 millions de francs en 1998 et 5.908 millions de francs en 1997. Pour
2000-2001, le barème devrait rester toutefois inchangé.
Le ministère de l'équipement, des transports et du logement fait
savoir que "
l'Etat s'est engagé à garantir à la
SNCF des concours supplémentaires pour l'aider à faire face
à ces augmentations sans compromettre son équilibre
".
Les contributions budgétaires au transport ferroviaire n'ont toutefois
pas progressé pour 2000 (elles sont stables à 37,74 milliards de
francs, soit +0,6%). Les crédits supplémentaires sur le FITTVN,
bien qu'en progression, ne visent pas à donner des marges de manoeuvre
supplémentaires à la SNCF.
La dette de la SNCF continue donc à progresser. L'endettement à
long terme de la SNCF a été ramené à 45,2 milliards
de francs fin 1997, après le transfert de la dette relative à
l'infrastructure ferroviaire à Réseau ferré de France
(RFF) pour 134,2 milliards de francs et le désendettement
complémentaire de 28,3 milliards de francs par transfert au service
annexe d'amortissement de la dette (qui représentait, fin 1997, 56
milliards de francs). Fin 1998, l'endettement à long terme de la SNCF
avait progressé, puisqu'il s'élevait à 47,2 milliards de
francs (+4,4%) pour la dette de l'entreprise, alors que le service annexe
d'amortissement de la dette (SAAD) s'élevait à 55,2 milliards de
francs, soit une légère diminution (-1,4%). Toutefois, l'objectif
étant d'apurer, grâce à un concours annuel de l'Etat, la
dette du SAAD, jusqu'à son extinction, ce rythme d'apurement semble
très lent.
Pour l'avenir, le développement de la SNCF semble bridé par
plusieurs éléments.
Tout d'abord,
les difficultés persistantes de l'entreprise dans sa
gestion du dialogue social pourraient continuer à grever son
résultat.
Le résultat commercial de l'année 1998 a été
considérablement affaibli par l'ampleur des mouvements sociaux :
180.000 jours de travail ont été perdus en 1998, ce qui
représente 40% des jours de grève au niveau national. Au premier
semestre 1999, 40.000 jours de grève ont encore été
enregistrés. Votre rapporteur rappelle que le 11 février 1999, le
Sénat a adopté, sur le rapport de M. Claude Huriet, au nom de la
commission des affaires sociales, une proposition de loi tendant à
assurer un service minimum en cas de grève dans les services et les
entreprises publics.
Ensuite,
un accord national a été signé le 7 juin 1999
sur l'application des trente-cinq heures.
Son coût devrait
être de l'ordre de 1,5 milliard de francs pour l'entreprise. La
conséquence directe des 35 heures sera un retour à la hausse du
nombre d'agents de la SNCF, après plusieurs années d'effort de
compression des effectifs. En 1997, la SNCF comptait 175.000 agents, en 1998,
elle en comptait 174.960 avec 1.050 emplois-jeunes, en 1999, l'entreprise
devrait voir ses effectifs repartir nettement à la hausse, pour
atteindre 179.600 agents (+2,6%) et 1.800 emplois jeunes. Le paradoxe tient
donc à l'augmentation concomitante des effectifs, l'absence de
résorption des conflits sociaux et l'augmentation des jours de
grève.
Enfin, en matière de fret ferroviaire et de transport
combiné, deux éléments clefs pour l'avenir de la SNCF, les
résultats de l'entreprise et les moyens budgétaires ne sont pas
à la hauteur des déclarations du gouvernement.
Des mesures ont été prises en 1998 et 1999 pour ouvrir le
réseau ferroviaire français à l'Europe. Le décret
n°98-1190 du 23 décembre 1998 a ouvert aux regroupements
internationaux et aux entreprises ferroviaires exploitant des services
internationaux de transport combiné la possibilité
d'accéder au réseau ferré national. Un corridor de fret
Est-Ouest a également été ouvert entre Glasgow, Dunkerque,
Metz (avec une branche au Havre) et Sopron (frontière austro-hongroise)
en 1999.
Dans ce contexte d'ouverture, il apparaît que la
SNCF risque de ne
pas être prête pour faire face au défi européen dans
les années à venir, notamment en matière de fret
ferroviaire.
S'agissant du fret, le
transport ferroviaire
a légèrement
reculé par rapport à 1997 (-0,1%). Alors que la progression du
trafic fret en 1997 résultait pour partie d'un transfert temporaire
lié aux mouvements sociaux ayant affecté le transport routier en
novembre 1997, le mouvement inverse peut être constaté en
1998. Ceci est dû aussi à une tension sur les moyens de
production, qui entraîne une dégradation de la qualité du
service. La part de marché de la SNCF a donc recommencé à
chuter en 1998. L'activité fret recule encore de 4,7% au premier
semestre 1999.
Dans ce contexte, les prévisions de trafic fret pour 2000 et 2001 (+3%)
et surtout l'objectif de doublement du trafic fret d'ici 2010 semblent
inaccessibles. Seule la réalisation d'infrastructures importantes, comme
l'a souligné la commission d'enquête du Sénat, permettrait
de répondre à ces objectifs ambitieux mais, en l'état
actuel des équipements ferroviaires, irréalistes.
Le gouvernement annonce que le transport combiné est une de ses
priorités, ce qui va entièrement dans le sens
préconisé par le Sénat. Cependant, les moyens
d'investissement qui y sont consacrés sont dérisoires
:
les dotations du FITTVN servent essentiellement aux lignes à grande
vitesse et à la mise à niveau du réseau, la part
consacrée au transport combiné représentait 430 millions
de francs en 1999, dont seulement 120 millions de francs pour des chantiers de
transport combiné. Pour 2000, aucune donnée chiffrée ne
permet de connaître avec exactitude les dotations au transport
combiné.
D'une manière générale,
l'examen des budgets
d'investissement de la SNCF et de RFF pour 2000 traduit un recul des ambitions
pour 2000
. L'investissement total de la SNCF devrait atteindre 8.462
millions de francs en 2000, contre 8.637 millions de francs en 1999 (- 2 %)
alors que la contribution de l'entreprise augmentera de 5.625 millions de
francs à 5.900 millions de francs (+ 4,8 %). Le budget d'investissement
de RFF traduit les mêmes orientations : le budget total
régresse de 11,9 milliards de francs à 11,64 milliards de
francs (- 2,1 %) mais la contribution de RFF recule également, de 9,28
milliards de francs à 8,85 milliards de francs.
L'accroissement des péages de la SNCF à RFF était
réclamée l'an dernier par votre rapporteur, qui souhaitait
permettre à RFF de rapprocher progressivement ses péages du
coût d'usage réel des infrastructures, quitte à
réduire les dotations à RFF au profit d'une subvention
équivalente à la SNCF.
Cependant, l'augmentation des contributions à RFF ne semble pas
avoir pour effet, conformément aux voeux de votre rapporteur,
d'accélérer la modernisation du réseau existant, ainsi que
les travaux visant à remédier à la saturation des
infrastructures sur certains noeuds ferroviaires stratégiques pour le
fret, dont la commission d'enquête du Sénat sur les
infrastructures de transports a pourtant montré le caractère
prioritaire.
En conclusion, la priorité donnée au fret ferroviaire par le
gouvernement apparaît comme une déclaration d'intention sans
début de mise en pratique, alors même que l'alourdissement des
charges de personnel pesant sur la SNCF, bien que non déclarée,
est réelle.
D. QUATRIÈME OBSERVATION : DONNER DE NOUVEAUX MOYENS A L'EXPERIENCE DE REGIONALISATION
L'expérience de
régionalisation
des services
régionaux de voyageurs engagée le 1er janvier 1997 confirme
son succès : les régions expérimentales continuent d'avoir
un développement de recettes supérieur à celui des autres
régions grâce à la politique de recomposition de l'offre,
de dynamique tarifaire et commerciale, et d'action sur la qualité.
Le trafic régional
a progressé en 1998 de 2,4 % dans
les six régions volontaires (Alsace, Centre, Nord-Pas de Calais, Pays de
la Loire, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Rhône-Alpes), contre
0,1 % dans les autres régions. Le Limousin est devenue la
7ème région expérimentale le 1er janvier 1999 et cinq
autres régions (Bourgogne, Haute-Normandie, Lorraine,
Midi-Pyrénées, Picardie) ont signé avec la SNCF des
conventions d'exploitation de transition vers la régionalisation.
Sur l'initiative du Sénat, la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire du 25
juin 1999 a prolongé l'expérimentation, qui devait se terminer au
31 décembre 1999, jusqu'au 31 décembre 2001.
Lors des
débats à l'Assemblée nationale, le ministre de
l'équipement, des transports et du logement a annoncé que le
transfert de compétence aux régions en matière de
transport de voyageurs " devrait être intégré "
dans le projet de loi " urbanisme, habitat et déplacement ".
Votre rapporteur souhaite que ce sujet soit traité dans ce prochain
projet de loi et que les moyens nécessaires soient également
transférés.
E. CINQUIÈME OBSERVATION : UNE REDUCTION DES DOTATIONS AUX TRANSPORTS EN ILE-DE-FRANCE
Pour
2000, la contribution de l'Etat au budget de fonctionnement des transports en
Ile-de-France régressera de 3,9 % pour s'établir à 5,4
milliards de francs, soit 14,6 % du budget de fonctionnement total des
transports franciliens contre 15,5 % en 1999. Le mouvement observé
depuis 1995 de diminution de la part des contributions des pouvoirs publics au
budget de fonctionnement total, collectivités locales (9,5 % à
7,3 % du budget) et surtout Etat (de 19,6 % à 14,6 %) se fait en
parallèle avec la hausse constante des contributions des usagers (de
33,8 % à 38,8 %) et de la part employeurs (de 26,6 % à 30,1 %).
En matière d'investissement, les dotations de l'Etat devraient
progresser en 2000, pour atteindre 470 millions de francs, y compris la
budgétisation des crédits du FARIF, ce qui reste très
faible par rapport à la contribution au fonctionnement. De
surcroît, le ministère de l'équipement, des transports et
du logement indique que ces dotations serviront, au moins en partie, à
la poursuite des opérations du XIème plan (prolongation de Meteor
jusqu'à Saint-Lazare, déplacement de la gare Massena, financement
de transports en site propre) avant d'être consacrées aux
opérations du XIIème plan, qui restent à préciser.
Votre rapporteur voit tout de même deux satisfactions s'agissant des
transports en Ile-de-France.
Tout d'abord, une évolution du trafic à la hausse
:
le trafic a progressé de 3,6% en 1998, particulièrement le trafic
métro (+3,7%), RER (+1,4%) et les moyens de transport en site propre
(+3,2%), alors que le réseau bus stagne.
Ensuite,
pour la première fois, la contribution de l'Etat au
fonctionnement des transports en Ile-de-France sera versée directement
au syndicat des transports parisiens
, autorité organisatrice des
transports, qui sera responsable de sa répartition entre les entreprises
de transport sur la base d'une contractualisation avec les entreprises
comprenant des engagements sur le niveau du service rendu. Cette
opération de contractualisation doit être saluée comme une
avancée.
F. SIXIÈME OBSERVATION : L'INSUFFISANCE DES DOTATIONS EN FAVEUR DU TRANSPORT FLUVIAL
La dotation destinée aux
voies fluviales
pour 2000 est
une nouvelle fois en hausse. Toutefois, avec 500 millions de francs, elle
reste très inférieure au produit attendu de la taxe sur les
ouvrages hydroélectriques concédés (1,68 milliard de
francs pour 2000), et à peine suffisante pour maintenir le réseau
en l'état. Une estimation de Voies navigables de France, reprise dans le
rapport de la commission d'enquête du Sénat sur les
infrastructures de transport estimait ainsi le coût de la remise en
l'état du réseau compris entre 7,2 et 17,4 milliards de francs,
et le coût annuel de maintenance de 450 à 550 millions de francs.
Votre rapporteur note que l'effort de l'Etat sera d'autant plus important en
2000 que les ressources propres de VNF devraient fortement chuter en 2000 (de
50 millions de francs), pour s'établir à 707,2 millions de
francs. Cette diminution s'explique en fait par un " retour à la
normale " après le produit exceptionnel de 69 millions de francs
résultant d'une vente immobilière.
En matière de
grands projets
, la priorité a
été clairement donnée au projet Seine-Nord, qui a pour but
de relier la Seine et l'Oise aux réseaux de canaux du Nord de la France
et du Benelux par un canal à grand gabarit permettant l'acheminement
régulier de chargements pouvant atteindre 4.400 tonnes. Le ministre
de l'équipement, des transports et du logement a confié
début 1999 au Conseil général des ponts et
chaussées une mission d'évaluation du projet et de proposition
d'un scénario d'aménagement. Cependant, aucun plan de financement
n'a encore été établi.
Modifications de crédits à l'Assemblée nationale
Dans sa
séance du jeudi 4 novembre 1999, l'Assemblée nationale a
adopté un amendement du Gouvernement conduisant à une
modification très substantielle des crédits des transports
terrestres (+ 5,8 %), avec un abondement de 2.664 millions des
crédits du titre IV dont :
- une majoration de 11 millions de francs des crédits inscrits au
chapitre 46-41, article 70, " contribution à l'exploitation des
transports collectifs en Ile-de-France " et de 477 millions de francs pour
les crédits inscrits au chapitre 47-41, article 10 " charges de
retraite de la SNCF ". Il s'agit de tenir compte de la modification du
régime de surcompensation de la Caisse nationale de retraite des agents
des collectivités locales (CNRACL).
- une majoration de 2.206 millions de francs du chapitre 45-43 pour la
" contribution aux charges d'infrastructures ferroviaires ". Il
s'agit de prendre en compte l'assujettissement à la TVA de la subvention
versée à RFF.
2. ROUTES ET 3. SÉCURITÉ
ROUTIÈRE
Rapporteur spécial : M. Gérard
MIQUEL
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DES ROUTES
A. VUE D'ENSEMBLE
1. L'évolution des crédits des routes dans le budget des transports
Les tableaux ci-dessous retracent l'évolution des moyens de paiement (dépenses ordinaires et crédits de paiement) et des autorisations de programme du budget des transports.
Evolution des moyens de paiement du ministère de
l'équipement,
des transports et du logement section III -
transports
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution 2000/1999 (en %) |
Répartition en 1999
|
Répartition en 2000
|
1. Transports terrestres |
45.181,7 |
45.267,1 |
0,2% |
81,4% |
82,3% |
2. Routes |
7.040,5 |
6.368,8 |
-9,5% |
12,7% |
11,6% |
3. Sécurité routière |
455,0 |
533,5 |
17,3% |
0,8% |
1,0% |
4. Transport aérien et météorologie |
2.810,9 |
2.810,9 |
0,0% |
5,1% |
5,1% |
Total |
55.488,1 |
54.980,4 |
-0,9% |
100,0% |
100,0% |
Les moyens de paiement (dépenses ordinaires + crédits de paiement) demandés pour les routes en 2000 atteignent 6,369 milliards de francs , soit une très forte baisse par rapport aux crédits votés en 1999 (- 9,5 %) et une part encore décroissante des crédits des transports (de 13,3 % en 1998 à 12,7 % en 1999 et 11,6% en 2000).
Evolution des autorisations de programme du ministère
de
l'équipement,
des transports et du logement section III -
transports
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution 2000/1999 (en %) |
Répartition en 1999
|
Répartition en 2000
|
1. Transports terrestres |
1.028,0 |
1.311,0 |
+ 27,5 % |
12,7 % |
14,0 % |
2. Routes |
4.787,2 |
5.846,1 |
+ 22,1 % |
59,2 % |
62,3 % |
3. Sécurité routière |
184,0 |
189,6 |
+ 3,0 % |
2,3 % |
2,0 % |
4. Transport aérien et météorologie |
2.090,0 |
2.036,0 |
- 2,6 % |
25,8 % |
21,7 % |
Total |
8.089,2 |
9.382,7 |
+ 16 % |
100 % |
100 % |
Les
autorisations de programme
demandées pour les routes
s'élèvent à 5,8 milliards de francs pour 2000, en
progrès de 22,1% par rapport aux autorisations de programme
votées pour 1999. Les autorisations de programme des routes
représentent ainsi une part croissante des autorisations de programme du
budget des transports (de 62,3 % dans le PLF 2000, contre 59,2 % dans
la loi de finances pour 1999).
Il faut toutefois remarquer que la spectaculaire augmentation des
autorisations de programme résulte pour une large part de la
rebudgétisation des crédits anciennement au chapitre 05 du compte
n° 902-22 Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France
(FARIF)
pour un montant total de 580 millions de francs.
A structure
constante, les autorisations de programmes progressent de 8,9 % pour 2000.
Grâce à la hausse des autorisations de programme,
les moyens
d'engagement du budget des routes progresseront de 7,1% pour 2000, afin de
s'établir à 7,1 milliards de francs, contre 6,6 milliards de
francs en 1999.
L'année 1999 avait connu une sensible diminution des
crédits d'engagement en faveur des routes (-2,7 %).
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution |
Dépenses ordinaires |
1.272,95 |
1.267,95 |
- 0,39% |
Autorisations de programme |
4.787,2 |
5.846,1 |
+ 22,12% |
Total moyens d'engagement |
6.060,15 |
7.114,05 |
+ 17,39% |
Total moyens d'engagement à structure constante |
6.640,15 |
7.114,05 |
+ 7,14% |
2. La répartition des crédits demandés pour les routes
Le tableau suivant précise la répartition des crédits affectés aux routes entre les différents programmes d'action, ainsi que leur évolution par rapport à la loi de finances initiale pour 1999 (il convient de rappeler que le développement du réseau autoroutier est pour sa part financé sur des ressources extrabudgétaires).
Répartition des crédits affectés aux routes
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Évolution en % |
Evolution à structure constante* en % |
Développement du réseau routier
|
3.721,95
|
2.943,36
|
- 20,9%
|
- 30,4
%
|
Entretien du réseau
|
3.318,57
|
3.425,44
|
+ 3,2 %
|
+1,09 %
|
Total
des moyens de paiement
|
7.040,52 |
6.368,00 |
- 9,5 % |
- 16,4 % |
Total
des moyens d'engagement
|
6.060,2 |
7.114,5 |
+17,4 % |
+ 7,1 % |
*
c'est-à-dire après prise en compte de la budgétisation du
FARIF
Les moyens de paiement
destinés à l'entretien du
réseau sont quasiment stables pour 2000 (+ 1,09 %) alors que les moyens
destinés au développement du réseau routier chutent (-
30,4 %).
En revanche,
les moyens d'engagement
destinés au
développement du réseau routier (+ 9,5 %), et à
l'entretien et à la réhabilitation du réseau existant (+
4,87 %) sont en progression.
B. PRÉSENTATION DES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
1. Le développement du réseau routier
Les
crédits inscrits à cet effet recouvrent deux masses d'importance
très inégale :
Les moyens de fonctionnement (dépenses ordinaires) du Service
d'études techniques des routes et autoroutes (SETRA) et du Centre
d'Etude des Tunnels (CETU) sont stables à 31,8 millions de francs
pour 2000.
L'enveloppe du programme
d'investissements routiers
atteint, en
2000, 2.878,76 millions de francs en moyens de paiement (- 21,1% par
rapport à 1999) et 3.462,95 millions de francs en moyens
d'engagement (+ 30,8 %). Il faut toutefois tenir compte de la
rebudgétisation des crédits d'investissement inscrits au compte
du FARIF en 1999, soit 510 millions de francs. A structure constante, le
programme d'investissements routiers régresse de 30,8 % en moyens
de paiement pour 2000, mais progresse de 9,7 % en autorisations de
programme.
Comme en 1999, ces dotations seront renforcées en 2000 par des
crédits en provenance du fonds d'investissement des transports
terrestres et des voies navigables (FITTVN) soit 1.527 millions de francs.
Le tableau ci-dessous récapitule l'ensemble des crédits (budget
général + FITTVN) prévus pour les
investissements routiers en 2000.
Ensemble des moyens d'engagement affectés aux investissements routiers (DO+AP)
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Évolution en % |
budget général |
2.647,05 |
3.462,92 |
+ 30,8 % |
FITTVN |
1.507,00 |
1.527,00 |
+ 1,33 % |
FARIF |
510,00 |
0 |
- 100 % |
Total
des investissements routiers (DO+AP)
|
4.664,05
|
4.989,95
|
+ 7,0 % |
-
Le montant des investissements routiers
consacrés en 1999 au respect des engagements pris dans le cadre des
contrats de plan Etat-régions
1994-1998, s'élevait
à 3.107 millions de francs d'autorisations de programme. Ces
dotations étaient abondées par des fonds de concours en
provenance des collectivités territoriales à hauteur de
5,4 milliards de francs. Pour 2000, dans le cadre de la première
mise en oeuvre des nouveaux contrats de plan Etat-régions (2000-2004),
la dotation de l'Etat s'élèverait à 3.650 millions de
francs, soit une progression de 17,5 %. Les collectivités locales
devraient verser 4 milliards de francs.
- Une dotation de 1.527 millions de francs d'autorisations de
programme exclusivement financée par le FITTVN, devrait contribuer au
financement de la mise aux normes autoroutières de la RN 10 dans
les Landes, ainsi qu'aux grands programmes de désenclavement du Massif
Central : l'autoroute A 75 Clermont-Ferrand-Béziers et
l'aménagement de la RN 7 Nevers-Balbigny. A noter que 1999 a vu
l'achèvement des travaux de l'autoroute A 20
Vierzon-Brive.
2. Les crédits d'entretien du réseau routier national
Les
crédits affectés à l'entretien et à la
réhabilitation du réseau routier national augmentent dans le
projet de loi de finances pour 2000, à 3.425,4 millions de francs
en moyens de paiement (+ 3,2 %) et à 3.616 millions de
francs en moyens d'engagement (+ 7,0 %).
Le tableau suivant précise la répartition de ces crédits :
Crédits d'entretien du réseau routier
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
Evolution à structure constante* |
Réhabilitations et renforcements
|
264,5
|
388,2
|
+ 46,7 %
|
- 7,0%
|
Renforcement des ouvrages d'art
|
275,0
|
277,8
|
+1,0 %
|
-
|
Aménagements de sécurité
|
186,9
|
174,2
|
- 6,8 %
|
-
|
Entretien, viabilité hivernale et moyens des parcs
|
2.592,7
|
2585,24
|
- 0,27 %
|
-
|
Total
des moyens de paiement
|
3.318,57 |
3.425,44 |
+ 3,2% |
- 1,3 % |
Total
des moyens d'engagement
|
3.378,15 |
3.616,15 |
+ 7,0 % |
+ 2,4 % |
* y
compris FITTVN
Les crédits destinés aux actions de
renforcement
des
chaussées (mise hors gel) et aux actions de
réhabilitation
(notamment des autoroutes urbaines) s'élèvent au total à
433 millions de francs en autorisations de programmes, soit une
reconduction des crédits par rapport à l'an dernier, une fois
prises en compte la budgétisation du FARIF et la suppression de
crédits inscrits en 1999 au FITTVN (soit 153 millions de francs).
Les dotations au renforcement des
ouvrages d'art
sont stables en
crédits de paiement à 277,8 millions de francs, mais
progressent fortement, de 28,3 % en autorisations de programme, à
362 millions de francs.
Les aménagements de
sécurité
au niveau local
régressent de 6,8 % en crédits de paiement, à
174,2 millions de francs, mais progressent de 5,2 % en autorisations
de programme.
Les crédits de
l'entretien
le plus
courant
,
constitués pour l'essentiel des moyens de fonctionnement des directions
départementales de l'équipement, sont stables en moyens de
paiement, à 2.585 millions de francs, et en autorisations de
programme.
3. Le développement du réseau autoroutier
S'agissant des autoroutes concédées, seule
figure au
budget une dotation dont le montant est stable à 35 millions de
francs d'autorisations de programme, et qui est destinée aux
études de définition des tracés et aux études
relatives à l'extension de la politique du "1 % paysage".
En effet, le développement du réseau autoroutier
concédé est financé par les seules
sociétés concessionnaires
, en partie sur leurs ressources
propres (à hauteur de 1,5 milliard de francs en 1999), mais surtout
par recours à l'emprunt (15,5 milliards de francs prévus
pour 1999).
Depuis la réforme du système autoroutier intervenue en 1994, la
politique tarifaire, les investissements et les emprunts de
sociétés concessionnaires d'autoroutes font l'objet de contrats
de plan quinquennaux, à partir desquels le gouvernement arrête des
programmes annuels d'investissements et d'emprunts.
Le
schéma directeur routier national
approuvé par un
décret du 1er avril 1992, prévoyait de doter la France d'un
réseau de 9.540 kilomètres d'autoroutes de liaison, dont
3.536 kilomètres étaient à réaliser dans un
délai de 15 ans à partir de 1992, délai réduit
à 10 ans à partir de 1994 lors du comité
interministériel d'aménagement du territoire réuni
à Mende en 1993. Sur ces 3.536 kilomètres à
réaliser initialement, 1.379 kilomètres restaient à
mettre en service au 1er janvier 1999, dont 768 kilomètres en
travaux.
Globalement, le réseau autoroutier interurbain prévu en 1992
pour répondre au trafic à l'horizon 2005 était
réalisé aux 4/5èmes début 1999.
II. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Les
crédits demandés pour la sécurité routière
dans le projet de loi de finances pour 2000 s'élèvent à
533,54 millions de francs
en moyens de paiement
(+ 17,3 %) et à 535,8 millions de francs de moyens
d'engagements (+ 17,6%).
Le tableau suivant retrace l'évolution des principales catégories
de dépenses :
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution
|
Dépenses ordinaires (DO)
|
260,32
|
335,2
|
+ 28,8 %
|
Dépenses en capital (CP)
|
179,68
|
183,6
|
+ 2,2 %
|
Total des moyens de paiement (DO + CP) |
455,00 |
533,54 |
+ 17,3 % |
Autorisations de programme (titres V et VI) |
184,00 |
189,6 |
- 1,7 % |
Total des moyens d'engagement (DO + AP) |
455,32 |
535,8 |
+ 17,6 % |
Les crédits de la sécurité routière peuvent par ailleurs être répartis de la manière suivante :
Répartition des moyens de paiement de la sécurité routière (DO + CP)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
- Circulation et sécurité routières |
350,03 |
353,39 |
+ 1,0% |
dont entretien et fonctionnement (DO) |
166,03 |
166,03 |
- |
dont investissement, équipements et études (CP) |
184,00 |
187,36 |
+ 1,8% |
- Dépenses relatives aux activités du délégué interministériel et actions d'incitation (DO) |
66,02 |
124,50 |
+ 88,6% |
- Formation à la conduite automobile (DO) |
39,27 |
55,649 |
+ 41,7% |
Il convient de préciser que la prévention et la sécurité routières relèvent par ailleurs d'autres ministères, dont ceux de l'intérieur, de la défense nationale (pour la gendarmerie) et de l'éducation nationale. En outre, les crédits d'aménagement locaux de sécurité (résorption des points noirs), qui s'établissent pour 2000 à 174,2 millions de francs de crédits de paiement (- 6,8 %) et 200 millions de francs d'autorisations de programme (+ 5,2 %), sont retracés dans le budget des routes.
B. LES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
1. Les crédits de la circulation et de la sécurité routières
Les
crédits de la circulation et de la sécurité
routières s'inscrivent en très légère augmentation
pour 2000, à 353,4 millions de francs.
Ces crédits regroupent pour l'essentiel les dotations (entretien
et investissement) du schéma directeur d'exploitation de la route. Il
s'agit des dotations à l'entretien et au renouvellement du parc de
postes d'appel d'urgence, ainsi que des crédits destinés au
développement des outils de gestion du trafic et d'information des
usagers (contrôleurs de carrefour, stations de comptage, panneaux
d'affichage variable, caméras, centres de surveillance et de gestion de
la circulation).
A ces dotations s'ajoutent notamment :
- une participation à la construction et à la
rénovation des installations d'essais d'organisations contribuant
à la prévention des accidents, pour 3,6 millions de francs en
2000, soit un repli par rapport à 1999 (- 6 %) ;
- les crédits du centre national et des centres régionaux
d'information routière (programme "Bison futé"), à hauteur
de 26,5 millions de francs en 2000 (+ 12,8 %) ;
- des crédits d'études. Lors des précédents
exercices, la plupart de ces études ont été
commandées à l'INRETS, au Laboratoire national des ponts et
chaussées (LNPC) et au service d'études techniques sur les routes
et les autoroutes (SETRA).
2. Les dépenses relatives au délégué interministériel à la sécurité routière et les actions d'incitation en matière de sécurité routière
Après avoir connu une très forte baisse sur
longue
période et des annulations importantes en 1997 (6,7 millions de
francs sur un total de 45,75 millions de crédits), les
dépenses relatives à l'action du délégué
interministériel et aux actions d'incitation en matière de
sécurité routière, ont fortement progressé en 1999,
à 66 millions de francs, contre 45,75 millions de francs dans
la loi de finances initiale pour 1998.
Pour 2000, ces crédits seront
portés à 124 millions de francs, soit un doublement des
moyens.
- Les dotations aux actions départementales de sécurité
routière (plans départementaux de sécurité
routière, programme REAGIR) progressent de 18 millions de francs,
à 44 millions de francs ;
- Les actions d'incitation bénéficient de 11 millions de
francs en 2000 comme en 1999, mais la dotation n'était que de
1 million en 1998. Cette dotation servira au programme de soutien des
projets d'établissements scolaires relatifs à la
sécurité routière, conformément aux
décisions du Comité interministériel de
Sécurité routière du 26 novembre 1997.
- Enfin, les autres dépenses liées à la
délégation interministérielle à la
sécurité routière, qui recouvrent pour l'essentiel le
lancement des campagnes nationales de communication, augmentent de
40,48 millions de francs, à 69,5 millions de francs pour
2000.
3. La formation à la conduite automobile
Le chapitre 37-45 relatif à la formation à la conduite automobile et au contrôle de son aptitude, qui regroupe notamment les crédits de formation des moniteurs d'auto-école et les moyens de fonctionnement des centres d'examen, connaît une augmentation de ses dotations, à 55,7 millions de francs (+41,7%).
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A.
LES CREDITS DES ROUTES
Le budget des routes pour 2000 se caractérise par une diminution
importante des crédits de paiements, à 6.368 millions de francs
(-9,5%) mais une progression des moyens d'engagement, à 7.114 millions
de francs (+ 7,1 %).
Toutefois, ces crédits sont complétés par ceux du Fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables.
En effet, contrairement à d'autres comptes d'affectation spéciale
(le Fonds d'aménagement de l'Ile-de-France, le Fonds forestier national,
le Fonds national du livre), le Fonds d'investissement dans les transports
terrestres et les voies navigables (FITTVN) ne disparaît pas en l'an 2000.
Au contraire, il se renforce, puisque l'article 33 du projet de loi de finances
prévoit le relèvement de la taxe sur les sociétés
concessionnaires d'autoroutes : les moyens du FITTVN passeront ainsi de 2,2
milliards de francs en 1999 à 2,65 milliards de francs en 2000.
Cependant, au sein du FITTVN, les crédits destinés aux routes
diminueront de 3,9%, pour s'établir à 1.527 millions de
francs.
Le FITTVN prend en compte certaines priorités, notamment :
- la mise en sécurité des tunnels routiers non
concédés de plus de 1.000 mètres (75 millions de francs
sont prévus à ce titre sur le chapitre 01 du FITTVN).
- la poursuite des deux grandes opérations de désenclavement du
Massif central (réalisation de l'autoroute A 75
Clermont-Ferrand/Beziers-Montpellier ; aménagement de la RN 7 entre
Nevers et Roanne) et la mise aux normes autoroutières de la RN 10 dans
les Landes.
Au total, même après prise en compte des dotations du
FITTVN, les crédits destinés aux routes sont en net repli pour
2000.
Cependant, ce repli s'explique en parti par la transition entre
l'achèvement du XIème plan et le commencement du XIIème
plan. Les moyens d'engagement, qui traduisent l'engagement de programmes
nouveaux pour les années à venir, sont en nette augmentation.
1. Une année de transition avec la première mise en oeuvre des
nouveaux contrats de plan Etat région (2000-2004)
Le XIème plan, élaboré pour cinq années à
l'origine (1994-1998) et prolongé jusqu'à fin 1999,
prévoyait une enveloppe globale de 65,4 milliards de francs pour les
routes dont 27,4 milliards de francs pour la part Etat, hors investissements
concernant l'exploitation routière.
Au 31 décembre 1999, ce programme aura été
réalisé à 82,7%.
Mise en oeuvre du XIème plan : crédits des routes
|
Montant 94-99 |
programmation 1999 |
% programmation fin 1999 |
Voirie nationale |
22.493,75 |
2.524,2 |
81,89% |
maîtrise d'ouvrage locale |
556,23 |
31,5 |
82,64% |
opérations de sécurité |
314,77 |
47,12 |
98,62% |
voiries villes nouvelles |
275,00 |
31,7 |
93,80% |
voirie pôles de développement |
135,00 |
8,8 |
29,36% |
programme d'accélération |
3.686,05 |
466,86 |
87,18% |
TOTAL |
27.470,80 |
3.110,18 |
82,6% |
Lors du
comité interministériel d'aménagement du territoire
(CIADT) du 23 juillet 1999 à Arles, le premier ministre a annoncé
une enveloppe de 95 milliards de francs pour les contrats de plan
Etat-région 2000-2006, dont 20,6 milliards de francs consacrés
par l'Etat au réseau routier, y compris les investissements concernant
l'exploitation routière.
Cette dotation est plus faible que celle
prévue dans le XIème plan (20,6 milliards de francs contre 27,4
milliards de francs).
Toutefois, une seconde enveloppe devrait être
prochainement décidée.
Pour la première année du XIIème plan, soit 2000, les
volets routiers des contrats de plan Etat-régions seront dotés de
3,65 milliards de francs en autorisations de programme, soit une progression de
543 millions de francs par rapport à 1999 (+17,5%).
2. Une réduction du programme d'investissements pour 2000
Les opérations d'investissement seront réduites en 2000, aussi
bien sur le réseau national non concédé que sur le
réseau autoroutier concédé
. En 1998, 390
kilomètres de voies nouvelles avaient été ouvertes sur le
réseau national non concédé, 383 kilomètres le
seront en 1999 et seulement 328 kilomètres en 2000. Sur le réseau
autoroutier non concédé, 159 kilomètres avaient
été ouverts en 1998, 101 kilomètres en 1999 et seulement
25 kilomètres en 2000. Enfin, sur le réseau autoroutier
concédé, 293 kilomètres ont été mis en
service en 1998, mais seulement 143 kilomètres en 1999 et 159
kilomètres en 2000.
Cette situation de chute des nouvelles mises en service s'explique par une
réduction des moyens, mais également par le fait, comme cela a
été vu, que l'année 2000 est une année
charnière entre la fin du XIème plan et le début du
XIIème plan, dont les modalités exactes ne seront
arrêtées qu'en fin d'année.
Il s'agit également d'une période de transition, avec le
changement de mode de financement du système autoroutier
concédé et l'attente des résultats de la
négociation menée par le gouvernement français avec la
Commission européenne pour obtenir un allongement de la durée des
concessions.
Le programme d'investissement, d'exploitation et d'entretien sur le
réseau routier national s'élèvera donc à 27.454
millions de francs pour 2000, dont 15.559 millions de francs pour le
réseau des autoroutes concédées et 11.895 millions de
francs pour le réseau routier national non concédé.
Concernant les autoroutes concédées, les recettes des
péages s'élèveront à 15.559 millions de francs,
affectées à raison de 12.151 millions de francs pour
l'investissement (78%) et 3.408 millions de francs pour l'entretien et
l'exploitation (22%). A ces sommes s'ajouteront les recettes de Cofiroute,
réparties en 3.130 millions de francs pour l'investissement et 870
millions de francs pour l'entretien et l'exploitation.
Concernant le réseau routier national non concédé, le
budget des routes financera 2.943 millions de francs d'investissements et 3.425
millions de francs d'entretien, tandis que le FITTVN consacrera 1.527 millions
de francs supplémentaires à l'investissement. Par la voie de
fonds de concours, les collectivités locales apporteront 4 milliards de
francs supplémentaires.
3. Les dotations à l'entretien du réseau routier national sont
encore insuffisantes
Le problème de l'entretien du réseau routier national est devenu
crucial.
La faiblesse des crédits budgétaires accordés
à l'entretien des routes est génératrice de surcoûts
supplémentaires, liés aux nécessaires
opérations de réhabilitation. Le ministère de
l'équipement, des transports et du logement note lui-même que
"
compte tenu du niveau des dotations d'entretien qui permettent de
satisfaire un entretien préventif sur les deux-tiers du réseau,
des besoins de plus en plus importants apparaissent au titre des programmes de
réhabilitation-renforcement
".
Des études ont été menées sur le réseau
national et les ouvrages d'art, qui ont permis de conclure que 11% des voies
nécessitaient des interventions lourdes, les travaux les plus importants
étant à réaliser sur le réseau autoroutier non
concédé. Il apparaît que la structure de 18% des ouvrages
d'art est atteinte, dont 5% gravement, ce qui nécessite des travaux
d'urgence. Au total, un programme complet de réhabilitation
coûterait 15 milliards de francs.
Paradoxalement, malgré toutes les études, les moyens
d'entretien pour 2000 sont en très légère
réduction, à 2.585 millions de francs (- 0,3%) et les moyens
de réhabilitation et renforcement sont stables à 433 millions de
francs.
Seules
les dotations à la rénovation des ouvrages d'art
progressent de manière sensible en autorisations de programme
(362 millions de francs, soit +28%), mais cela en raison d'une seule
opération significative : la mise en oeuvre des travaux de
rénovation du pont d'Aquitaine sur la Garonne à Bordeaux.
Votre rapporteur estime que le renforcement des crédits d'entretien
au secteur routier est un objectif prioritaire, dans la mesure où la
faiblesse des dotations conduit immanquablement à une dégradation
du patrimoine routier, dont le coût à terme pour l'Etat sera bien
plus élevé.
4. La situation des sociétés d'économie mixte
concessionnaires d'autoroutes
La situation des sociétés d'économie mixte
concessionnaires d'autoroutes (SEMCA) reste préoccupante
.
L'endettement des SEMCA atteint 154 milliards de francs au 31 décembre
1998. Il apparaît que l'endettement progressera jusqu'en 2004, en raison
du lancement des sections prévues dans les conventions de concessions
actuelles, pour se résorber ensuite. D'ici à 2004, en raison de
la charge de l'emprunt et de la fiscalité pesant sur les
sociétés (18,7% des recettes de péages), et malgré
la progression des recettes de péages (estimée à 30%), la
situation financière des sociétés d'autoroutes devrait
donc se dégrader.
Selon le ministère de l'équipement, des transports et du
logement, les études financières à long terme montrent que
les sociétés d'autoroutes pourront rembourser leur dette avant
la fin de la concession (soit 170 milliards de francs sur 15 ans) à
l'exception de deux sociétés, la société
française du tunnel routier du Fréjus (SFTRF) et la
société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN). Des solutions
devront donc être trouvée, notamment la reprise de la dette non
apurée par la société des autoroutes du Nord et de l'Est
de la France (SANEF) pour la SAPN, la recapitalisation et l'allongement de la
concession et/ou l'adossement à une autre société pour la
SFTRF.
Il faut une fois de plus souligner l'excellence du système
d'adossement et la forte contribution des sociétés
concessionnaires d'autoroutes aux recettes budgétaires de l'Etat
.
Entre 1994 et 1998, les transferts financiers fiscaux et non fiscaux
(remboursement anticipé des avances de l'Etat, fonds de concours...) du
secteur autoroutier vers l'Etat ont représenté plus de 34
milliards de francs.
Il est à craindre que dans l'avenir, l'abandon du système de
l'adossement ne conduise l'Etat à débourser des sommes
importantes pour subventionner les nouvelles opérations
autoroutières, ce qui ne pourra qu'avoir un effet de freinage du
programme autoroutier français. Pourtant, ce programme comporte encore
de nombreux investissements à réaliser, notamment dans l'ouest de
la France, où le maillage autoroutier est très faible et les
besoins importants.
Le ministre de l'équipement, des transports et du logement a
annoncé le dépôt, avant la fin de l'année, d'un
projet de loi réformant les sociétés concessionnaires
d'autoroutes.
B. LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
1. De nouveaux moyens
Les crédits consacrés à la sécurité
routière progresseront de 17% pour 2000, pour s'établir à
534 millions de francs.
L'augmentation des dotations a pour objectif de traduire les priorités
du comité interministériel pour la sécurité
routière du 2 avril 1999 qui a déclaré la
sécurité routière grande cause nationale en 2000.
Le budget affiche donc deux priorités : la communication et
l'action locale d'une part, la formation des conducteurs d'autre part.
Les moyens affectés à la communication nationale (presse,
relations publiques, campagnes publicitaires) sont renforcés afin de
pouvoir lancer des campagnes nationales importantes. Les moyens affectés
à la politique locale de sécurité routière et aux
actions déconcentrées auront pour but de mobiliser les
collectivités locales et un nombre plus important d'associations. En
matière de formation, les moyens de la formation des conducteurs seront
accrus
En matière d'exploitation de la route, l'année 2000 sera
marquée par la mise aux normes des carrefours à feux et la mise
en oeuvre du schéma directeur d'exploitation de la route. Les
crédits consacrés à ce poste s'élèveront
à 318 millions de francs (+4%) c'est-à-dire le niveau atteint en
1997.
Votre rapporteur se félicite de l'accent mis, en 2000, sur la
sécurité routière. Il l'estime d'autant plus
nécessaire que les résultats de la France en matière de
sécurité routière sont déplorables. Il souhaite
toutefois que les moyens nouveaux, essentiellement des moyens de communication,
fassent l'objet d'une étude d'impact précise, et que la politique
de sécurité routière française tire profit des
exemples étrangers, afin de répondre au plus près aux
besoins en matière de sécurité routière.
Les seuls moyens d'information et de communication ne suffisant pas,
l'année 2000 devrait être également l'occasion d'accentuer
le dispositif de sanctions en matière d'infraction à la
sécurité routière.
2. Le renforcement de l'arsenal répressif
Les résultats de la France en matière de sécurité
routière ont été catastrophiques en 1998. La France se
situe en effet à la troisième place dans l'Union
européenne pour le nombre d'accidents corporels (124.387),
derrière l'Allemagne et la Grande-Bretagne, mais au premier rang pour le
nombre de tués (8.918). La France a été en 1998, le pays
qui a connu la plus forte hausse du nombre de tués (+6%), alors
même que la plupart des autres pays européens enregistraient des
diminutions, comme l'Autriche (-14%), l'Allemagne (-9%), la Finlande (-8%) et
le Danemark (-7%) à l'exception de l'Espagne et de la Grèce
(+1%).
L'année 1999 a donc été l'occasion d'une prise de
conscience des efforts à réaliser
.
La loi n°99-505 du 18 juin 1999 portant diverses mesures relatives
à la sécurité routière et aux infractions sur les
agents a introduit une nouvelle série de dispositions destinées
à améliorer les comportements sur les routes.
Elle a instauré une responsabilité pécuniaire du
propriétaire du véhicule en cas d'excès de vitesse ou de
franchissement irrégulier du feu rouge ou du stop.
Elle a créé une sanction pour récidive de grand
excès de vitesse (3 mois d'emprisonnement et 25.000 francs d'amende).
D'autres dispositions concernent l'instauration d'un dépistage
systématique des stupéfiants pour les conducteurs
impliqués dans un accident mortel, l'obligation pour les conducteurs
novices auteurs d'une infraction grave de suivre un stage de formation, et
l'encadrement des conditions d'accès aux professions
d'auto-écoles.
Le comité interministériel de la sécurité
routière qui s'est tenu le 2 avril 1999 sous la présidence du
premier ministre a également préconisé
le renforcement
des contrôles routiers et des sanctions
. Parmi ces contrôles
figurent notamment les dépistages d'alcoolémie. Il faut
remarquer, à cet égard, que le nombre de dépistages
préventifs d'alcoolémie a augmenté en 1998 (+3,5%) et
surtout le nombre de dépistages positifs (+12,4%). Le nombre de
dépistages pratiqués en cas d'accidents a
légèrement diminué en 1998, mais le nombre de
dépistages positifs a aussi augmenté (+7,3%). Quel que soit le
type de dépistage, la proportion de dépistages positifs augmente
donc de façon sensible. On observe le même phénomène
sur les trois premiers mois de 1999.
Les effectifs des unités spécialisées de gendarmerie
nationale affectés à la sécurité routière
sont accrus de 250 militaires
afin de répondre à l'objectif
d'accroître de 10 % le temps aux contrôles routiers (missions de
surveillance du trafic et nombre de dépistages d'alcoolémie). Les
unités polyvalentes de la police nationale seront aussi
mobilisées. Au total, 160 millions de francs seront consacrés
à un plan d'équipement des forces de l'ordre en moyens modernes
de contrôle. Enfin, des plans départementaux de contrôle
seront élaborés sous l'autorité des préfets.
Il faut noter qu'au delà du renforcement de l'appareil répressif,
le comité interministériel sur la sécurité
routière a souhaité faire des
efforts sur la formation
.
Des protocoles avec des assureurs devraient permettre de mener des rendez-vous
d'évaluation pour les conducteurs novices et des plans de
prévention des risques routiers seront mis en oeuvre dans les
entreprises et les services de l'Etat.
3. L'accent mis sur la sécurité des infrastructures
après l'accident du tunnel du Mont-Blanc
Suite à l'accident du tunnel du Mont-Blanc le 24 mars 1999, une
circulaire interministérielle (ministères de l'Intérieur,
de l'Equipement, des transports et du logement) en date du 9 avril 1999 a
prescrit aux préfets de procéder à un diagnostic de
sécurité des tunnels routiers du réseau routier national
d'une longueur supérieure à 1 kilomètre.
Sur la base de ces diagnostics, un comité d'évaluation a remis
un rapport le 20 juillet 1999, contenant des propositions sur les mesures
générales à prendre et les mesures spécifiques
à mettre en oeuvre sur chaque tunnel. Les préfets de
département ont du établir pour le 15 septembre 1999 un
inventaire général des actions à prendre pour chaque
tunnel avec une estimation et un échéancier des
réalisations. Concrètement, les actions à réaliser
à court ou moyen terme sont relatives à la coordination des
intervenants, à la qualification des personnels et à la
réglementation de l'usage des tunnels (limitations de vitesse,
matières dangereuses), aux actions d'information et de contrôle
des usagers, enfin aux actions sur les équipements et le génie
civil.
Concernant le tunnel du Frejus, des mesures de renforcement de la
sécurité ont été mises en place dès avril
1999, notamment la réglementation de l'usage du tunnel (limitation de
vitesse, signalisation, information des usagers, convoyage sous escorte des
véhicules transportant des matières dangereuses).
S'agissant de la remise en service du tunnel du Mont-Blanc
, après
la remise du rapport commun des missions administratives d'enquête
technique française et italienne, les ministres de l'équipement,
des transport et du logement français et des travaux publics italien ont
annoncé le 8 juillet 1999 les mesures à mettre en oeuvre pour la
réouverture du tunnel. Ces mesures ont été suivies de
décisions de la commission intergouvernementale de contrôle du
tunnel du Mont-Blanc lors de sa réunion du 23 juillet 1999.
Le
coût des travaux préalables à la réouverture du
tunnel s'élève à 1,3 milliard de francs.
Le
financement de ces travaux et la répartition de leur prise en charge
fera l'objet d'un protocole entre les deux sociétés
concessionnaires d'autoroutes française et italienne.
Il faut noter que 75 millions de francs sont prévus au FITTVN pour la
mise en sécurité des tunnels routiers de plus d'un
kilomètre : il importe que ces efforts soient poursuivis, avec la
dotation nécessaire, pour les autres tunnels routiers.
Par ailleurs, le comité interministériel à la
sécurité routière a annoncé la mise en oeuvre
d'actions visant à
l'amélioration des infrastructures
,
sans que l'on connaisse les projets de financement. Le critère de la
sécurité routière sera prioritairement pris en compte dans
la sélection des projets entrant dans le cadre des contrats de plan
Etat-région et des programmes d'actions cofinancés.
Votre rapporteur rappelle, à cet égard, que les efforts en
faveur de l'entretien des structures routières sont essentiels pour
garantir la sécurité des usagers. Il importe donc, qu'au
delà des actions sur les comportements (campagnes de communication,
informations, répression), des actions déterminées soient
menées sur la sécurité des structures.
4. TRANSPORT AÉRIEN ET
MÉTÉOROLOGIE
Rapporteur spécial : M. Yvon
COLLIN
I. LES CREDITS DE TRANSPORT AERIEN
A. PRESENTATION GENERALE
Crédits de paiement du transport aérien
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Ecart en % |
Subvention au BAAC
Total |
215
|
210
|
- 2,3
|
Les
crédits du transport aérien s'élèveraient à
1.630 millions de francs, soit une stabilisation de leur niveau par
rapport à 1999.
Le montant de la
subvention versée au BAAC
serait en baisse
à 210 millions de francs.
Le montant des
soutiens à la recherche-amont
progresserait
légèrement.
Les crédits prévus pour payer en 1999 les
échéances des
avances remboursables
s'infléchiraient, passant de 934 à 916 millions de
francs, soit une diminution de 1,9 % faisant suite l'an dernier à
un même mouvement ( 4 %).
Le montant des
subventions à des organismes tiers
serait
stabilisé après la nette réduction de l'an dernier
(- 7 millions de francs, soit - 26,3 % par rapport
à 1998).
B. OBSERVATIONS
Les crédits de recherche amont
connaîtraient une
évolution plutôt favorable. Mais leur niveau est très
insuffisant compte tenu de la nécessité pour affronter la
compétition internationale, d'un effort soutenu de recherche.
La réduction des crédits d'avances remboursables
atténue les effets favorables de la progression des crédits de
recherche - amont. Les moteurs de la SNECMA sont en panne et, faute de projets,
ne sont plus financés ou presque. L'avion sino-européen de
100 places ne décollera pas. Les avances remboursables
prévues à ce titre disparaissent naturellement au profit d'un
nouveau projet, l'A 318. En revanche, les versions allongées des
A 340 et A 330 poursuivent leur carrière tandis que,
principale nouveauté, les crédits d'avance remboursables
prévoient une première dotation pour le développement du
gros-porteur A3XX.
Les conventions passées avec les industriels supposent en 2000 le
versement des avances remboursables suivantes :
(en millions de francs)
|
Autorisations de programmes |
Crédits de paiement |
Airbus A340-500 et A340-600 |
363 |
457 |
Hélicoptère EC 165 et son moteur |
40 |
86 |
Total |
403 |
543 |
Les
dotations inscrites dans le projet de loi de finances sont plus
élevées (916 millions de francs de crédits de paiement) et
laissent une marge utilisable (373 millions de francs) pour soutenir d'autres
programmes.
Les pré-arbitrages décelables en fonction des réponses au
questionnaire parlementaire conduisent à prévoir
l'affectation :
- de 145 millions de francs aux équipement de bord,
- de 4 millions de francs aux autres aéronefs,
- et de 75 millions de francs pour les moteurs.
Il resterait un montant de l'ordre de 150 millions pour les autres
interventions et, en particulier, l'A3XX.
Votre rapporteur avait déploré l'année dernière
l'absence de toute dotation destinée à soutenir ce dernier
programme tout en relevant que les industriels faisaient d'une plus grande
intégration de l'industrie aéronautique en Europe un
préalable au lancement de futur gros-porteur.
D'aucuns - et le ministre en particulier - avaient fait valoir que l'absence de
crédits était justifiée par l'absence d'une
décision formelle de lancement du programme par Airbus.
Il est piquant d'observer que, cette année, la persistance d'une
même absence de décision n'est plus un obstacle à la prise
en considération de l'A3XX dans le calibrage des crédits publics
destinés à l'industrie aéronautique civile.
Il reste à espérer que le lancement de ce programme intervienne
malgré l'inachèvement des processus d'intégration de
l'industrie européenne.
On rappelle en outre que le coût du développement de l'A3XX
étant estimé à 10,7 Md$ le montant des avances qui
seraient nécessaires pour un financement à hauteur de 33 %
de la part française serait d'environ 6 MdF.
L'échéancier prévisionnel, dans l'hypothèse du
calendrier retenu par Airbus (lancement industriel à mi-2000) et sur la
base des estimations provisoires de coût disponibles actuellement,
s'établit de la façon suivante en autorisations de
programme.
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 et au delà |
Total (MF) |
240 |
700 |
1250 |
1250 |
2560 |
6000 |
La
dotation proposée en projet de loi de finances pour les avions de
transport s'élève selon le ministère à
603 millions de francs en autorisations de programme dont 411 sont
réservés à la famille des A 340-500 et 600
83(
*
)
. Il est dans ces conditions manifeste qu'elle est
insuffisante pour couvrir les besoins de financement de l'A3XX tels
qu'estimés dans le tableau ci-dessus. L'impasse de financement
s'élève à 48 millions de francs.
A ce sujet, il faut s'interroger sur les intentions de nos partenaires,
à qui doit incomber une part du soutien public au programme. A ce stade,
rien ne démontre leur engagement en ce sens.
Enfin, le montant des avances remboursables sera significativement
inférieur à celui des remboursements dus sur les avances
remboursables antérieurement concédées, si bien que le
bilan du mécanisme sera défavorable aux industriels en 2000.
Nos modalités de financement public sont à l'origine d'un
handicap de compétitivité de nos entreprises par rapport à
leurs concurrents américains qui, de leur côté, ne sont pas
astreintes à un quelconque remboursement de l'aide qui leur est
apportée.
Le sens des transferts entre l'Etat et les entreprises est, en France, au
bénéfice du premier d'autant que l'Etat ampute des dotations
budgétaires déjà insuffisantes par des gels et annulation
de crédits.
Ces pratiques combinées avec des lourdeurs d'exécution des
conventions sont coûteuses pour l'économie française mais
aussi sur un plan strictement budgétaire. Une réponse à
une question de votre rapporteur spécial sur les intérêts
de retard dus par l'Etat mérite à ce propos d'être
citée :
" Au cours de l'année 1998, l'Etat a réglé pour
6 millions de francs d'intérêts moratoires à
l'entreprise Aerospatiale au titre de l'exécution des contrats et
marchés conclu pour la réalisation du budget de la construction
aéronautique civile, par les services techniques du Ministère de
la Défense ".
II. LES CRÉDITS DE MÉTÉOROLOGIE
Le montant des crédits de météorologie augmenterait de 30 millions de francs. Ils atteignent un niveau conséquent.
Crédits de météorologie
(en millions de francs)
Recherche |
|
Fonctionnement |
93,35 |
Dépenses en capital |
250 |
TOTAL |
343,35 |
Hors recherche |
|
Fonctionnement |
837,6 |
TOTAL |
1.180,95 |
IV - MER
MARINE MARCHANDE
Rapporteur
spécial : M. Claude LISE
I. - GENERALITES
1. Grandes orientations
Dresser
un bilan synthétique de la politique menée en faveur de la mer
depuis 1995. Préciser les résultats obtenus en 1998 et 1999.
Etablir une note indiquant les grandes orientations et les priorités que
traduit le projet de budget "Mer" pour 2000.
2. Réorganisation administrative - services déconcentrés
Faire le
point sur la refonte des structures administratives en charge de la Mer.
Préciser les missions respectives des deux directions d'administration
centrale.
Rappeler les mesures de réorganisation des services
déconcentrés des affaires maritimes présentées en
Conseil des ministres le 19 février 1997. Présenter le
schéma général d'organisation des services
déconcentrés avant la mise en oeuvre de ces mesures et la
nouvelle organisation.
Traductions budgétaires pour 2000.
3. Action de l'Etat dans le domaine maritime
Fournir pour 1999 et 2000 (prévisions) un tableau rendant compte des actions menées, par les différents départements ministériels dans le domaine de la mer (A.P., C.P).
4. Changements de nomenclature
Si des changements de nomenclature budgétaire sont intervenus, établir un tableau comparatif, à structure budgétaire identique, entre la loi de finances pour 1999 et le projet de budget pour 2000. Justifier et commenter ces changements de nomenclature.
5. Mesures d'économie
Décrire, avec précision, les principales mesures d'économie proposées dans le budget pour 2000. Commenter leur incidence sur les différents postes budgétaires concernés.
6. Décisions du CIME
Récapituler les mesures décidées par les Comités interministériels de la mer depuis le 4 juillet 1996. Evaluer les incidences économiques, financières et budgétaires de chacune des mesures. Indiquer leur état d'application.
II. - ADMINISTRATION GENERALE
7. Emplois budgétaires
Dresser
un tableau des emplois budgétaires et des postes effectivement
occupés en 1998 et 1999 en précisant :
- les effectifs autorisés au 1er janvier 1999,
- les effectifs réels au 1er juillet 1999,
- les créations ou suppressions d'emplois prévues pour 2000.
Commenter les évolutions constatées. Préciser les
incidences de la réforme du statut des agents de l'Etat en mer et de la
réorganisation des services.
8. Gains de productivité
Faire le point sur les efforts de productivité réalisés en 1999 (limitation des frais de fonctionnement, investissements informatiques et bureautiques, regroupement des services). Indiquer les perspectives pour 2000. Traductions budgétaires.
9. Equipement administratif
Justifier avec précision l'utilisation en 1999 des crédits inscrits au chapitre 57-30 "Equipement administratif des services". Perspectives pour 2000.
III. - POLICE MARITIME ET SIGNALISATION MARITIME
10. Signalisation maritime
Faire le point sur l'évolution des moyens affectés au service des phares et balises et de la navigation depuis 1995. Justifier l'affectation des crédits destinés à la modernisation des moyens nautiques de surveillance et de balisage et au renforcement des aides à la navigation aux entrées des ports. Perspectives pour 2000.
11. Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage
a)
Présenter le statut et les missions des CROSS
b) Etablir une carte des CROSS avec leurs effectifs en distinguant les
appelés du contingent des effectifs "professionnels".
c) Faire le point sur l'évolution, depuis 1995, des moyens en
matériels, en personnels et en installations consacrés aux
centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage
(CROSS), ainsi qu'aux centres de surveillance et d'information de la navigation
maritime. Perspectives pour 2000.
d) Décrire le plan de professionnalisation des emplois des CROSS mis en
oeuvre par le ministère pour 1998-2002 en précisant le nombre
d'emplois créés à terme.
e
)
Bilan des activités des CROSS en 1998. Bilan des
opérations de police en mer en 1998. Nature des principales infractions
relevées et des sanctions prononcées.
12. Centres de sécurité des navires
a)
Présenter le statut et les missions des centres de
sécurité des navires
b) Etablir une carte des centres de sécurité des navires en
précisant leurs effectifs.
c) Détailler l'activité des centres de sécurité de
navires. Faire le point sur la modernisation des systèmes de
surveillance des navires.
d) Décrire le plan pluriannuel de création d'emplois
d'inspecteurs entre 1998 et 2001 en précisant le nombre d'emplois
créés à terme
13. Unités littorales des affaires maritimes
a)
Etablir une carte du dispositif des unités littorales des affaires
maritimes (ULAM) en indiquant à quel centre elles sont
rattachées. Faire le point sur les réorganisations
envisagées.
b) Décrire le programme d'investissement pour 1999-2002 en indiquant les
acquisitions déjà réalisées en 1997 et 1998.
c) Détailler le programme de création d'emplois lié au
renforcement des ULAM : quel est le statut de ces agents ?
14. Société nationale de secours en mer
a)
Etablir une note sur le cadre juridique d'activité de la SNSM.
Préciser la répartition des compétences avec les autres
institutions en charge du sauvetage en mer.
b) Activités et budget de la Société nationale de secours
en mer (SNSM) en 1998. Préciser l'effectif bénévole et
salarié de la SNSM, la composition et la répartition
géographique de sa flottille.
c) Indiquer les modes de financement de la SNSM. Bilan de l'application du
décret n° 94-491 du 16 juin 1994.
d) Faire le point sur l'évolution des subventions allouées
à la SNSM entre 1995 et 1999 (titre III et titre IV). Préciser
l'évolution des subventions apportées par les
collectivités locales. Perspectives budgétaires pour
2000.
15. Sauvetage
Faire le
bilan des opérations de sauvetage en mer depuis 1995 en précisant
le nombre de personnes secourues et le type de navires concernés.
Distinguer le rôle et l'activité des différents organismes
en charge du sauvetage.
IV - PROTECTION ET AMENAGEMENT DU LITTORAL
16. Schémas de mise en valeur de la mer
Faire le
point sur les schémas de mise en valeur de la mer et expliquer les
raisons de leur faible mise en oeuvre. Justifier les crédits
demandés à ce titre en 1998 et 1999. Perspectives pour 2000.
Préciser dans un tableau le montant des participations respectives de
l'Etat et des collectivités locales.
17. Sentier piétonnier
Faire le point sur les actions d'amélioration de l'accès des piétons le long du littoral. Bilan de l'aménagement du sentier piétonnier en 1998-1999. Perspectives et traductions budgétaires pour 2000.
18. Protection contre les phénomènes accidentels
Dresser
un bilan statistique des phénomènes accidentels ayant
touché le littoral depuis 1995.
Faire le point sur les opérations de protection du littoral contre les
phénomènes accidentels ou naturels en 1998 et 1999. Perspectives
pour 2000.
19. Lutte contre la pollution
Faire le
bilan des moyens de lutte contre la pollution accidentelle du littoral et de la
mer par les hydrocarbures depuis 1995.
Donner les conclusions du groupe du travail sur les pollutions imputables aux
activités portuaires et connexes. Perspectives et traductions
budgétaires pour 2000.
Comparer avec l'action des principaux pays voisins en matière de lutte
contre la pollution par les hydrocarbures.
20. Patrimoine maritime
Présenter les mesures prises au cours de l'année écoulée afin d'assurer la sauvegarde du patrimoine maritime français. Traductions budgétaires pour 1998, 1999 et 2000.
V - MARINE MARCHANDE
21. Contexte international
Faire le point sur l'évolution du trafic mondial en 1997 et 1998 : offre et demande de transport maritime, taux d'utilisation et de renouvellement de la flotte. Perspectives pour 1999 et 2000.
22. Evolution de la flotte
Définir les principales orientations de la politique
française en matière de transports maritimes. Actualiser les
données concernant l'évolution de la flotte de commerce
française en 1998 et 1999, par type de navire et nature de fret.
Perspectives pour 2000.
Faire le point sur la situation de la flotte de commerce française :
(tonnage, âge moyen de la flotte) et la comparer avec les principaux
concurrents internationaux.
23. Aide à la marine marchande : aides budgétaires
a)
Dresser le bilan de l'exécution du plan pluriannuel de soutien à
la flotte de commerce. Préciser et justifier l'emploi des dotations
budgétaires prévues à ce titre jusqu'en 1998.
b) Présenter le régime d'aides en 1999 et 2000 (allégement
de charges sociales, prime d'équipement, aides à la construction,
exonération de taxe professionnelle) et notamment les
caractéristiques du nouveau régime d'allégement des
charges sociales armatoriales. Quelles sont les conséquences de la
suppression de l'aide à la consolidation et à la modernisation
(ACOMO) et de l'aide à l'investissement en 1999 ?
c) Faire le bilan des dotations budgétaires pour le soutien à la
flotte de commerce entre 1996 et 2000, sous la forme de trois tableaux
présentant respectivement une décomposition des subventions
budgétaires par type d'aide, par type d'action, et par catégorie
d'armateurs aidés. Indiquer les avantages fiscaux éventuellement
rattachés. Commenter chacun de ces tableaux.
c) Justifier toutes les annulations, ouvertures et reports de crédits
des lois de finances pour 1998 et 1999 et de la loi de finances rectificative
pour 1998, concernant les crédits de soutien à la flotte de
commerce (chapitre 63-35 notamment). Comment serait-il possible de limiter ces
mouvements de crédits qui brouillent la lisibilité de
l'autorisation budgétaire ?
24. Aide à la marine marchande : mesures fiscales en faveur de la flotte de commerce
a)
Indiquer le nombre de contribuables et le montant des opérations qui ont
bénéficié des dispositions de l'article 163
vicies
du code général des impôts au cours des cinq
dernières années.
b) Etablir un bilan de l'application des articles 238
HN
, 163
unvicies
et 217
nonies
du code général des
impôts. Indiquer le nombre et le montant total des opérations
ayant fait l'objet d'une demande ou d'un agrément.
c) Fournir une note sur les commandes de bateaux neufs et les
rénovations de bateaux d'occasion. Préciser l'impact sur la
flotte française en unités et en structure. Peut-on
évaluer le taux de sortie à cinq ans de la flotte de commerce
française ?
d) Fournir les textes d'application de l'article 77 de la loi n°98-546 du
2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et
financier.
e) Comparer les avantages de ce nouveau régime fiscal à ceux de
l'ancien dispositif des "quirats". Faire un bilan des agréments
accordés en 1998 et 1999 et évaluer leur coût
fiscal.
25. Aide à la marine marchande : comparaisons internationales
Fournir un tableau détaillant l'ensemble du dispositif d'aide publique à la marine marchande en France, en indiquant le coût budgétaire et fiscal. Faire le même tableau pour la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Japon. Expliquer les différences.
26. Résultats de l'armement français
a)
Indiquer les résultats d'exploitation de l'armement au commerce
français en 1997 et 1998 et les comparer aux résultats des autres
armements européens et internationaux.
b) Faire le point des restructurations au sein de l'armement français en
1997, 1998 et 1999 : préciser l'évolution du nombre d'armateurs,
le chiffre d'affaire et les effectifs concernés. Indiquer notamment les
évolutions concernant la SNCM et la CMA.
c) Dans quelle mesure les armements français participent-ils à
des alliances internationales ? Préciser l'action du ministère en
ce domaine.
27. Emplois maritimes
Effectifs, par catégories d'emplois (encadrement,
techniciens, personnel d'exécution) de l'armement français de
commerce en 1997, 1998 et 1999.
Expliquer le taux de chômage des marins français.
Indiquer les perspectives d'emplois dans la flotte de commerce
française, en distinguant personnel d'exécution et officiers,
pour les cinq ans à venir.
28. Pavillon-bis des Kerguélen
a)
Actualiser pour 1999 le bilan du registre d'immatriculation des Terres
Australes et Antarctiques Françaises depuis sa création.
b) En apprécier les conséquences économiques et sociales
pour la flotte de commerce française.
c) Estimer le surcoût du pavillon français par rapport à
ses principaux concurrents européens et indiquer la politique mise en
oeuvre pour le réduire.
29. Compagnie générale maritime
a)
Récapituler les dotations en capital qui ont été
allouées à la CGM depuis 1993.
b) Faire le point sur la privatisation de la Compagnie : conditions juridiques
et financières, conséquences pour le personnel et le pavillon des
navires, résultats depuis 1997.
c) Faire le point sur les procédures judiciaires en cours concernant la
CGM et sur leurs éventuelles conséquences sur l'activité
de la compagnie.
d) Indiquer les perspectives d'évolution de l'activité de la
CGM.
30. Techniques nouvelles de transport
Faire
une note retraçant pour 1998 et 1999, les actions d'études et de
recherches menées sur les techniques nouvelles de transports maritimes
(FARI, crédits du ministère de l'industrie). Perspectives et
traductions budgétaires pour 2000.
Indiquer, le cas échéant, les retombées industrielles et
commerciales de ces recherches.
31. Politique maritime européenne
Indiquer les principaux axes de la politique de l'Union européenne en matière de transport maritime. Préciser la position de la France. Comparaison entre les diverses flottes européennes (tonnages et trafics).
32. Marine marchande - Sécurité
Fournir
les statistiques du Bureau Maritime International sur les atteintes à la
sécurité en mer. Préciser les mesures
décidées au plan international et la politique menée par
la France.
Préciser notamment les caractéristiques du plan pluriannuel de
création d'emplois d'inspecteurs entre 1998 et 2001
33. Suppression du commerce hors taxe dans l'Union européenne
a) Faire
le point sur la suppression du commerce hors-taxe (" duty-free ")
dans l'Union européenne.
b) Evaluer, aussi précisément que possible, les
conséquences de cette suppression respectivement sur l'emploi,
l'équilibre financier des compagnies maritimes et les économies
portuaires concernées, à court et moyen terme.
c) Quelles mesures le gouvernement entend-il prendre afin de compenser les
effets de la suppression du commerce hors-taxe ?
34. Cabotage communautaire
a)
Préciser l'état d'avancement du processus de
libéralisation du cabotage communautaire et ses conséquences sur
les compagnies maritimes françaises.
b) Quelles mesures de soutien le gouvernement entend-il prendre à
l'égard des compagnies maritimes concernées ?
VI - GENS DE MER
35. Ressortissants de l'ENIM
Etablir
un tableau des effectifs couverts par l'ENIM en 1997, 1998 et 1999.
Perspectives pour 2000.
Préciser la nature des prestations offertes par l'ENIM.
36. Comptes de l'ENIM
a) Faire
le point sur la situation financière de l'ENIM en 1998 et 1999.
Préciser les perspectives pour 2000 compte tenu de l'évolution du
nombre de pensionnés (marins actifs, pensionnés, ayants droit
d'actifs, ayants droit pensionnés et pensionnés non cotisants).
Etablir un tableau prospectif de l'évolution financière de l'ENIM
pour les cinq ans à venir compte tenu de l'évolution du nombre de
pensionnés.
b) Etablir un tableau indiquant pour 1998, 1999 et 2000 les charges et
ressources de l'ENIM.
c) Indiquer les raisons et les conséquences pratiques de la
transformation de l'ENIM en établissement public.
37. Exonérations de cotisations à l'ENIM
Préciser l'incidence sur le budget de l'ENIM des mesures d'exonération de cotisations sociales décidées depuis 1993. Distinguer plus particulièrement l'incidence, pour 1999 et les années à venir, des mesures d'allégement de charges sociales prises dans le cadre du nouveau régime d'aide à la marine marchande.
38. Contribution financière de l'Etat à l'ENIM
Retracer, depuis 1995, la contribution de l'Etat à l'équilibre de l'ENIM. Commenter et justifier les évolutions constatées.
39. Retraite anticipée des marins
a)
Décrire le dispositif de cessation d'activité des marins et en
faire un bilan statistique.
Traductions budgétaires pour 1998, 1999 et 2000.
b) Préciser le nombre de reclassements ou reconversions effectués
dans le cadre de plans sociaux en 1998 et 1999.
40. Enseignement maritime
a)
Donner les conclusions de la mission sur les conditions et les
procédures d'une intégration de l'enseignement maritime et
aquacole à l'enseignement public.
b) Faire le point sur la politique de rénovation pédagogique et
la restructuration du réseau scolaire. Préciser
l'évolution du contenu de l'enseignement maritime.
c) Recenser les effectifs scolarisés depuis 1995 par filières.
Fournir une évaluation des besoins en personnel qualifié de la
marine marchande pour les cinq ans à venir. Préciser
l'adéquation avec les effectifs scolarisés.
d) Traductions budgétaires pour 1998, 1999 et 2000.
41. Formation professionnelle et apprentissage
a)
Etablir un bilan statistique commenté de la politique de formation
professionnelle et d'apprentissage. Evolution et perspectives en 1999.
Situation des promotions au regard du marché de l'emploi. Traductions
budgétaires pour 1998, 1999 et 2000.
b) Faire le point sur le rôle et les activités de l'association
pour la gestion des écoles maritimes et aquacoles, l'A.G.E.M.A.
Traductions budgétaires pour 1998, 1999 et 2000. Présenter
l'ensemble des sources publiques de financement affectées au
fonctionnement de l'A.G.E.M.A.
c)
Indiquer la nature des contrôles effectués sur l'AGEMA
et leurs résultats.
d) Préciser les solutions envisagées pour l'avenir de l'AGEMA
à compter du passage sous statut public des personnels des écoles
maritimes et aquacoles.
e) Préciser le calendrier exact de mise en oeuvre de la réforme.
IV. - EXECUTION BUDGETAIRE
42. L'exécution du budget pour 1998
a)
Communiquer un tableau retraçant les modifications apportées, par
rapport au décret de répartition des crédits ouverts par
la loi de finances initiale pour 1998, aux dotations des différents
chapitres, (transferts, virements, reports, ouvertures et annulations de
crédits), de façon à faire apparaître les dotations
effectivement utilisables en 1998 ;
Ce tableau fera apparaître la nature de la modification ainsi que le
statut juridique de l'acte modificatif. Les indications de modification doivent
être faites à l'intérieur du chapitre article par
article ;
b) Joindre une note commentant et justifiant chacune des modifications
apparaissant dans ce tableau.
Justifier notamment, par chapitre et article, et en comparant avec la gestion
des années 1996 à 1997 :
1 - les reliquats de crédits non consommés,
2 - les reports de crédits,
3 - les autorisations de programme non utilisées;
4 - les transferts de crédits, en précisant l'origine et la
destination des fonds,
5 - les annulations de crédits, en précisant leurs
conséquences sur les actions du ministère.
c) Récapituler l'ensemble des fonds de concours effectivement
rattachés au budget de la marine marchande au 31 décembre 1998.
Comparer avec les rattachements constatés en 1997 et expliquer les
différences.
43. L'exécution du budget pour 1999
Faire le
point, à la date la plus récente possible, par chapitre et par
article, des modifications déjà apportées, par rapport au
décret de répartition des crédits ouverts par la loi de
finances initiale pour 1999, aux dotations des différents chapitres,
(transferts, virements, reports, ouvertures et annulations de crédits).
Justifier chacune de ces modifications, en précisant notamment les
conséquences des arrêtés d'annulation ou des gels de
crédits.
Comparer avec la gestion pour 1998 à la même
période.
PORTS MARITIMES
Rapporteur
spécial : M. Marc MASSION
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
Le
budget des Ports maritimes correspond à
l'essentiel de
l'agrégat 05 " Ports maritimes et littoral " du fascicule
IV - Mer
du budget de l'Équipement, des Transports et du Logement.
Ainsi définis, les crédits inscrits au budget des Ports
maritimes pour 1999 s'élèvent à
670,23
millions
de francs, en hausse de 11 % par rapport au budget voté de 1999.
Cette hausse fait suite à l'augmentation de 1,8 % enregistrée
l'an dernier et à la hausse de 1 % en 1998.
|
|
|
en millions de francs |
|
|
Nature des crédits |
PLF 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
||
Titre III Moyens des services |
43 |
43 |
0 |
||
Titre IV Interventions publiques |
394 |
394 ,5 |
0 |
||
Total des dépenses ordinaires |
437 |
437,5 |
0 |
||
Titre V Investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
||
AP |
179,7 |
357,75 |
+ 99 % |
||
CP |
163,5 |
228,73 |
+ 39 % |
||
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
|
|
|
||
AP |
4 |
4 |
0 |
||
CP |
3 |
4 |
+ 33 % |
||
Total des dépenses en capital |
|
|
|
||
AP |
183,7 |
361,75 |
+ 96 % |
||
CP |
166,5 |
232,73 |
+ 39 % |
||
TOTAL GENERAL (crédits de paiement + dépenses ordinaires) |
603,5 |
670,23 |
+ 11 % |
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
1. Les dépenses de fonctionnement
Les
dépenses de fonctionnement (Titre III) du budget des Ports maritimes
correspondent au
chapitre 35-34 " Ports maritimes - Entretien et
exploitation ",
destiné aux ports non-autonomes directement
gérés par l'Etat.
Avec une dotation de
43 millions de francs
, les crédits
destinés à l'entretien des chenaux d'accès, des
avant-ports et des infrastructures de base des ports d'intérêt
national sont égaux à ceux des deux précédents
budgets.
2. Les dépenses d'intervention
Les
dépenses d'intervention (Titre IV) du budget des Ports maritimes
correspondent au
chapitre 44-34 " Ports autonomes maritimes -
Participation aux dépenses ",
destiné à
l'entretien courant des six plus grands ports de Métropole.
Ce chapitre, qui représente à lui seul près de
60 % du budget des Ports maritimes, est reconduit en 2000 à son
niveau des trois dernières années, soit 394 millions de francs.
Au total, les dépenses ordinaires du budget des Ports maritimes sont
stables.
Elles s'élèvent à 437,5 millions de francs
pour 2000, contre 437 millions l'an dernier.
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les
dépenses en capital augmentent fortement en moyens de paiement
(+ 39 %) et doublent presque en moyens d'engagement (+ 96 %).
Les crédits d'investissements exécutés par l'Etat (Titre
V) correspondent à trois des six articles du chapitre 53-30 " Ports
maritimes et protection du littoral ".
La croissance du budget des ports maritimes pour 2000 résulte
principalement de la mise en place de l'opération " Port
2000 ".
Le détail de ces dépenses en capital est le suivant :
a) les investissements de capacité, les opérations de
modernisation et les opérations liées à la Conservation du
patrimoine effectuées dans les ports maritimes de Métropole et
d'Outre-Mer
(article 30). Ces crédits s'élèvent
à
135,25 millions de francs en autorisations de programme et 160,98
millions de francs en crédits de paiement
, soit une diminution de
23% en autorisations de programme 0,49 % en crédits de paiement.
Les opérations les plus importantes en matière d'investissement
de capacité et de modernisation concerneront :
Dans les ports autonomes :
- Marseille : requalification des quai de brûle tabac et du gloria
- Nantes/ Saint-Nazaire : engagement de la modernisation du terminal
agro-alimentaire à Montoir
- Rouen : engagement des travaux de restauration des digues de calibrage du
chenal maritime
Dans les ports d'Outre-Mer :
- Fort-de-france : achèvement de l'extension du terminal à
conteneurs de la pointe des Grives.
b) Les travaux d'extension des infrastructures du port du Havre pour
l'accueil et le développement des trafics de conteneurs dans le cadre de
l'opération " Port 2000 ".
Ces crédits
s'élèvent à
220 millions de francs en autorisations de
programme et 66 millions de francs en crédits de paiement
.
c)
Les études générales liées aux travaux
d'aménagement, d'amélioration et de protection des ports
maritimes
(article 10). Ces crédits s'élèvent à
2,5 millions de francs en autorisations de programme et 1,7 million de
francs en crédits de paiement
, et restent donc stables par rapport
à 1999.
Les crédits correspondant à la participation de l'Etat au
financement de certaines infrastructures des ports maritimes (chapitre 63-30,
article 10) représentent
4 millions de francs
en autorisations
de programme et 4 millions de francs en crédits de paiement
,
soit une progression de 1 million de francs en crédits de paiement
par rapport à 1999.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. SITUATION DES PORTS
L'activité des ports maritimes de commerce
métropolitains reste à un niveau élevé par rapport
aux trafics marchandises de la décennie : 336,5 millions de
tonnes de marchandises en 1998, soit une progression de 3,9 % par rapport
à l'année 1997 qui a profité exceptionnellement de la
fermeture partielle du tunnel sous la manche. En excluant le trafic maritime de
Calais, cette progression est de 5,3 %.Le trafic des ports autonomes
(260,6 millions de tonnes) augmente de 6,4 % ; celui des ports
d'intérêt national (71,5 millions de tonnes) baisse de 3,9 %.
Pour une façade donnée, les ports français se sont en
moyenne mieux comportés que leurs concurrents européens, à
l'exception de Marseille qui se situe un peu en dessous de l'évolution
moyenne de la façade méditerranéenne.
A titre de comparaison, la croissance des tonnages cumulés des grands
ports européens (ports français inclus) a été de
3,4 %.
Les résultats du premier semestre 1999 montrent que le trafic total
augmente de 0,3 % (-0,7 % dans les ports autonomes et + 4 % dans les
ports d'intérêt national), sous l'effet conjugué d'une
baisse des entrées (-1,3 %) et d'une hausse des sorties (+ 4,2 %).
Ces résultats sont liés principalement à un redressement
des vracs solides dû à un meilleur niveau de sortie de
céréales, à la poursuite de la progression des trafics
conteneurisés, contrebalancée par une baisse des trafics de vracs
liquides qui touche aussi bien les entrées que les sorties.
L'amélioration de la
situation financière des ports
français
constatée depuis 1997 se poursuit. La marge brute
d'autofinancement continue de progresser (+6,8 % pour les ports autonomes et
+9,85 % pour les ports d'intérêt national). Globalement,
l'endettement diminue sensiblement grâce aux efforts d'une politique
volontariste de désendettement (notamment à Dunkerque, Le Havre,
Rouen et Marseille).
B. UN BUDGET REVALORISÉ
Les
crédits d'entretien et d'exploitation permettent d'assurer :
- dans les ports d'intérêt national, les dépenses
(hors personnel) relatives aux opérations de maintien des profondeurs et
d'entretien des ouvrages d'infrastructure
- dans les ports autonomes, les dépenses d'entretien des chenaux
d`accès et avant-ports, des ouvrages de défense contre la mer,
ainsi que les dépenses de fonctionnement des écluses
d'accès. Ces dépenses comprennent pour plus de 60 % les charges
de personnel nécessaires à la réalisation des travaux
correspondants.
Les dotations pour les dépenses d'investissement ont permis, au cours
de la période 1994-1999, de financer :
- des investissements de capacités et des opérations de
modernisation,
- des opérations de conservation du patrimoine :
réparation d'ouvrages et réalisations d'investissements
nécessaires pour assurer la sécurité des infrastructures.
Dans un contexte économique relativement favorable, le projet de loi
de finances pour 2000 propose :
- de maintenir les dotations inscrites en loi de finances initiale 1999
pour les crédits d'entretien destinés, en particulier, aux
accès maritimes qu'il est prévu de compléter d'une
dotation de 38 milliards de francs au prochain collectif de fin d'année,
pour faire face aux besoins.
- d'augmenter les autorisations de programme de 96,8 % et les
crédits de paiement de 39,8 %
pour pouvoir engager la
première tranche d'extension des infrastructures portuaires du Havre,
dans le cadre de l'opération Port 2000. Par ailleurs,
135 millions de
francs en autorisations de programme
seront nécessaires pour engager
les premières opérations inscrites aux
nouveaux contrats de
plan " Etat-Région " 2000-2006
et pour assurer un
programme incontournable de restauration et de réhabilitation des
infrastructures de base (quais, digues, jetées). D'autre part, d'autres
investissements de capacité ou de modernisation, de dimension plus
modeste, devraient être engagés dans d'autres ports : la
modernisation du terminal agro-alimentaire de Montoir à
Nantes-Saint-Nazaire
, des requalifications et aménagements de
quai à
Marseille-Fos
ainsi qu'à
Dunkerque
. Par
ailleurs, l'année 2000 verra l'achèvement des travaux
d'infrastructure du terminal à conteneurs de la Pointe-des-Grives,
à la Martinique. Enfin, l'amélioration de la desserte des ports,
composante essentielle de leur compétitivité, fait partie
intégrante de la politique portuaire. Ainsi, par exemple, le port de
Rouen, exportateur de céréales, verra sa liaison avec les plaines
céréalières du centre renforcée par la poursuite de
l'aménagement de la RN 154 dans le cadre des prochains contrats de plan
Etat-régions.
Evolution des dotations budgétaires relatives à l'équipement des ports maritimes de 1995 à 1999
en
milliers de francs
C. L'OPERATION PORT 2000 AU HAVRE
Le
projet " Port 2000 " a pour ambition de développer l'escale du
Havre sur les lignes transocéaniques empruntées par les
porte-conteneurs " géants " de la nouvelle
génération, afin de maintenir et de renforcer la position de ce
port dans le club très restreint des grands ports européens pour
les marchandises conteneurisées.
Les plus grands armements mondiaux sont aujourd'hui présents au Havre.
Celui-ci bénéficie des atouts géographiques pour
accueillir ces grandes lignes régulières internationales de
navires porte-conteneurs rapides.
Le trafic du port du Havre s'est élevé à
66,9 millions de tonnes en 1998, contre 60,1 millions de tonnes en
1997. Ce trafic a augmenté de 47 % depuis 1992, et cette
progression s'explique surtout par l'accroissement du trafic de conteneurs qui
est passé de 6,8 millions de tonnes en 1992 à
12,2 millions de tonnes en 1998.
Le port du Havre n'est pas adapté dans sa configuration actuelle pour
répondre à la croissance du trafic.
Une extension du port avec de nouveaux quais dédiés au trafic
conteneurs avec de grands linéaires et d'importantes surfaces de
terre-pleins pour le stockage est indispensable. Elle permettra les
économies d'échelle nécessaires pour accroître la
compétitivité du Port du Havre face à ses concurrents Nord
européens et améliorera la productivité des terminaux et
globalement la qualité de service.
Cette opération nécessite à elle seule la mise en place
d'une autorisation de programme de 220 millions de francs
en l'an 2000.
Le schéma adopté, par décision ministérielle du 5
décembre 1998, sur la base des propositions formulées par le
conseil d'administration du Port Autonome du havre, comporte, en
première phase, la réalisation de 4 postes à
l'extérieur de l'enceinte portuaire actuelle et 2 à
l'intérieur (en fonction des besoins) avec un chenal d'accès, une
digue de protection, une organisation des accès terrestres proches,
ferroviaires, routiers et fluviaux.
Pour la première phase, le projet est évalué
à
2,585 milliards de francs
, comportant 300 millions de francs
destinés à des mesures de protection de l'environnement
associées à " Port 2000 ".
La décision ministérielle autorisant l'engagement des travaux de
la première tranche devrait intervenir courant 2000.
La réalisation des travaux d'infrastructure lourde s'étalera,
avec un calendrier très serré, sur la période
2000-début 2003.
D. L'AMELIORATION DE LA DESSERTE DES PORTS
Le
Comité Interministériel de la Mer, réuni le 1
er
avril 1998, a préconisé l'amélioration de la chaîne
de transports terrestre de fret à destination ou en provenance des ports
maritimes français, dans la perspective des schémas de services
de " transports de marchandises ".
L'amélioration de la desserte terrestre des ports constitue un
véritable enjeu : alors que le coût de passage d'un conteneur
est plus bas dans les ports français que chez leurs concurrents
européens, c'est la qualité du service rendu et celle de la
desserte terrestre qui joue en défaveur des ports nationaux. Il est
impératif de les relier aux grands réseaux de transport, ce que
le gouvernement a bien compris, dans le cas du projet " Port 2000 ".
Les ports maritimes ont par ailleurs été pris en compte dans la
loi d'orientation pour l'aménagement et le développement
durable du territoire du 25 juin 1999
, qui définit une nouvelle
approche multimodale reposant sur la mise en place de
schémas de
services de transports
, l'un pour les voyageurs, l'autre pour les
marchandises.
Le remplacement des schémas sectoriels par les schémas de service
consiste à substituer à une approche en termes d'infrastructure
une approche fondée sur les besoins à satisfaire, donc en termes
de niveau de service.
Les schémas de service font actuellement l'objet d'une
première phase d'élaboration concertée au niveau
régional.
Le Conseil National des Transports a mené au premier semestre 1999 une
réflexion sur l'amélioration de la desserte des terminaux
multimodaux. Un groupe de travail spécifique sur la desserte des ports
maritimes français a été constitué sous la
présidence de Monsieur
Chabrerie, Président
Fédéral de Transport Logistique de France
.
Le rapport de
ce groupe de travail rend compte, pour chacun des modes, routier, ferroviaire,
fluvial et maritime, des travaux menés et récapitule, sous forme
de quatre listes d'actions
concrètes, les besoins prioritaires
qui ont été identifiés pour chacun des
modes.
E. LES SUITES DU LIVRE VERT DE L'UNION EUROPÉENNE
La
Commission européenne a présenté le 10 décembre
1997 un livre vert sur les ports et les infrastructures maritimes. Ce document
définit les axes de réflexion de la commission en matière
de politique portuaire et devrait servir de base à de futures actions,
notamment des directives.
Le gouvernement français a fait connaître sa position par un
mémorandum, de même que les autres Etats-membres. Suite à
cette vaste consultation une conférence s'est tenue à Barcelone
en mai 1998 sur les perspectives pour les ports européens.
En ce qui concerne la réalisation éventuelle d'un cadre
communautaire en matière de tarification et de financement, la
quasi-totalité des délégations s'est montrée
favorable à la réalisation, par la Commission, d'un inventaire
des aides et des financements, la France insistant pour que cette étude
prenne en compte l'ensemble du sujet, au-delà du strict cadre de
l'établissement portuaire. Quand au cadre de tarification, la France
s'est montrée réservée, estimant que l'intervention de la
communauté devait se limiter à remédier aux distorsions de
concurrence et à l'élaboration de lignes directrices souples et
flexibles, suivant le principe de subsidiarité.
L'inventaire lancé en décembre 1998 par la commission
auprès des Etats-membres portait sur les financements et les logiques de
facturation, concernant 4 ou 5 ports que l'Etat-membre doit sélectionner
pour leur représentativité.
L'inventaire est en cours de
dépouillement par les services de la commission, et il est vraisemblable
que ce travail sera exploité en fin d'année ou en l'an 2000
.
En ce qui concerne la démarche de la Commission sur les services
portuaires, la France s'est montrée plus réservée sur les
services comme le pilotage et le remorquage, compte tenu des missions de
service public et de sécurité qui sont attachées.
La
Commission
a indiqué qu'elle ferait des propositions de cadres
réglementaires " flexibles " tenant compte des exigences de
service public. Pour cela, elle
a lancé une étude début
1999 devant déboucher sur des proposition minima de qualification,
formation et équipement, à intégrer dans une directive
qu'elle espérait publier avant le renouvellement des commissaires
.
L'échéance en est reportée vraisemblablement en l'an
2000, mais les principes défendus par la France ont semble-t-il
été entendus.
V - TOURISME
Rapporteur spécial :
Mme Marie-Claude BEAUDEAU
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS
Les crédits demandés au titre du Tourisme pour 2000 s'élèvent à 423,4 millions de francs, soit une hausse sensible de près de 7,7% par rapport à ceux inscrits dans la loi de finances initiale pour 1999 (393,3 millions de francs).
Il
convient de rappeler que lors de l'examen de la loi de finances pour
1999
, comme lors des années précédentes, le
Parlement avait majoré de près de 21 millions de francs les
crédits demandés par le projet de loi de finances initiale en
termes de crédits de paiement
.
Cette différence entre le projet et la loi de finances initiale pour
1999 - due en fait à d'importants crédits non reconductibles -
explique les divergences de chiffres quant à la croissance du budget du
tourisme, le secrétariat d'État ayant tendance à se
prévaloir des évolutions plus favorables en termes de LFI :
c'est ainsi que dans cette optique, la croissance des crédits de
paiement que traduit le présent projet de budget, n'est plus de 7,7%
mais de 13,8%.
Une fois n'est pas coutume aucune mesure de régulation de
crédits n'est, pour l'instant, intervenue en 1999.
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
1. Les moyens des services préservés
Les
crédits du
titre III
demandés pour 2000, soit 137,6
millions de francs, marquent une
augmentation de 8,5%
par rapport aux
crédits votés en 1999, qui étaient de 126,8 millions de
francs.
Cette évolution apparemment favorable, qui fait contraste avec la
stagnation que l'on connaît depuis 1995 ne constitue pas encore le
renversement de tendance attendu au niveau du fonctionnement de
l'administration centrale.
L'augmentation des charges de personnel atteint 0,46 % contre près
de 3,5%
en 1999, forte croissance qui s'expliquait, d'une part, par
l'application des revalorisations salariales générales et,
d'autre part, à la transformation de 48 emplois de contractuels du
tourisme en 48 emplois de contractuels du ministère de l'Equipement.
On note qu'après la baisse de trois emplois enregistrée en 1998,
puis la stabilisation de cette année, l'année 2000 se
caractérise par la reprise de la baisse des effectifs, qui ne se
monteront plus qu'à 321 unités (155 titulaires et 166
contractuels). C'est ainsi que sont supprimés
deux emplois
dans
le projet de budget pour 2000 correspondant à un emploi d'ouvrier et
à deux emplois de contractuels compensés par la création
d'un poste de titulaire.
Les
moyens de fonctionnement des services
, après avoir
stagné en 1999, s'accroissent de 26,2%, augmentation qui, au delà
d'un changement de nomenclature
84(
*
)
, n'aboutit
en fait pas à donner de moyens supplémentaires aux
administrations centrales :
• formellement, les crédits du chapitre 34-97 - 32 millions
de francs en 1999 - sont supprimés et, en contrepartie, 49,9 millions de
francs sont inscrits au chapitre 34-98, qui ne concernait en 1999 que les
moyens de délégations régionales au tourisme ;
• le regroupement s'accompagne d'un fort développement des
crédits de l'administration centrale, qui passent de 31 millions de
francs en 1999 à 40,9 millions de francs en 2000 soit +32%. Cette
évolution ne correspond pas à des moyens administratifs
supplémentaires - les crédits de fonctionnement courant baissent
même de 0,81% - mais aux besoins engendrés par la
nécessaire réforme de la traditionnelle enquête aux
frontières dont la méthodologie doit changer par suite,
notamment, de l'avènement de l'Euro.
2. Les moyens d'intervention en nette reprise
Le
chapitre 44-01
Développement de l'économie
touristique
,
qui s'était redressé en 1999 avec une
hausse de
+ 17 % - faisant suite à une baisse de 8,3 %
en 1998 -, connaît une croissance de 12,8 % dans le budget pour
2000.
Cette nette augmentation correspond à des évolutions
contrastées. D'une part :
•
l'article 33
relatif aux
Contrats de plan
État - régions
, est en hausse de
+ 69,5 %
: cette dotation passe de 17,7 millions en
1999 à 30 millions de francs dans le présent projet de
budget, ce qui va permettre de répondre aux aspirations des
régions en matière de développement touristique dans
la perspective du XII Plan : amélioration de la qualité et la
commercialisation de l'hébergement, adaptation des entreprises au
marché, renforcement de l'attractivité des territoires ;
• l'article 50
Maison de la France,
après le fort redressement de 1999,
+ 25,4 %
- qui
avait fait suite à la baisse de 9 % en 1998 -, continue sur sa
lancée avec une hausse de 13,4 % pour l'année 2000. En fait,
il s'agit de la compensation du passage à la TVA de cet organisme,
opération en principe neutre mais qui, compte tenu des
possibilités de récupération, devrait lui permettre de
dégager environ un million de francs de moyens nouveaux sur une dotation
dotale de 90,7 millions de francs.
En revanche, comme l'année dernière, d'autres articles
connaissent des évolutions moins favorables :
•
l'article 10
Observation économique
voit
ses crédits simplement maintenus pour 2000, après la forte
régression de
- 11,4 % en 1999 ;
• l'article 34
Autres opérations de développement
territorial
connaît une régression de ses crédits
de 40,5 % après le fléchissement de 1999, - 1 %.
Enfin, en baisse globale de 7,1 %,
l'article 21
Interventions stratégiques
recouvre des situations
diverses :
• le
paragraphe 30
Soutien au secteur associatif,
qui avait
été porté à la suite d'une forte augmentation en
1999 à 11 millions de francs, est doté de 11,8 millions
de francs pour 2000, afin de permettre, dans le cadre de conventions
d'objectifs, de faire relayer par les associations de tourisme l'action de
l'État en faveur du développement local et de l'insertion
sociale ;
• au
paragraphe 20 Valorisation du produit touristique français
l'AFIT
, Agence française de l'ingénierie touristique,
bénéficie d'1 million de francs de crédits
supplémentaires, ce qui porte sa dotation pour 2000 à
9 millions de francs, soit, compte tenu des apports en nature et des
ressources externes, un budget total de 35 millions de francs en
l'an 2000 ;
• le
paragraphe 10
Actions à caractère
économique
, est doté de 20,8 millions de francs, ce qui
situe ce poste au dessous de son niveau de 1995 et 1996.
En définitive, les variations de ces postes se répercutent au
niveau du total des
dépenses ordinaires,
qui augmentent de
près de
+ 11,2 %
par rapport au budget voté de 1999
(13,5 % en loi de finances initiales).
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les
dépenses en capital, regroupées dans le
chapitre 66-03
,
Développement territorial du tourisme
, connaissent un traitement
relativement favorable, si l'on fait abstraction des augmentations de
crédits non reconductibles intervenues au cours de la discussion du
budget du tourisme pour 1999 :
• les
autorisations de programme
se maintiennent au niveau de
59 millions ; cette stabilisation au niveau élevé de
1999 résultant des amendements parlementaires, recouvre les
évolutions suivantes : forte augmentation des crédits
consacrés à l'article 10 aux contrats de plan qui passent de
20,7 à 34,7 millions de francs de 1999 à 2000, maintien au
niveau de 24,3 millions des dotations prévues pour la
rénovation des hébergements touristiques associatifs ;
• les
crédits de paiements
, en diminution globale de
20 %, traduisent néanmoins des évolutions positives hors
article 20 - Programme d'aménagement touristique - dont il faut rappeler
qu'il avait été abondé de plus de 14 millions de
francs au cours de la discussion budgétaire du projet de loi de finances
pour 1999 : à côté du maintien des crédits
consacrés aux hébergements associatifs, on constate que l'accent
est mis sur dotations affectées aux contrats de plan, qui s'accroissent
de + 34,4 %.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Traditionnellement, les rapports budgétaires sont l'occasion de rappeler
les données les plus récentes relatives à la contribution
du tourisme à l'économie française. C'est ainsi que :
• la
consommation touristique représenterait en 1998
7,3 % du PIB
, soit à peu près 12 fois la
consommation de biens d'équipement ménagers, mais aussi
1,5 fois leur consommation de produits énergétiques et
près des trois quarts de celles des produits issus de
l'agriculture ;
• si
l'emploi total,
direct et indirect, est
évalué à
2 millions de personnes
, des chiffres
plus précis sont disponibles pour les activités
d'hébergement et de restauration : en 1997, on comptait près
de
600.000 salariés et plus de 185.000 non salariés,
ce dernier chiffre obtenu par sondage, reste encore largement approximatif,
ce qui est l'occasion d'attirer l'attention sur les lacunes de notre appareil
statistique en matière de tourisme ;
• en termes de flux, il faut souligner le grand dynamisme du secteur
et notamment, de
l'hôtellerie restauration
: c'est ainsi que
ce secteur a créé presque
20.000 emplois entre mars 1998
et mars 1999
.
Mais le tourisme n'est pas une simple activité économique, c'est
aussi un mode de réalisation de la personne. Aussi, participe-t-il, au
même titre que le travail, de ces droits concrets que la
société doit s'efforcer de conférer aux individus qui la
compose.
Cette dimension sociale du tourisme est un aspect essentiel dans la
détermination des priorités de l'action gouvernementale.
A. DES SUCCÈS À CONFORTER
Le
poste " voyage " est le
premier excédent de la balance des
services
. Cette performance ne doit pas être considérée
comme naturelle : les effets de la conjoncture comme certaines tendances
à moyen terme, pourraient, si l'on n'y prend garde, éroder la
compétitivité du produit " France ".
En outre, le secteur touristique vit aussi largement de la clientèle
nationale et, à ce titre, les habitudes des Français sont un
facteur important de ses perspectives de développement à long
terme. De ce point de vue, on a constaté en 1998, la poursuite des
tendances antérieures
: raccourcissement de la durée des
séjours,
qui atteignent 11,9 jours contre 14,4 jours en
1990, prédominance des hébergements non marchands - famille et
amis résidences secondaires - qui représentent 52 % des
nuitées.
1. 1999 : d'excellents résultats en perspective
Avec
70 millions d'arrivées touristiques internationales, la France
confirme, en 1998, sa place de première destination touristique.
Les effets du championnat du monde de football, qui ont permis d'augmenter de
3 millions le nombre d'arrivées sur notre territoire, continuent de se
faire sentir en 1999 : on prévoit actuellement que le record de
1998 sera dépassé, si l'on en juge au solde positif du poste
voyage en hausse pour les premiers mois de l'année de 17 % par
rapport à la même période de 1998.
Sur le plan régional, la situation se présente de la façon
suivante :
•
en juillet, la plupart des régions
françaises ont enregistré des résultats en hausse à
l'exception de la Bretagne des régions intérieures du Sud-Ouest,
de Rhône-Alpes, de l'Alsace et du Nord - Pas-de-Calais ;
• en août, la fréquentation a été en
hausse dans la majorité des régions, sauf dans l'Ouest et dans le
massif alpin, tandis que la fréquentation s'est stabilisée en
Ile-de-France après la pointe de 1998 due à la coupe du monde.
En termes de recettes touristiques
, la position de notre pays reste
moins favorable :
la France
, loin derrière les
États-Unis qui arrivent en tête avec 17 % du marché
mondial, reste
troisième derrière,
selon les
années, l'Espagne ou l'Italie.
Ces données montrent qu'en dépit de performances remarquables,
le tourisme français présente des faiblesses.
2. Les données structurelles de notre spécialisation
En
effet, si l'on examine la situation en tendance, on peut souligner deux
phénomènes, qui amènent à nuancer cette
appréciation globalement favorable :
en fait,
sur le long terme, les dépenses croissent plus vite que les
recettes.
Il faut voir dans cette tendance un
phénomène
structurel de rattrapage
, nos compatriotes ayant tendance à
s'aligner sur les habitudes des autres pays d'Europe, où la proportion
des voyages à l'étranger est beaucoup plus importante :
seulement 10 % des séjours des Français ont lieu à
l'étranger, alors que cette proportion est sensiblement plus importante
dans les autres pays développés ;
structurellement la France a tendance à être surtout
un pays
de transit
du fait de sa situation centrale en Europe. Cette limite peut se
révéler aussi un atout : le développement de notre
réseau autoroutier, celui du TGV comme la baisse sensible des tarifs
aériens, font de notre pays une destination idéale pour des
courts séjours thématiques, à caractère culturel ou
naturel, par opposition à l'Italie et l'Espagne à qui leur
position climatique permet de bénéficier de durées
moyennes de séjours doubles des nôtres ;
enfin, on peut craindre un certain vieillissement des infrastructures
touristiques françaises, qui, pour une part, datent des années
soixante et des années soixante-dix.
Bref, notre pays ne doit pas considérer ses succès comme des
acquis. Même s'il s'est montré capable de prolonger et dans une
certaine mesure de réitérer l'effet coupe du monde par
l'organisation de grands événements festifs comme la grande
Armada ou l'éclipse du 11 août, la concurrence a des chances
de se faire beaucoup plus rude.
B. LES ORIENTATIONS DU PROJET DE BUDGET POUR 2000
Les orientations du présent budget traduisent cette volonté d'approfondissement des dimensions sociale et économique du tourisme.
1. La priorité sociale : développer le droit aux vacances
L'objectif fondamental de la politique actuelle est
d'accroître la fréquentation touristique : le droit aux
vacances dont sont encore exclus nombre de nos concitoyens - selon une
étude récente 16 % des Français n'étaient pas
partis en 1998 - , doit devenir une réalité. C'est ainsi que :
un projet de loi , promulgué le 12 juillet dernier favorise
l'
accès au chèque vacances à 7,5 millions de
salariés des PME qui ne pouvaient pas encore en bénéficier
;
l'aide au tourisme social
est une constante de l'action gouvernementale,
comme en témoigne la tenue en mai 1999 d'États
généraux du tourisme social : la mise en place d'une
" Bourse solidarité vacances
", dont l'objet est
précisément de favoriser le départ des plus
démunis, a permis, grâce à la solidarité des
professionnels du tourisme et aux compétences des associations
caritatives, de faire partir, dès cet été, 1000 personnes
qui n'allaient pas en vacances. Dans le même but, l'effort en faveur des
hébergements associatifs va se poursuivre en 2000 au niveau
déjà atteint en 1999 de 24,3 millions de francs en AP et
13,4 millions de francs en CP.
2. Les priorités économiques : le renforcement de l'appareil touristique dans le cadre des contrats-Etat-régions et la promotion extérieure
Par ailleurs, le présent budget ne méconnaît pas les enjeux économiques du tourisme en poursuivant l'adaptation de l'offre touristique.
a) La préparation du XIIème plan et l'aménagement touristique du territoire
Dans ce
but et compte tenu des moyens budgétaires accrus dont dispose le
secrétariat d'État, il est prévu de mettre l'accent sur :
les moyens affectés aux contrats de plan : ils seront ainsi
renforcés par l'augmentation tant des crédits d'intervention -
qui passent de 17,7 millions de francs à 30 millions de francs soit
une augmentation de + 69,5 % - que des subventions d'investissement qui passent
de 15,1millions de francs à 20,3 millions de francs soit une
croissance de 34,4 %. Au total, les contrats de plan devraient ainsi
bénéficier de plus de 50 millions de francs en termes de
crédits de paiement dans le projet de budget pour 2000 ;
l'adaptation des structures et procédures territoriales de promotion du
tourisme : en complément de cette approche à proprement
parler budgétaire, il faut noter l'annonce par la secrétaire
d'État au tourisme d'une réforme de l'organisation territoriale
du tourisme : il est prévu, peut-être même dans le
cadre d'un code, de toiletter les compétences des collectivités
locales en la matière et, en particulier, les modalités de
classement des communes touristiques, des stations littorales thermales ou de
montagnes, en y introduisant notamment, la notion de " pays d'accueil
touristique " .
b) La prospection des marchés étrangers et la promotion de l'image de marque de la France
Maison
de la France voit ses dotations pour 2000 augmenter de plus de 13,4 %
après la très forte croissance de 1999 - + 23 % - qui avait
suivi la période de restriction du milieu des années 90.
Dans un monde de plus en plus concurrentiel et dans la perspective de l'Euro
qui rendra les marchés encore plus transparents, il est important de
chercher à fidéliser notre clientèle et à
conquérir de nouveaux marchés.
C. DES MOTIFS DE SATISFACTION MAIS AUSSI DE PRÉOCUPPATION
Votre
rapporteur spécial se réjouit de ce que ce budget connaisse
après des années de " vaches maigres ", une croissance
soutenue même si, compte tenu de la faiblesse des niveaux de
départ, on soit encore loin de l'effort qu'exigerait un secteur aussi
important pour le développement de l'économie et de
l'emploi :
dans un certain nombre de domaines, on se trouve toujours en
dessous des niveaux de crédits atteints en 1995
: tel est en
particulier le cas des moyens de fonctionnement courants de l'administration
centrale du chapitre 34-98 ( article 10, § 10 à 60 ) ou celui des
crédits de paiement du chapitre 66-03 développement territorial
du tourisme.
Mais il ne faudrait pas que les bonnes nouvelles annoncées chaque
été fassent oublier les faiblesses structurelles actuelles ou
potentielles qui pourraient handicaper notre pays. Aussi, votre rapporteur
spécial se doit d'attirer l'attention les points qui, selon lui
pourraient être encore mieux pris en compte par la politique du
Gouvernement :
1. L'accent mis sur le droit aux vacances doit être articulé sur les efforts déployés en matière de politique de la ville
La secrétaire d'État met à juste titre l'accent sur l'accès de tous aux vacances. Le chèque vacances vient d'être étendu, la Bourse solidarité vacances fonctionne désormais sous la forme d'un groupement d'intérêt public. Mais beaucoup de jeunes ne partent encore pas en vacances : 27 % des jeunes entre 5 et 18 ans ne seraient ainsi pas partis en vacances au cours de l'été 1998. Une réflexion est en cours à ce sujet au secrétariat d'État au tourisme, c'est bien ; mais il conviendrait de l'articuler avec l'action des autres ministères concernés et, en particulier, avec les instances responsables de la politique de la ville.
2. L'attention portée aux conditions de travail doit être complétée par une volonté de mieux exploiter le gisement d'emplois que constitue le tourisme
Une
réflexion a été menée sur la base du rapport de M.
Anicet Le Pors sur la question des travailleurs saisonniers, qui doivent
faire l'objet prochainement de mesures spécifiques ; la convention
collective pour le secteur de l'hôtellerie restauration a
été signée au début de l'année 1999, tandis
que les premiers accords sur les 35 heures sont signés dans
certaines grandes entreprises de tourisme ; tout cela constitue des
avancées sociales remarquables qui doivent être saluées.
Toutefois, du chemin reste à parcourir, en matière de
création d'emplois. Faute de formation adaptée sans doute, le
secteur ne créé que 12.000 emplois par an, alors qu'il
pourrait en créer au moins le double. Le tourisme est une industrie de
main d'oeuvre ; il offre donc de vastes débouchés aux jeunes
pour peu qu'on leur donne la formation adéquate. Bref,
la formation
professionnelle est un grand chantier qui devrait constituer une des
priorités du ministère en liaison avec celui de l'Education
nationale
.
3. La lutte contre le vieillissement des équipements touristiques
Il faut
se garder de tout triomphalisme. Les bons résultats actuels ne doivent
pas faire illusion. L'offre touristique française vieillit. Toute
négligence pourrait conduire à des lendemains qui
déchantent.
Le dispositif mis en place l'année dernière pour les villages
résidentiels de tourisme sera-t-il suffisant ? On peut en douter
surtout si l'on considère que
l'abaissement de la TVA sur les travaux
à domicile aboutit indirectement à atténuer en fait
l'intérêt d'une récupération de la TVA
.
Il faut réfléchir dès maintenant à la mise en
place de mécanismes nouveaux d'incitation à la mise aux normes et
aux goûts du jour des grands ensembles touristiques.
La désaffection pour la montagne d'été que l'on constate
actuellement est sans doute le signe annonciateur de cette inadaptation.
4. L'évaluation nécessaire des politiques touristiques
L'Agence Française d'ingénierie touristique, qui est un
groupement d'intérêt public permettant d'associer administrations
et partenaires privés, a réussi, depuis sa création en
1993, à faire réaliser un ensemble d'études sectorielles
ou de méthodologie générale, qui constituent une aide
très utile à la décision des investisseurs privés
comme des responsables publics : y-a-t-il des possibilités
d'investissements dans tel ou tel domaine ? Comment doit-on s'y prendre
pour développer le tourisme dans une commune, un pays, un
département, une région ? Telles sont les questions
auxquelles permettent de répondre les études de cet organisme.
Il reste qu'à côté de ces études essentiellement
orientées vers l'aide à la décision d'investir, on
pourrait songer à développer l'aspect évaluation de
l'efficacité des politiques publiques, voire à tirer les
leçons des succès ou des échecs commerciaux des
opérateurs privés. La modicité des moyens alloués
au tourisme comme l'importance des investissements nécessaires exigent
que l'on soit particulièrement attentif au retour d'expérience
sur les opérations déjà réalisées.
INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION
SÉCURITÉ
Rapporteur
spécial : M. André VALLET
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A. DOMAINES D'INTERVENTION
Les
crédits dont traite la présente note de présentation sont
regroupés dans quatre des cinq agrégats du budget de
l'Intérieur et de la décentralisation, à savoir les
numéros :
01. Administration générale
02. Administration territoriale
03. Sécurité civile
04. Police nationale,
seul l'agrégat 05 (collectivités locales) qui fait l'objet du
rapport spécial " décentralisation " de votre
commission n'est pas concerné.
L'agrégat 01 correspond essentiellement aux dépenses de
l'administration centrale du ministère
85(
*
)
et l'agrégat 02 à celles des
administrations préfectorales (préfectures,
sous-préfectures et secrétariats généraux pour
l'administration régionale).
Comme le montrent les éléments chiffrés suivants, ce
budget, de plus de 50 milliards de francs, est essentiellement
consacré à
la sécurité
, publique et civile
(près de 60 % des dépenses) et plus particulièrement
au financement des actions de la Police nationale (plus de 50 % des
crédits).
Mais, l'administration générale, centrale et préfectorale,
y occupe une place importante (plus de 40 % du total, soit plus de
20 milliards de francs).
B. LE POIDS DES DÉPENSES ORDINAIRES
Le
tableau ci-dessous démontre le pois écrasant, dans la plupart des
cas :
- des dépenses de fonctionnement (96,5 % du total),
- et, plus particulièrement de celles de personnel (90 % de
l'agrégat 01-
Administration générale
, plus de
80 % de l'agrégat 04-
Police nationale)
, à
l'exception de la
sécurité civile
(agrégat 03) pour
laquelle l'importance des équipements (avions et
hélicoptères notamment) et de leur fonctionnement est
financièrement relativement plus grande, même si le rôle des
hommes (pompiers, secouristes, pilotes de Canadairs...) y est tout aussi
déterminant
Pour
paraphraser la célèbre maxime de Jean Bodin (" il n'est de
richesse que d'hommes "), le budget de l'Intérieur montre qu'il
n'est de bonne administration ou de bonne police que d'hommes.
Ce budget, en effet, dont plus de 80 % des dépenses sont des
dépenses de personnel, finance l'action de plus de
160.000 personnes ainsi réparties :
C. LES GRANDS PRINCIPES DE LA POLITIQUE SUIVIE
La
gestion des ressources humaines occupe, au sein du ministère de
l'Intérieur, une place d'autant plus déterminante que :
- une part importante des personnes en cause est soumise à des
sujétions particulières
(dangers et horaires
spéciaux pour les fonctionnaires de la police et de la
sécurité civile, surcroît de travail, dans l'administration
territoriale, dû à la gratuité des cartes d'identité
et à la régularisation des étrangers) ;
- la
professionnalisation des armées
soulève des
problèmes spécifiques pour la police nationale (remplacement des
auxiliaires du contingent) et la sécurité civile
(professionnalisation des UIISC : Unités d'instruction et
d'intervention de la sécurité civile) ;
- il est nécessaire, dans la police, d'une part, de
rééquilibrer la
pyramide des effectifs
, d'un point de vue
à la fois hiérarchique (déflation des échelons
supérieurs) et démographiques (en freinant les départs
anticipés à la retraite), d'autre part, de les
redéployer
des bureaux vers le terrain et, en particulier, au
sein des zones sensibles ;
- le ministère de l'Intérieur doit montrer l'exemple de
l'
efficacité
et de la
modernité
dans
l'accomplissement de ses tâches qui correspondent aux missions
régaliennes les plus fondamentales et les moins contestées de
l'Etat et, en ce qui concerne la sécurité, à une profonde
attente des Français. Dans ce sens, sont entrepris des efforts :
- de gestion (programmation, contrôles, globalisation des
autorisations budgétaires, économies),
- de formation (élévation des niveaux de compétence,
extension de la qualification d'officier de police judiciaire),
- de progrès technique (équipement informatique,
réseaux de transmission, police scientifique, fichiers d'empreintes
génétiques),
- de perfectionnement des services rendus à la population (accueil,
disponibilité, présence sur la voie publique, aide aux
victimes...).
Ces efforts justifient, en contrepartie, l'octroi aux personnels
concernés d'avantages ou, dans certains cas, de simples mesures de
rattrapage (mise aux normes d'hygiène des locaux des commissariats,
alignement des primes des hauts fonctionnaires de l'administration centrale
sur celles, de 20 % supérieures, d'autres
ministères).
D. ÉVOLUTION GLOBALE DES DÉPENSES
Comme le montre le tableau suivant, l'action du ministère de l'Intérieur (sécurité et administration du territoire) constitue une véritable priorité gouvernementale puisque ce budget augmente de près de 3 % (+2,9 % contre +1,2 % pour le total des budgets civils), soit plus d'un milliard et demi de dépenses supplémentaires.
Cette
progression correspond, selon le ministre, au financement de l'exécution
de quatre objectifs essentiels :
- gestion optimisée des crédits de l'administration centrale,
- réforme de l'administration territoriale,
- renforcement des moyens opérationnels de la
sécurité civile,
- enfin, et surtout, mise en oeuvre de la police de proximité,
un certain nombre de changements de nomenclatures ont lieu (notamment, fusion
au sein des articles de rémunérations principales des articles
spécifiques relatifs à des bonifications indiciaires,
création de chapitres " dotations globalisées de
préfectures " et " financement des partis et groupements
politiques ").
II. PRINCIPALES NOUVEAUTÉS
La
maîtrise des dépenses de reconduction (dont la hausse est contenue
en-deçà de 900 millions de francs) grâce à un
effort de gestion (notamment dans le cadre de la globalisation de certaines
dotations) et d'économie (du fait, par exemple, de la mise en
concurrence des opérateurs de télécommunication et de la
baisse des équipements correspondants) permet d'augmenter la part des
mesures nouvelles affectées aux quatre priorités du
ministère évoquées ci-dessus (+ 606 millions de
francs, soit + 5 % pour les dépenses ordinaires et
+ 16 % pour les crédits de paiement).
Les mesures relatives aux personnels (statutaires, indemnitaires, concernant
les effectifs...) occupent une place prépondérante dans cet
ensemble, en application de la politique dont les principes ont
été énoncés ci-dessus (compensation des
sujétions particulières, repyramidage, redéploiements,
élévation de qualifications...).
A. LES MESURES DE DÉPENSES ORDINAIRES
1. La consolidation de mesures acquises
Concernant les dépenses ordinaires, une partie des
mesures
prévues par ce budget concerne les
mesures acquises
,
c'est-à-dire les modifications apportées à la loi de
finances initiale pour 1999 dont résultent les services votés
pour 2000.
Ces mesures, lorsqu'elles sont reconduites (ce qui n'est pas automatique),
peuvent
bénéficier d'une extension en année
pleine
:
-
exemples
: . la revalorisation des
rémunérations publiques (+386,6millions de francs)
. la rémunération, en 2000, des 7.600 adjoints de
sécurité recrutés en 1999 (+61,8 millions de francs
et + 6,5 millions de francs de mesures d'accompagnement).
Elles peuvent encore donner lieu à des ajustements s'agissant de
crédits évaluatifs ou provisionnels :
- exemples
: . l'application d'un important accord
salarial conclu dans la Fonction publique (+14,3 millions de francs) qui
implique un repyramidage de la catégorie C, des revalorisations de
rémunérations (au profit, entre autres, des pompiers de Paris) et
des transformations permettant de créer 469 emplois de gardiens de
la paix,
. la participation de l'Etat aux dépenses des services de police
et d'incendie de la Ville de Paris.
2. La remise en cause de services votés
Des
économies sur les crédits de fonctionnement (diminution des
services votés) permettent de gager certaines dépenses :
amélioration du régime indemnitaire des pilotes
d'hélicoptères, recrutement par la police d'ingénieurs
d'informaticien de haute technicité.
Certaines évolutions (professionnalisation des armées,
réduction du nombre des ministres du culte en Alsace-Lorraine)
entraînent une diminution inéluctable des dépenses
correspondantes : 145 millions de francs, notamment, au titre,
principalement, de la suppression de 2.075 emplois de policier auxiliaire
et de 25 emplois de desservants du culte catholique.
3. Les mesures nouvelles au sens budgétaire
Mis à part des transferts, dont le principal concerne le regroupement, sur un nouveau chapitre 37-20 doté de 346,6 millions de francs des dotations globalisées de quatre préfectures 86( * ) d'importants moyens nouveaux sont dégagés (+ 597 millions de francs).
a) Les moyens généraux des services
Ils
augmentent de 193,6 millions de francs (dont + 185,6 millions de
francs au profit de la seule police nationale, avec une priorité
à la formation, au renouvellement du parc automobile, à
l'équipement des zones sensibles, à l'informatisation des
services...).
Concernant les autres agrégats, il est prévu :
- pour la sécurité civile, la location d'un avion
Hercules C 130 et la modernisation du déminage
(+ 5 millions de francs),
- pour l'administration générale, une augmentation des
crédits de formation (+ 5 millions de francs) et de loyer
(+ 3 millions de francs).
b) Pour les autres dépenses, il s'agit essentiellement de mesures de personnel
qui consistent en :
(1) des créations d'emplois (recrutements ou transformations)
dont les
principales concernent la
police nationale
:
- embauche de 4.150 adjoints de sécurité
(+ 107,6 millions de francs)
- créations de 100 emplois scientifiques (+17,3 millions
de francs) et de quatre médecins du RAID (service de répression,
assistance, intervention et dissuasion),
- transformation de 300 emplois de gardiens de la paix en
150 emplois de brigadiers, 150 emplois de brigadiers majors et de
35 officiers en 36 attachés de police (+15,8 millions de
francs),
- l'
administration générale
bénéficie,
néanmoins, pour sa part, de la création, par transformation
d'emplois, de 49 postes d'adjoint administratif et de six chargés
d'études documentaires (l'impact budgétaire en est mineur),
- quant à la
sécurité civile
, elle subit les
effets de la professionnalisation des armées, notamment en ce qui
concerne les unités d'intervention et d'instruction
(+ 38,4 millions de francs) et les services de police et d'incendie
de la Ville de Paris (+11 millions de francs).
(2) de nombreuses mesures indemnitaires sont par ailleurs prévues
au
bénéfice principalement :
- de la
police nationale
(+71,8 millions de francs) :
. primes de fidélisation dans les zones sensibles
(+ 45,4 millions de francs),
. provisions catégorielles pour le corps de commandement et
d'encadrement (+ 14 millions de francs),
. pour lutter contre les départs anticipés à la
retraite, augmentation du nombre de bénéficiaires (+600) de
l'échelon exceptionnel de gardien de la paix et élévation
à l'échelon exceptionnel de 40 emplois de commandants
(+4,8 millions de francs),
- mais, ont droit également à des revalorisations
indemnitaires (+17,9 millions de francs au total) les personnels de
l'administration centrale, des préfectures ainsi que les pilotes
d'hélicoptères et d'avions de la sécurité civile
(suite aux mouvements de grèves, exceptionnels, de 1999).
c) Les dépenses d'informatique et de télématique
Elles augmentent de près de 100 millions de francs (+ 96 millions de francs), essentiellement au profit de la police nationale 87( * ) (+ 49 millions de francs) mais aussi des préfectures (+24,7 millions de francs) et de l'administration centrale (+22 millions de francs).
d) Les crédits de vacation
L'administration centrale bénéficie aussi, pour son service de transmissions et de l'informatique, d'une progression de ses crédits de vacations . Ceux-ci augmentent, dans l'ensemble, de 14,6 millions de francs, y compris : + 7 millions de francs (dont 5 millions de francs non reconductibles) pour les préfectures, + 4 millions de francs pour la police nationale et la coopération policière internationale.
B. L'ÉVOLUTION DES DÉPENSES EN CAPITAL
Les
dépenses en capital ne représentent que 3,1 % (en
crédits de paiement) de ce budget.
Bien que modeste, donc, en valeur relative, le montant de ces crédits
n'en est pas moins non négligeable en valeur absolue (1,75 milliard
de francs en AP et 1,67 milliard de francs en CP) et leur progression
forte, en ce qui concerne les crédits de paiement (+ 20 % au
titre V et + 50%, par rapport aux services votés, au
titre VI).
En l'an 2000,les principaux postes de dépenses seront les suivants :
On
mesure, là encore, la priorité dont la police de proximité
fait l'objet : une part importante des crédits immobiliers lui est
réservée (implantations dans les zones sensibles, logement des
îlotiers) et ACROPOL la favorise, en contribuant à accroître
la mobilité des forces de l'ordre.
Mais, l'investissement immobilier des préfectures et
sous-préfectures n'en est pas pour autant négligé
(244 millions de francs d'AP et 196 millions de CP). Les
crédits concernés seront principalement consacrés à
des travaux de grosse maintenance et à la construction de nouveaux
bâtiments, notamment à Sarcelles (40 millions de francs),
Poitiers (29 millions de francs), Le Raincy (29 millions de
francs).
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
Première partie : les raisons d'adopter un budget qui correspond aux aspirations des Français et aux fonctions régaliennes de l'Etat
A. DES PRIORITÉS CORRECTEMENT ORIENTÉES
Ce
budget consacre plus de la moitié de ses dépenses et de ses
mesures nouvelles à la police.
Or, la sécurité publique correspond, à la fois, à
l'une des fonctions régaliennes les plus essentielles et les moins
contestées de l'Etat et à l'une des préoccupations
majeures (avec l'emploi) de nos concitoyens.
Il s'agit d'une priorité qui fait l'objet d'un large consensus politique.
En outre, l'augmentation des crédits (+ 2,9 %) s'accompagne
d'efforts de gestion et d'économies
88(
*
)
et demeure relativement modérée -même si elle est deux fois
plus forte que celle de la moyenne des dépenses civiles de l'Etat
(+ 1,2 %)- en comparaison des évolutions d'autres dotations
privilégiées (environnement : + 8,6 % ;
emploi et solidarité : + 4,3 %).
B. LA POURSUITE DE L'ADAPTATION DE LA POLICE AUX CHANGEMENTS AUXQUELS ELLE EST CONFRONTÉE
1. De profondes évolutions
La police est confrontée à trois types de changements susceptibles de poser de nouveaux problèmes de sécurité.
a) Les mutations de notre société et leurs conséquences :
•
urbanisation, mobilité des populations et immigration,
chômage et fractures sociales, éclatement de la structure
familiale, crise des valeurs (civisme...),
• donc, évolution des atteintes à l'ordre
public : concentration dans certaines zones, augmentation des
incivilités, modifications de la délinquance (apparition de
formes nouvelles, internationalisées, informatisées ;
augmentation de celles des mineurs et liées à la toxicomanie,
etc...),
• montée du sentiment d'insécurité.
b) Les modifications prévisibles de la pyramide des âges des policiers
Face à une diversification et à un accroissement de leurs tâches, les forces de l'ordre vont être confrontées, dans les prochaines années, à un véritable choc démographique : remplacement, dans les cinq années à venir, de près de 24.400 fonctionnaires devant partir à la retraite (les " générations Marcellin ") et recrutement de 20.000 adjoints de sécurité (d'autant plus nécessaire qu'il n'y aura plus, du fait de la professionnalisation des armées, d'auxiliaires appelés du contingent). Or, ces derniers étaient près de 10.000 en 1996 et plus de 4.000 encore en 1999.
c) Le progrès scientifique et technique
La police se doit d'exploiter les possibilités que lui offrent les nouvelles techniques d'information et de communication (qui sont à l'origine aussi de nouvelles formes de délinquance) ainsi que la génétique (identification des auteurs de crimes sexuels).
2. Des adaptations souvent appropriées
Les
mesures prévues par ce budget sont de nature à faciliter
l'adaptation de la police aux défis évoqués ci-dessus.
Il s'agit, par une meilleure utilisation des ressources humaines (formation,
redéploiements, repyramidages et requalifications, modernisation des
moyens d'investigation et des équipements), de rendre la police à
la fois plus efficace et plus proche de la population.
a) La formation
La
formation (initiale et continue) des personnels de police constitue, à
juste titre, l'une des priorités du ministère avec une
dépense de 267 millions de francs en 2000, l'ouverture de nouvelles
écoles, la création d'une direction spécifique, la mise en
oeuvre d'un schéma directeur...
De nouvelles formations ciblées sur certaines missions
particulières (lutte contre la toxicomanie, prévention de la
délinquance des mineurs, affectation dans les zones sensibles) ou sur
certains personnels (adjoints de sécurité) ont été
prévues.
b) Les redéploiements d'effectifs
Une
rationalisation du partage des attributions entre la police et la gendarmerie,
à la suite des conclusions de MM. Carraz et Hyest, et de la consultation
menée par M. Fougier devrait permettre le redéploiement
progressif, dans les zones sensibles, de 3.000 policiers.
Une autre possibilité de redéploiement des bureaux vers le
terrain, consiste à libérer les policiers d'un certain nombre de
tâches indues qu'ils doivent accomplir, notamment en raison de la
sous-administration de la police nationale.
Un certain nombre de mesures prévues en 2000 vont dans ce sens :
création, par transformation d'emplois, de 36 postes
d'attachés de police, externalisation de tâches de maintenance du
parc automobile, mais cela ne suffit pas .
1.200 policiers ont déjà été
transférés en 1999 vers les 26 départements les plus
sensibles, 7.000 policiers et gendarmes au total devraient l'être
jusqu'en 2001.
c) Le repyramidage des effectifs
La
nécessité de rééquilibrer la pyramide des effectifs
de la police, d'un point de vue, à la fois démographique et
hiérarchique, présente à la fois des contraintes et des
opportunités :
• contraintes pour freiner les très nombreux départs
anticipés à la retraite (par crainte d'une remise en cause des
avantages acquis pour les futurs partants), pour anticiper les remplacements
inéluctables dès le stade de l'entrée dans les
écoles ;
• mais, d'un point de vue hiérarchique, la déflation
des corps de conception et de direction, et de commandement et d'encadrement,
au profit d'un étoffement du corps de maîtrise et d'application
est financièrement avantageuse.
Ces politiques ont, dans le budget pour 2000, un certain nombre de
conséquences : augmentation du nombre de
bénéficiaires d'échelons exceptionnels (gardiens de la
paix et commandants), création de 469 emplois de gardiens de la
paix (qui dégage une économie de 21,19 millions de francs).
Cependant, les redéploiements et le freinage des départs
anticipés à la retraite ne suffiront pas à suppléer
les recrutement nécessités par la baisse prévisible des
effectifs (24.000 départs en cinq ans).
d) Les autres mesures de réorganisation
Certaines réorganisations (aménagements
d'horaires,
rationalisation de tâches...) peuvent améliorer la
disponibilité des personnels pour des actions de terrain.
La réforme des horaires dans la police, mise en place au début de
1997 (cycle dit " 4/2 "), permettant la constitution de brigades
fixes de nuit, et l'instauration du " service de quart ", assurant la
permanence du commandement opérationnel, ont été, dans ce
sens, bénéfiques.
Pour faire face à de nouveaux besoins, de nouvelles structures ou de
nouveaux types d'emplois peuvent, par ailleurs, être
créés : Direction de la formation de la police nationale
(voir plus haut), OCRIEST (Office central de répression de l'immigration
irrégulière et l'emploi d'étrangers sans titres), BREC
(Brigades régionales d'enquête et de coordination),
sûretés départementales, agents locaux de médiation
sociale et délégations à l'étranger du service de
coopération technique internationale de police.
e) L'élévation des qualifications et la modernisation des équipements et des moyens d'investigation
•
On constate une élévation du niveau d'études des
personnes recrutées et, parallèlement, de celui des
responsabilités confiées aux agents des différents
corps : en particulier, à ceux du corps de commandement et
d'encadrement qui prennent en charge des fonctions jusqu'ici
réservées aux membres du corps de conception et de direction
(extension à 1.000 agents supplémentaires de l'accès
à la qualité d'officier de police judiciaire, création de
40 emplois " fonctionnels " de commandants de circonscription de
sécurité publiques).
• Deux nouvelles priorités apparaissent, en matière de
personnel, pour adapter la police au progrès scientifique et technique.
Il s'agit :
- de recruter des ingénieurs et techniciens de laboratoires pour
faire face, notamment, à l'augmentation des demandes judiciaires
d'expertises et aux besoins liés à la mise en place du fichier
des empreintes génétiques ;
- de développer une filière informatique et
électronique.
Accessoirement, le développement de la police de proximité
implique celui des moyens des services d'identité judiciaire de terrain
(personnels spécialisés du corps des techniciens et des aides
techniques de laboratoire de la police technique et scientifique).
Le projet de loi de finances pour 2000 a prévu, à ces fins, la
création nette de 100 emplois scientifiques (dont
6 ingénieurs et 10 techniciens en informatique et
électronique).
La mise en place d'un " institut national de police scientifique "
est à l'étude et la création d'une
spécialité " informatique et électronique " dans
les programmes des concours de la filière police technique et
scientifique a été décidée (la police n'emploie,
pour le moment, que des contractuels dans ce domaine).
Il est également envisagé d'instituer un " office central
pour la répression des infractions aux nouvelles technologies de
l'information.
Mais l'amélioration de l'efficacité de la police passe, non
seulement par une gestion plus efficiente des ressources humaines, mais aussi
par une modernisation des moyens de fonctionnement (laboratoires,
informatique...), de communication et d'investigation. Priorité est
donnée, de ce point de vue, au déploiement du réseau
numérique de communications cryptées ACROPOL (environ
400 millions de francs de dépenses par an) et à la mise en
place d'infrastructures européennes (système d'information
Schengen, système informatique EUROPOL).
Doivent être également poursuivis en 2000, la réalisation
du STIC (système de traitement des infractions constatées), la
numérisation et l'archivage électronique de la documentation
criminelle, la création du fichier des empreintes
génétiques et la généralisation de celui des
empreintes digitales...
Ces différentes orientations et la manière dont elles sont mises
en oeuvre ne prêtent guère à contestation. Elles
s'inscrivent, pour nombre d'entre elles (redéploiement vers les zones
sensibles, repyramidage des effectifs et suppression des tâches
indues...) dans la continuité des politiques précédentes,
et notamment des principes de la loi d'orientation et de programmation relative
à la sécurité du 21 janvier 1995.
Le concept de
police de proximité
complète la notion de
proximité
géographique
(faire coïncider la carte des
implantations de forces de police avec celle de la délinquance) par
celle de proximité
sociologique
89(
*
)
(la police doit être davantage à
l'image de la population) et
relationnelle
(les relations entre la
police et la population doivent s'améliorer).
La priorité donnée à la police de proximité passe
par la "
fidélisation
" (sédentarisation)
d'unités mobiles
90(
*
)
de la police
nationale (CRS) et s'articule avec le partenariat, entre tous les acteurs
concernés, recherché par les
contrats locaux de
sécurité
(CLS) et la politique de recrutement
d'adjoints
de sécurité
et
d'agents locaux de médiation
sociale
.
3. Le problème des adjoints de sécurité
Le
recrutement de 4.150 adjoints de sécurité
supplémentaires constitue l'une des principales mesures nouvelles du
budget de la police pour l'an 2000 (+ 107,6 millions de francs :
encore ne s'agit-il que de 20 % des dépenses correspondantes dont
80 % sont pris en charge par le ministère de l'emploi).
D'ici à la fin 2000, l'effectif réel total devrait atteindre le
chiffre de 20.000. L'ampleur de ces embauches dépasse celle de la
résorption, par suite de la professionnalisation des armées, des
policiers auxiliaires (dont 2.075 postes doivent être maintenus).
Cette politique (comme celle des " emplois-jeunes " en
général) peut être critiquée dans la mesure
où :
- les adjoints, qui ne sont pas autorisés à participer
à des missions, ni de police judiciaire, ni de maintien de l'ordre,
pourraient être considérés comme des " policiers au
rabais " ;
- la solution ainsi employée est susceptible
d'apparaître comme un expédient : les adjoints, qui ne sont
recrutés que pour cinq ans, n'ont pas tous vocation à être
intégrés dans la police nationale. Ils ne peuvent
véritablement prétendre remplacer les 24.400 policiers dont
le départ à la retraite est prévu d'ici à cinq ans.
En revanche, ils peuvent utilement :
- prendre la relève des policiers auxiliaires appelés du
contingent ;
- constituer un vivier pour le recrutement, par concours interne et dans
la limite de 40 % des postes offerts, des remplaçants des policiers de
la " génération Marcellin " ;
- contribuer à diminuer, sinon l'insécurité
réelle, du moins le sentiment d'insécurité en concourant
aux missions d'information, d'accueil, d'îlotage, de patrouille... ;
- permettre, par leur mode de recrutement, de donner de la police une
image plus proche de la population, du moins dans les quartiers sensibles ;
- faciliter enfin l'accès des jeunes concernés à un
emploi stable.
Deuxième partie : une gestion perfectible
A -
DES SUJETS DE PRÉOCCUPATION CONCERNANT LA POLICE
Le fait que les principales mesures de ce budget, relatives à la police,
puissent faire l'objet d'un consensus n'empêche pas l'existence de
certains sujets de préoccupation.
1. La nécessaire prise en compte de l'attente des élus, de la
population et des policiers
- la qualité des relations entre la police et les élus
(notamment en ce qui concerne l'information de ces derniers) mérite une
attention particulière et semble perfectible ;
- l'accueil du public dans les locaux de police peut et doit être
encore amélioré ;
- le développement de la délinquance des mineurs est
troublant et soulève des problèmes particuliers (attitude de la
justice, désarroi des policiers et des victimes devant l'impunité
dont les auteurs d'agression leur paraissent jouir...).
2. Les problèmes de gestion rencontrés
Alors qu'ils jouent un rôle déterminant dans la globalisation
budgétaire concernant la police, les
SGAP (Secrétariats
généraux pour l'administration de la police)
ne
jouissent pas d'une image très positive en terme d'efficacité.
Concernant les réseaux de la police :
- la limitation à 400 millions de francs de la consommation
des crédits correspondants freine le déploiement d'
ACROPOL
qui ne sera activé qu'en 2008 (d'où un étalement des
réponses qui, en fin de compte, pourrait avoir engendré des
coûts supplémentaires) ;
- l'état de
l'informatique de contrôle
sur les
aéroports
et, en ce qui concerne la brigade des
chemins de
fer
nécessite un renouvellement ;
- la mise en place du fichier des brigades spécialisées se
heurte à des problèmes techniques (sécurité de
l'architecture CHEOPS) ;
- la mise en place du système informatique d'Europol rencontre des
retards et engendre des surcoûts.
Le retour des
coopérations avec les pays du Maghreb
en
matière de sécurité intérieure, sont perfectibles.
L'
achat de véhicules
représente la " variable
d'ajustement " de ce budget. Le dernier rapport du contrôleur
financier du ministère (gestion 1998) notait une forte baisse des achats
de véhicules ayant pour contrepartie une progression des dépenses
d'entretien. Le PEC (programme d'emploi des crédits) de la police
nationale pour 1999 souligne, de son côté, que le montant
alloué pour ce dernier exercice n'a pas permis de rattraper
l'intégralité du vieillissement passé.
Il faut ainsi parfois savoir investir, donc dépenser plus dans un
premier temps, pour dépenser moins, ensuite, en fonctionnement.
Cela revient
in fine
à dépenser mieux.
Cette vérité se confirme dans l'
immobilier
.
• Le déficit structurel des
capacités de logement
des CRS
les oblige à recourir à des solutions
hôtelières ou à des formules locatives
onéreuses ; par ailleurs, l'état de vétusté
d'un grand nombre de bâtiments qui leur sont affectées est
préoccupant.
• Par ailleurs, la
politique de logement des policiers
,
suivie par le ministère (réservation de logements sociaux,
constitution d'un patrimoine, recours à des bailleurs privés) est
intelligente mais privilégie la région parisienne et n'a pas
empêché que 40 % des propositions de locations dans le
secteur privé soient restées sans suite en 1999.
• Le taux d'engagement, en 1998 et 1999, des AP du chapitre 57-40
(art. 13 " logements " et art. 60 " cités
administratives ") semble très faible. Globalement, les
crédits de paiement de la police nationale (dépenses en capital)
paraissent sous-consommés.
• La police judiciaire constate que la trop faible part des
dépenses d'équipement, par rapport aux dépenses de
fonctionnement, dans le total de ses dépenses, ne lui permet pas de
renouveler, comme il conviendrait, certains matériels.
• Concernant enfin les mesures relatives au personnel :
- malgré les nombreuses décisions favorables prises pour
1999 et 2000, le
régime indemnitaire
demeure, dans l'ensemble,
peu incitatif
(les primes représentent moins de 10 % des
rémunérations) ;
- les contraintes budgétaires n'ont pas permis de respecter les
dispositions de la LOPS (loi d'orientation et de programmation relative
à la sécurité) qui prévoyaient la création,
en 5 ans, de 5.000 emplois administratifs (il s'en faut de beaucoup !
1.130 créations d'emplois seulement ont été
réalisées).
B - LES REMARQUES RELATIVES AUX AUTRES AGGRÉGATS
1. L'administration générale
a) Des efforts de gestion et d'économie
L'administration centrale gère, outre son propre
personnel et
les dépenses de fonctionnement correspondantes :
- les pensions et allocations diverses versées à tous les
personnels du ministère et aux ouvriers d'Etat (c'est-à-dire une
masse de 13.967 millions de francs, en augmentation de 464 millions
de francs, soit + 3,4 % en 2000) ;
- les crédits de fonctionnement consacrés à l'action
sociale et à la formation, pour l'ensemble du personnel du
ministère (hors police) ;
- des services communs d'informatique et de télématique
(189,45 millions de francs).
Elle dispose de marges de manoeuvre et d'économie qu'elle utilise de son
mieux (diminution des effectifs des sous-préfets et desservants du culte
en Alsace-Lorraine, réduction des prix de certains équipements
informatiques, mise en concurrence des opérateurs de
télécommunications, renégociation de loyers et acquisition
d'un patrimoine immobilier...).
La globalisation des crédits et la déconcentration de leur
gestion est aussi un facteur de maîtrise de la dépense publique.
Des carences sont néanmoins constatées.
b) L'existence de certaines carences
•
S'agissant de
l'immobilier
- les mesures en faveur des personnels affectés en région
parisienne pèsent particulièrement lourd ;
- il n'existe pas encore de plan d'ensemble de localisation des
implantations du ministère ;
- les raisons de la relance, décidée par le
ministère, de sa politique de logement social, ne sont pas
expliquées ;
- on ne sait trop s'il faut déplorer les prix prohibitifs
acceptés auparavant par l'administration ou se réjouir de leur
normalisation tardive dans le cadre de la renégociation de certains
contrats de location (Tour Mercure, immeuble de Nanterre...) ;
• les règles
d'indemnisation des déplacements
des agents du ministère mériteraient d'être revues,
même si le recours aux prestations d'une agence de voyages a permis
certaines économies.
2. L'administration territoriale
La rénovation des préfectures (accueil du public, pilotage des
actions territoriales de l'administration) est considérée comme
un des piliers de la modernisation de l'Etat qui passe par la
déconcentration de ses actions.
Les revalorisations indemnitaires, les dépenses informatiques et
immobilières constituent des priorités (au détriment du
fonctionnement courant, de l'entretien immobilier...).
a)
Plus de 1,5 milliard de francs
,
ce qui est vraiment
énorme, sont regroupés au sein d'une seule ligne
budgétaire à l'appellation très vague, chap. 37-10
" dépenses diverses " de l'administration
préfectorale
, article 10 " fonctionnement et entretien ".
Il s'agit d'un chapitre " fourre-tout " qui permet de financer aussi
bien des dépenses informatiques (de 110 à 120 millions de
francs), d'entretien immobilier (320 millions de francs) ou à
caractère indemnitaire (33,5 millions de francs).
Par égard pour la mission de contrôle budgétaire du
Parlement, la nomenclature ne pourrait-elle pas être rendue un peu plus
précise ?
b)
Un audit du patrimoine immobilier préfectoral
paraît nécessaire (il est envisagé mais tarde à
être réalisé).
c) La fabrication et la gestion informatisée, ainsi que la
gratuité des
cartes d'identité
posent de nombreux
problèmes (allongement des délais de délivrance du fait
d'un afflux des demandes avant les départs en vacances, augmentation des
sollicitations, du fait de la gratuité ayant entraîné des
redéploiements de personnels, le recours à des vacataires ;
difficultés d'ordre financier et technique dans les territoires
d'outre-mer)
.
3. La sécurité civile
La fusion, en 1996, des fonctions de directeur de la sécurité
civile et de haut fonctionnaire de défense a abouti à ajouter la
défense civile aux missions traditionnelles de la direction de la
sécurité civile (prévention des risques, organisation des
secours, définition des règles applicables aux pompiers et
services d'incendie). Celle-ci s'appelle désormais direction
de la
défense
et de la sécurité civile et comprend, outre
les anciens services, une mission " défense et continuité de
la vie nationale ".
Depuis plusieurs exercices, la tendance est à privilégier le
maintien des capacités opérationnelles au détriment des
autres dépenses de fonctionnement.
En 2000, les priorités vont :
- à la professionnalisation des UIISC (unités d'instruction
et d'intervention de la sécurité civile) ;
- à la modernisation du déminage qui s'est trouvé
placé, de 1996 à 1998, dans une situation critique (augmentation
des stocks, installation de destruction vétustes et dangereuses...).
Les problèmes suivants doivent, en outre, être résolus :
a) Difficultés rencontrées
dans la négociation du
régime indemnitaire
et du
régime de travail
des
sapeurs-pompiers professionnels
.
b) Retards accumulés
dans la
prise des congés des
personnels
de la sécurité civile (augmentation du stock de
congés de récupération).
c) Problèmes concernant la
maintenance
et le
renouvellement
des moyens aériens
(sous dotation des chroniques des
dépenses de maintenance de l'article 44 du chapitre 57-50 ; retards
dans la livraison des nouveaux hélicoptères
3K 117 C2 ; contentieux pour la revente à Bombardier de
canadairs d'occasion CL 215 ; nécessité de
sous-traiter, faute d'effectifs suffisants, des opérations d'entretien
de la flotte actuelle d'hélicoptères...).
d) Concernant les risques technologiques et le nucléaire,
les
dispositifs d'alerte et d'information des populations " ne paraissent plus
adaptés " et font l'objet d'une réflexion gouvernementale.
e) Une réflexion interministérielle
est en cours
également pour améliorer les conditions de mise en place des
secours d'extrême urgence
.
C. CONSIDÉRATIONS COMMUNES
1. Le PEC " programme d'emploi des crédits "
La
globalisation des crédits et la déconcentration de leur gestion,
très poussée au ministère de l'intérieur, sont
sources d'efficience (notamment en rendant davantage responsables les
autorités concernées).
Mais cette médaille a son revers du point de vue du contrôle
parlementaire.
En effet, la fixation du montant précis des enveloppes
globalisées, puis déconcentrées, donne lieu à
d'assez longues négociations (" dialogues de gestion ").
La ventilation exacte des crédits n'est ainsi connue qu'après la
publication du " bleu " du ministère de l'intérieur.
Le Parlement vote donc un budget théorique qui ne correspond pas au
" programme d'emploi des crédits " (PEC), c'est-à-dire
à ce qui sera réellement dépensé.
2. La remise en cause des services votés
Sans que l'on sache si cela correspond exactement à la différence entre PEC et budget adopté, on constate des écarts parfois importants entre les dotations inscrites en loi de finances initiale et les services votés, notamment aux chapitres suivants :
a) Mesures acquises
- Rémunérations d'activité
+ 385,4 MF
- Pensions et allocations + 462,4 MF
- Matériel et fonctionnement - 101,4 MF
- Dépenses diverses des préfectures et
sous-préfectures - 125,9 MF
b) Mouvements de crédits de paiement
|
Dotation 99 |
Services votés |
- Equipement immobilier
|
620
|
600
|
Police nationale |
417 |
407 |
Sécurité civile |
9 |
19 |
Logement social |
5 |
19 |
- Informatique, télématique et transmissions |
403 |
385 |
A certains chapitres, existent des reliquats d'AP et CP, au titre des années antérieures, très importants (équipement immobilier, matériel et informatique, p. 82 et 83 du bleu) qui semblent témoigner de problèmes de consommation de crédits.
DÉCENTRALISATION
Rapporteur
spécial : M. Michel MERCIER
La
commission des finances doit se prononcer sur l'évolution des
crédits consacrés à la décentralisation contenus
dans le fascicule budgétaire " Intérieur et
décentralisation " (agrégat 05). Toutefois,
traditionnellement, le rapporteur spécial se livre à une
présentation de l'effort financier total de l'Etat en faveur des
collectivités locales.
Cette présentation est nécessaire car les crédits du bleu
ne constituent que 10 % environ de l'effort total de l'Etat en faveur des
collectivités locales, dont le montant pour 2000 s'élève
à 291 milliards de francs. L'effort de l'Etat est réparti en
quatre grandes masses d'inégale importance :
- les dotations comprises dans le périmètre de l'
"
enveloppe normée
" des concours financiers de l'Etat
aux collectivités locales ;
- les
compensations d'exonérations et de dégrèvements
législatifs
, dont le montant progresse fortement depuis
l'année dernière en raison de la réforme de la taxe
professionnelle et de la baisse des droits de mutation ;
- les
concours des différents ministères
et des comptes
spéciaux du trésor ;
-
deux dotations restées en dehors de l'enveloppe
normée
: le FCTVA et les amendes de police.
I. LES CRÉDITS DE LA DÉCENTRALISATION DANS LE BUDGET DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
Les crédits de l'agrégat 05 " Collectivités locales " s'établissent à 31 milliards de francs dans le projet de loi finances pour 2000, soit 36,4 % de l'ensemble des crédits du ministère de l'intérieur. En 1999, cette proportion s'élevait à 39,5 % dans le projet de loi de finances. Ces crédits sont répartis de la manière suivante :
La
dotation inscrite dans le projet de loi de finances pour 2000 est
inférieure de 11,5 % à celle du projet de loi de finances pour
1999 et de 12,2% à la loi de finances initiale pour 1999
91(
*
)
.
Cette diminution s'explique principalement par les mouvements affectant la
dotation générale de décentralisation (DGD) des
départements.
L'évolution des crédits des collectivités locales de PLF à PLF
A. LA DIMINUTION DES CRÉDITS DES COLLECTIVITÉS LOCALES S'EXPLIQUE PAR LES MOUVEMENTS AU SEIN DE LA DGD
Le
montant des crédits du ministère de l'intérieur
consacrés aux collectivités locales baisse de 3,4 milliards de
francs entre 1999 et 2000. Cette évolution s'explique principalement par
la
réduction de 4,1 milliards de francs du montant de la dotation
générale de décentralisation (DGD)
.
Si la DGD est une dotation dont le montant est censé évoluer au
même rythme que la DGF, elle est affectée en 2000 par
d'importantes
modifications de périmètre
, qui concernent
plus particulièrement la DGD des
départements
.
La DGD des départements connaît deux mouvements significatifs :
une réduction de 9,1 milliards de francs, conformément aux
dispositions de la loi portant création de la
couverture maladie
universelle
qui " nationalise " les dépenses d'aide
médicale des départements ;
Une majoration de 4,6 milliards de francs correspondant à la
compensation de la nouvelle baisse des droits de mutation à titre
onéreux (
DMTO
) perçus par les départements.
La compensation versée aux départements est
intégrée à la DGD car les DMTO leur ont été
transférés dans le cadre des lois de décentralisation, qui
ont codifié à l'article L. 1614-5 du code général
des collectivités territoriales les modalités de la compensation
en cas de baisse du produit perçu.
La compensation versée aux régions fait en revanche l'objet d'un
chapitre spécifique.
B. L'ÉVOLUTION MÉCANIQUE DES CRÉDITS DE LA DÉCENTRALISATION
Le
montant des autres chapitres du budget du ministère de
l'intérieur connaît des évolutions sans surprise :
Les crédits de la dotation globale d'équipement
(DGE)
92(
*
)
progressent au même rythme
que la formation brute de capital fixe (FBCF) de l'Etat, soit 3,6%, pour
s'établir à 5,4 milliards de francs.
L'évolution des crédits de la DGE depuis 1996
A la
suite de la réforme de la DGE des communes en 1996, qui a abouti
à la suppression de la première part de cette dotation, la
dotation du chapitre 65-52 "
dotation globale d'équipement des
communes
" a été revue à la baisse pour tenir
compte de la réduction du champ de la DGE. Ainsi, de 3,6 milliards de
francs en 1995, son montant est passé à 3,1 milliards de francs
en 1996, puis à 2,4 milliards de francs en 1997. Depuis 1997, le montant
de la DGE des communes est indexé sur l'évolution de la formation
brute de capital fixe de l'Etat.
Depuis la réforme, la consommation des crédits de la DGE des
communes a fortement diminué entre 1995 et 1998, comme le montre la Cour
des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
1998 :
Dépenses nettes de la DGE des communes
(en milliards de francs)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
98/97 |
98/94 |
3,10 |
2,13 |
1,70 |
1,98 |
16,0 % |
-36,2 % |
Source : Cour des comptes
Le
mouvement de reprise constaté entre 1997 et 1998 reste d'une ampleur
modérée puisque le montant des crédits consommés en
1998 a été inférieur à celui de la dotation en loi
de finances initiale, contribuant ainsi à accroître le stock
important de crédits reportés.
Si le rythme de consommation des crédits de 1999 constaté au
1
er
août ne s'améliore pas, le même
phénomène se reproduira et
le stock de crédits
reporté pourrait tendre vers 4 milliards de francs.
La DGE : montant et consommation des crédits
|
LFI 98 |
Reports disponibles |
Conso 98 |
LFI 99 |
Reports disponibles |
Conso au 1/08/99 |
PLF 2000 |
DGE Communes |
2,46 |
2,95 |
2,01 |
2,55 |
3,44 |
1,52 |
2,64 |
DGE Départements |
2,59 |
0,86 |
3,03 |
2,67 |
0,75 |
2,73 |
2,76 |
L'évolution des dépenses de la DGE des
communes
contraste avec celle de la DGE des départements
, dont le taux de
consommation ne cesse de progresser. Ainsi, en 1998, la consommation a
été supérieure à la dotation en loi de finances
initiale, contribuant ainsi à résorber le stock de reports.
La compensation versée aux régions
en contrepartie de la
suppression en 1999 de la taxe additionnelle régionale sur les DMTO
s'élèvera à 5,133 milliards de francs en 2000, soit une
progression de 1,4 %. Ce taux d'évolution est supérieur au taux
prévu par la loi de finances pour 1999, qui dispose que la compensation
est indexée sur l'évolution de la DGF, soit 0,821 %. Par
conséquent, le montant de la compensation aux régions aurait du
s'établir à 5,101 milliards de francs. La différence de 32
millions de francs s'explique par le fait que le montant inscrit dans la loi de
finances pour 1999 s'est avéré légèrement
inférieur à celui résultant de l'évolution
réelle des bases.
Les subventions poursuivent leur mouvement de baisse
. Dans son rapport
sur l'exécution des lois de finances pour 1998, la Cour des comptes
relève que "
les concours financiers de l'Etat inscrits au
budget du ministère de l'intérieur qui n'ont pas
été inclus dans l'enveloppe normée du pacte de
stabilité ont diminué au cours des dernières
années
".
Ces concours sont répartis au sein de trois chapitres :
- les
subventions de caractère obligatoire
(41-51) dont le
montant s'établit à 236 millions de francs, en baisse de 28%.
Cette baisse est due à la réduction des crédits
consacrés à la compensation de deux exonérations de taxes
foncières. La première concerne les exonérations de taxe
foncière pour les propriétés bâties pour les
constructions neuves, dont le montant passe de 295 à 200 millions de
francs (pour une consommation de 286 en 1998 et une consommation
prévisionnelle de 125 en 1999). Cette baisse résulte du
ralentissement du rythme de construction des immeubles. La seconde
exonération bénéficie aux terrains ensemencés,
plantés ou replantés en bois en 1988 et 1989. Sa dotation est
stable en 2000, à 25 millions de francs.
L'imputation de la compensation de ces exonérations sur les
crédits du ministère de l'intérieur est une
curiosité
historique, les compensations étant pour la
plupart regroupées au sein d'un prélèvement sur les
recettes de l'Etat.
- les
subventions de caractère facultatif
(41-52) passent de 6
à 5 millions de francs (contre 9,3 en 1998). L'évolution des
crédits de ce chapitre est liée à l'ouverture en gestion
de crédits destinés à des communes en difficulté.
- les
subventions pour divers travaux d'intérêt local
(67-51). Traditionnellement abondé au cours de la discussion
parlementaire, ce chapitre profite pleinement des fruits de la croissance
puisque sa dotation a progressé de 12,8 % entre 1998 et 1999.
Les dotations régionale et départementale d'équipement
scolaire et des collèges
progressent comme la FBCF de l'Etat, soit
3,6 %. Leur montant pour 2000 s'établit à 5,18 milliards de
francs.
II. LA DEUXIEME ANNÉE DU CONTRAT DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ
L'article 57 de la loi de finances pour 1999 a
déterminé les règles de fonctionnement du " contrat
de croissance et de solidarité " qui succède au pacte de
stabilité et régit les relations financières entre l'Etat
et les collectivités locales en 1999, 2000 et 2001.
Le contrat de croissance repose sur trois principes :
-
les principales dotations de l'Etat aux collectivités locales sont
regroupées au sein d'une enveloppe dite " normée ".
Le montant de cette enveloppe évolue en fonction d'un indice
composé des prix de l'année à venir et d'une fraction du
taux de croissance du PIB de l'année en cours ;
- à l'intérieur de l'enveloppe,
les dotations évoluent
en fonction de leur propre mode d'indexation
, qui n'est pas le même
que celui de l'enveloppe ;
- en conséquence, si les dotations augmentent plus vite que l'enveloppe,
il faut qu'une dotation soit " sacrifiée " et devienne la
variable d'ajustement
. Depuis 1996, la dotation de compensation de la
taxe professionnelle (DCTP) joue ce rôle.
A. L'ÉVOLUTION DES DOTATIONS QUI COMPOSENT L'ENVELOPPE NORMÉE
Les dotations qui composent l'enveloppe normée sont indexée soit sur " le taux d'évolution de la DGF ", soit sur les recettes fiscales nettes de l'Etat, soit sur la formation brute de capital fixe de l'Etat.
1. La DGF en 2000
La
détermination du montant de la dotation globale de fonctionnement (DGF)
en 2000 est importante non seulement parce que cette dotation représente
environ les deux tiers du montant total de l'enveloppe normée, mais
également parce que de nombreuses dotations évoluent
"
comme la DGF
". C'est le cas de certaines dotations qui
composent l'enveloppe normée mais également, de plus en plus, des
compensations de pertes de recettes fiscales (notamment les compensations de la
réforme de la taxe professionnelle et de la baisse des droits de
mutation).
Il convient de préciser d'emblée qu'il existe
trois taux de
progression de la DGF
par rapport à l'année
précédente :
- le taux qui résulte des règles mécaniques d'indexation
de la DGF prévues par le code général des
collectivités territoriales (article L. 1613-1) ;
- le taux de progression par rapport à l'année
précédente en tenant compte de la régularisation au titre
de l'année n-2 (article L. 1613-2) ;
- le taux obtenu en prenant en compte les différents abondements
" hors enveloppe normée " dont peut bénéficier
la DGF.
Le taux retenu pour déterminer le montant de la DGF inscrit dans
l'enveloppe normée est le taux résultant de l'application des
règles du code général des collectivités
territoriales, qui prévoit que la DGF évolue en fonction d'un
indice composé de l'évolution des prix pour l'année
à venir et de 50% du taux de croissance du PIB pour l'année en
cours.
L' " indice de la DGF " en 2000 s'établit donc
à :
0,9 (prix 2000) + 1,15 (50 % du PIB 1999) = + 2,05 %
Pour
obtenir le montant de la DGF dans l'enveloppe normée de 2000, ce taux
n'est pas appliqué au montant de la DGF retenu pour calculer le montant
de l'enveloppe normée de 1999, mais au montant de la DGF 1999
" recalé ", c'est à dire recalculé en fonction
des derniers indicateurs économiques connus.
Car, puisque la DGF de 1999 avait été calculée en fonction
d'une hypothèse de prix 99 de 1,2 % et de PIB 98 de 3,2 % et que, en
réalité, les prix 99 ne progresseront que de 0,5 % et que la
croissance du PIB 98 a été de 3,2 %, le taux d'évolution a
appliquer à la DGF de 1998 n'est pas de 2,75 % (1,2 + 1,55) mais de 2,1
(0,5 + 1,6).
En raison du
recalage
, le montant de la DGF 1999 auquel est
appliqué l'indice de la DGF pour 2000 n'est pas de 109,545 milliards de
francs mais de 108,638 milliards de francs
93(
*
)
.
Par conséquent, le montant de la DGF inscrit dans l'enveloppe
normée s'élève à :
108,638 x 2,05 % = 110,865 milliards de francs
Ce
montant est celui qui est retenu en tant que montant de la DGF figurant dans
l'enveloppe normée au titre de 2000. Pourtant, il n'est ni le montant
définitif de la DGF pour 2000, ni celui qui détermine le taux
d'évolution de la DGF entre 1999 et 2000 qui permettra d'indexer les
dotations qui évoluent comme la DGF. Pour cela, il faut déduire
du montant de la DGF de 2000 le " trop perçu " par les
collectivités locales en 1998. C'est le jeu de la
régularisation négative
.
Au cours de sa séance du 8 juillet 1999, le comité des finances
locales a constaté que la DGF versée aux collectivités
locales en 1998 a été supérieure de 679,7 millions de
francs au montant résultant de l'application à la DGF de 1997 des
indices économiques définitifs. En application de l'article L.
1613-2 du code général des collectivités territoriales, il
convient de déduire ce " trop perçu " du montant de la
DGF pour 2000. Par conséquent, le montant de celle-ci s'établit
à :
110
865,65 - 679,731 = 110 185,919 millions de francs
soit une progression de 0,821 % par rapport à la LFI 1999
révisée
Ce taux
est celui que retient le gouvernement pour indexer les dotations qui doivent
évoluer " comme la DGF ". Toutefois, le montant du
prélèvement sur recettes
qui alimente la DGF en 2000 ne
sera pas le montant obtenu en application du taux de 0,821 %. En effet, il faut
ajouter aux 110,186 milliards de francs le montant des abondements
" hors enveloppe " de la DGF.
En 2000, il y aura trois abondements extérieurs : l'un en faveur de la
DSU
(500 millions de francs, comme l'année dernière),
l'autre en faveur de
l'intercommunalité
(en application de la loi
du 12 juillet 1999 sur le renforcement et la simplification de la
coopération intercommunale) et un troisième destiné
à prendre en compte les résultats du
recensement
dans la
DGF. Fixé à 200 millions de francs dans le projet de loi de
finances pour 2000, son montant est susceptible d'être modifié au
cours de la discussion parlementaire à la suite des annonces du Premier
ministre, qui a évoqué une fourchette allant de 200 à 700
millions de francs.
Par conséquent, le montant du prélèvement sur les recettes
de l'Etat au profit de la DGF dans le projet de loi de finances pour 2000
s'établit à :
110,186 + 1,200 = 111,386 milliards de francs
soit une progression de 2,3 % par rapport à la LFI 1999
révisée
94(
*
)
2. Les dotations indexées sur la DGF
Le
gouvernement a décidé que lorsqu'une dotation était
censée évoluer " comme la DGF ", cela signifiait
qu'elle était indexée non pas sur l'indice de la DGF tel que
défini par le code général des collectivités
territoriales, ni sur l'évolution du montant du
prélèvement sur recettes au profit de la DGF figurant à
l'état A du projet de loi de finances, mais sur le taux
d'évolution du montant de la DGF
après
régularisation négative, mais
avant
prise en compte des
abondements " hors enveloppe ".
Par conséquent, en 2000, la dotation générale de
décentralisation (
DGD
), la
DGD-Corse
, la
DGD-formation
professionnelle
, la
dotation spéciale instituteur
et la
dotation élu local
se verront appliquer non pas l'indice de la
DGF (2,05 %), ni le taux de progression total de la DGF (2,3 %), mais un
taux de progression de
0,821 %
, donc inférieur au taux
d'inflation retenu pour l'élaboration du projet de loi de finances pour
2000.
3. Les dotations indexées sur les recettes fiscales nettes de l'Etat
Les
contributions de l'Etat au fonds national de péréquation de la
taxe professionnelle (
FNPTP
) et au fonds national de
péréquation (
FNP
) sont indexées sur
l'évolution des recettes fiscales nettes de l'Etat. Pour obtenir ce taux
d'évolution, le secrétaire d'Etat chargé du budget a
indiqué, lors de la séance du comité des finances locales
tenue le 14 septembre 1999, qu'il fallait déduire des recettes fiscales
brutes de l'Etat les "
remboursements et
dégrèvements,
[les]
réductions d'impôt,
[les]
prélèvements sur recettes et
[les]
transferts
sociaux
".
Le taux ainsi obtenu est négatif en 2000 et s'établit à
-0,316 %
.
L'évolution négative des concours de l'Etat aux deux fonds ne
signifie pas pour autant que leurs moyens seront réduits en 2000
. En
effet, les deux dotations de l'Etat au FNPTP (1,642 milliards de francs en
2000) ne constituaient que le tiers des ressources du fonds en 1999, le solde
étant pris en charge par le produit de la
cotisation de
péréquation
acquittée par les entreprises et le
versement par l'Etat d'une partie du produit de la
fiscalité locale
de France Télécom et de la Poste
.
En 2000, le montant du versement en provenance de la fiscalité locale
des deux établissements devrait s'établir à 2 milliards de
francs, en hausse de près de 20 %.
Les ressources du FNP sont quant à elles constituées d'une
dotation de l'Etat, qui va baisser de 0,36 % pour s'établir
à 675 millions de francs, d'une majoration de 150 millions de francs et
du solde du FNPTP.
L'évolution du montant des crédits des deux fonds
dépendra donc de la fraction du produit de la cotisation de
péréquation que l'Etat décidera d'affecter au FNPTP
.
En effet, l'Etat ne consacre pas au FNPTP l'intégralité du
produit de la cotisation. Entre 1995 et 1998, seulement 60 % environ
bénéficiaient à la péréquation. Ce taux
s'est sans doute dégradé depuis 1999 puisque, si la loi de
finances pour 1999 a augmenté les taux de la cotisation de
péréquation, elle a également prévu explicitement
que le produit de la majoration serait reversé au budget de l'Etat.
Répartition du produit de la cotisation de péréquation entre le budget de l'Etat et le FNPTP
Cotisation de péréquation |
Produit 1996 |
Produit 1997 |
Produit 1998 |
Produit 1999 |
Produit affecté au FNPTP (réparti en n+1) |
61,1 % |
60,7 % |
61,3 % |
nc |
Produit affecté au budget de l'Etat (à l'année n) |
38,9 % |
39,3 % |
38,7 % |
nc |
4. Les dotations indexées sur la formation brute de capital fixe (FBCF) de l'Etat
Le taux de progression de la FBCF de l'Etat a été fixé à 3,6 % pour 2000. La DGE des communes et des départements, la dotation régionale d'équipement scolaire et la dotation départementale d'équipement des collèges évolueront en fonction de ce taux.
B. L'ÉVOLUTION DE L'ENVELOPPE NORMÉE
1. L'application des mécanismes de l'enveloppe normée
L'ensemble des dotations dont l'évolution a
été
présentée ci-dessus fait partie du périmètre de
l'enveloppe normée, dont les modalités d'évolution ont
été définies par la loi de finances pour 1999.
L'article 57 prévoit que le montant de l'enveloppe normée
évolue en fonction d'un indice correspondant à la
somme du
taux de croissance prévisionnel des prix pour l'année à
venir et d'une fraction du taux de croissance du PIB de l'année en
cours
. Cette fraction était de 20 % en 1999, sera de 33 % en 2001,
et s'établit à
25 %
dans le projet de loi de finances pour
2000.
Le taux de progression de l'enveloppe normée dans le projet de loi de
finances pour 2000 s'établit donc à :
0,9 (prix 2000) + 0,575 (25 % PIB 99) = 1,475
En appliquant ce taux au montant total des crédits de l'enveloppe normée de 1999, on obtient le montant de l'enveloppe en 2000, soit :
164,531 x 1,475 = 166,957 milliards de francs
Le montant total des dotations comprises dans l'enveloppe (hors majorations exceptionnelles et changements de périmètre) ne devra donc pas dépasser 166,957 milliards de francs . Etant donné que le montant total des dotations présentées ci-dessus s'établit à 155,102 milliards de francs, le montant de la dotation qui joue le rôle de variable d'ajustement, la DCTP, s'élève à 11,855 milliards de francs.
2. Les ajustements apportés à l'enveloppe normée
Le
montant des dotations composant l'enveloppe normée peut être
majoré par le biais d'
abondements exceptionnels
. Dans le projet
de loi de finances, ces abondements concernent la DGF, à hauteur de 1,2
milliards de francs (pour la DSU, l'intercommunalité et le recensement).
Mais le montant des dotations peut également être modifié
en raison de
changements dans le périmètre des dotations
.
Ainsi, le montant de la dotation spéciale instituteurs est réduit
de 269 millions de francs en raison de l'incorporation progressive de ces
derniers dans le corps de professeurs des écoles.
De même, le montant de la DGD est réduit de 9,1 milliards de
francs du fait de la " nationalisation " de l'aide médicale
des départements.
Après la prise en compte de ces différents mouvements, et
principalement de la forte amputation des crédits de la DGD, il
apparaît que
le montant total des crédits consacrés en
2000 aux dotations composant l'enveloppe normée s'établira
à 160,572 milliards de francs
.
C. LA DOTATION SACRIFIÉE : LA DCTP
La dotation de compensation de la taxe professionnelle joue le rôle de variable d'ajustement. Par conséquent, son montant diminue d'année en année. En 2000, il s'établira à 11,8 milliards de francs, en baisse de 3,44 %.
1. L'ampleur de baisses de DCTP conduit à en exonérer certaines collectivités
En 1999,
la DCTP avait enregistré une baisse de 12 %. L'ampleur de cette
réduction, et ses conséquences pour les budgets locaux, avaient
conduit le gouvernement à prévoir un dispositif de
modulation
de la baisse de DCTP enregistrée par les collectivités les moins
favorisées
. Ce dispositif comportait deux volets :
- d'une part, le contrat de croissance prévoit que, pendant ses trois
années d'application, les communes éligibles à la DSU et
à la DSR, les départements éligibles à la dotation
de fonctionnement minimale et les régions éligibles au fonds de
correction des déséquilibres régionaux ne supportaient que
la moitié
des baisses de DCTP par rapport à l'année
précédente.
Il n'avait pas été possible d'exonérer totalement ces
collectivités dans le contrat car, la DCTP étant une enveloppe
fermée, une exonération totale aurait conduit à une baisse
trop forte des dotations des collectivités " non
modulées ". Pour elles, la réduction de DCTP s'est tout de
même élevée à près de 25 %.
- d'autre part, afin
d'exonérer totalement les communes DSU et
DSR
, une deuxième part à la seconde fraction du FNPTP a
été créée. Votre rapporteur spécial avait
déposé un amendement incluant dans le dispositif les groupements
comportant au moins une commune éligible à la DSU et ou la DSR.
Toutefois, cette compensation, versée en 1999, 2000 et 2001, ne porte
que sur la baisse enregistrée en 1999.
Par conséquent,
en 2000, les communes DSU et DSR supporteront la
moitié de la réduction du montant de la DCTP de 3,44 % entre 1999
et 2000.
Les collectivités qui ne sont pas éligibles à
une dotation de solidarité supporteront quant à elles une baisse
de DCTP d'environ 4 à 5 %.
2. L'alternative proposée par le Sénat en 1999
Le
montant de la DCTP est directement lié au taux d'indexation de
l'enveloppe normée, en particulier au niveau de la fraction du taux de
croissance du PIB pris en compte dans son calcul.
Afin de limiter les conséquences pour les budgets locaux d'une trop
forte diminution de la DCTP, dotation qui est censée compenser, faut-il
le rappeler, des exonérations de taxe professionnelle (et qui devrait
donc évoluer comme les bases de taxe professionnelle),
le
Sénat avait, à l'initiative de votre commission des finances,
adopté un amendement portant à 50 % en 2000 et en 2001 la
fraction du taux de croissance du PIB retenue pour l'indexation de l'enveloppe
normée.
Si le gouvernement avait suivi le Sénat, le montant de l'enveloppe
normée en 2000 s'établirait à :
164,531 x (0,9 + 1,15) = 167,904 milliards de francs
En conséquence, le montant de la DCTP se serait élevé à :
167,904 - 155,102 = 12,802 milliards de francs 95( * ) .
Ainsi, en alignant l'indice d'évolution de l'enveloppe normée sur celui de la DGF, le montant de la DCTP aurait pu être stabilisé, voire croître légèrement.
III. LES CONCOURS DE L'ETAT EXTÉRIEURS A L'ENVELOPPE NORMÉE
Les débats relatifs aux concours de l'Etat portent principalement sur l'évolution de l'enveloppe normée et des dotations qui la composent. Toutefois, 45 % de l'effort financier en faveur des collectivités locales reste en dehors de l'enveloppe.
A. LES COMPENSATIONS D'EXONÉRATIONS ET DE DÉGRÈVEMENTS LÉGISLATIFS
Après la DGF et ses 111 milliards de francs, le
deuxième poste de dépense de l'Etat en faveur des
collectivités locales est la prise en charge des allégements
de fiscalité locale qu'il décide.
La dépense fiscale consacrée aux impôts directs locaux
s'élève en effet à 94,36 milliards de francs
dans le
projet de loi de finances pour 2000
96(
*
)
.
Cette dépense se partage entre les
dégrèvements
,
inscrits au budget des charges communes (
49,4 milliards de francs
en
2000), et les
compensations
. Ces dernières sont réparties
au sein de trois prélèvements sur les recettes fiscales de
l'Etat :
- un prélèvement " fourre-tout " (
12,2 milliards de
francs
) ;
- un prélèvement spécifique pour la compensation de la
suppression de la part salaires de la taxe professionnelle (
22,6 milliards
de francs
) ;
- le prélèvement au titre de la DCTP (
11,9 milliards de
francs
) qui inclut la REI (50 millions de francs).
Certaines exonérations de taxes foncières (225 millions de
francs) et les compensations des baisses de droits de mutation
décidées depuis 1999 (
9,7 milliards de francs
dont
4,6 consacrés à la nouvelle baisse des droits perçus par
les départements
97(
*
)
) figurent au budget
du ministère de l'intérieur.
Au sein de ces exonérations et dégrèvements, c'est la
prise en charge des
allégements de taxe professionnelle
qui
pèse le plus lourd sur le budget de l'Etat :
- le coût du
plafonnement
des cotisations des entreprises en
fonction de leur valeur ajoutée est estimé à
39
milliards
de francs en 2000 ;
- la montée en charge de la
suppression de l'assiette salaire
conduit à une augmentation quasiment symétrique du coût de
la compensation, qui passe de 13,1 milliards de francs en 1999 à
22,6 milliards
en 2000.
Aujourd'hui, l'Etat renforce sa position de premier contribuable local. Il
acquitte environ 30 % du produit des quatres taxes directes locales, cette
proportion s'établissant à près de 40 % s'agissant de la
taxe professionnelle.
B. LES DOTATIONS " HORS CONTRAT "
Les
crédits du fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée
(
FCTVA
) et le reversement aux collectivités du produit des
amendes de police
relatives à la circulation routière
n'ont pas été inclus dans le périmètre de
l'enveloppe normée. En effet, il paraît logique de ne pas indexer
forfaitairement leur montant qui dépend, pour les premiers du montant
des investissements réalisés par les collectivités et,
pour les seconds, du nombre de contraventions dressé.
En 2000, le montant des crédits consacrés au FCTVA
s'établira à 21,8 milliards de francs, en progression de 6,3 %.
Cette augmentation s'explique par la reprise de l'investissement local depuis
1997.
Le produit des amende de police est stable et s'élève à un
peu plus de 2 milliards de francs.
C. LES CRÉDITS DES AUTRES MINISTÈRES
L'effort
financier de l'Etat aux collectivités locales inclut les crédits
consacrés aux collectivités figurant aux budgets de l'ensemble
des ministères.
Selon le " bleu " consacré aux crédits du
ministère de l'intérieur, les subventions de fonctionnement
s'élèveront à 7,4 milliards de francs en 2000 (+ 5,6 %),
dont 1,2 milliard au budget de la culture et 3,2 au budget du ministère
des transports.
Les subventions d'investissement s'élèveront à 3,7
milliards de francs (-2,9 %), dont 916 millions de francs au budget de la
culture et 904 au budget du ministère des transports. Ces montants sont
donnés en " autorisations de programme ". Ils sont donc
vraisemblablement supérieurs au montant de la dépense
autorisée en 2000 (les crédits de paiement).
Le recensement des contributions des différents ministères auquel
procède le ministère de l'intérieur se heurte aux
mêmes difficultés d'exploitation par le Parlement que les jaunes
budgétaires : en l'absence d'indication sur les modalités
d'élaboration de ces chiffres, il est difficile de savoir si les
montants annoncés par les ministères correspondent vraiment
à des dépenses en faveur des collectivités
locales.
IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
Comparée à la loi de finances pour 1999 (qui a, notamment, mis en place le contrat de croissance et de solidarité, réformé la taxe professionnelle et entamé la processus de baisse des droits de mutation), la loi de finances pour 2000 ne comporte pas de mesure " phare " en matière de finances locales, mis à part la contrepartie financière du projet de loi relatif à la prise en compte des résultats du recensement général de 1999 pour la répartition des dotations de l'Etat aux collectivités locales , présenté en conseil des ministres le 22 septembre dernier et déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale.
A. LES CONSÉQUENCES DU RECENSEMENT METTENT EN ÉVIDENCE LES LIMITES DE LA DGF
1. Les effets d'une prise en compte du recensement selon les règles actuelles
Le nombre d'habitants est un critère déterminant pour la répartition des dotations qui composent la DGF, et notamment pour la principale d'entre elles, la dotation forfaitaire 98( * ) .
Depuis
la réforme de la DGF en 1993, le montant de la dotation forfaitaire
perçu chaque année par les collectivités évolue en
fonction d'une fraction du taux de progression de la DGF totale. Il est
cependant revalorisé en cas d'augmentation de la population de cette
collectivité, dans le cadre d'un recensement général ou
d'un recensement complémentaire, selon des modalités
prévues à l'article L. 2334-9 du code général des
collectivités territoriales.
Cet article dispose que "
en cas d'augmentation de la population d'une
commune constatée à l'occasion d'un recensement
général ou complémentaire, la dotation forfaitaire
revenant à cette commune est calculée en appliquant au montant
antérieurement perçu un taux d'augmentation égal à
50 p. 100 du taux de croissance de la population telle qu'elle a
été constatée
". En cas de baisse de la
population, le montant de la dotation forfaitaire perçue par la commune
n'est pas modifié.
L'application du droit existant
à la prise en compte dans la DGF
des 2 millions d'habitants supplémentaires issus du recensement
général
conduirait à une progression "
sans
précédent
"
, selon l'expression du ministère
de l'intérieur,
du volume de la dotation forfaitaire
: 1,545
milliard de francs.
Comme la DGF est une enveloppe fermée, cet accroissement serait
compensé à due concurrence par une réduction de la
dotation d'aménagement de la DGF, qui comprend les dotations de
solidarité (DSU et DSR) et la dotation d'intercommunalité.
Compte tenu de l'augmentation limitée de la DGF entre 1999 et 2000,
l'application du droit actuel se traduirait par une baisse de 23 % du
montant de la DSU et de 28 % du montant de la DSR
.
2. Les orientations définies par le Premier ministre
Après avoir consulté le comité des
finances
locales, le Premier ministre a demandé aux ministres de
l'intérieur et de l'économie d'élaborer un dispositif dans
lequel "
les communes subissant des pertes de population ne connaissent
pas de baisse de leur dotation forfaitaire
" et les
"
dotations de solidarité que sont la DSU (...) et la DSR
continuent à jouer leur rôle péréquateur
".
Dans ce but, il a suggéré de "
lisser sur trois ans
l'effet des hausses de population
".
Le projet de loi présenté par le ministre de l'intérieur
reprend ces orientations et propose :
- le
lissage
sur trois ans de la prise en compte des hausses de
population, qui permet de ramener la progression de la dotation forfaitaire
à 481 millions de francs ;
- le
gel
pendant trois ans du montant de la dotation forfaitaire des
communes dont la population a baissé, qui limiterait à 354
millions de francs l'augmentation de la dotation forfaitaire ;
Néanmoins, une augmentation de la dotation forfaitaire limitée
à 354 millions de francs se traduirait quand même par une
baisse de 3,3 % de la DSU et de 3,9 % de la DSR. Par conséquent,
l'article 34 du PLF pour 2000 prévoit un abondement de la DGF de 200
millions de francs, qui permet de stabiliser le montant de la DSU et de la DSR
entre 1999 et 2000
.
Conscient qu'une simple stabilisation en volume du montant des deux dotations
de solidarité ne serait pas compatible avec les annonces du gouvernement
en matière de politique de la ville, le Premier ministre a
annoncé par la suite que le montant de l'abondement serait compris entre
200 et 700 millions de francs
.
3. Le projet de loi conduit à s'interroger sur le mode de calcul de la DGF
Le
système des enveloppes fermées est un bon instrument de
régulation du niveau de la dépense publique. Ainsi, au sein de la
DGF, l'augmentation du montant d'une dotation est compensé par la
réduction des crédits disponibles pour les autres dotations. De
même, en acceptant le principe de l'enveloppe normée, les
collectivités contribuent, notamment par les baisses de DCTP qu'elles
supportent (trop importantes d'ailleurs aux regard des charges qui leur sont
transférées), à éviter une trop forte croissance
des dépenses de l'Etat.
Compte tenu du caractère contraignant de ces mécanismes, l'heure
est peut-être venue de s'interroger sur la
légitimité du
maintien de règles édictées avant la mise en place de
l'enveloppe normée et qui pénalisent les collectivités
locales : le recalage de la base de la DGF et la régularisation
négative
.
En 2000, l'application des règles de recalage " coûte "
906 millions de francs aux collectivités locales, tandis que la
régularisation négative conduit à minorer de 679 millions
de francs le montant de la DGF, soit un manque à gagner de 906 + 679 =
1,581 milliard de francs.
Par conséquent, en l'absence de recalage et de régularisation
négative, la DGF de 2000 aurait pu " absorber " le coût
du recensement à législation constante (1,545 milliard de francs)
sans que ni la DSU, ni la DSR ni les communes dans lesquelles la population a
augmenté ne soient pénalisées.
Cet exemple montre à quel point il sera nécessaire, à
l'issue de l'actuel contrat de croissance et de solidarité, de
revoir
l'ensemble du système de financement des collectivités
locales
afin que les objectifs initiaux du système de l'enveloppe
normée, la
maîtrise des dépenses publique
et la
prévisibilité de l'évolution des ressources
des
collectivités locales, mis à mal par des mécanismes tels
que le recalage et la régularisation de la DGF, soient enfin
atteints.
B. LES COLLECTIVITÉS LOCALES SONT LES " OUBLIÉES " DE LA CROISSANCE
La
stratégie du gouvernement en matière de finances locales est
celle d'un renforcement de son contrôle sur les ressources des
collectivités locales. Ainsi,
les impôts locaux
, dont
l'évolution du produit dépend de celle des bases,
sont
progressivement remplacés par des dotations budgétaires
dont
l'Etat détermine le montant et le rythme d'évolution.
Or, en pratique,
le gouvernement actuel n'utilise son pouvoir sur le montant
des dotations aux collectivités locales que pour brider leur
évolution
.
Ainsi, il a refusé aux élus locaux une
indexation de
l'enveloppe normée
qui prendrait en compte 50 % du taux de
croissance du PIB, de manière à préserver le montant de la
DCTP
99(
*
)
.
Aujourd'hui, dans le projet de loi sur le
recensement
, le gouvernement
n'a pas retenu la position du comité des finances locales de ne lisser
que sur deux années la prise en compte des augmentations de population,
de manière à maintenir un lien entre le montant de la DGF et la
population réelle et à ne pas pénaliser les communes dans
lesquelles le nombre d'habitants a augmenté, et dont on peut supposer
qu'elles sont celles qui font preuve du plus de dynamisme. Avec le lissage sur
trois ans, ces communes bénéficieront en 2000 d'un surcroît
de DGF correspondant à seulement 16 % de leurs habitants nouveau (un
tiers de 50 %).
De manière générale, le montant des dotations aux
collectivités locales subit les effets du recours de plus en plus
systématique à la pratique de
l'indexation en fonction de
l' "
évolution de la DGF
".
Cette formule vague recouvre, dans l'esprit du gouvernement, une indexation sur
le taux d'évolution de la DGF d'une année sur l'autre
après déduction de la régularisation négative au
titre de l'exercice n-2. En 2000, ce taux sera de 0,821 %. Une conception aussi
restrictive de l'évolution de la DGF conduit aujourd'hui à
appliquer à plusieurs dotations de l'enveloppe normée un taux
d'indexation pour 2000 inférieur à celui de l'évolution
prévisionnelle des prix
.
Cette pratique devient encore plus contestable lorsque ce taux d'indexation est
appliqué à la compensation de pertes de recettes fiscales
antérieurement dynamiques
. Ainsi :
- la compensation de la suppression de la
taxe professionnelle sur les
salaires
est indexée sur ce taux, alors que l'ancienne base salaire
progresse d'au moins 3 %;
- la compensation de la baisse des
droits de mutation antérieurement
perçus par les régions
, calculée à partir des
bases de 1997, est indexée sur l'évolution de la DGF, privant
ainsi les régions des fruits de la reprise du marché immobilier
en 1998 et en 1999 ;
- les
départements
bénéficieront, pour leur part,
de l'accroissement de 19 % du produit des droits d'enregistrement entre 1997 et
1998 puisque le système de compensation qui leur est applicable
prévoit une révision du montant de la compensation en fonction
des dernières données connues
100(
*
)
. Toutefois, le gouvernement laisse entendre que les
bases 1998 auraient vocation à être pérennisées, la
baisse des droits de mutation à compter de 1999 ayant
entraîné une reprise telle du marché qu'elle fausserait le
calcul de la compensation.
Au total, à l'heure où le débat budgétaire
s'articule autour du partage des fruits de la croissance, les
collectivités locales, qui jouent pourtant un rôle
prépondérant dans le soutien de l'activité
économique, semblent paradoxalement devoir en rester à la gestion
de la pénurie.
Les collectivités locales subissent donc indirectement les
conséquences de l'incapacité du gouvernement à freiner
l'évolution de ses dépenses de fonctionnement.
C. LA FISCALITÉ LOCALE A-T-ELLE UN AVENIR ?
En
supprimant une partie des impôts locaux en 1999, en ne compensant pas
intégralement les pertes de recettes pour les collectivités
locales et en repoussant l'entrée en vigueur de la révision des
valeurs locatives obsolètes,
le gouvernement précipite la
nécessité d'une réforme en profondeur de la
fiscalité locale
.
La situation actuelle est en effet de moins en moins tenable : les
collectivités locales ont de plus en plus de difficulté à
faire face à leurs charges nouvelles, la dépendance
financière nuit à leur dynamisme et à leur capacité
d'innovation, le coût des allégements d'impôts locaux
pèse de plus en plus lourd sur le budget de l'Etat, et, même si
les contribuables acquittent une part de plus en plus réduite de
l'impôt local, celui-ci reste pourtant très impopulaire.
Poursuivre dans la voie actuelle de remplacement progressif des impôts
par des dotations budgétaires ne ferait qu'accentuer ses travers
.
L'alternative est la suivante :
- une modernisation en profondeur de la fiscalité locale,
souhaitée par tous mais qui demeure un voeu pieu ;
- l'engagement d'une réflexion sur les différents moyens de
continuer à faire bénéficier les collectivités
locales d'une ressource dynamique, qui évolue en fonction de
l'activité économique.
Dans cette optique, la solution réside peut être dans le
partage entre l'Etat et les collectivités du produit d'impôts
aujourd'hui perçus par l'Etat, selon des modalités qui seraient
réellement négociées, et non pas imposées
unilatéralement aux collectivités locales.
JEUNESSE ET SPORTS
Rapporteur
spécial : M. Michel SERGENT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les
crédits budgétaires de la jeunesse et des sports
dans le
projet de loi de finances pour 2000 s'élèvent à 3.154
millions de francs.
Comparé à la loi de finances 1999,
ce budget progresse de
3,5 %, après une hausse similaire de 3,4 % l'année
dernière.
Cependant, cette progression intègre le transfert
définitif de 39,6 millions de francs vers le ministère
délégué à la ville, au titre du Fonds
d'intervention pour la ville, et de 4,7 millions de francs vers le budget
des services du Premier ministre, au titre du conseil de prévention et
de lutte contre le dopage.
A structure constante, sans tenir compte de ces
transferts, le projet de budget de la jeunesse et des sports pour 2000 augmente
donc de près de 5 % par rapport à la loi de finances pour
1999.
Les moyens globaux attribués à la jeunesse et aux sports
comprennent, outre les crédits budgétaires, deux comptes
spéciaux du Trésor : le Fonds national de développement du
sport (FNDS) et le Fonds national de développement de la vie associative
(FNDVA).
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit une stabilité des
crédits du FNDS et une forte augmentation des crédits du FNDVA.
Les moyens dont disposera le ministère de la Jeunesse et des Sports
(crédits budgétaires + comptes spéciaux du Trésor)
s'élèveront à 4.218 millions de francs en projet de
loi de finances pour 2000 contre 4.085 millions de francs en loi de
finances initiale pour 1999, soit
une progression globale de 3,3 %.
(en millions de francs)
|
LFI 99
|
PLF 2000 |
Évolution
|
Titre III |
1.899 |
1.911 |
+0,6 % |
Titre IV |
1.029 |
1.150 |
+11,7 % |
Total dépenses ordinaires (DO) |
2.929 |
3.061 |
+4,5 % |
Titre V |
48 |
44 |
-7,7 % |
Titre VI |
70 |
48 |
-36,2 % |
Total dépenses en capital (DC) |
118 |
92 |
-21,6 % |
Total budget général (DO +CP) |
3.047 |
3.154 |
+3,5 % |
FNDS |
1.014 |
1.014 |
0 % |
FNDVA |
24 |
40 |
+66,7 % |
Budget MJS consolidé |
4.085 |
4.218 |
+3,3 % |
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES : UNE PROGRESSION NOTABLE
1. Une faible augmentation des moyens des services (titre III)
Le
projet de budget "jeunesse et sports" pour 2000 est marqué par une
progression des dépenses de personnel largement inférieure
à celle enregistrée en 1999, et une diminution des crédits
de fonctionnement.
Les dépenses de personnel progressent de 1,8 %, soit 28 millions de
francs, à 1,6 milliard de francs, après une augmentation de
3,7 % en 1999. Cette augmentation résulte :
- de l'extension en année pleine de mesures de transformations d'emplois
et de revalorisation des rémunérations (18,7 millions de francs,
soit un montant comparable à celui de 1999) ;
- de mesures d'ajustement comportant l'application de l'accord salarial dans la
fonction publique (0,6 millions de francs contre 11,9 millions de francs pour
1999), et diverses mesures d'adaptation d'emplois ;
- de mesures nouvelles. Parmi elles figurent la création de 24 postes de
médecins inspecteurs dans le cadre de la lutte contre le dopage
(+ 9,8 millions de francs).
Le nombre d'emplois budgétaires est en légère augmentation
(+ 7) : la révision des services votés porte sur 7
emplois de chargés d'éducation populaire et de jeunesse (-1,1
million de francs), tandis que l'ensemble des mesures d'ajustement des emplois
aux besoins des services dégage une suppression de 3 postes. Les
transferts d'emploi permettent au ministère d'afficher un solde positif
de 7 créations d'emploi. Cependant, sans prendre en compte les
transferts d'emplois (1 emploi transféré au ministère de
l'équipement contre 18 emplois transférés du budget de
l'éducation nationale vers le budget jeunesse et sports), le
ministère prévoit la suppression de 10 emplois budgétaires
pour l'année 2000. Par ailleurs, 5 emplois de professeurs de sport sont
créés au budget de l'Ecole nationale d'équitation, ainsi
que 24 contrats de médecins inspecteurs pour la mise en oeuvre de la
politique de lutte contre le dopage.
Les crédits de fonctionnement diminuent de 4,8 % en 2000, soit 12,1
millions de francs. Les mesures nouvelles comprennent cependant :
- 2 millions de francs de crédits (non-reconductibles) pour le soutien
aux actions dans le cadre du festival de la citoyenneté.
- 1,5 millions de francs de crédits (non-reconductibles) pour des
actions de communication en faveur du sport féminin et du sport en
entreprise.
- 4,5 millions de francs de crédits nouveaux pour financer la formation,
dans les établissements publics, des animateurs des points
" cyber-jeunes ", et améliorer l'accueil et de l'information
des jeunes dans les établissements publics.
La révision des services votés (réduction des moyens de
fonctionnement des services centraux et des services
déconcentrés) porte sur 18,3 millions de francs.
Au total, la progression des moyens des services est inférieure à
celle de 1999 du fait du moindre impact des mesures relatives aux
rémunérations et adaptations d'emplois, de la moindre importance
des moyens nouveaux (+ 23 millions de francs contre + 46
millions de francs en 1999), et de l'importance de la révision des
services votés (- 19 millions de francs).
Les crédits des moyens des services sont également
diminués de 4 millions de francs en conséquence du transfert
de la dotation de fonctionnement du Conseil de prévention et de lutte
contre le dopage au budget des services du premier ministre, et de
5,6 millions de francs liés au transfert de la subvention de
fonctionnement au groupement d'intérêt public " Laboratoire
national de dépistage du dopage " vers le titre IV. Cette mesure
correspond à une volonté d'assurer une meilleure
lisibilité des documents budgétaires.
2. Une progression importante des crédits d'intervention (titre IV)
Ce titre
est en augmentation de 120 millions de francs pour 2000 soit une progression de
11,7%.
Cette progression traduit un développement important des actions
financées sur ce titre. En effet, les mesures de non-reconduction de
dotations inscrites en 1999 à titre non renouvelable (15,7 millions de
crédits) et la révision des services votés (69,1 millions
de francs) sont très largement compensées par 232,6 millions de
francs de crédits nouveaux. Ces crédits renforcent les
orientations du ministère et prolongent les interventions prioritaires
financées en 1999 :
- le développement des activités éducatives
proposées aux enfants et aux jeunes dans le cadre des contrats
éducatifs (30 millions de francs)
- la formation des animateurs (+ 9 millions de francs) et le soutien à
la professionnalisation des emplois-jeunes (+ 4 millions de francs).
- la lutte contre le dopage avec l'extension du suivi médical
longitudinal des sportifs de haut niveau et la création d'antennes
médicales (+ 40 millions de francs), la contribution à l'Agence
internationale de lutte contre le dopage (+ 3 millions de francs), et
la majoration de la subvention de fonctionnement au groupement
d'intérêt public Laboratoire national de dépistage du
dopage (LNDD), dont la subvention, transférée du titre III au
titre IV, atteint 7,4 millions de francs (+ 1,8 millions de francs).
- des crédits non-reconductibles liés à la participation
française aux Jeux Olympiques de Sydney (30 millions de francs) et au
soutien à des projets d'animation sportives sur le thème de la
candidature de Paris à l'organisation des Jeux Olympiques en 2008. Le
groupement d'intérêt public " Paris- Ile de France pour la
candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2008 " bénéficie
d'une subvention de 12,5 millions de francs.
- des crédits pour assurer le financement complémentaire
résultant du contrat de concession du Stade de France (60 millions de
francs, dont 39 millions non-reconductibles).
- une majoration de 6 millions de francs de la subvention versée
à l'office franco-allemand pour la jeunesse, qui correspond à une
décision politique en faveur de la relation franco-allemande.
B. LA POURSUITE DE LA DIMINUTION DES DÉPENSES EN CAPITAL
Le budget "jeunesse et sport" pour 2000 se caractérise par une forte diminution des dépenses en capital (titres V et VI), consécutive à celle de 1999.
Évolution des dépenses en capital 1997-2000 (en millions de francs)
Chapitre |
budget voté 1997 |
budget voté 1998 |
budget voté 1999 |
PLF 2000 |
57-01
|
AP
35,6
|
AP
39,7
|
AP
54,7
|
AP
40
|
66-50
|
AP
23,7
|
AP
73,9
|
AP
60,3
|
AP
60
|
1. Le titre V (investissements exécutés par l'Etat)
Le titre
V diminue de 7,7 %, à 44,5 millions de francs en crédits de
paiement.
Les autorisations de programme s'élèvent à 40 millions de
francs, également en diminution de 26,9 % par rapport à 1999.
Les mesures nouvelles seront consacrées aux premier équipement et
aux travaux de sécurité et de maintenance dans les services
déconcentrés, tandis que les établissements publics de
formation des cadres et les équipements d'intérêt national
ne font plus l'objet d'autorisations de paiement pour 2000, les crédits
de paiement étant destinés à la poursuite des
opérations lancées au titre des lois de finances
antérieures.
2. Le titre VI (subventions d'équipement)
Le titre
VI perd 22 millions de francs en crédits de paiement dans le projet
de loi de finances pour 2000, soit 31,1 % de ses crédits. Cette
diminution fait suite à une réduction des crédits de 10
millions de francs en 1999.
Les principales mesures financées sur le titre VI concerneront la
poursuite de la rénovation du patrimoine sportif des
collectivités locales (mise aux normes de sécurité) pour 4
millions de francs, les contrats de plan Etat-région (23 millions de
francs) et une légère augmentation des crédits pour la
rénovation du patrimoine associatif des centres de vacances et de
loisirs (21 millions de francs).
La diminution des dépenses en capital est liée à la fin
des opérations engagées lors des contrats de plans.
II. PRÉSENTATION PAR AGRÉGATS
La présentation par agrégats montre une inversion de la tendance observée en 1999, avec une forte progression des dépenses en faveur du sport de 6,3 %, une progression significative des dépenses en faveur de la jeunesse et de la vie associative de 3,2 % et une légère augmentation des dépenses d'administration générale, de 0,3 %,
A. LES CRÉDITS DE L'AGRÉGAT "ADMINISTRATION GÉNÉRALE"
Ces
crédits atteindront 1,02 milliard de francs en 2000, en augmentation de
0,3 % par rapport à 1999, après une forte hausse de
5,4 % en 1999, liée essentiellement à la revalorisation des
rémunérations.
Cette hausse limitée s'explique notamment par les efforts de
réduction des moyens de fonctionnement de 6 millions de francs, ainsi
que la diminution de 4 millions de francs des dépenses en capital.
L'optimisation des moyens de fonctionnement de l'administration centrale et des
services déconcentrés doit être soulignée. La
progression du taux de déconcentration des crédits permet
également aux services déconcentrés de jouir d'une plus
grande autonomie de gestion.
B. LES CRÉDITS DE L'AGRÉGAT "JEUNESSE ET VIE ASSOCIATIVE"
Ils
s'élèveront à 806,5 millions de francs en 2000, en hausse
de 3,2 % par rapport à 1999.
L'augmentation des crédits concernera particulièrement les
crédits d'intervention (+ 6,7 millions de francs), tandis que les
moyens de fonctionnement seront réduits de 5,6 millions de
francs.
C. LES CRÉDITS DE L'AGRÉGAT "SPORTS ET ACTIVITÉS SPORTIVES"
Ces
crédits s'élèveront à 1,33 milliard de francs, en
forte progression par rapport à 1999 (+ 6,3%).
Les crédits nouveaux sont essentiellement consacrés aux Jeux
Olympiques (Sydney en 2000, mais également dépenses en faveur de
la campagne de Paris pour l'organisation es Jeux Olympiques en 2008) et
à la lutte contre le dopage.
III. LES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR
A. LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DU SPORT
Pour
2000,
les crédits du FNDS s'élèvent à
1.014 millions de francs
en projet de loi de finances, soit un montant
identique à celui de 1999. La composition des recettes du FNDS a
cependant été modifiée. En effet, les recettes issues de
la taxe spéciale sur les débits de boissons et sur les
dépenses d'indemnisation sont supprimées, et le
prélèvement sur les sommes engagées au pari mutuel est
réduit de 14 millions de francs. En contrepartie, le produit du
prélèvement sur les sommes misées sur les jeux
exploités par la Française des jeux augmente de 47 millions
de francs.
Les crédits du FNDS devraient être augmentés des
bénéfices retirés par le Comité Français
d'Organisation de la Coupe du Monde de Football
(CFO), soit 300 millions de
francs, dans le cadre d'un fonds Fernand Sastre.
Les crédits du fonds
de mutualisation du sport constitués par le prélèvement de
5 % sur les droits de retransmission audiovisuelle des
événements sportifs
, prévu dans le projet de loi
modifiant la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à
l'organisation et à la promotion des activités physiques et
sportives, seront également affectés aux clubs sportifs par le
biais du FNDS.
B. LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DE LA VIE ASSOCIATIVE
Le fonds national pour le développement de la vie associative sera doté en 2000 de 40 millions de francs , soit une hausse de 66,7 %. Cette progression des crédits du FNDVA est permise par l'augmentation du pourcentage prélevé sur les enjeux du PMU, qui passe de 0,07 % à 0,11 %.
IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. UNE POLITIQUE EN FAVEUR DE LA FORMATION ET DE L'INFORMATION DES JEUNES
•
La croissance des crédits en faveur de la formation et des
échanges
Les emplois-jeunes sont financés sur le budget du ministère de
l'Emploi et de la solidarité, mais le ministère de la Jeunesse et
des Sports s'implique particulièrement dans la formation et la
professionnalisation de ces emplois, avec une mesure nouvelle de 4 millions de
francs en 2000. Ces crédits permettront d'offrir une formation
qualifiante aux 34.250 emplois-jeunes répertoriés au 30
août 1999 dans le champ de compétence du ministère.
Les crédits de formation inscrits au titre III sont en hausse de
49,8 %, et s'élèvent à 57,3 millions de francs,
tandis que ceux du titre IV connaissent une progression de 12,8 %, avec
73,8 millions de francs pour l'année 2000. Ces crédits permettent
d'accompagner les mesures nouvelles en faveur de l'emploi inscrites dans le
budget 1999, notamment pour les emplois-jeunes et le plan
" sport-emploi ". L'accroissement des crédits en faveur de la
formation s'accompagne d'une déconcentration importante, puisque
77,7 % des crédits de formation du titre IV sont
déconcentrés en 2000, contre 53,2 % en 1999. De même,
un nouveau chapitre doté de 22,6 millions de francs de crédits
déconcentrés est créé au sein du titre III pour la
formation.
Sur ces crédits de formation, 3 millions de francs seront
consacrés aux bourses liées à l'obtention du brevet
d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA), et 6 millions de francs à
la gratuité de la formation initiale des jeunes se destinant aux
métiers du sport et de l'animation.
Les crédits consacrés aux échanges entre jeunes et aux
échanges sportifs sont également en progression de près de
10 %, les crédits des échanges sportifs passant de 7
à 10 millions de francs pour 2000.
•
La création de nouveaux postes "FONJEP"
Le dispositif "FONJEP" est une aide de l'Etat destinée à la
rémunération d'un animateur permanent d'une association nationale
ou locale agréée au titre de la Jeunesse et de l'éducation
populaire. La participation annuelle de l'Etat est en moyenne de 25 % du
salaire brut (environ 45.000 francs).
Dans le projet de budget pour 2000 figure une dotation nouvelle de
2,27 millions de francs destinée à la création de 50
postes "FONJEP" supplémentaires, pour recruter des
animateurs-coordinateurs chargés de développer des projets locaux
"jeunesse". En 1999, 3.265 postes sont financés sur le budget de la
jeunesse et des sports.
•
La poursuite des efforts pour l'information de la jeunesse
Le budget 2000 renforce les moyens d'information en direction des jeunes avec
la mise en place de 500 points " cyber-jeunes ", qui seront des
espaces d'accueil offrant aux jeunes un accès gratuit à internet
afin de les aider dans leurs recherches. Au début de l'année
2000, un numéro de téléphone national unique sera mis en
place afin de permettre aux jeunes de joindre le centre d'information jeunesse
le plus proche de leur domicile, et une synthèse du guide " droit
des jeunes " sera diffusée gratuitement.
B. UNE RÉORGANISATION DE L'AMÉNAGEMENT DES RYTHMES DE VIE ET DES CONTRATS LOCAUX
Les
contrats éducatifs locaux (CEL) bénéficieront de 264,5
millions de francs pour 2000, pour permettre aux enfants et aux jeunes de
bénéficier des loisirs éducatifs, sportifs et culturels
offerts par les collectivités locales. Ces contrats seront dotés
de 149,5 millions de francs sur le chapitre 43-90 (jeunesse et vie associative)
et 115 millions de francs sur le chapitre 43-91 (sport de haut niveau et
développement de la pratique sportive).
Le transfert de 28 millions de francs de la participation du ministère
de la jeunesse et sports au Fonds d'intervention de la ville (FIV) masque
l'augmentation importante des crédits des contrats éducatifs
locaux, qui bénéficient d'une mesure nouvelle de 30 millions de
francs. A structure constante, le total des deux chapitres
s'élève donc à 292,5 millions de francs, en augmentation
de 11,5 % par rapport à l'année 1999. Cette croissance des
crédits permettra de financer les nouvelles vagues de CEL en janvier et
en septembre 2000. Les demandes de moyens financiers supplémentaires
apportés par l'Etat sont en effet importantes de la part des territoires
fragilisés, notamment dans les 26 départements retenus dans le
cadre du conseil de sécurité intérieure du 27 janvier
1999, dans lesquels une action éducative sur la tranche d'âge des
10-14 ans a été décidée.
Afin de préserver la lisibilité de l'action de l'Etat
auprès de ses partenaires, il a été demandé aux
services départementaux d'adopter le principe d'une contractualisation
unique pour soutenir la réalisation d'un projet éducatif en
direction des enfants et des jeunes, en harmonisant les dénominations et
les procédures de l'ensemble des dispositifs initiés
antérieurement. Le contrat éducatif local a donc vocation
à intégrer les contrats d'aménagement des rythmes de vie
des enfants et des jeunes (ARVEJ) et les dispositifs d'accompagnement scolaire
"animations éducatives périscolaires" (AEPS), réseaux
solidarité école (RSE), contrats locaux d'accompagnement scolaire
(CLAS), ainsi que les actions d'accompagnement scolaire financées dans
le cadre des contrats de ville. Les contrat locaux éducatifs et sociaux
(CLES) constituent l'appellation des deux lignes budgétaires qui
permettent le financement des CEL et des contrats jeunesse et sports.
C. UN EFFORT IMPORTANT POUR LA LUTTE CONTRE LE DOPAGE
Le
projet de budget pour 2000 comporte des mesures nouvelles importantes
destinées à accroître les moyens de la lutte contre le
dopage, en application de la loi du 23 mars 1999. L'ensemble de ces mesures
vise notamment à mettre en place le suivi biologique longitudinal des
sportifs.
Des antennes médicales régionales agrées par les
ministères de la santé et le ministère de la jeunesse et
sports seront créées, avec 13,3 millions de francs de
crédits nouveaux et la création de 24 postes de médecins
inspecteurs.
Le laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD)
bénéficiera d'une subvention supplémentaire de
28,3 millions de francs afin de mettre en place le suivi biologique
longitudinal des sportifs
. Ces crédits permettront, outre la mise en
oeuvre du suivi, l'achat de matériel, la création d'emplois de
personnel technique, et une augmentation des moyens de fonctionnement. Une
partie de ces crédits (1,8 millions de francs) permettra de financer le
déménagement du laboratoire, nécessaire pour être
conforme aux normes et recevoir l'accréditation du Comité
International Olympique. L'objectif pour l'année 2000 est d'assurer le
suivi de 3.600 sportifs, mais risque d'être retardé par le
déménagement du laboratoire et la nécessité de
poursuivre les analyses en cours sur les produits dopants.
Ces crédits doivent être augmentés des dotations du FNDS
pour la lutte contre le dopage, soit 10 millions de francs, dont
4 millions pour les suivis biologiques effectués par le LNDD, et
6 millions de francs pour augmenter les conventions d'objectifs des
fédérations sportives en matière de contrôle
biologique.
Le conseil national de prévention et de lutte contre le dopage,
érigé en autorité indépendante,
bénéficiera de trois emplois supplémentaires, et sa
dotation de 4,7 millions de francs est désormais
transférée au budget des services généraux du
premier ministre.
D. L'ABSENCE DE CLUB RESIDENT AU STADE DE FRANCE : UN COUT ELEVE POUR L'ETAT
Le
contrat de concession conclu le 29 avril 1995 entre l'Etat et la
société Consortium Stade de France prévoit que le
concédant garantit la présence au Stade de France d'un ou
plusieurs clubs résidents de football et, dans la cas contraire, le
versement d'une indemnité compensatrice de préjudice.
L'Etat
doit donc assumer le coût budgétaire provenant de l'absence de
club résident au Stade de France.
Le projet de budget pour 2000 comporte une mesure nouvelle de 60 millions
de francs pour l'application du contrat de concession du Stade de France.
L'ensemble des dépenses relatives à ce contrat est de
112 millions de francs pour l'année 2000
. En effet, l'Etat doit
payer 63 millions de francs au titre de l'année sportive 1999-2000
(contre 52 millions de francs en 1999), mais doit également
rembourser 49 millions de francs correspondant aux différés
d'amortissement négociés avec le concessionnaire au cours des
années précédentes. En effet, sur les 73 millions de
francs par an dus par l'Etat au cours des premières années,
celui-ci n'en a payé que 50. La différence pour les deux
années passées (deuxième semestre 1998, année 1999
et premier semestre 2000) constitue une somme actualisée de
49 millions de francs.
L'Etat se voit donc contraint de payer
aujourd'hui pour les sommes dont il a retardé le paiement afin de
dissimuler l'importance des versements prévus par la convention le liant
au Consortium Stade de France.
Enfin, le projet de budget du
ministère de la jeunesse et des sports pour 2000 comprend une dotation
de 3 millions de francs pour la maintenance du dispositif de dépollution
des terrains et pour l'assistance apportée par la SANEM pour le suivi du
contrat de concession.
Comme il l'avait déjà indiqué les années
précédentes, votre rapporteur estime qu'il est nécessaire
de trouver une solution pour que l'Etat n'ait plus à prendre en charge
le coût du fonctionnement de l'ouvrage dans les années à
venir.
Les perspectives d'installation d'un club pour les prochaines
années semblent assez incertaines. Or,
l'utilisation des montants des
indemnités pour favoriser l'installation d'un club résident
serait préférable à la situation actuelle, car elle
permettrait une meilleure utilisation des finances publiques et de
l'équipement construit.
Une rencontre entre l'Etat et le concessionnaire du Stade de France doit avoir
lieu au cours de l'année 2000 pour décider des suites
données à la convention entre les deux parties.
Au vu de
l'importance des sommes versées par l'Etat et des difficultés
à trouver un club résident, votre rapporteur s'interroge sur la
possibilité de maintenir cette convention en l'état.
En conclusion, votre rapporteur considère que les moyens accordés
à la jeunesse et aux sports pour 2000 sont globalement satisfaisants
puisqu'ils permettent de poursuivre les actions précédemment
engagées en faveur de l'accès au sport, de renforcer les actions
de l'emploi et de la formation, et d'augmenter de manière significative
les crédits en faveur de la lutte contre le dopage, tout en
finançant les dépenses occasionnées par le Stade de
France, les Jeux Olympiques de Sydney et la campagne de Paris - Ile de France
pour l'organisation des Jeux Olympiques en 2008.
Ce budget témoigne de la volonté de continuité du
ministère de la jeunesse et des sports pour développer ses moyens
d'action au service de la jeunesse (à travers l'emploi, la formation et
l'information des jeunes notamment), de poursuivre la promotion du sport pour
tous, et d'accroître les efforts en faveur de la moralisation du sport
à travers la lutte contre le dopage. L'augmentation des dépenses
pour 2000 résulte de mesures exceptionnelles, mais également de
programmes à plus long terme, dont les dotations devront être
reconduites, et qui augmentent donc la rigidité du budget de la jeunesse
et sports.
Votre rapporteur se félicite cependant de la faiblesse de la progression
des dépenses du titre III et des dépenses regroupées dans
l'agrégat " administration générale " au profit
des dépenses d'intervention en faveur de la jeunesse, de la vie
associative et du sport.
JUSTICE
Rappoteur spécial :
M. Hubert HAENEL
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les
crédits demandés pour la justice pour 2000 progressent de
3,91 % (+ 1,026 milliard de francs) et atteignent
27,29 milliards de francs
. Cette hausse intervient après une
augmentation du budget de 5,6 % en 1999 et de 4 % en 1998.
Cette progression est trois fois plus forte que la croissance moyenne des
dépenses de l'Etat. Toutefois, la part du budget de la justice dans le
budget de ce dernier ne progresse que lentement, passant de 1,56 % en 1998
à 1,61 % en 1999 et à 1,62 % en 2000.
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des crédits de 1999
à 2000 :
La note
de présentation du projet de budget présenté par le Garde
des Sceaux fait état de trois priorités :
-
donner à la justice les moyens d'améliorer son
fonctionnement au quotidien et de mettre en oeuvre les réformes qui ont
été décidées :
développement de
l'accès au droit, règlements alternatifs des conflits,
simplification des procédures civiles, efficacité dans la lutte
contre la délinquance financière, renforcement de la
présomption d'innocence, réforme des tribunaux de commerce ;
-
assurer la mise en oeuvre du plan pour traiter la délinquance
des mineurs arrêté par le conseil de sécurité
intérieure en janvier 1999
. En conséquence, un effort
exceptionnel est fait en direction de la protection judiciaire de la jeunesse
puisque 380 postes sont créés tandis que les crédits de
fonctionnement du secteur public augmentent de 22 % et ceux du secteur
associatif habilité de 19 % ;
- enfin,
en ce qui concerne l'administration pénitentiaire,
améliorer la prise en charge des personnes détenues et la
sécurité des établissements pénitentiaires
ainsi que lancer le plan de
rénovation des cinq plus grandes maisons
d'arrêt
(Fleury-Mérogis, Fresnes, la Santé, les
Baumettes et Loos) et la
construction de trois établissements
pénitentiaires
à Lille, Avignon et Toulouse.
II. LES GRANDS SECTEURS
A. LES SERVICES DE L'ADMINISTRATION CENTRALE
Cet
agrégat regroupe les moyens :
- de l'administration centrale du ministère, y compris les
unités délocalisées à Nantes (Casier judiciaire
national, bureau des pensions, centre d'exploitation statistique) ;
- des services communs destinés à soutenir, au plan local,
l'action des services déconcentrés dans des domaines tels que
l'informatique (centres de prestations régionaux), l'équipement
(antennes régionales d'équipement) et les services sociaux ;
- de la commission nationale de l'informatique et des libertés ;
- de la commission nationale des comptes de campagne et des financements
politiques ;
- pour les subventions des ordres de la Légion d'honneur et de la
Libération ainsi que la recherche dans le domaine de la justice (budget
civil de recherche et de développement technologique).
En 2000, les crédits de paiement alloués à
l'administration générale progressent de 2,16 % pour atteindre
3,67 milliards de francs
. Toutefois, cette augmentation est
proportionnellement plus faible que la hausse générale des
crédits du budget de la justice. C'est pourquoi leur part relative
diminue par rapport à 1999 et passe de 13,7 % à 13,4 %
de l'ensemble.
1. Une très légère hausse des effectifs
Les
effectifs budgétaires de l'administration centrale
s'élèvent à 1780 emplois pour 2000. Le projet de
budget pour 2000 prévoit la création de
4 emplois
d'inspecteurs des services judiciaires
(5 avaient déjà
été créés en 1999) et
d'un emploi de chef de
service
. Par ailleurs, 5 directeurs départementaux de la
protection judiciaire de la jeunesse sont transférés à
l'administration générale.
Une dotation de 2 millions de francs est inscrite pour revaloriser les
primes des agents de catégorie A. En outre, il est procédé
au pyramidage de 37 emplois.
Au total, les moyens en personnel augmentent de 65 millions de francs
pour s'élever à 3,18 milliards de francs
.
2. Des moyens matériels en augmentation
Les
moyens de fonctionnement sont en augmentation de 3,7 % par rapport
à 1999 et s'élèvent à
481,21 millions de
francs
. Toutefois, cette hausse cache des évolutions
contrastées.
Les crédits " informatique " sont en hausse de 15,4 %
et s'élèvent à 154,9 millions de francs,
essentiellement du fait de l'augmentation des moyens mis à la
disposition des services communs.
En revanche, les crédits de fonctionnement sont en baisse,
tandis
que la subvention de fonctionnement pour l'Ordre de la Libération et la
Légion d'honneur stagne.
3. Des crédits d'équipement en baisse
Sont inscrits dans le projet de loi de budget pour 2000 5 millions de francs en autorisation de programme, soit le même montant qu'en 1999 et 3,5 millions de francs en crédits de paiement (contre 9 millions de francs en 1999) destinés à diverses opérations de réfection et de réhabilitation.
B. LES SERVICES JUDICIAIRES
Cet
agrégat regroupe les moyens des juridictions de l'ordre judiciaire, du
conseil supérieur de la magistrature, de l'école nationale de la
magistrature et de l'école des greffes.
Les dotations de crédits couvrent non seulement les crédits en
personnel et de fonctionnement, mais également les subventions aux
associations oeuvrant dans le domaine judiciaire et au système de
formation professionnelle des avocats, les subventions correspondant aux
remboursements aux collectivités locales d'annuités d'emprunts
pour des opérations d'équipement, les crédits relatifs
à l'aide juridictionnelle, les crédits liés aux frais de
justice et les crédits d'équipement consacrés à la
modernisation et à l'extension du parc immobilier judiciaire.
Les crédits des services judiciaires stagnent (+0,6 %) et
s'élèvent à 11,74 milliards de francs. Leur part relative
dans le budget de la justice diminue légèrement et passe à
43 %.
Toutefois, cette baisse est relative car liée à la diminution des
crédits d'investissement. Elle ne doit pas cacher la poursuite de
l'effort en direction des services judiciaires : non seulement
382 emplois sont créés, mais les opérations de
construction et de rénovation de palais de justice sont
maintenues.
1. La poursuite de la hausse des effectifs
En 1998,
300 emplois avaient été créés dont 70 postes
de magistrats et 230 emplois de fonctionnaires de justice.
En 1999, 140 emplois de magistrats et 230 emplois de fonctionnaires et de
contractuels avaient été créés.
Le projet de budget pour 2000 prévoit la création de
382 nouveaux emplois dont 212 magistrats, 155 fonctionnaires et
15 contractuels.
Le renforcement des effectifs des juridictions doit permettre de
répondre à
deux objectifs
:
-
la mise en oeuvre des réformes
: ainsi, la création
de
48 juges
de la détention provisoire et de
48 greffiers
vise à poursuivre la
réforme du
contentieux de la liberté
, tandis que
100 emplois de
magistrats
sont créés pour introduire
la mixité
dans les tribunaux de commerce
. Par ailleurs, le renforcement des effectifs
des tribunaux pour enfants par la création de
25 postes de
magistrats et 25 postes de greffiers
devrait contribuer à
apporter une
réponse rapide et systématique à la
délinquance des mineurs
. En outre, sont inscrits
4 emplois
de magistrats pour la réforme du Conseil supérieur de la
magistrature
,
5 emplois de greffiers en chef et 4 emplois de
greffiers
pour les
conseils départementaux de l'accès au
droit
,
un emploi de magistrat et un emploi de greffier pour la
réforme de l'état-civil de Mayotte
.
-
l'amélioration de la justice au quotidien
, notamment par la
continuation des actions de
résorption des stocks d'affaires à
juger : 34 postes de magistrats et 57 postes de greffiers
sont créés à cet effet. En outre, le projet de budget
pour 2000 prévoit les crédits de vacation nécessaire pour
le recrutement de
100 assistants de justice supplémentaires
,
portant ainsi leur nombre total à 1050.
Par ailleurs, sur les 179,7 millions de francs de mesures nouvelles mis
à la disposition du chapitre 31-90 (rémunérations des
personnels),
une provision de 20 millions de francs est inscrite au
titre de la réforme du statut
de la magistrature
.
18 millions de francs avaient déjà été
réservés en 1999 pour cette réforme.
Celle-ci a pour objectif de surmonter les blocages des carrières
liés aux déséquilibres démographiques du corps, en
particulier l'allongement du délai de changement de grade pour les
générations sorties de l'école nationale de la
magistrature depuis 15 ans et la dégradation de plus en plus
marquée des avancements pour les magistrats de province.
Enfin, le projet de budget pour 2000 prévoit la création de
1050 " agents de justice "
101(
*
)
dans
les services judiciaires.
2. Des moyens de fonctionnement en progression
Le
chapitre 37-92 (moyens de fonctionnement et de formation)
regroupe les
moyens de fonctionnement de l'ensemble des catégories de juridictions
ainsi que des crédits affectés à des dépenses de
nature diverse (fonctionnement, travaux courants d'entretien immobilier,
véhicules, modernisation, informatique déconcentrée, frais
de déplacement).
Pour 2000, ces crédits augmentent de près de 2 % par rapport
à ceux pour 1999 (soit 26 millions de francs) et
s'élèvent à
1,33 milliard de francs
.
Cette hausse des crédits est destinée à financer
principalement :
- la création de
26 conseils départementaux d'aide
juridique
et de
55 maisons de Justice et du Droit
supplémentaires
(2,77 millions de francs) ;
- la création de
3 nouveaux pôles de lutte contre la
délinquance économique et financière
s'ajoutant aux
7 existants (5 millions de francs) ;
- la mise en service de
nouveaux bâtiments judiciaires à
Avignon, Nantes, Fort-de-France, Blois et Bastia
(15 millions de
francs).
La subvention de fonctionnement à l'école nationale de la
magistrature
(chapitre 36-10, article 21)
augmente de 7,6 %
(après une hausse de 9,9 % en 1999)
pour s'élever
à 185,1 millions de francs
.
Les 13,1 millions de francs supplémentaires sont destinés
à financer le repyramidage des emplois de maîtres de
conférence et le renforcement des effectifs de l'école. En effet,
l'école nationale de la magistrature doit faire face à
l'accroissement de ses charges pédagogiques liées tant à
l'augmentation du nombre des auditeurs qu'aux nouveaux domaines d'intervention
de cette dernière, comme la formation des juges consulaires et des
magistrats issus des concours exceptionnels.
Ainsi, le projet de loi de finances prévoit la création d'un
emploi de maître de conférence pour la formation initiale et de
trois emplois de fonctionnaires.
Par ailleurs, l'augmentation des crédits de fonctionnement de
l'école doit notamment permettre de financer les travaux de mise en
sécurité des amphithéâtres de Bordeaux et de Paris.
Les frais de justice
(chapitre 37-11) recouvrent principalement, au
profit du traitement individuel de chaque affaire, les prestations
matérielles et de services demandées par les magistrats ou
requises par les procédures.
Ils représenteront en 2000 1,88 milliard de francs, soit une
progression de 6,4 % par rapport à 1999.
L'évolution des frais de justice est significative depuis quelques
années :
1996 : + 7,6 %
1997 : +7,8 %
1998 : +8,4 %
Toutefois,
cette augmentation globale de 109,2 millions de francs
masque
des évolutions contraires :
-
32 millions de francs sont liés à l'ajustement des
crédits de frais de justice à l'évolution des
dépenses de cette nature
;
-
41,03 millions de francs sont prévus pour financer l'impact de
l'affiliation au régime général de sécurité
sociale des collaborateurs occasionnels du service public de la justice
prévue par la loi de financement de la sécurité
sociale pour 1999. Ces personnes reçoivent de l'Etat pour des
activités exercées à titre accessoire (expertises,
missions de médiations...) une rémunération à la
tâche. L'imprécision du statut juridique de cette
rémunération entraîne souvent une absence
d'assujettissement aux cotisations sociales et à la contribution sociale
généralisée, source de contentieux désormais
fréquents avec les URSSAF. Il est donc prévu d'affilier
désormais lesdits collaborateurs au régime général
de la sécurité sociale, à l'exception de ceux qui exercent
leur activité principale à titre indépendant et qui
peuvent continuer à rattacher les rémunérations
reçues de l'Etat aux revenus de leur activité principale.
-
les mesures nouvelles s'élèvent à 58,8 millions
de francs
. Elles visent à financer d'une part
le
développement des missions confiées aux
délégués du procureur
(10 millions de francs)
conformément à la décision du conseil de
sécurité extérieure du 27 janvier 1999. D'autre part, elle
tiennent compte de
l'impact financier du projet de loi renforçant la
présomption d'innocence et prévoyant l'indemnisation des
personnes relaxées, acquittées ou bénéficiant d'un
non-lieu
(30 millions de francs). Enfin,
19 millions de
francs
sont prévus pour la mise en oeuvre
de la loi du
18 juin 1999 relative à la sécurité
routière afin de financer le dépistage de l'usage de
stupéfiants dans les accidents mortels de la circulation
.
- en revanche,
20 millions de francs de crédit ne sont pas
reconduits
suite aux mesures de maîtrise de la dépense mises
en oeuvre en 1998 et 1999.
Votre rapporteur tient à rappeler que, depuis 1996, des mesures ont
été prises pour maîtriser les dépenses liées
aux frais de justice
: fixation d'un plafond maximal de progression
des dépenses de frais de justice, répartition d'une enveloppe
complémentaire de crédits de fonctionnement au profit des cours
qui ont fait preuve, par la mise en oeuvre d'actions innovante, d'une
volonté réelle d'entrer dans une logique de maîtrise de la
dépense de frais de justice et qui ont obtenu les meilleurs
résultats.
En 1999, trois nouvelles séries de mesures ont été
adoptées.
D'abord, le décret n ° 99-203 du 18 mars 1999
réalise une refonte globale du titre 10 de la deuxième partie du
code de procédure pénale consacrée aux frais de justice
criminelle
en poursuivant deux objectifs principaux :
-
une amélioration de la qualité du réseau de
professionnels apportant leur concours à la justice pénale.
Dans de nombreux domaines, en effet, il reste indispensable de s'assurer la
collaboration d'auxiliaires compétents, en veillant à ce que les
niveaux de rémunération prévus par le code de
procédure pénale ne soient pas de nature à
décourager les meilleurs candidats. Il convenait ainsi de retranscrire
dans la réglementation les revalorisations tarifaires obtenues dans la
loi de finances pour 1998 pour les psychiatres et les interprètes
traducteurs ;
-
une meilleure maîtrise des coûts par le contrôle des
conditions dans lesquelles les tarifications sont élaborées et
appliquées, et par la vérification de la régularité
des dépenses prises en charge.
En particulier, le champ de la
tarification est étendu à de nouvelles catégories de frais
(frais de recherches de documents et de délivrance de copies,
prestations de cryptologie). Par ailleurs, la tarification des frais
d'immobilisation des véhicules est modifiée par la
création d'une tarification spécifique pour la garde des
véhicules placés sous main de justice. Enfin, la procédure
de contrôle de la facturation des expertises non tarifées par le
parquet est améliorée.
Ensuite,
la circulaire du 5 juillet 1999 présente aux magistrats et
aux fonctionnaires des juridictions les dispositions du décret
précité modifiant le code de procédure pénale et
relatif aux frais de justice
.
Enfin,
la loi n ° 99-515 du 23 juin 1999 renforçant
l'efficacité de la procédure pénale
réforme le
régime de conservation des objets placés sous main de justice et
généralise l'utilisation de la télécopie pour les
notifications faites à un avocat en matière pénale.
Par ailleurs, la mise en place de contrats de gestion en 1998 dans les cours
d'appel commence à produire ses effets
. Ces contrats consistent
à reverser aux juridictions, en crédits de fonctionnement, une
partie des économies réalisées sur les frais de justice.
Au premier semestre 1999, une stabilisation en volume de ces dépenses a
été observée, alors qu'elles progressaient de 8 % par
an auparavant.
3. L'augmentation des crédits d'intervention
A
l'intérieur du chapitre 46-01
(subventions et interventions
diverses), le projet de budget pour 2000 prévoit
13 millions de
francs en faveur du développement de l'aide à l'accès au
droit,
de la médiation familiale, des associations d'aide aux
victimes et de contrôle judiciaire.
En outre, le chapitre 46-01 bénéficie d'un transfert de
3,6 millions de francs en provenance de la mission
interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Les crédits en faveur de l'aide juridique (chapitre 46-12) sont
également en forte augmentation (+6,9 %, soit 99,9 millions
de francs) et s'élèvent à 1,543 milliard de francs pour
2000.
12,4 millions de francs
sont prévus pour tenir compte de
l'évolution prévisible de la dépense
qui devrait
être modérée, en raison de la stabilisation des admissions
observées en 1998.
Par ailleurs,
1,3 million de francs
devraient être
économisés suite aux
mesures de contrôle des
expertises
prises en charge au titre de l'aide juridictionnelle.
Le projet de budget pour 2000 prévoit également
3,6 millions de francs
destinés à financer l'impact de
l'affiliation au régime général de
sécurité sociale des collaborateurs du service public de la
justice.
Le montant des mesures nouvelles s'élève à
82,6 millions de francs
pour 2000 :
-
40 millions de francs
doivent financer l'impact du projet de loi
renforçant la présomption d'innocence et prévoyant
l'intervention de l'avocat dès la première heure de garde
à vue ;
- 17 millions de francs
sont destinés à
la
revalorisation de la rétribution des avocats en matière d'aide
juridictionnelle ;
-
12,1 millions de francs
sont prévus pour le financement
de la loi du 18 décembre 1998 relative à
l'accès
au droit
;
-
7 millions de francs
doivent contribuer à la revalorisation
des tarifs des
rétributions des gardes à vue
tandis
que
820.000 francs
devraient servir à la majoration de la
rétribution des avocats dans les procès correctionnels
de
longue durée ;
-
4,1 millions de francs
doivent financer la loi du 23 juin
1999 renforçant
l'efficacité de la procédure
pénale
;
- enfin,
1,58 million de francs
sont destinés à
l'alignement des plafonds de ressources pour l'admission à l'aide
juridictionnelle
dans les départements d'outre-mer sur ceux de la
métropole.
4. La poursuite des efforts en matière d'équipement
Les
crédits de paiement
pour l'équipement (chapitre 57-60)
s'élèvent à
585,5 millions de francs en 2000,
contre 961,6 millions de francs en 1999, soit une
baisse de
40 %.
Les autorisations de programme
, au contraire, atteignent
805 millions de francs
(contre 673 millions de francs en 1999)
et augmentent donc de 17 %.
Le niveau contrasté des ressources en crédits de paiement et en
autorisations de programme accordées pour 2000 traduit en
réalité un
rééquilibrage.
En effet, depuis 1997, la baisse du niveau des autorisations de programme
judiciaires, due à l'effort particulier consenti sur l'équipement
pénitentiaire, conduisait le ministère de la justice soit
à fractionner la mise en place des financements programmés, soit
à différer le lancement d'opérations prêtes à
entrer dans leur phase de travaux.
Dans ces conditions, la consommation de crédits de paiement observait un
retard croissant :
en 1998, les reports se sont ainsi
élevés à 367 millions de francs, soit 44 % des
crédits disponibles.
A la fin de 1999, 420 millions de francs
de crédits de paiement devraient également ne pas avoir
été utilisés et être reportés sur 2000.
Les dotations inscrites dans le projet de loi de finances pour 2000 devraient
en partie remédier à cette situation puisque le montant des
autorisations de programme est augmenté tandis que celui des
crédits de paiement diminue pour tenir compte des reports de
crédits.
Toutefois, votre rapporteur veillera à ce que ne se produise pas en
2001 un déséquilibre dans l'autre sens, qui minorerait de
manière trop importante les crédits de paiement destinés
aux investissements judiciaires.
En effet, le programme effectif des opérations du programme
" 4000 " des services pénitenciers débutera
l'année prochaine. Il faudra donc éviter que la priorité
donnée par les prochaines lois de finances aux crédits
d'équipement pénitentiaire se traduise par une diminution des
dotations pour les services judiciaires.
En tout état de cause, cette raréfaction des crédits de
paiement inscrits en loi de finances devrait dès 2001 conduire à
une résorption significative des reports imputés sur les
chapitres d'équipement judiciaire.
Les autorisations de programme se répartissent en deux grandes
enveloppes :
-
344 millions de francs seront affectés à la poursuite
du programme pluriannuel d'équipement des services judiciaires
et
permettront de poursuivre des opérations décidées entre
1997 et 1999 pour Avignon, Grasse, Grenoble, Fort-de-France, Besançon,
Nantes et Toulouse. Par ailleurs, certaines opérations relevant du
programme 2000-2004 (Pontoise et Versailles) seront lancées ;
-
461 millions de francs gérés de manière
déconcentrée
seront essentiellement consacrés à
des opérations de sécurité et de rénovation.
Par ailleurs,
50 millions de francs
d'autorisations de programme
seront destinés aux travaux de mise en sécurité des
différents sites du
palais de justice de Paris.
C. LES SERVICES PÉNITENTIAIRES
Cet
agrégat regroupe l'ensemble des moyens permettant à
l'administration pénitentiaire d'assurer l'exécution des
décisions pénales, à savoir :
- la prise en charge, au sein des établissements pénitentiaires,
des personnes en détention provisoire ou condamnées à une
peine privative de liberté ;
- la prise en charge, par les services pénitentiaires d'insertion et de
probation, des personnes relevant des actions de surveillance et d'assistance
en milieu ouvert.
Les crédits des services pénitentiaires devraient atteindre
7,56 milliards de francs en 2000, en progression de 5,9 % par rapport
à l'année dernière.
1. Une augmentation des crédits de personnel
Les
crédits de personnel progressent de près de 4 % pour atteindre
4,5 milliards de francs.
En 2000, 386 nouveaux emplois
sont créés (344 avaient
déjà été créés en 1999),
dont 269
emplois de surveillance.
152 emplois seront consacrés à l'amélioration de la prise
en charge des détenus et la mise en oeuvre de nouvelles missions.
Ainsi, 122 emplois sont nécessaires pour renforcer la
sécurité, l'hygiène et l'action sociale ;
10 psychologues contribueront à l'élaboration des projets
d'exécution de peine ; 5 psychologues participeront à
l'amélioration de la détention provisoire ; 15 emplois
seront utilisés pour la création d'unités de vie familiale
dans les établissements pour longues peines.
55 emplois sont consacrés aux alternatives à la
détention et à la réinsertion
, répartis
entre :
- 25 emplois administratifs pour la réforme des services d'insertion et
de probation ;
- 30 emplois destinés aux centres pour peines aménagées.
Par ailleurs, le
dispositif carcéral spécifique aux
mineurs
sera renforcé par la création de
128 emplois
, dont 118 emplois de surveillance et 10 emplois de
conseillers d'insertion et de probation.
350 agents de justice
seront également recrutés dans le
cadre du conseil de sécurité intérieure.
En outre,
51 emplois
contribueront à la modernisation de la
gestion, au déploiement de l'application GIDE (gestion
informatisée des détenus en établissement) et à la
réforme de l'école nationale de l'administration
pénitentiaire.
Au plan statutaire, l'administration pénitentiaire
bénéficiera d'une enveloppe de
13,1 millions de francs,
dont 10 millions de francs
pour la
création d'une
indemnité spécifique de 100 francs
au profit du
personnel de surveillance pour les deux nuits encadrant les dimanches et les
jours fériés.
2. Une progression des moyens matériels
Les
crédits de fonctionnement augmentent de 2,3 % et
s'élèvent à
2,72 milliards de francs
. Ils sont
répartis sur trois chapitres :
-
le chapitre 34-05
(Dépenses d'informatique et de
télématique), dont les crédits augmentent de 17,8 %
par rapport à 1999 et s'élèvent à
48,15 millions de francs
. Ils doivent financer le
déploiement du système de gestion informatisée des
détenus en établissement (GIDE) dans
69 établissements et la réécriture de l'application
Fichier National des Détenus pour la rendre compatible avec GIDE.
-
le nouveau chapitre 37-23
qui remplace l'ancien chapitre 34-23,
(Services pénitentiaires, dépenses de santé des
détenus), qui dispose de
460,7 millions de francs
de
crédits pour 2000, comme en 1999 ;
-
le chapitre 37-98
(Services pénitentiaires, moyens de
fonctionnement et de formation) qui a à sa
disposition
2,198 milliards de francs, soit une augmentation de 4,2 % par rapport
à 1999.
Cette augmentation des crédits traduit la
volonté du Garde des Sceaux, exprimée dans sa communication en
conseil des ministres du 8 avril 1998, d'améliorer
significativement les conditions matérielles des personnes
détenues.
Ainsi,
8,5 millions de francs doivent être consacrés
à l'amélioration des conditions de prise en charge des personnes
placées sous main de justice
à travers la création
d'unités de vie familiale et d'espaces enfants dans les parloirs, mais
aussi à travers l'amélioration des conditions
d'incarcération dans les quartiers d'isolement et du travail en milieu
carcéral.
Par ailleurs,
19 millions de francs sont prévus pour
améliorer les services pénitentiaires d'insertion et de
probation
(dont 10,6 millions de francs non reconductibles).
En outre,
25 millions de francs (dont 10,5 millions de francs non
reconductibles) sont destinés au financement du
déménagement et de la réorganisation de l'école
nationale de l'administration pénitentiaire
.
Cette école assure trois types de formation :
-
les formations initiales
des élèves surveillants, des
conseillers d'insertion et de probation et des sous-directeurs ;
-
les formations d'adaptation
(personnels administratifs et techniques
et premiers surveillants) et les formations de spécialistes
(surveillants orienteurs, formateurs du personnel de surveillance et
surveillants moniteurs de sport) ;
-
la formation continue et permanente
.
Actuellement, ces formations se font sur trois sites localisés en
région parisienne. La répartition de l'école sur trois
communes différentes pose des problèmes de gestion et de
fonctionnement. Par ailleurs, les locaux sont peu fonctionnels et certains sont
vétustes. C'est la raison pour laquelle il a été
décidé en 1994 de délocaliser l'école à Agen.
La première tranche des travaux d'infrastructure a été
réceptionnée à la mi-juin 1998. La deuxième tranche
qui vise les finitions, sera réalisée en 2000 après
réception des bâtiments de formation et d'hébergement ;
En ce qui concerne la construction des bâtiments de formation, de
restauration et les équipements sportifs, les travaux devraient
être achevés en juin 2000 et les bâtiments devraient pouvoir
être utilisés à la rentrée 2000.
S'agissant des bâtiments d'hébergement des élèves,
les travaux seront achevés en juin 2000.
3. La poursuite du programme immobilier pénitentiaire
Pour
2000,
les autorisations de programme atteignent 611,5 millions de
francs
, contre 912 millions de francs en 1999
et les crédits
de paiement s'élèvent à 593 millions de francs
,
contre 438 millions de francs l'année précédente.
Une dotation de
150 millions de francs
devrait permettre le
financement de la
construction de six établissements du programme
" 4.000 places " lancé en 1997
. Ce programme a
été divisé en deux tranches : une première
tranche concerne Lille (Sequedin), Toulouse (Seysses) et Avignon (Le
Pontet) ; une deuxième tranche concerne Meaux
(Chauconin-Neufmontiers), Toulon (la Farlède) et Liancourt. Ces
constructions doivent permettre de fermer certains établissements
particulièrement vétustes et de décharger les maisons
d'arrêt connaissant un taux de surpopulation carcérale très
élevé.
Ces établissements fonctionneront en gestion
déléguée pour la restauration, l'entretien, le travail et
la formation professionnelle
.
L'objectif est de lancer les travaux de construction en 2000, pour une
livraison des établissements de la première tranche en 2002 et en
2003 pour les établissements de la deuxième tranche.
120 millions de francs
seront de nouveau consacrés à la
rénovation du parc classique
, dont 50 millions de francs
affectés au programme de réhabilitation de Fresnes,
Fleury-Merogis, la Santé, Loos les Lille et les Baumettes.
Par ailleurs,
70 millions de francs seront affectés à la
construction de nouveaux établissements
et notamment à
l'acquisition foncière pour les futures maisons d'arrêt et
à l'achèvement de la construction de l'école nationale de
l'administration pénitentiaire à Agen. Parmi les constructions
prioritaires se trouve la reconstruction de la maison d'arrêt de Saint
Denis de la Réunion, particulièrement vétuste et
surpeuplée.
200 millions de francs sont destinés aux travaux de
rénovation déconcentrés,
dont :
- 120 millions de francs pour les travaux de sauvegarde et d'adaptation
des bâtiments et la mise en conformité des installations
électriques ;
- 50 millions de francs pour engager le programme de rénovation
des grands établissements (études de diagnostic et de
programmation) ;
- 10 millions de francs pour aménager une nouvelle tranche de
quartiers réservés aux mineurs ;
- 20 millions de francs au câblage informatique des
établissements pénitentiaires.
20 millions de francs doivent financer la construction de centres pour
peines aménagées
.
Enfin,
30 millions de francs sont prévus pour financer la
création de deux quartiers pour mineurs et rénover une vingtaine
de quartiers existants.
D. LES SERVICES DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE
Les
crédits des services de la protection judiciaire de la jeunesse
dans
le projet de budget 2000 enregistrent une augmentation de 14,7 % pour
atteindre près de
3,2 milliards en crédits de
paiement
.
Cette très forte croissance des crédits à la
disposition de la protection judiciaire de la jeunesse traduit la
priorité donnée par le gouvernement au traitement de la
délinquance juvénile à travers une triple action :
- disposer des moyens nécessaires pour donner une
réponse
rapide
et systématique aux actes de primo délinquance
,
notamment en développant les mesures de réparation ;
-
renforcer les dispositifs d'hébergement
;
-
développer la prise en charge continue des mineurs
par la
multiplication des activités de jour.
1. Des moyens en personnel renforcés considérablement
Les
crédits affectés aux dépenses en personnel progressent de
10,7 % (+ 121 millions de francs) et s'élèvent
à 1,25 milliard de francs.
380 emplois sont créés, dont 258 sont des éducateurs
ou des chefs de service éducatif
. En outre, par anticipation sur les
créations d'emplois de 2001 pour la poursuite du plan
décidé par le conseil de sécurité
intérieure
, le ministère de la justice a été
autorisé à lancer dès 2000 un concours exceptionnel pour
300 postes supplémentaires
.
Par ailleurs, le
recrutement de 600 emplois jeunes
devrait contribuer
à la prise en charge des mineurs en difficulté et devrait
apporter un soutien aux équipes éducatives.
En outre,
les personnels bénéficieront de plusieurs mesures
indemnitaires, pour un montant total de 9,1 millions de francs
. Outre
une mesure générale de 6,2 millions de francs, les
principales actions porteront sur la revalorisation indemnitaire des personnels
de direction (1,8 million de francs), ainsi que sur la valorisation des
primes des dimanches et jours fériés et de l'indemnité de
surveillance de nuit (801.360 francs).
2. La forte hausse des dépenses de fonctionnement
Les
crédits affectés aux dépenses de fonctionnement
s'élèvent à 1,83 milliard de francs, en progression
de 19,8 %.
Ces crédits sont répartis entre le secteur public et le secteur
associatif.
Les crédits destinés au secteur associatif
sont
regroupés dans le chapitre 37-33 (Remboursement des prestations
effectuées par le secteur habilité ou conventionné),
ancien chapitre 34-33.
Ces crédits augmentent de 19 % (+234 millions de francs) et
s'élèvent à 1,47 milliard de francs.
Ils
serviront à financer les
77 centres éducatifs
renforcés
mis en place dans le secteur associatif.
Par ailleurs,
129,8
millions de francs seront
destinés au financement d'autres actions
: hébergements
classiques des mineurs délinquants et des jeunes majeurs, action
éducative en milieu ouvert, investigation et orientation
éducative, enquêtes sociales et mesures de réparation
pénale...
Les moyens de fonctionnement des services du secteur public
sont
regroupés dans le chapitre 34-34, dont les crédits augmentent de
22,5 % par rapport à 1999 et s'élèvent à
364,2 millions de francs
.
Ces crédits doivent financer :
-
la création de 20 centres éducatifs
renforcés
(9,8 millions de francs). A la fin 2000, le nombre
total de centres éducatifs renforcés publics et privés
devrait atteindre le chiffre 100 ;
-
la création de 20 centres de placement immédiat
,
pour les mineurs délinquants plus difficiles (38 millions de
francs), qui s'ajouteront aux 15 unités existant fin 1999.
Par ailleurs, les autres actions éducatives (classes relais,
activités des mineurs) seront renforcées ainsi que la
coordination éducative.
Toutefois, pour mieux appréhender concrètement les
dépenses de fonctionnement du service public de la protection judiciaire
de la jeunesse, il faudrait inclure les crédits du chapitre 46-01
(soit près de
20 millions de francs
) qui regroupe
les
subventions et interventions diverses
. Ainsi, 5 millions de francs
supplémentaires sont affectés pour 2000 au développement
d'activités pour les mineurs.
3. Les mesures en faveur de l'équipement
Le
projet de loi de finances prévoit
100 millions de francs
d'autorisations de programme
(contre 84 en 1999) et
77 millions de
francs de crédits de paiement
(contre 97 millions de francs
l'année dernière).
Les autorisations de programme permettront notamment de financer :
-
la création de foyers d'hébergement
(16 millions de francs) et de centres de placement immédiat
(21 millions de francs) ;
-
la création et l'adaptation de centres de jour
et de
services du milieu ouvert (11 millions de francs) ;
-
la sécurité et l'entretien du patrimoine
(10 millions de francs) ;
- la mutualisation des directions régionales et
départementales (8 millions de francs) ;
- le solde des opérations engagées (19 millions de
francs).
E. LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES
Le budget des juridictions administratives (le Conseil d'Etat, sept cours administratives d'appel au 1 er janvier 2000 et trente-cinq tribunaux administratifs) devrait atteindre, en 2000, 841,7 millions de francs en crédits de paiement, soit une progression de 3,9 % par rapport à l'année dernière.
1. Une augmentation importante des moyens de fonctionnement
Les
dépenses en personnel sont en hausse de 5,1 % et atteignent
près de 634 millions de francs.
83 postes supplémentaires
, dont
40 magistrats
, sont inscrits
au projet de budget 2000. Ils visent notamment à
renforcer les
tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel.
Les crédits de fonctionnement sont en hausse de 2,3 % et
s'élèvent à 148,4 millions de francs.
Les crédits informatiques
(chapitre 34-05) connaissent une
croissance de 7,2 % et s'élèvent à 28,9 millions
de francs. Ils visent à financer :
- l'extension de l'informatisation des juridictions administratives ;
- le renouvellement et l'extension des applications de gestion du
personnel ;
- le lancement de l'infocentre du Conseil d'Etat chargé de la
production des états statistiques du contentieux.
2. La poursuite des travaux d'équipement
Les
crédits du titre V
s'élèvent à
50 millions de francs
en
autorisations de programme
(contre
58 millions de francs en 1999) et à
56 millions de francs
en crédits de paiement
(contre 58 millions de francs en 1999).
Même si les crédits consacrés à l'investissement
diminuent par rapport à l'année précédente,
l'effort d'investissement se poursuit. En raison de l'achèvement des
travaux du Conseil d'Etat,
les investissements futurs se concentreront sur
les tribunaux administratifs
qui bénéficieront de 85 %
des autorisations de programme. Ainsi, 29,5 millions de francs devraient
être consacrés à la construction du tribunal administratif
de Cergy-Pontoise. En outre, 7,5 millions de francs seront affectés
au relogement du tribunal administratif de Rouen.
III. PRESENTATION DES ARTICLES RATTACHES AU PROJET DE LA LOI DE FINANCES
A. L'ARTICLE 71 : REVALORISATION DE L'UNITÉ DE VALEUR DE RÉFÉRENCE POUR L'AIDE JURIDICTIONNELLE
Cet
article tend à revaloriser le montant de l'unité de valeur
servant à déterminer la dotation affectée au barreau au
titre de l'aide juridique.
Conformément à la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991
modifiée à l'aide juridique, l'Etat affecte chaque année,
à chacun des barreaux, une dotation représentant sa part
contributive à la rétribution des avocats accomplissant des
missions d'aide juridictionnelle, calculée en fonction d'une
unité de valeur de référence.
La loi de finances pour 1998 avait revalorisé l'unité de valeur
de 1,54 % en faisant passer son montant de 130 à 132 francs.
L'article 71 de la loi de finances pour 2000 propose de porter le
montant de l'unité de valeur à 134 francs, soit une hausse
de 1,52 %.
Le coût de cette mesure est évalué à
17 millions de francs.
B. L'ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS L'ARTICLE 71 : L'ÉTABLISSEMENT D'UNE COMPTABILITÉ RETRAÇANT LE DÉTAIL DES DÉPENSES DE FRAIS DE JUSTICE PAR DOSSIER D'INSTRUCTION
Ces
dernières années, les frais de justice ont connu une croissance
telle que Le Garde des Sceaux a fait procéder à une enquête
sur les causes de la forte augmentation des dépenses de frais de
justice. Une grande partie de ces dépenses apparaît
inéluctable du fait de la technicité croissante des affaires et
du recours beaucoup plus systématique aux expertises et
contre-expertises. Toutefois, une liste de dysfonctionnements a
également été dressée, qui concerne principalement
les dépenses de fourrière et de scellés ainsi que les
réquisitions aux opérateurs de télécommunication.
Toute une série de réformes a donc été mise en
oeuvre pour éviter certains gaspillages. Pour autant, à l'heure
actuelle, les chefs de cours ne disposent d'aucun outil leur permettant
d'exercer un suivi des dépenses de frais de justice engagées par
chacun des juges d'instruction de sa juridiction pour chaque dossier
d'instruction. Cette situation apparaît paradoxale dans la mesure
où l'actuel Garde des Sceaux a multiplié depuis trois ans les
actions d'évaluation des services.
En effet, depuis plusieurs années, le ministère de la justice a
vu ses crédits augmenter de manière notable. En contrepartie, des
résultats tangibles sont attendus, notamment en matière de
réduction des délais de procédure ou de
désengorgement de certaines juridictions.
Or, si des moyens supplémentaires sont indispensables pour assurer un
fonctionnement normal de la justice, cette dernière ne peut pas
échapper à une réflexion sur l'efficacité de ses
services, ainsi que sur leur coût. Le Garde des Sceaux actuel semble
conscient de la nécessité de cette évaluation globale.
Ainsi, il a renforcé les moyens de l'inspection générale
des services judiciaires qui constitue un instrument très performant de
contrôle et d'évaluation, mais aussi de propositions à
partir des observations faites sur le terrain.
Les dépenses de frais de justice ne doivent pas rester à
l'écart de ces réformes qui visent, à moyens constants,
à améliorer la qualité des services rendus par une
responsabilisation de tous les acteurs de la justice et par l'introduction de
certaines réformes d'organisation.
C'est pourquoi il est proposé de rendre la tenue d'une telle
comptabilité obligatoire. Cette proposition n'a pas pour objectif
d'entraver les juges d'instruction dans leurs missions. Elle a pour but
d'évaluer le coût d'une instruction et de permettre certaines
comparaisons entre affaires de nature similaire et, le cas
échéant, de demander des explications lorsque les écarts
apparaissent peu justifiés.
IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. Un effort budgétaire réel qui ne traduit pas encore par une amélioration du fonctionnement de la justice
Le
projet de budget 2000 poursuit l'effort budgétaire entrepris depuis le
vote de la loi de programme relative à la justice en 1995 et
accentué par le gouvernement actuel.
Ainsi, le budget de la justice voit ses crédits augmenter de
3,9 % par rapport à l'année dernière et
atteindre 27,3 milliards de francs. Par ailleurs, 1237 emplois sont
créés, dont 256 magistrats, 145 greffiers et greffiers
en chef, 290 personnels de surveillance pénitentiaire et 258 personnels
éducatif.
Or, ce renforcement considérable des moyens de la justice n'a pas
entraîné d'amélioration visible pour le citoyen dans le
fonctionnement de cette dernière. Ainsi, le stock d'affaires en cours
auprès de la Cour de cassation, des Cours d'appel, des tribunaux de
grande instance et des tribunaux d'instance s'est accru en 1998 tandis que la
durée moyenne des procédures s'est encore allongée.
Les tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel sont
également confrontés à une augmentation inquiétante
de leur stock d'affaires. Ainsi, à Paris, le stock en 1998 a atteint
50.575 affaires pour 16.561 affaires réglées. Quant au
délai moyen de jugement dans les cours administratives d'appel, il est
passé d'un an en 1993 à près de trois ans en 1998.
Certes, les juridictions doivent faire face à un afflux toujours
croissant d'affaires nouvelles tandis qu'une partie non négligeable des
emplois créés ne sont réellement pourvus qu'avec un
décalage de plusieurs années en raison des impératifs de
formation.
Pour autant, la justice sera jugée sur sa capacité à tirer
profit des moyens financiers et humains qui sont mis à sa disposition
pour améliorer la qualité des missions qu'elle remplit.
2. Le nombre de vacances de postes : la difficulté d'obtenir un chiffre fiable
En 1997,
l'Union syndicale des magistrats avait envoyé un questionnaire
auprès de toutes les juridictions afin de comptabiliser le nombre des
postes officiellement vacants et celui des postes vacants " de
fait "
102(
*
)
. Cette enquête avait
été éclairante. Alors que la Chancellerie avançait
un taux de 3 % d'emplois vacants (soit 195 magistrats sur un total de 6287
postes budgétaires), les réponses au questionnaire conduisaient
à évaluer ledit taux à 7,7 %, soit 482 postes vacants.
Or, cette ambiguïté subsiste. Lorsque votre rapporteur se rend dans
les juridictions, la question des vacances de postes est toujours
soulevée et constitue l'un des plus importants griefs des magistrats. La
Chancellerie au contraire assure que la gestion des effectifs a
été considérablement améliorée et que les
vacances d'emplois auraient atteint un niveau incompressible : 0,17 %
pour 1999, ce qui correspond à 11 emplois vacants.
Pourtant, d'autres informations obtenues par votre rapporteur auprès de
la Chancellerie indiquent qu'au 1er septembre 1999, le nombre total de
magistrats s'élève à 6558, dont :
- 9 sont en congé de longue durée
- 16 sont en congé parental
- 266 sont en position de détachement
- 77 sont en disponibilité.
Au total, 368 postes ne sont donc pas occupés. Certes, il faut tenir
compte des 82 magistrats maintenus en activité en surnombre et des
100 magistrats recrutés par concours exceptionnel. Mais le
résultat obtenu donne 186 postes vacants, ce qui ne correspond pas aux
chiffres avancés par la Chancellerie.
3. Des moyens de fonctionnement insuffisants pour les établissements pénitentiaires et les juridictions
Faute de
dotations suffisantes, les travaux de maintenance et de modernisation du parc
ne sont pas effectués comme le renforcement de la
sécurité, l'amélioration des conditions de
détention et de travail du personnel, ce qui oblige à effectuer
de manière beaucoup trop fréquente de gros travaux de
réparation financés sur le titre V.
A cet égard, votre rapporteur rappelle qu'alors que les dépenses
d'entretien immobilier des établissements du " programme
4000 " s'élevaient à 120 francs par mètre
carré en 1998, celles dans le parc pénitentiaire classique se
montaient à seulement 57 francs par mètre carré.
Or, l'administration pénitentiaire est confrontée à un
patrimoine vétuste. 92 établissements ont été
construits depuis plus d'un siècle et certains sont des anciens biens de
l'Eglise transformés en prison pendant la période
révolutionnaire.
Par ailleurs, l'administration pénitentiaire a fait procéder
à une enquête générale sur la composition
précise de son patrimoine et sur son état. Les résultats
de cette étude font apparaître l'insuffisant entretien des
bâtiments et la non conformité aux normes techniques et sanitaires
d'un grand nombre d'installations, notamment les cuisines.
Seuls 55
établissements (les centres de semi-liberté ne sont pas compris),
construits ou entièrement rénovés depuis 1968, satisfont
aux normes actuelles de détention. Ils ne représentent que
52 % de la capacité totale du parc.
En outre, plus de la moitié des établissements se
caractérisent par des structures traduisant des conceptions
pénitentiaires anciennes, inadaptées aux régimes modernes
de détention.
Les moyens consacrés à l'entretien des établissements sont
insuffisants car ils n'ont pas permis de prendre en compte la croissance de la
population carcérale pendant les deux dernières décennies,
qui est passée de 26.000 en 1975 à 56.000 en 1997.
Ainsi, la combinaison de plusieurs facteurs a contribué à la
dégradation du parc immobilier :
- l'absence de tout programme de maintien à niveau des immeubles pendant
la période 1940-1964 ;
- la surpopulation des maisons d'arrêt au cours de la dernière
décennie ;
- le faible niveau des crédits du titre III réservés
à l'entretien
régulier des bâtiments
,
souligné dans le rapport de la cour des comptes de 1991 sur la gestion
du patrimoine immobilier du ministère de la justice et dont les
conclusions sont toujours d'actualité. Alors que les crédits du
parc classique sont essentiellement consacrés à une maintenance
corrective, ceux du parc 13.000 sont utilisés à 60 % pour
une maintenance préventive. Le déficit de maintenance est
évalué à 140 millions de francs annuels, soit
2 milliards de francs pour les quinze dernières années.
Il est donc urgent que le ministère de la justice obtienne les
crédits nécessaire pour l'entretien de son parc immobilier. En
contrepartie, ce dernier doit se doter d'une politique immobilière et
définir une programmation pluriannuelle pour recenser les
dépenses d'entretien à effectuer et distinguer clairement les
dépenses relevant du titre III de celles relevant du titre V.
4. La nécessité d'adopter une nouvelle loi de programme pour achever la rénovation des juridictions et des établissements pénitentiaires
La loi
de programme n °95-9 relative à la justice avait prévu
une enveloppe de 8,1 milliards de francs en autorisations de programme,
dont 4,5 milliards de francs pour les services judiciaires et
3 milliards de francs pour les services pénitentiaires. Ces
crédits ont permis de lancer un programme de réhabilitation du
parc immobilier de la justice. Pour autant, les besoins restent encore
énormes et de nombreux bâtiments restent vétustes,
inadaptés à l'accueil du public, voire dangereux.
En outre, à défaut de crédits suffisants pour mener en
même temps les travaux d'équipement concernant les services
judiciaires et les services pénitentiaires, certaines opérations
ont été retardées et il est à craindre que ce
retard ne sera pas comblé.
C'est la raison pour laquelle votre rapporteur plaide en faveur d'une nouvelle
loi de programme pour la justice qui permette d'achever le programme de
rénovation du parc immobilier entrepris en 1995.
5. La prise en compte des remarques de votre rapporteur par la ministre de la justice
Votre
rapporteur constate avec plaisir que le Garde des Sceaux tient compte de ses
observations dans l'élaboration de sa politique de la justice.
Ainsi, ses remarques sur le développement incontrôlé des
frais de justice semblent avoir été entendues puisque de
nombreuses mesures ont été prises pour limiter l'augmentation des
frais de justice.
Par ailleurs, votre rapporteur avait soulevé l'année
dernière la nécessité de mettre à la disposition du
tribunal de grande instance de Paris des locaux lui permettant de remplir sa
mission correctement. Il avait rappelé que les études
menées dans le cadre du schéma directeur immobilier du palais de
justice de Paris ont mis en évidence pour le Tribunal de grande instance
une surface utile totale (hors circulation et sous-sol) de 37.435 m²,
alors que 74.881 m² seraient nécessaires pour satisfaire les
besoins de cette juridiction, soit une surface double à celle qui
existe. Il avait donc plaidé
en faveur de la construction d'un
nouveau palais de justice.
Or, il semblerait qu'un arbitrage dans ce sens soit en passe d'être
rendu. Votre rapporteur ne manquera pas d'interroger la ministre à ce
sujet lors de l'examen du budget en séance publique.
6. Le renforcement de l'inspection générale des services judiciaires
Votre
rapporteur se félicite que parmi les priorités
dégagées par la ministre figure le renforcement de l'inspection
générale des services judiciaires.
Alors qu'il y a 12 ans, ce service ne comprenait que trois magistrats, son
effectif s'élèvera au 1
er
janvier 2000 à
22 personnes reconnues par le monde judiciaire pour les compétences et
leur connaissance approfondie des services du ministère de la justice.
Ce renforcement apparaît très opportun. En effet, depuis quelques
années, le budget de la justice bénéficie d'une
augmentation importante des crédits mis à sa disposition. En
contrepartie, il est nécessaire de vérifier que l'argent public
est dépensé de la manière la plus efficace possible.
En outre, l'adoption de la réforme de l'organisation du Parquet conduira
à accentuer l'indépendance des magistrats et à limiter
l'influence du Garde des Sceaux. Pour autant, les magistrats ne doivent pas
échapper à tout contrôle. Or, leur responsabilité
pourra être engagée à partir des informations transmises
par l'inspection générale des services judiciaires qui a vocation
à procéder au contrôle de l'ensemble des services
placés sous l'autorité du Garde des Sceaux et aux enquêtes
administratives sur le comportement des magistrats.
OUTRE-MER
Rapporteur spécial :
M. Henri TORRE
La
commission des finances doit se prononcer sur les crédits inscrits dans
le fascicule budgétaire consacré à l'outre-mer. Toutefois,
il convient de garder présent à l'esprit que ces crédits,
dont le montant s'établit à
6,3 milliards de francs
dans
le projet de loi de finances pour 2000, ne constituent qu'une partie de
l'effort total de l'Etat en faveur de l'outre-mer, dont l'ordre de grandeur est
d'environ 50 milliards de francs.
Le montant des crédits inscrits dans le PLF 2000 au budget du
secrétariat d'Etat à l'outre-mer est supérieur de 760
millions de francs à celui de 1999, soit une augmentation de 13,5 %.
Toutefois,
ce taux de progression est artificiel
. En effet, 660 de ces
760 millions de francs correspondent à des dépenses
antérieurement prises en charges par d'autre ministères, et qui
sont transférées cette année au budget de l'outre-mer.
A structure constante, l'augmentation des crédits en 2000
s'établit à 1,8 %
(+ 3 % pour les dépenses de
fonctionnement, - 1,2 % pour les dépenses d'investissement).
Les
crédits du secrétariat d'Etat à l'outre-mer en 2000
Les
crédits du budget de l'outre-mer servent à financer
cinq types
d'action
(" agrégats ") d'inégale importance :
A. L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
L'agrégat 01 " Administration
générale " retrace essentiellement les dépenses de
fonctionnement du secrétariat d'Etat : les dépenses de
personnel et les moyens en matériel des services.
La stabilité du montant des crédits de l'administration
générale, qui s'élève à
1 milliard de
francs
(+ 0,3 %), masque en réalité un double mouvement :
-
l'augmentation des dépenses de personnel
de 1,5 %, pour un
montant total de 869 millions de francs.
Cette augmentation, qui est de 12,9 millions de francs entre 1999 et 2000, est
due principalement à la mise en oeuvre de l'accord salarial dans la
fonction publique du 10 février 1998 : les crédits du
chapitre 31-90 " Rémunération des personnels "
augmentent en effet de 23,6 millions de francs dans le PLF 2000, soit une
progression de 3,4 %.
-
la
réduction des dépenses consacrées au fonctionnement des
services
, dont le montant baisse de 6,2 % et s'établit à
181,1 millions de francs (soit 11,9 millions de francs de moins que dans la LFI
pour 1999).
Cette diminution résulte de la réforme du
service militaire
adapté
(SMA). En effet, les crédits du chapitre 34-42
" SMA-alimentation " baissent de 6,8 millions de francs (-14,16%)
tandis que les crédits consacrés au SMA au sein du chapitre 34-96
" Fonctionnement des services " diminuent pour leur part de 6
millions de francs. Le secrétariat d'Etat explique la réduction
de ces crédits par celle des effectifs.
Au sein des dépenses de fonctionnement, il convient de signaler que,
comme les années précédentes,
le chapitre 37-91
" Frais de justice. Réparations civiles " reste
considérablement sous doté
. L'enveloppe habituelle de 3
millions de francs est reconduite alors que, en 1998, le montant total des
dépenses de ce chapitre s'est élevé à 161,6
millions de francs et que, pour 1999, elles s'élevaient
déjà à 35,6 millions de francs au 30 juin.
B. L'ACTION EN FAVEUR DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Le
montant des actions en faveur des collectivités locales d'outre-mer
avait baissé de 47 % entre 1998 et 1999, principalement en raison de la
fin de la prise en compte par le budget du secrétariat d'Etat de la
subvention au fonds intercommunal de péréquation de la
Polynésie française.
Cette subvention devait théoriquement être supportée par le
budget du ministère de la défense à compter de 1999, au
titre des compensations accordées en contrepartie de l'arrêt des
essais nucléaires.
Les documents budgétaires affichent une forte augmentation de l'effort
financier du secrétariat d'Etat en faveur des collectivités
locales d'outre-mer : 525 millions de francs, soit 3,8 fois plus qu'en
1999.
En réalité, cette augmentation est due à l'arrivée
de crédits figurant auparavant au budget d'autres ministères. A
structure constante, le montant des crédits de cet agrégat
diminue.
1. Une baisse à structure constante
A
structure constante, le montant des actions en faveur des collectivités
locales diminue à nouveau en 2000, de 20,6 %,
et s'établit en
119,3 millions de francs contre 135 en 1999.
Cette réduction ne traduit pas une réduction de l'effort
financier de l'Etat mais :
- la fin des versements effectués au profit du fonds intercommunal de
péréquation de Nouvelle Calédonie en application d'une
décision de justice de 1996 (5,9 millions de francs en 1999) ;
- l'écart traditionnel entre le montant des crédits du chapitre
67-51 " Travaux divers d'intérêt local " en loi de
finances initiale et le montant inscrit dans le PLF de l'année suivante.
Ce chapitre sera, à n'en pas douter, abondé au cours de la
discussion budgétaire.
En outre, il convient de rappeler que plusieurs des chapitres composant cet
agrégat (36-01 " Equipement administratif ", 41-91
" Subventions facultatives " sont abondés en cours de gestion
par des crédits en provenance du chapitre 68-93 " Actions diverses
pour le développement de la nouvelle Calédonie ".
2. La traduction financière des dispositions de la loi organique du 19 mars 1999 sur la Nouvelle Calédonie
La loi
organique du 19 mars 1999 a organisé le
transfert de certaines
compétences à la Nouvelle Calédonie
en matière
de commerce extérieur, de droit du travail, d'enseignement scolaire, de
jeunesse et sport et de mines et énergie.
Il est prévu que l'Etat compense à la Nouvelle Calédonie
les charges résultant de ces compétences nouvelles en lui versant
une
dotation globale de compensation
(DGC). L'Etat versera
dorénavant également aux communes de Nouvelle Calédonie
une
dotation globale de fonctionnement
(DGF) destinée à
leur donner les moyen d'exercer leurs compétences dans le domaine
sanitaire et social et le domaine de l'enseignement.
La DGC et la DGF sont regroupées au sein d'un nouveau chapitre 41-56
" Dotations globales pour la Nouvelle Calédonie ", doté
de
405,7 millions de francs
(11,7 pour la DGC et 393,5 millions de
francs pour la DGF).
Ces crédits ne doivent pas être considérés comme
un effort supplémentaire de l'Etat en faveur de l'outre-mer.
En effet, les crédits du chapitre 41-56 proviennent soit de
transferts
en provenance du budget des ministères qui
exerçaient auparavant les compétences aujourd'hui
transférées à la Nouvelle Calédonie, soit de
transferts internes au budget du secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
L'origine des crédits de la dotation globale de
compensation
L'origine des crédits de la dotation globale de fonctionnement
En revanche, l'entrée en vigueur de la loi organique a conduit à une augmentation importante de l'effort de l'Etat en faveur de l'équipement administratif des TOM et de la Nouvelle Calédonie (chapitre 57-91), qui passe de 3,3 à 7,2 millions de francs.
C. L'ACTION EN FAVEUR DE L'EMPLOI ET DE L'INSERTION SOCIALE
Les
dépenses en faveur de l'emploi et de l'insertion sociale
représentent
la moitié du budget
du secrétariat
d'Etat à l'outre-mer. Leur montant s'établit dans le projet de
loi de finances pour 2000 à 3,1 milliards de francs , en hausse de 13,5%.
En réalité,
à structure constante, l'augmentation n'est
que de 1,5 %.
Les crédits de cet agrégat sont répartis en trois grandes
masses :
1. Le fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer (FEDOM)
A lui
seul, le FEDOM concentre plus du tiers des crédits du secrétariat
d'Etat, soit 2,1 milliards de francs, en hausse de 16 %.
Cette hausse est artificielle
. Elle est due au transfert au
secrétariat d'Etat du financement de 7000
contrats emplois
consolidés
(CEC), soit 291,7 millions de francs, auparavant
assuré par le budget du ministère de l'emploi et de la
solidarité.
Ce rapatriement correspond à un souci de rationalisation. En effet, les
crédits des
contrats emplois solidarité
(CES), aujourd'hui
mis en extinction au profit des CEC, se trouvent déjà au budget
de l'outre-mer. Ils constituent d'ailleurs la plus grosse fraction des
crédits du FEDOM, avec 661,5 millions de francs en 2000, en très
légère baisse.
L'évolution des crédits du FEDOM est également
marquée par la montée en charge du dispositif des
emplois-jeunes
. Outre-mer, c'est en effet le secrétariat d'Etat,
et non le ministère de l'emploi et de la solidarité, qui assure
la prise en charge de 80 % des rémunérations des emplois-jeunes.
Les crédits correspondants s'établissaient à 300 millions
de francs en 1998 et à 445 millions de francs en 1999. En 2000, cette
enveloppe sera portée à 615,5 millions de francs.
Le coût des 11.000 emplois-jeunes outre-mer, dont 3000 nouveaux, ne sera
pas couvert par les crédits ouverts au sein du FEDOM. Leur financement
sera cependant permis par un report de 180 millions de francs non
consommés en 1999.
Les crédits consacrés aux
contrats d'accès à
l'emploi
accusent pour leur part une baisse importante, de 28 %, dans le
projet de loi de finances pour 2000 et s'établissent à 354
millions de francs. Cette baisse serait due à la réduction du
coût unitaire des CAE. Le nombre de CAE augmenterait quant à lui
légèrement, de 7000 à 7500.
Pour mémoire, il convient de rappeler que FEDOM bénéficie
également en cours d'exercice de crédits en provenance de la
" créance de proratisation " du RMI. Cet abondement s'est
élevé à 192 millions de francs en 1998.
2. La " créance de proratisation "
Le
chapitre 46-01 " Action d'insertion en faveur des
bénéficiaires du revenu minimum d'insertion " est un
chapitre " réservoir ", dont le montant correspond à la
" créance de proratisation " du RMI.
Autrement dit, le montant des crédits inscrit sur ce chapitre correspond
à la différence entre le coût théorique du RMI
outre-mer et son coût réel, qui est inférieur puisque le
RMI versé en métropole est supérieur de 20 % à
celui versé outre-mer.
Les crédits de la créance sont répartis en cours
d'année entre les différents chapitres du budget et son
destinés à financer des actions d'insertion en faveur des
bénéficiaires du RMI.
La créance alimente
principalement les aides au logement, inscrites au chapitre 65-01.
Le montant en 2000 de la créance de proratisation s'élève
à 861,5 millions de francs,
en hausse de 5,7 %
. Compte tenu du
fait que le RMI n'a été revalorisé que de 3 %, il faut
conclure à une augmentation du nombre de bénéficiaires du
RMI dans les départements d'outre-mer.
3. L'action sociale et culturelle
L'action sociale et culturelle
(chapitre 46-94)
est
l'un
des seuls domaines
(avec la montée en charge des emplois-jeunes et
les aides au logement)
dans lequel le secrétariat d'Etat à
l'outre-mer disposera de moyen réellement nouveaux en 2000
.
Les crédits consacrés aux activités sportives, culturelles
et de jeunesse dans les DOM et dans les TOM passeront de 4 à 9,75
millions de francs. Ils serviront notamment à alimenter un nouveau
" fonds d'aide aux échanges artistiques et culturels ", dont
la création répond à la volonté du ministère
de la culture et du secrétariat d'Etat à l'outre-mer de mettre en
commun des moyens.
Le périmètre du chapitre 46-94 sera modifié en 2000
par l'inscription de 44,7 millions de francs, destinés au financement
des contrats emploi consolidés à Mayotte. Ces crédits
figuraient auparavant au budget de l'emploi et de la solidarité. Ils
n'ont pas pu être intégrés au FEDOM, Mayotte n'étant
pas un DOM.
Le montant des crédits de l'action culturelle et sociale est
traditionnellement majoré en cours d'exercice par des crédits du
fonds social européen (FSE). Ce fonds de concours, dont le montant s'est
établi à 60 millions de francs en 1998 et 53 millions de francs
en 1999, sert à financer des dépenses de formations
professionnelle dans le cadre du service militaire adapté.
D. L'ACTION EN FAVEUR DU LOGEMENT
Depuis
1996, l'Etat a regroupé en un chapitre budgétaire unique
l'ensemble de ses aides à la pierre pour le logement social outre-mer au
sein d'un chapitre budgétaire unique, le 65-01 (la
"
LBU
", ligne budgétaire unique).
Les crédits de ce chapitre avaient fortement augmenté dans le loi
de finance pour 1999 puisqu'ils avaient été majorés de
57,8 % , pour s'établir à 897 millions de francs. Au 30 juin
1999, près de 80 % des crédits du chapitre avaient
été ordonnancés.
En 2000, le gouvernement poursuit son effort et porte le montant des
crédits de la LBU à 918 millions de francs.
Il est déjà prévu que 650 millions de francs en provenance
de la " créance de proratisation " seront
transférés à la LBU en cours d'exercice.
E. L'ACTION EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT ET DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL
Outre,
la LBU, les subventions d'investissement accordées par le
secrétariat d'Etat à l'outre-mer se composent essentiellement des
crédits du fonds d'investissement des départements d'outre-mer
(
FIDOM
) et du fonds d'investissement pour le développement
économique et social (
FIDES
).
Le FIDOM finance surtout la participation de l'Etat aux opérations
inscrites aux contrat de plan Etat-régions et à la convention de
développement de Mayotte. Les crédits du FIDOM augmentent en 2000
(+ 9,5 %, à 217,5 millions de francs), après avoir connu une
baisse continue depuis 1995.
Les ressources du FIDES augmentent également de 13,01 % et passent de
127 à 143 millions de francs.
L'explication de la baisse de 1,2% des dépenses en capital du
secrétariat d'Etat à l'outre-mer provient de la réduction
de près de 70 millions de francs des crédits du chapitre 68-93
" Actions diverses pour le développement de la Nouvelle
Calédonie ". Ce chapitre est " réservoir ", dont
les crédits sont en partie transférés en cours d'exercice
vers des chapitres des titres III et IV. L'autre partie alimente le fonds
d'équipement pour la Nouvelle Calédonie (FEPNC).
La baisse de 18 % de son montant en 2000, pour un total de 320 millions de
francs, s'explique en partie par l'incorporation d'une partie de ces
crédits à la DGF de Nouvelle Calédonie.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
1.
Le projet de budget pour 2000 marque une
volonté
louable
d'améliorer la lisibilité et la cohérence
de la présentation de l'effort financier de l'Etat outre-mer. Ainsi,
dorénavant, les dépenses correspondant au financement de
l'ensemble des contrats aidés outre-mer figureront dans le budget du
secrétariat d'Etat.
La principale caractéristique du budget du secrétariat d'Etat,
celle d'être essentiellement constituée de dépenses de
fonctionnement et d'aides à l'emploi, s'en trouve renforcée.
De même, la mise en place d'une dotation globale de compensation et d'une
dotation globale de fonctionnement pour la Nouvelle Calédonie fait
apparaître les liens entre les réformes institutionnelles et leur
traduction financière.
2.
Le transfert vers le budget de l'outre-mer de dépenses
antérieurement supportées par d'autres budgets aboutit à
une
augmentation forte (13,6 %), mais purement optique des crédits du
secrétariat d'Etat
.
La progression réelle s'établit à 1,8 % et les moyens
supplémentaires ne s'élèvent pas 760 millions de francs
mais à seulement 100 millions de francs.
3.
L'évolution de la
structure des crédits du
secrétariat d'Etat
n'est pas satisfaisante. En effet,
l'accroissement des moyens de 100 millions de francs n'est pas consacré
à l'investissement et à la préparation de l'avenir mais au
financement d'emplois para-publics, les emplois-jeunes, qui
bénéficient de la principale mesure nouvelle avec 170 millions de
francs supplémentaires.
Est-il raisonnable de renforcer le poids des emplois publics dans des
départements et territoires déjà
" surfonctionnarisés " ?
4.
Le renforcement du secteur public tranche
avec l'absence de mesure
en faveur de l'investissement outre-mer
. De plus, pour la première
fois depuis deux ans, le régime de la loi Pons ne semble pas devoir
être modifié par la loi de finances pour 2000.
Compte tenu du peu d'enthousiasme du gouvernement actuel pour ce texte, on peut
craindre qu'il s'agisse d'une sorte de " calme avant la
tempête " et que le dispositif soit revu en profondeur dans le cadre
de la discussion du projet de loi d'orientation pour l'outre-mer.
5.
Dans la perspective de la discussion de la
loi d'orientation
,
la commission des finances devra être particulièrement attentive
à deux points :
- le sort réservé aux dispositifs issu de la loi
" Perben " de 1994 ;
- la prise en compte des propositions formulées par nos collègues
Claude Lise et Michel Tamaya, qui préconisent notamment, dans leur
rapport au Premier ministre, un retour progressif au droit commun de la
fiscalité directe locale et une révision des dispositifs fiscaux
propres à l'outre-mer.
II
- SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA DÉFENSE
NATIONALE
RAPPORTEUR SPÉCIAL
:
M. MICHEL moreigne
III. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
A. ÉVOLUTION D'ENSEMBLE
Les
crédits demandés pour 2000, inscrits à hauteur de
156,320 millions de francs,
sont en
hausse
de
19,46 %
par rapport aux crédits votés pour 1999, qui
s'élevaient à 130,851 millions de francs.
Cette nette augmentation intervient après plusieurs années de
diminutions importantes des moyens du SGDN. Elles correspondaient, pour la
plupart, à la réduction de son format, consécutive
à la réforme entreprise en 1995. Si celle-ci connaît son
aboutissement cette année, le nouveau Secrétaire
général nommé en 1998, s'appuyant sur un SGDN
restructuré et recentré sur ses missions et attributions, s'est
attaché à définir et obtenir les moyens de les assurer en
s'adaptant en permanence aux évolutions technologiques,
stratégiques, diplomatiques et économiques qui interviennent dans
son domaine d'intervention.
Les
dépenses ordinaires
progressent de 10,63 % avec
123,32 millions de francs en 2000 pour 111,47 millions de francs en
1999. Les mesures nouvelles concernent la création de 7 postes
budgétaires et la remise à niveau des moyens de fonctionnement de
plusieurs services.
Pour les
dépenses en capital
, l'année 2000 marque une
inflexion importante avec 33 millions de francs de
crédits de
paiement
contre les 19,4 millions de francs atteints en 1999 (+70,3%),
après la baisse constante depuis 1995 où les crédits
atteignaient 68,8 millions de francs. Le seuil critique atteint par ces
moyens avait d'ailleurs fini par susciter des interrogations sur
l'utilité de leur maintien, notamment à destination du programme
civil de défense (PCD) qui est désormais relancé. En
autorisations de programme
, la dotation est augmentée à
50 millions de francs (21 millions de francs en 1999), soit une
hausse de 138 %, et retrouve également un niveau important
(68,7 millions de francs en 1995), le PCD étant le principal
bénéficiaire de ces mesures nouvelles.
Le tableau ci-dessous présente, classés par titre, les
crédits demandés pour le SGDN pour 2000, en indiquant leur
évolution depuis 1998 et par rapport au budget voté pour 1999.
Il convient de relever, qu'à ce jour, ce budget n'a subi aucune régulation budgétaire pour l'exercice 1999.
B. DÉTAIL DES CRÉDITS
1. Les dépenses ordinaires augmentent
a) L'augmentation des crédits de fonctionnement
Le champ
d'action du SGDN ne recouvrant pas de dépenses d'intervention (titre
IV), les 123,32 millions de francs de dépenses ordinaires sont inscrits
sur le titre III qui recouvre
les moyens des services
.
Les crédits de
rémunérations et charges sociales
évoluent de 58,25 millions de francs à 65,76 millions de
francs, soit
une augmentation de 12,55 %
. Ils permettront l'embauche
d'ingénieurs et de techniciens supérieurs principalement
affectés à la création d'une cellule de surveillance et
d'alerte, chargée de lutter contre les intrusions et attaques
informatiques. Les moyens du service central de sécurité des
systèmes d'information (SCSSI) et les directions en charge du
contrôle des exportations et du PCD s'en trouveront également
renforcés.
Quant aux moyens destinés au
matériel et fonctionnement
des services
ils
augmentent
de 53,04 millions à
57,56 millions de francs, soit une
hausse de 8,51 %
. Hormis la
mise à niveau en matériel, notamment informatique, des services
précités, cette hausse concernera surtout, pour 3,4 millions
de francs, la contribution au réseau nato-wide de l'OTAN, dont le
coût d'abonnement était auparavant prélevé sur les
investissements. Le niveau des crédits reconduits devrait permettre au
SGDN d'entretenir ses locaux et de maintenir, au niveau nécessaire
à l'accomplissement de sa mission, son parc bureautique et informatique.
Le tableau, ci-après, récapitule l'évolution respective
des crédits du SGDN et du SCSSI, ces derniers étant
désormais parfaitement identifiés après la période
d'intégration de ce service dans le budget du SGDN.
b) L'évolution des effectifs
Le
recentrage des activités du SGDN s'est accompagné d'une
importante réduction des emplois budgétaires dont le nombre est
passé de
503 en 1996 à 218 en 1998
.
Si, en 1997, le transfert au ministère de la défense des
effectifs assurant le fonctionnement du centre de transmission gouvernemental
(CTG) s'est soldé par une diminution de 180 emplois (163 militaires
et 17 civils), le 31 décembre 1999 (terme de la réforme)
au total
133 suppressions
nettes d'emplois seront
intervenues : 34 titulaires, 59 contractuels et
40 appelés du service national.
En 1999
, dernière année de l'application de la
réforme, 20 emplois d'appelés sont supprimés, ainsi
que 8 postes de contractuels. Toutefois, le transfert du SCSSI aura
renforcé l'effectif budgétaire du SGDN de 44 emplois civils,
dont 28 contractuels, pour le porter à
234 emplois
.
En 2000
, après la création de 7 postes
budgétaires (2 titulaires et 5 contractuels), l'effectif du
SGDN atteindra
241 emplois
. Cependant, il convient de rappeler que si
les effectifs du CTG (180 personnes) sont rattachés au ministère
de la défense, celui-ci est placé sous l'autorité d'emploi
du SGDN. Enfin, il faut également souligner que si l'Institut des hautes
études de la défense nationale est placé sous la tutelle
du Premier ministre, il l'a déléguée au Secrétaire
général de la défense nationale. Cet organisme disposera
en 1999 d'un effectif de 74 mises à dispositions et de
8 emplois budgétaires, inscrits au budget des SGPM.
Le tableau ci-après présente l'évolution des effectifs
budgétaires :
2. La relance de l'investissement du programme civil de défense (PCD)
La
totalité des postes de dépenses en capital
bénéficie de mesures nouvelles.
Le CTG
bénéficie d'une
augmentation des crédits de paiement,
de 48,75 %, et des autorisations de programme, de 25 %
, qui permettra la
poursuite de l'amélioration de ses équipements.
La hausse de
33,33 % des crédits de paiement et le doublement des autorisations de
programme du SCSSI
accompagneront la montée en puissance de ce
service, en particulier la constitution de la cellule de surveillance et
d'alerte proposée par le SGDN.
Mais le principal bénéficiaire de l'importante inflexion des
crédits d'investissement est
le PCD
. Il
voit ses
crédits de paiement progresser de 112,5 % et ses autorisations de
programmes presque quadrupler
. Cette évolution est d'autant plus
remarquable qu'entre 1990 et 1999, ces crédits avaient subi une
réduction significative de 91 millions de francs à 8 millions de
francs. Cette phase de diminution a été accompagnée d'une
décision de gestion directe par le SGDN, en 1997, mettant ainsi fin au
saupoudrage en direction d'autres ministères et assurant une meilleure
sélectivité des opérations financées par le PCD.
Toutefois, le niveau de crédits était devenu insuffisant au point
qu'en 1999 le coût du développement de la valorisation du
réseau, de transmission gouvernemental chiffré, Rimbaud et un
complément de la contribution au réseau nato-wide ont dû
être financés sur des crédits non encore consommés.
Pourtant, ces opérations relevaient de programmes demandés par le
Premier Ministre.
Les dotations du PCD recouvrent deux domaines d'intervention :
- la protection des populations ;
- la continuité de l'action gouvernementale et sécurité
générale.
Si une faible part de la contribution au réseau de l'OTAN est maintenue
dans l'enveloppe du titre V, l'année 2000 marquera surtout une
étape importante pour le
renforcement de la sécurité
des transmissions gouvernementales
: restructuration du centre de
sécurité "Ranch Rimbaud", maintien en condition
opérationnelle par l'acquisition du banc de test IEM et mise en oeuvre
du programme de messagerie gouvernementale MAGDA. Ces deux dernières
opérations ayant dû être reportées en 1999.
Le programme d'équipement relatif
à la lutte antiterroriste
nucléaire, biologique et chimique (NBC)
qui, de par sa
technicité, ne peut être conduit que dans un cadre
interministériel impliquant sept ministères, est également
relancé pour la protection des personnels et la décontamination
des victimes.
L'évolution des opérations financées en 1998 et 1999 et
des prévisions pour 2000 est détaillée dans le tableau
ci-dessous :
IV. L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE LA DÉFENSE NATIONALE (IHEDN)
L'IHEDN a été érigé en
établissement public administratif (EPA)
en 1997 et ses objectifs
ont été redéfinis. Le
Secrétaire
général
de la défense nationale siège au
conseil d'administration et
exerce la tutelle de l'IHEDN
par
délégation du Premier ministre.
L'ambition de cette réforme était de le doter d'une autonomie de
gestion permettant une clarification de son financement. Au vu du rapport
d'activité produit par l'EPA, il apparaît que l'Institut s'est
engagé dans un effort d'adaptation et d'ouverture pour remplir son
objectif, d'être
un fondement essentiel à la culture et
à l'esprit de défense
. Or, sa dotation propre, tant en moyens
matériels qu'en effectifs, ne lui assure pas l'autonomie
financière ambitionnée. En effet, les 9,6 millions de francs de
crédits qui lui sont attribués pour 2000 au titre du budget des
SGPM, ne représentent qu'une faible part du coût réel de
l'Institut qui ressortait, compte-tenu des moyens mis à disposition par
d'autres d'administrations, à 41 millions de francs en 1998.
Quant à ses effectifs réels, ils représentent actuellement
78 emplois en équivalent temps plein.
V. L'ENSEMBLE DES CRÉDITS AFFECTÉS À LA DÉFENSE NON MILITAIRE DE LA NATION
L'effort
budgétaire, destiné en 2000 à la défense civile de
la Nation, comprend non seulement les crédits affectés au SGDN
mais également ceux que les ministères civils lui consacrent. Ces
montants sont récapitulés dans un "
Jaune
budgétaire
" qui paraît depuis 1988. Ils concernent les
dépenses permettant d'assurer la
continuité de l'action
gouvernementale
et le
maintien de l'ordre public
et celles
concourant à la
protection des populations et à la
défense économique
. Cette seconde action étant la plus
importante puisqu'elle représentait, en projet de loi de finance pour
1999, 93 % de l'ensemble.
Si ce "
jaune
" n'est pas encore en distribution, ses
principales composantes ont déjà été
communiquées au Parlement. Le tableau ci-après retrace les
crédits des différents ministères concourant à la
défense de la Nation et leur évolution par rapport à 1999.
L'ensemble des crédits, en dépenses ordinaires et
crédits de paiement, qui seront consacrés par les divers
ministères civils à la défense de la Nation
s'élèvera, en 2000, à
8.843,4 millions de
francs
. Cette dotation est donc, en francs courants, en nette augmentation
(+ 7 %) par rapport à celle de 1999.
La plus grande part des crédits consacrés à cette action
est fournie par le ministère de l'Intérieur qui
représentait, en 1999, 74 % du total ; 32.000 de ses agents y
participant.
Les autorisations de programme sont, elles aussi, en augmentation de
25,34 % par rapport à 1999.
VI. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. LE RECENTRAGE DU SGDN SUR SES MISSIONS :
Si
le
SGDN est l'instrument privilégié du Premier ministre
pour
l'exercice des responsabilités qu'il tient, en matière de
direction générale de la défense, de l'article 21 de la
Constitution, il est également
conduit à travailler
en
liaison étroite et permanente
avec la Présidence de la
République
.
Au travers de son nouveau format,
concentré autour de cinq directions
et recentré sur ses missions et attributions
fondées sur
l'ordonnance de 1959 et le décret de 1978, le Secrétariat
général assure des tâches de gestion permanentes. Il
s'agit, pour l'activité interministérielle, de la veille, du
secrétariat et de la coordination dans tous les domaines de la
défense et de la sécurité. Au titre des
responsabilités du Premier ministre, le SGDN est également en
charge de la sécurité des systèmes d'information, du
contrôle des transferts d'armement et de la protection du secret de
défense.
Cependant, dans la lignée de son prédécesseur, Jean Picq,
le nouveau Secrétaire général, Jean-Claude Mallet
,
s'attache à centrer l'activité prioritaire du SGDN dans
des
tâches de conception et d'impulsion
. Il est ainsi constitué
des équipes " à la demande " à l'instar des
cellules créées pour la crise du Kosovo ou pour le passage
à l'an 2000.
Plus concrètement, la remontée en puissance des missions du SGDN
s'articule autour de quatre axes de travail :
- le suivi et le développement des réformes concernant la
politique de défense ;
- le dossier des nouvelles technologies d'information et de
télécommunication sous l'angle de la sécurité et de
la défense ;
- le contrôle des transferts d'armement et la lutte contre la
prolifération ;
- les questions relatives à la sécurité
européenne et à l'Europe de la défense.
B. UN RÔLE MAINTENANT RÉAFFIRMÉ ET CONFIRMÉ :
Le
SGDN a traversé
, ces dernières années,
une crise
d'identité
transparaissant dans la diminution continue de ses moyens
et la succession de ses responsables, puisque quatre secrétaires
généraux se sont succédés à sa tête en
quatre ans.
Son rôle est maintenant réaffirmé et
confirmé
, tant par les nouveaux moyens mis à sa disposition
que par les appels renouvelés à sa compétence dans des
domaines importants pour la défense et la sécurité. Le
SGDN, qui assure la préparation et le secrétariat du
Comité interministériel du renseignement (CIR), est, en effet,
sollicité au travers de cette mission dans la gestion de crises
internationales. C'est ainsi qu'à l'occasion du conflit du Kosovo, ses
fonctions de synthèse, d'évaluation et de mise en valeur du
renseignement dans le processus de décision politique ont
été confirmées.
En matière de sécurité informatique, domaine sensible
(passage à l'an 2000), de lutte contre le risque terroriste et la
prolifération NBC et de réforme de notre politique de
défense dans sa dimension européenne,
le SGDN est
repositionné comme lien de convergence de la sécurité
intérieure et extérieure
.
Il est un
instrument majeur à la disposition des plus hautes
autorités politiques de notre pays
pour lequel les moyens doivent
être d'autant plus à la hauteur de l'importance des missions qui
lui sont confiées qu'ils resteront modestes au regard de la masse
budgétaire correspondant à ses domaines d'intervention.
III - CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL
Rapporteur
spécial : M. Claude LISE
Le Conseil économique et social bénéficie, dans le projet de loi de finances 2000, d'une croissance de ses crédits, majoritairement destinée à abonder la caisse des retraites des anciens membres du CES.
I. PRESENTATION GENERALE DES CREDITS
A. EVOLUTION D'ENSEMBLE
Les
crédits demandés pour 2000, au titre du Conseil économique
et social, s'élèvent à 189.214.764 francs, soit une
augmentation
de
3,31 %
par rapport au budget voté de
1999 (183,15 millions de francs).
B. PRINCIPALES EVOLUTIONS
1. Indemnités des membres du Conseil économique et social et des sections (chapitre 31-01)
Représentant plus des deux tiers du budget du CES, les
crédits demandés en 2000 pour ce chapitre s'élèvent
à
125,75 millions
de francs, soit une augmentation de
6,10 %
par rapport aux crédits inscrits à ce chapitre
en 1999.
Ils sont destinés à
financer l'augmentation des
rémunérations publiques
intervenues l'an passé
(
1,014 million
de francs
), à poursuivre
l'amélioration du
fonctionnement des secrétariats des groupes
(1,226 million
de francs
) et pourvoir aux besoins de
la caisse
des retraites (4,987 millions de francs)
, conséquence
financière du renouvellement intervenu en septembre 1999.
Au total
7,23 millions de francs
supplémentaires sont
affectés à ce chapitre.
2. Dépenses de personnel (chapitre 31-11)
Les
crédits de ce chapitre sont en hausse de
0,77 million
de
francs
(soit + 1,62 %). Cette évolution modeste s'explique
par les mouvements suivants :
0,112 million de francs
sont consacrés à la
transformation d'un emploi
, d'administrateur en emploi de sous-directeur
, et au
repyramidage du corps des adjoints administratifs
conséquence de l'accord salarial de la fonction publique. Cette
dernière mesure concerne trois emplois.
0,405 million de francs
sont affectés au financement des
augmentations générales de la fonction publique
.
0,258 million de francs
seront affectés au financement du
glissement vieillesse technicité (GVT).
3. Dépenses de matériel (chapitre 34-01)
Les crédits consacrés au matériel et fonctionnement des services augmentent de 0,53 %, soit 0,059 million de francs, et se montent à 11,29 millions de francs ; ces crédits seront affectés à la poursuite et au développement de l'équipement informatique du CES.
4. Equipement administratif (chapitre 57-01)
La
création, en 1997, d'un titre V au sein du budget du Conseil
économique et social a constitué une innovation dans un budget
qui ne comportait traditionnellement que des dépenses de fonctionnement.
La dotation inscrite au chapitre 57-01 se montait, en 1997, à
11,6 millions de francs et était destinée à permettre
l'achèvement d'un programme triennal de travaux d'entretien et de
rénovation du Palais d'Iéna.
Pour 2000
, la demande de crédits s'élève à
4 millions de francs
(en autorisations de programme comme en
crédits de paiement), soit
une baisse
de 33 ,33 % par
rapport à 1999.
Les travaux menés en 2000 viseront notamment à achever la mise
aux normes de sécurité du Palais.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. DES CRÉDITS DONT LA LEGERE PROGRESSION EST CONSACREE A L'ABONDEMENT DE LA CAISSE DES RETRAITES DES ANCIENS MEMBRES DU CONSEIL
Le PLF
2000 enregistre une hausse de
3,31 %, soit 6,06 millions de francs
,
légèrement inférieure à celle intervenue en 1999
(+ 3,78 %).
Si le PLF 99 mettait l'accent sur les moyens matériels et l'entretien du
Palais d'Iéna, cette année
l'essentiel des crédits
nouveaux seront affectés à la Caisse des retraites
des
anciens membres. Une part plus faible sera affectée aux
secrétariats des groupes.
L'année 2000 sera à cet égard atypique. Elle enregistrera,
en année pleine, les effets du
renouvellement des membres du CES
,
intervenu en septembre 1999.
79
des
99
conseillers non
renouvelés ont demandé la liquidation de leurs droits. Le nombre
des
pensions viagères
qui était de 431 en juillet dernier
va donc enregistrer une hausse de
18,32%.
Enfin, un crédit d'1,226 million de francs a été inscrit
afin d'achever la réforme entreprise en 1999. Il va permettre aux
secrétariats des groupes de recruter une deuxième
secrétaire.
B. APRÈS PLUSIEURS ANNEES DE FORTE PROGRESSION, LES CREDITS AFFECTES AU MATERIEL ET AUX INVESTISSEMENTS BAISSENT DE FACON SENSIBLE.
Au
cours des trois derniers exercices,
21 millions
de francs ont
été alloués au CES afin de rénover le Palais
d'Iéna, dont l'entretien avait un temps, été
négligé.
Les travaux les plus lourds ont pu être menés à bien au
cours des trois derniers exercices. L'accent a été mis sur
la
sécurité
(création d'un escalier de secours,
réfection du circuit électrique, désamiantage, etc...) et
l'amélioration des conditions de travail
(réfection des
bureaux) .
Dans le projet de loi de finances 2000, un plan de travaux plus modeste est
entrepris ; il concerne la mise aux
normes "
sécurité incendie
" d'une partie
du Palais et la
réfection des façades
.
La modernisation des moyens informatiques s'achève. Après le
renouvellement du parc de matériel, le CES procède à
l'adaptation de ses logiciels. Son site
internet a été ouvert
le 1er juillet dernier
et des nouveaux standards, déterminés
en collaboration avec les Journaux Officiels, ont permis de
diffuser ses
rapports huit jours après leur adoption
.
C. UN BILAN DE MANDATURE EN RETRAIT PAR RAPPORT A LA PRÉCEDENTE, CONTREBALANCE PAR LE DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES INTERNATIONALES
Au cours
de la mandature qui s'achève, le Conseil économique et social a
adopté
100 avis et études, contre 112
au cours de la
précédente mandature. Il est particulièrement regrettable
de constater que les demandes gouvernementales ont chuté de
35
au cours de la mandature 1989-1994 à
18
entre 1994 et 1999.
Grâce à sa
politique dynamique au plan international
le CES
a su encourager et assister de nombreux pays à se doter de leurs propres
conseils économiques et sociaux. Sa politique est essentiellement
dirigée vers les pays de l'est et l'Afrique. Dans ces pays, la
création d'une telle institution permet d'organiser le dialogue
démocratique permanent entre les acteurs économiques et sociaux.
Au cours des trois dernières années au Bénin, en
Grèce, Guinée, Slovénie, Slovaquie et Roumanie, des
conseils ont vu le jour. D'autres pays tels que la Macédoine ou le
Monténégro réfléchissent à de telles
créations.
De fréquentes rencontres entre les différents Conseils ont lieu.
Elles se développent dans un cadre régional, à l'exemple
de l'Union africaine des Conseils économiques et sociaux
créée novembre 1994 ; ou bien encore des réunions
annuelles instaurées depuis 1995 par les CES du bassin
méditerranéen.
Enfin, en juillet dernier l'Association internationale des conseils
économiques et sociaux à vu le jour à Port
Louis.
IV - PLAN
Rapporteur spécial :
M. Claude HAUT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
A. DES CRÉDITS EN AUGMENTATION SENSIBLE
Les
crédits demandés pour 2000 s'élèvent à
159,8 millions de francs (en dépenses ordinaires et crédits
de paiement), soit une progression de 6,4 millions de francs (+4,1 %)
par rapport au budget voté en 1999.
Les autorisations de programme prévues pour 2000 augmentent de
50 %, passant de 2 à 3 millions de francs, après
avoir diminué dans les mêmes proportions l'année
dernière.
Il faut, par ailleurs, noter que contrairement aux années
précédentes, les crédits des services du Plan n'ont pas
fait l'objet d'annulations en cours d'année.
Le tableau ci-après présente, par titre, les principales
évolutions :
1. Les dépenses ordinaires
Les
dépenses ordinaires qui représentent plus de 97 % du budget
du Plan, passent de 148,5 millions de francs en 1999 à
155,2 millions de francs en 2000, soit une augmentation significative de
4,5 %.
Les crédits du titre III, qui constituent 63 % des dépenses
ordinaires, s'élèvent à 100 millions de francs, en
augmentation de 7 %. Cette revalorisation substantielle des crédits
est liée à la relance du dispositif d'évaluation des
politiques publiques initiée à la fin de l'année
dernière.
Les moyens des services du titre III concernent le Commissariat
général du Plan, les organismes rattachés (CEPII et CSERC)
103(
*
)
, l'évaluation des politiques
publiques et enfin l'évaluation des contrats de plan Etat-régions.
Les crédits du titre IV, consacrés aux interventions publiques,
comprennent les subventions accordées à quatre organismes
(CEPREMAP, CREDOC, IRES, OFCE)
104(
*
)
. Ils
constituent la deuxième masse de budget avec environ 35 % du total.
En 2000 ; ils atteignent 54,9 millions de francs et sont stables par
rapport à 1999.
2. Les dépenses en capital
Les seules dépenses en capital inscrites au budget du Plan sont les crédits du titre VI, destinés à la recherche en socio-économie. Elles connaissent une légère diminution de leurs crédits de paiement, de 230.000 francs (4,830 millions de francs dans le budget voté de 1999 et 4,6 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000, soit - 4,7 %). En revanche, elles bénéficient d'une importante augmentation des autorisations de programme, à hauteur d'un million de francs (+ 50 %).
3. L'évolution des effectifs
Les effectifs du Commissariat général du Plan (CGP), hors organismes subventionnés, mais y compris le CEPII et le CSERC, s'établiront à 208 personnes en 2000, dont 96 titulaires et 112 contractuels, contre 210 en 1999. Ces deux suppression d'emplois contractuels concernent le CGP.
4. La présentation des crédits par agrégats
Depuis
1997, le budget du Plan est regroupé en deux agrégats : le
plan et la recherche.
Le tableau ci-après récapitule cette présentation des
dépenses par agrégat (en francs):
B. RÉPARTITION DES CRÉDITS PAR ACTION
Cette
présentation en deux agrégats des crédits du plan
apparaît toutefois réductrice, le tableau ci-après
présente une analyse plus fine de la répartition des
dépenses ordinaires.
Comme le fait apparaître très nettement ce tableau, les
crédits attribués à chaque action sont quasiment stables
par rapport à 1999, à l'exception de ceux alloués au Fonds
national de développement de l'évaluation (FNDE).
En effet, le FNDE chargé de réaliser l'évaluation des
politiques publiques, après avis du Conseil national de
l'évaluation (CNE) voit ses crédits multiplié par 7 avec
une dotation nouvelle de 5,5 millions de francs. Cette revalorisation
substantielle des crédits pour dépenses ordinaires est la
traduction concrète du processus de relance du dispositif
d'évaluation des politiques publiques.
Par ailleurs, s'agissant des dotations destinées au Commissariat
général du Plan, au CEPII et au CSERC, il faut signaler le
regroupement des crédits d'études (chapitre 34-04) sur le
chapitre des moyens de fonctionnement (chapitre 34-98) qui ne facilitera pas le
" décryptage " des crédits budgétaires.
Enfin, s'agissant de l'évaluation des contrats de plan
Etat-régions (CPER), les crédits pour 2000 sont reconduits pour
le même montant que l'année dernière, soit 5,15 millions de
francs. En effet, la troisième génération des CPER arrive
à son terme à la fin de l'année 1999 mais surtout
l'élaboration et la négociation de la nouvelle
génération des contrats de Plan Etat-régions (2000-2006)
est peu propice au lancement de nouveaux travaux d'évaluation.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. La nouvelle impulsion donné au CGP se traduit par une relance réelle de l'évaluation des politiques publiques.
En
effet, par un décret du 18 novembre 1998, précisé par une
circulaire du Premier ministre du 28 décembre 1998, le Gouvernement a
décidé de rénover la procédure d'évaluation
des politiques publiques. Il a notamment été mis fin aux
fonctions du Conseil scientifique de l'évaluation et au Comité
interministériel de l'évaluation (CIME), ce dernier ne
s'étant pas réuni depuis 1993, et auquel s'est substitué
le Conseil national de l'évaluation.
Ce nouveau Conseil installé le 16 février 1999 par M. Emile
Zucarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et
de la décentralisation, comprendra dorénavant des
représentants des élus locaux. Dans le cadre de cette nouvelle
procédure, le CNE propose un programme annuel au Premier ministre et le
commissariat général du Plan voit son rôle renforcé.
En effet, ce dernier recueille les intentions d'évaluation des
différents ministères et décide des suites à donner
aux travaux d'évaluation. Les délais sont par ailleurs
resserrés puisque l'évaluation ne doit pas excéder un an.
Ainsi, les cinq évaluations interministérielles
arrêtée le 13 juillet 1999, par le Premier ministre, seront
engagées pour un financement du FNDE de 5,5 millions de francs.
Elles portent sur les thèmes suivants : la prévention et le
traitement du Sida, la politique du logement social dans les
départements d'outre-mer, les dispositifs d'aide à l'emploi dans
le secteur non marchand, le programme " nouveaux services-nouveaux
emplois " dans le secteur de la jeunesse et des sports, la politique de
préservation de la ressource destinée à la production de
l'eau potable.
Enfin, le Conseil national de l'évaluation projette de proposer au
Premier ministre un second programme pour la fin de l'année
1999.
2. L'évaluation des contrats de plan Etat-Régions (CPER), autre dispositif dans lequel le C.G.P. joue un rôle central, a vu sa mise en oeuvre critiquée dans le dernier rapport de la Cour des Comptes.
L'obligation d'évaluer les politiques publiques
contractualisées à fait l'objet d'une décision du CIAT du
23 juillet 1992.
Comme pour les contrats de plan Etat-régions, la procédure
d'évaluation est fondée sur le partenariat. Elle conduit à
un cofinancement des projets à parité entre l'Etat et les
régions. Ce partenariat comprend un volet national et un volet
régional.
L'instance nationale d'évaluation mise en place en 1994 et
présidée par le Commissaire général au Plan a
examiné 153 dossiers présentés par les préfets
de région. Les thèmes les plus souvent traités portent
principalement sur la politique de la ville, les aides aux entreprises,
l'innovation technologique, l'agriculture et le développement rural.
Elle a par ailleurs tenu vingt réunions. Disposant d'une dotation au
budget du commissariat général du Plan, elle a
procédé, en 1999, aux délégations de crédits
à hauteur de 35,6 millions de francs sur un montant total de
47 millions de francs.
Au niveau régional, les comités d'évaluation se sont mis
en place beaucoup plus lentement entraînant ainsi une sous-consommation
des crédits en 1997. Cependant, aujourd'hui, toutes les régions
semblent avoir mis en place leurs instances d'évaluation.
Pour répondre aux critiques émises par la Haute juridiction
financière, le Commissariat général du Plan a
indiqué que la circulaire du 9 décembre 1993 fixant les
principes de mise en oeuvre de l'évaluation des CPER, serait
entièrement révisée. Elle prévoirait notamment
l'obligation d'entreprendre une évaluation à mi-parcours pour la
future génération de contrats de plan.
Votre rapporteur souhaite que les améliorations dont doit faire l'objet
la procédure d'évaluation, soient formellement mises en place
pour la quatrième génération des contrats de plan
Etat-Régions (2000-2006).
3. Les nouveaux objectifs fixés à la planification
Dans la
perspective de redynamisation de l'action du Commissariat général
du Plan, le Premier ministre, dans sa lettre du 31 mars 1998, a
assigné au plan un programme de travail qui doit se développer
autour de trois grands axes : développer l'économie
française dans le cadre mondial et européen, renforcer la
cohésion sociale, moderniser les instruments de l'action publique.
Les travaux, de type sectoriel, qui ont été engagés
devront converger vers " une réflexion collective autour de la
recherche d'une stratégie nationale de développement
économique et social ". Dans ce contexte, le Premier ministre a
demandé, par lettre du 24 novembre 1998, au Commissariat
général du plan de réaliser un rapport sur les
perspectives de la France qui devra privilégier quatre orientations
principales :
- Eclairer les perspectives à moyen et long terme pour l'ensemble
des citoyens,
- Décrire les possibilités de développement et de
mise en oeuvre pour les projets des acteurs économiques, sociaux,
territoriaux,
- Explorer, dans le nouvel environnement créé par l'euro,
les stratégies économiques et sociales possibles et souhaitables,
- Clarifier les choix à moyen terme des autorités publiques.
Achevé en avril 2000, ce rapport sur les perspectives de la France sera
remis pour avis au Conseil économique et social puis aux
assemblées parlementaires, accompagné d'une lettre du Premier
ministre .
Par ces différentes décisions, le Gouvernement marque sa
volonté de relancer la fonction d'éclaireur du Commissariat en
lui demandant d'explorer des stratégies alternatives de
développement et de clarifier les choix posés à la
collectivité nationale.
4. La réforme en cours du Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts (CSERC)
Le CERC
(Centre d'étude des revenus et des coûts) avait été
créé en 1966. La loi quinquennale sur l'emploi de 1993 lui a
substitué l'actuel CSERC. Ce dernier vient de faire l'objet d'une
modification législative.
En effet, l'Assemblée nationale a adopté, le 14 octobre
dernier, une proposition de loi qui tend à remplacer l'actuel Conseil
supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts par un Conseil de
l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC).
Si cette proposition était définitivement adoptée, elle
mettrait en place un organisme reprenant des éléments qui ont
fait le succès de l'ancien CERC, tout en maintenant certains aspects du
nouveau CSERC, plus adapté au contexte actuel.
Le nouveau Conseil prendra en compte l'emploi mais il n'aura pas de pouvoirs de
recommandation en la matière. Par ailleurs, sa composition serait
élargie à des personnalités représentatives de la
société civile et assurerait ainsi l'autonomie de cet organisme
dans la poursuite de ces travaux.
B. BUDGETS ANNEXES
AVIATION CIVILE
Rapporteur
spécial : M. Yvon COLLIN
I. PRESENTATION GENERALE : LES GRANDES MASSES BUDGÉTAIRES
A. LES DÉPENSES
Le budget annexe de l'aviation civile , dont les dépenses s'étaient accrues de 5,9 % l'an dernier, connaît une stabilisation en 2000 par rapport à 1999.
Evolution des dépenses du BAAC entre 1999 et 2000
(en millions de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1999 |
2000 |
En niveau |
En % |
Dépenses de fonctionnement (1) |
6.584,4 |
6.633,2 |
+ 48,8 |
+ 0,7 |
Dépenses en capital |
2.129,8 |
2.084,6 |
- 45,2 |
- 2,1 |
Total |
8.714,2 |
8.717,7 |
+ 3,6 |
+ 0,04 |
(1)
Le terme "dépenses de fonctionnement" est plus approprié que
celui de "dépenses d'exploitation" directement issu de l'ordonnance
organique du 2 janvier 1959.
Le total des dépenses s'élève à 8.717,7 millions
de francs.
La variation des dépenses en capital, qui
représentent 23,9 % de l'ensemble des dépenses contre 26,4 % en
1998, est cette année une nouvelle fois orientée à la
baisse ce qui permet de compenser au total la hausse des dépenses de
fonctionnement.
L'évolution des dépenses de fonctionnement varie fortement d'une
catégorie à l'autre.
Évolution des dépenses de fonctionnement
(en millions de francs)
|
Variations |
|||
|
1999 |
2000 |
en niveau |
en % |
Achats et services |
764,9 |
707 |
- 57,9 |
- 7,9 |
Services extérieurs |
69,4 |
85,4 |
+ 16 |
+ 23 |
Impôts |
26,9 |
29,6 |
+ 2,7 |
+ 1 |
Charges de personnel |
4.198,8 |
4.361,1 |
+ 162,3 |
+ 3,9 |
dont rémunérations hors charges sociales |
3.300,2 |
3.440,4 |
+ 140,2 |
+ 4,2 |
dont |
|
|
|
|
primes et indemnités |
1.264,2 |
1.328,8 |
+ 64,6 |
+ 5,1 |
Autres charges de gestion courante |
1.220,6 |
1.184,2 |
- 36,4 |
- 3 |
Charges financières |
234 |
190 |
- 44 |
- 18,8 |
Charges exceptionnelles |
47,8 |
40 |
- 7,8 |
- 16,7 |
Doivent
être soulignées les fortes augmentations du poste " Services
extérieurs " du fait de l'ajustement de la contribution à
Eurocontrol et du poste " Charges de personnel " sous l'effet d'une
forte croissance des primes et indemnités.
En sens inverse, la réduction des dépenses de gestion courante
(achats et services, autres charges de gestion courante) et des charges
financières et exceptionnelles pour un total de 146,1 millions de
francs vient modérer l'augmentation globale des
crédits.
B. LES RESSOURCES
La présentation simplifiée suivante peut en être donnée :
Recettes d'exploitation 105( * ) |
6.419,3 millions de francs |
Subvention reçue du budget général |
210 millions de francs |
Taxe d'aviation civile |
1.258,4 millions de francs |
Emprunts |
830,0 millions de francs |
Total |
8.717,7 millions de francs |
L'évolution des différentes catégories de ressources par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 1999 est retracée dans le tableau ci-dessous.
Evolution des grandes catégories de ressources 1999/1998
(en millions de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1999 |
2000 |
En niveau |
En % |
Recettes d'exploitation |
6.389,7 |
6.419,3 |
+ 29,6 |
+ 0,5 |
Subvention reçue du budget général |
215 |
210 |
- 5 |
- 2,3 |
Taxe d'aviation civile |
1.279,5 |
1.258,4 |
- 21,1 |
- 1,6 |
Emprunts |
830 |
830 |
0 |
0 |
Total |
8.714,2 |
8.717,7 |
+ 3,6 |
+ 0,04 |
La tendance à la déformation de la structure du financement du BAAC aux dépens des recettes d'exploitation et au profit de la fiscalité affectée et du recours à l'emprunt serait ainsi suspendue.
Structure
de financement du BAAC
Part dans le total des ressources
(en %)
|
1999 |
2000 |
Ecart en points |
Recettes d'exploitation |
73,3 |
73,6 |
+ 0,3 |
Subvention reçue du budget général |
2,5 |
2,4 |
- 0,1 |
Taxe de sécurité et de sûreté |
14,7 |
14,4 |
- 0,3 |
Emprunts |
9,5 |
9,6 |
+ 0,1 |
Total |
100 |
100 |
0 |
C. LES GRANDES ACTIONS
Le BAAC
a succédé au budget annexe de la navigation aérienne. Il
retrace l'intégralité des actions de la direction
générale de l'aviation civile, exception faite des crédits
de construction aéronautique civile qui figurent au budget du
ministère des transports, et non plus seulement l'activité de
navigation aérienne.
La répartition des crédits entre les différents
agrégats serait la suivante en 2000 :
BAAC 2000 - Répartition des actions *
(En millions de francs)
|
Dépenses ordinaires (exploitation) |
Crédits de paiement (dépenses en capital) |
|
|
|
Direction générale
|
1.944,3
|
621,9
|
2.566,2
|
29,4
|
4,6
|
TOTAL |
6.633,2 |
2.084,5 |
8.717,7 |
100 |
0,04 |
* aux
arrondis près.
Traditionnellement, une part majoritaire des crédits budgétaires
était consacrée à la mission de navigation
aérienne, l'agrégat "bases aériennes" étant, si
l'on néglige pour l'instant celui dénommé "direction
générale", le seul autre agrégat disposant de
crédits significatifs.
Cette année, si la modicité des crédits de contrôle
technique, et la faible croissance des crédits de formation
aéronautique se confirment, les crédits consacrés à
l'action " bases aériennes " qui avaient fortement
augmenté ces dernières années connaissent une diminution
considérable qui est entièrement due à la modification du
champ du budget annexe intervenue à l'occasion de la loi de finances
pour 1999 (v.infra).
Quant aux crédits de navigation aérienne, leur croissance
reprend sur un rythme plus rapide que celui de l'ensemble des moyens du BAAC.
On notera à ce stade, comme d'habitude, la discordance entre les
crédits budgétaires récapitulés par agrégats
et les moyens réellement alloués aux différentes missions
de la DGAC sur laquelle votre rapporteur reviendra.
Mais, on peut d'ores et
déjà relever le fort accroissement des crédits
budgétaires de navigation aérienne depuis 1994.
Dépenses de navigation aérienne
(en millions de francs)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Différence 2000/1994 |
Dépenses d'exploitation |
3.292,2 |
3.552,8 |
3.850,6 |
3.881,0 |
4.077,2 |
4.264 |
4.444,5 |
+ 1.152,3 |
Dépenses en capital |
1.140,0 |
1.139,0 |
1.185,0 |
1.335,0 |
1.370 |
1.195,5 |
1.290 |
+ 150 |
Total |
4.432,2 |
4.691,8 |
5.035,6 |
5.216,0 |
5.447,2 |
5.459,5 |
5.734,5 |
+ 1.302,3 |
C'est ainsi qu'en six ans, le niveau des crédits annuels de
navigation aérienne aura été accru de 1,3 milliard de
francs soit une augmentation de près de 30 %.
Celle-ci se décompose elle-même en une croissance de près
de 35 % des crédits de fonctionnement et de 13% des crédits
consacrés aux opérations en capital qui, après avoir connu
l'an dernier une chute non pérenne, reprennent leur essor comme
annoncé.
La seule présentation des crédits budgétaires
consacrés à la navigation aérienne fait ainsi
apparaître
une déformation de la structure des moyens
consacrés à cette mission. Déjà très
fortement consommatrice de moyens de fonctionnement en 1994
-74,3 %
des crédits sont alors consacrés à l'exploitation du
système-
la mission de navigation aérienne requiert en 1999
une part encore plus élevée de tels crédits (77,5 %)
et, ce, malgré l'importance des flux annuels d'investissement.
La croissance annuelle moyenne des crédits d'exploitation
s'élève sur la période à plus de
5,1 %.
II. LES OBSERVATIONS
A. LE BAAC CONNAÎT UNE PROGRESSION DE SES DÉPENSES QUI N'EST MAÎTRISÉE QU'EN APPARENCE
1. La poursuite de l'accroissement des charges de personnel
Le BAAC est, pour moitié, un budget de rémunérations. Les charges de personnel s'accroîtraient de près de 3,9 % par rapport à 1999 106( * ) après une augmentation moyenne de 5,6% au cours des deux dernières années (successivement 6 et 5 % entre 1997 et 1998 et 1998 et 1999)
Evolution des charges de personnel depuis 1995
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Evolution 2000/1995 |
Evolution
|
3.311,6 |
3.632,5 |
3.766 |
3.990,6 |
4.198,8 |
4.361,1 |
+ 31,7 % |
+ 3,9 % |
La
hausse des charges salariales s'explique largement par la négociation
périodique de protocoles sociaux triennaux qui donne lieu à des
tensions auxquelles les gouvernements successifs se sont toujours
montrés très soucieux d'apporter une réponse non
conflictuelle.
En 1998, dernière année de traduction budgétaire du
précédent protocole triennal du 3 novembre 1994, les charges de
personnel étaient supérieures d'1/5
ème
au
niveau atteint en 1995, première année d'application du protocole
triennal.
Le nouveau protocole conclu le 3 novembre 1997 provoque lui-même un
accroissement important des charges.
L'évolution du nombre des emplois entre 1995 et 2000 doit être
rappelée : ceux-ci sont passés de 9.917 en 1995 à
10.778 en 2000, soit une croissance de 8,6 %.
En s'en tenant aux seuls chapitres de rémunération
c'est-à-dire hors cotisations et prestations sociales, les
évolutions significatives suivantes se dégagent :
Evolution de la masse salariale du BAAC hors charges sociales
|
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Ecart
1
|
Ecart
1
|
Rémunérations des titulaires et contractuels |
1.463,9 |
1.644,4 |
1.752,5 |
1.820,6 |
1.892,1 |
29,2 |
3,9 |
Rémunérations des personnels ouvriers |
170,7 |
186,3 |
191,9 |
199,5 |
201,2 |
17,8 |
0,08 |
Vacataires et divers |
12,7 |
19,2 |
18,9 |
15,9 |
18,3 |
44,1 |
15,1 |
Primes et indemnités |
886,3 |
1.074,8 |
1.164,6 |
1.264,2 |
1.328,8 |
49,9 |
5,1 |
Total |
2.533,6 |
2.924,7 |
3.127,9 |
3.300,2 |
3.440,4 |
35,8 |
4,2 |
(1)
En pourcentage
Rapportée au nombre d'agents, la masse salariale hors cotisations
sociales donnait un coût par agent de 255.000 francs en 1995, de
284.920 francs en 1997, de 301.000 francs en 1998, de
311.398 francs en 1999 et de 319.206 francs en 2000 soit un niveau de
rémunération individuelle supérieur de 25 % au
montant atteint en 1995.
L'essentiel de la progression de la masse salariale de la DGAC (35,8 %
au total) vient donc de la revalorisation des rémunérations
individuelles, le reste provenant de l'accroissement des effectifs.
Ce
n'est donc pas la nécessité de mettre en place des
capacités nouvelles de traitement du trafic qui explique à titre
principal le glissement de la masse salariale. Cette nécessité
reste d'ailleurs à démontrer compte tenu d'une évaluation
réaliste des conditions de travail des agents du contrôle
aérien mais bien le choix de revaloriser les traitements des agents.
Les conditions dans lesquelles est gérée la masse salariale du
BAAC débouchent sur
des évolutions évidemment peu
raisonnables au regard des contraintes financières du moment qui
s'imposent tant à la fonction publique qu'aux salariés des
entreprises du transport aérien
.
2. La modération affichée de la croissance des crédits du budget annexe en 2000 provient des changements de la structure de ce budget intervenus à l'occasion de la loi de finances pour 1999
La loi
de finances pour 1999 a introduit des novations très importantes dans le
système de financement des infrastructures nécessaires au
transport aérien français.
Outre la création d'une taxe d'aéroport affectée aux
différents aéroports métropolitains -constitutive d'une
double-curiosité juridique selon laquelle, d'une part, des charges
correspondant à des missions d'intérêt
général éminemment à la charge de l'Etat comme la
lutte anti-terroriste ne sont pas retracées dans son budget et, d'autre
part, des personnes totalement privées se voient désignées
comme bénéficiaires d'une imposition-, cette loi de finances a en
effet institué un nouveau compte d'affectation spéciale le
" Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien " (FIATA).
Ce nouveau fonds est le produit d'une extension du compte d'affectation
spéciale n° 902-25, l'ex " Fonds de péréquation
des transports aériens " (FPTA). Celui-ci avait été
crée par l'article 46 de la loi de finances pour 1995 afin de financer
les déficits d'exploitation de certaines lignes aériennes dites
" d'aménagement du territoire ".
Le FIATA continue à assumer cette dernière charge mais il est en
outre appelé à financer :
a)
les dépenses directes de l'Etat
en fonctionnement et en
capital concernant les services de sécurité-incendie-sauvetage et
la sûreté, à l'exception des dépenses de
personnel ;
b)
les subventions aux gestionnaires d'aérodromes
en
matière de sécurité-incendie-sauvetage, de
sûreté, de lutte contre le péril aviaire et de mesures
effectuées dans le cadre des contrôles environnementaux ;
c)
les restitutions des sommes indûment perçues ;
d)
les dépenses diverses ou accidentelles.
Le FIATA est financé au moyen d'une partie du produit de la taxe
d'aviation civile (TAC) - v-infra.
En 1999, le FIATA devait présenter le profil suivant :
|
Dépenses |
Péréquation lignes aériennes |
51 |
Financement aéroportuaire
|
97
|
TOTAL |
148 |
Une
analyse de ses charges fait ressortir que :
- pour 34,5 %, elles correspondent aux charges théoriques de
l'ex-FPTA ;
- et pour le reste, 65,5 % au financement des éléments de
sécurité et de sûreté nécessaires au
fonctionnement des aérodromes.
La charge liée à cette dernière catégorie de
dépenses était, l'an dernier, minorée. Le FIATA n'avait en
effet pas, grâce aux conditions dans lesquelles avait été
votée la validation des redevances indûment perçues par le
BAAC et les aéroports, à assumer ses charges théoriques en
année pleine.
Cette caractéristique explique en partie la forte augmentation des
charges du fonds observée en 2000 qui passent de 148 à
361 millions de francs. Pour l'an prochain, le montant des crédits
ouverts dans le cadre du FIATA et auparavant pris en charge par le BAAC
s'élève ainsi à 177 millions de francs.
Le changement de structure budgétaire contribue donc largement
à l'évolution des crédits du BAAC
(en 2000).
A périmètre constant ceux-ci s'élèveraient à
8 894,7 millions de francs. Ils enregistraient une croissance de 2,1 %,
bien supérieure à celle que le projet de loi de finances affiche
(0,04 %).
3. Les dépenses en capital ne sont maîtrisées qu'en apparence
Le niveau des dépenses en capital s'élève à 2084,6 millions de francs et marque une baisse de 2,1 %. L'an dernier, la diminution de ces crédits atteignait 4,8 %. Elle était due à une réduction des investissements physiques destinée à compenser la dérive des crédits d'amortissement financier. Cette année, la baisse des opérations en capital est factice. Elle résulte des changements de structure budgétaire relevés ci-dessus.
a) Les dépenses d'amortissement financier
Elles
correspondent au remboursement en capital des dettes du BAAC. Leur progression
est considérable : de 33,8 % l'an dernier, elle passe à
21,4 % cette année, et cette charge s'élève à
541,9 millions de francs
. Cette tendance au terme de laquelle
les dépenses d'amortissement constituent la catégorie de
dépenses la plus dynamique du budget annexe
reflète
l'endettement passé.
Le tableau qui suit retrace la progression de l'endettement brut au
31 décembre de chacune des dernières années
connues.
107(
*
)
(en millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1.852,9 |
1.668,9 |
1.861,3 |
2.439,4 |
3.098,1 |
3.798,8 |
4.507,8 |
De
1992 à 1998, l'endettement a été multiplié par plus
de 2,4. L'endettement nouveau a tendu progressivement vers le niveau du
milliard de francs par an et a engendré une situation alarmante.
En 1999, une inflexion avait été relevée, avec un niveau
d'emprunt de 830 millions de francs toutefois. Son caractère
durable était douteux puisqu'elle était complètement due
à des produits exceptionnels - la vente d'un ensemble immobilier- pour
125 millions de francs et qu'elle s'inscrivait dans un contexte de
réduction des investissements lui-même non pérenne.
Dans le projet de budget pour 2000, le niveau des emprunts autorisés
s'élève à nouveau à 830 millions de francs en
dépit de la disparition de la recette exceptionnelle
évoquée ci-dessus.
Cette stabilisation du niveau de l'endettement supplémentaire du BAAC
s'explique d'abord par le transfert au FIATA d'une masse de dépenses en
capital égale à 174 millions de francs. Ce transfert de charges
contribuera à soulager les besoins d'emprunt du BAAC puisque les
investissements en cause pourront être financés par la
fiscalité affectée au compte d'affectation spéciale,
solution beaucoup moins assurée dans le cadre d'un budget annexe compte
tenu des règles constitutionnelles auxquelles ces budgets ont
été soumis.
Cependant, la stabilisation du niveau des emprunts en 2000 vient aussi d'une
augmentation importante de l'excédent des recettes sur les
dépenses de fonctionnement versé en ressources de financement des
dépenses en capital. Il n'est pas certain qu'un tel
phénomène puisse perdurer sans fragiliser le budget annexe -voir
infra-.
En toute hypothèse, étant observé que toute tension sur
les taux d'intérêt exercerait un effet à la hausse des
charges d'intérêt compte tenu de la partie du stock de dettes
contractées à taux variable et se traduirait en outre par un
renchérissement des nouveaux emprunts qui, avec un décalage,
exercerait le même effet, il faut souligner qu'à terme les charges
d'amortissement financier annuelles tendront vers le niveau d'endettement
supplémentaire contracté au cours des années
précédentes.
Il en résulte des tensions importantes de financement dont
l'évolution des charges d'amortissement enregistrée depuis 1992
rend compte.
Evolution des charges d'amortissement
(en millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
174,9 |
183,9 |
187,7 |
261,9 |
252,3 |
283,5 |
333,5 |
446,2 |
514,9 |
De 1992 à 2000, les charges d'amortissement ont été multipliées par 3,1. Sans que l'échéance puisse être précisément établie puisqu'elle dépendra des mesures d'étalement des amortissements, la dérive vers un niveau de charges proche de 1 milliard de francs est en cours. Les tensions financières qui en résulteront seront telles que la pérennité du BAAC est en cause. Un élément parmi d'autres le démontre assez : le ratio dettes/fonds propres du BAAC atteint 2 lorsque des analystes financiers jugent sain un ratio de 1.
b) Les dépenses d'investissement
Elles s'élèveraient à 1.542,6 millions de francs , soit une chute de 8,4 % par rapport à 1999 . Mais cette diminution s'explique par des facteurs non récurrents : la terminaison de l'opération immobilière portant sur le nouveau siège de la DGAC ; le transfert au FIATA de dépenses d'équipement autrefois financées par le BAAC. Hors ces éléments, les investissements totaux du budget annexe augmentent de 6,5 % en autorisations de programme.
(1) Les investissements de navigation aérienne
Les
investissements de navigation aérienne nécessiteraient des
autorisations de programme
à hauteur de
1.220 millions de
francs
en hausse par rapport à leur niveau de 1999 (+ 5,6 %).
Les
crédits de paiement
avec
1.290 millions de francs
seraient en hausse sensible, de 7,9 % après un recul l'an dernier
de 12,7 % dont votre rapporteur avait souligné le caractère
seulement transitoire.
Une part importante des investissements de navigation aérienne consiste
à achever le programme "Operator Input and Display System" -ODS-
nouvelle dénomination du programme PHIDIAS. Initié au
début de la décennie, ce programme représente un
coût de 1,025 milliard de francs dont plus de la moitié
-530 millions de francs- pour des achats de matériels. Il est
destiné à moderniser les instruments de contrôle
aérien. Les équipements informatiques qu'il requiert sont
dotés de 360 millions de francs en 2000 contre 320 millions
l'an dernier.
Les investissements réalisés dans le domaine de la navigation
aérienne sont à l'origine d'interrogations persistantes
:
Le projet CAUTRA-5
est un projet à très long terme, 2015,
et est l'homologue français du programme EATCHIP d'Eurocontrol.
La définition du stade ultime du schéma est encore, comme pour
l'EATMS d'Eurocontrol, un sujet de recherche.
On comprend mal ce qui justifie la redondance des efforts consentis pour
construire le schéma de navigation aérienne du futur.
Il est impératif de rechercher une meilleure cohérence des
dépenses d'investissement entre les programmes nationaux et les
programmes européens.
Le programme ODS pose le même type de problèmes.
L'argumentaire développé par la DGAC pour justifier ces
investissements dont la variable essentielle, les gains de productivité
qu'ils permettraient, suppose l'acceptation du personnel et une
démonstration qui n'est pas encore faite et dont l'impact
économique dépend des conditions de leur affectation, pourrait
apparaître désuet en cas de renforcement des missions
d'Eurocontrol.
(2) Les investissements du service des bases aériennes
Estimés à 483 millions de francs en 1998, les investissements du service des bases aériennes avaient été réduits à 415,1 millions de francs en 1999, (soit une diminution sensible de 13 % et de 66,9 millions de francs en niveau). Cette année, la baisse est encore plus accusée puisqu'elle dépasse 62,2 % en crédits de paiement, ces derniers s'élevant à 158,7 millions.
Evolution des investissements des bases aériennes
(en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Ecarts en % |
|
|
|
|
|
|
|
1999/1996 |
2000/1999 |
Infrastructures
Total |
123 24,7 166 313,7 |
140,6
|
163
|
173,3
190
|
118,7
|
40,9
|
15,9
|
La forte
diminution des investissements provient de plusieurs facteurs qui se
combinent :
- la disparition des dépenses dues au nouveau siège de la
DGAC ;
- et surtout le changement de périmètre du BAAC -v.supra- au
terme duquel toutes les dépenses de sûreté sont
désormais inscrites dans le FIATA
108(
*
)
.
B. LA VULNÉRABILITÉ DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
1. Des redevances en permanence contestées
La
multiplication des contentieux et des annulations prononcés par les
juridictions administratives témoigne de la vulnérabilité
de plus des 2/3 des recettes du BAAC.
Ce point est chaque année détaillé et fait l'objet de
longs développements dans le rapport que votre commission consacre au
BAAC.
Le Parlement est régulièrement prié de consentir à
la validation d'arrêtés pris par l'exécutif, en
contravention des préconisations de votre commission, puis
annulés par les juridictions administratives. La dernière en date
de ces validations a fait l'objet d'un projet de loi à part
entière. Saisie pour avis, votre commission avait exprimé les
plus vives réserves sur ce projet de loi devenu, depuis, la loi
n° 98-1171 du 18 décembre 1998. Elle avait rappelé
sa réticence de principe à valider des actes illégaux,
contesté sur certains points la validation entreprise et demandé
fermement qu'une réforme des modes de financement des infrastructures
nécessaires du transport aérien intervienne. Sur ce dernier
point, la réforme introduite par la loi de finances pour 1999 n'a en
rien satisfait les voeux de votre commission (voir infra).
Mais, à ce stade, il est permis de s'interroger sur l'effet de la loi
précitée. Il semble que le Conseil d'Etat, à travers sa
Section du Rapport et des Etudes, l'ait considérée comme
incompatible avec la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de
l'Homme et des Libertés.
Dans ces conditions, d'éventuels refus de restitution des sommes
litigieuses pourraient donner lieu à des contentieux dont le sort
dépendrait de la norme que les juridictions choisiraient de
privilégier.
Etant observé que ces prolongements renforcent encore la justesse de la
sage réserve manifestée au cours des débats sur le projet
de loi susvisé par votre commission saisie pour avis, il faut souligner
combien ils traduisent à nouveau la vulnérabilité d'un
mode de financement, les redevances, qui n'assure pas la sécurité
juridique indispensable aux missions de la DGAC.
Il reste en effet de nombreux sujets d'interrogation sur la conformité
de leur assiette avec les principes juridiques qui en gouvernent la
définition.
2. Les limites posées à l'affectation de la fiscalité au BAAC
Le
Conseil constitutionnel a, dans sa décision sur la loi de finances pour
1998, rappelé que l'affectation des recettes fiscales à un budget
annexe ne devait pas excéder un certain niveau.
La création du FIATA apporte sans doute sur ce point une certaine marge
en ce sens qu'elle permet de financer à travers la fiscalité des
dépenses qu'un budget annexe ne saurait comporter en trop grande
quantité sans risque juridique.
Néanmoins, la vulnérabilité des redevances perçues
par le budget annexe associée à la montée en charge de
dépenses d'investissement ou financières qu'il sera
délicat de financer par leur moyen conduisent à nourrir des
inquiétudes sur la pérennité du BAAC.
Il faut d'ailleurs souligner que la tendance à l'accroissement de la
fiscalité affectée au BAAC qui provient de l'affectation d'une
partie de la taxe d'aviation civile, qui a succédé en 1999
à la taxe de sécurité et de sûreté, à
un compte d'affectation spéciale (le FIATA) créé
également l'an dernier pour couvrir certaines charges autrefois
imputées au BAAC. -v. infra- aurait dû être non seulement
interrompue cette année mais bel et bien inversée.
Le partage du produit de cette taxe est déterminé chaque
année en loi de finances. L'an dernier, 97 millions de francs avait
été rattachés au FIATA et 1.279,5 millions de francs
au BAAC.
Cette année, la loi de finances prévoit une clef de
répartition plus favorable au compte d'affectation spéciale
puisque celui-ci devrait percevoir 361 millions de francs (22,3 % du
produit de la taxe d'aviation civile). Dans ces conditions, le BAAC ne
bénéficierait plus que de 77,7 % de la recette contre
90 % l'an dernier, soit 1.258,4 millions de francs.
En dépit de la baisse sensible de la part réservée au
BAAC, la prévision de recettes n'est que peu minorée par rapport
à l'an dernier (- 21 millions). Cette inertie s'explique par
la très forte augmentation du produit de la taxe d'aviation civile dont
les taux unitaires sont pourtant inchangés dans le projet de loi de
finances pour 2000.
Au total, le produit de la taxe d'aviation civile passe de
1.376,5 millions (estimations 1999) à 1.619,4 millions
(estimations 2000). Ce ressaut considérable aurait dû être
contrecarré par une diminution des taux qui n'est pas proposée
dans le projet de loi de finances.
JOURNAUX OFFICIELS
Rapporteur
spécial : M. Thierry FOUCAUD
I. PRESENTATION GENERALE DES CREDITS
A. EVOLUTION GLOBALE
Le
projet de budget annexe des Journaux officiels atteint, en recettes et en
dépenses nettes,
1,221 milliard
de francs
dans le
projet de loi de finances pour 2000. Il est en progression de 13,14 % par
rapport au budget voté en 1999 (1,080 milliard de francs).
L'excédent d'exploitation prévisionnel devrait atteindre 247
millions de francs.
Globalement, l'augmentation des crédits destinés aux
dépenses d'exploitation
(+3,62%) est
quatre fois moindre
que celle
des recettes
(+ 13 %).
Le fonds de roulement augmentera de 20,78 millions de francs l'an
prochain (14,7 millions de francs en 1999).
B. LES ORIENTATIONS DU PROJET DE BUDGET POUR 2000
1. Les recettes prévisionnelles
LES RECETTES D'EXPLOITATION (millions de francs) |
|||
|
Budget
voté
|
Projet
Budget
|
Evolution en % |
Ventes au numéro |
38,00 |
38,00 |
0,00 |
Abonnements |
56,00 |
50,00 |
-10,71 |
Annonces |
884,00 |
1048,00 |
18,55 |
Travaux |
28,00 |
20,00 |
-28,57 |
Bases de données |
22,00 |
10,00 |
-54,55 |
Autres |
42,00 |
44,90 |
6,90 |
Autres produits de gestion courante |
5,00 |
5,00 |
0 |
Produits exceptionnels |
5,00 |
6,00 |
20,00 |
TOTAL |
1080,00 |
1221,90 |
13,14 |
Les
recettes
des Journaux officiels connaîtront une importante
progression, passant de 1,080 milliard de francs en 1999, à 1,221
milliard de francs de recettes prévues en 1999.
L'augmentation prévisible totale des recettes s'élève
à plus de 13 %. Cette prévision semble plus que prudente.
Cette hausse, comparable à celle des années
précédentes, s'explique par la très forte croissance des
recettes
liées aux
annonces
légales
et
obligatoires
du Bulletin officiel des annonces des marchés
publics (BOAMP), du Bulletin officiel des annonces légales et
obligatoires (BALO),du Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales
(BODACC), et des Associations.
Les recettes tirées du BOAMP, représentent à elles seules
près d'un tiers de l'ensemble. La croissance en volume des recettes est
estimée à un peu moins de 25 % en 1999 et 6%
supplémentaires pour 2000.
L'augmentation des recettes tirées des annonces légales permet
de compenser la stagnation des recettes constatées sur les ventes au
numéro des différentes publications (38 millions de francs
attendus en 2000, chiffre identique à celui de 1999).
La réforme de ligne éditoriale du BOAMP (trois éditions
ciblées ont remplacé l'édition générale)
contribue au net recul des abonnements (près de 11%). A l'avenir il est
probable que les ventes au numéro et les abonnements, subiront la
concurrence de la diffusion gratuite du site Légifrance.
2. Les dépenses prévisionnelles
DÉPENSES D'EXPLOITATION (millions de francs) |
|||
|
Budget
voté
|
Projet
Budget
|
Evolution en
|
Chap. 60 : Achats |
144,33 |
142,47 |
-1,29 |
Chap. 61 et 62 : Services extérieurs |
155,88 |
169,02 |
8,43 |
Chap. 63 : Impôts et taxes |
5,07 |
5,21 |
2,76 |
Chap.
64 :
Charges de personnel
|
588,36
|
603,45
|
2,56
|
Autres dépenses |
2,70 |
2,70 |
0,00 |
Charges exceptionnelles |
1,23 |
2,92 |
137,40 |
Amortissements |
43,10 |
48,97 |
13,62 |
TOTAL |
940,67 |
974,74 |
3 ,62 |
EXCEDENT |
139,33 |
247 ,16 |
77,39 |
Les
dépenses d'exploitation
progresseront
de
3,62 %
par
rapport au budget voté pour 1999. Cette augmentation, de
34 millions de francs, est deux fois plus élevée que celle
enregistrée pour 1998 (15,6 millions de francs).
Une économie de 2 millions de francs sera réalisée sur le
poste d'achat de papier. Les charges de personnel s'accroissent de 2,56 %. Ceci
s'explique par la constitution d'une provision destinée au financement
de 20 départs en retraite prévus en l'an 2000 (en vertu des
accords de " congé de fin d'activité " (CFA)).
Les effectifs budgétaires resteront stables. La Direction des Journaux
officiels (DJO) emploie 608 ouvriers et 11 fonctionnaires ; à cela
s'ajoute 400 personnes à la SACI-JO. Le recours aux personnels
temporaires est systématique (environ 45 agents à la DJO et 18
à la SACI-JO).
3. Les opérations en capital
RECETTES EN CAPITAL (millions de francs) |
|||
|
Budget
voté
|
Projet
Budget
|
Evolution
|
Amortissements |
43,10 |
48,97 |
+13,62 |
Excédent |
139,33 |
247,16 |
+77,39 |
TOTAL |
182,43 |
296,13 |
+ 62,33 |
|
|
|
|
Fonds de
roulement
|
|
|
|
|
|||
DEPENSES EN CAPITAL (millions de francs) |
|||
|
Budget
voté
|
Projet
Budget
|
Evolution
|
Immobilisations |
28,72 |
28,35 |
-1,29 |
Versement au Trésor |
139,00 |
247,00 |
+ 77,70 |
TOTAL |
167,72 |
275,35 |
+64,17 |
|
|
|
|
Autorisations de programme |
28,09 |
30,45 |
+ 8,40 |
Les
dépenses en capital s'élèveront à
275,35 millions de francs, en augmentation de 64,17 %. Cette forte
croissance est inégalement répartie entre deux composantes :
1.
Les immobilisations
baissent de 1,29 %, avec
28,35 millions de francs prévus pour 2000.
En matière d'investissement en matériel, plusieurs mesures
sont inscrites cette année : la poursuite des travaux de ravalement
du bâtiment et son insonorisation, l'achat de trois machines pour les
ateliers, et enfin, un programme significatif en matière de nouvelles
technologies.
En effet, les investissements informatiques bénéficient d'un
crédit de 7,8 millions de francs, qui sera consacré à la
mutation du système éditorial vers le standard
" windows ". On observe toutefois une baisse de plus de 9% sur ce
chapitre (82-02) dont le crédit inscrit pour 1999, s'élevait
à 8,58 millions de francs.
Le recours à la sous-traitance, après avoir
régressé ces dernières années, stagne. Les
dépenses restent importantes (38,5 millions de francs en 1998, 32
millions de francs prévus en 1999 comme en 2000) et ceci est regrettable.
2.
Le versement au Trésor
est le poste qui enregistre la plus
forte croissance, en passant de 139 millions de francs votés en
1999, à 247 millions de francs prévus pour 2000, soit plus
de 77 % d'augmentation.
Le montant de ce versement a été réajusté pour la
deuxième année consécutive, après constatation de
la hausse durable des recettes tirées des annonces. Cette
évaluation reste encore trop prudente. Pour l'exercice 1999, à la
lumière de l'excécution du budget, il semble que
l'excédent d'exploitation voté dans la loi de finances, sera
très largement dépassé.
Ces bons résultats s'expliquent par la forte hausse des recettes
tirées des bulletins d'annonces légales, qui ont constamment
dépassé les prévisions.
Loi de
finances 2000 : Journaux officiels
(millions de francs) |
|
|
|
|
|
||||||
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
||||||
Excédent prévu au budget voté
|
35,182
|
38,520
|
45,076
|
139,327 |
247 |
Les reversements au Trésor ont donc été revus à la hausse, pour tenir compte de ces excédents croissants.
Reversements annuels au Trésor (millions de francs) |
|||||
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
Reversement
prévu au budget voté
|
14
|
38,52
|
45
|
139 |
Le fonds de roulement bénéficie également d'une révision à la hausse, en progression de 41,26 % (14,71 millions de francs votés en 1999, 20,78 millions de francs prévus pour 2000).
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
1 - A la suite de la publication, en 1995, de l'audit de l'Inspection
générale des finances
un plan
dit
" Horizon
2000 "
a été mis en oeuvre. A l'aube de l'an 2000 un
bilan mérite d'être tiré.
Les résultats d'exploitation sont satisfaisants. L'excédent
reversé au Trésor ne cesse de croître. La structure des
recettes révèle toutefois une certaine fragilité ; en
effet elles proviennent à 85 % des annonces, poste qui par nature est
instable.
Un effort a été entrepris dans la ligne éditoriale,
à l'exemple du BOAMP, dont l'édition a été
scindée en trois, allégeant ainsi les coûts de fabrication
et permettant de mieux cibler la clientèle des abonnés.
Une nouvelle convention entre la DJO et la SACI-JO, a été
signée, instaurant l'intéressement de cette dernière aux
résultats.
Une étude a été lancée sur le devenir du
régime des retraites du personnel de la DJO. Elle vise a intégrer
le personnel dans le droit commun. En principe, en décembre 1999, les
conclusions devraient être rendues. Le processus est long, car il
s'accompagne, à chaque étape, d'une nécessaire
concertation entre les partenaires sociaux.
Il est dommage qu'une réflexion plus globale sur le contenu et la
périodicité des " Lois et décrets " ne soit pas
menée, en dépit des recommandations du rapport
précité. Toutefois la maquette de cette édition sera
rénovée au cours de l'année prochaine, et la
qualité du papier, sans doute améliorée.
2 - La seconde observation
concerne le programme gouvernemental
pour la société de l'inform@tion
(Pagsi). Au cours de son
discours prononcé à Hourtin le 26 août dernier, le premier
ministre à déclaré :
" Depuis le début
de l'été, les annonces de marchés publics sont disponibles
sur le réseau. Nous poursuivons ainsi dans le sens de la diffusion
gratuite sur l'internet des données publiques les plus utiles à
nos concitoyens et à nos entreprises "
.
Un effort significatif a été constaté dans le domaine des
nouvelles technologies ; cette politique constitue une avancée pour
la démocratie. Elle facilite l'accès du citoyen aux
données législatives et réglementaires. l'ouverture du
site Légifrance en janvier 1998, et son amélioration en est l'une
des illustrations.
Cette nouveauté engendre une certaine désaffection des
abonnés envers les publications papier. Pour autant les nouvelles
technologies ne doivent pas nuire à ces publications qui demeurent
essentielles. Les Journaux officiels font un effort louable pour proposer des
produits payants sur les nouveaux supports, mais, à terme, les recettes
tirées de ces ventes ne compenseront probablement pas les pertes
prévisibles du poste des abonnements papiers.
C'est la raison pour laquelle il est impératif que les Journaux
Officiels se mettent en quête de nouvelles tâches afin de compenser
la baisse d'activité prévisible des ateliers d'impression, et que
la ligne d'investissement soit correctement dotée.
3 - La troisième observation porte sur
les
investissements
. Si les JO ont pu, ces dernières années,
rajeunir leur personnel, l'avenir semble incertain. Le dispositif de
l'allocation de remplacement pour l'emploi (Arpe), utilisé par la
SACI-JO, risque de ne pas être reconduit, une telle disposition nuirait
au renouvellement du personnel. Les employés sont en effet
confrontés à un renouvellement des méthodes de travail.
Par ailleurs les moyens matériels ne sont pas assez importants. Le
développement de nouveaux produits sur des supports technologiques
innovants, nécessite un effort d'investissement supérieur
à celui inscrit au budget.
4 - Enfin, il convient de s'interroger sur l'opportunité de
la concession liant les JO à la société
OR-Télématique
. (Elle prévoit la cession des
données juridiques numérisées à un concessionnaire,
à charge pour lui de les commercialiser ; il verse au
concédant 33% des droits perçus au titre des consultations, et
67% des montants perçus au titre des licences). La
réintégration des tâches concédées à
OR-Télématique au sein des JO permettrait de répondre
pleinement à l'objectif retenu par le Premier ministre de conforter le
service public.
Cette année, cette question se pose avec une plus grande acuité
encore que les années précédentes. En effet
pâtissant de l'ouverture du site internet gratuit Légifrance,
d'une réorganisation de la facturation, et de la mutation du site payant
sur l'internet, les résultats financiers du concessionnaire ont
été désastreux en 1998. La redevance versée
à la DJO, a de ce fait été révisée à
la baisse (7,20 millions de francs en 1997, contre 2,90 en 1998).
LÉGION D'HONNEUR, ORDRE DE LA
LIBÉRATION
Rapporteur spécial : M. Jean-Pierre
DEMERLIAT
I. LE BUDGET ANNEXE DE LA LÉGION D'HONNEUR
Le
budget annexe de la Légion d'Honneur retrace les moyens affectés
à la Grande Chancellerie et aux maisons d'éducation recevant les
filles ou les petites filles des légionnaires de l'Ordre de la
Légion d'Honneur.
En 2000, le montant des recettes et des dépenses du budget annexe de la
Légion d'Honneur s'élèvera à
123.913.833
francs
, en augmentation de
10.671.098 francs
soit
9,42 %
par rapport à 1999 (113.242.735 francs). Le budget
annexe avait vu ses crédits augmenter de 2,82 % en 1999.
La hausse de 2000 résulte principalement de l'augmentation des
crédits de paiement afférents aux opérations en capital
des maisons d'éducation et pour partie de la création nette de
trois emplois et de l'application de l'accord salarial conclu dans la fonction
publique.
A. LE PROFIL DU BUDGET ANNEXE
Conformément à l'article 21 de l'ordonnance
59-2
du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances, le
budget annexe de la Légion d'Honneur comprend, d'une part, les recettes
et dépenses d'exploitation et, d'autre part, les dépenses
d'investissement et les ressources spéciales affectées à
ces dépenses.
Ces deux sections séparées sont présentées en
équilibre.
En 2000, l'équilibre du budget annexe s'établit comme suit :
B. LES RECETTES DU BUDGET ANNEXE
1. Les ressources propres
Elle
sont liées à l'activité de la Grande Chancellerie et des
maisons d'éducation. En 2000, ces recettes progressent de
400.347 francs
par rapport à 1999 (soit
5,16 %
),
pour atteindre
8.162.992 francs
.
Les ressources propres comprennent trois éléments : les
droits de Chancellerie, les pensions et trousseaux des élèves des
maisons d'éducation et les produits accessoires.
a) Les droits de Chancellerie
Ils sont perçus lors de la remise de la Légion d'Honneur, de l'Ordre national du mérite, et de l'autorisation de port de décorations étrangères : ils représentent en 2000 1.466.000 francs, comme en 1999.
b) Les pensions et trousseaux des élèves des maisons d'éducation
Fixés chaque année par arrêté, ils augmentent de 3,43 % en 2000 et atteignent un montant de 5.864.152 francs (5.148.802 francs pour les pensions et 715.350 francs pour les trousseaux), soit 194.777 francs de plus qu'en 1999.
c) Les produits accessoires
Ils représentent 832.840 francs en 2000, soit une augmentation de 205.570 francs par rapport à l'année précédente (+ 32,77% ), principalement du fait de l'intégration du Musée de la Légion d'Honneur dans le budget annexe pour une recette évaluée à 190.570 F. Le remboursement des frais de nourriture est, quant à lui, relevé de 2 % comme en 1999.
2. La subvention de l'Etat
En 2000, la subvention de l'Etat, versée par le budget de la Justice, n'augmente que de 270.751 francs ( + 0,26 % ), pour s'établir à 105.750.841 francs , au lieu de 105.480.090 francs en 1999, où la progression était 2,86 %.
C. LES DÉPENSES DU BUDGET ANNEXE
1. Les dépenses de fonctionnement
Elles sont de trois ordres :
a) Le fonctionnement de l'administration centrale de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur et des maisons d'éducation
Ces
crédits s'élèvent à
98.975.949 francs
,
soit une
augmentation de 1.164.098 francs (1,17 %).
Ils
représentent la quasi totalité des dépenses de
fonctionnement (92 %).
L'intégration du Musée, dans le budget annexe de la Légion
d'Honneur en 2000, aura pour conséquence la création de
8 emplois en contrepartie de 5 suppressions, ce qui
portera
l'effectif de 413 à 416 emplois
(101 à la grande Chancellerie
et 315 dans les maisons d'éducation).
Les traitements des personnels sont revalorisés en services votés
de 964.513 francs ; ces mesures acquises sont les conséquences
de l'accord salarial conclu dans la fonction publique. Quant aux
mesures
nouvelles
, elles s'élèvent à
1.274.639 francs
et concernent principalement les créations
d'emplois.
Les dépenses d'alimentation des maisons d'éducation
s'élèvent à
5.127.140 francs
, comme en 1999, pour
un effectif de 921 élèves inscrites. La dotation de
chauffage, d'énergie et d'eau reste identique à celle de 1999,
soit
4.001.001 francs
.
b) Le paiement des traitements des membres de l'ordre de la Légion d'Honneur et des médaillés militaires
Le
montant annuel des traitements reste inchangé en 2000, tant pour les
légionnaires que pour les médaillés militaires. Du reste,
il n'est pas envisagé d'accroître le traitement de la
Légion d'Honneur ni celui de la Médaille militaire dans les
années à venir.
En 2000, la
dotation budgétaire s'élève à
8.155.000 francs
, soit un
montant inchangé depuis 1998
(2.460.500 francs pour la Légion d'Honneur et 5.694.500 francs pour la
Médaille militaire).
c) Les secours accordés par la Grande Chancellerie
Ces
secours sont accordés aux membres de la Légion d'Honneur et de
l'Ordre national du mérite et aux médaillés militaires,
ainsi qu'à leurs conjoints et enfants, en cas de situation difficile.
En 2000, la dotation est maintenue à son niveau de l'année
précédente, à savoir
345.884 francs
. Cette
dotation est stable depuis plusieurs années. La valeur moyenne d'un
secours est de 3.993 francs.
2. Les opérations en capital
Avec
16.437.000 francs
, les
autorisations de programme
(AP)
connaissent une importante augmentation de
233,4 %
(4.930.000 francs en 1999) : 1.895.000 francs pour la Grande
Chancellerie et 14.542.000 francs pour les maisons d'éducation.
Les
crédits de paiement
(CP), également dotés de
16.437.000 francs
, progressent à nouveau en 2000
(+
137,2 %
) après une hausse de 17 % en 1999
(6.930.000 francs) :
- 10.153.000 francs au titre de programmes déjà
engagés,
- 6.284.000 francs au titre des mesures nouvelles, dont
4,4 millions de francs pour l'entretien des bâtiments.
Le budget annexe de la Légion d'Honneur a
bénéficié, au titre de la loi de finances rectificative de
1998, d'ouvertures nettes de 15 millions de francs en AP et CP
(après 2 millions de francs en collectif 1997) destinés au
financement partiel de la restauration du cloître de la maison
d'éducation de Saint-Denis. Cette année, c'est en loi de finances
initiale qu'il est attribué 10 millions de francs, en AP et en CP,
pour la réalisation pluriannuelle de ces travaux dont le coût
total est estimé à 37 millions de francs.
En outre, une dotation de 1.600.000 francs pour les travaux à la Grande
Chancellerie permettra, pour 800.000 francs, la poursuite de la
réfection des toitures du palais de Salm et, pour 400.000 francs,
celle des menuiseries extérieures.
*
* *
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
Votre
rapporteur relève avec satisfaction la persistance de l'effort consenti
dans le budget annexe de la Légion d'Honneur en matière de
travaux, son patrimoine immobilier devant être entretenu. S'il se
félicite de la reprise dans les recettes, pour un montant de
10 millions de francs, d'une " provision pour risques et charges
financières ", pour tenir compte des observations de la Cour des
comptes, il constate que l'augmentation des moyens du budget annexe
résulte surtout de cet ajustement de trésorerie.
Votre rapporteur approuve la dissolution prochaine de l'établissement
public administratif, gérant le musée national de la
Légion d'Honneur, pour l'intégrer au budget annexe, ce qui
permettra l'utilisation de sa trésorerie pour réaliser les
travaux nécessités par l'état de vétusté du
musée.
Il apprécie la qualité de l'enseignement dispensé dans les
maisons d'éducation, attesté par l'excellence des
résultats obtenus, notamment un troisième prix et une mention
régionale aux concours généraux.
Votre rapporteur s'inquiète de la question, soulevée par la Cour
des comptes, concernant la qualité d'ordonnateur principal dont ne
disposerait pas le grand Chancelier de l'Ordre de la Légion d'Honneur
pour son budget. Cette interrogation ayant été relayée par
le rapporteur spécial de l'Assemblée nationale auprès de
Madame le Garde des Sceaux, il conviendra d'être attentif à la
réponse qu'elle y apportera.
Enfin, il espère que l'ensemble des travaux prévus puisse
être terminé avant 2002, année du bicentenaire de
l'Ordre de la Légion d'Honneur.
III. LE BUDGET ANNEXE DE L'ORDRE DE LA LIBÉRATION
La
Chancellerie de l'Ordre de la Libération est chargée d'assurer la
gestion de l'Ordre et d'apporter éventuellement des secours aux
Compagnons et à leurs familles.
Au 4 août 1999, l'Ordre comptait 161 Compagnons de la
Libération encore en vie, ainsi que 6.300 médaillés
de la Résistance.
A. L'ÉQUILIBRE DU BUDGET ANNEXE
En 2000, cet équilibre s'établit comme suit :
B. LES RECETTES
La subvention du budget général, seule ressource du budget annexe, s'établit en 2000 à 4.959.598 francs , soit une diminution de 54.433 francs ( 1,1 % ) par rapport à celle de 1999. Cette subvention avait progressé de 21,9 % en 1999, mais cette importante augmentation résultait de la reprise des investissements pour gros travaux devenus indispensables.
C. LES DEPENSES
Les
dépenses de fonctionnement
diminuent de
54.433 francs
(-
1,32 %
) par rapport à 1999 (+1,24%), pour s'établir
à
4.109.598 francs
. Cette réduction n'est
qu'apparente puisqu'elle résulte d'une mesure d'ajustement, relative
à l'impression et à la diffusion des documents
budgétaires, dorénavant prise en charge par le ministère
de l'économie et des finances pour un montant de 83.498 francs. Les
dépenses de l'Ordre de la Libération en 2000 sont donc, en
réalité, en augmentation de près de 0,6 %. Cette
hausse ne concerne d'ailleurs que les charges de personnels, pour
29.065 francs.
Quant aux
dépenses en capital
, elles concerneront, pour un
montant de
850.000 francs
, une deuxième tranche de crédits
de paiement pour la réfection de l'installation électrique de la
Chancellerie et du musée de l'Ordre de la Libération. Si son
coût prévisionnel s'élève à 2,63 millions de
francs, en autorisations de programme, les crédits de paiement
s'échelonnent sur trois exercices et les travaux, qui seraient
réalisés en quelques mois, ne pourront débuter avant la
fin de l'an 2000 pour permettre leur règlement, début 2001,
lorsque la totalité des crédits aura été
attribuée.
La
dotation
destinée
aux secours
s'élève
à
409.000 francs
. Au cours du premier semestre 1999, 22
compagnons ou familles de compagnons ont reçu des secours, ainsi que 9
médaillés de la Résistance ou familles de
médaillés. Le montant moyen de ces secours semestriels a
été de 5.580 francs.
Comme en 1999, outre le Chancelier, 12 personnes sont employées par la
Chancellerie.
*
* *
IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS
Votre
rapporteur spécial, s'il regrette que l'étalement sur trois
années des crédits pour les travaux de la Chancellerie ait pour
conséquence le report de leur exécution à la fin de l'an
prochain, se satisfait toutefois que l'effort soit maintenu dans le budget pour
2000.
Il se félicite surtout de l'adoption de la loi créant le Conseil
national des communes " Compagnon de la libération " qui
permettra de pérenniser l'Ordre de la Libération par
l'institution d'un établissement public à caractère
administratif.
Cette organisation a été retenue pour lui préserver
personnalité morale et autonomie financière. En l'état
actuel de la réflexion, si les crédits seraient toujours
rattachés au ministère de la Justice, la question du maintien
d'un budget annexe reste en suspens. Quant au choix des communes il repose sur
le souci de fonder l'avenir de l'ordre sur les seuls cinq compagnons
permanents : Grenoble, Nantes, Paris, l'Ile de Sein et
Vassieux-en-Vercors. En effet, sur les dix-huit unités combattantes
compagnons certaines sont dissoutes et la pérennité des autres
n'est pas assurée.
Votre rapporteur spécial apprécie le large consensus
observé dans les deux Chambres, à l'occasion de ce débat.
Ainsi, la mémoire et les traditions de l'Ordre seront
sauvegardées lorsqu'il ne comptera plus le nombre de compagnons de la
libération nécessaire à son fonctionnement.
MONNAIES ET MÉDAILLES
Rapporteur
spécial : Mme Maryse BERGÉ-LAVIGNE
I. PRESENTATION DES CREDITS
La
Monnaie de Paris, qui frappe des monnaies depuis plus de 1100 ans, est un
service public industriel et commercial qui constitue une direction du
Ministère de l'Économie, des finances et de l'industrie
dotée d'un budget autonome.
Chargée de la frappe de la Monnaie métallique pour le compte du
Trésor, la Monnaie de Paris assure également des missions de
service public telles la lutte contre la contrefaçon et la Conservation
du Musée de la Monnaie. Son savoir-faire artistique et commercial
procure à la Monnaie de Parie, grâce à la diversité
de ses produits, le tiers environ de son financement.
Le budget annexe marque une légère pause dans le mouvement de
croissance poursuivi depuis quatre ans, avec une augmentation symbolique (1%)
qui fait suite à la forte progression des années
précédentes : 32,3% en 1999, 20,9 % en 1998 et 12,9 %
en 1997.
Les recettes devraient ainsi passer de 1.382,45 millions de francs en
1999 à 1.395,54 millions de francs pour l'année 2000, soit
une augmentation de 13,1 millions de francs. Les dépenses de
fonctionnement progressent sensiblement dans les mêmes proportions
passant ainsi de 1.337,4 millions de francs à 1.355,7 millions
de francs pour 2000 (+1,36 %).
Pour la deuxième année consécutive, le budget annexe sera
équilibré sans recourir à la subvention de l'Etat. Cette
dernière avait déjà sensiblement diminué, passant
de 107,9 millions de francs en 1997 à 49,7 millions de francs
en 1998. Ce retour à l'équilibre était l'un des principaux
objectifs du plan d'entreprise "Monnaie 2000", approuvé en 1996,
qui vise notamment à assurer durablement l'équilibre
budgétaire à l'horizon 2000.
1. Les recettes : une légère pause
Après trois années de forte progression, les
prévisions de recettes n'affichent qu'une légère hausse
passant de 1.373,4 millions de francs -sans subvention - en 1999, à
1.393,5 millions de francs pour 2000.
a)
Pour 2000, les recettes tirées de la cession au Trésor
des
monnaies françaises
qui représentent 66,8 % du
budget annexe contre 70% l'année précédente, accusent une
baisse de 2,98 %, passant de 961,22 millions de francs en 1999
à 932,61 millions de francs en 2000.
Ce léger infléchissement, après la forte hausse des
recettes de 1999 (+54%), 1998 (+34 %) et 1997 (+53 %) ne se justifie
pas par les variations de volume du programme de frappe, en augmentation de 7%
puisque 2.761,84 millions de pièces seront frappées cette
année, contre 2.580,99 millions en 1999.
Cet important volume de frappe est notamment justifié par la
nécessité d'accroître le stock d'euros à face
française avant leur mise en circulation en 2002. En effet, il a
été établi par les directeurs des monnaies des
différents pays de l'Union Européenne, que la France devrait
frapper 7,6 milliards d'euros à face française, au cours de
la période 1998-2001. Plus de deux milliards de pièces
étaient déjà frappées à la fin mars 1999, la
production se poursuivant au rythme d'environ 13 millions de pièces par
jour.
Les pièces d'euros représenteront donc 90,5% du programme de
frappe pour 2000, avec un contingent de 2.500 millions de pièces,
inchangé par rapport à 1999.
Cependant, contrairement aux prévisions théoriques selon
lesquelles 1999 devait être la dernière année de frappe de
pièces françaises, il s'avère nécessaire de
produire en 2000 un contingent de 261,84 millions de pièces
françaises, le stock-tampon constitué depuis 1997 se
révélant insuffisant, principalement pour les petites coupures,
en raison notamment des mouvements de circulation monétaire liés
aux flux touristiques.
Répartition du programme de frappe
Millions de pièces
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001* |
Pièces françaises |
1.300,5 |
700,9 |
80,99 |
261,84 |
0 |
Euro à face française |
0 |
1.600,0 |
2.500 |
2.500 |
1.000 |
TOTAL |
1.300,5 |
2 300,9 |
2.580,99 |
2.761,84 |
1.000 |
*prévision
Le produit de cession de la monnaie française
passe de
59,15 millions de francs en 1999 à 97,71 millions de francs pour
2000 (dont 3,08 millions de francs au titre des monnaies de collection).
Le produit de la cession au Trésor des euros à face
française
s'élève, pour 2000, à
834,91 millions de francs seulement contre 902,08 millions de francs
en 1999 pour un contingent identique
Comme à l'accoutumée, les prix de cession pour 2000 ont
été déterminés en accord avec la direction du
Trésor et calculés sur la base des prix de revient
prévisionnels (qui prennent en compte le plan de charge de fabrication
monétaire retenu pour 1999), de la valeur métal
intrinsèque à chaque coupure et d'une partie de la marge
bénéficiaire dégagée par l'établissement
monétaire de Pessac pour l'ensemble du programme.
Cette année encore, compte tenu de l'importance en volume du programme
de fabrication, la marge du fabricant, de 10 %, traditionnellement
appliquée sur chaque coupure a été réduite. Le
bénéfice d'exploitation, pour l'Établissement
monétaire de Pessac, sera de 50 millions de francs pour 2000.
Prix de cession
COUPURE |
2000 |
1999 |
1998 |
100 euros commémorative (collection or) |
545,81 F |
- |
- |
10 euros commémorative (collection or) |
15,21 F |
- |
- |
2 euros |
0,98 F |
1,117 F |
- |
1 euro |
0,896 F |
0,865 F |
0,850 |
1 euro commémorative (collection or) |
1,71 F |
- |
- |
50 cents |
0,439 F |
0,440 F |
0,432 |
20 cents |
0,341 F |
0,410 F |
0,421 |
10 cents |
0,263 F |
0,310 F |
0,319 |
5 cents |
0,192 F |
0,202 F |
0,199 |
2 cents |
0,165 F |
0,171 F |
0,168 |
1 cent |
0,140 F |
0,144 F |
0,141 |
Tout en conservant leur place de premier poste de recettes, les produits de la frappe ne représentent plus, cette année, que 66,8 % du total des recettes du budget annexe.
Part
des recettes de la frappe dans le budget annexe
|
|
1991 |
62,29 % |
1992 |
60,97 % |
1993 |
81% |
1994 |
55% |
1995 |
47% |
1996 |
42,8% |
1997 |
55,3% |
1998 |
63,17 % |
1999 |
70 % |
2000 |
66,8,% |
b)
La vente des
monnaies de collection françaises
n'a pas
renouvelé en 1999 les performances de l'exercice
précédent. Le chiffre d'affaires global des monnaies de
collection s'élevait, au 30 juin 1999, à 23,9 millions de
francs contre 46,8 millions de francs au 30 juin 1998, soit une baisse de 51%.
Cependant le plus fort des ventes intervient en général au moment
des fêtes de fin d'année.
Contrairement aux années précédentes, l'essentiel des
ventes a été réalisé en France. Les ventes à
l'étranger, particulièrement celles des produits associés
à la Coupe du Monde de football, ont été
pénalisées par une certaine désaffection du public
européen, allemand notamment, en raison des résultats obtenus par
les équipes nationales.
En revanche, le marché français, conquis à l'occasion du
mondial 1998, s'avère beaucoup plus porteur. Grâce à
l'émission, dès le 7 janvier, de la pièce Europa
Parité, un chiffre d'affaires de 5 millions de francs a
été réalisé dès la fin du premier semestre.
Le contexte historique -les dernières années du franc et la fin
du millénaire- contribue pour une large part à ce succès.
La prévision de recettes est strictement reconduite à l'identique
pour 2000, l'objectif global étant de reconduire en l'an 2000 le niveau
de ventes prévu pour 1999.
c) Les prévisions de recettes des médailles, fontes, décorations et jetons sont reconduites à l'identique, pour 2000, à 138 millions de francs.
Après avoir progressé de 10 % en 1998, par
rapport au 1er semestre 1997, le chiffre d'affaires de ce secteur semble
marquer une pause même si les résultats, sur le marché
français, paraissent globalement comparables, à la fin du premier
semestre 1999, à ceux des années précédentes.
En effet, le chiffre d'affaires concernant les décorations continue de
baisser, du fait principalement de la diminution des ventes sur la
médaille de la Défense nationale, tandis que les ventes de
médailles du travail se stabilisent autour de 27 millions de
francs par an.
Enfin, le secteur devrait bénéficier des projets liés
à la commémoration de l'an 2000.
A l'étranger
, le département international a engagé
un effort spécifique pour ouvrir de nouveaux marchés, en
s'appuyant sur les thèmes de l'euro et de l'an 2000, visant plus
particulièrement les grands comptes implantés dans les pays de
l'Union européenne.
La réforme actuellement menée, tant au niveau des pratiques que
des outils commerciaux, justifie donc de ne pas revoir à la hausse les
prévisions de recettes pour 2000.
d)
Le secteur des monnaies étrangères
confirme en
1999 les bons résultats de 1998 : les recettes constatées
à la fin du premier semestre pour les monnaies courantes (53,3 millions
de francs) dépassent encore largement les prévisions (40 millions
de francs), sans atteindre le record de l'année
précédente. La recette prévisionnelle pour 2000 est donc
maintenue à 41 millions de francs.
Bien que certains contrats -avec la Syrie notamment- se soient achevés
en 1999, la prospection de nouveaux clients a permis la signature de contrats
avec des pays désireux de modifier leur système monétaire,
en Amérique Latine plus particulièrement.
L'effort de rationalisation des outils de production et de vente ne doit pas
être relâché, compte tenu de la conjoncture difficile et de
la concurrence très forte que constituent la Royal Mint britannique, la
Royal Canadian Mint et les métallurgistes allemands et coréens
entre autres.
e)
La facturation des
prestations
de services
augmente
considérablement, pour 2000, la recette escomptée passant de 53,5
millions en 1999 à 103,5 millions de francs, dont 60 au titre des
prestations directement liées au stockage de l'euro. Les
40 millions de francs supplémentaires correspondent à la
confection de kits de pièces euro destinées aux
commerçants soucieux de se familiariser avec l'euro.
2. Les dépenses : une évolution maîtrisée
Les
dépenses de fonctionnement, à hauteur de 1.355,74 millions
de francs, augmentent de 18,33 millions de francs
(+ 1,36 %), ce qui contraste avec la progression de 1999
(+ 34 %).
Cette modération s'explique notamment par la réduction des
crédits du chapitre achat, qui contrebalance en partie l'augmentation
constatée sur les postes impôts et taxes, personnel et services
extérieurs.
a)
La réduction des crédits du chapitre
Achats
, qui passe de
850,73 MF à 808,15 MF (-5,01 %) malgré la
croissance du programme de frappe, résulte de la baisse des cours des
métaux, conjuguée à une baisse des prix consentie par les
façonniers de flans.
En outre, pour l'établissement parisien, une stabilisation des
crédits d'achats a été volontairement appliquée.
b) Le poste
Impôts et taxes
évolue nettement (+
11,5 %). La hausse porte essentiellement sur la taxe professionnelle de
l'établissement monétaire de Pessac (+ 3,37 millions de
francs) dont la valeur locative des biens a considérablement
augmenté avec la mise en place des équipements liés
à la fabrication de l'euro.
c) S'agissant du
Personnel,
l'augmentation de la masse salariale,
toutes mesures confondues, est limitée à 1,08 %.
d) La croissance des autres crédits de fonctionnement est
liée d'une part à l'augmentation des frais de stockage de l'euro
- qui passent de 50 à 60 millions de francs- compte tenu de la
pleine occupation des entrepôts, et d'autre part à la constitution
d'une enveloppe de 40 millions de francs en vue de la confection de kits de
pièces euro destinées à familiariser les
commerçants et les particuliers avec les nouvelles coupures et à
accélérer leur mise en circulation.
e) Le volume d'investissement pour 2000, à 39,8 millions de francs,
baisse de 13,1 %.
Ces crédits devraient notamment permettre la mise en sûreté
de l'Etablissement Parisien et le réaménagement de son service
commercial, ainsi que l'acquisition de l'outillage nécessaire à
l'Etablissement de Pessac pour s'adapter aux nécessités
liées au fort volume annuel de frappe.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
La Monnaie de Paris s'efforce de figurer parmi les
leaders du groupe des monnaies européennes, pour la frappe de l'euro.
Les investissements réalisés ou en cours de réalisation
ont permis de tripler la capacité annuelle de production de
l'Etablissement monétaire de Pessac, de sorte qu'aujourd'hui, sur 5
milliards de pièces d'euro frappées en Europe, plus de la
moitié sont françaises.
Dans un contexte de concurrence vive, qui se traduit en particulier par
une baisse des recettes commerciales -hors frappe- notamment à
l'étranger, le maintien de l'équilibre budgétaire sans
recours à la subvention de l'Etat mérite d'être
souligné.
La Monnaie doit maintenir une politique commerciale dynamique, faute de
quoi les recettes, -au-delà d'un programme de frappe très
exceptionnel- ne suffiront plus à contrebalancer l'impact négatif
de certains secteurs de production, notamment le déficit structurel de
l'Etablissement parisien.
PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
(BAPSA)
Rapporteur spécial : M. Joël
BOURDIN
Sont
inscrites au budget annexe des prestations sociales agricoles
(BAPSA)
109(
*
)
les recettes et les
dépenses de prestations légales correspondant aux risques
maladie, maternité et invalidité, aux prestations familiales et
à l'assurance vieillesse des
personnes non salariées des
professions agricoles.
Ce budget, dont la gestion administrative est confiée au ministre de
l'agriculture et de la pêche, est voté chaque année par le
Parlement selon la même procédure que le budget de l'Etat, en
dépit de la discussion par le Parlement de la loi de financement de la
sécurité sociale.
I. PRÉSENTATION DU PROJET DE BAPSA POUR 2000
En 2000, le BAPSA connaîtra une situation de stabilité globale par rapport à 1999 : il s'élèvera à 87,901 milliards de francs (hors restitutions de TVA) en diminution de 1,4 % par rapport aux prévisions pour 1999 110( * ) . En incluant les restitutions de TVA, il s'élève à 93,412 milliards de francs (- 1 % par rapport aux prévisions pour 1999).
A. LES RECETTES
Les
recettes du BAPSA sont d'origines très diverses. Le financement du BAPSA
se caractérise en particulier par l'importance de ses ressources
externes (environ 80 %) et, notamment, une subvention d'équilibre
inscrite au budget général de l'Etat.
Pour 2000, les principales caractéristiques du BAPSA sont les
suivantes :
1-
légère diminution du montant de contributions
professionnelles (- 1,3 %),
2- progression du montant des taxes affectées (+ 3,4 %) ainsi que de
celui des transferts de compensation démographique
(+ 3,8 %) ;
3- et, en conséquence,
diminution de la participation de l'Etat
(- 27, 9 % pour la subvention budgétaire
d'équilibre)
.
Au cours des dernières années,
le financement du BAPSA a
été simplifié
. En particulier certaines taxes ont
été supprimées, et notamment les taxes sur les produits
agricoles et, au 1
er
janvier dernier, la contribution additionnelle
sur le foncier bâti
111(
*
)
. En outre,
à l'article 28 du projet de loi de finances pour 2000, le gouvernement
propose d'instaurer un mécanisme d'actualisation automatique des taux de
la taxe sur les corps gras alimentaires, évitant ainsi au
législateur d'effectuer lui-même la revalorisation chaque
année en loi de finances.
Les recettes du BAPSA pour 1998, 1999 et 2000
(en millions de francs)
Nature des recettes |
Crédits votés 1998 |
Crédits votés 1999 |
Evolution 98/99 (%) |
Crédits demandés 2000 |
Evolution 99/2000 (%) |
Contributions professionnelles |
16.276 |
16.955 |
+ 4,2 % |
16.726 |
- 1,3 % |
Cotisation add. foncier non bâti |
48 |
0 |
- |
0 |
- |
Taxes affectées |
26.126 |
27.586 |
+ 5,6 % |
28.519 |
+ 3,4 % |
dont TVA 112( * ) nette |
24.216 |
25.614 |
+ 5,8 % |
26.530 |
+ 3,6 % |
Compensation démographique |
32.467 |
34.001 |
+ 4,7 % |
35.303 |
+ 3,8 % |
Versement C3S 113( * ) |
0 |
1.000 |
- |
0 |
- 100 % |
Contribution de la CNAF 114( * ) |
1.565 |
1.400 |
- 10,5 % |
1.318 |
- 5,9 % |
Subvention budgétaire |
7.806 |
4.903 |
- 37,2 % |
3.536 |
- 27,9 % |
Remboursement de l'AAH 115( * ) |
518 |
456 |
- 12,0 % |
422 |
- 7,5 % |
3.374 |
2.811 |
- 16,7 % |
2.077 |
- 61,7 % |
|
Recettes diverses |
0 |
50 |
- |
0 |
- 100 % |
Total (hors restitutions de TVA) |
88.180 |
89.162 |
+ 1,1 % |
87.901 |
- 1,4 % |
Restitutions de TVA |
4.863 |
5.185 |
+ 6,6 % |
5.511 |
+ 6,3 % |
Total (y. c. restitutions de TVA) |
93 043 |
94 347 |
+ 1,40 % |
93.412 |
- 1,0 % |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
1. Les contributions professionnelles (- 1,3 %)
Depuis
1996, il ne subsiste plus aucune taxe sur les produits agricoles : les
" contributions professionnelles " se limitent donc aujourd'hui aux
cotisations des agriculteurs et à la compensation de la perte de
cotisations résultant du transfert de contribution sociale
généralisée (CSG).
Les cotisations professionnelles
proprement dites, sont, depuis le
1
er
janvier 1996, calculées intégralement sur les
revenus professionnels ; elles évoluent donc tendanciellement comme les
revenus. Elles s'établissent pour 2000 à 12,4 milliards de
francs, en très légère diminution par rapport à
1999.
Aux cotisations professionnelles proprement dites, s'ajoute
le versement de
CSG et de droits sur les alcools
, effectué en compensation de la
perte de cotisations résultant des transferts instaurés par les
lois de financement de la sécurité sociale pour 1997 et 1998, qui
s'élève pour 2000 à
4,4 milliards de francs
(
- 4 %
par rapport à 1999).
Le produit de l'ensemble de ces
contributions professionnelles
est
évalué pour 2000 à
16,7 milliards de francs
, en
faible diminution de 1,3 % par rapport aux prévisions pour 1999.
Elles ne représentent
que 19 % du financement du BAPSA
: le
déséquilibre démographique et le niveau des revenus
agricoles ne permettent pas d'assurer l'équilibre financier du
régime par les seules cotisations sociales.
Ce budget annexe est donc financé à plus de 80 % par des
ressources externes.
2. Les recettes de taxes (+ 3,4 %)
Le BAPSA
bénéficie du produit de taxes qui lui sont affectées. En
particulier, il reçoit une fraction du produit de la TVA (cotisation de
0,70 % incluse dans chacun des taux de TVA). Il est également
destinataire du produit de taxes diverses comme la taxe sur les corps gras
alimentaires, la taxe sur les farines, la taxe sur les tabacs, ainsi que les
cotisations assises sur les polices d'assurance automobile.
Les recettes issues de ces taxes
sont évaluées à
28,5 milliards de francs pour 2000, en augmentation de
+ 3,4 %
par
rapport aux prévisions de 1999.
Le montant net de la
fraction de la TVA
affectée au BAPSA (qui
représente 93 % de l'ensemble des taxes affectées au BAPSA)
s'élève pour 2000 à 26,5 milliards de francs, en hausse de
+ 3,6 %
. Cette taxe est traditionnellement très dynamique en
période de croissance économique.
3. Les transferts de compensation démographique (+ 3,8 %)
La
compensation démographique a été créée par
la loi de finances pour 1974
118(
*
)
avec pour
objet, en mettant en oeuvre une péréquation entre les
régimes obligatoires de protection sociale, de réduire les
inégalités provenant du déséquilibre
démographique entre les différents régimes.
Les transferts de compensation démographique
au profit du BAPSA
sont fournis par les autres régimes obligatoires de
sécurité sociale et principalement le régime
général. Ils sont destinés à corriger les effets
d'une démographie défavorable. Leur montant est estimé
à 35,3 milliards de francs pour 2000, en progression de
+ 3,8 %
par rapport aux prévisions pour 1999.
Evolution des principaux ratios démographiques du régime des non salariés agricoles
Rapport cotisants / bénéficiaires |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
. en assurance vieillesse |
0,46 |
0,44 |
0,41 |
0,40 |
. en assurance maladie |
0,24 |
0,24 |
0,24 |
0,24 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche
A ce versement, s'ajoute, toujours au titre du financement du BAPSA par les
autres régimes, une contribution de la Caisse nationale des allocations
familiales (CNAF). Celle-ci s'élève, pour 2000, à 1,3
milliard de francs, en retrait de 5,9 % par rapport à 1999.
4. Le versement au titre de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S)
Le BAPSA
ne devrait bénéficier en 2000 d'aucun
versement au titre de la
C3S.
En 1997 et en 1998, aucune affectation de C3S au BAPSA n'avait
été prévue en raison des résultats comptables des
régimes prioritaires dans la répartition du produit de cette
contribution (CANAM, ORGANIC, CANCAVA, etc.).
En
1999
, le montant de ce versement s'est établi à
1
milliard de francs
(afin de financer la revalorisation des petites
retraites agricoles) pour "
solde de tout compte "
: il
était acquis que désormais le BAPSA ne pourrait plus être
bénéficiaire d'une fraction de la C3S (alors même que la
C3S a été étendue aux entreprises agricoles).
Pourtant, l'article 28
bis
du projet de loi de finances
pour 2000
prévoit une nouvelle affectation de C3S (
1 milliard de francs
) au
profit du BAPSA afin de financer une nouvelle mesure en faveur des retraites
agricoles.
5. Les remboursements des fonds de solidarité vieillesse (FSV) et invalidité (FSI) (- 61,7 %)
Les remboursements des FSV et FSI s'établissent pour 2000 à 2,1 milliards de francs. Leur diminution s'accélère cette année ( - 61,7 % contre une baisse de 16,7 % l'an dernier) en raison de l'amélioration du niveau des plus petites retraites agricoles.
6. La subvention du budget de l'Etat (- 27,9 %)
Une
subvention du budget de l'Etat assure l'équilibre du BAPSA.
Les évolutions décrites plus haut (et principalement les hausses
de recettes de TVA et des transferts de compensation démographique)
expliquent la diminution de la subvention d'équilibre en provenance du
budget de l'Etat.
Elle s'élève à 3,5 milliards de
francs en 2000,
contre 4,9 milliards de francs en 1999 et 7,8 milliards de
francs en 1998, soit une
très importante réduction de 1,4
milliard de francs
sur un an (- 28 % par rapport à 1999) et de 4,3
milliards de francs sur deux ans (- 55 % par rapport à 1998).
La nouveauté pour 2000 réside dans l'inscription de cette
subvention du budget général de l'Etat au budget des charges
communes et non plus au budget du ministère de l'agriculture et de la
pêche. Ce transfert aura l'avantage de donner plus de lisibilité
au budget du ministère de l'agriculture et de la pêche dont les
variations annuelles étaient très dépendantes de la
subvention d'équilibre.
Au total,
le montant des concours publics affectés au BAPSA
(TVA
nette + subvention d'équilibre + remboursement de l'AAH)
s'établit à 30,5 milliards de francs, en baisse de - 1,5 % par
rapport à 1999.
Ces concours publics représentent 34,7 % du
financement du BAPSA en 2000
(il s'agit sensiblement du même
pourcentage qu'en 1999).
B. LES DÉPENSES
Le BAPSA
est voté en équilibre, ses dépenses sont donc d'un montant
équivalent à ses recettes et s'établissent à
87,901 milliards de francs pour 2000
(hors restitutions de TVA).
Le BAPSA comprend trois titres de dépenses :
• le Titre I comporte les frais financiers (intérêts
payés sur les emprunts de l'année) ;
• le Titre III a longtemps concerné l'ensemble des moyens des
services ; toutefois, depuis la loi de finances pour 1999 les
dépenses de personnel et de fonctionnement ont été
transférées au budget du ministère de l'agriculture et de
la pêche ; il ne reste donc plus dans ce titre qu'une ligne
budgétaire consacrée aux restitutions de crédits de
TVA ;
• le Titre IV concerne les interventions publiques ; c'est de loin le
titre le plus important du BAPSA (plus de 99,8 % du total) puisqu'il regroupe
l'ensemble des dépenses de sécurité sociale du
régime des non-salariés non-agricoles.
Montants des crédits pour 1998, 1999 et 2000 par titre
(en millions de francs)
|
Crédits votés 1998 |
Crédits votés 1999 |
Evolution 98/99 (%) |
Crédits demandés 2000 |
Evolution 99/2000 (%) |
Titre I - Dette |
220 |
173 |
- 21,4 % |
230 |
+ 32,9 % |
Titre III - Moyens des services |
4.954 |
5.185 |
+ 4,7 % |
5.511 |
+ 6,3 % |
Personnel |
2.885.216 |
0 |
- |
0 |
- |
Fonctionnement |
5.149.246 |
0 |
- |
0 |
- |
Dépenses diverses
|
4.946
|
5.185
|
+ 4,8 %
|
5.511
|
+ 6,3 %
|
Titre IV - Interventions publiques |
87.869 |
88.989 |
+ 1,3% |
87.751 |
- 1,4 % |
Total (hors rest. de TVA) |
88.180 |
89.162 |
+ 1,1 % |
87.901 |
- 1,4 % |
Total (y.c. restitutions de TVA) |
93.043 |
94.347 |
+ 1,4 % |
93.412 |
- 1,0 % |
Source : Ministère de l'économie, des
finances
et de l'industrie
Le tableau suivant fait apparaître avec plus de détail les
dépenses du titre IV - Interventions publiques.
Dépenses d'intervention du BAPSA 1998, 1999 et 2000, évolution
(en millions de francs et %)
Nature des dépenses |
Crédits votés 1998 |
Crédits votés 1999 |
Evolution 98/99 |
Crédits demandés 2000 |
Evolution 99/2000 |
Assurance vieillesse |
49.041 |
50.285 |
+ 2,5 % |
49.091 |
- 2,4 % |
Assurance veuvage |
12 |
12 |
- |
12 |
- |
Assurance maladie, maternité et invalidité |
33.756 |
33.794 |
+ 0,1 % |
33.859 |
+ 0,2 % |
Contribution à la modernisation de l'assurance maladie |
100 |
100 |
- |
100 |
- |
Prestations familiales |
4.085 |
3.948 |
- 3,3 % |
3.801 |
- 3,7 % |
Prise en charge et étalements de cotisations |
110 |
100 |
- 9,1 % |
90 |
- 10,0 % |
Autres dépenses 119( * ) |
765 |
750 |
- 13,0 % |
798 |
+ 6,4 % |
Total Titre IV |
87.180 |
88.989 |
+ 1,3 % |
87.751 |
- 1,4 % |
Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
1. Les prestations d'assurance vieillesse
Les
prestations d'assurance vieillesse s'établissent à
49,091
milliards de francs
, elles demeurent le principal poste des dépenses
du BAPSA (55,9 % du total des dépenses hors restitutions de
TVA). Après une hausse de 2,5 % entre 1998 et 1999, elles diminuent
à nouveau de 2,4 % en 2000 pour retrouver un niveau proche de celui de
1998.
Les retraites agricoles sont régulièrement revalorisées
depuis quelques années. Néanmoins, la diminution des effectifs
entraîne cette année une baisse du montant total des prestations
versées.
Evolution du nombre de bénéficiaires des prestations vieillesse
Vieillesse |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Bénéficiaires |
1.727.031 |
1.730.000 |
1.738.700 |
1.737.130 |
Evolution / n-1 |
+ 0,6 % |
+ 0,2 % |
+ 0,5 % |
- 0,9 % |
Rapport cotisants / bénéficiaires |
0,46 |
0,44 |
0,41 |
0,40 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche
Les mesures votées en loi de finances pour 1999
(loi
n°98-1266 du 30 décembre 1998)
La loi de finances pour 1999 a prévu une nouvelle mesure de revalorisation des petites retraites agricoles pour un coût de 1,2 milliard de francs en 1999 (et 1,6 milliard de francs en année pleine à partir de 2000). Un effort tout particulier a porté sur les veufs, veuves et les personnes seules, qui ont bénéficié de plus de 50 % du total du relèvement des retraites et un dispositif d'harmonisation des carrières mixtes d'aide familial et de chef d'exploitation a été instauré.
Les
mesures votées en loi d'orientation agricole
(loi n°99-574 du 9
juillet 1998)
L'article 3 de la loi prévoit un rapport du
gouvernement au
Parlement décrivant l'évolution qu'il compte imprimer aux
retraites agricoles
sur la période juin 1997 - juin 2002
avec un
effort plus marqué au début pour relever les pensions les plus
faibles. Dans le cadre de ce
plan pluriannuel
, un nouveau dispositif de
revalorisation des retraites proportionnelles est instauré (article 30).
L'article 31 de la même loi fixe un montant minimum de retraite de
réversion. En outre, l'article 28 de la loi instaure un nouveau statut,
celui de " conjoint-collaborateur " qui garantit des droits en
assurance vieillesse plus étendus que l'actuel statut de conjoint
participant aux travaux (l'amélioration de la pension de retraite
globale est estimée par les services du ministère de
l'agriculture et de la pêche à environ 70 %).
Un arbitrage tardif devrait permettre lors du vote du projet de BAPSA en
première lecture à l'Assemblée nationale de prévoir
une nouvelle étape du plan 1997-2202
de revalorisation des
petites retraites agricoles de l'ordre de
1,6 milliard de francs
en
année pleine qui serait consacrée à la revalorisation des
montants minimum de pensions. Cette mesure devrait toucher 780.000 personnes en
2000. Le financement de cette mesure devrait s'appuyer sur une
affectation
de C3S d'un milliard de francs au BAPSA
(article 28
bis
du projet de
loi de finances pour 2000, introduit à l'Assemblée nationale en
première lecture).
Montant des pensions minimales de vieillesse après une
carrière complète
dans le régime des exploitants
agricoles en 1999 et en 2000
(en tenant compte de la mesure prévue
pour 2000)
Catégorie |
1999 |
2000 |
Chefs d'exploitation |
3.000 |
3.200 |
Veufs et veuves |
2.800 |
3.000 |
Aides familiaux et ceux ayant une carrière dite " mixte ", seuls |
2.500 |
2.700 |
Conjoints et ceux ayant une carrière dite " mixte ", mariés |
2.200 |
2.400 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche
2. Les prestations d'assurance maladie, maternité et invalidité
Les
dépenses d'assurance maladie, maternité et invalidité, qui
constituent le deuxième poste de dépenses du BAPSA après
les prestations vieillesse (38,6 % du total), devraient s'établir pour
2000 à
33,86 milliards de francs.
La
modération de
l'évolution de ce poste (+ 0,2 %)
par rapport à 1999 peut
s'expliquer par deux facteurs :
• une certaine stabilisation du nombre de
bénéficiaires ;
Evolution du nombre de bénéficiaires des prestations maladie
Maladie |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Bénéficiaires |
2.547.901 |
2.472.311 |
2.405.170 |
2.333.000 |
Evolution / n-1 |
- 2,8 % |
- 3,0 % |
- 2,7 % |
- 3,0 % |
Rapport cotisants / bénéficiaires |
0,24 |
0,24 |
0,24 |
0,24 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche
• les mesures générales de régulation des
dépenses de santé qui s'appliquent au régime agricole
comme aux autres régimes et résultent, pour l'essentiel, de
textes du ministère chargé des affaires sociales
contresignés par le ministre chargé de l'agriculture ; elles
ont pour effet de modérer la dépense de santé.
Le remboursement moyen par personne protégée dans le
régime des exploitants agricoles pourrait passer, selon les estimations,
de 14.069 francs en 1999 à
14.530 francs en 2000
. L'augmentation
du coût des prestations et de la consommation médicale moyenne
entraîne donc un ajustement des crédits au BAPSA de 265 millions
de francs supplémentaires.
L'article 33 de la loi d'orientation agricole étend la prise en charge
des frais de remplacement des agricultrices en raison de la
maternité
. Cette mesure entraîne un surcoût pour le
BAPSA de l'ordre de 45 millions de francs en 2000.
L'effet conjugué de la réforme sur la contribution maladie
universelle (
cf. infra
) et de la suppression de la contribution du BAPSA
au financement de l'assurance personnelle n'entraînera en 2000 qu'une de
diminution des dépenses de 210 millions de francs.
On note que la contribution du BAPSA à la modernisation de l'assurance
maladie est dotée, en 2000 comme en 1999 et en 1998, de crédits
d'un montant de
100 millions de francs
.
3. Les prestations familiales
Les
dépenses de prestations familiales sont évaluées
à
3,8 milliards
de francs
pour 2000. Elles constituent,
loin derrière les prestations vieillesse et maladie, le troisième
poste des prestations avec 4,3 % du total.
Elles continuent leur décroissance (- 3,7 %
par rapport à
1999) en raison de la réduction continue du nombre de
bénéficiaires qui entraîne une mesure nouvelle
négative de 149,3 millions de francs. En effet, la population agricole
diminue, elle vieillit et le célibat se développe.
Le tableau ci-dessous montre que la diminution du nombre de
bénéficiaires étant supérieure à la
décrue du nombre de cotisants, le ratio bénéficiaires /
cotisants s'améliore de façon continue.
Evolution du nombre de bénéficiaires des prestations agricoles
Bénéficiaires |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Enfants |
297.829 |
282.857 |
260.181 |
255.278 |
Evolution / n-1 |
- 5,2 % |
- 5,0 % |
- 8,0 % |
- 1,9 % |
Familles |
127.620 |
121.244 |
111.636 |
109.423 |
Rapport cotisants / enfants bénéficiaires |
2,18 |
2,23 |
2,36 |
2,33 |
Rapport cotisants / familles bénéficiaires |
5,08 |
5,20 |
5,50 |
5,44 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche
4. Etalement et prise en charge des cotisations sociales des agriculteurs en difficulté
Ce
chapitre permet de financer trois mesures :
• les échéanciers de paiement des cotisations d'exploitants
en difficultés accordés par les caisses de Mutualité
sociale agricole (MSA) ;
• la prise en charge partielle d'arriérés de cotisations
(pour les agriculteurs dont la viabilité de l'exploitation est
compromise) ;
• le report de cotisations dans des cas exceptionnels comme la crise de la
vache folle.
Les crédits qui y figurent sont en diminution continue :
90
millions de francs en 2000
après les 100 millions de francs de 1999
et les 110 millions de francs de 1998.
En deux ans
, ces crédits
ont donc
diminué de 18 %.
Cette évolution présentée dans le fascicule
budgétaire du BAPSA comme résultant principalement de la
réduction du nombre de bénéficiaires s'interprète
plutôt comme une modification des objectifs : il ne s'agit
désormais plus de prendre en charge toutes les cotisations mais
seulement de rééchelonner les cotisations maladie.
II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
A. EXÉCUTION ET GESTION EN 1998 ET 1999 DU BAPSA
L'examen
des réalisations 1998 des dépenses comme des recettes fait
apparaître une grande proximité avec ce qui avait
été prévu en loi de finances initiale. Il convient
toutefois de remarquer que la subvention budgétaire d'équilibre a
fait l'objet, comme bien souvent en fin d'année,
d'une annulation de
crédits de 827 millions de francs :
le solde du BAPSA pour 1998
a été négatif de 38 millions de francs.
Quant à l'exercice 1999, il convient de remarquer un
dérapage
des encours d'emprunt
: un écart de l'ordre de 2 milliards de
francs de l'encours mensuel d'emprunt est notable entre 1998 et 1999. Cette
situation est probablement due à la réduction du montant de la
subvention budgétaire d'équilibre. En effet, en début
d'année, le BAPSA doit décaisser un trimestre de prestations
vieillesse et faire face aux prestations d'assurance maladie : pour
financer ces prestations il ne dispose que de la subvention budgétaire
qui est mobilisable à volonté (dans une proportion de 80 %), les
autres recettes n'étant perçues que plus tard. Une subvention
budgétaire réduite conduit donc à un encours d'emprunt
supérieur.
La Caisse centrale de Mutualité sociale agricole (CCMSA) est
autorisée à recourir à l'emprunt pour régler les
prestations. A cet effet elle a signé une convention d'ouverture de
crédit à court terme dans la limite de 10,5 milliards de francs
avec le Crédit agricole Indosuez, la Caisse régionale de
Crédit agricole mutuel de Paris et d'Ile de France et la Banque
nationale de Paris. Le BAPSA verse à la CCMSA dès qu'il en a la
disponibilité, la somme nécessaire pour le remboursement du
capital et prend en charge les frais financiers.
Ce plafond de crédit de 10,5 milliards de francs devrait être
révisé : l'article 31 du projet de loi de financement de la
sécurité sociale prévoit de le porter à
12,5
milliards de francs.
En effet, le plafond actuel a été
presque atteint en 1999 et devrait être dépassé en 1999.
La baisse des taux d'intérêts et les conditions
réactualisées de la convention avaient permis en 1997 et 1998 de
diminuer le coût de l'emprunt. Depuis 1999, le dérapage de
l'encours des emprunts conduit à une majoration des dépenses
d'intérêt que l'on retrouve dans le projet de BAPSA pour 2000.
Montants des dépenses d'intérêts du BAPSA depuis 1995
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999* |
2000* |
Montant |
280,92 |
267,99 |
185,35 |
171,27 |
220,00 |
230,00 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche
* prévisions
B. UN RÉGIME DYNAMIQUE MAIS AFFAIBLI PAR LA RÉFORME DE LA CMU ET LES 35 HEURES
1. Un cadre d'action rénové par la loi d'orientation agricole
La loi
n° 99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation agricole contient plusieurs
dispositions relatives à la Mutualité sociale agricole (MSA).
Elles offrent un
cadre d'action rénové
pour la MSA et
conforte son redressement après les errements dénoncés par
la Cour des comptes.
• la convention d'objectifs signée entre la Caisse centrale de MSA
(CCMSA) et l'Etat fait l'objet de contrats pluriannuels de gestion entre
la CCMSA et les caisses (article 49 I et II) ;
• un commissaire du gouvernement représente le ministre de
l'agriculture auprès de la CCMSA ; il assiste aux séances de
l'assemblée générale centrale et à celles du
conseil central d'administration (article 49 III) ;
• les caisses de MSA sont désormais soumises au code de la
mutualité (article 49 IV) ;
• des précisions sont apportées en cas de suspension ou
dissolution d'un conseil d'administration ou de révocation d'un
administrateur (article 50) ;
• des précisions sont apportées sur l'élection des
administrateurs au conseil d'administration des caisses de MSA lorsque la
circonscription des caisses s'étend sur plusieurs départements
(article 55).
2. Une stratégie dynamique
Les deux
premiers projets de
réseaux et de filières de soins
(prophylaxie et soins dentaires chez l'enfant et réseau
gérontologique) agréés par le Ministère de l'Emploi
et de la Solidarité après avis favorable de la Commission Soubie
ont été proposés par la MSA. Par ailleurs, très
récemment, le Ministère de l'Emploi et de la Solidarité a
donné son agrément à l'action expérimentale de
Groupama et de la MSA " Groupama partenaires santé " qui vise
la maîtrise des dépenses de santé dans trois
départements sur dix-huit mois. Il s'agit d'un partenariat entre les
médecins généralistes, les patients relevant du
régime agricole, la MSA et la complémentaire santé
Groupama. Les assurés bénéficient de l'avance globale des
frais tandis que les médecins travaillent en réseau pour
établir des diagnostics et les réponses médicales les plus
efficaces. Il s'agit de la première autorisation donnée à
un groupe privé.
Ces trois exemples montrent le dynamisme de la MSA et le caractère
exemplaire de ses actions.
3. L'impact négatif de la couverture maladie universelle
La loi
n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant création d'une couverture
maladie universelle (CMU) va avoir des répercussions fortes pour la MSA
qu'elle risque de dévitaliser en partie.
En effet, la loi CMU instaure une couverture intégrale et gratuite
assurée par la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs
salariés (CNMTS) pour les personnes bénéficiant d'un
revenu inférieur à 3.500 francs par mois (personne seule). Cette
innovation, louable dans ses objectifs mais regrettable dans son
application
120(
*
)
, va entraîner de
nombreux effets pervers pour la MSA : elle risque de générer
un
surcoût pour la MSA
avec la suppression prévisible
à terme de sa cotisation minimale, elle est potentiellement
discriminatoire
entre agriculteurs et non-agriculteurs et enfin, elle
crée d'inutiles
complications administratives
.
4. Le fardeau des 35 heures
Un
accord cadre sur la réduction du temps de travail a été
conclu le 15 décembre 1998. Il s'applique à l'ensemble des
caisses départementales et pluridépartementales de MSA ainsi
qu'à la CCMSA.
Il prévoit notamment la suspension des augmentations
générales de salaires jusqu'au 31 décembre 2001 et le gel
de la prime d'ancienneté au niveau du 1
er
juillet 1999.
L'impact financier devrait atteindre
14,5 millions de francs
(soit
0,35 % des charges de personnel) en 2000. La tendance à la
diminution des effectifs des caisses de MSA entamée depuis 1992 s'est
donc inversée en 1999 en raison de la compensation de la
réduction du temps de travail de 39 à 35 heures hebdomadaires.
Effectifs budgétaires des caisses de MSA
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Effectifs |
17.510 |
17.273 |
17.073 |
17.135 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche
Il convient de rappeler
la nécessaire maîtrise des
dépenses de fonctionnement des caisses
dont les moyens sont
financés par des cotisations complémentaires aux cotisations
techniques destinées au seul financement des prestations sociales.
C. LA LENTE AMÉLIORATION DES RETRAITES AGRICOLES
1. La situation critique des retraités agricoles
Les
revenus des retraités agricoles bénéficiant uniquement des
retraites forfaitaires se caractérisent par
leur faiblesse
:
le montant moyen perçu par un retraité dont la carrière
est complète (ce qui est le cas d'à peine plus de la
moitié des exploitants agricoles) est de
2.322 francs par mois
pour un chef d'exploitation. Cette situation s'explique principalement par la
constitution tardive d'un régime d'assurance vieillesse obligatoire (en
1952) ainsi que par la modicité des cotisations.
Seuls 2 % des exploitants agricoles perçoivent une retraite
supérieure à 75 % du SMIC. En outre il faut considérer que
41 % des retraités agricoles anciens chefs d'exploitation sont
polypensionnés et ne reçoivent en moyenne pas plus de 30 % de
leur retraite en provenance du régime agricole (30 % régime
général et 40 % autres régimes)
121(
*
)
.
Depuis 1994, des mesures significatives ont été prises
en
faveur des retraités
122(
*
)
. Elles ont
privilégié les personnes aux revenus les plus faibles et ayant
exercé l'essentiel de leur vie active dans le secteur agricole.
On pourra toutefois regretter la
stratification et la complexité
des différentes mesures de revalorisation qui se sont
succédées depuis 1994.
Les
mesures contenues dans la loi d'orientation agricole
(loi n° 99-574 du
9 juillet 1999)
Article
1
er
: La politique agricole a pour objectif, notamment,
" la revalorisation progressive et la garantie de retraites minimum aux
agriculteurs en fonction de la durée de leur activité ".
Article 3 : Le gouvernement s'est engagé à déposer,
" sur le bureau des assemblées, dans un délai de trois mois
à compter de la publication de la (...) loi, un
rapport
décrivant, catégorie par catégorie, l'évolution
qu'il compte imprimer aux retraites agricoles au cours de la période du
30 juin 1997 au 30 juin 2002
. Un développement particulier sera
consacré aux mesures envisagées au cours de cette période,
avec un effort plus important à son début, pour revaloriser les
plus faibles pensions. Il étudiera les possibilités juridiques et
financières de la création d'un
régime de retraite
complémentaire obligatoire
pour les non-salariés
exerçant les professions énumérées à
l'article 1060 du code rural, à l'exception des artisans ruraux. Ce
rapport présentera les modalités de financement des
différentes mesures proposées ". Cet article consacre donc
l'existence d'un
plan de revalorisation pluriannuel des retraites,
entamé par les lois de finances pour 1998 et 1999.
Article 28 : Un nouveau statut du conjoint est créé, qui
permet de bénéficier d'avantages vieillesse plus
intéressants, celui de " conjoint collaborateur
d'exploitation ".
Article 30 : Une mesure de revalorisation des retraites proportionnelles
qui ont pris effet à compter du 1
er
janvier 1998 est
prévue ; elle prend la forme d'une attribution gratuite de points
de retraite proportionnelle. Il s'agit d'une nouvelle étape dans le plan
de revalorisation pluriannuel des retraites.
Article 31 : Un montant minimum de retraite de réversion
non-salariée agricole est désormais fixé par décret.
L'objectif des pouvoirs publics est d'atteindre pour des carrières
complètes le
minimum vieillesse
avant la fin de la
législature (3.471 francs par mois) ; celui de la profession
demeure 75 % du SMIC net (3.900 francs par mois).
Votre rapporteur spécial se réjouit de l'effort continu
engagé par tous les gouvernements depuis 1994 pour relever, par
étapes, le niveau des plus petites retraites agricoles. Cet effort a
été constant quelque soit le gouvernement et se traduit par des
mesures de l'ordre d'un milliard supplémentaire chaque année. Le
plan de l'actuel gouvernement est déjà bien entamé
puisqu'en deux ans, 5,5 milliards de francs ont déjà
été prévus. Votre rapporteur spécial souhaite
souligner que le contexte financier favorable actuel était bien
l'occasion d'intensifier cet effort en faveur des retraités agricoles.
2. L'indispensable développement d'une protection complémentaire
A
côté de la faiblesse des pensions, la
seconde
caractéristique forte
du régime de retraite des exploitants
agricoles est
l'absence de " second pilier ",
un régime
de retraite complémentaire obligatoire.
Le règlement de la question des contrats de retraite
surcomplémentaire et par capitalisation, dits COREVA, permet aujourd'hui
de repenser la protection complémentaire des agriculteurs en assurance
vieillesse. Le succès de ces contrats a montré
l'intérêt des agriculteurs pour la constitution d'une
épargne complémentaire.
Entre les retraites forfaitaires et proportionnelles (par répartition),
et la retraite complémentaire facultative (par capitalisation,
" ex-COREVA "), se pose aujourd'hui la question de la création
d'un " deuxième pilier " : une retraite
complémentaire obligatoire, comme il en existe déjà dans
la plupart des autres régimes.
L'article 3 de la
loi d'orientation agricole
précitée
prévoit que le rapport précité portera également
sur les perspectives de création et de financement d'un régime
complémentaire obligatoire des non-salariés agricoles.
Il conviendra de s'assurer que le gouvernement tirera effectivement toutes les
conséquences de ce rapport qui devrait être déposé
sur le bureau des assemblées dans les prochains jours.
II - DÉFENSE
I - EXPOSÉ D'ENSEMBLE ET DÉPENSES EN
CAPITAL
Rapporteur spécial : M. Maurice
BLIN
Note liminaire . Le projet de budget du ministère de la Défense pour 2000 inclut les crédits, et le personnel du secrétariat d'Etat aux anciens combattants. Pour permettre d'évaluer l'évolution du projet de budget de la Défense par rapport à celui de 1999, les crédits et le personnel du secrétariat d'Etat aux anciens combattants ont été exclus des comparaisons.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Le
budget s'élève à 241,8 milliards de francs dont 54,4
milliards de francs de pensions soit un montant hors pensions de 187,4
milliards de francs.
L'évolution des
crédits de paiement
par rapport à
la loi de finances initiale de 1999, est la suivante :
(
En milliards de francs courants
)
|
1999 |
2000 |
Evolution LFI 1999/LFI 2000 |
|
|
LFI |
LFI |
Francs courants |
Francs constants |
Titre III ................... |
104 |
104,5 |
+ 0,5 |
- 0,4 |
Titres V et VI ........... |
86 |
82,9 |
- 3,6 |
- 4,4 |
TOTAL |
190 |
187,4 |
- 1,4 |
- 2,2 |
Les
autorisations de programme
s'élèvent à 87,4
milliards de francs sur les titres V et VI et à 1,1 milliard de francs
sur le titre III.
L'évolution prévue des prix du PIB est de + 0,9 %.
1. Répartition des crédits par titres
(En milliards de francs courants)
|
1999 |
2000 |
Evolution |
||
|
Montant des crédits |
Pourcen-tage |
Montant des crédits |
Pourcen-tage |
en % du montant des crédits |
Crédits de paiement |
|
|
|
|
|
Titre III................................ |
104 |
54,7 |
104,5 |
55,7 |
+ 0,5 |
Titres V et VI....................... |
86 |
45,3 |
82,9 |
44,3 |
- 3,6 |
Total.......................... |
190 |
100 |
187,4 |
100 |
- 1,4 |
Autorisations de programme |
|
|
|
|
|
Titre III................................ |
1,3 |
1,5 |
1,1 |
1,2 |
- 15,4 |
Titres V et VI....................... |
86 |
98,5 |
87,4 |
98,8 |
+ 1,6 |
Total ......................... |
87,3 |
100 |
88,5 |
100 |
+ 1,4 |
2.
Répartition des crédits de paiement par armée et service
commun
(en pourcentage)
|
1999 |
2000 |
Services communs.............. |
25,5 |
25,4 |
Terre.................................. |
25,9 |
26,1 |
Marine............................... |
17,9 |
17,6 |
Air..................................... |
18,8 |
18,5 |
Gendarmerie....................... |
11,9 |
12,4 |
Total ........................ |
100 |
100 |
3. Part relative du budget de la Défense
Années |
Défense
|
Défense/Etat
|
Défense/PIB
|
1996 |
195 |
12,30 % |
2,41 % |
1997 |
191 |
12,28 % |
2,36 % |
1998 |
184,7 |
11,65 % |
2,19 % |
1999 |
190 |
11,7 % |
2,19 % |
2000 |
187,4 |
11,1 % |
2,04 % |
4.
Comparaison internationale
(En pourcentage du PIB après recomposition en structure OTAN)
Années |
France |
Allemagne |
Grande-Bretagne |
États-Unis |
1995 |
3,11 % |
1,71 % |
3,03 % |
3,99 % |
1996 |
3,01 % |
1,67 % |
2,93 % |
3,74 % |
1997 |
2,91 % |
1,59 % |
2,84 % |
3,50 % |
1998 |
2,77 % |
1,54 % |
2,70 % |
3,30 % |
1999* |
2,76 % |
1,51 % |
2,61 % |
3,23 % |
Estimations
II. ANALYSE DES CRÉDITS DES TITRES V ET VI
Répartition par armée et service
(En millions de francs courants)
|
1999 |
2000 |
|
Air................................. |
20 238 |
18 838 |
- 6,9 |
Terre.............................. |
18 489 |
17 816 |
- 3,6 |
Marine............................ |
21 025 |
20 106 |
- 4,4 |
Gendarmerie................... |
2 166 |
2 279 |
+ 5,2 |
Services communs........... |
24 082 |
23 894 |
- 0,8 |
Total ...................... |
86 000 |
82 933 |
- 3,6 |
Répartition par catégories de coût
( En millions de francs courants)
|
1999 |
2000 |
Evolution en % |
Développements ............................. |
15 604 |
13 967 |
- 10,5 |
Etudes ........................................... |
5 485 123( * ) |
6 093 124( * ) |
+ 11,1 |
Fabrications .................................. |
31 124 |
29 102 |
- 6,5 |
Entretien programmé des matériels ... |
16 417 |
15 495 |
- 5,6 |
Entretien programmé des personnels |
1 744 |
1 801 |
+ 3,3 |
Munitions ....................................... |
3 914 |
4 745 |
+21,2 |
Infrastructures ................................ |
10 725 |
10 639 |
- 0,8 |
Restructurations ............................. |
987 |
1 091 |
+ 10,5 |
Total .................................... |
86 000 |
82 933 |
- 3,6 |
1. Le
nucléaire
Dans un titre V, en régression de 3,6 %, la part du nucléaire
diminue de 4,6 %.
La composante océanique continuera à bénéficier de
l'essentiel des crédits (50,4 %).
Le deuxième sous-marin nucléaire lanceur d'engins/nouvelle
génération (SNLE/NG) doit être admis au service actif en
1999, l'admission au service actif du troisième interviendra en 2004 et
celle du quatrième en 2008.
Une dotation de 1,980 milliard de francs est prévue pour le
développement du missile M 51 qui doit remplacer le M 45 et qui
équipera le SNLE/NG N° 4, dès sa mise en service, en 2008.
Pour la
composante aéroportée
, le lancement du
développement du nouveau missile air-sol moyenne portée - ASMP
amélioré - interviendra en 2000.
Les crédits de paiement alloués au commissariat à
l'énergie atomique (CEA) d'un montant de 6,7 milliards de francs
diminuent de 2,9 % par rapport à 1999. Les crédits
consacrés au " projet simulation ", qui se substituera aux
essais nucléaires, s'élèveront à 1,7 milliard de
francs, ils sont en régression de 3,5 %.
2. L'espace
Les crédits, d'un montant de 2,3 milliards de francs, sont en fort
repli, de 15,25 % par rapport à 1999. Les autorisations de programme, de
2,1 milliards de francs, subissent une réduction encore plus
importante de 23,80 %.
La priorité, dans le domaine spatial, est donnée au programme
HELIOS II doté de 1,1 milliard de francs.
L'abandon des projets de satellites qui devaient être menés avec
nos partenaires européens (satellite d'observation radar HORUS, avec
l'Allemagne et satellites de communication TRIMILSATCOM, avec la
Grande-Bretagne) explique la diminution des crédits consacrés
à l'espace. Cette situation n'est pas satisfaisante puisqu'elle oblige,
lors d'opérations conjointes, les forces françaises et
européennes, à recourir aux moyens que les Etats-Unis veulent
bien mettre à leur disposition.
3. Les
forces classiques
a)
L'armée de Terre
•
Blindés
Les
livraisons du char LECLERC seront de 22, la commande sera de 44. La cible de
406 chars reste, pour le moment, inchangée. Sur ce total, 310 chars
auront été commandés et 205 chars auront été
livrés à la fin de 1999
•
Capacités antichars
Livraison de 1 200 missiles ERYX, commande de 24 000 roquettes
antiblindé léger et de 11 000 missiles antichars de
3
ème
génération de moyenne portée (AC 3
G - MP).
•
Aéromobilité
Le programme d'hélicoptère de combat TIGRE a fait l'objet, en
1999, d'une commande conjointe avec l'Allemagne (80 hélicoptères
pour chaque pays). Les premières livraisons pour la France sont
prévues en 2003 pour la version d'appui-protection et en 2011 pour la
version antichar. La cible est de 215 hélicoptères.
En 2000, 773 millions de francs de crédits de paiement et
527 millions de francs d'autorisations de programme vont à ce
programme.
L'hélicoptère de transport et de lutte anti-sous-marine NH 90 est
développé en coopération avec l'Allemagne, l'Italie et les
Pays-Bas. La cible est de 27 appareils pour la Marine et 133 pour
l'armée de Terre.
Ce programme recevra en 2000, 445 millions de francs d'autorisations de
programme.
b)
La Marine
Les deux programmes majeurs concernent le SNLE/NG (cf. supra § 1) et le
porte-avions nucléaire (PAN).
•
Groupe aéronaval
Armé pour essais, au début de l'année 1997, le PAN
Charles-de-Gaulle
devrait être admis au service actif au second
semestre de 2000. Une partie des difficultés rencontrées par ce
bâtiment lors de ses essais à la mer vient de sa
complexité, mais une autre résulte de la durée excessive
de sa construction. La Marine recevra 3 avions RAFALE, de série, en 2000.
•
Autres capacités
* Lutte anti-sous-marine et antiaérienne : poursuite du
développement de l'hélicoptère NH 90 (version Marine),
poursuite du programme de torpille MU 90 mené en coopération avec
l'Italie (443 millions de francs de crédits de paiement en 2000) ;
* Gestion des crises : la livraison de la 5
ème
frégate
de type LA FAYETTE devrait intervenir en 2002. La Grande-Bretagne s'est
retirée en 1999 du programme de la frégate antiaérienne
HORIZON. Ce bâtiment sera construit en coopération avec l'Italie.
1 800 millions de francs d'autorisations de programme lui seront
consacrés en 2000.
c)
L'armée de l'Air
•
Avions de combat
: l'armée de l'Air prendra livraison en
2000 d'un avion RAFALE de série. Une commande ferme de 28 appareils
assortie d'une option pour 20 autres a été passée en 1999.
Ce n'est qu'en 2005 qu'est prévue l'entrée en service du premier
escadron opérationnel de RAFALE de l'armée de l'Air. Aucune
nouvelle commande d'avion de combat ne sera passée en 2000.
• Avions de transport
: livraison de 3 avions de transport TRANSALL
(rénovés) et de deux cargos légers CN 235. Aucune commande
nouvelle d'avion de transport ne sera passée en 2000 malgré
l'usure du parc de TRANSALL. Le dépouillement, par huit pays
européens, des offres déposées en janvier 1999 pour
" l'avion de transport futur ", ne devrait intervenir qu'en janvier
2000. Ce programme n'est doté ni d'autorisations de programme ni de
crédits de paiement dans le projet de budget 2000.
• Missiles
: l'armée de l'Air recevra, en 2000, livraison de
50 missiles MICA destinés au MIRAGE 2000-5. 170 seront commandés.
d)
La Gendarmerie
La réalisation du programme RUBIS (réseau de transmission) se
terminera en 2000, avec l'équipement de 97 départements. Deux
hélicoptères bi-turbine seront commandés en 2000 et deux
seront livrés.
4. Le soutien des forces : les " dépenses de flux "
Ces activités sont indispensables au soutien des forces ; elles subiront
une augmentation de leur financement, à l'exception de l'entretien
programmé du personnel.
(
En millions de francs courants)
|
L.F.I. 1999 |
L.F.I. 2000 |
Evolution en % |
Infrastructures .................................. |
10 725 |
10 639 |
- 0,8 |
Entretien programmé du matériel ....... |
16 417 |
15 495 |
- 5,6 |
Entretien programmé du personnel ..... |
1 744 |
1 801 |
+ 3,3 |
Munitions ........................................ |
3 914 |
4 745 |
+ 21,2 |
Total ...................................... |
32 800 |
32 680 |
- 0,4 |
III. OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
La
" revue des programmes " n'a pas eu les effets escomptés.
La plupart des craintes exprimées il y a un an sont maintenant
vérifiées.
1/ La " revue des programmes " n'a pas eu les effets
escomptés
• La " revue des programmes " a consisté à
examiner en détail, d'octobre 1997 à mars 1998, chacun des
programmes d'équipement en les confrontant aux besoins des armées.
• Il y a un an, au moment de l'examen du projet pour 1999, le ministre de
la Défense avait mis en avant la conclusion positive de cette analyse en
profondeur : par rapport à 1998, les crédits
d'équipement des armées augmentaient de 6,2 % et passaient de 81
à 86 milliards de francs. On pouvait, en outre, logiquement
déduire de ces travaux exhaustifs que ce montant de 86 milliards,
actualisé de l'évolution des prix du PIB, serait reconduit dans
tous les budgets couverts par l'actuelle loi de programmation militaire
c'est-à-dire, pour ceux des années 2000, 2001 et 2002.
• Dès le projet de budget suivant, celui de 2000, la logique de
l'exercice est abandonnée. Les crédits de paiement des titres V
et VI sont en effet en réduction de 3,6 % en francs courants et de 4,4 %
en francs constants.
Deux arguments sont avancés pour tenter de minimiser cette
régression. Les autorisations de programme sont, pour la première
fois depuis plusieurs années, supérieures aux crédits de
paiement et même plus élevées que le niveau auquel
conduisait l'actualisation de leur montant de 1999. Votre rapporteur
connaît trop les conséquences des étalements
répétés de programmes pour être sûr
qu'à un montant élevé d'autorisations de programme
succédera une majoration des crédits de paiement dans les
années à venir.
Le second argument avancé est que le montant des crédits de
paiement correspond à la capacité actuelle de dépense du
ministère de la Défense sur le titre V. Promesse est faite que
des reports de crédits de paiement ou même une augmentation de
ceux-ci, interviendraient au cours de 2000 si la capacité à
dépenser s'améliorait.
Cette explication appelle trois remarques :
-
La sous-consommation des crédits de paiement de la
Défense est trop constante, depuis plusieurs années, pour qu'on
puisse fonder de grands espoirs sur l'abondement des crédits de paiement
du titre V au cours de l'année 2000 ;
-
le ministère de la Défense semble se satisfaire d'un
taux de consommation des crédits de 90 % qui conduit tout de même
à perdre 8 milliards de francs par an ;
-
les raisons mises en avant pour expliquer cette sous-consommation des
crédits existaient déjà, il y a un an, au moment où
étaient tirées les conclusions de la revue des programmes.
Pourtant, dans le budget de 1999, le montant des crédits de paiement
d'équipement avait été fixé à 86 milliards
de francs.
2/ Des craintes vérifiées
• L'arrêté d'annulation associé au décret
d'avance du 2 septembre 1999 a opéré sur les titres V et VI, une
ponction de 4 milliards de francs, supérieure à celle du
décret d'avance du 22 août 1998. De plus, comme votre rapporteur
l'appréhendait il y a un an, la contrainte qui s'exerce sur les
crédits de fonctionnement des armées a été telle
que le décret d'avance n'a pas servi seulement à majorer les
crédits de rémunérations et de charges sociales mais
encore ceux de fonctionnement.
• La coopération européenne a régressé puisque
la partie britannique s'est retirée du programme de la frégate
HORIZON, en ce qui concerne le bâtiment proprement dit et que les
programmes du véhicule de combat de l'infanterie et de l'avion de
transport futur n'ont encore donné lieu à aucune mesure
concrète.
Des différences d'appréciation des besoins à satisfaire,
par les états-majors, des calendriers décalés de
renouvellement des équipements, des priorités politiques ou
financières dissemblables expliquent cette situation. Sa
conséquence est que nos armées ne disposent pas en temps voulu
d'un équipement adapté à la nature des opérations
qu'elles mènent actuellement. Des adaptations précipitées
du matériel existant sont dès lors souvent nécessaires.
On peut penser que les fusions en cours dans l'aéronautique,
l'espace et le secteur des missiles régleront ce problème
à l'avenir en inversant le processus. L'unicité des demandes des
états-majors se transformerait ainsi en unicité d'offre des
industriels et pourrait aboutir à des solutions radicalement plus
efficaces.
Cependant, cette évolution ne semble ni engagée pour l'aviation
de combat, ni aisée à mettre sur pied pour l'armement terrestre
et les constructions navales. Dans ces deux derniers domaines en effet, le GIAT
et la Direction des constructions navales risquent de rester durablement
isolés.
PROJET
DE BUDGET POUR 2000
TITRES V et VI
Crédits d'équipement par catégories de coût
TOTAL : 82 933 MF
II - DÉPENSES ORDINAIRES
Rapporteur
spécial : M. François TRUCY
Note liminaire . Le projet de budget du ministère de la Défense pour 2000 inclut les crédits, et le personnel du secrétariat d'Etat aux anciens combattants. Pour permettre d'évaluer l'évolution du projet de budget de la Défense par rapport à celui de 1999, les crédits et le personnel du secrétariat d'Etat aux anciens combattants ont été exclus des comparaisons.
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
1. Place et évolution du titre iii dans le budget de la défense
Le
projet de budget de la Défense pour 2000 s'élève à
241,9 milliards de francs, pensions comprises ou 187,4 milliards de francs
hors pensions.
Le titre III représente 55,7 % du projet de budget soit 104,5 milliards
de francs (contre 103,9 en 1999). Il augmente donc de 0,5 % en francs courants
mais diminue de 0,4 % en francs constants.
2. Analyse des crédits
A/ Les crédits de rémunérations et de charges sociales
Ils s'élèvent à 83,7 milliards de francs et
représentent 80,1 % du titre III. Leur poids continue à
s'alourdir, de 0,4 % par rapport à 1999.
a)
L'évolution des effectifs
Evolution
des effectifs inscrits au budget du ministère de la Défense en
2000
(Hors comptes de commerce et mesures d'ajustement)
solde net des créations et suppressions de postes
budgétaires
Officiers...................................................
|
-
258
|
Total militaires professionnels................... |
+ 3 552 |
Volontaires............................................... |
+ 6 500 |
Civils ...................................................... |
- 377 |
Appelés ................................................... |
- 36 269 |
Total hors ajustements.................... |
- 26 596 |
Mesures d'ajustement....................... |
- 2 900 |
Total général................................... |
- 29 496 |
Cette
évolution n'est pas conforme à celle prévue par la loi de
programmation qui prévoyait la suppression de 72 postes d'officiers,
3 608 postes de sous-officiers et la création de 7 963 postes
de militaires du rang et de 2 035 postes de civils.
•
Les suppressions d'emplois
Le nombre de sous-officiers diminuera de 4 503 postes, essentiellement
dans l'armée de Terre (- 1 132), la Marine (- 1 042),
l'armée de l'Air (- 1 302), et la Gendarmerie (- 966).
36 269 postes d'appelés seront supprimés en 2000. Cette
nouvelle réduction constitue une étape supplémentaire vers
la suspension totale du service militaire obligatoire, le 31 décembre
2002.
La professionnalisation devait impliquer également une augmentation des
effectifs civils. La loi de programmation prévoyait une augmentation de
2 035 emplois. Or, déduction faite de l'apport de 1 980
emplois transférés du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants, la suppression s'élève à 377 emplois pour le
personnel civil.
•
Les créations d'emplois
Les recrutements de militaires du rang vont s'intensifier : 8 313
créations d'emplois supplémentaires, essentiellement au profit de
l'armée de Terre (5 872 engagés volontaires de
l'armée de Terre) et de l'armée de l'Air (2 104 militaires
techniciens de l'Air).
Les effectifs qui figurent dans les comptes de commerce et qui sont hors
programmation continueront, quant à eux, à diminuer, puisque
1 000 suppressions de postes sont prévues en 2000 à la
Direction des constructions navales.
b/
Le financement des mesures d'accompagnement de la professionnalisation
La professionnalisation des armées exige à la fois des
recrutements et des départs de personnels militaires et civils sur la
base de mesures incitatives et, par conséquent, à coloration
fortement financière. Le "
fonds d'accompagnement de la
professionnalisation
", regroupe ainsi les ressources
consacrées à la professionnalisation (pécules, incitations
au départ et aides à la mobilité des militaires,
amélioration de la rémunération des engagés ...).
L'ensemble des aides au départ et à la mobilité
représentera 1 917 MF en 2000 soit une augmentation de
près de 100 MF par rapport à 1999. La dotation consacrée
aux pécules s'élèvera à 830 MF contre 810 MF en
1999.
B/ Les autres crédits du titre III
Ils représentent, au total 19,9 % des crédits du titre III et
s'élèveront à 20,8 milliards de francs, en diminution de
1,4 % par rapport à ceux de 1999 (21,1 milliards de francs).
Cette diminution appelle deux commentaires. Le ministère de la
Défense faisant valoir que les mutations entraînées par la
professionnalisation conduisent à une économie de 904 millions de
francs, met en avant l'amélioration des budgets de fonctionnement des
armées en 2000. Malgré tout, le taux d'activité de
l'armée de terre progressera peu et ne passera que de 70 à 73
jours par an. Un crédit de 216 millions de francs, doit permettre
d'" externaliser " un certain nombre de tâches de soutien. Il
n'est pas à la hauteur du déficit en personnel civil des
armées.
B. II - OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
1.
Observations générales
Le projet de budget pour 2000, selon la présentation qu'en fait le
gouvernement, garantit la professionnalisation de nos forces.
La programmation pour les années 1997 à 2002 visait à
donner les moyens de réaliser cet objectif. Cependant, si
l'évolution du titre III porte globalement la marque de cette mutation,
il n'en garantit pas la réussite pour les deux séries de raisons
qui ont déjà été évoquées il y a un
an.
2. La fragilisation budgétaire de la professionnalisation
Bien que la part du titre III dans le budget de la Défense continue
à progresser, celui-ci diminue en francs constants.
En outre, à l'intérieur du titre III, les dépenses de
rémunérations et charges sociales progressent encore au
détriment des dépenses de fonctionnement. Les mesures de
restructuration permettent sans doute de faire dès maintenant des
économies mais on ne constate malheureusement pas une augmentation
substantielle du taux d'activité de nos forces.
3. La fragilisation factuelle de la professionnalisation
Elle résulte des effets convergents de deux constatations et d'une
crainte :
• plus de 5 000 postes de personnel civil ne sont toujours pas
pourvus dans les armées. Il en résulte des difficultés de
fonctionnement importantes notamment dans les forces. Les armées doivent
donc affecter à ces emplois indispensables à la vie des
unités, des militaires du rang engagés. Ce sont des emplois de
combattants qui ne seront plus tenus. En outre, les jeunes engagés sont
rapidement déçus d'être affectés à des
tâches ne correspondant guère à ce qui leur avait
été promis à la souscription de leur contrat.
• la
ressource en appelés
n'est plus suffisante ; 12 %
des postes ne sont pas pourvus dans l'armée de Terre. Dans la Marine,
les postes de cuisiniers et de boulangers ne sont plus que rarement
honorés. Cette situation pèse elle aussi sur les militaires
d'active, notamment sur les militaires du rang engagés ;
• 6 500 volontaires doivent être recrutés en 2000, dont
4 300 pour la seule Gendarmerie. La qualité de cette ressource
est-elle à la hauteur des responsabilités qui seront
confiées à des jeunes gens qui, dans certaines brigades,
remplaceront des gendarmes d'active ? Est-elle seulement du même
niveau que celle des gendarmes auxiliaires qui disparaissent
progressivement ?
4. La progression vers la professionnalisation totale des armées
n'est pas satisfaisante
Les effectifs présents dans les armées ne sont pas conformes
à ce qu'avait fixé la loi de programmation militaire. Les
contraintes que cette situation fait peser sur le personnel des forces, la
relativité de l'amélioration des crédits de fonctionnement
font que les possibilités d'entraînement de nos unités
restent notablement inférieures aux normes d'une armée
professionnelle. Dans ces conditions, il ne semble pas que les armées
soient en voie de satisfaire aux " grandes fonctions
opérationnelles " définies par la loi de programmation
militaire, notamment à celle de projection.
TITRE
III
Répartition par nature des dépenses
(En millions de francs courants)
|
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
||||
|
1999 |
2000 (LFI) |
Variation en % |
1999 |
2000 |
Variation en % |
Rémunérations et charges sociales.... |
82 820 |
83 684 |
+ 1 |
- |
- |
- |
Alimentation.................................. |
2 432 |
2 264 |
- 6,9 |
- |
- |
- |
Carburants...................................... |
2 370 |
2 341 |
- 1,2 |
- |
- |
- |
Entretien programmé des matériels... |
1 323 |
1 109 |
- 16,2 |
1 323 |
1 109 |
- 16,2 |
Fonctionnement.............................. |
15 014 |
15 118 |
+ 0,7 |
- |
- |
- |
Total dépenses ordinaires ... |
103 959 |
104 516 |
+ 0,5 |
1 323 |
1 109 |
- 16,2 |
TITRE
III
Répartition par armées
(En millions de francs courants)
|
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
||||
|
1999 |
2000 |
Variation en % |
1999 |
2000 |
Variation en % |
Air................................................. |
15 559 |
15 680 |
0,8 |
628 |
554 |
- 11,8 |
Terre............................................. |
30 700 |
30 916 |
+ 0,7 |
149 |
150 |
+ 0,7 |
Marine........................................... |
12 908 |
12 897 |
- 0,1 |
546 |
405 |
- 25,8 |
Gendarmerie................................... |
20 490 |
20 892 |
+ 1,9 |
- |
- |
- |
Section commune............................ |
24 302 |
24 131 |
- 0,7 |
- |
- |
- |
Total................................... |
103 959 |
104 516 |
+ 0,5 |
1 323 |
1 109 |
- 16,2 |
PROJET
DE BUDGET POUR 2000
TITRE III
En millions de francs
|
Rémunérations |
Fonctionnement |
Total |
1999 |
82 820 |
21 139 |
103 959 |
2000 |
83 684 |
20 832 |
104 516 |
TOTAL : 104 516 MF
III - AUTRES DISPOSITIONS
COMPTES SPÉCIAUX DU
TRÉSOR
Rapporteur spécial : M. Paul
LORIDANT
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A. LES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR ATTÉNUENT LE DÉFICIT DU BUDGET GÉNÉRAL
Dans le
projet de loi de finances initiale pour 2000, les comptes spéciaux du
Trésor sont au nombre de 36, soit 5 de moins que l'an dernier. Ils se
soldent par une charge nette négative et dégagent ainsi un
excédent, de 2999 millions de francs soit un peu moins que
l'excédent de 3,1 milliards prévu pour 1999.
La contribution du solde des comptes spéciaux du Trésor au solde
du budget de l'Etat reste ainsi très nettement positive. Les comptes
spéciaux du Trésor atténuent le déficit du budget
général.
Le projet de loi de finances pour 2000 comporte la suppression de
5 comptes d'affectation spéciale (CAS).
Les comptes dont la clôture est proposée sont :
le Fonds forestier national (FFN)
le Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités
le Fonds national du livre
le Fonds pour l'aménagement de la région Ile-de-France
(FARIF)
et le Fonds pour le financement de l'accession à la
propriété.
La clôture de ces comptes a une incidence importante sur le volume des
opérations des CAS et doit être prise en considération pour
apprécier le solde des Comptes spéciaux du Trésor en 2000.
Volume
d'opérations des comptes d'affectation spéciale
supprimés en 1999
(en millions)
|
Recettes |
Crédits |
Charge nette |
FFN |
417 |
417 |
0 |
Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités |
0 |
0 |
0 |
Fonds national du livre |
116 |
116 |
0 |
FARIF |
2.220 |
2.220 |
0 |
Fonds pour le financement de l'accession à la propriété |
6.600 |
3.130 |
- 3.470 |
Total |
9.353 |
5.883 |
- 3.470 |
En
effet, sans ces suppressions, l'excèdent des comptes spéciaux du
Trésor se serait élevé à 6469 millions de francs et
aurait enregistré un doublement par rapport à 1999.
Le tableau ci-dessous récapitule les grandes variations des
opérations et des soldes des comptes spéciaux du Trésor en
2000 par rapport à l'exercice précédent.
Evolution des opérations des comptes spéciaux du Trésor (1) (2)
(en millions de francs)
|
Loi de finances 1999 |
Projet de loi de finances 2000 |
Evolution PLF 2000/LFI 1999 |
I - Opérations à caractère définitif des comptes d'affectation spéciale
Comptes
d'affectation spéciale
|
46.660
|
42.903
|
- 3.757
|
II - Opérations à caractère temporaire
A.
Opérations des comptes d'affectation spéciale
|
- 27
|
1
|
+ 28
|
Charge nette totale des comptes spéciaux |
- 3.114 |
- 2.999 |
+ 115 |
(1) Lors
de la première lecture, L'Assemblée nationale a abondé les
crédits du FNDS de 75 millions de francs
(2) aux arrondis près.
Il montre que la modification de l'équilibre des comptes spéciaux du Trésor proviendrait des mouvements suivants :
détérioration du solde des CAS (opérations définitives) : |
|
détérioration du solde des CAS (opérations temporaires) : |
|
Sous-total : |
3.470 millions de francs |
amélioration du solde des comptes d'avances : |
|
dont avances sur le montant des impositions locales : |
|
amélioration du solde des comptes de prêts : |
+ 1.870 millions de francs |
variation des découverts autorisés : |
- 237 millions de francs |
Total : |
115 millions de francs (augmentation de la charge nette) |
La dégradation faible du solde des comptes spéciaux du Trésor est donc entièrement due aux changements de périmètre des CAS.
B. LES COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE ENREGISTRENT UN NET "DÉGONFLEMENT" DE LEURS OPÉRATIONS
1. Une réduction des crédits
Le
montant des crédits retracés par les comptes d'affectation
spéciale avait été en forte diminution en 1999, les
charges passant de 61 à 46,7 milliards de francs. Cela
résultait de divers changements de périmètre mais aussi
d'un calibrage à la baisse des interventions.
Cette année, le repli se poursuit sur un rythme toutefois un peu
atténué. Les crédits des comptes d'affectation
spéciale passent de 46,7 à 42,9 milliards de francs.
Ces évolutions témoignent pour partie d'une volonté de
diminuer le champ d'intervention de la formule des comptes spéciaux du
Trésor et de " rebudgétiser " certaines interventions
publiques auparavant distinguées par leur rattachement à un CAS.
Ce parti-pris apparaît justifié quand rien ne distingue vraiment
l'usage des crédits des comptes spéciaux de ceux du budget
général. Il ne faut cependant pas l'accepter sans réserve
compte tenu des risques d'une banalisation de politiques publiques qu'il
suscite (v.infra).
Variation des crédits des comptes d'affectation spéciale entre 1999 et 2000 (1)
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Ecarts
|
Ecarts
|
FNE (2) |
985 |
1.458 |
+ 473 |
+ 48 |
FFN (3) |
417 |
0 |
- 417 |
- 100 |
Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie audiovisuelle |
2.485,2 |
2.622,2 |
+ 137 |
+ 5,5 |
Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités |
0 |
0 |
0 |
0 |
Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision |
12.996,4 |
14.502,2 |
+ 1.505,8 |
+ 11,6 |
Fonds national du livre |
116 |
0 |
- 116 |
- 100 |
FNDS (4) |
1.014 |
1.014 |
0 |
0 |
Fonds national des haras et des activités hippiques |
880,5 |
725,3 |
- 155,2 |
- 17,6 |
FNDVA (5) |
24 |
40 |
+ 16 |
+ 66,7 |
FARIF (6) |
2.220 |
0 |
- 2.220 |
- 100 |
Actions en faveur du développement des départements, des territoires et des collectivités territoriales d'outre-mer |
58 |
11 |
- 47 |
- 81 |
Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de société |
17.500 |
16.945 |
- 555 |
- 3,2 |
Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA) |
148 |
361 |
+ 213 |
+ 144 |
FITTVN (7) |
3.930 |
4.335 |
+ 405 |
+ 10,3 |
Fonds pour le financement de l'accession à la propriété |
3.130 |
0 |
- 3.130 |
- 100 |
Indemnisation au titre des créances françaises sur la Russie |
602 |
730 |
+ 128 |
+ 21,3 |
Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale |
200 |
160 |
- 40 |
- 20 |
TOTAL |
46.706,1 |
42.903,7 |
- 3.802,4 |
- 8,1 |
1. Lors
de la première lecture, l'Assemblée nationale a abondé les
crédits du FNDS de 75 millions de francs
2. Fonds national de l'eau. Ex.Fonds national pour le développement des
adductions d'eau
3. Fonds forestier national
4. Fonds national pour le développement du sport
5. Fonds national pour le développement de la vie associative
6. Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France
7. Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
Hors effets de structure, les crédits des CAS augmenteraient de 1.964,6
millions de francs. Cet accroissement proviendrait de mouvements de sens
contraires.
Les principaux comptes concernés par une augmentation des crédits
sont d'abord le compte d'emploi de la redevance (+ 11,6 %) le FIATA
(+ 144 %) le FITTVN (+ 10,3 %) le compte d'indemnisation des
créanciers de la Russie (+ 21,3 %) et le FNE (+ 48 %).
A l'inverse, les crédits du fonds national des haras (- 17,6 %) du
compte d'affectation de cessions de titres publics (- 3,2 %) et du fonds de
modernisation de la presse quotidienne (- 20 %) subiraient les reculs les plus
sensibles.
2. Une réduction qui n'est pas synonyme d'un repli des interventions des comptes en 2000
Il
importe toutefois d'observer que les données du tableau ci-dessus ne
permettent pas d'appréhender la réalité budgétaire
des comptes spéciaux du Trésor en raison des
particularités de leur régime et des conditions dans lesquelles
s'exercent leurs opérations.
Les comptes spéciaux du Trésor bénéficient, en
effet, traditionnellement de reports de crédits pour un montant
considérable, reports qui n'apparaissent pas dans les documents
budgétaires, ce qui nuit singulièrement à leur
lisibilité. Il pourrait être envisagé de remédier
à cette "infirmité" en prévoyant que le "bleu"
consacré aux comptes spéciaux du Trésor comporte, pour
information, une évaluation de ces reports.
Les crédits de paiement des comptes d'affectation spéciale qui
sont inscrits en loi de finances initiale excédent en effet
systématiquement les crédits consommés dans
l'année. Ils sont en effet calibrés pour permettre l'engagement
des autorisations de programme inscrites, engagement qui entraîne la
réservation de l'ensemble des crédits de paiement
nécessités par une opération d'investissement.
A ce mécanisme s'ajoutent, pour certains comptes, les effets d'une autre
règle, particulière aux comptes d'affectation spéciale,
édictée par l'article 25 de l'ordonnance organique n° 59-2
du 2 janvier 1959. Selon cette disposition, l'exécution des
crédits des comptes d'affectation spéciale est
conditionnée par la constatation de recettes suffisantes. Or, certains
comptes -le compte de cessions de titres publics, le FNDS, par exemple-
connaissent un profil de recettes dans l'année tel qu'une proportion,
variable mais significative de leurs crédits ne peut être
engagée avant la date-limite fixée pour l'engagement des
crédits.
A la pratique des reports de crédits est associée celle des
reports de soldes. En effet, sauf dispositions contraires de la loi de
finances, les soldes des comptes d'affectation spéciale sont
reportés d'un exercice à l'autre et ne sont ainsi donc pas
portés au compte des découverts du Trésor contrairement
deux soldes des différents autres éléments du budget de
l'Etat.
Au total, les soldes reportés en 1998 se sont élevés
à 8,8 milliards de francs soit 14,5 % des crédits
ouverts en 1998.
Certains comptes enregistrent des reports de soldes considérables comme
le fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France (1,7 milliards), le
compte de soutien à l'industrie cinématographique et des
programmes audiovisuels (1,1 milliard) ou encore le compte de prêts
à des Etats étrangers (1,6 milliard).
La signification de ces reports est sans doute variable selon les situations
mais il est difficile de l'appréhender entièrement si bien qu'un
complément d'explications devrait être fourni à l'appui du
projet de loi de finances.
Pour certains comptes, la formation d'importants excédents
résulte de l'étalement de leurs dépenses qui s'explique
par les modalités techniques de gestion des autorisations de programme
rappelées plus haut. Mais, dans d'autres hypothèses les soldes
traduisent des difficultés d'exécution des crédits ouverts
en lois de finances, soit que les évaluations de départ aient
été erronées soit que les opérations
finançables se trouvent plus délicates à définir
qu'escompté.
La trésorerie des comptes d'affectation spéciale
concernés, déjà excédentaire, s'est
considérablement accru principalement du fait d'un décalage
important entre les opérations de dépenses et de recettes du
compte d'affectation des produits de cessions de titres publics. Elle passe de
1,1 à 12,7 milliards de francs.
A l'inverse, les comptes d'avance et de prêts connaissent un important
découvert, stabilisé toutefois en 1998 qui correspond pour
l'essentiel aux opérations de comptes de prêts à des Etats
étrangers. Leurs encours s'élèvent à 126,8
milliards de francs en cumulé.
L'on observe aussi que l'Etat supporte un découvert cumulé de
1,9 milliard au titre de ses avances sur le produit les impositions
locales.
C. LES RECETTES DES COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE S'INFLÉCHIRAIENT NETTEMENT
En 1998,
les recettes des comptes d'affectation spéciales, étaient
constituées à hauteur de 51,6 % du produit de
prélèvements obligatoires pour un montant de 31,5 milliards
de francs.
En dehors des prélèvements obligatoires affectés, le
reliquat des recettes des comptes était composé, pour l'essentiel
(17,5 milliards de francs) des recettes de cessions de titres publics, le
solde (1,6 milliard) venant de contributions diverses.
Pour 2000 où cette proportion est " grosso modo " maintenue
les recettes des CAS diminueraient sensiblement, de 14,5 %
(- 7,3 milliards de francs).
Cette diminution proviendrait là aussi pour l'essentiel de la
disparition de certains comptes qui conduit à réduire les
recettes des CAS de 9.353 millions de francs.
Les ressources affectées aux comptes subsistants s'accroissent donc
globalement 2.080,6 millions de francs.
Cette augmentation résulte elle-même de mouvements de sens
différents.
Le premier d'entre eux, qui va dans le sens d'une hause de la fiscalité
affectée au CAS, proviendrait directement de différentes
dispositions du projet de loi de finances.
Ainsi :
l'instauration par
l'article 31 du projet de loi de finances
d'un
prélèvement de solidarité pour l'eau se traduirait par un
supplément de recettes de 500 millions de francs au
bénéfice du nouveau Fonds de l'eau ;
l'institution à compter du 1
er
juillet 2000 d'une
contribution sur les cessions aux services de télévision des
droits de diffusion de manifestations ou de compétitions sportives au
profit du fonds national de développement du sport engendrerait
75 millions de francs de produits en 2000 ;
la modification de la clef de répartition du produit de la taxe
d'aviation civile au terme de laquelle la part du FIATA passerait de 10
à 22,3 % (celle du budget annexe de l'aviation civile étant
réduite de 90 à 77,7 %) provoquerait pour le CAS un
supplément de ressources de l'ordre de 200 millions de francs ;
la hausse du taux de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes de
12,5 % -le tarif de la taxe passerait de 4 à 4,5 centimes par
kilomètre- augmenterait les recettes du FITTVN de 295 millions de
francs.
Au total, ces dispositions auraient pour effet d'augmenter les ressources
des CAS de 1.134 millions de francs par rapport à la législation
en vigueur.
L'augmentation des recettes des CAS ne provient donc d'évolutions
spontanées que pour, environ, 1 milliard de francs, surplus
correspondant à des évolutions de sens opposés.
" Grosso modo ", la hausse des recouvrements au titre de la
" redevance " (+ 1,5 milliard) serait partiellement
compensée par la réduction des recettes d'autres CAS, et en
particulier, par la diminution des produits de cessions de titres publics qui
atteindrait 555 millions (- 3,2 %) par rapport à 1999.
Globalement, l'on peut souligner l'atonie des évaluations des
produits de la fiscalité affectée aux comptes d'affectation
spéciale qui, tranchant avec le dynamisme d'ensemble des recettes
fiscales du budget général, pose, une fois de plus, le
problème de l'exactitude des prévisions de recettes des
CAS.
II. OBSERVATIONS
A. DEUX SUPPRESSIONS CRITIQUABLES
Plusieurs articles du projet de loi de finances, l'article 30 de sa première partie et l'article 44 rattaché aux comptes spéciaux du Trésor comportant des aménagements critiquables : la suppression du fonds d'aménagement de la région Ile de France (FARIF) et celle du fonds national du livre.
1. La suppression du FARIF
La
suppression du FARIF qui contraste singulièrement avec l'abondement de
ses ressources réclamé avec obstination l'an dernier manifeste la
volonté de revenir au budget général comme principal
support d'intervention de l'Etat dans la région Ile-de-France.
Cette réintégration n'est toutefois que partielle puisque
l'article 30 du projet de loi de finances maintient le principe de
l'affectation d'une partie du produit de la taxe sur les bureaux, les locaux
commerciaux et les locaux de stockage à la région Ile-de-France
au titre de la compensation accordée à cette région du
fait de l'extinction de sa DGF. La suppression du FARIF a pour effet de
conférer à cette affectation un caractère direct puisque,
par hypothèse, elle ne transiterait plus par le fonds.
La réintégration entreprise se traduit, du côté
recettes, par l'affectation au budget général de la portion du
produit de la taxe qui ne serait pas versée directement à la
région Ile-de-France. La quote-part versée au budget
général serait au minimum de 50 % du produit de la taxe et
pourrait dépasser cette proportion dès lors que la taxe
rapporterait davantage que 1.400, 1.680, 1.920, 2.160 et 2.400 millions de
francs en 2000, 2001, 2002, 2003, 2004 et au-delà respectivement.
On doit souligner que si les conditions de l'affectation directe à la
région Ile-de-France du produit de la taxe s'inspirent du système
de compension organisé par le II de l'article 73 de loi n° 95-119
du 4 février 1995 et par la loi de finances pour 1995, -en particulier,
au delà de 2004 la compensation est gelée et à l'inverse
de la DGF ne bénéficie d'aucune indexation-, le mécanisme
proposé comporte une différence importante par rapport à
celui de la loi précitée.
La garantie d'un versement supplémentaire à la région Ile
de France de 120 millions de francs année jusqu'à 2004
disparaît en droit au profit d'un dispositif qui, pour avoir la
même portée suppose que la taxe qui en est le support atteigne un
rendement suffisant. L'affectation à la région Ile de France est
en effet organisée par référence à une fraction -
50 % - du produit de ladite taxe dans la limite de plafonds annuels qui
correspondent au programme de compensation prévu par la loi de 1995.
Cette disposition d'apparence anodine introduit une modification du
système de compensation adopté en 1995 qui, compte tenu des
incertitudes sur l'avenir d'une taxe dont la conception est pour le moins
imparfaite, comporte le risque d'une réduction de sa portée.
Ce risque pour la région Ile de France s'ajoute aux risques
associés à la suppression du FARIF proposée dans le
précédent projet de loi.
Celle-ci aboutirait à
l'extinction de la procédure d'affectation du produit d'une taxe
spécifique à l'Ile de France à des dépenses
réalisées sur le territoire de celle-ci et destinées
à résoudre des problèmes spécifiques à l'Ile
de France. La suppression de l'affectation ne s'accompagne pas de celle de la
taxe spécifique et ouvre ainsi la liberté d'utiliser son produit,
plus précisément, la partie de ce produit qui ne serait pas
directement versée à la région, à des fins
étrangères à sa cause première.
Du reste, les conditions dans lesquelles sont réintégrées
au budget général les crédits auparavant pris en charge
par le FARIF dans le présent projet de loi n'assurent pas le maintien du
niveau d'intervention qui était celui du FARIF.
Du côté dépenses, cette réintégration a pour
contrepartie un abondement des crédits de divers budgets qui prennent en
charge les dépenses, variables dans leur nature, jusqu'alors
réalisées à partir du FARIF.
Les conditions dans lesquelles sont inscrits au budget général
les crédits du FARIF conduisent en l'état à une
économie budgétaire reflet d'une réduction de
l'intensité de l'effort de l'Etat dans la région Ile de France et
contribuent à l'amélioration du déficit public.
Du premier point de vue, il faut relever que si, pour les autorisations de
programme, le transfert respecte l'enveloppe qui aurait été
disponible dans les écritures du FARIF, tout en apportant quelques
aménagements au regard de la répartition de l'objet des
crédits
125(
*
)
, il n'en va pas de
même en matière de crédits de paiement. Pour ces derniers,
seuls 622,5 millions de francs de crédits sont inscrits au budget
général, soit près de 900 millions de moins que la
dotation théorique du FARIF.
On doit souligner incidemment que fixer la dotation des crédits de
paiement à cette somme a pour effet, compte tenu de la recette inscrite
au titre de la taxe, d'améliorer le solde budgétaire de
900 millions de francs.
La suppression du FARIF ne peut ainsi s'analyser que comme la suppression d'une
procédure d'affectation d'une ressource spéciale -la taxe
prélevée sur les bureaux, les locaux commerciaux et de stockage
dans la région Ile-de-France- à des interventions
elles-mêmes spéciales puisque destinées à
résoudre les problèmes d'infrastructure particuliers à
l'Ile-de-France.
En effet, la taxe spécifique qui alimentait le fonds est quant à
elle maintenue. La suppression de la procédure d'affectation apporte
ipso facto
un certain doute quant à la destination future du produit
d'une taxe, qui, elle, reste spécifique à l'Ile-de-France. La
suppression du FARIF laisse en effet à l'Etat une totale liberté
d'utilisation de la fraction de la taxe qui ne sera pas directement
versée à la région et qui, décroissante dans un
premier temps, devrait augmenter après 2004.
Il est évidemment à craindre que cette liberté ne soit
mise à profit pour modifier l'affectation de la taxe dans un sens qui
l'éloignerait de sa logique initiale.
Le maintien de la taxe appelle le maintien de son affectation et donc du
FARIF.
2. La suppression du Fonds national du livre
Le Fonds
national du livre -appellation donnée au compte d'affectation
spéciale n° 902-16- a été créé par
la loi de finances pour 1976 afin de recueillir les produits de la redevance
sur l'édition des ouvrages de librairie et de la redevance sur l'emploi
de la reprographie créés par cette même loi.
Les crédits ouverts dans le cadre de ce compte d'affectation
spéciale ont pour objet le versement de subventions au Centre national
du livre (CNL).
Cet établissement public à caractère administratif est
l'héritier de la Caisse nationale des lettres destinée à
attribuer des secours aux écrivains et à leur famille qui,
créée en 1930, devait être supprimée par la
Commission des économies cinq ans plus tard mais
réapparaître en 1946 avec pour objet élargi
" de
soutenir et d'encourager l'activité littéraire des
écrivains français...,
de favoriser par des subventions,
avances de fonds ou tous autres moyens, l'édition ou la
réédition par les entreprises françaises d'oeuvres
littéraires dont il importe d'assurer la publication ".
En 1973, la Caisse devint le Centre national des lettres -il s'intitule Centre
national du livre depuis 1993- et ses compétences furent étendues
en 1976 au soutien des acquisitions par les bibliothèques, aux actions
de promotion de la lecture, à la traduction des oeuvres dans les deux
sens en même temps que furent créées des recettes nouvelles
et leur affectation au Fonds national du livre.
Les ressources du fonds ont été estimées à
116 millions de francs pour 1999.
Régie par l'article 1609
duodecies
du code
général des impôts, la " redevance " sur
l'édition des ouvrages de librairie est due par les éditeurs
à raison des ventes, autres que les exportations et les livraisons dans
un lieu situé dans un autre Etat membre de la Communauté
européenne, des ouvrages de librairie de toute nature qu'ils
éditent.
En sont exonérés toutefois les petits éditeurs dont le
chiffre d'affaires de l'année précédente pour cette
branche d'activité n'a pas excédé, tous droits et taxes
compris, 500.000 francs.
Le taux de la redevance est de 0,2 %. Son produit a été
estimé à 29 millions de francs en 1999.
Quant à la " redevance " sur l'emploi de la reprographie
(article 1609
terdecies
du code général des
impôts), son taux est fixé à 3 %. Elle porte sur les
ventes et livraisons à soi-même, à l'exception des
exportations et des livraisons dans un autre Etat membre de la
Communauté européenne, d'appareils de reprographie
réalisées par les entreprises qui les ont fabriqués ou
fait fabriquer en France, ainsi que sur les importations et acquisitions
intracommunautaires des mêmes appareils.
La liste des appareils taxables est fixée par un arrêté
conjoint du ministre de l'économie et des finances et du ministre de
l'industrie et de la recherche. L'article 159 AD de l'annexe IV
au code général des impôts vise ainsi les machines à
imprimer offset de 500 kg ou moins, les duplicateurs, les appareils de
photocopie à système optique ou par contact et appareils de
thermocopie, ainsi que les appareils de reprographie de bureautique utilisant
la technique du scanner.
Son produit a été estimé à 87 millions de
francs en 1999.
Les deux redevances qui appartiennent à la catégorie des
impositions de toute nature sont assises, liquidées et recouvrées
comme en matière de taxe sur la valeur ajoutée,
c'est-à-dire qu'elles sont autoliquidées par les redevables et
que leur produit est recouvré par le réseau de la DGI.
Le tableau ci-après récapitule l'évolution du produit des
deux redevances depuis 1993.
Evolution du produit des deux redevances
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
LFI 1999 |
Reprographie |
71,79 |
83,612 |
84,587 |
77,248 |
84,703 |
88,216 |
87 |
Edition |
24,54 |
25,783 |
29,747 |
28,557 |
28,980 |
28,406 |
29 |
Total |
96,33 |
103,395 |
114,334 |
105,805 |
113,683 |
116,622 |
116 |
La
totalité des crédits inscrits au compte d'affectation
spéciale consiste à prévoir le versement de subventions au
Centre national du livre (CNL). Le CNL les utilise pour couvrir ses propres
besoins, et après l'avis de commissions de spécialistes pour
distribuer des aides. Au fil des années le nombre de commissions s'est
accru par spécialisation ou élargissement des domaines
d'intervention.
Récemment ont été décidées :
- la création d'une commission et d'un service des bibliothèques
pour accompagner la nouvelle politique d'aide à la diffusion
(1990) ;
- l'instruction des demandes d'aide aux revues est désormais
unifiée au sein d'un même service et d'une seule commission
(1991) ;
- la création de la commission Librairie européenne des
idées (1990) ;
- la création de la commission Librairie du
1
er
siècle du cinéma (1993-1995) ;
- la création d'une commission Librairie de la danse au sein d ela
commission Arts (1994-1998) ;
- et la création d'une commission Temps des livres au sein de la
commission Vie littéraire (1997).
Cette énumération illustre le foisonnement des interventions du
CNL.
La suppression du Fonds national du livre pourrait être admise s'il
était entré dans les intentions du gouvernement de retracer au
budget de l'Etat les crédits de subventions au CNL versées
à partir du compte d'affectation spéciale, et sous réserve
d'une vérification de la proportionnalité de ces crédits
aux ressources dégagées par les redevances dont le maintien ne
saurait se justifier autrement.
Mais le dispositif proposé par le gouvernement ne répond à
aucune de ces conditions et se traduit par une débudgétisation
pure et simple puisque le produit des redevances serait directement
versé au CNL. Au démembrement de l'Etat, succéderait ainsi
un démembrement budgétaire de plus qui réduirait encore le
contrôle et la lisibilité d'une intervention publique
déjà opaque puisque les deniers publics confiés au CNL
sont gérés dan le cadre des procédures budgétaires
particulières à l'établissement public.
La suppression du compte n° 902-16 n'est donc pas opportune en
l'état.
B. TROIS AMÉNAGEMENTS A SURVEILLER
Au terme
de l'article 44 du présent projet de loi, le Fonds forestier
national (FFN) serait supprimé, conséquence logique de
l'article 30 de première partie supprimant les deux taxes qui en
constituent l'essentiel des recettes. Cette disposition qui peut se recommander
d'une certaine logique appelle un effort du gouvernement pour informer le
Parlement et la communauté forestière de la politique conduite en
ce domaine.
Avec la modification du Fonds national de développement des adductions
d'eau (FNDAE), une réforme est apportée au fonctionnement de ce
compte d'affectation spéciale dont tous les tenants et aboutissants sont
quelque peu obscurs.
Enfin, l'instauration d'un prélèvement sur les droits de
retransmission télévisée des manifestations sportives
induit des modifications du fonds national de développement du
sport.
1. La suppression du FFN
a) La suppression des taxes alimentant le compte
(1) Le FFN
Le I de
l'article 30 du projet de loi de finances entraîne la suppression de la
taxe forestière et de la taxe se défrichement dont les produits
affectés au compte spécial du Trésor n° 902-01
" Fonds forestier national ", constituaient la quasi-totalité
des ressources du fonds (82 % du total en 1999). Ces suppressions trouvent leur
conséquence dans le I de l'article 44 du projet de loi de finances qui
propose le clôture du compte n° 902-01. Le fonds forestier national
(FFN) serait ainsi supprimé.
Cette suppression a pour conséquence de faire du budget de l'agriculture
le seul support du soutien public à la forêt française.
Toute appréciation sur le bien fondé de la suppression du FFN est
dépendante d'un préalable déterminant portant sur
l'opportunité d'en supprimer les deux principales ressources. Mais, il
est également utile d'examiner la contribution du FFN à la
politique forestière et l'impact de son éventuelle suppression.
Doté de 417 millions de francs de crédits en 1999, ses
moyens avaient certes beaucoup diminué après la réforme de
la taxe forestière intervenue en 1991, étant divisés
à peu près par deux, mais ils représentaient une part
significative des crédits consacrés à la forêt par
le ministère de l'agriculture avec environ un quart du total.
Le tableau ci-après expose la nature des interventions du FFN
programmées pour l'année en cours.
Les
dotations du FFN en 1999
(crédits de paiement)
(en millions de francs)
Crédits d'investissement |
26,6 |
Financement d'activités forestières d'intérêt général |
186 |
Subventions dont : |
|
Boisements, reboisements, conversion et gestion des forêts de production |
119,7 |
Prêts |
44,4 |
Sous-total |
257 |
Crédits de fonctionnement : |
|
Matériels et frais de fonctionnement |
17,5 |
Subventions à divers organismes dont : |
141 |
Centre technique du bois et de l'ameublement |
50 |
Centre national de développement du bois |
25 |
Centres régionaux de la propriété forestière |
37,5 |
Prêts |
1,5 |
Sous-total |
160 |
Total |
417 |
Les
subventions du FFN en 1999 se partageaient entre des crédits
d'investissement pour 61,6 % destinés pour à peu près
la moitié d'entre eux à l'effort de boisement et des
crédits de fonctionnement pour 38,4 % du total principalement
voués à assurer la promotion de la filière-bois.
Au fil du temps, les contraintes financières rencontrées par le
FFN ont conduit à une érosion des moyens consacrés aux
investissements, en niveau absolu après la réforme de la taxe
foncière, mais aussi en pourcentage.
(2) La suppression de ses ressources
Votre
commission a accepté la suppression de la taxe forestière et de
la taxe de défrichement.
La logique de la taxe forestière était celle d'un autofinancement
partiel des interventions publiques dans le domaine de la forêt.
La taxe forestière, régie par l'article 1609
sexdecies
du
code général des impôts, constituait un impôt
particulièrement complexe.
Une importante réforme était intervenue à l'occasion de la
loi de finances pour 1991, la taxe unique sur les produits forestiers alors
perçue au taux de 3,5 % ayant été
réaménagée tout à la fois pour mettre notre
législation en conformité avec la réglementation
européenne et pour alléger les prélèvements fiscaux
pesant sur les professionnels.
De fait, le produit de la taxe forestière avait considérablement
diminué depuis cette réforme.
Evolution du produit de la taxe forestière
(en millions de francs)
Années |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Montant de la taxe |
664 |
255 |
250 |
207 |
276 |
313 |
288 |
310 |
320,3 |
310 (a) |
(a)
Montant prévu pour la loi de finances initiale 1999
Source : Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie.
Cette taxe a connu des difficultés d'acclimatation et la
qualité de sa gestion a pu être mise en cause sans démentis
à plusieurs occasions
. Sa complexité, la réticence de
plusieurs professionnels, la multiplicité des redevables ont,
semble-t-il, découragé les services fiscaux d'accomplir toutes
diligences pour en recouvrer le produit.
La suppression de la taxe forestière est ainsi d'abord une mesure de
simplification.
Elle n'est en outre pas dénuée d'une certaine logique
économique
en ce sens que le financement d'actions
forestières à partir d'un prélèvement sur des
activités économiques liées à la forêt,
singularité française relevée par le récent rapport
de M. Jean-Louis Bianco
126(
*
)
, constitue
un paradoxe difficilement justifiable.
Assise sur les produits d'aval, l'imputation finale de la taxe était
d'ailleurs l'objet de débats, les contribuables faisant valoir ses
effets négatifs sur des marges déjà tendues tandis que les
propriétaires forestiers regrettaient d'en supporter l'impact à
travers l'effet de la taxe sur leurs prix de vente.
En toute hypothèse,
la suppression de la taxe constitue toutes choses
égales par ailleurs, un gain net pour la filière qu'il ne faut ni
exagérer ni négliger. Il en va de même de la suppression de
la taxe de défrichement, dont le caractère d'éco-taxe
assurait la légitimité mais que sa complexité rendait
difficilement gérable.
b) Une vigilance nécessaire quant à l'effort public forestier
Il
faut néanmoins veiller à ce que l'effort public à
destination de la forêt ne se relâche pas après la
suppression envisagée du FFN.
En l'état, les concours publics à la forêt ne ressortent
pas compromis de la suppression du FFN.
Outre l'allégement des charges imposées à la
filière pour un montant de 350 millions de francs dû à
la suppression proposée des taxes forestière et de
défrichement, les crédits budgétaires s'accroissent
passant de 1.736,6 à 1.927,2 millions de francs entre les lois de
finances initiales 1999 et 2000.
Comparaison des dotations des lois de finances initiale 1999 et 2000 pour la forêt (1)
Engagements totaux en MF |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
recherche (forêt, bois) |
20,6 MF |
29,5 MF |
Développement forestier |
116,1 MF |
138,3 MF |
inventaire forestier national |
42,4 MF |
33,1 MF |
versement compensateur (forêts communales) |
878 MF |
957 MF |
protection (incendie, terrains de montagne, dunes) |
316 MF |
332,5 MF |
travaux (reboisement, voirie forestière) |
237,9 MF |
287,7 MF |
aval de la filière |
110,1 MF |
135 MF |
fonctionnement spécifique |
10 MF |
10 MF |
acquisitions |
5,5 MF |
3,9 MF |
TOTAL |
1.736,6 MF |
1.927,2 MF |
(1)
Hors versement du budget européen
Il convient de conforter cette tendance et la suppression du FFN invite, compte
tenu de l'éparpillement des crédits forestiers qui en
résultera et d'un légitime souci de lisibilité
budgétaire, à demander au gouvernement de rendre compte
annuellement au Parlement des crédits publics consacrés à
la forêt et de leur évolution.
2. Quel avenir pour le fonds national de développement des adductions d'eau (FNDAE) ?
L'article 31 du projet de loi de finances prévoit d'une part l'institution d'un prélèvement de solidarité pour l'eau et son affectation à un nouveau compte d'affectation spéciale le Fonds national de l'eau (FNE). Ce FNE, issu de la modification du compte d'affectation spéciale n° 902-00 intitulé " Fonds national de développement des adductions d'eau ", n'entraîne pas la suppression de celui-ci mais devient, à côté du fonds de solidarité pour l'eau, une des deux sections du nouveau FNE.
a) Retour sur le FNDAE, un compte sous contrainte
Le
FNDAE, créé en 1954, est un compte spécial du
Trésor géré par le
ministère de
l'agriculture.
Initialement destiné à apporter une
aide financière aux
communes rurales
dans le domaine de
l'adduction d'eau
, son
intervention a été étendue en 1979 à
l'assainissement
.
Ce fonds est alimenté par deux ressources, une redevance sur les
consommations d'eau distribuée dans les communes
bénéficiant d'une distribution publique d'eau potable et un
prélèvement sur les sommes engagées au Pari Mutuel Urbain.
Le rôle du FNDAE est d'abord de contribuer
aux investissements
importants
effectués par les communes rurales dans ce domaine. Il
convient aussi de noter le rôle du FNDAE dans le domaine de la
solidarité nationale face aux intempéries, car il vient en aide
aux départements touchés par les phénomènes
naturels.
Les besoins d'investissements pour l'adduction et surtout pour
l'assainissement restent très élevés
-notamment en
raison du renforcement des contraintes réglementaires en matière
de qualité de l'eau et de collecte et de traitement des eaux
résiduaires urbaines.
L'effort des collectivités locales dans ces différents
domaines est retracé dans le tableau ci-après qui concerne
l'année 1997 et le compare avec le niveau des dépenses de l'Etat.
Pour les seules communes rurales, il s'est élevé à
8,5 milliards de francs par an sur la période 1990-1994, est
évalué à 11,5 milliards de francs par an pour la
période 1995-1999.
Dépenses publiques dans le domaine de l'eau
1997
(en milliards de francs)
Collectivités locales |
75,7 |
dont :
|
46
|
Agences de bassin |
10,4 |
Etat |
1,9 |
dont : |
|
- Budget général |
0,9 |
- FNDAE |
1 |
Total |
88 |
(1) Une évolution incertaine des ressources du fonds
L'évolution du FNDAE a été peu
favorable
depuis 1997
Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1996, afin de
préserver le niveau des moyens financiers du FNDAE, le Sénat
avait proposé un relèvement de la redevance sur les consommations
d'eau. Le gouvernement avait accepté de réviser le montant de
cette redevance qui passait ainsi de 12,5 centimes par mètre cube
à 14 centimes par mètre cube, soit une révision
limitée d'un centime et demi. Elle devait procurer au fonds, en 1996,
18 millions de francs de ressources supplémentaires, l'effet de ce
relèvement ne jouant pleinement qu'à compter de 1997 en raison de
la périodicité semestrielle des facturations. En 1997,
l'évolution des ressources du compte a donc été
plutôt dynamique : elles ont progressé de 8,5 %.
Evolution des recettes du FNDAE
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 (1) |
Ligne 01 - Produit de la redevance sur les consommations d'eau |
542,4 |
501,3 |
540 |
Ligne 02 - Annuités de remboursements des prêts |
0 |
0 |
0 |
Ligne 03 - Prélèvements sur le produit du pari mutuel |
554,3 |
457,9 |
445 |
Total |
996,7 |
959,2 |
985 |
Source : prévisions de la loi de finances initiale
(1) Prévisions.
Cependant comme le montre le tableau ci-dessus l'évolution des produits
affectés au fonds a été défavorable en 1998
puisqu'ils ont diminué de 3,8 % enregistrent une moins-value de recettes
de 21,8 millions de francs par rapport aux prévisions de la loi finances
pour 1998. Du même coup, les évaluations retenues pour 1999
peuvent d'ores et déjà apparaître exagérément
optimistes.
On observe même une nouvelle diminution des recettes perçues au
premier semestre 1999 par rapport à la performance du premier semestre
de l'année précédente. Elle provient de la ligne
"redevances", en baisse de 5,5 %, tandis que le prélèvement
sur le PMU est en ligne avec les prévisions.
Recettes sur les six premiers mois de l'année
(en millions de francs)
|
1999 |
1998 |
Evolution (%) |
Redevance |
204,95 |
216,85 |
- 5,5 |
Prélèvement sur le pari mutuel |
238,04 |
237,34 |
+ 0,03 |
Total sur six mois |
442,99 |
454,19 |
- 2,5 |
Au
total, les recettes pourraient s'élever "in fine" à
958 millions de francs en 1999, soit à un niveau un peu
inférieur à celui estimé de 1998 (la moins-value serait de
1,2 millions de francs) et très sensiblement moins
élevé que celui de la prévision de recettes pour 1999,
qui, avec 985 millions de francs, excéderait de 27 millions
les recettes effectives
Dans ces conditions, la prévision de recettes pour 2000 qui comporte une
baisse du produit de la redevance de 7,2 % apparaît plus
réaliste que l'an dernier.
Comparaisons des prévisions de recettes pour 2000
(en millions de francs)
|
Niveau |
Variations 2000/1999 |
Redevance sur les consommations d'eau |
501 |
- 7,2 |
Prélèvement sur le produit du PMU |
457 |
+ 2,7 |
Une conclusion s'impose, le FNDAE est resté sous la contrainte permanente de recettes aléatoires .
(2) Une extension contestable des missions du fonds
Malgré cette contrainte, les charges imposées
au
fonds ont été constamment alourdies
.
Initialement, le FNDAE avait pour responsabilité exclusive de participer
au financement des investissements d'adduction d'eau en milieu rural.
Puis, à partir de 1979, il a été appelé à
contribuer au financement des investissements destinés à
l'assainissement des communes rurales.
Enfin, une évolution importante et regrettable est intervenue en 1997
avec l'élargissement sans contrepartie des missions du FNDAE.
Cette extension a concerné la participation du fonds au financement du
programme de maîtrise des pollutions agricoles (PMPOA)
réalisée par l'article 65 de la loi de finances pour 1997
sans contrepartie financière. Elle a considérablement
hypothéqué le redressement du fonds auquel avait contribué
l'initiative du Sénat rappelée plus haut
.
Une somme de
150 millions de francs a été distraite chaque année
entre 1997 et 1999 des crédits disponibles pour les actions
traditionnelles du fonds. Cette situation a sérieusement réduit
l'efficacité des interventions du fonds alors même que la mise en
oeuvre du programme de lutte contre les pollutions d'origine agricole s'est
heurtée à des obstacles pratiques importants.
En effet, l'extension des missions du fonds est intervenue alors que les
premiers enseignements tirés de l'inventaire de 1995 portant sur
l'assainissement et l'alimentation en eau potable des communes très
rurales montraient que les besoins des collectivités rurales seraient en
forte croissance sur les cinq années à venir, comparés aux
investissements qu'elles avaient réalisés sur la
précédente période quinquennale (de l'ordre de 20 %). Les
collectivités rurales doivent, rappelle-t-on, assurer une meilleure
qualité des eaux distribuées et améliorer la
sécurité de l'approvisionnement de leur population en eau
potable. Des investissements importants devront être consacrés
à l'assainissement dont le niveau serait inférieur à celui
observé dans d'autres pays comparables et pour satisfaire aux exigences
de la directive européenne relative aux eaux résiduaires urbaines.
En outre, l'activité normative de la Commission européenne ne se
relâche pas, le coût de la norme européenne en
préparation sur la teneur en plomb des eaux destinées à la
consommation étant d'ores et déjà estimé à
100 milliards de francs.
Etant rappelé que les capacités de financement des
collectivités sont d'autant plus réduites que, d'une part, le
prix de l'eau est déjà dans de nombreuses situations,
élevé et que, d'autre part, les aides apportées par les
partenaires financiers sont limitées, il faut souligner que la
contribution du FNDAE est essentielle même si elle se limite à
environ 10
% du coût du projet.
Le programme de lutte contre les pollutions d'origine agricole avait une
vocation triennale et s'achève à la fin de l'année en
cours. Un rapport doit être rendu permettant d'en estimer
l'efficacité et d'évaluer l'opportunité de sa prorogation.
Mais d'ores et déjà, plusieurs déclarations laissent
penser que celle-ci est acquise.
La baisse des moyens du FNDAE en 2000 - (27 millions de francs), le retard
occasionné par la prise en charge par le fonds de ce programme dans la
réalisation des objectifs primordiaux du FNDAE qu'il importe de
rattraper au plus vite, l'inévitable accumulation de nouveaux retards
d'exécution des crédits qui résulterait d'une mise
à contribution du fonds pour participer à un éventuel
nouveau programme de lutte contre les pollutions agricoles,
tout milite pour
que le FNDAE soit rendu à sa vocation première.
b) L'instauration au sein du nouveau fonds national de l'eau d'une deuxième section intitulée Fonds national de solidarité pour l'eau
La
création d'une nouvelle section du compte d'affectation spéciale
n° 902-00 dénommée " Fonds national de
solidarité pour l'eau " (FNSE) a pour premier effet de modifier
l'intitulé du compte qui, de FNDAE, devient FNE.
La naissance du FNSE manifeste, selon l'exposé des motifs de l'article
31 du présent projet de loi qui crée sa ressource, le
prélèvement de solidarité pour l'eau et procède
à son affectation, la volonté de renforcer les dispositifs de
solidarité nationale dans le domaine de l'eau.
(1) Une recette confortée
Il existe actuellement deux fonds de concours
abondés par les agences de l'eau à hauteur de 250 millions de
francs, rattachés au budget de l'Environnement et qui traduisent la
participation des Agences de l'eau aux missions régaliennes de l'Etat en
matière de politique de l'eau :
• un fonds de concours " Plan - Risques " créé en
1997 et doté de 110 millions de francs ; il est affecté
à la restauration des rivières et des zones naturelles
d'expansion des crues;
• un second fonds de concours " Police de l'eau et de la pêche
- Réseaux de mesures " créé en 1999 et doté de
140 millions de francs ; il finance les moyens techniques de la police de
l'eau exercée par l'Etat, de la collecte et de l'exploitation des
données sur l'eau gérée par l'Etat et de la police de
l'eau et des milieux aquatiques effectuée par les gardes-pêches du
Conseil supérieur de la pêche.
Il est prévu que le prélèvement de solidarité
sur l'eau se substituera à ces deux fonds de concours qui seront
supprimés.
La création d'une recette en lieu et place de fonds de concours doit
être saluée en ce sens qu'elle devrait permettre un meilleur
contrôle du Parlement qui sera en mesure chaque année de mieux en
suivre l'évolution ainsi que celles des dépenses.
Le prélèvement de solidarité pour l'eau sera versé
à l'Etat par les agences de l'eau et son montant sera
déterminé chaque année en loi de finances.
La répartition des
500 millions de francs
prévus cette
année pour ce prélèvement s'établit de la
façon suivante :
Répartition du prélèvement par bassin pour 2000 127( * )
(en millions de francs)
Adour Garonne |
46 |
Artois Picardie |
38,3 |
Loire Bretagne |
79,7 |
Rhin Meuse |
42,3 |
Rhône Méditerranée Corse |
115,2 |
Seine Normandie |
178,5 |
Total |
500 |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et
l'Environnement
Ce prélèvement nouveau de 500 millions de francs correspond en réalité à un prélèvement supplémentaire brut de 250 millions de francs compte-tenu de la disparition des deux fonds de concours dotés de 250 millions de francs.
(2) Un large champ d'intervention
Avec la
création de ce fonds, il s'agit essentiellement :
• d'une part de
renforcer les moyens de l'Etat dans le domaine de la
politique de l'eau
. Les programmes publics d'intérêt national
qui dépassent le cadre du bassin versant (préservation des zones
humides, économies d'eau dans les quartiers d'habitat social
dégradés, connaissance de la ressources en eau, assainissement
outre-mer, etc.) seront pris en charge par ce fonds ;
• et d'autre part de mener des
actions de péréquation
entre bassins
.
Le FNSE sera géré par le ministre chargé de
l'environnement, assisté par un comité consultatif dont la
composition sera fixée par décret. Ce rattachement au budget de
l'Environnement permettra
de conforter les moyens d'intervention de la
direction de l'eau
. Les moyens de l'Etat s'agissant de la politique de
l'eau (environ 2 milliards de francs) sont en effet actuellement sans commune
mesure avec les sommes supportées par le niveau local, notamment par les
collectivités locales (environ 75 milliards de francs) et les sommes
engagées par les agences de l'eau (environ 10 milliards de francs).
Un peu plus de la moitié des crédits (292 millions de
francs) concernent des investissements, la majeure partie des interventions
étant consacrée à des subventions d'investissement.
Les dépenses de fonctionnement (208 millions de francs) sont pour
une large part destinées à des études (72,8 millions
de francs), le niveau élevé des remboursements à diverses
administrations (16,5 millions de francs) et des frais de fonctionnement
des instances de concertation relatives à la politique de l'eau
(12,4 millions de francs) devant être souligné.
Les missions du FNSE concerneront les opérations relatives aux actions
de solidarité pour l'eau. Ses dépenses doivent couvrir, outre les
restitutions de sommes indûment perçues et les dépenses
diverses et accidentelles, un champ très large, composé :
. des investissements relatifs à la restauration des rivières et
des zones d'expansion des crues, à la réduction des pollutions
diffuses, à l'assainissement outre-mer, à l'équipement
pour l'acquisition de données ;
. des subventions d'investissement relatives à la restauration des
rivières et des zones d'expansion des crues, à la
réduction des pollutions diffuses, à l'assainissement outre-mer,
à la restauration des milieux dégradés, aux
économies d'eau dans l'habitat collectif social, à la protection
et à la restauration des zones humides ;
. des dépenses d'études relatives aux données sur l'eau,
les frais de fonctionnement des instances de concertation relatives à la
politique de l'eau, les actions de coopération internationale ;
. des subventions de fonctionnement au Conseil supérieur de la
pêche ainsi qu'aux établissements publics, associations et
organismes techniques compétents pour leurs interventions au titre de la
politique de l'eau ;
. des interventions relatives aux actions d'intérêt commun aux
bassins et aux données sur l'eau.
(3) Une extension mal conçue
Le
dispositif proposé représente un moyen terme entre la solution
actuelle du fonds de concours et la solution qui avait été
envisagée l'an dernier à l'occasion de la création de la
TGAP et qui consistait tout simplement à intégrer les redevances
des agences de l'eau dans ce nouvel impôt et à compenser ces
dernières par des subventions budgétaires, remettant en cause
tout le système des agences de l'eau.
La vive protestation des agences de l'eau face à ce projet de la
ministre de l'Environnement
128(
*
)
a
amené cette dernière à proposer d'autres solutions et
finalement celle d'un compte d'affectation spéciale.
Les réticences du ministère de l'économie et des
finances à ouvrir un compte d'affectation spéciale
entièrement consacré au FNSE ont, finalement, conduit à la
création du FNSE par insertion d'une simple section dans le compte
n° 902-00.
Cette création peut d'abord apparaître
précipitée.
Selon les communications en conseil des ministres du 20 mai 1998 et du 27
octobre 1999, une réforme en profondeur des redevances des agences de
l'eau sera proposée dans un projet de loi présenté au
Parlement en 2001 pour une application à partir de 2002, année du
début du VIII
è
programme des agences de l'eau.
Il a donc été prévu que les réformes relatives aux
agences de l'eau seraient intégrées dans cette réforme
d'ensemble prévue pour 2001.
Il est donc étonnant qu'il n'en soit pas ainsi pour le dispositif du
présent article. Aucune urgence ne contraint le Gouvernement à
agir dès cette année. Il eut été
préférable de prévoir l'instauration du FNSE dans le futur
projet de loi.
Cela aurait été d'autant plus légitime que l'on demande
cette année aux agences de l'eau, qui sont au beau milieu de leur
VII
e
programme, d'abonder ce fonds alors qu'elles n'avaient pas
prévu cette contribution supplémentaire de 250 millions de francs.
La voie empruntée qui consiste à loger le nouveau fonds dans
un compte d'affectation spéciale préexistant semble
dénuée de toute justification.
L'on pourrait faire valoir que le transfert de crédits inscrits au
budget de l'Etat vers un compte d'affectation spéciale
représente, alors que le projet de loi de finances comporte la
suppression de cinq comptes, une initiative qui tranche avec la volonté
d'unification budgétaire.
Ce transfert pourrait toutefois trouver une certaine justification dans la
volonté d'assurer l'affectation d'une recette spécifique au
secteur de l'eau -le prélèvement de solidarité pour l'eau-
à des dépenses elles-mêmes consacrées à l'eau.
Ce qui n'est en revanche pas acceptable, c'est de présenter la
création d'une nouvelle section accolée à celle abritant
du FNDAE comme une mesure anodine.
On rappelle que, si les comptes d'affectation spéciale instituent une
exception au principe de non-affectation des recettes à des
dépenses, ce même principe, ainsi d'ailleurs que, sauf rares
exceptions, toutes les autres règles budgétaires, régit
les conditions de gestion des comptes d'affectation spéciale.
Ainsi, la mesure entreprise revient-elle à ouvrir la voie à
une désaffectation des recettes du FNDAE aux dépenses d'adduction
et d'assainissement en milieu rural.
Les redevances qui jusqu'à présent autorisent l'intervention du
FNDAE pourraient être utilisées à de tous autres usages.
C'est la raison pour laquelle, votre commission a adopté un
amendement de suppression de l'article 31 du présent projet de loi de
finances.
3. Une modification du fonds national pour le développement du sport (FNDS)
a) Les recettes du FNDS, une évolution ambiguë
L'article 31 bis adopté par l'Assemblée nationale
à la suite de la présentation d'un amendement du Gouvernement
tend à instituer un prélèvement sur les droits de
retransmission télévisées des manifestations sportives.
Votre commission a proposé la suppression de ce dispositif dont il
convient ici, après avoir rappelé la nature et l'évolution
des recettes affectées au FNDS, de rappeler les grands traits.
Les recettes du fonds sont évaluées dans le projet de loi de
finances 2000 à 1.014 millions de francs.
On rappelle qu'elles avaient été évalués dans le
projet de loi de finances initiale pour 1998 à la même somme
après le vote d'un amendement majorant le prélèvement sur
la Française des jeux qui s'était accompagné d'une
réestimation des recettes de 98 millions de francs par rapport au projet
initial du Gouvernement. En exécution, les recettes ont
été plus dynamiques que prévu atteignant 1.069,1 millions
de francs. Du coup, les recettes de 1999 devraient elles-mêmes
dépasser le montant prévu en loi de finances initiale qui
était également de 1.014 millions. Les prévisions
initiales pour 2000 en tiennent compte. En effet, le maintien de la
prévision de recettes au même niveau qu'en 1999 doit être
apprécié en considérant la disparition de tout
provisionnement au titre du versement de
l'excédent du produit de la
taxe sur les débits de boisson et sur les dépenses
d'indemnisation
supprimée dans le présent projet de loi et
dont le produit devait atteindre 33 millions de francs en 1999 et la chute
du prélèvement sur le PMU.
A structures inchangées, les
ressources du FNDS auraient progressé de 3,4 % par rapport à
1999
.
Les recettes théoriques du fonds se répartissaient en cinq
catégories.
Le fonds reçoit d'abord une partie du
produit du
prélèvement sur les sommes engagées au pari mutuel sur les
hippodromes et hors les hippodromes
. Le taux de prélèvement
ainsi affecté au FNDS est de 0,1 % dont l'estimation dans les divers
projets de loi de finances initiales de 1997 à 1999 avait
été inchangé à 32 millions de francs diminuerait
sensiblement en 2000 pour s'établir à 18 millions.
L'excédent du produit de la taxe spéciale sur les
débits de boissons et sur les dépenses d'indemnisation
était évalué à 33 millions de francs, sans
modification depuis 1996. Il disparaît en 2000.
Le fonds est censé bénéficier d'autres recettes,
mais ni la ligne
"remboursement des avances consenties aux associations
sportives"
ni celles relatives aux
recettes diverses et
accidentelles
ne font l'objet d'une évaluation en loi de finances
initiale.
En conséquence,
le produit du prélèvement sur les
sommes misées sur les jeux exploités en France
métropolitaine par la Française des jeux
représente la
quasi-totalité des recettes du fonds. La "rentrée" qui s'est
élevée à 999,6 millions de francs en 1998 est
estimée à 996 millions en 2000.
Les prévisions de recettes donnaient lieu traditionnellement à
une certaine surévaluation.
La modification de l'assiette des ressources du fonds adoptée en 1994
qui avait toutefois permis d'enrayer un phénomène continu de
baisse des recettes du FNDS et une volonté de réalisme
budgétaire ont permis de corriger cette situation.
Le prélèvement uniforme sur les produits de la Française
des jeux qui a été alors mis en place a permis de lisser les
évolutions contradictoires des enjeux portant sur les diverses
catégories de jeux gérés par elle.
Mais, la progression des ressources est venue, elle, de l'alourdissement des
prélèvements opérés sur les jeux
gérés par la Française des jeux.
L'aggravation du prélèvement affecté au FNDS qui se
traduit par une hausse des prélèvements obligatoires ne va
toutefois pas sans poser de problèmes.
La question est ainsi de savoir si, face à une évolution de
l'assiette du prélèvement qui serait défavorable, une
augmentation du taux du prélèvement sur la Française des
jeux pourrait constituer une solution pour garantir le financement du FNDS.
Cette question est particulièrement complexe et, pour y apporter une
réponse catégorique, il serait sans doute nécessaire de
conduire un audit de la Française des jeux qui n'est pas l'objet de ce
rapport.
En posant l'hypothèse que le taux de retour pour les joueurs des sommes
misées, actuellement de 57 %, est une condition au succès
des jeux, il faudrait alors déterminer si les frais de gestion
(5,1 milliards de francs dont 2,9 milliards attribués aux
courtiers et détaillants) pourraient être réduits afin de
dégager des marges pour accroître le prélèvement au
profit du FNDS.
Mais, il faudrait aussi s'interroger sur les perspectives mêmes du
chiffre d'affaires de la Française des jeux dont la tendance à un
développement certain quoiqu'irrégulier pourrait être
sérieusement perturbée si les règles du marché
unique européen devaient s'appliquer au domaine des jeux d'argent.
Sans procéder à une telle investigation force est de
reconnaître que le niveau du prélèvement effectué au
bénéfice du fonds résulte, en l'état des choses,
d'un arbitrage portant sur les recettes de l'Etat. Le total des recettes que
celui-ci tire de la Française des jeux s'élève en effet
à quelque 10,8 milliards de francs. Il faut en effet ajouter au
prélèvement au profit du FNDS (996 millions et 9,2 % du
total), le dividende payé à l'Etat (7,2 milliards et
66,7 % du total) et les recettes que celui-ci encaisse au titre de
l'imposition des entreprises (24,1 % des 10,8 milliards correspondant
aux prélèvements cumulés de l'Etat).
Dans ces conditions, si une certaine marge semble ainsi exister pour, le cas
échéant, abonder les recettes du fonds en provenance de la
Française des jeux, sa mobilisation suppose qu'en contrepartie du
relèvement du prélèvement affecté au fonds, l'Etat
accepte une diminution de ses recettes fiscales et non fiscales. Or, une telle
acceptation est évidemment loin d'être garantie.
Comme la création du FNDS a été motivée par le
souci d'assurer au sport les recettes nécessaires à son
développement cette incertitude rend
par conséquent
légitime de poser la question de la diversification des ressources du
fonds.
b) Des missions essentielles dont l'accomplissement appelle des réorganisations profondes
Votre
rapporteur a eu l'honneur de présenter à la commission les
principales conclusions d'un travail de contrôle et d'évaluation
du FNDS effectuée conjointement avec le rapporteur spécial
chargé du budget de la jeunesse et des sports.
Ayant pris acte des efforts du ministère de la jeunesse et des sports
pour améliorer la gestion budgétaire du FNDS malgré la
persistance d'anomalies, au terme desquelles 67,4 millions de francs de
recettes figuraient toujours en trésorerie du compte en 1999, alors
même que les crédits correspondant avaient été
définitivement annulés, ce rapport a été l'occasion
de constater l'attachement du monde sportif au partenariat
développé dans le cadre du FNDS. Mais, il a permis de dresser les
constats suivants qui sont moins favorables.
La procédure de répartition des crédits du FNDS est lourde
et complexe. La multiplication des structures intermédiaires sportives
(CDOS, CROS, comités départementaux, ligues) aboutissant à
une " perte en ligne " très importante. Seulement 53 %
des crédits de la part régionale du FNDS vont aux clubs.
Aucune priorité n'est affichée pour l'utilisation des
crédits du FNDS, celui-ci finançant à la fois le sport de
haut-niveau, le sport de masse, les investissements de l'Etat et les autres
équipements sportifs. L'absence de priorités se traduit,
concernant la part régionale, par un effet de " saupoudrage "
qui permet difficilement de juger de la pertinence des subventions.
Il existe une confusion quasi-totale entre le FNDS et le budget, nombre
d'actions étant financées tantôt sur le FNDS, tantôt
sur le budget, parfois sur les deux si bien que le FNDS apparaît
davantage comme une réserve de crédits, mobilisable en fonction
de besoins contingents, notamment la préparation des jeux olympiques ou
de la Coupe du Monde de football, et non d'un programme précis de
développement du sport.
Le contrôle des subventions accordées par le FNDS reste lacunaire.
S'agissant de la part régionale du FNDS, l'action de l'Etat semble
entièrement déconnectée de celle menée par les
collectivités locales, pourtant premiers financeurs du sport. Par
ailleurs, le recoupement entre les subventions versées sur la part
nationale et celles versées sur la part régionale du FNDS n'est
pas effectué, si bien qu'un double financement des mêmes actions
est possible.
Concernant le sport de haut-niveau, le ministère de la jeunesse et des
sports n'est pas toujours en mesure d'intervenir pour régulariser les
situations défectueuses des fédérations. Les sanctions
adviennent très tardivement, de peur de mettre en difficulté des
fédérations dont le nombre de licenciés est important. Par
ailleurs, les conventions d'objectifs sont des documents trop vagues pour
servir de base au contrôle de la dépense publique et
prévenir les situations difficiles.
Le rapport contenait donc 6 propositions :
- améliorer la transparence de gestion du FNDS : le conseil de
gestion devrait être davantage qu'une " chambre
d'enregistrement " et les critères de sélection des
programmes à financer devraient être clairement indiqués.
Le ministère de la jeunesse et des sports devra préciser les
critères d'octroi des crédits pour le sport de haut-niveau et les
équipements sportifs ;
- identifier les besoins du sport et mettre en place un programme de
financement pluriannuel. Il est en particulier nécessaire de mettre un
terme au " saupoudrage " des crédits de la part
régionale ;
- réintégrer dans le budget général les actions qui
incombent directement à l'Etat, notamment l'entretien des
équipements qui lui appartiennent ;
- regrouper les crédits de même nature au sein du budget d'une
part et au sein du FNDS d'autre part. Il n'est pas logique, par exemple, que le
sport de haut-niveau soit financé à la fois sur le FNDS et sur le
budget ;
- inciter le mouvement sportif à simplifier ses structures et à
prendre davantage de responsabilités. La simplification des structures
tant sportives (CROS, CDOS, ligues, comités) qu'administratives
(services déconcentrés de la jeunesse et des sports) permettrait
des économies d'échelle et un meilleur contrôle des
crédits ;
- rendre les contrôles plus efficaces. Le ministère de la jeunesse
et des sports ne doit pas craindre de contrôler
régulièrement l'emploi des fonds publics par les
fédérations sportives. Il doit améliorer le contenu et la
présentation des conventions d'objectifs, afin de savoir
précisément comment sont utilisées les subventions qu'il
accorde.
Il ne s'agit donc pas de supprimer le FNDS mais de conférer à
sa gestion plus de rigueur et d'efficacité en la situant dans le cadre
d'une politique du sport qui doit être redéfinie et dont les
moyens méritent d'être optimisés et accrus.
c) L'augmentation et la diversification des recettes du FNDS
C'est
dans ce contexte que doivent être appréciées les
différentes mesures entreprises pour abonder les recettes du FNDS.
Afin de conforter les recettes du fonds, plusieurs initiatives ont en effet
été prises.
La première d'entre elles a consisté à affecter au FNDS
les bénéfices du Comité français d'organisation de
la Coupe du Monde de football, soit près de 300 millions de francs. Ils
sont supposés abonder en 2000 les crédits du FNDS, sur des lignes
spécifiques dénommées " Fernand Sastre ". La
convention signée entre l'Etat et la Fédération
française de football précise en ce sens qu'un conseil
spécifique, créé par arrêté et composé
de représentants de l'Etat, du Comité national olympique et
sportif français, et de la Fédération française de
football, sera chargé de gérer ce fond. L'examen de ce dispositif
devrait intervenir à l'occasion du projet de loi de finances
rectificative.
La seconde initiative a consisté à créer un
prélèvement de 5 % sur les droits de retransmission
télévisée des manifestations sportives, à compter
du 1
er
juillet 2000. Tous les organismes qui percevront des droits
pour des événements sportifs nationaux, fédérations
et organisateurs privés, devront cotiser à ce fonds, qui devrait
être doté de 75 millions de francs environ en 2000 et entre
150 et 180 millions de francs en 2001.
L'instauration de ce prélèvement introduit un principe de partage
d'une part limitée du chiffre d'affaires des disciplines sportives.
L'explosion des droits de retransmission de certaines manifestations sportives
ne bénéficie qu'à certaines disciplines sportives
très médiatiques, notamment le football, le dernier contrat
signé par la Ligue nationale de football avec Canal + et TPS portant sur
8,1 milliards de francs pour 4 ans. La moyenne annuelle des droits de
retransmission télévisée pour le football au cours des
quatre prochaines années est évaluée à
2,92 milliards de francs, contre environ 1,35 milliards en 1999.
Pour l'année 1999, le montant des contrats concernant les autres sports
est réparti de la manière suivante :
sport |
événements |
montants pour 1999
|
tennis |
Roland-Garros, Bercy, Coupe Davis, Fed Cup |
250 |
rugby |
Championnat, Coupe de France, Equipe de Frnace |
142 |
formule 1 |
Grand Prix, essais |
150 |
cyclisme |
Tour de France, classique |
100 |
patinage artistique |
(fédération) |
17 |
basket |
(fédération) |
15 |
athlétisme |
Meetings privés |
10 |
Source : Ministère de la jeunesse et des
sports
Le total des contrats conclu avec les fédérations sportives est
évalué à 2,826 milliards de francs en 1999, mais
devrait augmenter au cours des prochaines années à travers les
droits d'image sur Internet et les droits sur les produits audiovisuels
dérivés notamment.
Le total des contrats avec les fédérations et les organisateurs
privés est quant à lui estimé à
3,634 milliards de francs, mais ce montant est largement
sous-estimé, car le ministère de la jeunesse et des sports ne
connaît pas les montants des contrats signés par de nombreux
organisateurs privés.
Le prélèvement de 5 % permettrait de redistribuer une partie
de ces droits, afin de faire profiter l'ensemble du mouvement sportif de ces
ressources. Le dispositif vise donc à limiter le décalage
croissant entre les " sports riches " (football, tennis, rugby,
cyclisme pour l'essentiel) et les autres sports, ainsi qu'à redistribuer
une partie de l'argent du sport professionnel vers des clubs amateurs souvent
pauvrement dotés.
Que penser de ces initiatives et tout d'abord de l'instauration d'un
prélèvement sur les droits de retransmission
télévisée ?
Dans son principe, le partage qu'elle instaure ne saurait qu'être
approuvé.
Votre rapporteur est certes conscient que la mesure qui anticipe le vote de la
loi sur l'organisation et la promotion des activités sportives, -ce qui
est normal si l'on en croit l'ordonnance organique du 2 janvier 1959- a
été introduite de façon quelque peu
hétérodoxe par amendement du gouvernement lors de l'examen du
projet de loi de finances par l'Assemblée nationale.
Mais, cette hâte peut se justifier par une volonté d'application
rapide.
Il est évidemment plus contestable que celle-ci concerne des accords
déjà conclus mais des avenants sont sans doute possible.
Il est enfin bien vrai que les interventions du FNDS doivent être
profondément repensées. Mais cette exigence qui demandera du
temps ne doit pas être un préalable à l'instauration de ce
prélèvement qui est de nature à conforter la participation
des sports riches au développement de la pratique sportive.
Votre rapporteur veut cependant rappeler que le FNDS est un tout et que les
informations selon lesquelles il serait découpé en trois sections
selon le schéma ci-dessous ne laissent pas d'être
inquiétantes du point de vue de la logique même du compte et de
l'efficacité de l'action qu'il est censé soutenir.
Architecture et dotations du Fonds national de
développement pour le sport
pour 2000 et 2001
|
Compte
d'affectation spéciale n° 902-17
|
||
Les différents fonds au sein du FNDS |
FNDS " classique " |
Fonds " Fernand Sastre " |
Fonds " de mutualisation " |
Dotation pour l'année 2000 (en millions de francs) |
1.014 |
300 (*) |
75 (*) |
Dotation estimée pour 2001 (en millions de francs) |
? |
(reliquat) |
150 à 180 (*) |
(*)
estimations
Cette " démultiplication " du FNDS ne permet pas, loin s'en
faut, d'améliorer la cohérence et la lisibilité de
l'emploi des fonds.
Elle va de plus à rebours de la logique de mutualisation qui inspire le
prélèvement nouvellement proposé.
Il faut surtout rappeler qu'il devient urgent d'articuler une vraie
politique du sport et que les recommandations du rapport de votre commission
des finances sur le fonds doivent recevoir des suites
concrètes.
C. LA SITUATION PRÉOCCUPANTE DU COMPTE N° 902-24 D'AFFECTATION DES PRODUITS DE CESSIONS DE TITRES, PORTS ET DROITS DES SOCIÉTÉS
Les opérations du compte ont connu un fort gonflement en 1997 où elles ont atteint 60.957,9 millions de francs en dépenses et 59.308,3 millions de francs en recettes, soit un quasi-triplement de leur volume par rapport aux flux annuels des années précédentes.
Variation pluriannuelle des recettes et des
dépenses
imputées sur les comptes de privatisation
(en millions de francs)
|
Recettes |
Dépenses |
||||||
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
902-24 |
11.787,00 |
14.500,00 |
13.184,15 |
59.308,32 |
12.194,60 |
14.853,40 |
12.232,86 |
60.957,89 |
902-27 |
0,00 |
6.597,71 |
0,00 |
|
0,00 |
6.597,71 |
0,00 |
|
904-09 |
13.558,31 |
14.423,78 |
20.096,80 |
|
13.232,61 |
17.247,33 |
18.530,46 |
|
Virement 902-24 / 904-09 |
-11.594,00 |
-13.995,92 |
-11.840,76 |
|
-11.594,00 |
-13.995,92 |
-11.840,76 |
|
Total hors double compte |
13.751,31 |
21.525,57 |
21.440,19 |
59.308,32 |
13.833,21 |
24.702,52 |
18.922,56 |
60.957,89 |
Source : Cour des comptes. Rapport sur l'exécution
de la
loi de finances pour 1997
En 1998, le projet de loi de finances initiale comprenait 28 milliards de
francs d'opérations budgétées. Pour 1999, le montant
était de 17,5 milliards de francs ce qui correspondait à un
repli des opérations inscrites au compte, ce dont témoigne
l'importance des reports de crédits.
Mais, on ne peut faire fond sur les données transmises, soit que la
gestion du compte dépasse dans la réalité les limites de
l'annualité budgétaire, soit que les prévisions initiales
soient entachées d'imprécisions.
1. Description des opérations
a) Bref retour sur 1997
Après avoir atteint près de 54 milliards de francs en 1998 les recettes comptabilisées en 1999 et en 2000 seraient en net repli puisqu'elles ne dépasseraient pas en cumulé 32 milliards de francs.
Le compte n° 902-24 en 1999 et 2000
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Ecarts |
Produit des cessions de titres publics |
17.500 |
16.945 |
- 555 |
Crédits inscrits |
17.500 |
16.945 |
- 555 |
dont |
|
|
|
Dotations en capital |
17.000 |
16.795 |
- 205 |
Dépenses afférentes aux ventes de titres |
500 |
150 |
- 350 |
Les
principales opérations comptabilisées en recettes
concerneraient :
Air France : 4 milliards de francs
Aérospatiale - Matra : 5 milliards de francs
Diverses souscriptions de salariés : 3 milliards de
francs dont l'essentiel à la suite de l'opération France
Télécom.
Une remontée des produits de cession du GAN :
9 milliards de francs
Diverses cessions telles que Dassault-Systèmes ou les produits de
la mise sur le marché d'une partie de l'entreprise résultant de
la fusion entre Aérospatiale-Matra et DASA.
En dépenses, la baisse des crédits (- 555 millions)
affecterait surtout les dépenses afférentes aux ventes de titres
(- 350 millions) si bien que le montant des crédits disponibles
pour les dotations en capital resteraient quasi-identiques d'une année
sur l'autre. Il baisserait considérablement par rapport à 1998.
Les dépenses qui sont prévisibles concerneraient :
RFF : 19,5 milliards de francs
EPFR : 5 milliards de francs
Charbonnages de France : 4,5 milliards de francs.
Elles devraient également comporter une dépense de l'ordre de
500 millions de francs afin de soutenir l'émergence de nouvelles
technologies, dépenses qui transiteraient par deux fonds
créés dans les comptes de la Caisse des dépôts et
consignations.
En revanche, aucune dotation n'est prévue au profit du GIAT non plus
que pour abonder le Fonds de réserve des retraites.
2. Observations
a) Un compte dont les opérations manquent de lisibilité
A ce
stade, votre rapporteur n'est pas en mesure de vous indiquer avec une totale
précision, ni la nature, ni la séquence des dépenses
à intervenir en 1999 et 2000.
Il est clair que le montant des dépenses est dépendant des
prévisions de recettes qui sont elles-mêmes soumises à
d'importants aléas.
Néanmoins, il serait souhaitable de disposer de davantage d'informations
sur les prévisions de dépenses. Une telle exigence paraît
pouvoir être satisfaite puisque
les besoins financiers du secteur
public sont évaluables à quelques imprécisions
près.
Il est vrai que les recettes sont de leur côté plus difficiles
à évaluer.
Mais, cela tient pour une bonne part à une insuffisante maîtrise des opérations portant sur le secteur public. Depuis deux ans, il existe ainsi des écarts très substantiels entre les prévisions et les réalisations de recettes.
Au fond,
tout se passe comme si les estimations budgétaires étaient
produites pour la forme. Si ce phénomène ne venait pas
atténuer la portée du contrôle parlementaire, on pourrait
l'excuser s'il était en outre motivé par un souci de bonne
gestion. Mais, subsiste le doute d'un certain "existentialisme" de la gestion
du secteur public.
Force est d'ajouter que les conditions dans lesquelles sont
gérées les cessions qui affectent le contour du secteur public
conduisent à une marginalisation grave du Parlement.
Cette situation est d'autant moins admissible qu'elle porte sur des
éléments essentiels du patrimoine de la Nation. Il faut
néanmoins reconnaître qu'elle résulte en partie d'un
abandon de compétences consenti par le Parlement à l'occasion du
vote des textes autorisant en bloc les cessions de titres publics d'un grand
nombre d'entreprises.
Mais, elle résulte aussi d'un défaut volontaire de communication
gouvernementale à destination du Parlement sur chacune des grandes
opérations de démembrement du patrimoine public. Il convient de
s'en offusquer et d'observer par ailleurs, les trésors de soins
déployés pour convaincre les investisseurs institutionnels, les
analystes financiers et le public de l'intérêt de ces
opérations.
Il conviendrait qu'à tout le moins, les comptes rendus des
négociations entre l'Etat et les partenaires privés
intéressés ainsi que les rapports des conseils du Trésor
et des entreprises publiques concernées soient transmis aux
présidents des commissions des finances du Parlement.
C'est d'autant plus nécessaire que les opérations atteignent un
niveau de complexité très élevé et comportent
souvent des clauses secrètes dont seule la connaissance permet
d'évaluer le bien-fondé patrimonial de l'opération pour
l'Etat.
Les multiples accords auxquels a donné lieu la série
d'opérations portant sur Aérospatiale et Dassault-Aviation en
témoignent.
b) Un compte aux écritures insatisfaisantes
Un
certain nombre d'opérations de dépenses retracées par le
compte ne devrait pas y figurer
parce qu'elles constituent des subventions
ou des financements destinés à couvrir des pertes ou charges
financières (voir rapport Cour des Comptes sur l'exécution de la
loi de finances pour 1997).
Leur inscription en charges revient à faire financer des dépenses
courantes à partir de ressources tirées de cessions
d'éléments du patrimoine de l'Etat. Les montants concernés
ont atteint 16,9 milliards de francs en 1997, soit près de
30 % des charges.
A l'inverse, certaines opérations ne sont pas retracées par le
compte alors qu'une conception exhaustive devrait prévaloir.
On
peut, en particulier, remarquer l'absence d'inscription des recettes
tirées de la privatisation du Crédit Lyonnais, dont les
justifications manquent en droit (32 milliards de francs de produit net).
De la même manière, les écritures portées au compte
en 1998 peuvent appeler des critiques.
Il est tout à fait anormal que ses opérations aient pu
atteindre le double des prévisions de la loi de finances
. Les
évaluations contenues par celle-ci manquaient manifestement de
sincérité. Cette situation est d'autant plus choquante que le
régime particulier des CAS marginalise l'intervention du Parlement
dès lors que le ministre des finances se voit confier la
prérogative d'ajuster les crédits en cas de plus-values de
recettes sans aucun contrôle parlementaire. Combinée avec la
latitude donnée une fois pour toute de transférer au secteur
privé les entreprises publiques placées sur la liste des
entreprises privatisables, cette situation aboutit à priver le Parlement
de tout pouvoir réel sur la gestion du secteur public et, plus
particulièrement, sur son périmètre.
Ce déficit démocratique est amplifié par des
inscriptions comptables qui ont suscité la critique de la Cour des
Comptes
. Côté recettes, celle-ci a ainsi pu juger que
" la partie recettes de ce compte n'est pas conforme à la
réalité "
, ajoutant que
" la
sous-évaluation des recettes du compte n° 902-24 est d'au
moins 25.000 millions "
et regrettant au surplus que
" des
contractions entre les recettes et les dépenses ont été
opérées en contradiction avec les textes ".
Les critiques de la Cour ont visé plus particulièrement le
traitement des opérations relatives au groupe GAN. L'ensemble de ces
opérations a engendré 34,4 milliards de recettes qui ont
été encaissées par la société centrale du
GAN (GAN SC) qui a dépensé 8,8 milliards de francs afin
d'acquitter la quote-part de la vente du CIC revenant aux filiales de GAN SC
qui détenaient 13 % des parts, de rembourser les prêts
(3,4 milliards) et de régler les frais de privatisation
(408 millions de francs).
Les produits versés à GAN SC sont venus de :
- la cession de la Compagnie financière du CIC et de l'Union
européenne au Crédit Mutuel pour 13,9 milliards ;
- la cession de GAN SA à Groupama pour 19,7 milliards ;
- et de la cession de GAN International pour 477 millions de francs.
La Cour considère que ces recettes auraient du être inscrites sur
le CAS. Elle appuie son jugement sur les considérations suivantes. A
partir du mois d'octobre 1998, l'Etat est devenu l'actionnaire unique de GAN
SC, devenu depuis le 6 octobre de la même année, la
Société de Gestion de Garanties et de Participations (SGGPP).
Cette entité ne saurait être considérée comme se
substituant entièrement à GAN SC puisque son objet est tout
différent. Appelée à gérer les appels en garantie
accordés aux cessionnaires lors des différentes cessions, elle
n'a pas d'activité bancaire ou d'assurances. Dès lors, le
cantonnement des recettes de la privatisation de l'ensemble du groupe GAN dans
la SGGP ne se justifierait pas. Lesdites recettes auraient dû remonter
sur le compte dès la disparition de GAN SC.
Les observations de la Cour paraissent totalement fondées à votre
rapporteur qui relève que le groupe GAN n'appartient plus au secteur
public et ne se survit pas dans la SGGP. L'esprit même de
l'article 71 de la loi de finances pour 1997 qui donne au compte
n° 902-24 la vocation de retracer l'ensemble des opérations de
cessions commandait d'y inscrire le produit des cessions du groupe GAN
dès lors qu'aucune entité ne pouvait sérieusement plus les
accueillir en tant que tête de groupe.
L'affectation du produit des différentes cessions à GAN SC
pouvait sans doute se justifier dans la période intérimaire
où cette société a persisté dans son être
bien qu'elle puisse sembler largement artificielle compte tenu de la nature de
opérations sous revue qui visaient, de fait, à sortir le GAN du
secteur public.
Le maintien, sans autre forme de procès, des recettes issues de ces
cessions dans la SGGP ne se justifie donc pas. Cette dernière structure
joue en fait le rôle d'une structure intermédiaire de
défaisance dont l'utilité est d'ailleurs en cause.
Si l'on avait souhaité instituer une telle structure, il eut
été préférable de procéder plus clairement
et d'adopter une formule semblable à celle choisie dans le cadre du plan
de sauvetage du Crédit Lyonnais par exemple. Il eut fallu inscrire le
produit des cessions en recettes du compte à charge pour lui d'abonder
la SGGP à mesure de ses besoins.
Il reste que le maintien de la SGGP conduit à accentuer
l'opacité qui entoure parfois le niveau des engagements de l'Etat
.
Et c'est aussi à juste titre que la Cour critique l'enregistrement des
dépenses effectuées dans le cadre de l'opération portant
sur le GAN.
A ce titre, la Cour fait d'abord observer que le niveau des garanties
supportées par l'Etat a excédé le montant autorisé
par l'article 40 de la loi de finances rectificative pour 1997 qui avait
été plafonné en principal à 10,9 milliards.
Elle indique que les garanties données en sus ont atteint près de
5 milliards de francs alors qu'aucune autorisation parlementaire n'est
intervenue en de sens. La Cour poursuit en déplorant que ces garanties
n'aient pas été inscrites dans les comptes de classe 8 de la
comptabilité générale de l'Etat et qu'elles ne figurent
pas dans le rapport annuel sur les opérations bénéficiant
de la garantie de l'Etat adressé au Parlement, situation qu'elle estime
anormale.
Ces observations ne sont que la suite logique du choix critiquable de confier
de plus en plus souvent à des structures
" para-étatiques " la gestion de deniers publics sans
contrôle parlementaire.
La multiplication des entités
contrôlées de fait par l'Etat mais juridiquement distinctes de lui
s'accompagne d'une série de débudgétisations qui, pour
être commodes pour l'exécutif, entraînent une dilution des
pouvoirs du Parlement contraire à l'esprit de nos institutions.
On peut se demander au passage si l'une des commodités de la solution
choisie ne consiste pas dans les facilités offertes par une gestion de
trésorerie dans le cadre de la SGGP plutôt que dans le cadre
normal de la gestion de trésorerie par l'Etat. C'est en tout cas la
question qu'amène à se poser le déséquilibre entre
les produits logés dans la SGGP et le niveau de ses engagements qui
s'élèvent respectivement à 25 et 16 milliards de
francs.
A ce propos, le secrétaire d'Etat au budget a en quelque sorte admis les
anomalies constatées par la Cour. Il a en effet annoncé que
l'excédent des ressources de la SGGP serait versé en recettes du
CAS pour une somme qu'il est possible d'estimer à 9 milliards de
francs
129(
*
)
. Compte tenu de la nature des
recettes du CAS qui sont précisément définies, cette
affectation n'est envisageable qu'à condition d'admettre que les
produits qui en sont l'objet ne constituent pas des recettes propres à
la SGGP.
Il serait dans ces conditions plus normal que le CAS retrace l'ensemble des
recettes et des charges de garanties liées au transfert du GAN au
secteur privé.
c) Un compte confronté à des charges de financement inquiétantes
Sans
doute, la situation du secteur public est-elle en voie d'amélioration.
Mais, les besoins financiers restent considérables compte tenu des
sinistres financiers du passé et de situations industrielles parfois
fort dégradées.
Dans ces conditions, l'avenir du compte lui-même apparaît
inquiétant et l'inflexion des recettes constatée l'an dernier et
qui se poursuit cette année ne pourra être poursuivie. En tout
état de cause, les versements destinés à réduire la
dette publique ne pourront rester en l'état qu'une pure
virtualité.
D. LES COMPTES DE PRÊTS À DES ETATS ETRANGERS OU LES DIFFICULTÉS DE L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA FRANCE
Estimée à 1.829 millions de francs en
1998, la
charge nette des comptes de prêts s'est transformée en
exécution en une charge limitée à 0,6 milliard
grâce au redressement du solde du compte de prêts du Trésor
à des Etats étrangers pour la consolidation de leurs dettes
envers la France. Pour 1999, un modeste excédent de 86,5 millions
de francs était prévu. Celui-ci s'accroîtrait encore l'an
prochain pour s'établir à 1,9 milliard de francs. Cette
évolution contribuerait à compenser la
détérioration du solde des comptes d'affectation
spéciale.
La nomenclature des comptes de prêts ne varierait pas mais, des quatre
comptes, seuls deux sont réellement actifs. En effet, le compte
retraçant la consolidation des avances du Trésor et celui
décrivant les opérations du Fonds de développement
économique et social n'ont plus qu'une existence marginale.
Seuls les comptes de prêts consentis aux Etats étrangers
enregistrent des opérations significatives.
Il existe deux comptes de prêts aux Etats étrangers :
le compte n° 903-07 "Prêts du Trésor à des
Etats étrangers et à l'Agence française de
développement" ;
le compte n° 903-17 "Prêts à des Etats
étrangers pour la consolidation de dettes envers la France".
Evolution des opérations des comptes de prêts aux Etats étrangers 130( * )
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Ecart 2000/1999 |
Compte n° 903-07 |
|
|
|
Recettes |
1.443,5 |
2.675,4 |
+ 1.231,9 |
Dépenses |
208 |
850 |
+ 642 |
Charge nette |
- 1.235,5 |
- 1.825,4 |
- 589,9 |
Compte n° 903-17 |
|
|
|
Recettes : |
3.900 |
3.500 |
- 400 |
Dépenses : |
5.200 |
3.500 |
- 1.700 |
Charge nette |
1.300 |
0 |
- 1.300 |
Totaux : |
|
|
|
Recettes |
5.343,5 |
6.157,4 |
+ 813,9 |
Dépenses |
5.408 |
4.300 |
- 1.108 |
Charge nette |
64,5 |
- 1.825,4 |
- 1.889,9 |
Dans un contexte de gonflement modéré des recettes résultant de la progression des remboursements des prêts aux Etats étrangers, la charge nette des comptes de prêts à l'étranger se réduirait pour s'établir à -1.956,4 millions de francs et dégager ainsi un fort excédent.
1. Le compte n° 903-07 "Prêts à l'Agence française de développement et à des Etats étrangers"
Ce
compte est l'un des instruments importants de la politique
étrangère de la France.
Depuis 1995, aucune dépense n'avait été
réalisée au profit de la Caisse française de
développement (CFD) et les crédits ouverts ne concernaient que
des opérations de prêts du Trésor à des Etats
étrangers qui correspondent à la politique protocolaire de la
France. En 1999, la situation avait changé du tout au tout, les charges
du compte, en forte régression avec 208 millions de francs contre
2 milliards l'année précédente n'étant plus
destinées qu'à abonder les moyens de l'AFD.
Le niveau des crédits du compte est en constante réduction. En
1995, ils atteignaient 5.925 millions de francs ; ils ont
été réduits à 3.717 millions en 1996 puis
à 2.982,5 millions en 1997 et, enfin, à 2.000 millions
pour 1998. Les crédits inscrits en loi de finances dépendent pour
l'essentiel, des besoins résultant des protocoles conclus dans le
passé. Le délai moyen d'exécution des protocoles varie en
effet entre 4 et 5 ans si bien que les crédits d'une année ne
sont que pour 20 à 25 % d'entre eux nécessités par
les protocoles de l'année courante. Quelques exceptions interviennent
parfois comme le montre l'exemple du prêt de 2 milliards de francs
consenti en 1996 à la Russie dont le paiement a été
réalisé intégralement l'année de l'engagement.
Mais, c'est bien à la réduction des volumes des protocoles
signés dans le passé que correspond celle des crédits
ouverts.
Hors prêt à la Russie, les protocoles conclus par la France avec
les Etats étrangers se sont inscrits en diminution constante : de
3.311 millions en 1995, ils sont passés à
2.583 millions en 1996 tandis qu'au 1er semestre 1997 seul un protocole de
60 millions avait été conclu en faveur de la Bolivie.
Depuis, un certain redressement de la pratique protocolaire est notable dans le
cadre de la nouvelle procédure RPE (réserve pays
émergents). Mais la baisse du niveau de soutien de la France au monde en
développement réalisé à partir du compte est
patente.
Cette baisse ne résulte pas seulement d'orientations librement
choisies.
Elle provient également des "règles de consensus"
de l'OCDE qui imposent des contraintes renforcées à
l'intervention économique en faveur des pays en développement.
Celles-ci se traduisent par le renforcement de l'obligation de réserver
une fraction de l'intervention à des dons purs et simples -la part de
l'élément "don" devant être de 35 % dans les cas
ordinaires et de 50 % lorsque sont concernés les pays les moins
avancés- et par l'exclusion du champ des interventions de secteurs
considérés comme justiciables de financements privés tels
que les télécommunications.
L'encours des prêts sur protocole s'élevait fin 1998 à
73,9 milliards de francs, les plus gros débiteurs étant le
Maroc (7,3 milliards), l'Indonésie (6,5 milliards), la Chine
(5,9 milliards) et l'Inde (5 milliards).
Une question se pose : les perspectives de remboursements des prêts
du Trésor retenues pour évaluer les recettes du compte traduisent
sans doute une nette amélioration par rapport aux estimations pour 1998
et 1999. Au regard de l'évolution de la situation internationale, il
n'est pas acquis que l'assainissement des encours réalisé dans le
passé puisse justifier cette prévision. Les perspectives
concernant la situation économique des débiteurs sont en effet
très défavorables.
S'agissant du chapitre retraçant les prêts à l'Agence
française de développement, le projet de loi de finances pour
1998 ne lui consacrait comme en 1997 aucune dotation spécifique. La
dotation prévue en 1999 s'élevait à 208 millions de
francs et se situe en hausse, à 350 millions en 2000. La
sous-consommation des crédits disponibles dans le passé a
dégagé un solde de l'ordre de 400 millions de francs, ce qui
devrait permettre de soutenir quelques opérations de
développement économique et social.
Le déroulement des projets soutenus par l'AFD prend du temps. Les
projets s'étalent sur plusieurs années et sont soumis à
des conditions suspensives qu'il s'agisse des projets publics ou parapublics
pour lesquels l'agence consent des prêts à conditions
concessionnelles ou des projets du secteur privé soutenus à des
conditions de marché raisonnables.
Un meilleur suivi des projets s'impose, comme notre collègue, rapporteur
spécial de la coopération a périodiquement l'occasion de
le souligner.
2. Le compte de prêts du trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France (n° 903-17)
L'objet
et le financement du compte
Le compte n° 903-17 est l'un des instruments budgétaires de
prise en charge des impayés constatés sur des crédits
accordés à des Etats étrangers, soit au titre des grands
contrats, soit dans le cadre de la politique d'aide au développement.
Il assure ainsi le refinancement par l'Etat, des créances les plus
compromises, mais son intervention est subordonnée à la
conclusion d'un accord en "Club de Paris" avec le pays défaillant qui
est subordonné à l'agrément du fonds monétaire
international.
Concrètement, il retrace, en dépenses, les versements
effectués par le Trésor en vue d'honorer, à la place du
pays emprunteur, les échéances :
- d'un prêt précédemment accordé par le
Trésor ou l'AFD ;
- d'un prêt de refinancement précédemment
accordé par Natexis pour le compte de l'Etat ou du Trésor.
En contrepartie de la prise en charge des échéances ainsi
consolidées, le Trésor constate une créance sur le pays
emprunteur, créance dont les modalités de remboursement sont
adaptées à la situation du débiteur (délai de
grâce de 5 ans, taux d'intérêt réduit). Les
remboursements en capital viennent alors en recettes du compte
n° 903-17, tandis que les intérêts alimentent le budget
général.
Evolution récente : le poids de la crise de l'endettement
Le
compte n'est véritablement actif que depuis 1985, date à laquelle
il a été décidé de mettre progressivement fin
à la procédure de refinancement de la BFCE. Il s'agissait ainsi
d'assurer effectivement la budgétisation des créances compromises
au lieu de les faire porter par un intermédiaire agissant pour le compte
de l'Etat.
Le tableau suivant retrace l'évolution des recettes et des
dépenses du compte, et illustre l'impact de la crise de l'endettement
sur le budget de l'Etat.
|
DEPENSES |
RECETTES |
||
CST 903-17 |
LFI |
Exécution |
LFI |
Exécution |
1990 |
7.650 |
7.646 |
500 |
660 |
1991 |
9.000 |
9.006 |
500 |
732 |
1992 |
9.000 |
9.000 |
600 |
1.024 |
1993 |
11.383 |
5.883 |
1.000 |
535 |
1994 |
9.000 |
6.935 |
1.000 |
313 |
1995 |
10.000 |
2.079 |
1.250 |
768 |
1996 |
3.000 |
3.507 |
1.300 |
2.914,5 |
1997 |
1.000 |
3.672,2 |
1.600 |
2.793,9 |
Alors
que de 1990 à 1992, les dépenses effectuées
correspondaient aux crédits autorisés en loi de finances
initiale, les dépenses sont devenues très inférieures aux
prévisions entre 1993 et 1995. Cette décélération
brutale des dépenses était le résultat :
d'une part, des pays sortis de la crise de la dette, qui avaient
respecté leurs engagements envers leurs créanciers
(Brésil, Maroc, Mexique et les pays d'Asie du sud-est) ;
d'autre part, des pays dont, à l'inverse, la viabilité
financière demeurait insuffisante et qui n'avaient pas obtenu un accord
avec le FMI, préalable nécessaire pour le
réaménagement de la dette en Club de Paris (Madagascar, Nigeria,
Soudan et Zaïre).
L'exécution en 1995 (2.079 millions de francs), très
nettement inférieure aux prévisions, s'était
expliquée par le faible nombre de pays passés en Club de Paris
131(
*
)
.
Le projet de loi de finances pour 1997 avait tiré les
conséquences de cette évolution et fixé à
1 milliard de francs le montant des dépenses du compte.
En conséquence, la charge nette se trouvait ainsi annulée et le
compte devait dégager un excédent de 600 millions de francs).
Mais une inversion de tendance s'est produite en 1996
.
Les crédits ouverts en 1996 s'élevaient à
3 milliards. La consommation de crédits s'est montée
à 3.507 millions de francs. Elle a été permise par un
report de crédits de 3.446,4 millions de francs de l'exercice 1995
sur l'exercice 1996. Au terme de cette dernière année, le report
de crédits s'élevait à 2.939,4 millions de francs.
Ils devraient être entièrement mobilisés pour financer les
dépenses effectuées en 1997 qui, avec 4 milliards
excéderaient les crédits ouverts en loi de finances
(1 milliard de francs).
L'absence de crédits reportables en 1998 a nécessité
d'ajuster les dotations aux besoins réels estimés alors à
4 milliards de francs
. Ces besoins correspondaient à des
accords déjà conclus et à des accords bilatéraux en
cours de négociation (Bosnie, Cameroun, Congo, Gabon,
Côte-d'Ivoire...).
En fait, l'exécution 1997 a permis de dégager un solde de
267 millions de francs. Mais, le montant des besoins pour 1998
dépasserait le disponible. Il s'est élevé à
5,8 milliards de francs, soit un déficit de moyens qui a contraint
à un abondement de crédits en loi de finances rectificative
à hauteur de 1,3 milliard. Les besoins ont été
couverts par une inscription en loi de finances rectificative.
L'estimation des dépenses réelles de 1999 et 2000 est à
l'évidence délicate. L'effet des diverses annulations des dettes
consenties à de nombreux pays, en particulier l'annulation consentie aux
Etats victimes du cyclone " Mitch " et des pays les plus pauvres,
devrait se poursuivre et alléger les dépenses du compte. Un tel
scénario qui pèse sur ses recettes devrait se reproduire en 2000.
Les prévisions concernant les opérations du compte en
témoignent avec une réduction des crédits de
1,7 milliard de francs. Mais, au-delà des aléas ponctuels
liés aux dates de passage en Club de Paris, votre rapporteur constate
qu'à l'avenir, la décroissance des charges du compte sera sans
doute extrêmement progressive du fait de la situation de nombre de pays
à revenus intermédiaires, ou des problèmes aujourd'hui
posés par certains Etats potentiellement riches, mais au comportement de
paiement incertain.
E. LES ARTICLES RATTACHÉS
1. Les articles de récapitulation des crédits
L'article 45 récapitule les services votés
relatifs aux opérations définitives des comptes d'affectation
spéciale qui, en 2000, s'élèveraient à
19.345.619.600 francs. Votre rapporteur est en attente d'une
réponse du gouvernement sur les conséquences des votes
proposés par ailleurs et vous suggère de prévoir
l'adoption d'un amendement de pure conséquence s'il s'avérait
nécessaire.
L'article 46 concerne les mesures nouvelles relatives aux
opérations définitives des comptes d'affectation spéciale,
qui se monteraient à 25.557.570.000 francs. Votre rapporteur ne
disposant pas de l'article voté à l'Assemblée nationale,
vous fait la même suggestion que ci-dessus.
L'article 48 concerne les services votés relatifs aux
opérations à caractère temporaire des comptes. Votre
rapporteur vous en propose l'adoption.
L'article 49 concerne les mesures nouvelles relatives aux comptes de
prêts. Votre rapporteur vous en propose l'adoption.
L'article 50 est relatif aux mesures nouvelles concernant des comptes de
commerce. Votre rapporteur vous en propose l'adoption.
2. Les autres articles
L'article 44 prévoit la clôture du FSH, FFN,
du
Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités, du Fonds
national du livre et du FARIF.
Les amendements de suppression du II et III de l'article 30 de
première partie portant, le premier, affectation directe des redevances
actuellement versées au Fonds national du livre au Centre national du
livre, le second, affectation directe d'une fraction plafonnée de la
taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et les
locaux de stockage à la région Ile-de-France, conduisent à
recommander l'adoption d'un amendement de conséquence
rétablissant le Fonds national du livre et le FARIF.
L'article 47 comporte une modification du compte de commerce
n° 904-06 " Opérations commerciales des domaines ".
Il s'agit d'une amélioration du dispositif comptable que votre
rapporteur vous propose d'adopter.
ANNEXE :
DÉCISIONS DE LA COMMISSION DES
FINANCES
BUDGETS |
DATES
D'EXAMEN
|
DECISIONS DE LA
|
I.
BUDGETS CIVILS
article 35 |
20
octobre 1999
|
Adopté
|
Agriculture et pêche
et
article 64
A (nouveau)
|
27
octobre 1999
|
Rejeté
|
-
Aménagement du territoire et environnement:
|
20
octobre 1999
|
Rejeté
le 27 octobre 1999
|
Anciens combattants et
|
26
octobre 1999
|
Rejeté
le 25 novembre 1999
|
article 67 |
18
novembre 1999
|
Adopté
|
Culture |
21 octobre 1999 |
Adopté |
-
Communication audiovisuelle et
|
23
novembre 1999
|
id° S.G.P.M
|
- Presse |
23 novembre 1999 |
id° S.G.P.M. |
Économie, finances et industrie :
article 68
II-.
Industrie
article
69
- Commerce extérieur |
23
novembre 1999
|
Rejeté
le 23 novembre 1999
|
-
Éducation nationale, recherche et technologie
:
|
21
octobre 1999
|
Rejeté
|
- Emploi et solidarité :
article 70 II-. Santé et solidarité article 70 bis (nouveau) III-. Ville et intégration |
27
octobre 1999
|
Rejeté
le 10 novembre 99
|
- Equipement, transports et logement :
|
3
novembre 1999
|
Rejeté
le 18 novembre 1999
|
IV-.
Mer :
|
20
octobre 1999
|
id° Équipement, transports et logement
|
V-. Tourisme |
6 octobre 1999 |
id° Équipement, transports et logement |
- Fonction publique et réforme de l'Etat |
12 octobre 1999 |
id° S.G.P.M. |
- Intérieur et décentralisation :
|
4
novembre 1999
|
Sagesse
le 10 novembre 99
|
- Jeunesse et sports |
21 octobre 1999 |
Adopté |
- Justice et Article 71 |
16
novembre 1999
|
Adopté
|
- Outre-mer et Article 72 |
13
octobre 1999
|
Adopté
le 2 novembre 1999
|
- Services du Premier Ministre :
|
21
octobre 1999
|
Rejeté
|
B.
BUDGETS ANNEXES
|
3
novembre 1999
|
Rejeté
le 18 novembre 1999
|
II -
DEFENSE
(article 41) . Dépenses ordinaires (article 40) |
4
novembre 1999
|
Rejeté
|
III.-
AUTRES DISPOSITIONS
article
44
|
23
novembre 1999
|
Adopté amendé
|
1
La comparaison se limite aux
crédits
inscrits aux titre IV et VI puisque ceux du titre III ne sont plus
individualisables.
2
Dont 5.362 millions de francs de subvention d'équilibre et
allocation aux adultes handicapés.
3
Subvention d'équilibre au BAPSA et allocation aux adultes
handicapés.
4
Cotisations, subvention d'équilibre, et AAH non comprises.
5
Fonds forestier national (FFN) supprimé à partir de
2000, Fonds de développement des adductions d'eau (FNDAE) et Fonds
national des haras et activités hippiques.
6
Pour éviter les doubles comptes, on soustrait
également la subvention de l'Etat et le remboursement de l'AAH au BAPSA.
7
Article 4 de la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation
agricole.
8
Par exemple : conversion à l'agriculture biologique,
développement de l'agro-tourisme, etc.
9
Par exemple : entretien de zones laissées à
l'abandon, gestion raisonnée de l'apport d'engrais, de produits
phytosanitaires ou d'irrigation, etc.
10
Chapitre 44-84 (nouveau).
11
Produit : 310 millions de francs.
12
Produit : 32 millions de francs.
13
Loi n° 98-1267 du 30 décembre 1998.
14
Loi n° 99-575 du 9 juillet 1999.
15
Article 4 bis du projet de loi de finances pour 2000.
Safer : sociétés d'aménagement foncier et
d'établissement rural.
16
Article 24 ter du projet de loi de finances pour 2000.
17
Amendement n° 101 portant article additionnel après
l'article 38, séance du 6 avril 1999, J.O. Sénat, p. 2117.
18
Ce chiffre ne tient pas compte des éventuels recrutements
postérieurs à la création de l'entreprise.
19
En 1999, il avait affiché une hausse de 108,3 % et de 14,8
% hors effet TGAP.
20
7 en provenance du ministère de l'équipement et 63
en provenance du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie.
21
50 en administration centrale et 70 en services
déconcentrés.
22
Titulaires, contractuels et ouvriers.
23
L'inspection des installations classées est actuellement
assurée par plusieurs services : les directions régionales
de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE), les directions
des services vétérinaires (DSV) au sein des directions
départementales de l'agriculture et de la forêt (DDAF) pour les
établissements agricoles et certains établissements
agro-alimentaires, les DDAF et les directions départementales de
l'action sanitaire et sociale (DDASS) pour les décharges d'ordures
ménagères.
24
Il s'agit de l'ensemble des crédits retracés dans
l'agrégat 3.
25
Cette répartition est fixée pour 2/3 en fonction de
la part de chaque bassin dans le montant total des redevances autorisées
pendant la durée du programme quinquennal d'intervention des agences et
pour 1/3 en fonction de la population recensée dans le bassin.
26
Créé par l'article 33 de la loi du 25 juin 1999
d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire.
27
La première étape de la constitution de ce
réseau, c'est à dire l'établissement de la liste nationale
des sites d'importance communautaire, est en cours d'achèvement. Les
propositions françaises concernent 1.059 sites représentant
26.772 km
2
soit 4,9 % du territoire métropolitain et 4.700
km
2
de zones maritimes. La seconde étape qui consiste en
l'élaboration des documents d'objectifs pour chaque site est
engagée.
28
7 parcs nationaux et 3 projets de parcs supplémentaires
(Corse, Guyane et Iroise).
29
On en compte aujourd'hui 146 et 31 projets.
30
Voir aussi l'avis n°68 de notre collègue Jacques
Oudin, fait au nom de la commission des finances du Sénat sur le projet
de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000.
31
En 1998 est mis en oeuvre un nouveau barème, établi
en 1996 mais qui n'avait pas pu être voté par le conseil
d'administration faute de président. Ce barème de janvier 1998 a
été réexaminé dès l'été
suivant car l'augmentation des dossiers s'est faite sentir dès juin
1998, les décisions sont intervenues l'année suivante, en 1999.
32
Il s'agit de la problématique du " hors-bilan ",
appelé également " dette publique invisible "
33
Il ne s'agit que d'une partie des garanties potentiellement
à la charge de l'Etat.
34
Il s'agit à la fois des remboursements d'impôts
d'Etat et de la prise en charge des dégrèvements d'impôts
locaux résultant de mesures législatives, de décisions
individuelles ou d'admissions en non-valeur
35
Rapport d'information, 27 janvier 1999, page 160,
11
ème
législature
36
Journal Officiel du 29 juillet 1999, Questions Sénat, page
2576
37
Réseau ferré de France
38
Établissement public de financement et de restructuration
39
Consortium de réalisation
40
Organismes divers d'administration centrale
41
Le logiciel Ensemble est un outil informatique de suivi et
d'analyse de l'utilisation des crédits de titre IV par les
directions régionales des affaires culturelles. L'application a
été installée et mise en service en région à
compter de l'exercice 1994 et permet une observation synthétique et en
temps réel de toutes les étapes de gestion du titre IV.
Toutefois, de conception ancienne, l'application Ensemble fait actuellement
l'objet d'une refonte globale.
Un nouvel outil, nommé "Quadrille", est en effet en cours
d'élaboration pour une mise en service d'ici 2002. Il s'appuie pour
l'essentiel sur quatre fonctionnalités : la programmation
budgétaire en début d'année, l'instruction des dossiers de
demandes de subventions, le suivi de l'exécution comptable, l'analyse de
la dépense et la consolidation nationale. Il s'agit donc tout à
la fois d'une aide à la gestion pour les directions régionales
des affaires culturelles et d'une base de gestion analytique en consolidation
à l'échelon national.
42
Néanmoins, les tendances d'évolution des
différentes catégories de réductions sont
divergentes :
La part des dégrèvements (qui visent à apporter des
corrections d'assiette) est en légère diminution (6,89 % en 1998
contre 7,99 % en 1994).
Les remises gracieuses sont sur l'ensemble du territoire en augmentation
régulière. Leur montant global est passé de 0,94 %
à 1,25 % des prises en charge brutes.
Cette évolution peut être corrélée au contexte
socio-économique, notamment aux mesures ministérielles
arrêtées en faveur des redevables demandeurs d'emploi.
43
Dont une partie a été mentionnée plus haut
lors de la présentation du regroupement des moyens ministériels,
soit 784,5 millions de francs de crédits.
44
Hors juridictions financières et non titulaires
45
Hors réintégration de certains crédits.
46
Rapport de M. Boisson et de M. Milleron.
47
Ce qui explique le regroupement des crédits de la DGI
concernés par le contrat dans un chapitre à part entière
qui apparaît un peu comme un " fourre-tout " dérogatoire
à la logique même du chapitre budgétaire.
48
Les seules subventions du Commissariat à l'énergie
atomique, de Charbonnages de France et de la Poste totalisent la moitié
du budget de l'industrie.
49
Le transfert dans la LFI 1999 des dépenses de personnel et
de fonctionnement du bleu " industrie " vers le bleu " services
communs et finances " avait vidé l'agrégat n° 1 de
son contenu.
50
Voire les articles, lorsque l'intitulé du chapitre n'est
pas significatif.
51
" Sauver la Poste : est-il encore temps pour
décider ? ",
rapport d'information n° 463,
Sénat 1998/1999.
52
Cette transposition a été effectuée par voie
d'amendement à la loi n° 99-533 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durables du territoire du 25
juin 1999.
53
Pour financer ses obligations de service universel, le texte
attribue à La Poste comme services réservés les envois de
correspondance d'un poids inférieur à 350 grammes et dont le
prix est inférieur à 5 fois le tarif de base.
54
EDF estime aujourd'hui possible de porter la durée de vie
des centrales de 30 à 40 ans, ce qui différerait jusqu'à
2010 la question de leur remplacement.
55
Comme le rappelle Pierre Boisson qui a présidé en
1998 les travaux du Commissariat Général du Plan sur
l'énergie en 2010-2020, le gaz comporte deux contraintes fortes :
effet de serre et dépendance à l'égard des pays instables.
A l'inverse, le nucléaire est très reposant, estime Pierre
Boisson, parce que sa structure de prix est stable.
56
La France s'est engagée lors du sommet de Kyoto à
ramener le niveau des émission de CO
2
en 2010 à leur
niveau de 1990.
57
Henri Revol évoque dans son rapport l'enquête
qu'aurait récemment entamé la Commission sur la position
dominante qu'occuperait EDF, selon ses détracteurs, sur le marché
français.
58
Prélèvement sur l'excédent de la taxe d'aide
au commerce et à l'artisanat créée par la loi 89-1008 du
31 décembre 1989
59
PECO : pays d'Europe centrale et orientale
60
Il s'agit du TICR : taux d'intérêt commercial
de référence, proche des taux fixes à moyen/long terme de
marché
61
L'accueil des étudiants étrangers en France :
enjeu commercial ou priorité éducative, rapport d'information
n° 1806 du député Alain Claeys
62
" Bibliothèques universitaires : le temps des
mutations " Rapport n° 59,session 1998-1999. Jean-Philippe
Lachenaud, Sénateur - Commission des finances du Sénat.
63
Etat de la recherche et du développement technologique
64
hors défense
65
hors industrie
66
55% de ses dépenses seront consacrés aux
réseaux technologiques et 300 millions de francs, sur cinq ans, au
RNRT (réseau national de la recherche en
télécommunications) grand programme fédérateur
interministériel (industries, télécommunications,
recherche)
67
il s'agit, en fait, des conséquences d'un
rééchelonnement de la dette du CNES vis-à-vis de l'ESA
68
dans le cadre du plan de titularisation des contractuels locaux
dans les TOM
69
Association pour la formation professionnelle des adultes
70
Agence nationale pour l'emploi
71
L'objectif est d'offrir un nouveau départ aux jeunes
chômeurs et adultes menacés d'exclusion, ce qui
représenterait à l'horizon 2002, et à l'issue de la
montée en charge, 1.800.000 personnes
72
Trajet d'accès à l'emploi
73
A compter du 1
er
janvier 1998, en application de
l'article 114 de la loi de finances pour 1998, les emplois villes ont
été supprimés
74
SIFE
75
Leur nombre est en diminution depuis 1996, notamment du fait de
la mise en place de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) ; il
convient de relever que le dispositif de l'ARPE ne donne pas lieu à
inscription budgétaire car il résulte d'un accord entre
partenaires sociaux
76
Dossier de presse de présentation du PLF pour 2000,
rubrique " Dépenses ", page 29
77
Sur la base d'un coût annuel unitaire de 95.010 francs.
78
Le coût pour le budget de l'Etat des aides à la
réduction du temps de travail sera donc, au total, de 6,8 milliards de
francs en 2000.
79
Direction de l'animation de la recherche et des études
statistiques
80
Journal officiel des débats
, Assemblée
nationale, 2
ème
séance du 9 novembre 1999, page 9122,
1
ère
colonne.
81
" L'enquête de la Cour a notamment fait ressortir
l'insuffisance du contrôle initial et trimestriel des ressources. Elle a
montré que les caisses d'allocation familiales (CAF) n'étaient
pas en mesure de vérifier de façon systématique
l'existence éventuelle et le montant d'autres prestations sociales
gérées soit par elles-mêmes (allocation aux adultes
handicapés, allocation de parent isolé ...), soit par d'autres
organismes de sécurité sociale ( pensions d'invalidité et
avantages de vieillesse ...) soit par les institutions chargées de
l'indemnisation du chômage, de la rémunération des contrats
aidés ou de celles des stages de la formation professionnelle.
Dans ces conditions, il est apparu que le défaut de
déclaration ou la sous-déclaration de ces ressources annexes
était relativement fréquente, comme l'ont confirmé
d'ailleurs les investigations menées par une commission conjointe des
inspections générales des finances et des affaires sociales, avec
analyse de plus de 6.000 dossiers de RMI dans sept CAF : elle concernerait une
proportion élevée des titulaires de ces prestations sociales et
10 % du nombre total des allocataires. Elle représenterait 3 à 5
% des dépenses de l'allocation de RMI, soit une charge
supplémentaire de 600 millions à un milliard de francs. "
82
Votre rapporteur spécial rappelle qu'il en va de
même pour la sincérité du projet de loi de financement de
la sécurité sociale pour 2000. De plus, il souligne que ces
délais de paiement par l'Etat engendrent des frais financiers pour la
sécurité sociale et font peser une forte incertitude sur les
comptes sociaux.
83
Quelques discordances sur ce point dans les chiffres
communiqués à votre rapporteur doivent être
regrettées.
84
Conformément à la circulaire de la direction du
budget du 19 avril 1999, les chapitres de fonctionnement des services
centraux "34-97 " et des services
déconcentrés " 34-98 " ont été
fusionnés dans un chapitre " 34-98 " nouveau " moyens de
fonctionnement des services " : ce nouveau chapitre comporte trois
articles : article 10 " Administration centrale ", article 20
" Service d'étude et d'aménagement touristique de la
montagne ", article 30 " Délégations régionales
au tourisme ".
85
Et accessoirement aux moyens consacrés aux cultes (en
Alsace-Lorraine), aux contentieux, et aux élections...
86
Doubs, Finistère, Isère, Seine-Maritime
87
programmes CHEOPS (circulation hiérarchisée des
enregistrements de police sécurisés), TESA (équipements
des terminaux embarqués dans les véhicules), FAED (fichier
automatisé des empreintes digitales) STIC (système de traitement
des infractions constatées)
88
grâce à une globalisation et à une
déconcentration de la gestion des crédits ainsi qu'à
l'utilisation de marges de manoeuvre (repyramidages de certains corps,
diminutions structurelles de certaines dépenses, etc...)
89
Cet objectif a été insuffisamment atteint, en ce
qui concerne le recrutement des adjoints de sécurité, mais mieux
s'agissant de celui des agents locaux de médiation sociale, dont
près de 30 % sont d'origine étrangère et 50 % n'ont pas
été au lycée.
90
3.000 CRS et gendarmes mobiles doivent être ainsi
" fixés " dans les zones sensibles.
91
L'écart entre le montant des crédits dans le projet
de loi de finances et dans la loi de finances initiale vient essentiellement de
la majoration de 597 millions de francs du chapitre 67-51
"
subventions pour travaux divers d'intérêt
local
" au cours de la discussion parlementaire.
92
Pour la première fois dans le PLF 2000, les crédits
de la DGE des communes et des départements sont regroupés au sein
d'un même chapitre 67-52.
93
La différence de 906 millions de francs entre les deux
montants est importante car si l'indice de la DGF pour 2000 avait
été appliqué à la DGF du PLF 1999, son montant
aurait été de 111,790 milliards de francs au lieu de 110,865
milliards de francs, soit un écart de 925 millions de francs.
94
Si, au terme de la discussion parlementaire, le montant de
l'abondement en faveur du recensement était porté à 700
millions de francs, comme le Premier ministre en a évoqué la
possibilité, le montant e la DGF serait alors de 111,886 millions de
francs, soit une progression de 2,75 % par rapport à la loi de finances
initiale (révisée) pour 1999.
95
En réalité, ce montant aurait été un
peu plus élevé car le texte du Sénat prévoyait
également de prendre en compte 33 % du taux de croissance du PIB et non
20 % comme le texte du gouvernement.
96
106,216 milliards de francs en comptant la DCTP qui, si elle
n'était pas devenue la variable d'ajustement de l'enveloppe
normée, figurerait également parmi les compensations.
97
Ce montant n'inclut pas la baisse des DMTO au profit des
départements décidée par la loi de finances pour 1999,
dont le coût pour l'Etat en 2000 s'établit à 3,5 milliards
de francs.
98
Les conséquences de la prise en compte des
résultats du recensement sur les autres dotations feront l'objet d'un
examen plus approfondi lors de l'examen du projet de loi qui sera
discuté parallèlement à la loi de finances.
99
La loi du 12 juillet 1999 sur le renforcement et la
simplification de la coopération intercommunale a
précarisé un peu plus la DCTP en prévoyant que cette
dotation supporterait le coût du financement des communautés
d'agglomération dans l'éventualité où les
crédits prévus à cet effet s'avéreraient
insuffisants. Le Sénat a obtenu que cette possibilité soit
limitée aux seules années 2000 et 2001.
100
Ainsi, la loi de finances rectificative pour 1999 majorera de
248 millions de francs la compensation versée aux départementaux
de manière en prendre en compte l'accroissement des bases en 1998.
101
Nom donné aux emplois-jeunes créés au
ministère de la justice
102
la première catégorie correspond strictement
à la constatation de la non occupation d'un poste budgétaire. La
seconde prend en compte l'effectif réel de la juridiction,
déduction faite des divers congés, mises à disposition et
décharges d'activité.
103
CEPII : Centre d'études prospectives et
d'information internationale
CSERC : Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des
coûts
104
CEPREMAP : Centre d'études prospectives
d'économie mathématiques appliquée à la
planification
CREDOC : Centre de recherche pour l'étude et l'observation des
conditions de vie
IRES : Institut de recherches économiques et sociales
OFCE : Observatoire français des conjonctures économiques
105
Y compris les produits financiers.
106
La masse salariale hors charges sociales augmenterait plus
vite : + 4,2 %.
107
Hors crédits fournisseurs et divers
108
A l'exception de 40 millions de francs correspondant aux
services votés.
109
Outre les crédits afférents à la
participation à des dépenses communes aux divers régimes
de protection sociale (régime des étudiants, régime des
praticiens et auxiliaires médicaux conventionnés).
110
88,180 milliards de francs en 1998 et 89,162 milliards de francs
en 1999.
111
Article 48 de la loi n° 98-1266 du 30 décembre 1998
de finances pour 1999.
112
Taxe sur la valeur ajoutée.
113
Contribution sociale de solidarité des
sociétés.
114
Caisse nationale des allocations familiales.
115
Allocation aux adultes handicapés.
116
Fonds de solidarité vieillesse.
117
Fonds spécial d'invalidité.
118
Loi n° 73-1150 du 27 décembre 1973 de finances pour
1974.
119
Contribution aux assurances sociales des étudiants et au
régime d'assurance obligatoire des praticiens et auxiliaires
médicaux conventionnés (art. L. 381-8 et L. 722-4 du code de la
sécurité sociale).
120
Cf. rapport de M. Jacques Oudin, au nom de la Commission des
finances du Sénat, avis n° 382 sur le projet de loi portant
création d'une couverture maladie universelle, 1998-1999.
121
Rapport de la Commission des affaires économiques du
Sénat, M. Souplet, sur le projet de loi d'orientation agricole, n°
129, 1998-1999, p. 308.
122
Loi du 18 janvier 1994 : attribution de points de retraite
proportionnelle gratuits ; loi de modernisation de l'agriculture du
1
er
février 1995 : alignement des modalités de
calcul et de services des pensions de réversion sur celles en vigueur
dans le régime général ; possibilité de
cumuler droits propres à une pension de retraite et pension de
réversion ; loi de finances pour 1997 du 30 décembre
1996 : majoration gratuite de points de retraite proportionnelle des
chefs d'exploitation ; majoration de la retraite forfaitaire des conjoints
et des aides familiaux ; loi de finances pour 1998 du 30 décembre
1997 : nouvelle majoration de la retraite forfaitaire ; loi de
finances pour 1999 du 30 décembre 1998 : revalorisation des plus
petites retraites ; loi d'orientation agricole 9 juillet 1999 :
attribution de points gratuite.
123
. Dont 900 millions de francs versés au budget civil de
recherche et de développement.
124
. Dont 1 500 millions de francs versés au budget
civil de recherche et de développement.
125
Ainsi, la dimension immobilière du FARIF est
quelque peu écornée à l'occasion du transfert sur budget
général au profit des interventions dans le domaine des
transports.
126
Rapport qui, toutefois, ne recommandait nullement la suppression
des taxes affectées au FFN.
127
Cette répartition est fixée pour 2/3 en fonction
de la part de chaque bassin dans le montant total des redevances
autorisées pendant la durée du programme quinquennal
d'intervention des agences et pour 1/3 en fonction de la population
recensée dans le bassin.
128
Que rétrospectivement il faut estimer heureux compte tenu
du sort de la TGAP.
129
Soit l'écart constaté pour la Cour entre les
ressources de la SGGP et ses charges prévisibles.
130
En crédits de paiement.
131
Ce phénomène avait permis une annulation de
crédits de 2.840 millions de francs dans l'arrêté du
28 juin 1995 accompagnant la première loi de finances rectificative
pour 1995.
La seconde loi de finances rectificative pour 1995 avait comporté
à nouveau une annulation de crédits de 3,7 milliards de
francs.