B. LES COLLECTIVITÉS LOCALES SONT LES " OUBLIÉES " DE LA CROISSANCE

La stratégie du gouvernement en matière de finances locales est celle d'un renforcement de son contrôle sur les ressources des collectivités locales. Ainsi, les impôts locaux , dont l'évolution du produit dépend de celle des bases, sont progressivement remplacés par des dotations budgétaires dont l'Etat détermine le montant et le rythme d'évolution.

Or, en pratique, le gouvernement actuel n'utilise son pouvoir sur le montant des dotations aux collectivités locales que pour brider leur évolution .

Ainsi, il a refusé aux élus locaux une indexation de l'enveloppe normée qui prendrait en compte 50 % du taux de croissance du PIB, de manière à préserver le montant de la DCTP 99( * ) .

Aujourd'hui, dans le projet de loi sur le recensement , le gouvernement n'a pas retenu la position du comité des finances locales de ne lisser que sur deux années la prise en compte des augmentations de population, de manière à maintenir un lien entre le montant de la DGF et la population réelle et à ne pas pénaliser les communes dans lesquelles le nombre d'habitants a augmenté, et dont on peut supposer qu'elles sont celles qui font preuve du plus de dynamisme. Avec le lissage sur trois ans, ces communes bénéficieront en 2000 d'un surcroît de DGF correspondant à seulement 16 % de leurs habitants nouveau (un tiers de 50 %).

De manière générale, le montant des dotations aux collectivités locales subit les effets du recours de plus en plus systématique à la pratique de l'indexation en fonction de l' " évolution de la DGF ".

Cette formule vague recouvre, dans l'esprit du gouvernement, une indexation sur le taux d'évolution de la DGF d'une année sur l'autre après déduction de la régularisation négative au titre de l'exercice n-2. En 2000, ce taux sera de 0,821 %. Une conception aussi restrictive de l'évolution de la DGF conduit aujourd'hui à appliquer à plusieurs dotations de l'enveloppe normée un taux d'indexation pour 2000 inférieur à celui de l'évolution prévisionnelle des prix .

Cette pratique devient encore plus contestable lorsque ce taux d'indexation est appliqué à la compensation de pertes de recettes fiscales antérieurement dynamiques . Ainsi :

- la compensation de la suppression de la taxe professionnelle sur les salaires est indexée sur ce taux, alors que l'ancienne base salaire progresse d'au moins 3 %;

- la compensation de la baisse des droits de mutation antérieurement perçus par les régions , calculée à partir des bases de 1997, est indexée sur l'évolution de la DGF, privant ainsi les régions des fruits de la reprise du marché immobilier en 1998 et en 1999 ;

- les départements bénéficieront, pour leur part, de l'accroissement de 19 % du produit des droits d'enregistrement entre 1997 et 1998 puisque le système de compensation qui leur est applicable prévoit une révision du montant de la compensation en fonction des dernières données connues 100( * ) . Toutefois, le gouvernement laisse entendre que les bases 1998 auraient vocation à être pérennisées, la baisse des droits de mutation à compter de 1999 ayant entraîné une reprise telle du marché qu'elle fausserait le calcul de la compensation.

Au total, à l'heure où le débat budgétaire s'articule autour du partage des fruits de la croissance, les collectivités locales, qui jouent pourtant un rôle prépondérant dans le soutien de l'activité économique, semblent paradoxalement devoir en rester à la gestion de la pénurie.

Les collectivités locales subissent donc indirectement les conséquences de l'incapacité du gouvernement à freiner l'évolution de ses dépenses de fonctionnement.

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